Le Prélude
------------------------
------------------------
Quelle chaleur étouffante, ça faisait une vingtaine d'année quand même, et Azerios avait oublié le climat presque tropical de son île natale. Le port du village Koh, sur l’île de Biria, étant enclavé dans une petite baie entièrement entourée de hauts murs en pierres sombre et de ce fait, l’air marin y circulait à peine. Il prit une grande inspiration, un fort parfum de poisson frais lui prenait les narines, et finit par descendre du bateau en même temps que la cargaison de ce dernier fut déchargée. En y repensant, quelle chance d’être tombé sur ces marchands originaires de South Blue en escale à Whiskey Peak. Le jeune homme avait dû s’en aller rapidement pour faire profil bas comme Earl son mentor le lui avait suggéré. En quittant son habitat de fortune de Cactus Town le jeune homme avait eu un pincement au cœur, son boulot au chantier naval, sa vie là bas, ce n'était pas évident de tout laisser derrière. Ne sachant pas si son père reviendrait un jour, il avait laissé une lettre, cachée, qui lui indiquait qu'il avait prit la mer, d'autant qu'il aurait sans doute l'occasion de revenir durant son voyage. Ce pincement au cœur avait bien vite laissé sa place à un sentiment d’excitation, et ce pour une raison évidente : l’aventure allait enfin pouvoir commencer. La première étape de son épopée était son île natale : Biria. Une fois en South Blue, il avait embarqué à bord d'un navire de marchand d'étoffes, et avait finit par arriver à destination.
Il comptait bien retrouver la trace de certaines connaissances de jeunesse pour voir s’il pouvait dégoter un plan juteux. Il fallait bien commencer quelque part, et après le petit coup d’éclat qu’il venait de réaliser en compagnie du jeune magicien, il ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin. Il lui en fallait plus.
Le jeune homme avança le long du quai. Une dizaine de navires étaient amarrés au port, principalement des navires marchands, beaucoup de monde s’affairait autour de ces derniers. En avançant un peu, il remarqua la présence de soldats de la marine, probablement en permission qui discutaient et buvaient autour d’une petite table. Il passa devant ces derniers, faisant mine de rien et regardant ailleurs, et poursuivit sa route et fut rapidement saisit par une odeur de poisson frais, sans doute la pêche du jour. Plusieurs présentoirs offraient une multitude de poissons exotiques et colorés, il en reconnu certains qui étaient typique du coin.
Il quitta le port en empruntant un large escalier de pierre qu’il connaissait bien, empreint de nostalgie il se revoyait enfant jouer dans cet escalier avec les enfants du village, le temps avait filé à une telle vitesse... Une fois arrivé en haut des marches, il arriva sur une place qui était jadis la place principale du village, entièrement pavée, en son centre se trouvait une fontaine recouverte de mousse. C’était comme dans ses souvenirs, un lieu parsemé de larges bancs en pierre et de gros arbres offrant une ombre appréciée et une fraicheur bienvenue. La fontaine dégageait elle aussi une certaine fraicheur, la place se trouvant dans large un courant d’air de sa position élevée rendait les lieux très agréables. A mesure qu’il avançait dans les ruelles fleuries du village de son enfance, des souvenir ressurgissaient. En vingt ans les choses avaient tout de même bien changées, le petit village calme propice à l’intimité avait laissé place à une petite ville fourmillant de vie. Il avança d’un pas décidé et prit la direction de l’auberge Des Trois Mousses, c’était l’endroit idéal pour entendre ragots et rumeurs en tous genres, il se souvenait que son père y passait du temps afin de dénicher la piste de ses « proies ».
Arrivé devant l’auberge, là encore le jeune homme fut pris de nostalgie, elle était identique à ce qu’il voyait dans ses souvenirs, un bâtiment de pierres larges, a la devanture recouverte d’annonces en tous genres et des avis de recherche des brigands du coin. Au-dessus de la porte une large enseigne en bois gravée à l’effigie de 3 matelots trinquant qui se balançait légèrement au grès des rares courants d’air. Il ne put s’empêcher de sourire en regardant un homme d’âge avancé assit devant l’auberge, se balançant au soleil, sur un fauteuil rocking chair qui était toujours à la même place. On pourrait presque croire que le temps n’avait pas de prise sur ce vieillard.
*Ça n’a pas bougé d’un pouce…*
Il entra dans l’auberge et arriva dans la salle commune. Un brouhaha intense régnait, la pièce était bondée de gens de toute sortes. En son centre un large bar proposant une multitude de boissons exotiques, deux tavernières étaient affairées à servir les clients. Disposés autour de ce bar un nombre certains de tabourets tous occupés par des clients en train de siroter leur commande. La salle était parsemée d’épaisses tables en bois, toutes ou presque étaient occupées, un billard se trouvait non loin du fond de la pièce, quatre jeunes disputaient une partie. Les gens parlaient, riaient, jouaient aux cartes, trinquaient… Dans le fond de la pièce un large escalier de pierre qui menait à l’étage et aux chambres de l’auberge, aux pieds de cet escalier se trouvait une épaisse porte en bois clair qui menait aux cuisine. Pas de doute l’auberge n’avait certainement pas changé de main, il reconnut l’odeur forte des cigares mêlée à celle de la bonne bière, mais surtout à celle du célèbre coq au lait de Rosalind la tenancière des lieux…
Que c’est bon d’être rentré à la maison…
Il s’installa au comptoir et commanda une pinte de la bière ambrée locale, laissant trainer l’oreille à l’affut d’une information ou d’une opportunité intéressante. Derrière lui, une table avec 3 hommes d’une quarantaine d’années grassouillets tous trois vêtus de costumes, surement des hommes d’affaire occupés à discuter d’un certain usurier du royaume de la Veine et de ses pratiques plus que douteuses. Il prit deux gorgées, l’arôme de cette bière était puissant, et laissait place ensuite à un arrière-goût fruité, cette bière était excellente. A côté un homme d’une quarantaine d’année a l’allure de beau parleur était occupé à discuter avec une jeune femme, plutôt mignonne. Aux propos que tenait cet homme et au ton inquiet qu’il employait, il ne faisait aucun doute qu’il craignait que sa propre femme apprenne qu’il était en si charmante compagnie. Azerios sourit et repris une grande gorgée de bière, il se délectait de la situation.
Continuant à analyser les différents protagonistes présents dans la taverne, il remarqua alors dans le fond de la pièce deux hommes, qui parlaient en messes basses. Le premier celui qui semblait le plus jeune, était grand et costaud, les cheveux bruns tirés en arrière vêtu d’un habit sombre au col rougeoyant et d’un manteau gris foncé. Il avait un bandeau de tissu d’un rouge sombre, une tresse passant par-dessus et tombant sur son visage. Son visage était entouré par une barbe soigneusement taillée, il avait une mâchoire carrée et arborait un sourire satisfait. A côté de lui était posé un énorme fusil, et il portait deux pistolets à la ceinture. Son compère un homme plus âgé était maigre, plus petit, il avait une large balafre sur le visage qui s’étendait de la tempe à la limite de sa mâchoire, le front dégarni. Il était lui aussi vêtu d’une tunique sombre et portait un sac de voyage de couleur gris, il avait un air soucieux, ce qui pourrait sans doute expliquer son manque de capillarité. Si ce dernier était totalement inconnu, l’homme robuste, cependant n’étais pas un inconnu, il avait vieilli et forcit, mais son visage… Pas de doute il s’agissait d’Abel. Il ne l'avait pas reconnu tout de suite, c'était l'aîné du jeune homme de cinq bonnes années. C'était un homme malicieux, toujours fourré dans les sales coups, il entrainait bien souvent les autres enfants dans ses coups fourrés. Surement un signe du destin, c’était inespéré de tomber sur quelqu’un comme lui,il y avait fort à parier qu'il n'aurait pas choisi une vie calme et paisible en grandissant. Peut être aurait il quelque chose de prévu, un plan, une rumeur, le jeune homme était preneur, et plutôt deux fois qu'une. Après avoir bu une autre gorgée de sa bière, il s’approcha de la table d’un pas décidé, posa sa pinte et prit place. Les deux hommes tournèrent alors leur regard vers lui et après quelques secondes de silence, le visage interrogateur d’Abel changea et laissa place à un large sourire. Ce dernier lui donna alors une tape amicale sur l’épaule.
Ben ça ! C’est le p’tit Aze ! Bordel ça fait un bail ! On m’avait dit qu’t’étais parti avec tes vieux sur Grand Line !
Abel termina cul sec sa chope et fit signe a la serveuse la plus proche qui se dirigea aussitôt vers le bar. Quelques instants après elle revint alors et leur apporta trois chopes, qu'elle posa sur la table en souriant, et reparti sans dire un mot.
C’est ma tournée ! C’est pas tous les jours qu’on a l’occasion d’voir un fantôme… Qu’est-ce que tu d’viens ?
Azerios prit alors une des trois chopes et en prit deux gorgées avant de la poser. Cette fois-ci il s’agissait d’une bière blonde, plutôt forte et mousseuse. Il regarda alors Abel de plus près, c’était un homme a la carrure imposante, des bras musclés, l’air sur de lui. Il avait d’innombrables cicatrices sur les mains et sur les avant-bras ce qui lui donnait l’air d’être rompu au combat, et ce n'était pas l'imposant fusil posé à ses côtés qui donnait l'impression inverse.
Ben écoute, je fais mon petit bout de chemin, je suis rentré ce matin… Et toi alors ? T’as l’air en forme.
Un peu que j’suis en forme, tu m'connais ! Et alors dis moi- qu’est ce qui t’amène à Koh ? J'croyais que t'étais parti pour de bon avec tes vieux !
Abel le regardait avec un large sourire, son expression faciale n’avait pas changé malgré le passage du temps. Son visage présentait le même air qu’à l’époque où ils étaient tous deux enfants, amical et sournois à la fois. Il avait l'air en bonne forme, et n'avait pas l'air d'un homme qui vivait dans la misère. Il avait surement un job lucratif. Et si cet homme trempait dans quelque chose c’était forcément quelque chose de douteux, on ne change jamais vraiment... L’autre homme semblait toujours méfiant, restant silencieux tout en regardant le nouvel arrivant. Mais peu importe, Azerios avait l’intention d’aller droit au but, et de voir si il pouvait dégoter quelque chose.
Je vais être cash Abel, je cherche quelque chose... De quoi me remplir les poches. J’ai pensé que tu aurais peut-être entendu une rumeur, ou que tu aurais un tuyau ?
Abel rigola alors à gorge déployée avant de reprendre quelques gorgées de sa chope. Il la posa avec fracas sur la table et laissa échapper un hoquet. Il regarda autour de lui et se pencha vers son interlocuteur comme pour lui dire un secret. Il parlait à voix basse cette fois-ci.
Des tuyaux j’en ai des tas mon p’tit Azerios, c'est pas c'qui manque. Tu sais quoi ? J’suis de bonne humeur, j’ai peut-être un truc pour toi. Mais pas ici… Retrouve moi ce soir à la Tourte Ambrée… Onze heure.
Abel se leva et donna une nouvelle tape amicale sur l’épaule du jeune homme. Il ramassa son fusil et passa la sangle de ce dernier sur son épaule. Sans un bruit il s’éloigna, son acolyte silencieux lui emboita le pas et tous deux s’éloignèrent pour sortir de l’auberge. Quelque chose allait se passer, peut-être quelque chose de gros et il y avait moyen d’en être. Un frisson d’excitation parcourut le corps d'Azerios, il avait grand hâte d’être au soir même pour en apprendre davantage. La Tourte Ambrée était un modeste restaurant se situant sur les docks, un endroit louche ou l’on cuisine toute sorte de plats exotiques, et qui était, du moins dans ses souvenirs, principalement fréquenté par des gens douteux. Pas le genre d'endroit ou on emmenait sa petite ami pour un premier rencard. Intéressant... Il se leva à son tour, se dirigea vers le bar pour régler sa pinte, mais la tavernière lui dit que son "ami" avait déjà réglé. Il remercia donc poliment cette dernière, lui glissa une pièce pour le service et sorti de l’auberge. Il ne lui resterait plus qu’à tuer le temps jusqu’au crépuscule pour enfin savoir de quoi il s'agirait.
Dernière édition par Azerios le Lun 22 Mar 2021, 10:48, édité 5 fois