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Opération Astre Blanc

Parisse était loin derrière à présent. Nous voguions depuis plusieurs semaines et les hommes se lassaient de leur vie à bord, devenue routinière ; ils étaient pressés de refouler la terre du pied tout en sachant que cela pourrait mettre des mois. Les vents nous avaient été favorables depuis le début de notre expédition, mais notre départ en hâte nous avait fait écoper d'une navigation hasardeuse : où nous allions, seuls les flots tempétueux du Nouveau Monde pouvaient le dire.

« - Terre à l'horizon ! » beugla soudainement un homme à la vigie, que je suspectais fortement d'être la Guigne.

Soudain, l'activité sur le pont devint effervescente ; les hommes se pressaient sur le gaillard d'avant pour espérer voir de leurs propres yeux notre prochaine étape. De mon côté, je souhaitais identifier le plus vite possible l'île qui nous faisait face : les terres du Nouveau Monde pouvaient s'avérer suffisamment inhospitalières pour oser y mettre pied à l'aveuglette. Évidemment, je priais pour ne pas tomber sur les propriétés d'un Yonkou, sans quoi nous étions mal barrés.

À terme, nous pûmes suffisamment nous rapprocher pour identifier les coteaux rocheux qui nous faisaient face, puis les contourner pour arriver sur un paysage plus varié, plus coloré. Une herbe rase maculait la plaine qui surplombait les hautes falaises de couleurs prasines et irisées : le printemps fleurissait ici en donnant au pays un aspect idyllique, presque paradisiaque. C'était trop beau pour être vrai, je commençais à me douter de quelque chose.

« - Continue à longer les côtes, » intimai-je à Karen, au timon ; quelque chose n'allait pas, je le sentais dans l'air.

L'île n'était pas grande. Ce n'était pas un continent au même titre que Parisse ou Arcadia, même si elle semblait être vastement habitée. Des fois, de hautes structures nous surplombaient et laissaient entrevoir les détails de la civilisation qui vivait sur le caillou.

Nous mîmes plusieurs heures à entrevoir un port. Les hommes s'empressaient, s'activaient de plus en plus à sortir des caisses pour faire ami-ami avec les locaux, se balançaient au bastingage. Et puis la vigie sonna le glas :

« - Navire à l'horizon ! C-c'est le drapeau de la Déesse Enfant ! »

Merde. Remerde. Le destin était bien facétieux et je le signai d'un coup de l'arrête du poing sur le garde-fou, qui lâcha un gémissement.

« - Oh ! Attention Ele', on n'a qu'un seul navire.

- Pardon. »

Je retrouvai mon calme olympien, replaçant mon tricorne et sortant la longue vue pour préciser ma pensée. À mieux y regarder, le bâtiment devait faire partie d'une avant-garde, celle d'un Commandant à la limite. Il se dirigeait vers le port, dont l'entrée était strictement gardée par des rangées de canons et une gigantesque porte menant sur l'intérieur des terres. Pas le choix, donc.

« - Angelica, fais changer le pavillon, nous allons accoster sous couverture marchande.

- Tu veux mettre pied à terre ? Sur une île de Kiyori ?

- Tu m'as bien entendue. »

Je passai les prochaines dizaines de minutes renfermée sur moi-même, à envisager un plan. Au bas des portes, quelques bâtisses s'entassaient en amont des quais qui s'élançaient vers nous. Une heure nous en distançait, si bien que nous eûmes le temps de répéter : nous n'étions rien d'autre que d'humbles marchands souhaitant recharger leur pose sur l'île et faire un peu d'affaires.

« - Mais si ça se gâte, on fonce vers ces portes et on se réfugie hors de portée de l'artillerie. »

Plus facile à dire qu'à faire, avec les bouches des canons pointées sur nous. Deux hommes firent descendre la planche permettant d'accéder au ponton, sur laquelle nous ne tardâmes pas à faire glisser les caisses les plus légères. Supervisant le chantier, je jetai un œil inquiet vers le navire aperçu plus tôt qui mouillait à proximité. Un homme, peut-être le Capitaine du port, ne tarda pas à venir accueillir : c'était un petit énergumène barbu et grassouillet.

« - Messieurs-dames, bonsoir. Bienvenue sur Tetsu Island, domaine de la Déesse Enfant. Malheureusement nous ne pratiquons pas le commerce à l'extérieur des murs, mais nous sommes prêts à vous laisser passer si vous jurez allégeance à sa Majesté, l'Impératrice. »

Du coin de l’œil, je vis Funeste mimer un crachat... et se raviser bien vite en cernant mon regard, ravalant son glaviot dans un « slurp » discret. Je m'avançai alors en direction de l'autochtone, rentrant dans mon rôle en ne m'arrêtant qu'à un mètre de lui, dans la posture d'un marchand opportuniste intéressé par le gain facile.

« - Monsieur, je vous remercie pour votre accueil. Je commande effectivement ce navire et serais très intéressée pour faire affaire avec votre maîtresse. Je vous en prie, indiquez-moi le moyen de montrer patte blanche. »

J'étais coulante, mais pas plus qu'un commerçant ordinaire. L'homme me jaugea brièvement et passa plusieurs secondes à regarder par-dessus mon épaule, comme si je n'étais rien. Persuadé que nous ne représentions aucun risque, il m'invita à le suivre jusque dans sa cabine : un petit habitacle modeste où figurait le registre des entrées et sorties.

« - Nom ? Prénom ?

- Redcliff Eleanor, » je me fendis d'un clin d’œil imperceptible. « Je travaille pour la SGC Import-Export.

- Jamais entendu parler.

- Ah bon ? Vous ne devez pas souvent voir du pays alors. »

La remarque fit mouche, effaçant définitivement le sourire du bonhomme mais rajoutant une preuve à mon dossier. Il avait visiblement hâte d'en avoir terminé. Je le surpris un instant à compter le nombre de têtes à bord, puis il demanda :

« - Vous transportez quoi ?

- Un peu de tout. Du gin et du coton principalement. Je peux vous mettre une bouteille de côté, pour vous remercier de votre bienveillance. »

Il ne dit rien, mais je vis une lueur briller dans ses yeux. Il ne perdit pas plus de temps en bavardages et me posa une demi-douzaine d'autres questions sans intérêt particulier, avant de refermer son bouquin et m'escorter à nouveau jusqu'aux quais. Là, Angelica m'attendait, sur le pied de guerre ; je lui fis signe de nous sortir une bouteille pour le Capitaine du port. Quelques minutes plus tard, la Guigne nous amenait un cru que je tendis à notre hôte. Il l'inspecta quelques secondes avant de s'exclamer, tout sourire enfin :

« - C'est bon, vous pouvez rentrer. Montrez ça au garde, ils vous laisseront passer. »

Saisissant le papelard à la volée, je remerciai le bonhomme d'une discrète inclinaison du chapeau avant de faire signe aux hommes de rembarquer, non sans récupérer les caisses déchargées au préalable.

À notre grande surprise, les quais se poursuivaient jusqu'à la porte ; autour de nous, les lotissements longeaient les falaises et dessinaient les contours du canal qui nous portait. Une vingtaine de minutes après avoir levé l'ancre, nous nous arrêtâmes devant une sorte de mirador où des hommes à notre niveau contrôlaient l'ouverture des portes.

« - Titre de transport, » grogna un moustachu à travers une lucarne.

Cette fois-ci, l'opération fut plus rapide : l'homme vérifia rapidement le papier avant de faire signe à son compagnon que tout était en règle. Je remarquai alors la rotation discrète, vers l'extérieur de l'île, des canons qui nous avaient suivis depuis notre arrivée. Parallèlement, un grondement sinistre sonna l'ouverture des pans de roche qui gardaient l'entrée, nous garantissant enfin l'accès à Tetsu Island. Pour l'ennemi, nous étions aussi bien invités que prisonniers. Pour moi, ils venaient de faire rentrer le loup dans la bergerie et pour cela, je souriais, goguenarde.

Voilà longtemps que je n'avais pas eu l'occasion de mettre des bâtons dans les roues à la Déesse Enfant.
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Une amère victoire, pensa Ethan en brave officier de la marine. Ils se foutaient totalement du sort de ces hommes, mais pensa tout de même aux pertes importantes. Déformation professionnelle, sans doute. Des milliers d’hommes étaient morts presque inutilement. Sur le retour, les soldats semblaient plutôt satisfaits, mais le contre-amiral n’aurait pas permis d’une telle joie s’il avait amené son armée à un tel carnage. Les blessés l’étaient tellement que leur vie ne serait plus jamais la même.

Cependant, Ethan se foutait royalement cette victoire.

Sur le chemin, il aperçut l’arrivée d’une flotte avec le pavillon de l’impératrice. Et c’était tout. Rien d’autre. Il comprit assez vite que son appel n’avait pas abouti et qu’ils seraient – Yama et lui – seuls pour terminer le boulot. Ils avaient réussi à attirer l’impératrice, ou du moins une partie de sa flotte, mais pas le soutien de leurs confrères. Là aussi, amère victoire. Amère car la défaite est maintenant inévitable. Mais ce fut pourtant à cet instant que le contre-amiral lança un regard empli de haine vers une personne : Leona. Ce regard n’échappa ni à Burasuto ni à Benjamin. Ce dernier s’approcha alors du contre-amiral avec la ferme intention de connaître le fond de sa pensée.

- Tu sais que l’on comprend aisément à ta tête que tu as des intentions malsaines, Estebàn.

- Fort bien.

- Fort bien ? C’est tout ? Que manigances-tu encore ? Allez, cesse donc d’être avare en réponse, dit Benjamin en chuchotant.

- Maintenant que l’Impératrice est là, tu te doutes bien qu’elle va faire le ménage, hein. Les barbares vont juste se faire exploser et elle va repartir aussi vite qu’elle est arrivée. Vous comptiez faire les lèches-cul et la laisser se tirer ?

Benjamin resta silencieux. Quelques instants plus tôt, il avait eu quasiment la même discussion avec Burasuto sans pour autant aboutir à un plan. Il expliqua cela à Ethan pour lui faire comprendre qu’il était inutile de ressasser les choses sans agir.

- Tu me compares réellement à l’autre truffe ?

Benjamin resta silencieux. Ethan reprit.

- Mh, bref. Si on veut gagner du temps et mettre Kiyori à mal, il nous faut prendre possession de son armée.

- Ah oui ? Parce que tu penses donc qu’ils vont nous suivre gentiment ?

- Va falloir qu’on soit plus effrayants qu’elle.

- Et comment ?

Ethan n’eut pas le besoin de donner des explications. Benjamin comprit assez facilement où voulait en venir son camarade en voyant son regard dirigé vers Leona.

- Attends. Tu n’as quand même pas l’intention de...

- Et tu crois que j’vais me gêner ? Nous autres, pirates, quand on veut quelque chose on n’attend pas que cette chose nous tombe du ciel. On va se la chercher, cette chose, au péril de notre vie mais on y va. Préviens le capitaine. Je me mets en action dès notre arrivée.

Les dés étaient lancés. Ethan avait décidé d’agir en âme et conscience et en acceptant les risques encourus. Pas question pour lui de laisser Kiyori revenir en reine. Elle allait devoir se battre pour récupérer son royaume. Le Dojo était de nouveau visible. Toute la cavalerie s'en rapprocha le cœur plus léger, chantant leur victoire en l'honneur de la déesse.
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Le calme, la sécurité et le repos, des notions qui m’avaient fait défaut et que je retrouvais enfin. On m’avait alloué une cellule rudimentaire sur l’une des faces rocheuses de Medelin. Depuis mon lit, j’avais une vue magnifique sur une vallée verdoyante, auréolée de ciel bleu et plus loin, la mer. Les combats avaient cessé il y a deux jours, et s’étaient fini sur une sorte d’égalité, si on peut appeler des milliers de morts une égalité, en tout cas aucun cas n’avait pris le dessus. Après ma blessure et ma chute j’avais passé deux jours dans une fièvres comateuse. J’y avais alors revu des visages du passé, Walter, des compagnons tombé au combats, des conquêtes, mon loup, mon équipage. Un moment suspendu et déchirant ou selon les personnes en charge de mes soins, dans mes rares moment de lucidité j’étais persuadé d’avoir calanché. Je passe mes doigts sur les tissus rêches et encore humide des pansement qui me barrent le torse, c’est sûr qu’il m’avait pas raté, et l’atterrissage avait été moins contrôlé que je ne l’aurais espéré.

Je me relève et fais quelques pas en direction d’une faille dans la roche qui fait office de fenêtre. En bas, les combattants s’entrainent ensemble, le claquement des armes en bois, le battement des pas et les grognement rauques des barbares se répercutent dans la crevasse. J’ai de bons allier je pense, apparemment après la bataille, on a eu de nouveaux arrivants, des civils surtout, la bataille avait fait grand bruit et les abords de la vallée complètement laissé à l’abandon avaient permis à une séries de locaux de tenter de prendre en main leur destin. Je n’avais aucune nouvelle d’Ethan ni de sa demande de renfort, mais j’imagine que d’ici je verrais venir une flotte de loin.

L’un des médecins passe alors me voir, le pauvre était débordé, on avait énormément de blessés. Il me salue gravement et refait mes bandages avant de s’éclipser vers son prochain patient. Je n’étais pas encore tout à fait d’attaque pour quelque chose de physique, mais je ne pouvais pas non plus rester éternellement alité. Je décide donc de sortir de ma chambre pour déambuler dans les couloir frais de la forteresse et saluer ceux que je croise. Mes pas finissent par me conduire aux cuisines, une longue place oblongue dans laquelle de nombreuses marmites constamment alimentée offraient un ragout revigorant. Les cuisiniers y rajoutaient constamment de l’eau d’une source proche ainsi que des morceaux de viandes et de légumes qu’ils parvenaient à trouver dans les environs.

Je m’attable et commence à nourrir après quelques temps je suis rejoint par ceux qui s’entrainaient à l’instant, on commence alors à parler de l’île, de sa beauté corrompue par l’impératrice et par leur volonté inébranlable de rendre la terre à leur ancêtres et esprits, leur vrais dieux, pas cette femme violente et sans foi. La discussion se poursuit et des cuisiniers viennent nous apporter une série de cruche remplie d’un alcool local. Quelque chose constitué à base de champignons fermentés avec du blé et des herbes, un breuvage épais et peu alcoolisé mais assez savoureux. L’après midi cède ainsi sa place à la soirée et une jeune femme viens me trouver.

-Horus veux te voir, suis moi.

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L’ancre venait de mouiller au large de Tetsu Island, voilà bien longtemps qu’elle n’était pas sortie de Kyoshima. L’équipage avec lequel elle était venue s’activait, comme si le diable leur courrait aux trousses. Pourquoi ? Parce qu’elle était là à les regarder. Si un seul d’entre eux osait lever les yeux de son poste et de son travail, ils finiraient à l’eau. Une main de fer, dans un goût de velours, recouvert d’un gantelet d’acier. Aucune faiblesse, pour l’impératrice Kiyori, la déesse enfant.

Elle venait d’arriver sur le port, des marchandises s’échangeaient avec des commerçants pour remplir les greniers et réserves de l’île. Cela faisait maintenant cinq minutes qu’elle attendait et personne pour la recevoir, elle s’était attendue à autre chose. Le Fer de Lance avait été catégorique quand ils avaient parlé il y a quelques minutes en denden mushi, ils arrivaient dans quelques instants. Il ne fallut pas beaucoup plus longtemps pour que la suite de Leona ne pointe le bout de son nez pour accueillir l’impératrice venue ici pour prendre des nouvelles de son avant-poste.

Impératrice Tashahari. Excusez-nous pour notre retard, nous avons été malheureusement retardés par les habitants. Certains se sentent en danger à cause des derniers événements.

Et à qui la faute ? Aucunement de la mienne en tout cas. Elle tourna la tête vers le groupe. Elle passa un à un les membres avant de tourner son regard vers la capitale. Il va falloir que les choses changent Leona, les dernières nouvelles, que vous m’avez donné, sont désastreuses. À moins que vous ne préféreriez prendre votre retraite ? Je suis sûr que quelqu’un sera plus que content de prendre le relais.

Leona se mit à blêmir sous le sous-entendu. Elle avait bien plus à perdre que la vie ici. Elle se ressaisit cependant après quelques secondes. Elle ne devait pas montrer qu’elle avait peur, elle représentait l’impératrice, elle était la force et le shogun, le pilier des pirates. Si elle venait à disparaître, le chaos s’emparerait de l’île, que la déesse enfant soit la source de cette confusion ou non. Elle soutint le regard de Kiyori avant de se faire bousculer par quelqu’un derrière elle.

Moi, je suis prêt à prendre la place de Leona si vous voulez, Kiyori.

C’était Hassha qui venait de parler, explosif, il l’était beaucoup trop. Leona voulut le remettre à sa place quand une lame de vent passa à quelques centimètres de la carotide de l’utilisateur du fruit de l’explosion, un léger filet de sang coulait de son menton. Il n’avait même pas vu le coup partir que le sabre était déjà rengainé.

Burasuto Hassha, si tu es en vie, c’est seulement parce que je le veux bien et que tu m’es utile. Ne force pas ta chance en me donnant une excuse à mettre ta tête au bout d’une pique. Si tu essaies de créer des problèmes à ton supérieur, c’est peut-être que tu fais parti du problème. Dois-je te traiter comme les barbares et te faire jeter hors de mon île ? À ces mots, le supernova blêmit, il s’était attendu à une réaction, mais pas à ne pas voir l’attaque qu’il venait de subir. Il avait encore un long chemin à parcourir avant de pouvoir prendre la place de Kiyori.

Excusez mon capitaine pour sa rudesse. Hô impératrice des sept mers. Je me présente, je suis Benjamin, son second. J’espère que vous n’êtes, en aucun cas, froissée par son humeur que je pourrais qualifier d’explosive. Sur ses paroles, le regard de Kiyori se posa sur Benjamin qui se retrouva comme une créature fragile devant un prédateur. Un frisson glacé descendit le long de sa colonne alors que l’œil scrutateur s’attardait sur lui pendant quelque temps.

Il n’est pas pardonné, mais vous devriez lui apprendre les bonnes manières, c’est aussi le rôle d’un second. Elle se tourna vers Hassha. Vous devriez prendre exemple sur lui, vous garderez votre tête plus longtemps sur les épaules. Elle se retourna et fit quelques gestes rapides, une partie de l’équipage de son navire amiral l’avait suivi sur Tetsu. Ils aideraient à percer l’abcès qu’était la résistance.

Hassha, vous allez montrer le chemin à mes hommes, ils prendront le commandement des opérations pour juguler vos erreurs. Votre défaite à Medelin aura suffi une fois. Je pensais que vous seriez les hommes de la situation, il semblerait que j’aie eu tort. C’est rare, et j’ai horreur de ça, en fait vous n’êtes que des chiens enragés, courant après votre queue. Vous, en regardant Benjamin, vous me ferez un rapport complet sur le chemin menant à la capitale. Leona m’a déjà expliqué la situation, mais elle n’a pas vu les choses de ses yeux. Sur ces derniers mots, la pâleur reprend du terrain sur le visage du shogun de l’avant-poste de Kiyori.

Quant à vous, je ne vous ai pas oublié. Vous avez réussis à vous débarasser d'un adversaire somme toute redoutable, m'a-t-on dit. Des trois, vous avez été le plus capable, il semblerait. Enfin, dans la médiocrité dont vous avez tous fait montre jusqu’ici. Elle fixa ses yeux sur Ethan. La loi martiale est maintenant déclarée, tout nouveau navire, commerçant, bateau de pêche ou même radeau est interdit de sortie ou d’entrée sur nos terres. Monsieur Fernandez, vous vous occuperez personnellement de fermer la porte des héros. Je vous donne le droit d’ouvrir le feu sur quiconque essayerait de s’enfuir ou de rentrer pendant ce laps de temps.

Tous les commerçants se voient arrêter ici, le temps que nous réglions cette affaire de rébellion. Il ne faut pas que les rumeurs se propagent, les autres empereurs pourraient en profiter. Nous gelons les échanges, ils peuvent rester dans le port et profiter de notre hospitalité, mais aucun échange avec l’extérieur ne doit être fait. Vous confisquerez tout les dendens et moyens de communication de chacun d’entre eux. Quand vous en aurez fini, vous me rejoindrez au temple. Leona, vous me ferez un point sur la situation globale de l’île, j’ai besoin d’une vision d’ensemble.

Hassha, vous reviendrez aussi après que mes hommes aient pris les commandes. J’ai besoin de vous parler à tous les trois, et l’endroit n’est pas approprié, des oreilles indiscrètes pourraient se cacher dans les parages. Le mantra indiquait clairement que des intentions n’étaient pas bonnes dans la foule. Elle n’avait pas de direction précise, sinon elle se serait déjà occupée du ou des gêneurs, néanmoins elle voulait être prudente.

C’est ainsi qu’elle prit la direction du palais, tandis qu’Ethan était laissé en arrière pour gérer l’administration des docks. C’est d’une humeur explosive et ayant envie de tout détruire que Burasuto partit avec une escorte de deux cents hommes. Il rongeait son frein, mais l’arrivée de l’impératrice bousculait ses plans, de plus, il ne s’était pas attendu à une telle réaction de sa part. Il la savait sans pitié, il ne s’était pas attendu à cela. Il allait devoir accélérer les choses.

Le port :

Le denden mushi de Ethan sonna. Un appel de la base du G-5. Il semblerait que vous ayez des nouvelles du gouvernement mondial, contre-amiral Levi.

Medelin :

Yamamoto Kogaku rentra dans une pièce claire. Le ciel était grisâtre, la mer sombre, mais les rayons du soleil perçaient tout de même les nuages pour éclairer Medelin et le chef des barbares Horus dans cette fin de journée. Le mal-nommé se retourna quand la porte s’ouvra pour faire face à son nouvel arrivant. Blessé, il invita le marine d’élite à s’asseoir sur une paillasse au centre de la pièce. Sur les côtés, des chefs de clans barbares que Stormlord avait maté à grands coups de sabre.

Installez vous monsieur. Vous nous avez été d’un grand secours lors de la dernière bataille et je voulais vous voir pour vous remercier comme il se doit. J’ai appris par mes hommes que vous vous nommez Takamura Kogoro, je vous remercie. Il se pencha poliment en avant et salua son bienfaiteur. J’ai appris que vous étiez un forgeron connu à l’extérieur de ses murs ainsi qu’un excellent épéiste, vu les troupes que Leona a mis à vos trousses.

Petite pause, Horus en profita pour bourrer sa pipe d’un tabac brun fort avant de l’allumer d’un brandon et de reprendre.

Je me demande si vous pensiez à nous rejoindre et à mettre vos talents à notre services maitre Kogoro. Comme vous avez pu le voir, notre équipement est plus que rudimentaire, disparate, pour ne pas dire futile. Je me demandais, si vous auriez la bonté de nous aider. Nous vous fournirons tout ce dont vous aurez besoin bien sûr, dans les limites du raisonnable.

Des grimaces, la majorité des chefs barbares n’appréciaient pas cette idée, mais ils étaient malheureusement d’accord avec leur leader. Ils n’avaient pas d’autre choix que de faire confiance à Yamamoto. Ils sentaient dans l’air que quelque chose changeait et que le vent du bouleversement n’était pas forcément en leur sens.
    « - N'oublie pas : si tu tentes quoi que ce soit, c'est tes jambes que tu perds.

    - Comme si j'avais quelque part où fuir, ici. »

    Nous avions fini par accoster quelques dizaines de minutes auparavant, près de ce qui était le centre névralgique de l'île. Il n'avait pas fallu longtemps pour arriver aux abords de la petite ville reconnaissable à ses nombreux bâtiments de culte où des illuminés priaient et louaient la Déesse Enfant. Mis à part trois hommes qui étaient restés à bord pour monter la garde, tout le monde était de sortie, dispersé en trois équipes de vingt personnes. Je commandais la section dans laquelle se trouvait, naturellement, notre prisonnier à présent délié pour ne pas éveiller de soupçons. J'étais heureuse de voir que l'entrainement portait ses fruits : la discipline comma la peur les empêchait de se comporter comme des gorilles, c'étaient pratiquement des soldats entrainés.

    La Guigne me collait aux talons. Il n'était pas serein, au même titre que les hommes qui se demandaient pourquoi nous étions là.

    « - Capi... Miss Bonny, où allons-nous déjà ?

    - À la pêche aux infos., » répondis-je vaguement ; je ne savais pas moi-même en vérité mais j'avais comme un bon pressentiment. « Vous ne remarquez rien ? Je l'ai vu dès que nous avons mis le pied à terre.

    - Qu'nous sommes sur une île de fous ? »

    Sur cette rue que nous traversions, les temples s'alternaient des deux côtés et les fidèles s'y repentaient en grand nombre. Plus que d'habitude. Certains échos me parvenaient aux oreilles : on racontait que Tashahari était là. La Déesse Enfant était venue calmer l'agitation, mettre les barbares hors d'état de nuire... rétablir l'ordre.

    « - Nous avons notre carte à jouer. Personne ne s'attend à ce que nous soyons ici. Il y a comme une sorte d'effervescence : je sens de la désolation mais je sens aussi de l'espoir. »

    J'omettais le détail le plus saugrenu : celui de la présence du Yonkou, qui pour l'instant ne semblait être qu'une rumeur. Mais grand nombre de rumeurs, surtout de cet acabit, étaient souvent vraies. J'essayais de concocter un plan pour faire notre petite action d'éclat, mettre des bâtons dans les roues de l'Impératrice et nous en tirer sains et saufs.

    Nous étions d'ailleurs au bon endroit pour cela. Ordonnant à mes hommes de rester sur le pallier, j'entrai dans le plus grand des monuments qui rendaient honneur à Kiyori : une sorte de temple aux proportions gigantesques, en marbre taillé finement, et bardé de statues. Des processions de fidèles venaient y déposer, dans les nombreuses salles, des offrandes et des bougies qu'ils plaçaient dans des luminaires flottant à la surface de l'eau. L'un d'entre eux, vraisemblablement le responsable du pagode, m'alpagua à l'entrée :

    « - Je suis désolé, madame, mais le Temple de la Déesse n'est pas ouvert aux visiteurs. »

    Mes yeux faisaient encore le tour de la salle, ignorant le vieillard ; je continuais à avancer sans prêter attention à sa frêle silhouette qui essayait de faire barrière.

    « - Je vais vous demander de partir !

    - C'est vous qui allez partir.

    - Pardon ?

    - Un séisme va bientôt frapper et détruire ce magnifique édifice, je vous conseille de vider les lieux. »

    Quelle meilleure occasion d'abimer l'image de Tashahari après tout ? Le prêtre me dévisagea, comme si j'étais le Mal incarné, tandis que des lueurs bleutées apparaissaient au bout de mes doigts. Comme je levais mes mains au ciel, mimant la même ferveur que les individus en toge, je laissais dans leur sillon des déchirures incandescentes dans l'air.

    « - Quelle est cette diabl- »

    Il ne put finir sa phrase : le ciel s'écroula sur sa tête et aurait fait de même avec la mienne, si je ne m'étais pas aussitôt écartée dans un Lys de Foudre. Tandis que le plafond s'éventrait et que les piliers se brisaient tous azimuts, je rejoignis ma petite troupe à l'extérieur. De nombreux cris émanaient de la bâtisse en train de s'effondrer ; la plupart de ceux qui étaient venus s'y repentir trouveraient certainement le repos éternel.

    «  - Allons-y avant que la garde de la ville ne nous tombe dessus, » ordonnai-je tout en portant mon poignet à ma bouche.

    L'escargophone se réveilla et tenta de nouer contact avec mes deux subalternes, simultanément. Elles répondirent aussitôt :

    « - Eleanor, qu'est ce que c'était que ce vacarme ?

    - De là où je suis, on peut voir un épais nuage de poussière s'étendre au nord de la ville.

    - Un petit accident, un temple détruit, trois fois rien.

    - ...

    - Tu as détruit l'un des temples ?

    - Le plus gros que j'ai trouvé.

    - Mais...

    - Je suppose que tu nous appelles pour nous demander de nous réunir ?

    - Bingo. On se retrouve dans le centre-ville, l'agitation devrait nous permettre de rester incognito. »

    Gatcha. Moins d'une minutes plus tard, l'armée investissait les lieux pour essayer de comprendre les causes du sinistre. Pendant ce temps, notre petit groupe se faufilait entre les myriades d'autels et progressait vers le centre-ville où l'effervescence était à son comble. La rumeur s'était amplifiée, désormais c'était certain : Kiyori était ici et elle faisait marche vers la capitale.

    Dissimulée dans la foule avec mes comparses, je souriais.
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    La rencontre s’est étonnamment bien passée, trop bien même, au point que j’en soie presque déçu, non en vrai, je suis totalement déçu. Je m’attendais à un gars sauvage et charismatique, genre Moloch, mais en moins malade. Une force de la nature dont il exsude un charisme à en faire s’éroder les murs. Le genre de gars qui dans un élan d’égo t’ordonnes de l’affronter à la régulière devant tout ses hommes. Pour réparer l’affront que ce dernier à commis en y attirant les armées de l’impératrice. Alors trois résultat, la mort, la victoire et le gain de sa place ou le compromis et rejoindre son armée en tant que bras droit. Salem me l’avait décrit comme ça en fait, un combattant émérite. Mais là tout ce que je vois… c’est un bureaucrate. Il me demande d’armer ses troupes, alors je reconnais que c’est un prérequis nécessaire pour gagner la guerre … mais merde quoi… où est l’aventure, le romanticisme, le clash des titans qui fragmente le ciel et annonce le changement d’une nouvelle ère. Mais non, juste armer ses troupes, juste armer ses troupes, juste armer ses troupes, merde quoi. J’ai mis de coté mes valeurs, j’ai massacré, ravagé, broyé leurs opposants et tout ce que j’en gagne, c’est le droit d’armer les troupes d’un bureaucrate ?

    Je me contente de lui répondre d’un grand sourire, bien sûr que je vais armer ses troupes, voyons ! Je demande alors d’avoir tout l’équipement nécessaire et quelques gars pour m’assister, après tout, je ne peux pas vraiment refuser, sinon quoi, juste partir, en faire des ennemis, merde quoi. Ça me fait graver chier, et je reconnais qu’il me faudra encore plusieurs jours pour tout à fait récupérer, mais merde quoi. Et ça me fait d’autant plus chier de me dire qu’il a raison. Après j’imagine qu’un de mes rêves de gosse a été accompli, je suis devenu un forgeron reconnu… mais merde quoi… je suis un soldat à présent. Je prends fierté dans mes exploits en combat… pas dans celui de créer des lames pour autrui. A une époque, bien que cette étape fût nécessaire, j’avais des doutes sur le fait de vendre des armes à des potentiels criminels. Aujourd’hui, j’en arrive à armer la « révolution ».

    Je quitte donc ses quartiers accompagné de quelques barbares en charge de superviser la logistique et le recrutement d’artisans. Les barbares étaient issus de tous milieux sociaux, on y retrouvait bien entendu un grand nombre de combattants ou de fils de combattant provenant des castes guerrières dissoute après la colonisation. Mais on y retrouvait aussi pas mal de gens qui les avaient accompagnés dans leur retraites et de nombreux autres qui s’était rajouté au fil des ans. Si bien que le lendemain je me retrouvais déjà à la tête d’un petit régiment d’artisans de tout poils venu m’assister dans ma tâche. Il nous a d’ailleurs été dévolu une large bâtisses abandonnées depuis pas mal de temps. Medelin baisse en démographie au cours de batailles, si bien que de nombreuses zones ont fini par être abandonnée, il n’y a plus assez de monde pour tout occuper.

    On se met alors au travail, mes pansement sur le torse et mes semaines de déprivations ne me permettent pas d’être des plus efficace, cela dit je parviens à organiser peut à peu un mode de fonctionnement similaire à mes forges. Un sorte de travail à la chaine entre une série d’équipes qui se relaient à peaufiner les armes sur les points dans lesquels ils excellent. On a ainsi un bon rendement rapide et efficace. J’en ai profité aussi mieux former les rémouleurs, au fil des ans, les combattants avaient amassé pas mal d’armes ébréchées fruit de leur combat et de ce qui était ramassé sur les morts. Si bien que le lieu ne manquait pas en matériaux. De plus, on pouvait se permettre quelques raids sur les zones proches pour piller les stock des forgerons et profiter de mes connaissances des réseaux de distributions pour s’arranger pour récupérer le plus de matières premières possible et ainsi priver les combattants d’en face d’une partie des armes disponibles.
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    Forte, charismatique, lourdement accompagnée d’un régiment, la déesse interrompit les plans de chacun. Était-ce un hasard ? Ethan en doutait grandement. L’arrivée soudaine et express de l’impératrice avait pour but de reprendre immédiatement les choses en ordre. Avait-elle senti la fin de Leona ? Une prise de pouvoir de Burasuto ? Peut-être s’en souciait-elle simplement. Derrière elle, les soldats ne ressemblaient en rien aux apprentis du temple, ou bien même à l’armée de Leona. Il y avait ici de véritables vétérans expérimentés prêts à découper le premier qui bougerait ou couperait la parole à leur cheffe.

    Elle était là, face à lui, belle et intimidante, froide et resplendissante. Ethan resta stoïque et statique. Absolument rien n’émanait de lui tout le long de cette confrontation. Burasuto, à trop la ramener, c’était fait prendre dans son propre jeu et voyait maintenant sa vie entre les mains de la déesse. Benjamin tenta d’apaiser les tensions, ce qu’il réussit brièvement, mais une femme comme Kiyori n’était pas le genre à être dupée. Le contre-amiral, au plus profond de lui-même, s’impatientait à l’idée de la découper en rondelles, mais il pensait aussitôt à Daniel qui lui dirait que c’était certainement une mauvaise idée.

    Cependant, et à contre-cœur, Levi dut s’avouer que sa haine fut balayée d’un revers de main par le charme de cette femme. Elle dégageait une droiture, une autorité, mais aussi une certaine douceur dissimulée que l’on avait envie de chercher, et ce, quitte à devoir creuser des années entières. Un haki royal aurait presque moins d’effet, songea Ethan, perplexe. Mais pour un officiel tel que lui, malgré une expérience faible par rapport aux cadors de son institution, mais surtout face à une personne au curriculum vitae comme celui de Tashahari, retrouver ses esprits était une évidence. Elle lui avait réservé une mission bien particulière.

    - Vos désirs seront miens, dit Ethan en s’inclinant respectueusement avant de se retirer lentement.

    Il monta à dos de son cheval et quitta les lieux du rassemblement en direction du port de l’île. Il jeta un dernier regard vers ses deux acolytes. Ce regard aurait pu être désemparé, mais il était au contraire plein de rage, à l’instar de celui du supernova. Pour la première fois depuis leur rencontre, les deux hommes se comprirent sans aucune difficulté. Seul Benjamin resta calme, bien qu’il semblait un peu plus froid que d’ordinaire. La rage au ventre, Ethan n’avait personne sur qui pester et ne souhaitait pas infliger ce sort à un pauvre cheval. Il fallait à ce pauvre destrier traverser une île entière pour arriver à destination.

    •••

    L’arrivée aux portes des héros fut presque nostalgique pour l’infiltré qui se rappela son arrivée avec Yamamoto. En réalité, il ne savait pas réellement ce qu’il fichait ici et cela contrariait grandement ses plans. Comme la première fois, il observa que le seul accès à l’île était hautement gardé. Il aperçut également le navire de la Déesse, dorloté et chouchouté par toute une équipe. Alors qu’il comptait s’enfoncer davantage pour informer les différents soldats des directives de leur cheffe, le den-den crypté vibra dans l’une des poches de l’officier. Il s’écarta discrètement et se mit dans un endroit un peu plus discret. Il décrocha ensuite sans dire un mot.

    - Contre-amiral Levi ?

    - Lui-même.

    - Sous-amiral Arthus Belfort, je...

    - Comment avez-vous fait pour me contacter ? coupa sèchement Levi, s’attendant à avoir le commodore Mattlefield au bout du fil.

    - Le commodore Mattlefield nous a gracieusement prêté son den-den pour vous contacter, contre-amiral. Quelle est la situation ?

    Ethan s’assura que personne ne se trouvait aux alentours.

    - Désastreuse, chuchota le contre-amiral. Kiyoshi Tashahari est actuellement sur Tetsu Island. Elle gère les faits et gestes de tout le monde.

    - J’imagine que vous comprenez bien que...

    Ethan n’écoutait déjà plus son interlocuteur. Il observa attentivement ces fameuses portes qu’il devait fermer. Une idée lui vint à l’esprit. Pas forcément une très bonne idée, mais celle qui lui donna du baume au cœur.

    - Écoutez-moi bien, Arthus. Je peux vous assurer une entrée en toute sécurité par la seule porte d’entrée. Transmettez ceci à nos supérieurs : bougez-vous le derche immédiatement si vous voulez une chance de nuire grandement à la Déesse.

    Un buster-call n’était pas envisageable, mais la base du G-5 avait à cœur de retrouver sa fierté après la déroute subie sur ses terres. Chaque homme, le sous-amiral y comprit, ne serait pas contre de prendre sa revanche. La perte du vice-amiral Fenyang était encore gravée dans les mémoires. Ethan leur offrait l’opportunité d’envahir le royaume sans risque dans un premier temps. Malgré le silence, il était aisé d’imaginer le sous-amiral, le poing serré, presque partant pour partir sur le champ. Cependant, sa fonction l’obligeait à se référer à d’autres officiers supérieurs pour prendre la température. C’était dans ces moments-là que Levi regrettait de ne pas être un officier de la marine d’élite. Si l’un d’entre eux souhaitait aider Yamamoto, il n’aurait pas besoin de demander la permission. Se doutant que le sous-amiral souhaitait parler d’une extraction des deux officiers, Ethan a tout fait pour l’en empêcher et plutôt l’amener à vouloir affronter Tetsu Island.

    Après ce court échange, Levi s’avança un peu plus au cœur du port, attirant le regard d’un grand nombre de pirates, quand deux d’entre eux se décidèrent à l’interpeller. Il se rappela sans difficulté des deux colosses. Il s’agissait des deux abrutis qui les avaient accueillis à leur arrivée. Il n’éprouvait pas la moindre sympathie à leur égard. Ils serrèrent fermement la poigne de leur arme, prêts à dégainer au moindre faux pas. Ethan les toisa d’un regard noir, de son seul œil visible, intimidant presque ces deux brutes.

    - Tiens, tu m’dis un truc, toi...

    - Mais oui, abruti, c’est l’apprenti forgeron !

    Les pirates autour, pour certains seulement, baissèrent la tête en reconnaissant le célèbre borgne, Esteban, connu pour son talent et sa victoire face à un barbare notable. Malheureusement, les deux brutes ne sortaient que rarement du port, ne s’informant que très peu de ce qu’il se passait en-dehors.

    - Messieurs, je viens sous les ordres de la Déesse, dit froidement Ethan sans montrer le moindre signe de faiblesse. Si l’un d’entre vous tente de me nuire ou de me désobéir, vous devrez assumer la colère divine de sa majesté.

    Les deux débiles éclatèrent de rire.

    - T’es drôle le nain. Pour la peine, j’te laisse le droit de...

    Il n’eut pas le temps d’en dire davantage. D’un mouvement d’une extrême rapidité, le bout du fusil d’Ethan s’était trouvé dans la bouche du malpoli, puis sa tête explosa au tir. Son comparse, choqué, mit du temps à réagir. Hélas pour lui, le messager de la Déesse n’avait de peine pour personne. Il le faucha habilement, l’observa chuter comme une grosse loque, pointa son fusil au niveau de son crâne et l’explosa de nouveau d’une balle. Autour, à la fois tétanisés et interloqués par la situation, les pirates se demandèrent s’ils devaient riposter ou non. Précisément à cet instant, un tremblement de terre jaillit et attira l’attention de tous.

    - Je vous l’avais dit, reprit Ethan, elle est très en colère. Et moi aussi.



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    L’impératrice remontait le flot des civils, elle venait d’arriver sur l’île et déjà, la situation se redressait. Les habitants autour d’elle se prosternaient, leur déesse foulait le même sol qu’eux, simple mortel. Elle jetait des regards autour d’elle, extatique de la vénération que lui portait les autochtones. Un léger sourire sur les lèvres, elle écoutait d’une oreille distraite le rapport de Benjamin, les barbares et révolutionnaires de l’île faisaient toujours selon leur bon vouloir.

    La gangrène de l’île s’était installée depuis trop longtemps, il allait falloir trancher pour ne pas la laisser se propager plus qu’elle ne l’était déjà. Au loin, un vacarme assourdissant, un tremblement de terre, une explosion ? Elle, qui se dirigeait vers l’épicentre, se retrouva avec un spectacle cataclysmique devant elle. Les sanctuaires autour du temple venaient de s’écrouler sur eux même, néanmoins le symbole de la puissance de l’impératrice avait résisté.

    Tout, autour de l’édifice, à cent mètres à la ronde n’était plus que gravats et débris. La poussière retombait doucement sur les personnes sous les décombres ainsi que sur le temple au centre de tout cela. Des survivants, il n’y en aurait que peu, mais ça n’était pas ce qui faisait remonter la colère glacée de l’impératrice. On avait osé s’attaquer à un de ses symboles, sur son île, alors qu’elle était présente.

    Elle monta quelques marches avant de s’adresser au peuple, leur expliquant que ces sanctuaires étaient trop proches du principal. Qu’ils avaient pollué et corrompu sa magnificence que malgré ses ordres, ils avaient continué à aller contre sa volonté. Elle s’était donc vue dans l’obligation de les détruire. Une esplanade de marbres et de dalles rendant hommage aux victimes des dégâts par une fresque, chaque famille serait rémunérée pour leur perte.

    Le portier fit une description rapide à la divinité qui lui adressait la parole. Des cheveux blancs, un regard amusé, la femme avait affirmé qu’un séisme allait détruire l’édifice avant de s’enfuir. Il n’en fallut pas plus pour que Kiyori donne ses ordres. Le vieillard se confondit en excuses, voulant baiser les pieds de celle qui était sa divinité, mais elle se détourna de lui. Un des membres de son équipage le prit par l’épaule et le poussa plus loin, il ne passerait pas la nuit.

    Quant aux autres, ils se mirent en chasse de la cible, l’ancienne directrice du Cipher Pol neuf. Ils l’ignoraient encore bien sûr, mais la traque était lancée. Les hommes se dispersèrent, dévisageant chacune des personnes dans la foule, la femme aux cheveux blancs serait vite retrouvée.

    Le Quartier Général du G-5 :

    Le sous-amiral Arthus Belfort n’en crut pas ses oreilles quand le contre-amiral Levi lui raccrocha au nez. Prendre leurs revanches sur l’impératrice Kiyori, ils en rêvaient tous ici, sauf peut-être une personne, le Vice-Amiral Bayushi. Droite de corps et d’esprit, il suivait ce qui lui dictait son honneur ainsi que le code de la marine.

    Il ne fallut que quelques minutes au sous-amiral pour atteindre le bureau où se trouvait Nagashimi. Il toqua et attendit le signal de son supérieur avant d’entrer.

    Sous-amiral Belfort, que puis-je faire pour vous ?

    Je viens d’avoir des nouvelles du contre-amiral Ethan R. Levi, Vice-amiral. Il se trouve en ce moment-même sur Tetsu Island où se trouve elle aussi la Déesse Enfant.

    Il demande une extraction ?

    Aucunement, monsieur, j'ai même tenté à plusieurs reprises de lui faire entendre raison ! Il nous propose de nous faire entrer en toute sécurité par la porte d’entrée. Pour prendre notre revanche sur l’impératrice ainsi que de venger le Vice-amiral Fenyang.

    Je vois. Les mains de l’amiral Bayushi se crispèrent à la prononciation de feu son collègue. Toujours au garde-à-vous, le Sous-amiral Belfort attendait avec impatience l’ordre de partir au combat. Faite prévenir le commandant Garner de la division Willy, qu’ils se tiennent prêt pour aller chercher nos hommes. Nous n’attaquerons pas Tashahari sur ses terres, et encore moins alors qu’elle se trouve là. Les défenses seront trop nombreuses et l’île doit être en pleine effervescence.

    Mais monsieur !

    Je comprends votre sentiment, Belfort, mais si nous agissons sur le coup de la colère, nous ne ferons qu’empirer les choses. Une attaque frontale de la marine sur l’impératrice ne fera qu’attiser sa colère et nous ne voulons pas d’une attaque sur la base du G-5. Pas de nouveau.

    Alors vous dites au Vice-Amiral Garner d’aller me chercher le Contre-Amiral Levi et le Commandant d’élite Kogaku. Ils n’avaient aucunement l’autorisation de déserter pour aller se frotter à l’impératrice Tashahari. Vous préparerez un rapport sur toute la situation, de leur départ jusqu’à leur retour.


    Arthus devint livide en comprenant ce que cela sous-entendait. Il sortit du bureau en saluant une dernière fois son supérieur et passa différents coups de fil. La sous-marine arriverait dans quelques jours à Tetsu. Ethan et Yamamoto avait intérêt à avoir bouclés leurs affaires d’ici là et d’être préparés.

    PNJ R:
      Les rumeurs s'étaient amplifiées : on recherchait une femme correspondant à mon profil. Évidemment, je n'en attendais pas moins d'une Impératrice, qui connaissait mon curriculum et avait cerné derechef le responsable de l'acte qui ne demeurerait pas impuni. Cependant, même sur ses terres, elle demeurait impuissante tant que je serais cachée dans la foule, à une distance suffisamment respectable d'elle. Malgré cela, je sentais le stress monter au sein de mon équipage. Avec son sourire de diable, Sloan, lui, était le seul à s'en réjouir :

      « - Malgré tes aspects de pirate, tu restes un agent du CP9 dans le fond. Peut-être, à un moment, vas-tu comprendre que tes actions ont des répercussions sur tes chers équipiers, remplaçables ou non ?

      - Et c'est toi qui ose me dire ça ? »

      Il pouffa ; je le fis disparaître de ma vue. Angelica le remplaça, son visage était figé dans le marbre, ses sourcils demeurant froncés. Elle mit un certain temps avant de m'adresser la parole, mais posa finalement la question qui les taraudait tous :

      « - Alors, qu'est-ce qu'on fait ?

      - On se garantit un passage en sécurité vers l'extérieur. Inutile de combattre un Yonkou sur ses terres.

      - Et le navire ?

      - On l'abandonne. J'y étais préparée, dès lors que l'on est entrés sur l'île. Il sera plus facile de passer de l'autre côté de leur porte ainsi. Nous trouverons probablement de quoi nous enfuir là-bas. »

      Mon pied de nez à Tashahari avait fonctionné, de ce que j'entendais. La destruction de son Grand Temple devait l'avoir mise dans une rage délicate à formuler en public. Tant qu'elle n'agirait pas personnellement, nous étions dans une relative sécurité. Ainsi que ses Lieutenants, qui pouvaient aussi s'avérer de redoutables adversaires, comme c'était le cas pour tous les Empereurs ; nous devions en rester loin.

      Trois hommes étaient restés garder le navire, malgré tout. Je savais que ma subordonnée s'inquiétait pour eux, malheureusement nous ne pouvions plus rien faire pour ces braves âmes désormais. S'ils essayaient de nous rejoindre, il serait encore plus facile pour nos adversaires de remonter notre trace ; nous perdrions nettement moins à ce qu'ils soient torturés et interrogés pour soutirer des informations à notre sujet.

      Progressivement, tandis que nous approchions d'une des portes de l'île, l'affluence diminuait. Il y avait de moins en moins de têtes grises et blanches : les vieillards qui me permettaient de passer inaperçue. Évidemment, j'avais vite fait de vêtir des atours trouvés à la volée pour recouvrir le détail de mes cheveux, mais cela ne suffirait pas en dehors du troupeau. Je serais le mouton noir au milieu de tous les regards des blancs ; cela ne me plaisait que moyennement.

      La porte se trouvait à l’extrémité de la rue, nous pouvions la voir à présent. Évidemment, elle était solidement gardée... et ce n'était qu'un début. Sitôt que nous serions dans le champ de vision des dizaines de gardes, aucun doute que des centaines d'autres les rejoindraient de nulle part. Peut-être même que les prétendus civils s'y mettraient aussi à cœur joie pour nous canarder. À mes côtés, Angelica était en communication perpétuelle avec Karen qui coordonnait notre arrière-garde, donnant à gauche et à droite des indications sans trop éveiller de soupçons. Nous avions formé deux groupes de trente répartis entre les passants pour rester incognitos et bouger comme un seul homme sans que ce soit vu. Or, là, soudainement j'ordonnai de nous écarter du chemin principal : quelque chose dans le paysage m'avait tapé dans l’œil.

      Il se dressait à quelques rues de là, majestueux, plus haut que le reste. Des Kanji imposants étaient sculptés dans sa façade, si bien que l'utilité du bâtiment n'échappait à personne et surtout pas à moi : une prison. J'avais évidemment entendu parler des pénitenciers de Kiyori, qui ne tuait ses captifs qu'en dernier recours, préférant les soumettre à sa religion et surtout à son commandement. Elle avait suffisamment appliqué cette doctrine ici et peut-être même pouvait-on espérer qu'en nourrissant un soulèvement, certains de ses fidèles la trahiraient. Notre seule chance de nous enfuir émanait peut-être même de cela : le sapement progressif de son autorité et de son image pour nourrir une rébellion. Même si elle ne devait être que temporaire et se finir dans un bain de sang, tant que ce n'était pas le notre.

      Les ruelles que nous empruntions à présent étaient moins garnies, mais aussi moins contrôlées. Plus le temps passait et plus le flot de soldats qui patrouillaient dans la tumulte des boulevards, à notre recherche, s'était densifié, si bien que nous dûmes contourner certains grands axes pour rester dans l'ombre. Inévitablement, nous finîmes par être découverts par un garde qui passait par là, mais le pauvre homme finit avec la jugulaire tranchée avant même d'avoir pu éructer le moindre signal. Le travail de la Guigne et Funeste était idéal pour ce genre d'opérations : ils avaient agi aussitôt et se tenaient prêts à sauter sur leur prochaine victime pour peu qu'elle apparut dans leur champ de vision. C'était une sorte de concours entre eux deux.

      Une poignée d'autres soldats de l'Impératrice croisèrent notre route juste après et connurent le même destin, ainsi que quelques pauvres riverains qui s'étaient trouvés au mauvais endroit, au mauvais moment. Nous n'avions aucun scrupule : c'était eux ou nous. En quelques sortes, la voie devant nous demeurait systématiquement nettoyée pour nous garantir un passage en discrétion jusqu'à la prison.

      Celle-ci était à présent devant nos yeux, entouré d'un terrain vague d'une centaine de mètres. L'entrée était évidemment gardée pour empêcher une intrusion, mais avec le même défaut que Impel Down : une prison est censée empêcher des gens de sortir, non de rentrer. Les gueules d'une dizaine de canons étaient pointées vers l'extérieur, aux portes et en haut de miradors de pierre qui ponctuaient des grilles recouvertes de fil barbelé. En bref, une prison classique en un peu mieux défendue.

      Il était grand temps de rejeter la cape qui limitait nos mouvements et de nous offrir en spectacle : posant mes mains sur le sol, je générai une série de secousses, légères en premier lieu, puis de plus en plus intenses jusqu'à ce que le paysage devant nous ne change drastiquement, arrachant des pans de terre, faisant sauter les grilles et tomber les deux miradors comme des fétus de paille. Les maisons des deux côtés de la ruelle dans laquelle nous nous trouvions menacèrent à leur tour de s'écrouler, si bien que Karen et Angelica ordonnèrent l'assaut simultanément.

      La soixantaine d'hommes qui composaient mon équipage surgit ainsi de nulle part pour s'engouffrer entre les barreaux et foncer vers l'entrée avant que les canons de la grande porte ne fassent feu. Dans le flot, je vis trois hommes se faire faucher par les tirs nourris des gardes, cependant l'opération fut en partie victorieuse : des quatre canons, deux furent capturés avant que les gardes ne fassent feu. Des deux autres, un boulet manqua largement sa cible et un autre mutila gravement deux autres de mes équipiers. La bataille s'était déroulée avec une extrême rapidité : au bout des vingt secondes de combat, seuls retentissaient les bruits d'agonie des deux camps, tandis que je rejoignais mon bras droit.

      « - Karl, Louis et Lloyd sont tombés au combat. Joyce a perdu une jambe, il ne passera pas la nuit s'il n'est pas rapidement opéré tandis que...

      - Nous ne pouvons plus rien faire pour eux, Angelica. »

      Aussitôt, son regard se voulut réprobateur, même si elle savait que nous n'avions pas le choix. Nous étions en territoire ennemi et ne pouvions rien faire de plus que laisser les blessés derrière ou leur offrir une mort rapide. Elle le comprit, quand bien même son cœur souhaitait autre chose, et ordonna à ce que nos hommes agonisants soient abattus au même titre que nos ennemis encore en vie. Nous n'avions malheureusement pas beaucoup de temps pour cela, l'agitation couvait à l'intérieur et, vu la taille de l'établissement, il était certain que plus d'une centaine d'hommes devaient garder l'endroit.

      Cependant, se regrouper derrière la porte n'était une bonne idée pour personne. Levant un poing enrobé d'une lueur bleutée, je cognai le battant en fer suffisamment fort pour le propulser à l'intérieur de la bâtisse et balayer les soldats derrière avec l'onde de choc. Ouvrant la marche devant le mur de balles tirées par mes comparses, je balayai l'ennemi grâce à un savant mélange de lames d'air et ondes sismiques, provoquant des craquelures et des effondrements tout autour. La bâtisse était solide et résisterait probablement, mais les cellules, elles, se faisaient éventrer sur mon passage et toutes les portes que je rencontrais ployaient, augmentant peu à peu notre nombre à chaque étage que nous ratissions.

      « - Allez les gars, faites moi sauter tous les verrous que vous trouvez. Aujourd'hui, nous rendons à Tetsu Island sa liberté, » hurlai-je sous les acclamations.

      Au-delà d'un certain point, je comptais alors sonner le repli de mes hommes pour laisser les taulards faire diversion tandis que nous regagnerions la sortie et quitterions la ville. Tel était le plan que j'avais en tête, alors, en espérant que la vitesse de réaction de Tashahari et le temps ne joueraient pas contre nous.
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      Agacé par la lâcheté du G-5, de ses supérieurs, Levi sentit une colère grimper en lui. Le temps d’un instant, il eut presque l’envie de tout arrêter et se faire justice lui-même, sans appartenir à qui que ce soit. Il reçut un appel de Benjamin avec des ordres précis de l’impératrice, notamment sur le fameux tremblement de terre. C’était l’œuvre d’une femme, blonde, capable de créer des tremblements de terre et faire de gros dégâts. Le visage d’Ethan s’illumina. La description, bien que simplète, était suffisante pour lui donner l’identité du fauteur de troubles : Eleonor Bonny.

      - Au moins une bonne nouvelle dans cette foutue journée, déclara le contre-amiral à l’assemblée de pirates.

      - Laquelle, boss ? demanda l’un d’entre eux.

      - Avez-vous bien verrouillé tous les accès de ce port ?

      - Oui, boss, répondit un autre.

      Levi retira le fusil accroché à son dos et le jeta au loin, jugeant qu’il n’avait plus besoin de ce fardeau. Sa couverture lui importait peu maintenant. Il retira également son cache-œil. Les pirates commencèrent à trembler face à l’imminence du danger qui leur faisait face. Pour ce qui était de la barbe et de la longue chevelure, il n’eut pas besoin de retirer de perruque, tout était naturel. Malgré cela, l’un des pirates se crispa et pointa du doigt l’infiltré, tout tremblant. Ses camarades l’observèrent avec beaucoup d’inquiétude. Ethan se sentit revivre et ne cacha pas sa joie. Après tout, son boulot était d’éliminer la vermine.

      - Ce... Ce type... C’... C’est le contre-amiral Levi !!

      Ce qui s’en suit fut un véritable massacre. Il était le premier à lancer l’offensive, fonçant totalement sur l’amas de pirates en face de lui. Le contre-amiral n’éprouvait pas la moindre empathie pour ces types. Une dague dans chaque main, au milieu de cette foule abondante, le spectacle sanguinaire débuta. Des mouvements d’une extrême agilité, amples et fluide, d’une précision chirurgicale... Ces types n’avaient pas la moindre chance. Levi était réputé pour être un animal, un boucher, quand ces adversaires ne représentaient rien d’autre que le mal de ce monde.

      L’officier de la marine ne comptait épargner personne. On épargnera les détails afin de ne pas brusquer les âmes sensibles, mais des membres furent déchiquetés, d’autres volèrent, et l’eau environnante était maintenant entièrement rouge sang. Ethan, lui, était méconnaissable, entièrement maculé du sang de ses adversaires. Seules ses dents restaient blanches, que l’on pouvait apercevoir à cause de ce sourire démoniaque dont il ne pouvait se défaire. Sa frustration était telle qu’il la déversa sans relâche sur ces pirates, criminels, que l’on pouvait presque prendre en pitié.

      Mais leur désespoir se transforma en un léger espoir le temps d’un instant. Alors que s’apprêtait à achever l’une de ses proies, il se trouva bloqué par la lame d’un homme. Loin de lui être inconnu, l’homme qui se dressa fièrement contre lui n’était autre Shazu Shikawa, officier de Tetsu et amant de Leona. Son regard était plein de détermination. Sa lame était renforcée avec son haki de l’armement, bloquant aisément les deux dagues du contre-amiral. Les deux hommes s’échangèrent de longs regards. Celui de Shazu n’avait rien de bien rassurant.

      - Je n’ai jamais eu l’once d’une sympathie pour toi, dit-il d’un ton relativement calme. Quand je vois ce massacre et que ta véritable identité est loin m’être inconnue, j’en comprends les raisons. Je vais devoir t’arrêter ici et maintenant, Levi.

      Il n’avait pas manqué de perspicacité. Shazu, contrairement à Leona qui pouvait être plus froide et plus explosive, se contenait davantage et semblait plus sage. Cependant, Ethan ressentait chez l’officier une profonde envie de l’arrêter. Serait-ce de la jalousie mal placée ? Voyait-il l’infiltré comme un concurrent pour séduire Leona ? Cette dernière n’avait pas caché qu’elle appréciait les hommes de la trempe d’Ethan. C’était pourtant et purement militaire. Mais l’officier de la marine ne comptait laisser échapper ce sentiment qui parcourait le corps entier de ce pauvre Shazu.

      - Qu’est-ce que tu me veux ? Comment un clébard tel que toi a pu avoir la liberté de venir jusqu’ici ?

      - J’ai émis mes doutes à Leona, rétorqua l’amant.

      - Fais-moi rire. T’as pleuré et elle t’a laissé partir pour avoir la paix. Ethan laissa un petit instant de silence avant de reprendre la parole. Laisse-moi te dire une chose Shazu : tu ne la reverras plus.

      Levi semblait presque attristé, mais ce n’était qu’une illusion.

      - Je m’en occuperai dignement, rajouta l'officier de la marine.

      - Assez !

      Pris d’un excès de rage, l’officier de Kiyori fonça sur Ethan, qui attendait évidemment une réaction de ce genre. Ce qu’il n’attendait pas, c’était la puissance de frappe de son adversaire. En voulant contrer son coup avec ses deux dagues, et ce sans les renforcer de son armement, il les vit se briser impuissant. En basculant largement en arrière, il esquiva le coup in extremis, termina son mouvement sur une roulade arrière avant de se réceptionner sur ses deux jambes. Son adversaire ne lui laissa aucun répit et enchaîna avec une attaque de front, sabre en avant.

      Chez les Levi, les armes n’étaient que des instruments, certainement pas un moyen de se défendre. Pire encore quand on avait le malheur d’avoir la taille d’une demie portion à l’âge adulte. L’avant-bras gauche renforcé au fluide de l’armement servit à bloquer la lame en la déviant sur le côté. De son autre bas, robotisé, d’où des filaments électriques se dégageaient et détruisaient peu à peu le gant qui cachait le mécanisme, il serra le poing. Déséquilibré par son attaque irréfléchie, Shazu put malgré tout imaginer la suite à l’aide de son mantra.

      Le poing d’Ethan lui arrivait pleine face, chargé de haki et d’électricité, le tout déversé dans une rage indescriptible. L’homme de l’impératrice eut seulement le temps de parcourir son corps du haki pour se protéger. Néanmoins, l’attaque le frappa violemment de plein fouet et le projeta contre paroi rocheuse à une dizaine de mètres. Désireux de vouloir en finir le plus rapidement possible, il était un peu agacé de ce résultat. Malgré les titubances, Shazu était encore debout et avait réussi à mobiliser l‘aide des pirates aux alentours. La suite de ce combat ne serait pas facile. Dans l‘espoir de l‘arrivée de renfort, il avait promis de nettoyer la porte des héros.

      L’avantage était que les pirates restants ne prendraient sans doute pas la fuite pour soutenir leur officier. L’inconvénient, le nombre d’adversaires à traiter. Chaque coup devra être fatal. Chaque frappa devra emporter davantage d’ennemis. Ethan ramassa une lame sur le cadavre d’un pirate et prit le temps de l’analyser. Quelle épée de mauvaise facture, pensa-t-il en prenant la scrutant davantage. Elle ferait l’affaire faute de mieux. Sa première offensive une lame d’air qui fracassa la roche au-dessus de Shazu, provoquant un éboulement d’une envergure raisonnable sans trop être excessive. L’amant de Leona s’en tira aisément d’une impulsion. Certains pirates finnisèrent écrasés dans cet amas de roches.

      Plus enragé que jamais, l’homme de Leona s’élança une nouvelle fois dans une virulente attaque. Ethan continuait de parer les attaques, mais il sentait déjà sa lame se fragiliser un peu à chaque impact. Au-delà de cette rage qui alimentait chacun de ses coups, Levi dut reconnaître que son adversaire était un épéiste redoutable, alternant très bien entre les deux hakis qu’il maitrisait. Derrière lui, l’officier de la marine sentit des pirates qui tentèrent de le saisir pour l’immobiliser. Acculé, il n’eut d’autre choix que d’utiliser une nouvelle fois les capacités de son bras robotique. En tournant sur lui-même à grande vitesse, le petit homme généra de la foudre qui fit qui se projeta tout autour de lui.

      Il s’élança dans un premier temps vers les sous-fifres projetés pour les achever, avant de faire face à Shazu qui commençait à comprendre la stratégie de son adversaire. Réduire le nombre à tout prix. Pour l’heure, l’officier pirate n’avait pas de réelle raison de s’imaginer inférieur à son adversaire. Ethan continuait d’observer son adversaire en continuant d’éliminer la vermine, économisant son énergie autant que possible. Il se rappela de son grand-frère, qui était du genre à épuiser son adversaire pour l’achever avec un effort minime.

      - J'espère que ta poule se défend mieux que toi, fit-il en baillant.

      Le visage de Shikawa se crispa un peu plus.

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      Les choses progressent assez bien, j’ai fini par récupérer de mes blessures et de ma fatigue et peu à peu le stock d’arme s’est renouvelé. Ce qui d’ailleurs est relativement simple une fois que tout les cadavres dans la gorge ont été mis dans un charnier commun. Permettant de mettre la main sur les armes des défunts. Je me suis alors remis progressivement à reprendre des passes d’armes avec une série de barbares, de quoi réussir à se remettre dans le bain. Et je dois avouer que c’est bien agréable. Pouvoir se battre juste avec des bâtons, ou des armes ébréchées, non pas pour tuer, mais juste pour améliorer sa technique. Quelque chose que je n’avais plus fait depuis des mois et des mois… depuis les entrainement avec mon équipage en fait. C’est d’ailleurs au cours de l’une de ces périodes d’entrainements, que mon den den se réveille. Je laisse donc mes partenaires et prends quelques pas de reculs pour me séparer du groupe. C’est Ethan, qui m’annonce qu’un semblant de renforts va arriver dans quelques jours… donc on a plus que quelques jours, pour mettre le plus de chaos possible. De plus il me rajoute qu’il a décidé de ravager l’entrée des héros.

      Je décide de garder cette information pour moi, il serait un peu tôt et risqué pour moi de révéler mon identité. Néanmoins, cela signifie qu’il va falloir profiter que le fer soit encore chaud pour le battre à mort. Je profite alors de mon rapport auprès des leader des barbares sur l’état des armes pour leur annoncer l’importance de frapper l’ennemi. Ils m’apprennent alors le retour de l’impératrice, ainsi qu’un tremblement de terre a frappé une série de temples. Je leur apprends donc qu’un de mes acolytes est en train de s’attaquer à la porte des héros. Après quelques débats, il est finalement décidé que les barbares s’attaqueraient à la prison afin de libérer d’anciens camarades pour les faire rejoindre les troupes révolutionnaires et gagner une chance de récupérer de nouveaux compagnons d’armes et donc renverser le pouvoir de l’impératrice.

      Les troupes se mettent alors en marche, des milliers de barbares en armes, menés par Horus et ses officiers. Avec les pertes occasionnées par mon passage dans la région, ainsi que celle de l’escarmouche dans le défilé, il n'y a pas ou peu de résistances. On arrive alors devant l’imposant fort de fer, une structure monolithique qui a emprisonné le rêve de liberté et d’émancipation de nombreux guerriers, il est à présent temps de les libérer de leurs cocons et leur permettre de déployer leur ailes. Avec la diversion aux portes des héros, on a le champ libre et manifestement, nous ne sommes pas les seuls. Un groupe a déjà déclenché les hostilité concentrant ainsi les tirs d’artillerie sur sa position. Quitte à s’inviter, autant le faire avec une jolie carte de visite. Je projette alors une puissante lame d’air infusée d’haki d’armement en direction de l’un des murs de la prison… Croyez en mon expertise, à chaque fois que je croise une prison, elle finit en morceau et ses prisonniers libre.

      (Hrp: Sorry pour le post un peu expéditif, j'ai du mal à trouver du temps ou de l'énergie pour écrire, donc je fais une note d'intention pour que le rp avance. Si j'ai le temps j'éditerai avant le post Pnj-R)
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      -Tous les cuirassés ?!
      -Qu'est ce que vous n'avez pas compris dans: Je réquisitionne tous vos cuirassés ?
      -Mais mais... Vous ne pouvez pas !
      -Je peux. Et je le fais. D’après le manuel, tous navire de guerre en service sur une base combattante doit être prêt à appareiller en moins d'une heure, je vous surprends et je compatis, donc je vous en laisse deux.
      -Mais, si nous faisons ça, cela va terriblement dégarnir la défense de la base !
      -La défense d'une base ce sont ses canons et ses murs, les cuirassés c'est sa capacité de projection, et c'est exactement à ça que nous allons les utiliser, pour frapper loin !
      -Je dois en référer au Vice Amiral Bayushi !
      -Faites donc ça.


      [...]


      -Colonel Kattar ?
      -Amiral Bayushi.
      -Vous voulez des cuirassés ?
      -Je veux tous vos cuirassés.
      -Puis je savoir dans quel but ?
      -Bien sur, j'ai l'intention d'effectuer une patrouille armée, et j'ai besoin d'étoffer mon escadre.
      -Une patrouille très bien armée alors...
      -Disons que je ne suis pas de ceux qui pensent qu'on peut disposer de trop de puissance de feu...
      -Je suppose que vous avez déjà une idée de votre secteur de patrouille ?
      -Évidemment. J'avais dans l'idée d'arpenter le secteur T-4150
      -Oh. Si je ne me trompe pas c'est dans ce secteur que se trouve l'ile de Tetsu ?
      -C'est juste.
      -Je présume que vous savez évidemment que cette ile fait partie du territoire de l'impératrice Kiyori ?
      -Parfaitement.
      -Et que je ne saurais engager des troupes sous ma responsabilité dans une attaque directe contre les possessions d'un des yonkous. Ce serait une déclaration de guerre.
      -J'en ai conscience, et je peux vous assurer que je n'ai pas la moindre intention d'attaquer une ile appartenant à la pirate Kiyori.
      -Néanmoins vous allez patrouiller dans le secteur...
      -C'est cela. Après les combats qui se sont déroulés par ici, il me semble important de rappeler que force reste à la Marine.
      -Vous enregistrez cette conversation ?
      -Évidemment. Pas vous ?
      -Je comprends. Je vais faire sonner le rassemblement, mes cuirassés sont à vous.
      -Merci amiral Bayushi.
      -Prenez en soin, et bonne patrouille.
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      Le Pic de Fer :

      Voilà quelques minutes que l’attaque d'Eleanor Bonny avait débuté sur la prison nationale de Tetsu Island. Les cellules venaient d’être détruites à l’intérieur, des cris de joie se répercutaient sur les murs. Plusieurs secteurs voyaient les forçats sortir peu à peu. Malheureusement pour eux, ils furent arrêtés par un homme, Hassha. Les ordres de l’impératrice, rien à battre pour ce commandant de flotte. Il comptait bien prendre sa place et gagner en force et pour ça, quoi de mieux que de recruter de la piétaille sur l’île même où se trouvait Kiyori.

      Aidez-moi à vaincre Kiyori, rejoignez-moi ou crevez comme les chiens que vous êtes !

      Plusieurs dizaines de suppliciés s’interrogèrent, devaient-ils rejoindre celui qui leur faisait une telle offre ou tenter de fuir pour rejoindre Horus ? Quand soudain un cri vint de l’arrière, à l’intérieur de la prison.

      Ne l’écoutez pas ! C’est un des chiens de Kiyori ! Je me suis fait enfermer à cause de lui ! Je préfère mourir que d’être sous ses ordres, Horus lui fera sa fête.


      D’autres n’étaient pas du même avis, l’endoctrinement qu’ils subissaient à l’intérieur leur avait rongé le cerveau, modifiant parcelles par parcelles leur façon de penser, de voir, de réfléchir. Certains choisirent de rejoindre le supernova, non pas parce qu’ils rejoignaient ses idéaux, mais parce qu’ils avaient peur, ils venaient de retrouver la liberté, ça n’était pas pour se retrouver à perdre la vie juste après.

      Cela devint très vite la foire d’empoigne, les anciens détenus luttant contre leurs anciens congénères. Étant homme de peu de patience, Burasuto fit exploser un de ceux qui eut plus de courage que les autres pour se lancer contre lui. Il n’en resta rien. Alors qu’il venait de faire sa petite démonstration de force, la nouvelle supernova sortit, entourée de nouveaux alliés.

      Alors c’est toi qui fous tout ce bordel ? Eleanor Bonny, c’est ça ? Ouais, ta tronche me dit quelque chose. Tu bosses pour moi maintenant ! Eh ouais, t'as pas le choix, vous tous ici, vous travaillez pour moi et vous allez m’aider à faire sa fête à Kiyori pour que je prenne sa place, sinon je vous éparpille façon puzzle sur toute l’île. C’est pigé ?

      Moment de flottement, comme dans un western spaghetti, mais pas de sauce tomate pour aller avec dans celui-ci.

      Les alentours du Temple de Kiyori :

      L’escargophone de Leona résonnait dans la rue alors que différents édifices étaient en miettes. Elle décrocha, les mauvaises nouvelles ne faisaient que se succéder depuis que l’impératrice se trouvait sur l’île. Un appel de la porte des héros, une attaque de l’ennemi, le contre-amiral Ethan R. Levi qui s’était infiltré sur l’île avec l’identité d'Esteban Fernandez. Elle se tourna vers sa supérieure, la secousse de l’attaque de la prison venait de faire trembler les alentours, la procession de la cheffe se dirigeait déjà avec rapidité vers la source de toute cette agitation.

      Impératrice Kiyori, un appel en escargophone, la porte des Héros est attaquée.

      Et que fait Fernandez ? Je pensais le trio compétent, je me rends compte que je ne suis entourée que d’incapable.

      Le soucis impératrice, c’est qu’il se trouve que c’est Esteban Fernandez qui attaque la porte. Sa véritable identité est Ethan R. Levi, il s’est infiltré sur Tetsu Island pour nous attaquer de l’intérieur, il semblerait.

      L’impératrice stoppa sa course et fixa dans les yeux celle qui avait la responsabilité de mener la politique de l’île. Sans même une seule parole, Leona sut plusieurs choses, elle avait perdu la confiance de la Déesse Enfant sur ces dernières paroles. Deux attaques d’envergure, une rébellion à la porte des Héros, de plus c’était la marine qui menait cette dernière.

      Ne vous inquiétez pas impératrice, je vais m’occuper de ce souci. Je sais ce qui m’attends, mais avant, je compte bien réparer mes erreurs. Tetsu est et restera sous votre lumière. Elle s’inclina bien bas avant de tourner les talons et de rejoindre son amant. Il avait eu de l’instinct de suivre le contre-amiral, il ne lui avait jamais fait confiance, ses regards ne lui plaisait pas. Elle l’avait trouvé paranoïaque, maintenant, elle aurait voulu écouter son instinct plus tôt.

      Leona était déjà loin quand l’impératrice se tourna vers un des membres du groupe.

      Shoti Shota, vous restez avec moi, nous nous dirigeons vers le Pic de Fer. Vous ! Elle braqua son regard sur une rousse avec une jambe en nacre, perdue suite à sa bataille de Jotunheim. Vous êtes ma nouvelle commandante n’est-ce pas ? Aoi Nakajima ? Vous allez suivre Leona et vous assurez que sa mission est accomplie. Je ne tolère pas l’échec, je me suis bien fait comprendre ? Prenez quelques hommes avec vous et rapportez-moi la tête de ce Levi !

      La porte des Héros :

      Alors que le contre-amiral Levi était en train de se battre et de détruire tout ce qui passait à sa portée, il blessa sérieusement Shazu Shikawa. Une différence de force aussi énorme, il avait fait tout ce qu’il pouvait pour faire gagner du temps, renforcer les défenses, grâce à lui, on avait pu joindre son aimée, l’impératrice était donc au courant, elle viendrait pour empêcher que de plus amples dégâts soient causés.

      Il était rentré dans le piège de l’amiral Levi comme un bleu. Voulant protéger l’honneur de celle qu’il se promettait d’épouser un jour, il avait dépensé une énergie immense tandis que son adversaire n’avait fait que se défendre. Sa première contre-attaque l’avait presque mis sur le carreau. Heureusement, une partie des canons de la porte avait été redirigée vers le marine qui devait maintenant danser pour éviter les boulets ainsi que les coups de lame vengeurs.

      Son arme vola de ses mains et il se fit toucher au niveau du torse, il cracha une gerbe de sang, il n’était pas mortellement touché, mais il était maintenant à la merci de son adversaire, le regard fou, le visage rougit des fluides de ses ennemis. Il n’était plus véritablement humain, un monstre, voilà ce qu’il était. Entre-lui et les pirates que Shazu connaissait, parmi les plus violents, il n’y avait pas de différences, seulement un uniforme qui les séparait.

      Ethan allait trancher la gorge du Daimyo quand arriva Leona. Elle trancha d’un mouvement acéré l’arme fragilisée de l’assaillant de son amant. Et se positionna entre les deux adversaires.

      Ethan R. Levi, qui aurait cru que tu serais venu ici. Après tout ce que la marine a vécu après ma capture par la base du G-5 et le vice-amiral Fenyang, tu oses venir ici ? Sur les terres de Kiyori ? Je te trouve bien courageux, ou stupide, cela dépendra si tu arrives à prendre ma vie ou non. Mais sache que l’impératrice va venir s’occuper de toi, elle est en route. Ça n’est qu’une question de temps.

      La shogun de Tetsu enduit alors son arme d’un fluide épais, elle a soif de sang, trop longtemps qu’elle veut sa revanche sur la marine. Ceux qui l’ont kidnappé, l’impératrice a été obligée de se déplacer elle-même pour la sortir de là. Trop longtemps sans cible de sa fureur, elle en a maintenant une devant ses yeux. Et elle a une motivation de plus, elle doit protéger l’homme qu’elle aime. Avec une arme en moins, son adversaire ferait moins le malin.

      L’intérieur du Pic de Fer :

      Le chef de la révolution de Tetsu Island poursuit son chemin, l’ouverture qu’a faite l’attaque de Yamamoto dans le mur de la prison a été plus pratique pour s’infiltrer. Des gardes, mais rien d’insurmontable pour le chef des barbares qui n’en fit qu’une seule bouchée. Il se retourna après avoir donné ses directives à ses hommes, certains ouvrirent des cellules encore fermées, d’autres guideraient les hommes pour s’enfuir de là où venaient les barbares, la liberté était bien là avec l’action coordonnée d'Eleanor et du Commandant d’élite.

      Le regard de Horus se posa alors sur Kogaku, un frisson parcourut son échine, ça n’était pas une sensation agréable. Le mal-nommé se planta devant le marine et le toisa, fort de ses hommes, de sa force, de sa fureur ainsi que de son esprit, il avait réussis à résister à Kiyori pendant des années, et tous ses plans sont tombés à l’eau à cause de celui qui se trouvait devant lui.

      Qui es-tu ? Et surtout ne me mens pas ! Tu n’es pas un habitant de l’île, un forgeron, c’est vrai, mon peuple ainsi que moi avons pu voir ton ouvrage entre nos murs. Cependant, tu es plus que cela, ce que tu viens de réaliser pour que nous rentrions entre les murs du Pic de Fer, personne n’aurait pu le faire, pas même moi, je le crains. Alors réponds maintenant.

      Stormlord planta son regard dans celui de l’ancien Ghost Dog. Il attendait une réponse et il avait tout le temps qu’il voulait pour en avoir une, même si cela devait venir alors qu’ils étaient sur le chemin du retour. Cependant, les lèvres du forgeron s’ouvrirent pour formuler une phrase de réponse.

      Je suis venu visiter le pays, je cherchais la liberté, je suis malheureusement tombé sur un os. Nous pourrons en discuter plus longuement à un autre moment.

      Il part dans un rire puissant, résonnant sur les murs de la prison. Puis il redevient grave et froid avant de replonger ses yeux dans ceux de Yamamoto. J’aurais dû te tuer au moment où tu es venu toquer à notre porte à Medelin. À cause de toi, des centaines de mes amis, hommes, frères sont morts et pourtant, je suis là à discuter avec toi, je t’ai même offert un logement, à manger, des habits. De quoi vivre. Tu sais pourquoi ? Parce que me venger de toi ne m’apportera rien.

      Oh, je trouverais la satisfaction d’avoir rendu justice, en un sens. Mais te tuer ne ramènera pas mes hommes, se venger pour la mort de quelqu’un est vide de sens. Je me bats pour récupérer le pouvoir que cette chienne d’impératrice m’a pris sous le nez.Je me sers de toi pour atteindre mes objectifs. Je perdrais plus à partir en vendetta contre toi, à te trancher la gorge. C’est pour ça que tu es là. Pour me servir, indirectement ou non, ensuite nous pourrons discuter plus longuement, oui.
      Un sourire s’afficha alors sur le visage du chef barbare.

      En avant, maintenant, on libère nos amis et on rentre à Medelin. Tu as du travail encore.

      Il partit plus loin, dirigeant la troupe hétéroclite d’ordres puissants les enjoignant de libérer tous ceux qu’ils voyaient. Ses pas le rapprochant de l’ouverture d'Eleanor.

      Le Pic de Fer, à l’extérieur :

      Tashahari arriva avec sa cohorte devant le Pic de Fer. Une émeute de prisonnier avait déjà explosé depuis un moment. Elle regarda à droite et à gauche, calculant et se faisant une idée de la situation en quelques secondes de réflexion.

      Déployez-vous ! Personne n’intervient sans mon ordre ! Vous abattez tous ceux qui ne sont pas sous mes ordres qui s’approcheraient trop. Moins de cent mètres est le minimum. Chacun des hommes se déploya comme un groupe militaire, un sabre d’abordage, un fusil de précision ainsi qu’une arme de poing. Je m’occupe de la situation. Que quelques-uns d’entre vous gardent de là où nous venons, une attaque à revers n’est pas à exclure.

      Le sabre de Kiyori siffla alors qu’elle le sortait pour la seconde fois depuis qu’elle était arrivée. Pour annoncer son arrivée, pas besoin de fanfare, une lame d’air se dirigea violemment vers l’ouverture de la prison, là où se trouvaient encore des prisonniers ainsi que les hommes d'Eleanor. Plusieurs dizaines de morts et blessés, voilà ce qui annonçait l’impératrice. Le fourreau blanc de son katana attirait l’œil alors qu’elle rangeait sa lame.

      Maintenant, que j’ai toute votre attention, je vais faire simple. Un léger sourire sur les lèvres, la Déesse enfant fixa les prisonniers, Burashuto, Eleanor ainsi que Yamamoto et Horus qui venait de sortir de l’édifice tour à tour. Je vais vous énoncer mes ordres un par un, vous n’avez pas d’autre choix que de les suivre, tout manquement à la règle, tout faux pas, vous fera perdre le privilège que je vous laisse, la vie.

      Burasuto, tu enfermeras les prisonniers à leurs places, dans le calme et le silence, sinon ton second, Benjamin finira avec sa tête qui roulera sur le sol. Si tu n’en as que faire, c’est ta tête qui roulera ensuite.
      Quant à toi Eleanor Bonny ! Tu vas déposer tes armes, t’agenouiller sur le sol et me prêter allégeance, tu as dix secondes, sinon tes petits amis finiront comme ceux qui sont morts il y a quelques instants. Quand tu m’auras prêté allégeance, tu m’apporteras la tête de Horus pour me prouver ta bonne foi.

      Quant à vous deux
      ! Elle tourna légèrement la tête pour regarder en direction du Commandant d’élite et du chef des barbares. Vous allez vous agenouiller et m’implorer pour votre vie. Je vous épargnerai peut-être si je vous sens sincère dans vos doléances. J’attends, que tout le monde se mette au travail ! Vous avez dix secondes ! Plus que cinq pour toi Bonny !

      La main toujours sur son meitou, tout de blanc vêtu, Kiyori regardait la scène dans son ensemble, le premier geste brusque se verrait contrer par sa lame. Elle était la Déesse Enfant, et non pas un de ses pirates crasseux, elle contrôlait tout et ne laisserait passer aucune rébellion d’aucune sorte et de la part de personne. Benjamin avait été rapproché, tout mouvement suspect de Hassha lui ferait sauter la tête. Tout mouvement du second qui résisterait, lui ferait aussi perdre la tête, en somme, pour qu’il vive, Burasuto et Benjamin devait obéir au doigt et à l’œil de la femme froide et implacable qui leur faisait face.Shota, légèrement en arrière n'attendait qu'un ordre de son impératrice pour entrer en action.

      Eleanor et Yamamoto vous l’aurez compris, tout mouvement de votre part qui n’est pas de vous agenouiller, pour l’implorer ou pour lui prêter allégeance sera compris comme une rébellion. La mort des personnages non-joueurs se jouera donc sur vous principalement.

      Ethan, tu te retrouves en danger à te battre contre Leona qui est hors de ses gonds. Tu as blessé l’homme qu’elle aime et tu fais parti de ceux dont elle veut se venger sans qu’elle ait pu le faire depuis presque un an. De plus, les défenses de la porte des héros se sont remises en place et tu te fais de plus en plus attaquer. L’heure du repli est peut-être venue. Il semblerait qu'une autre surprise soit de la partie aussi.  

      Aoi tu es libre de tes mouvements. J'espère que tu suis les ordres de ton impératrice.

        -Colonel ! Nous avons intercepté une communication den den phonique !
        -Faites nous écouter ça.

        L'officier des communications qui vient de se faire annoncer dans mon bureau donne un ordre, et trois simple soldats porteurs de den den de différentes couleurs s'empressent de les disposer sur une table pliante avant de les brancher les uns autres avant de s'écarter, laissant à leur officier le soin de relancer la séquence captée et enregistrée.

        ...La porte des Héros ... attaquée.

        ... véritable identité est Ethan R. Levi, ... infiltré sur Tetsu ... de l’intérieur, il semblerait...

        Tetsu ... sous votre lumière...

        -Repassez le.

        La bande se relance, pleine de crachotements et des silence typique des conversations interceptés d'un peu loin par des escargophones pas vraiment concernés par la conversation. Alors les rumeurs étaient vrais. Et Le contre amiral Ethan Levy est parti venger son mentor Fenyang en s'attaquant directement au coeur de l'empire de celle qui l'a vaincu. Courageux, courageux et stupide d'ailleurs, ce qui correspond assez bien à ce que je sais des préceptes de l'amiral Fenyang fils...

        -Transmettez à l'escadre, nous faisons route sur Tetsu.
        -A vos ordres Colonel !

        [...]

        Quelques encablures de Tetsu. Poste de garde avancé des gardiens de Kiyori.

        -Navire de la marine !
        -Vraiment t'es sur ? J'appelle quelqu'un pour le chasser ?
        -Attend ! Ils sont plusieurs !
        -Plusieurs ? Plusieurs combien ?
        -Beaucoup trop ! Prévient la porte vite !
        -Ils vont me demander combien !
        -Oh merde, ils tirent !

        Opération Astre Blanc Buster_call_infobox_by_rwero_dbmbdsq

        -Cible atteinte Colonel. Plus aucune trace.
        -Joli salve. Une journée de prime de solde pour les artilleurs en poste.
        -Porte en vue Colonel !
        -Navires ennemis en approche !
        -Ils ont réagis vite.
        -Aucune importance, pas avec la puissance de feu que nous avons. Signalez à la flotte que nous adoptons le plan de tir prévu pour un engagement à longue portée.
        -Transmis Colonel !
        -Alors à mon commandement. Virez de bord !

        Et après une longue minute de transmissions d'ordres à la longue ligne de cuirassés de la marine avançant droit sur Tetsu, toute la formation vire péniblement de bord en réduisant la vitesse, présentant un flanc uni à la flotte de pirate qui nous fonce courageusement dessus alors que nous déployons le maximum de notre puissance de feu, que toutes les triples tourelles se tournent vers l'ile, et que dans un fracas de fin du monde, nous faisons pleuvoir sur la mer un déluge de fer et de feu.

        -Essayez de voir si vous pouvez contacter le contre amiral.
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        Et voilà. Je suis dans un nouveau tournant de mon histoire. Un virage dans ma vie qui risque de me conduire à la tombe définitivement ou de me propulser vers les sommets. En résumé, en fonction de la réussite ou non de ma mission, je suis une femme morte ou non. TASHAHARI Kiyori, dite la Déesse Enfant, cherche à voir à quel point je lui suis fidèle et compétente... Et je cache profondément ma crainte, mais j'ai terriblement peur de décevoir. J'ai peur de faire un pas de travers et d'attirer sa colère divine. J'ai peur aussi de réussir mon devoir et d'être contraint de travailler pour elle à jamais. Une bataille intense se livre dans ma tête. Je suis déchirée entre deux options. Le pire dans ce tiraillement, c'est que j'ai songé longtemps avant de prendre ma décision. Seulement, entre-temps, Red est revenu d'entre les morts et ça, j'ai été loin de pouvoir l'imaginer. Et évidemment, je lui dois aussi obéissance...

        C'est en grinçant des dents que je me mets en route pour la Porte des Héros. D'un mouvement de tête, j'indique à des hommes de ma nouvelle patronne de me suivre puisque telle est son désir. À titre perso', je m'en passerais bien, mais je comprends également l'utilité de leur présence. Je crains seulement qu'ils me gênent plus qu'autre chose. Finalement, j'arrive à rattraper Leona, mais elle ne me prend pas en considération, trop omnibulée à partir de l'avant. Finalement, je peine à me mettre à sa hauteur et je la laisse me distancer. Les pirates qui doivent m'assister me rejoignent à leur tour et m'expliquent qu'elle veut protéger à tout prix Shazu, son amant.

        Arrivant donc en retard sur les lieux déjà sinistrés, je reste en retrait pour analyser la situation. Est-ce que la Déesse Enfant souhaite que je tue personnellement Ethan avant la Fer de Lance ou dois-je juste prendre le relais si jamais cette dernière échoue?

        — « Ils sont là-bas. Vous allez agir? »
        — « Pour l'instant, je dois me préparer. »
        — « Vous rigolez?! Il y a urgence, là!! »

        L'homme qui me parle sur ce ton reste extrêmement confiant, car il sait que si je lui réprimande, ça risque de me retomber dessus. La mine sévère, je ne lui réponds pas. Je génère alors depuis mes pieds du magma tout autour de moi à l'intérieur de la croute terrestre. Lentement, mais sûrement.

        — « RED HELL!! »

        Je décide de reste au milieu des décombres dans le but de continuer à alimenter la lave sous le sol. L'idée est de piéger mon environnement, mais ça me demande un certain temps de préparation. Sans interruption, je déverse une quantité de plus en plus grande tout en marchant vers la zone de combat. À chaque pas, on peut voir la terre se liquéfier d'un rouge vif. Pour le moment, personne est en danger, mais j'indique aux forbans qui m'accompagnent de faire attention.

        — « Pour votre sécurité, puisque vous devez m'observer, je vous prie de rester en retrait. Une lame d'air ou une projection de magma peut vite arriver sans prévenir. »

        Un des sbires de ma Capitaine arque un sourcil.

        — « M'ouais. Vous savez pas utiliser votre Fruit du Démon plus subtilement? N'essayez pas de nous duper, hein. »

        Légèrement agacée, je lui pose alors une question pour qu'il comprenne.

        — « D'après vous, pour combattre un monstre tel que le Contre-Amiral LEVI, devons-nous faire preuve de délicatesse? S'il se déchaîne, alors j'en ferais tout autant. Et quand je suis dans les parages, le paysage devient un véritable enfer. Et je ne crois pas que vous puissiez tenir longtemps dans une telle situation. »

        La chaleur au niveau du sol à cause du magma toujours en train d'être déversé se fait de plus en plus ressentir. Le criminel commence à comprendre. N'étant pas très convaincu pour autant, il fait signe à ses camarades d'un mouvement de tête de marcher plus loin derrière moi. Alors qu'ils s'apprêtent tous à prendre du recule, l'un d'eux s'exclame.

        — « Regardez vers la mer!! C'est quoi, ça?! »

        Je détecte une certaine crise de panique dans sa voix, mais il essaye de la contenir. Je tourne alors le visage pour observer ce qui le faire tant peur et je constate à mon tour le problème. Les yeux grands ouverts, j'essaye de compter le nombre de navire Marine. J'en ai jamais vu autant. Je déglutie silencieusement. Soufflant un coup, je me dis que ça n'annonce rien de bon. Si le Gouvernement Mondial attaque frontalement cette île, alors ça sera une déclaration de guerre.

        — « Vous feriez mieux de prévenir l'Impératrice. »

        Je me remets ensuite en marche. Je vois très bien l'affrontement de là où je suis et je m'y dirige sans toutefois être trop prêt. La plupart des maisons au niveau du port sont détruites. C'est un véritable champ de ruines! Idéalement, si Ethan combat simultanément deux adversaires en même temps, alors je pourrais le surprendre sans même faire le moindre effort peut-être? Toujours est-il que cette situation me fait quand même peur. Je doute encore sur mon efficacité. Mes dernières batailles m'ont plutôt bien déçu. Je deviens âgée et je ne sais plus faire preuve de force. J'enchaîne des défaites honteuses. Toute ma vie ne rime à rien. Suis-je vraiment prête à passer à l'action?
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        Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. Nous avions fini par tomber sur un os : l'un des Commandants de Kiyori, apparemment... ou un traître en fait. Qu'importe, il avait été le premier à me demander de mettre genou à terre et lui jurer allégeance pour sauver ma vie et celle de mes camarades. Nul doute qu'il ne savait pas vraiment à qui il s'adressait en se comportant ainsi, mais ce n'était pas le premier pirate imbu que je rencontrais ; à aucun moment je ne doutais d'une victoire contre lui. Seulement ma priorité n'était pas de me battre, mais évidemment de m'échapper. Ce coup de poker avait pour but de nous offrir une porte de sortie, même si c'était un sacré pari avec Kiyori dans le coin.

        J'ordonnais le repli à travers les bâtiments, tandis que les prisonniers étaient aux prises avec leurs geôliers ; le gaillard faisait blocus près de la porte que nous avions enfoncée. C'était quelques instants avant qu'une puissante lame d'air ne cisaille davantage l'entrée et tout ce qui se trouvait devant. Parmi les victimes, je comptais des visages familiers et grinçai des dents. Les pertes hantaient mon esprit ; jamais je n'avais eu autant à me soucier de la vie d'autrui auparavant. La division Carter encore, mais jamais elles n'auraient accepté de me confier leur existence comme l'avaient fait ces hommes : si je les laissais tous mourir ici, que valait donc la confiance qu'ils me portaient ? Pouvais-je encore me targuer d'être une meneuse d'hommes, une capitaine ?

        Ces questions, je ne me les étais jamais posées au CP9, mais elles me frappaient de plein fouet à présent. Elles me laissaient pantoise et, rien que pour cela, j'ignorais royalement celui qui s'était dressé sur mon chemin en lui passant devant pour contempler l'Impératrice qui barrait la sortie.

        Le sabre légendaire de la jeune femme restait statique tandis qu'elle énonçait ses conditions à notre reddition. Elle voulait que je mette jambe à terre et que je l'implore ? J'esquissai un sourire presque imperceptible, avant d'adresser un regard à mes compagnons d'infortune qui, eux, semblaient prêts à en découdre... et étais la première à m'activer. Tant de naïveté de la part d'un Empereur, une occasion qui ne saurait être oubliée.

        « - Ô Déesse Kiyori, pardonnez moi pour mes vilaines exactions... » commençai-je tout en ancrant bien solidement ma main dans la terre, lui arrachant un haussement de sourcil ; elle se doutait que quelque chose ne tournait pas rond, mais il était trop tard. « Je vous jurerais volontiers allégeance, mais je me suis promise de rester libre ! »

        Son katana commençait déjà à dessiner un arc de cercle dans l'air lorsque la terre se mit à trembler, l'obligeant à faire un saut en arrière. Un mur de roche éclata entre elle et nous, m'offrant une diversion suffisante pour placer ma seconde main sur le sol et actionner la deuxième partie de mon attaque.

        « - Anthemis ! »

        Je n'avais pas le temps de remodeler le terrain à ma guise, alors au prix d'une grosse décharge d'énergie, je décidai de bousculer suffisamment la croute terrestre pour faire s'effondrer le bâtiment qui nous surplombait ainsi que les habitations alentours. De l'autre côté du mur de terre, j’entendais l'impératrice brailler des ordres et reconnus entre deux intonations :

        « - Tu es une femme morte, Eleanor Bonny ! »

        Aussitôt, la roche fut cisaillée comme de la pâte à modeler et envoyée tous azimuts dans le même mouvement. Je savais que la diversion ne durerait pas, mais la vision de la prison qui se surélevait partiellement et menaçait de s'écrouler de tout son long sur le comité de réception suffit à me faire gagner suffisamment de temps. Les yeux plein de hargne de mes voisins me laissaient comprendre qu'ils avaient l'intention d'en découdre : je les laissai faire volontiers pour signer ma retraite.

        Derrière moi, une foule de prisonniers et de gardes-chiourmes sortaient en hâte du bâtiment avant qu'il ne s'effondre. Dans le lot, je reconnus en tête Angelica et Karen, ainsi que Sloan, ainsi que plus loin une trentaine de mes hommes parmi lesquels les deux frères. C'était tout, nous ne pouvions nous permettre d'attendre le reste.

        « - Barrons-nous ! » hurlai-je tout en désignant de l'index le mur d'enceinte qui n'était pas si loin, à seulement un pâté de maisons.

        Rapidement, notre groupe se détacha du reste. Un nuage de poussière ne tarda pas à nous envelopper et, le temps d'en sortir, nous comptions trois hommes de moins. Les dents serrées, je progressai en tête, rapidement rattrapée par Karen qui s'était résolue à porter notre prisonnier sur son épaule comme un sac de patates.

        « - Et maintenant quoi ?

        - Maintenant, on file de cette île.

        - Comment ?! On n'a plus de navire !

        - On retourne au port et on prie pour en trouver un autre ! »

        Le jeu en valait-il la chandelle ? À quoi avait donc servi notre passage sur l'île, au final ? Je savais que mes deux Lieutenantes se posaient toutes ces questions, mais elles se figuraient que j'avais les réponses, que je savais ce que je faisais... Pourtant, je n'avais aucune idée de pourquoi j'avais tenu à ce que nous nous mettions dans une telle merde. Peut-être cela contribuerait à changer la facette de l'île. Peut-être Kiyori perdrait-elle un peu plus de sa superbe.

        Des balles sifflaient dans notre dos ; un des hommes fut touché avant que nous puissions nous mettre à couvert dans l'une des ruelles. Le bilan ne cessait de s'alourdir, mais j'essayais de garder la tête froide. Je me portai un instant à hauteur de la queue de notre groupe et aboyai de continuer tout droit. Plongeant mes phalanges dans le mur de la maison la plus proche, je l'envoyais s'étaler sur le reste de la rue pour nous faire gagner quelques secondes. Cependant, plus nous nous rapprochions de la muraille et plus sa hauteur, comme le fait qu'elle soit gardée par des artilleurs, nous mettait en difficulté. Les premiers tirs de canons retentirent et les boulets se fichèrent dans les habitations qui bordaient la rue. Nous n'aurions pas deux chances comme celle-ci.

        Collant mes poignets l'un à l'autre, je portai une puissante attaque devant moi :

        « - Reine des Lys : Quintessence ! »

        Accentuée par les pouvoirs du fruit du démon, l'attaque maîtresse du Rokushiki provoqua, au contact d'une paroi d'air invisible, un rayon d'ondes de choc qui percuta le mur à quelques centaines de mètres et le traversa de part en part. Délogés par la secousse, les briques épaisses s'écroulèrent les unes sur les autres et firent chuter hommes et canons dans le nouveau précipice, nous garantissant une ultime ouverture. Malgré cela, à force d'enchaîner de puissantes attaques, je commençais à tourner de l’œil. J'empressai alors mes hommes d'emprunter le passage, fermant notre file indienne. Le temps jouait contre nous et, même si je doutais que l'impératrice soit elle-même à nos trousses, d'autres s'en venaient, nécessitant que je provoque toujours plus d'éboulis derrière nous pour oblitérer leur poursuite.

        Finalement, nous passâmes entre les gravas du rempart et, obliquant sous les tirs nourris des quelques canons indemnes, nous parvînmes à disparaître à l'orée d'un bois à proximité de la ville. De la soixantaine d'hommes à mon bord, il ne restait à présent plus qu'un peu plus d'une vingtaine de rescapés, dont Sloan. Malheureusement, il était encore un peu tôt pour nous réjouir : nous devions atteindre le port et fuir au plus vite. L'ambiance était donc à la défaite, comme Angelica s'approchait de moi et me décochait gravement :

        « - Le moral des hommes est au plus bas, avec toutes les pertes que nous avons subies. J'espère que tu sais ce que tu fais. »

        Si seulement...
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        Comment diable la situation a-t-elle pu à ce point se dégrader ? Shazu était à portée de main. Sa mort était inévitable. Pourtant, quelques survivants avaient eu la bonne idée d’utiliser les canons, à défaut de pouvoir être réellement inquiétants au corps à corps. Ethan saluait cette vivacité d’esprit et cette initiative. Déformation professionnelle. Son statut d’officier le poussait souvent à analyser les manœuvres des soldats, aussi bien pour apprendre que pour simplement les évaluer. Ses hommes feraient-ils mieux ? Moins bien ? Que pourrait-il faire pour les aider à progresser là-dessus ? Des questions qu’il se posait depuis son passage dans l’amirauté.

        En attendant, le contre-amiral était acculé par les assauts lui parvenant de tous les côtés, alternant entre esquives et parades, sans jamais ne laisser au daimyo l’occasion de s’enfuir. Adepte des pirouettes, Ethan en effectua une en dégageant des lames d’air qui repoussèrent les boulets, sans pour autant cesser son avancée vers sa cible. De ce tourbillon, un boulet passa la barrière et se dirigea vers lui, droit sur sa nuque. L’officier esquiva à l’aide de son mantra, en effectuant une roulade avant, laissant le projectile se diriger sur Shazu. Ce dernier l’encaissa sans trop de dégât avec un haki un peu incertain.

        Déséquilibré, le daimyo tenta de se stabiliser, mais Ethan le faucha au moment de se relever. Sa proie maintenant au sol, impuissante, il n’avait plus qu’à trancher de sa lame, évidemment renforcée grâce au haki de l’armement. Mais son coup fut paré par une lame extérieure. Qui pouvait être capable d’une telle chose ? Agacée par cette chasse qui n’en finissait plus, le contre-amiral redressa la tête avec une expression de rage. Il reconnut évidemment le visage et la chevelure blonde de Leona, elle aussi en colère. Combien de temps cette mascarade allait-elle durer ?

        - Comment oses-tu, Levi ? Dans le territoire de la déesse, seul de surcroît ! La marine n’a aucune raison de s’introduire dans le territoire de Kiyori. Des accords...

        - Les accords, les accords, je m'en tamponne complètement, coupa sèchement le contre-amiral. Si mes supérieurs sont lâches, ce n’est pas encore mon cas.

        - Abruti. Crois-tu réellement que je suis venue seule ? Ta fin est proche Levi, tu es cerné.

        Shazu est plus ou moins neutralisé, mais ce n’était pas pour autant le cas de Leona qui risquait de poser problème, en plus des soldats qui continuaient leurs assauts. Si d’autres officiers de Kiyori venaient à participer à cette réunion familiale, Ethan n’aurait effectivement pas la moindre chance. Une seule solution : la fuite. Cela ne lui plaisait guère, mais sa survie importante qu’une mort inutile. Il sentit aussi son den-den vibrer dans l’une de ses poches. Qui pouvait bien l’appeler sur cette ligne ? Yamamoto ?

        Des tirs vinrent de la mer, frappant la porte des héros et ses alentours. Tous les individus présents s’arrêtèrent pour voir d’où ça venait. Levi reconnut aisément le pavillon de la marine. Ils sont finalement venus, pensa-t-il en esquissant un bref sourire. Les soldats redigèrent cette fois-ci les canons en direction des navires ennemis. Ils étaient si nombreux. Quelle joie ! Un plus loin d’ici, un peu plus dans les terres, Ethan crut voir de l’effusion de lave. Pourtant, à sa connaissance, il n’y avait pas de volcan dans les alentours. La dernière personne qu’il vut bouillir de la sorte n’était autre qu’Aoi Nakajima, commandante de la sixième flotte de Kiyori.

        De ce fait, Levi fit rapidement le lien entre le den-den et l’apparition des navires de la marine. Il enrageait à l’idée de partir sans avoir pu finir le travail, mais le danger était bien trop grand. L’impératrice avait parfaitement géré son retour. Avec la possible présence de Bonny, Ethan ignorait si elle s’était ralliée à la cause de la jeune déesse, auquel cas Yamamoto était également en grand danger. Le fait que Kiyori n’était pas ici en personne signifiait qu’elle était ailleurs. Ici, précisément dans cette situation, Ethan ne servirait à rien.

        - Restez en vie, fit-il en jetant un bref regard aux deux amants. Je reviendrai finir ce que j’ai commencé avec vous.

        À ces mots, le contre-amiral balança une puissante frappe électrique sur l’épée de Leona, qui éblouit les alentours. Pendant ce laps de temps, à l’aide d’un enchaînement poussée du soru, Ethan s’extirpa de cette zone dangereuse en direction de la porte des héros, encore ouverte. Il entendit la blonde ordonner la fermeture de celle-ci, mais à part les protéger des futures salves, cela ne l’empêchera pas de s’enfuir. Mais là encore, un drôle d’événement vint gêner sa course. Le sol se mit à trembler et de nombreuses fissures se créèrent. Et bizarrement, le sol devenait de plus en plus chaud.

        - Va au diable, Nakajima, pesta le contre-amiral avec agacement.

        De la lave sortit partiellement du sol, avant de littéralement exploser et défoncer le sol. Sans perdre un seul instant, Levi décolla en utilisant le geppou. De l’explosion jaillirent de longs filaments de lave, que l’officier tentait tant bien que mal d’esquiver. Il n’y avait peut-être pas de volcan sur l’île, mais cette en avait créé un de toute pièce. Les hommes postés à proximité furent complètement anéantis par cette attaque qui n’épargnait pas les faibles. Quelle monstruosité. Quelle logia embêtant. Ethan n’était pas encore de taille face à la rouquine, il le sentait au fond de lui. Un jour viendra, qui sait, où il devra s’occuper de son cas également.
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        Quelle chance, je viens de toucher le jackpot, le problème, c’est que je suis dans un casino et entouré de malfrats, si bien qu’on me demande couteau sous la gorge de jouer à quitte ou double. ‘Fin… ça serait plus un ring de boxe, où on me demanderait de me coucher face au champion du monde poids lourd alors que je suis champion de la catégorie poids léger. Franchement, tu le voix le tableau ? une prison en ruine, des pirates en pagailles, des barbares en rébus, la gonzesse au fruit du séisme, Horus, une impératrice et moi. Si je voulais passer inaperçu, c’est un peu râpé… c’est vrai que j’ai peut-être un peu déconné avec ma lame d’air. Après, c’est pour ça que je suis de l’élite et pas du CP, mon truc c’est la castagne pas la comédie… déjà que j’ai dû pondre une connerie pour calmer l’albinos… Quoiqu’il en soit, l’affrontement direct me semble quelque peu compromis, je doute avoir parvenu dépasser ce bon vieux Salem, alors un affrontement direct me semble risqué, même si on a possédé une supériorité numérique, du moins à défaut de supériorité, on est plus nombreux…

        Je fléchis légèrement les genoux, non pas pour m’accroupir, mais plutôt pour gainer mon corps et j’étends au maximum les doigts de ma conscience pour me gorger des affects de tous ceux qui m’entoure, de toute l’île, je dois sentir toute les voix à l’œuvre pour décider de mon plan d’action. A mes côtés, Horus rechigne, et de l’autre, Bonney ou quelque soit son nom fait trembler la terre et érige un mur, parfait pour faire diversion. Tout autour de moi, ce n’est que chaos, effroi et douleur, aux alentours, une inquiétude profonde, et plus loin, sans doute vers la porte des héros, un autre chaos, causé par une voix que je connais bien. Bien, il est temps de prendre congé, et Bonney m’offre la diversion parfaite. Les secousses qu’elle a produites ont en bonne partie déstabilisé l’équilibre de nos ennemis, alors autant en profiter au maximum. D’une double main du capitaine, je projette une puissante déflagration de haki externe, juste de quoi renvoyer les éclats de pierre et les balles dans la direction de l’impératrice et ses troupes. A défaut de pouvoir protéger les barbares, je peux au moins leur offrir quelques secondes de répits … de toute façon, je doute pouvoir continuer à les considérer comme des alliés encore longtemps.

        A présent, ne reste plus qu’à rejoindre ce brave Ethan et entamer un replis des plus stratégique. La prison est en ruine, et ses prisonniers son libéré, même une impératrice ne sera pas en mesure de les juguler sans dépenser de nombreuses ressources, c’est sans doute la meilleure porte de sortie actuelle. D’un geppou et d’un soru combiné, je me propulse le plus loin que je peux, je vais finir par croire que je suis devenu un expert de la fuite avec tout ça… La fille aux secousses a pointé en direction de l’enceinte extérieure, autant en profiter pour accompagner leur fuite et rejoindre la porte des héros !
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        Kiyori s’attendait à une rébellion, quoi d’autre de la part d’un ancien chien du gouvernement mondial. Cependant le rocher qui lui arriva dessus après avoir été arraché de terre, elle ne l'avait pas prédis. Le fruit du séisme, si l’ancien empereur Edward Newgate était monté aussi haut, c’était pour sa force destructrice. Elle avait eu une pensée, si la nouvelle supernova la rejoignait, elle pourrait avancer ses pions et ainsi renforcer sa position.

        Malheureusement, ça ne fut pas le cas, Eleanor n’était pas de cet avis. Elle trancha d’un vif coup de son meitou la roche. Shota se débarrassa des deux moitiés en les faisant exploser avec ses arbalètes de poing. Plusieurs débris pleuvèrent sur l’armée de l’impératrice, mais il n’y eut que peu de pertes. Elle n’eut même pas un regard pour ses hommes alors qu’elle voyait Bonny ainsi que Kogaku s’enfuir, les jambes à leurs cous.

        Elle n’était pas là pour ça, la pirate se tourna vers la prison, la raison de sa venue se trouvait juste devant elle. Horus la regardait avec un regard plein de haine et de rancœur, elle n’en avait que faire, il était une épine dans son flanc depuis trop longtemps, elle était contente de s’en débarrasser. Le fourreau de son sabre, tout de blanc laqué, accrocha la lumière, un sifflement et une lame d’air vola dans la direction de la tête pensante des barbares.

        Pendant le voyage, l’homme eut le temps de se rendre compte de ses hommes autour de lui, de son devoir, malgré lui, de les protéger pour qu’ils continuent de le servir. Il se campa sur ses positions et attendit l’impact, allant même à la rencontre de cette dernière. Entre lui et son but depuis toujours, des dizaines de prisonniers qui mouraient sans pouvoir rien faire. Il serra les dents et bloqua, l’impact fut terrible, il se pensait fort, cependant la gamine d’à peine plus de vingt ans le surpassait.

        Ce qui fut le plus violent était le contrecoup, en effet, la lame d’air n’avait été que partiellement bloquée. Elle fit des ravages dans les rangs des barbares dans le prolongement. Néanmoins, celle qui dominait le champ de bataille ne s’arrêta pas là, elle bondit juste derrière sa première attaque et enchaîna d’un revers dégainé, une technique de Iaido. L’homme choqué par l’impact ne vit même pas le mort arrivé par le dessous.

        Elle se retourna après que les trois parties du corps du chef soient tombées au sol. Elle n’avait pas mis plus de dix secondes pour se débarrasser du gêneur. Elle se tourna alors Burasuto et Shoti.

        Vous les enfermez tous. Si certains résistent, vous ne posez pas de questions, vous les liquidez. S’il n’y a pas assez de place, tuez ceux qui ne rentrent pas dans les cellules. S’ils s’enfuient, je ne vous fais pas de dessins. Une obéissance complète à mes ordres est la seule vraie solution. Me suis-je bien fait comprendre ?

        Oui, Impératrice !

        Oui, Kiyori.

        Quant à votre attitude Hassha, elle va devoir changer. Sinon votre tête finira au sol comme celle de ce chef barbare. Elle fixa son quatrième commandant de flotte d’un regard rempli d’une fureur froide.

        Comprenant la menace sous-jacente, le supernova explosif plia. Il n’avait pas le choix, s’il voulait prendre sa revanche, il n’avait pas d’autres choix pour le moment. Il s’inclina légèrement avant de répondre. Bien, Impératrice.

        C’est mieux. Je poursuis les fugitifs, quand ce sera fini, j’espère que votre travail sera exécuté.

        Tashahari disparut en un instant, se lançant à la poursuite d'Eleanor et du forgeron renégat. Elle avait environ une minute de retard d’après ses calculs sur le petit groupe. Elle utilisa les jet dials sous ses chaussures pour prendre de la vitesse et se retrouver légèrement derrière Yamamoto. Elle aligna les deux cibles, le jeune retardataire et Eleanor et décocha une lame d’air électrifié par un thunder dial.

        PNJ Requiem : a écrit:Horus 'Le mal-nommé' Stormlord est mort.
          Les hommes fatiguaient de cette course effrénée et demandaient à s'arrêter. Ils n'étaient plus sûrs que nous étions suivis, mais moi je le savais : outre la présence du commandant d'élite qui avait pratiquement rattrapé le groupe, son aura à elle aussi nous talonnait, slalomant à une vitesse prodigieuse entre les arbres de la forêt, gagnant du terrain seconde après seconde. Tandis que les protestations se faisaient plus véhémentes, illustrant une perte de confiance globale envers mes capacités de leadership, une lame d'air fusa sur notre gauche, dessinant instantanément une ligne vierge dans la végétation jadis luxuriante.

          « - La porte est droit devant ! On continue ! »

          Dépassant l'orée de la forêt, nous pouvions à présent voir le gigantesque mur que nous avions franchi à l'arrivée, de l'autre côté d'une plaine d'herbes hautes. Je m'attendais à ce que l'ennemi nous attende de pied ferme, juché sur ses remparts, mais quelle ne fut pas ma surprise lorsque les coups de feu au loin me laissèrent comprendre qu'il avait déjà d'autres affaires plus urgentes à régler. Parfait, nous ne serions pas obligés d'esquiver des tirs cette fois-ci. Kogaku nous avait distancés à présent, filant comme un beau diable ; j'étais rassurée de voir qu'il n'avait pas l'intention de se mettre sur notre route. De mon côté, j'étais contrainte de me maintenir au niveau de mes éléments les plus lents, je notais la distance qui diminuait drastiquement entre Kiyori et nous... Encore loin d'être vidée de toutes mes forces, je ressentais la fatigue qui m'embrumait le cerveau, toutefois je devais agir.

          « - Silene, » murmurai-je tout en faisant volte-face, face à la silhouette aérienne qui se rapprochait à grand pas.

          Comme je l'avais pensé, l'Impératrice n'exprimait aucune difficulté à se déplacer dans les airs. Peu importe son procédé, elle faisait preuve d'autant de dextérité qu'un agent expérimenté alternant Geppou et Soru ; rien qu'un gouffre ou une crête rocheuse puissent arrêter en somme. À présent, c'était son haki de l'observation contre le mien, puisque j'avais prédit sa trajectoire et, dans un intervalle précis, je déchargeais mes ondes sismiques après avoir fissuré une paroi invisible. Je ne me leurrais pas : la puissance d'un Yonkou devait être colossale, toutefois sa vitesse affolante était un handicap que j'avais pris en compte.

          Sur une ligne droite de plusieurs centaines de mètres, un barrage de vibrations secoua brutalement les airs, manquant de peu l'Impératrice mais agrippant, dans son sillon, l'un de ses pieds laissés en arrière. Le choc fut visiblement suffisant pour mettre à mal son moyen de propulsion, car elle perdit de l'altitude et s'écrasa quelques instants plus tard dans une volute de poussière.

          Ne cherchant pas à en savoir plus, je regagnai fissa mon groupe qui était arrivé au pied du mur où attendait déjà l'officier de la Marine, visiblement dans l'impasse. Je l'ignorai par précaution et il fit de même, profitant de cet accord tacite de non-agression entre nous. À ses côtés, Karen gisait exténuée d'avoir eu à porter le corps, bien que frêle, d'O'Murphy depuis notre départ de la prison. Ses yeux voulaient tout dire mais Angelica s'exprima pour elle :

          « - Ce n'est qu'une question de secondes avant que notre présence soit remarquée et qu'ils commencent à nous canarder d'au-dessus.

          - Vous avez vu une porte dans les environs ?

          - Aucune. Que de la pierre, » répondit l'agente en toquant sur la surface immaculée de la roche calcaire qui composait en partie l'épaisse muraille.

          Je jetai un coup d’œil aux alentours : tout l'équipage semblait aux abois. Moi-même, je me rendis compte que j'avais besoin du mur pour tenir debout. Mes dernières explosions d'ondes sismiques avaient grandement puisé dans mes réserves d'énergie, de plus en plus minces. Ressentant néanmoins que Kiyori s'était remise en mouvement, je posai les deux paumes face à la paroi. J'avais déjà fendu Red Line, je pouvais réitérer avec un simple mur.

          « - S'il n'y a pas de porte, on va en créer une... »

          D'abord minimes, bientôt les deux sphères bleuâtres irradiaient mes mains. Jugeant la puissance accumulée pour le Perce-Neige adéquate, je reculai et fermai mes poings pour les abattre brutalement sur la pierre. Aux deux endroits de l'impact, des fissures commencèrent à cisailler les briques, s'étendant en multiples craquements, de plus en plus profondes et de plus en plus larges jusqu'au sommet de la muraille. J'étais sûre que cela devait rappeler de vieux souvenirs au commandant. Au même moment, notre position venait d'être repérée et des coups de feu détonnaient dans notre direction.

          « - Jasmin étoilé ! » hurlai-je en posant les mains à terre cette fois-ci pour faire jaillir deux pans de roches noircis au haki, formant un dôme solide au-dessus de notre groupe, nous protégeant des éboulis et des tirs.

          Ces-derniers ne tardèrent pas à se stopper, remplacés par les cris des hommes découvrant le sol qui se dérobait sous leurs pieds. Au-dessus de nous, la roche tombait et se concassait contre la protection en haki, nous inhumant probablement sous plusieurs mètres de gravats. Une bonne minute passa avant que l'effondrement n'arrive à son terme.

          « - Et maintenant ? » demanda l'ex-administrateur qui était resté silencieux jusque là... et pour cause, il était livide, avait mouillé ses chausses et tremblait comme une feuille.

          Dans notre petit espace confiné, l'odeur d'urine et de saleté du prisonnier empoignait le nez.

          « - Je m'en occupe. »

          Pour la plupart, cette voix ne sonnait aucune cloche et pour cause : c'était Kogaku qui venait de s'exprimer, d'un ton parfaitement calme et serein. Nul doute qu'il avait gagné en expérience et en assurance depuis la dernière fois que nous nous étions croisés. Grâce à ma vision nocturne, je le vis porter sa main à sa ceinture et retirer son sabre de son fourreau, générant dans la foulée une lame d'air suffisamment puissante pour dégager la voie devant nous et dévoiler le paysage du port en parti ravagé. Il se faufila alors le premier par l'ouverture, rapidement rejoint par le reste de l'équipage.

          Comme prévu, un renfoncement dans la muraille nous surplombait, formant une montagne de débris qui s'étendait de chaque côté de la construction. Quelques secondes seulement après que nous ayons tous quitté notre abri, celui-ci disparut à son tour sous les décombres. Au moins, nous avions remporté la course sur Kiyori qui était à présent immobile, de l'autre côté, probablement en train de donner ses instructions.

          « - Dépêchons-nous de trouver un navire et cassons-nous d'ici, » ordonnai-je tout en constatant l'état du port et surtout la présence inquiétante d'une ligne de cuirassés au loin qui pourrait nous barrer la sortie.

          Si nous trouvions quelque chose encore en état de flotter à quai, ce serait notre jour de chance. Ce fut d'ailleurs Angelica qui fut la première à donner la direction, pointant du doigt un navire de relativement grande taille qui se défendait bien contre l'opposant. Vraisemblablement, c'était à bord de ce clipper que l'Impératrice avait fait le voyage jusqu'à Tetsu.

          Un vrai parcours du combattant nous attendait pour y arriver. Le plus redoutable était probablement les puits de lave et les éruptions tous azimuts qui ne pouvaient signaler qu'une seule chose : elle était là. Malheureusement, je n'avais pas le temps de m'attarder sur son cas... Du coin de l’œil, tandis que nous traversions le champ de bataille sous la pluie de boulets venant de la Porte des Héros comme de l'armada de la Marine, je perçus au loin une silhouette gringalette qui se débâtait avec la Reine Rouge. Mes soupçons se confirmèrent lorsque je vis le commandant d'élite se précipiter en direction de son allié : Ethan R. Levy, l'autre bras-droit prometteur du vice-amiral Fenyang.

          Voilà donc la raison pour laquelle Kiyori n'avait pas réquisitionné ses forces sur le port pour nous couper la route.

          « - Eleanor, je crois qu'ils nous ont vus. Ils hissent les voiles !

          - Pressons le pas, il faut les empêcher de se faire la malle. »

          À peine capable d'obéir à mes propres indications, je forçai sur mon corps une fois de plus, sentant pourtant des rouages grincer et des câbles se tendre un peu trop sous mes plaques de métal. Cette fois-ci encore, la chance était de notre côté et aucun tir ne vint interrompre notre traversé. Seul un homme fut fauché avant que nous ayons pu arriver sur les quais et appareiller par la force à bord du dernier navire encore indemne. La résistance fut matée en moins d'une minute : le commandant de bord était suffisamment puissant pour renvoyer les boulets et les détourner, mais il ne put rien faire contre la vague d'ondes sismiques qui le balaya par-dessus bord. Seule une dizaine d'hommes étaient restés pour garder le bâtiment et ils n'opposèrent aucune résistance dès lors que leur officier fut écarté, ils semblaient même... soulagés.

          « - Allez les gars, on se casse d'ici, » criai-je depuis la dunette, utilisant mes dernières forces pour maintenir un mur protecteur d'ondes sismiques et parer les boulets qui visaient notre poupe, de la même façon que j'avais plus tôt déstabilisé l'Impératrice.

          Tous ceux qui n'étaient pas réquisitionnés pour faire bouger le vaisseau œuvraient dans le même sens, notamment Angelica qui virevoltait dans l'air, renvoyant boulet après boulet grâce à ses Rankyaku. Sur le pont-batterie, certains hommes prirent possession des canons et nourrirent un tir de barrage pour brouiller la vue à l'ennemi.

          Des gerbes d'eau venues des impacts à la surface de la mer nous flagellaient en tous sens, tandis que Karen manœuvrait habilement pour nous sortir de ce guêpier. Finalement, nous passâmes définitivement hors de portée des canons après une dizaine de minutes en longeant la côte jusqu'aux hautes falaises que nous avions pu distinguer en arrivant. Le navire voguait bon train à présent et nous pouvions nous relâcher. Mes muscles synthétiques n'attendirent pas que je sois assise pour m'abandonner et je m'effondrai volontiers d'épuisement, allongée sur le plancher en bois mat du gaillard d'arrière.

          ***

          Le soleil descendait à l'horizon. Maintenant que la tension était retombée, le moral dégringolait en flèche et la mort hantait l'esprit de chacun à bord, à l'exception des nouvelles recrues soutirées à Kiyori. Je savais qu'il faudrait du temps avant que mes hommes ne me fassent à nouveau pleinement confiance, malheureusement nous ne pouvions nous permettre de rester inertes et prendre le temps de faire le deuil de tous ceux tombés au combat. Cela faisait partie des aléas du Nouveau Monde, même si Angelica me le reprochait ; elle comme beaucoup d'autres ne cernaient pas l'utilité de notre escale à Tetsu Island. Et je me posais moi même la question de ma décision.

          Je devais faire avec ce fardeau de ne pas pouvoir transmettre à chacun ma vision et cette impression d’œuvrer pour quelque chose de plus grand. Car si nous ne levions pas notre sabre les premiers comme nous venions de le faire, jamais nos ennemis ne nous respecteraient, jamais non plus ils ne nous redouteraient. Qu'importe le résultat, le message était passé.

          Cette nuit-là, plongée dans mes réflexions, je ne réussis pas à fermer l’œil. Il me fallait pourtant préserver mes batteries pour les prochains jours qui seraient riches en tâches à réaliser à bord, à commencer par un tour du propriétaire, un inventaire des vivres et l'intégration des derniers arrivés. En trahissant le Gouvernement Mondial, j'avais signé pour mener cette existence qui n'était pas de tout repos.

          Et jamais je ne m'étais autant sentie vivre.


          Dernière édition par Eleanor Bonny le Jeu 10 Juin 2021 - 23:58, édité 3 fois
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