J’avais quitté Dallas au Grey terminal après cette mission improvisée et disons-le, totalement foireuse. On manquait sérieusement d’information pour réussir un tel projet. On a encore eu de la chance que les conjectures soient avec nous et qu’on sauve notre peau aussi facilement.
Je n’étais finalement pas resté longtemps sur l’ile de Dawn. Les attaques sur le QG souterrain l’avaient mis à mal. Ce n’était plus le centre de recrutement actif et plein de vie que j’avais vu une fois, il y a longtemps. Du coup, on m’avait redirigé vers Kanokuni pour y recevoir des soins plus poussés. J’avais donc laissé le Cowboy aux mains d’un recruteur et embarqué à bord d’un navire qui se rendait justement là-bas.
Durant le trajet, j’eus tout le loisir de réfléchir à toute l’ironie de la situation. C’était sur cette île que j’avais subi toutes ses blessures et au final, c’était là-bas qu’on allait me soigner. D’un autre côté, ça voulait dire que ce pourquoi je m’étais battu, aux côtés de mes frères d’armes, avait porté ses fruits. La révolution avait maintenant des locaux plus ou moins au grand jour dans cette nation indépendante du Gouvernement mondiale. Bref, j’allais pouvoir voir les fruits de notre bataille.
Je pensais à tort, que j’avais réussi à surmonter mon appréhension de retourner là-bas, mais à la vue du mur géant qui ceint toute l’île, un nœud se noua dans mon ventre. Il me sembla que les blessures se rouvraient. Ma fracture me lança et ma respiration se fit plus rapide. Cependant, je restai à la proue comme cloué sur place, contemplatif.
Le bateau s’est amarré dans la baie de Jing. Il y avait encore quelque stigmate de la bataille navale qui avait eu lieu ici, mais la vie avait repris son cours. Plongé dans mes souvenirs, je revoyais les bateaux détruits à tour de bras, les morts, le sang. Ce n’était pas la joie pour moi. Heureusement, on vint me tirer de ma torpeur.
« Vous venez Yukikurai ? »
« Heu, oui, pardon. J’arrive. J’étais perdu dans mes pensées. »
« J’avais remarqué. Je vous accompagne jusqu’à la grande porte, puis je vous laisse. Vous savez qui vous devez demander et où vous devez aller ? »
« Oui, je sais Marcel et je t’ai déjà dit que tu pouvais me tutoyer. »
« Vous êtes un Cavalier, je ne suis qu’un livreur. Je vous vouvoie un point c’est tout. »
« Ok, en tout cas merci pour le lift. »
Une fois dans le port, mes yeux se portèrent sur le mur de Ming et ne s’en détachèrent plus. Il avait subi plusieurs explosions qui l’avait défiguré. Lui, il n’était pas près de retrouver son aspect d’origine. La grille avait été réparée, les trous comblés de planches, mais il n’avait plus rien à voir avec avant, il lui manquait pratiquement la moitié de sa hauteur par endroit. Autant les batailles qui s’étaient déroulées ici m’avaient choquées par leurs tailles et la destruction qu’elles avaient engendrées, autant j’étais surpris par la vie qui avait reprise. Si je fermais les yeux devant les remparts, je voyais encore le sang, la fumée et le feu. Mais en les ouvrant, j’étais impressionné par la faculté qu’a la civilisation de se relever et de se reconstruire.
Je suivis donc Marcel en oscillant entre souvenir et réalité. Émerveillement et dégoût. Peur et joie. Ce n’est vraiment pas facile de revenir sur ce champ bataille où j’ai vu et vécu tant de chose. Heureusement, à nouveau, je me fis guider sans m’en rendre compte. Je fus comme un véritable zombie. Je récupérai des souvenirs clairs de ce que je faisais quand mes yeux ont contemplé la magnificence des montagnes et du temple Xiao. J’ai alors réalisé que j’étais dans une charrette remplie de provisions. J’étais le seul passager et la conductrice était une femme âgée à la peau tannée par le soleil.
« Bonjour… Excusez moi, je suis avec vous depuis longtemps ? Je me souviens avoir vu le mur de Ming et puis s’est tout. »
« Hoho ! Bonjour mon p’tit. Ça fait six heures qu’on caracole sur la route vers le temple. »
« Je suis confus, j’ai dû être un bien mauvais passager. »
« Bo t’sais, je suis toute seul d’habitude pour faire le trajet. Alors ça n’a pas changé grand-chose. Pis, t’sais, je connais ce regard. C’est le regard de celui qui est hanté par les fantômes de la guerre. Il y a qu’en même pas mal de gens comme ça, depuis la guerre qu’il y a eu. »
« Ah, le cœur des hommes se soigne moins vite que la terre ne se referme apparemment? »
« Tout à fait m’petiot. Te v’là déjà plus philosophe. Je t’emmène au bon endroit. Rien n’vaut la beauté et la quiétude du temple pour se ressourcer l’esprit. T’verras ! »
« Merci, moi c’est Yuki, au fait et vous. »
« Mamy Tone. On arrive dans quarante-cinq minutes. Profite, le soleil va bientôt colorer de féerie la montagne. »
Je n’étais finalement pas resté longtemps sur l’ile de Dawn. Les attaques sur le QG souterrain l’avaient mis à mal. Ce n’était plus le centre de recrutement actif et plein de vie que j’avais vu une fois, il y a longtemps. Du coup, on m’avait redirigé vers Kanokuni pour y recevoir des soins plus poussés. J’avais donc laissé le Cowboy aux mains d’un recruteur et embarqué à bord d’un navire qui se rendait justement là-bas.
Durant le trajet, j’eus tout le loisir de réfléchir à toute l’ironie de la situation. C’était sur cette île que j’avais subi toutes ses blessures et au final, c’était là-bas qu’on allait me soigner. D’un autre côté, ça voulait dire que ce pourquoi je m’étais battu, aux côtés de mes frères d’armes, avait porté ses fruits. La révolution avait maintenant des locaux plus ou moins au grand jour dans cette nation indépendante du Gouvernement mondiale. Bref, j’allais pouvoir voir les fruits de notre bataille.
Je pensais à tort, que j’avais réussi à surmonter mon appréhension de retourner là-bas, mais à la vue du mur géant qui ceint toute l’île, un nœud se noua dans mon ventre. Il me sembla que les blessures se rouvraient. Ma fracture me lança et ma respiration se fit plus rapide. Cependant, je restai à la proue comme cloué sur place, contemplatif.
Le bateau s’est amarré dans la baie de Jing. Il y avait encore quelque stigmate de la bataille navale qui avait eu lieu ici, mais la vie avait repris son cours. Plongé dans mes souvenirs, je revoyais les bateaux détruits à tour de bras, les morts, le sang. Ce n’était pas la joie pour moi. Heureusement, on vint me tirer de ma torpeur.
« Vous venez Yukikurai ? »
« Heu, oui, pardon. J’arrive. J’étais perdu dans mes pensées. »
« J’avais remarqué. Je vous accompagne jusqu’à la grande porte, puis je vous laisse. Vous savez qui vous devez demander et où vous devez aller ? »
« Oui, je sais Marcel et je t’ai déjà dit que tu pouvais me tutoyer. »
« Vous êtes un Cavalier, je ne suis qu’un livreur. Je vous vouvoie un point c’est tout. »
« Ok, en tout cas merci pour le lift. »
Une fois dans le port, mes yeux se portèrent sur le mur de Ming et ne s’en détachèrent plus. Il avait subi plusieurs explosions qui l’avait défiguré. Lui, il n’était pas près de retrouver son aspect d’origine. La grille avait été réparée, les trous comblés de planches, mais il n’avait plus rien à voir avec avant, il lui manquait pratiquement la moitié de sa hauteur par endroit. Autant les batailles qui s’étaient déroulées ici m’avaient choquées par leurs tailles et la destruction qu’elles avaient engendrées, autant j’étais surpris par la vie qui avait reprise. Si je fermais les yeux devant les remparts, je voyais encore le sang, la fumée et le feu. Mais en les ouvrant, j’étais impressionné par la faculté qu’a la civilisation de se relever et de se reconstruire.
Je suivis donc Marcel en oscillant entre souvenir et réalité. Émerveillement et dégoût. Peur et joie. Ce n’est vraiment pas facile de revenir sur ce champ bataille où j’ai vu et vécu tant de chose. Heureusement, à nouveau, je me fis guider sans m’en rendre compte. Je fus comme un véritable zombie. Je récupérai des souvenirs clairs de ce que je faisais quand mes yeux ont contemplé la magnificence des montagnes et du temple Xiao. J’ai alors réalisé que j’étais dans une charrette remplie de provisions. J’étais le seul passager et la conductrice était une femme âgée à la peau tannée par le soleil.
« Bonjour… Excusez moi, je suis avec vous depuis longtemps ? Je me souviens avoir vu le mur de Ming et puis s’est tout. »
« Hoho ! Bonjour mon p’tit. Ça fait six heures qu’on caracole sur la route vers le temple. »
« Je suis confus, j’ai dû être un bien mauvais passager. »
« Bo t’sais, je suis toute seul d’habitude pour faire le trajet. Alors ça n’a pas changé grand-chose. Pis, t’sais, je connais ce regard. C’est le regard de celui qui est hanté par les fantômes de la guerre. Il y a qu’en même pas mal de gens comme ça, depuis la guerre qu’il y a eu. »
« Ah, le cœur des hommes se soigne moins vite que la terre ne se referme apparemment? »
« Tout à fait m’petiot. Te v’là déjà plus philosophe. Je t’emmène au bon endroit. Rien n’vaut la beauté et la quiétude du temple pour se ressourcer l’esprit. T’verras ! »
« Merci, moi c’est Yuki, au fait et vous. »
« Mamy Tone. On arrive dans quarante-cinq minutes. Profite, le soleil va bientôt colorer de féerie la montagne. »
Dernière édition par Yukikurai le Sam 21 Aoû 2021, 13:23, édité 2 fois