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Alday et Fuerza


En mer.


Fuerza avait passé la majorité du temps à dormir sur le bateau civil qui avait bien voulu d'elle. Ce n'est pas tant que l'hybride renarde dérangeait, non, mais en ce moment la pêche était exceptionnelle comme si les bancs de poissons statiques de Poiscaille avaient migré de West à South Blue.

Le problème c'était le poids total à charge car rajouter la quarantaine de kilos  de Fuerza devenait risqué pour le bon fonctionnement du navire. Une nouvelle fois la pêche à été très bonne mais le navire tanguait, comme ivre, d'une inquiétante manière. D'ordinaire entre le pont et le niveau de la mer il y avait trois bons mètres, mais là, il n'y avait qu'un seul petit mètre qui séparait l'embarcation prête à couler. Il fallait agir vite, ce que le capitaine fit en changeant "Gaïa" de cap avant qu'elle ne coule littéralement. Par conséquent l'ordre fut d'accoster à la prochaine île qu'ils verraient pour y vendre une partie de leur butin frais.
•••


Sur l'île du Karaté.


- Bienvenue sur l'île du Karaté, aujourd'hui est un jour spécial, tenez.

L'homme en charge de l'accueil des visiteurs et du contrôle de leurs intentions tendit à Fuerza une paire de lunettes, elle qui d'un coup venait de dire au-revoir à ses amis pêcheurs.

Comme si son estomac possédait un escargophone, il passa un coup de fil à son cerveau pour lui dire succintement : j'ai faim, trouve moi un truc s'teuplaît.


Soudain...

Bruit:

... un chat gueula ses tripes car la jeune touriste venait de lui marcher sur la queue. Ripostant en bondissant, le félin griffa la joue de Fuerza et en profita pour lui chipper ses lunettes de protection pour éclipses solaires.

Oubliant la faim, les deux bras tendus en avant, Fuerza se mit à courir comme une dératée pour récupérer cet objet unique et indispensable pour profiter pleinement de ce rare spectacle qui ne tarderait pas à commencer.

Ensemble ils tournèrent, tournèrent, autour d'une auberge, une fois, deux fois, troi'quat'cinxiss'sept fois et faisait lever sur leur passage un grand nuage de poussière.

Soudain, le malin félin en profita pour faire un angle droit et passa sous le vieux portique de l'auberge pour se réfugier à l'intérieur. Perdue dans ce brouillard poussiéreux, Fuerza dut faire deux tours supplémentaires pour se rendre compte que le voleur avait décidé d'économiser son souffle en trouvant une cachette. La seule du coin était obligatoirement ce bâtiment qui, depuis le début de la course poursuite, servait de rond-point.


Dernière édition par Fuerza le Lun 12 Avr 2021 - 20:26, édité 3 fois
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Une journée ensoleillée comme on en avait l'habitude sur South Blue. De l'enthousiasme sur le visage des passants, de l'excitation sur celui des combattants, des bleus sur celui des perdants. Tel était une journée commune sur l'île du Karaté. La plupart des voyageurs qui s'y arrêtait le faisait pour s'adonner à un art martial particulier. D'autres, férus de violences débarquaient simplement en tant que spectateurs. Il y avait également les itinérants qui venaient pour des raisons commerciales ou professionnelles. Cela étant dit, il y avait un individu sur ce bout de terre assaisonné de testostérone qui ne rentrait dans aucune de ces catégories. Un voleur que les aléas de la vie avaient amené pour une énième fois sur ce havre de rixe. Il n'était pas un aficionado des combats bien que pratiquant un art martial mais l'île du Karaté offrait plus de liberté pour un criminel de sa trempe que le Royaume de Bliss ou même Rokade où il n'était plus le bienvenue. Néanmoins, il ne pouvait se permettre de manquer de vigilance, sa tête étant mise a prix, n'importe qui pourrait vouloir toucher la prime. Ce véreux d'argents avait même déjà songé à se rendre pour toucher sa valeur en berrys, c'est dire.
Habituellement vêtu d'une large cape, il arpentait les allées pavées du centre-ville à la recherche d'un trou où se terrer pour une durée indéterminée. Le voleur n'avait pas d'objectif et se rendre sur Grandline pouvait encore attendre, selon son bon jugement. Le nonchalant Rhétalien traînait des pieds jusqu'à s'arrêter en plein milieu de l'avenue. Son estomac lui dictait de chercher de quoi s'alimenter. C'est ainsi que son regard se posa sur la pancarte d'une auberge tout ce qui a de plus banal. Il poussa la porte battante à l'entrée et s'avança au bar pour réclamer son festin.

- L'argent d'abord, réclama le gérant réputé pour être le plus vénale  de l'île.

- Euh, un instant, répondu le voleur en fouillant ses poches vides ... je reviens tout de suite. Et voilà ! s'exclama le jeune bandit qui venait de faire appel à ses talents de chapardeur.

- Je ne veux pas de problèmes ici. Tu casses, tu paies.

- Je te rassure, on est deux.

Le Rhétalien s'hâta vers une table vide dans un coin du bar, là où il pourrait profiter de son repas tranquillement. En attendant que celui-ci lui soit apporté, Alday s'adonna à ses habitudes de voleur, à savoir l'analyse de son environnement. Observer les différentes personnes présentes, leurs mimiques, la manière dont ils s'exprimaient, dont ils s'habillaient. Il n'avait pas l'attention de leur faire les poches. C'était simplement naturel chez lui.
Perdu dans ses analyses, la chute d'un plateau bien garnit de viandes cuites à point contre la table lui fit reprendre ses esprits. Son estomac salivait, sa bouche criait "à table" ou l'inverse. Il entrechoqua ses couverts s'apprêtant à embrocher la barbaque. Malheureusement, pour lui, l'entrée fracassante d'une mystérieuse personne, qui percuta sa table, fit voler son plat à travers la pièce avant même qu'il puisse le toucher. Son oeil droit suivait la trajectoire parabolique de sa bouffe gratuite tandis que son oeil gauche découvrait avec stupeur l'apparence du coupable de ce viandicide.

- Un chat/Ma viande ???!!!!


Dernière édition par Alday le Sam 29 Mai 2021 - 12:16, édité 4 fois
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Fuerza, sans réfléchir, avait imité la trajectoire du félin voleur et s'est cognée à pleine allure contre la porte d'entrée pour ensuite aller s'encastrer brutalement contre une table où un homme s'apprêtait à manger.

Rapidement, après s'être relevée, Fuerza se trouva une géniale excuse en montant sur la chaise la plus proche afin de se laver les mains de tout reproches.

- Perchée !

Malheureusement cela ne fit pas rire le véreux gérant qui avait vu toute la scène et qui, en la fusillant du regard, se mit à jurer :

- T'as cassé la porte et la table de mon hôte, tu vas payer !

- C'est pas moi ! C'est la faute au chat-chapardeur !

- Si c'est toi gamine, et t'as aussi une tête de chat !

- Alors d'abord non moi je suis pas un chat mais une renar-

- JE M'EN CONTREFICHE, TU VAS PAYER ! Coupa et insista l'homme avec un regard si rouge de colère qu'on y voyait des flammes, puis il continua TU VAS PAYER LA BOUFFE GÂCHÉE ET LES DÉGÂTS !

Fuerza se tourna alors vers l'homme le plus proche d'elle, à savoir l'homme avec un regard mi-affamé mi-intrigué, et en l'aidant à remplacer la table elle lui demanda en espérant en faire un témoin :

- Dis-dis, tu l'as bien vu le chat ! Le petit chat avec les lunettes rouges et bleues ! Dis-dis tu l'as vu hein ?!

L'homme semblait s'attarder sur les oreilles originales de la gamine et à l'instant où il ouvrit la bouche elle reprit :

- Vous voyez il en perd la parole ! C'est pas ma faute !

- TU. VAS. PAYER ! lança l'homme avec une telle intensité qu'on jurerait que son aura l'entourant formait un diable

Fuerza s'inclina, ses oreilles aussi, et elle en sortit une petite liasse qu'elle tendit au gérant, enfin souriant. C'était terrifiant de le voir ainsi changer d'humeur à la simple vue de l'argent. Cinq mille berries et quelques aménagements plus tard, la situation avait complètement changée. Fuerza était en train de manger un délicieux plat en compagnie de la personne qu'elle avait, bien malgré elle, importunée lors de son entrée fracassante.

- Mmmh ! Miam c'est bon !  Oh, au fait, c'est quoi ton nom ? Et t'as pas vu le chat ? Tu veux pas m'aider à lui voler ses lunettes steuplaîîît ?
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- Tu parles de ce matou ?

         Le voleur n’eut aucun mal à chiper la queue du félin qui vagabondait aléatoirement dans le bar. Néanmoins, son animosité naturelle envers les animaux n’avait pas disparu et alors qu’il suspendait l’animal dans les airs, celui-ci en profita pour lui crayonner le visage de coup de griffe. Alday, comme à son habitude, interprétait cela comme une forme d’affection de la part de la bête. Le visage souriant, il ne donnait aucune suite à la furie du chat mais arborait, désormais, fièrement une paire de lunette.

- Trop petite mais ça m’aidera à passer inaperçu.

Le Rhétalien n’avait aucunement l’intention de remettre l’accessoire à la mink. En parlant d’elle, il s’agissait là de la première race non cent pour cent humaine qu’il rencontrait. Il connaissait l’existence des hommes-poissons mais jamais il n’en avait croisé jusque là.

- T’es quoi au juste ? interrogea Alday tout en s’empiffrant.

• • •

          Deux ventres rassasiés plus tard, le criminel découvrait la race des minks, ces êtres mi-homme mi-bête. L’équivalent des hommes-poissons mais sur la terre ferme comme il l’a si bien résumé le jeune homme devant son nectar. Ce dernier dialoguait avec une des races uniques dans le monde, la plupart des individus les dévisageaient mais il se contentait de siroter sa boisson. Une totale indifférence l‘animé. À ses yeux, tout le monde devait être sur un pied d’égalité et un individu ne méritait pas qu’on s’y intéresse plus qu’un autre de par son origine ou son apparence. À la rigueur, apercevoir une sirène serait une expérience enivrante. Ce qui était moins charmant par contre, c’était l’haleine de l’ivrogne qui vint se joindre à eux.

- Belle féline, ça te dirait de venir manger un bout avec nous ?

- Laisse-nous tranquille le soûlard. Elle est rassasiée.

         Alday avait pris la parole à la place de Fuerza car il avait cerné sans trop de problème le stratagème de l’énergumène. Un pervers, doublé d’un zoophile qui, sous l’effet du rhume, devenait fort entreprenant. Une main baladeuse qui fut interceptée par celle du voleur dont la poigne ankylosé tout le corps de sa victime. Très vite deux autres hommes encerclèrent la table pour prouver fidélité à leur comparse camouflants des armes blanches sous leurs vêtements.

- Le barman ne veut pas de problèmes les gars, exprima le Rhétalien en relâchant la pression.

- Mais qu’en est-il de toi, Alday ? interrogea l’indésirable qui était soulagé de récupérer sa main. Je me disais bien avoir vu ta tronche sur un mur. Tu pensais qu’on ne te reconnaîtr-

         Pas le temps de finir sa phrase que le bandit retourna la table. L’effet de surprise fit qu’aucun des opposants n’eut le temps de réagir. À l'annonce de son son nom, la fuite devint sa meilleure option du criminel. Ainsi il prit la poudre d’escampette laissant derrière lui une mink, trois ivrognes et un barman en colère.


Dernière édition par Alday le Sam 29 Mai 2021 - 12:12, édité 3 fois
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Fuerza n'en revenait pas, elle était nouvelle sur cette île et en quelques heures à peine, autour d'un curieux repas, elle venait de se faire un ami. D'après les paroles du barman cet ami, pour elle, s'appelait Alday et il venait de la protéger d'un homme insistant alcoolisé et carrément barré.

Pour l'heure le barman était encore furieux car vingt-cinq millions venaient de lui passer sous le nez et que trois hommes déterminés ont eu un coup d'avance sur lui en partant directement à la poursuite du pirate. Aveuglé par la vie de luxe et le fait d'investir dans de nouveaux bars, le barman décida de virer tout les clients et de fermer le bar plus tôt que prévu. Malheureusement la dernière cliente lui résista, une cliente qui s'appelait :

- Saveas D. Fuerza, n'est-ce pas ? Dit l'homme en sortant un papier de sa poche.

- Ma licence !

Furieux le barman voulait se prendre pour un chasseur de primes car sa vie lui avait appris deux choses : on ne peut faire confiance à personne sauf en soi-même et que tout objet trouvé dans son bar lui appartient. Et dans les objets trouvés du jour, perdue lors d'une entrée fracassante, il y avait cette licence qui pourrait lui permettre d'être plus riche qu'il ne l'aurait jamais été sans cette opportunité que le destin lui mettait sur sa route. Saveas ne put faire grand chose pour retenir davantage cet homme car dans la minute qui suivit elle était couchée par terre, assommée.

Lors de son réveil elle se retrouva, vu l'odeur, dans une cave à vin en étant bâillonnée et ligotée. L'établissement était fermé, silencieux et plongé dans le noir quand soudain elle entendit des centaines de voix crier de joie car le spectacle proposé par l'éclipse solaire était en train de commencer.




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Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que le discret voleur n'attire l'attention sur sa personne. Moins de trente minutes après son entrée dans le bar qu'il du le quitter brusquement. De ce fait, il incita quatre gaillards à en faire de même dans le but de lui régler son compte.

Alday prenait la situation à la légère. En même temps qu'il fuyait, l'étranger terminait la dégustation d'une cuisse de poulet rôti qu'il avait dérobé avant de quitter les lieux. Plus encore, il se permettait de narguer ses poursuivants, leur faisant des grimaces et des signes de mains simplement dans le but de les irriter plus qu'il ne l'était déjà. Son encas terminé, il effectua une légère souplesse arrière tout en maintenant sa cadence afin d'avoir en ligne de pire, mais à l'envers, ses victimes. Il souffla alors l'os du poulet qu'il mâchouillait dans leur direction en espérant faire un strike. Cependant, le farceur allait regretter de ne pas regarder devant lui durant sa course. Il n'eut pas le temps de voir si son projectile allait atteindre sa cible que son corps effectua plusieurs pirouettes en l'air avant de s'aplatir contre le sol. Contre toute attente, un passant venait de lui porter un surprenant coup de pied latéral dans l'abdomen. Face à cette attaque, Alday ne put garder son calme.

- T'ES QUI PUTIN ??!!

- Enchanté, je m'appelle Rirchi. Un arbitre de l'île Karaté.

- JE M'ENFOU DE CE QUE TU ES. ON ATTAQUE PAS LES GENS COMME ÇA !!

- Il est interdit de fuir un combat, c'est dans le code d'honneur des combattants de cet île. De plus, crier sur un membre du corps arbitral est une faute grave.

- Je ne suis pas un combattant !!!! rétorqua le voleur toujours en colère mais épuisé de crier.

- La vie est un combat, Île du Karaté un ring, ses habitants .... des combattants. Je te sens irrité jeune couard, tu devrais te détendre.

- TU METS DES CHASSÉS AUX INCONNUS ET TU VEUX QUE JE ME DÉTENDE !!!  s'emporta aussitôt le voleur face à cette question mal venue.

Alors que la tension montée, Alday était rattrapé par ses poursuivants, un bon gros panda pointa le bout de son museau et chipa grossièrement les cinq individus en colère puis leur imposa un câlin général. Plutôt que de leur briser les os, l'étreinte fut agréable, apaisante. Le taux de colères retomba et les ennemies précédant devinrent bienveillants entre eux.

- Je vous présente Dapan, mon animal de compagnie. Je l'ai dressé pour calmer les combattants dès qu'il ressent de l'animosité dans l'air.

        Alday était troublé par l'effet relaxant de la cajolerie, pour la première fois, un animal n'avait pas été malveillant à son égard. Cependant, seul l'aigreur avait disparu et les trois bougres souhaitaient toujours mettre la main sur la prime du Rhétalien et ce dernier voulait toujours éviter le combat. Cependant la présence de l'arbitre, un peu trop impliqué dans sa profession, allait lui mettre des bâtons dans les roues. Tandis que le voleur s'efforçait de prendre la fuite, il était sans cesse rattrapé ou remis à sa place par le juge de combat et à chaque fois, la frustration l'envahissait puis incita le panda à intervenir. Peu importe où il allait, il était assailli par des coups de couteau, de savate et des .... câlins, oui des câlins. Il ne lui restait qu'une seule solution : faire face aux problèmes. Il ne perdit pas de temps et employa son art martial pour se défaire de trois de ses malfaiteurs grâce à son Choc du dragon. Concernant le quatrième, celui-ci pensait pouvoir profiter de la diversion offerte par ses comparses pour bondir sur l'étranger. Malheureusement pour lui, ce dernier eu largement le temps d'employer son Cri du Dragon pour le déstabiliser. Alday profita alors de la situation pour baisser le pantalon de son agresseur. Cet acte de sournoiserie eu pour effet de le mettre hors de lui et provoquer l'intervention logique de Dapan. Trop détendu, l'ivrogne ne put esquiver le coup assommant du bandit.
         Ses poursuivants étant hors d'état de nuire, Alday tapota ses vêtements pour ôter la poussière et les poiles de panda puis se tourna vers l'arbitre auquel il adressa un sourire provocateur accompagné d'un geste de main déplacé. Sa bravade ne poussa pas l'individu à exprimer de la colère envers le natif de Rhétalia car ce professionnel savait maîtriser ses émotions et se contenta de fermer les yeux sur ce genre d'attitude. Grossière erreur face au voleur. Ce dernier en profita pour lui balancer son animal de compagnie qui vînt aplatir son maître de toute sa fourrure.
Le ménage terminé, le criminel reprit la route en sifflotant en direction du bar qu'il avait fui. Il souhaitait poser quelques questions à la mink.


Dernière édition par Alday le Sam 29 Mai 2021 - 12:11, édité 4 fois
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Elles dansent, dansent, dansent sur les murs les flammes de l'unique torche qui éclaire ce triste sous-sol, offrant à elle seule un certain sens de l'hospitalité au milieu des centaines de bouteilles à vin. Sans surprise je me retrouve ligotée avec des chaînes et bâillonnée avec une corde qui, à force, me fait mal à la mâchoire. Peu à peu je reprends mes esprits et ouvre grand les yeux, doublement grand car j'observe non loin de moi un homme qui m'observe. Tout cela est bien triste mais l'homme n'a pas de larmes dans les yeux, quoi qu'il pense il est déterminé et ne faiblit pas face au désespoir de la situation. Il est maigre, il flotte dans ses vêtements salis par la poussière ambiante et sans hésiter je m'approche de ce prisonnier qui n'a pas l'air bien méchant.

Avec efforts je me relève et malgré que mon sens de l'équilibre soit modifié par le poids des chaînes je parviens à me lever pour aller défaire, dos à dos, le nœud qui l'entrave. Dans la seconde qui suit, me mettant dos à lui, il m'en remercie en faisant de même sur mon noeud à l'aide de multiples morsures pour y parvenir. Toujours otages de nos chaînes corporelles nous commençons à discuter.

- Quel est le joli nom de celle qui est venue me sauver de ce trou à rats ?

- Je m'appelle Fuerza, et toi ? Que fais-tu là ?

- Hendrick, moi c'est Jimmy Hendrick. Je suis ici car le proprio a l'oeil, regarde  sur le mur derrière moi et tu comprendras.

Effectivement, derrière lui sont minutieusement affichées des dizaines d'avis de recherche concernant pirates et révolutionnaire qui sont recherchés par la loi. Il me faut quelques minutes mais j'y parviens, je met un chiffre sur son visage et découvre alors que Jimmy est primé à huit millions. Revenant vers lui il me demande alors.

- Tu as l'air bien jeune et innocente, je doute que tu sois primée, alors comment t'es-tu retrouvée ici ?

- Si j'en crois mes yeux je suis la clé de cette moche histoire. Le proprio m'a volé ma licence de chasseuse avant de partir. Ça fait combien de temps que tu es là toi ?

- Quasiment deux semaines.

- Et il te traite bien ?

- Désolé j'ai pas envie de parler de tout ça, car maintenant que tu es là mon temps ici est compté. Il va te forcer à me livrer à la justice pour empocher la prime qui est sur ma tête.

- On peut empêcher ça !

- Ha ha, et comment ? Tu sais, ici j'ai eu le temps de réfléchir et je veux désormais aller de l'avant pour retrouver une vie normale. Par conséquent j'accepte la prison, j'assumerai mes actes et après je serai libre. Les conditions ne pourrons être que meilleure que là. Il me tarde de l'être, tranquille et libre.

J'observe alors les flammes de la torche en me disant que je ne pourrais rien changer de ses souhaits car la même lueur intense brille dans ses yeux, une lueur de détermination et désormais seul un miracle nous sortirait de là.


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Alday avait vite fait de revenir au bar. Il ne souhaitait pas s'attarder sur l'île ou du moins éviter la zone dans laquelle il venait de sévir.

En pénétrant la taverne, le voleur était obligé de constater que celui-ci s'était totalement vidé. Pas un rat resté ou plutôt si car deux rongeurs s'agglutinaient autour des restes abandonnés par la clientèle. En marchant d'un pas lent, le voleur se demandait s'il cette fermeture soudaine était liée à l'agitation causée plus tôt. Quoiqu'il en soit, il n'en fallait pas plus pour l'inviter à fouiller la caisse mais, comme il s'en doutait, celle-ci était vide. D'humeur à plaisanter, il avait interrogé les deux rats pour savoir lequel avait volé l'argent. Croyez-le ou non, les deux bêtes lui avaient répondu par un vulgaire signe de la patte. Ces dernières devaient passer pas mal de temps dans ce bar.
Alday se mit alors à interpeller le propriétaire dans l'espoir de s'assurer qu'il était bien seul. L'absence de réponse lui permit de prendre ses aises et le Rhétalien se dirigea directement vers la réserve. Celle-ci était logiquement fermée à clef mais ce genre de serrure ne semblait pas intimider le bandit qui s'en alla chercher deux couteaux. Le crochetage se fit sans bavure et la porte s'ouvrît dans un sinistre grincement. Cette dernière donnait sur un escalier mal éclairé qui débouchait lui même sur un nouvel accès. Ni une, ni deux, il força à nouveau la serrure pour enfin pénétrer la réserve. Une pléthore de bouteilles de vins à n'en plus compter, de la viande et du poisson pouvaient salés et suspendus aux poutres pour éviter que la vermine n'y accède. Le brigand ne se fit pas attendre et saisit un sac en toile et y fourra tous ce qui lui passé sous la main. En pleine euphorie, il ne remarqua pas que de l'autre côté de la pièce, deux individus étaient pour ainsi dire enchaînés contre un mur. Il fallut une interjection du plus rachitique pour qu'Alday daigne les remarquer. Le voleur tourna simplement la tête, un bout de viande en bouche. Dans un premier temps, il hésita à poursuivre le pillage des provisions mais lorsqu'il constata que les interpellants étaient ligotés et inoffensifs, il poursuivit simplement son cambriolage.


Dernière édition par Alday le Sam 29 Mai 2021 - 12:08, édité 2 fois
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Dès lors que nous entendîmes le bruit de la serrure, nos sourires se crispèrent et notre conversation cessa. Quoiqu'il se passait, ouverte avec des crochets ou avec une clef, un individu allait pénétrer dans la réserve. Je me tourna vers Jimmy et, toujours éclairés par une torche, je vis une lueur de panique dans son regard. Il me faisait des gestes avec le visage et j'y compris que le mieux était de rester silencieux en restant adossés contre le mur. En somme nous nous fîmes petits, inoffensifs et attachés de chaînes, et c'est une grande surprise qui s'empara de moi lorsque je reconnus le cambrioleur. Un cambrioleur qui était mon ami et qui, avec son regard couleur d'or, était en train de déguster un bout de viande comme s'il était chez lui, à son aise.

Tandis qu'il continuait à se constituer des réserves de nourriture et de boissons je me leva et doucement, afin de ne pas paraître hostile, je retourna contre le mur du fond là où étaient affichés les avis de recherche. Écoutant mon instinct qui voulait à nouveau les consulter je compris pourquoi il voulait cela : je reconnus la photo d'Alday et constata qui était triplement plus primé que Jimmy Hendrick. A ce moment là, grâce à notre sauveur, je compris que tout n'était pas perdu pour Jimmy qui était bel et bien prêt à se livrer à la justice. Alday pourrait le conseiller et cela lui permettrait de ne pas perdre son précieux temps de vie en prison. Je reviens sur mes pas et me tourna vers notre héros et l'interpella :

- Alday ! C'est moi, tu sais la Mink, ton amie ! Tu tombes à point nommé ! On a cru que c'était le proprio qui venait nous chercher !

Grâce aux compétences de crochetage de ce voleur, prouvées pour pénétrer dans cette réserve, il allait pouvoir nous défaire de l'emprise des chaînes qui entravent nos bras. Je m'en réjouis à l'avance et j'étais prête à lui demander une faveur dès qu'il aura fini son pillage. La faveur d'expliquer à Jimmy ce que c'est que de vivre en pirate libre en évitant le gouvernement mondial.

- Alday, peux-tu lui expliquer ce que c'est que la Liberté, celle avec un grand L, même en étant pirate ? Le bougre il veut se livrer à la justice, quelle erreur ! Toi il te comprendras, t'as l'expérience du métier, s'il te plaît Alday !


Tout mes espoirs de sauver cet otage reposait dorénavant sur Alday, je sais qu'il pourrait continuer à vivre libre malgré sa prime à huit millions.
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Jamais, ne serait-ce qu'une fois, quelqu’un n'avait considéré Alday comme son ami. Hormi son père biologique dont il n’avait plus eu de nouvelles depuis son affranchissement et son père adoptif assassiné au Cimetière d’Épaves, il n’avait pas de proche à proprement parlé. Son cercle social se limitait à lui seul et il ne pouvait pas vraiment s’en plaindre. Le voleur avait la fâcheuse habitude de se jouer ou d’escroquer la plupart des gens qu'il côtoyait. Néanmoins, cela ne le dérangeait pas le moins du monde. Bien qu'il ne considérait pas la jeune mink comme une amie, il ne cherchait pas à la reprendre. D'ailleurs cette denrière venait de lui confirmer que le propriétaire était absent mais risquait de débarquer à tout instant. Il n'en fallait pas plus pour inciter le Rhétalien à augmenter le rythme. Plutôt que d'attraper les bouteilles une par une, il les agrippait quatre par quatre. Un flacon pour chaque espace entre les doigts de sa main droite. Les secondes défilaient et le voyou avait de plus en plus de mal à ignorer la présence des prisonniers. Il sentait le regard insistant de la jeune mink sur sa personne et cela le perturbait quelque peu. Il n'avait pas l'habitude qu'on le surveille dans son travail et s'apprêtait à la sermonner à ce sujet. Cependant de beaux yeux bleus, des joues surgonflées et air ronchonnant le stoppèrent dans son élan. Agacé, il se résolu à répondre à sa requête.

- La vrai liberté, j'dirais qu'c'est choisir ses propres contraintes, rognonna l'escroc.

Aucune réaction de la part du concerné. Alday n'avait que faire de ce dernier. Il n'avait que très peu d'intérêts pour les individus s'apitoyant sur leur sort sans le moindre signe de résistance. il se tourna vers la dénommée Fuerza pour lui conseiller de partir.

- Tu perds ton temps avec ce gars, il ne vaut pas la peine que tu l'aides. Il n'a aucune volonté d'être libre. Qu'il se rende à la justice. En prison, il ne pourra que regretter son choix.

- Facile à dire pour quelqu’un qui n’a jamais été privé de liberté, chuchota le séquestré.

À moins de discerner sa cicatrice d'affranchi caché par une mèche de cheveux frivole, le prisonnier ne pouvait deviner qu'un individu arborant autant de babioles en or était un ancien esclave. D'ailleurs celui-ci ne chercha pas à répondre à la remarque de son interlocuteur. Il se contenta de le regarder de haut. Il le connaissait, cet état d'esprit où tout semblait perdu, où aucun échappatoire n'était possible. Pouvoir seulement se tourner vers une réalité où l'espoir n'avait pas sa place. Cependant s'il y avait bien une chose que la vie lui avait enseigné, c'est que le destin réserve bien des surprises et que rien n'était joué d'avance. Se remémorant brièvement son enfance, le Rhétalien se résigna finalement à leur donner un coup de main,  comme ce fut le cas pour lui à l'époque. Il soulagea finalement les deux captifs de leur entrave tout en se tournant vers la jeune minks.

- C'est pas tout mais c'est pas trop mon genre de faire le conseiller spirituel. J'avais quelques questions à te poser mais le temps presse je dois encore chiper un bateau. Ça sera pour une prochaine fois sur South Blue. Si on vous demande, c'est un panda méchamment pacifique qui a tout dérobé.

Aussitôt arrivé, aussitôt parti, le voleur fidèle à lui-même n'avait pas tergiversé et c'était enfui du sous-sol avec un énorme sac rempli de vivres et de plusieurs bouteilles qu'il se fera un plaisir de revendre. Il ne souhaitait pas savoir si sa réponse avait suffit à résonner le détenu. Il s'était contenté de répondre le plus sincèrement possible bien que cela soit un événement très rare, Alday et l'honnêteté faisant rarement la paire. C'est désormais en direction du port que le voleur de la mer du sud se hâtait dans le but de quitter l'île au plus vite.
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Alday avait peut-être raison, je perdais probablement mon temps à essayer de raisonner cet homme. Fidèle en tant que voleur il ne s'était pas éternisé car le gérant pouvait revenir à tout moment. C'est pourquoi, même si le patron avait encore en sa possession ma licence de chasseuse, je me disais que sans moi ce papier ne lui servirait à rien et je pourrais toujours en repayer une plus tard. Je dis alors a l'homme séquestré que moi non plus je n'allais pas tarder à m'en aller.

- J'y vais, comme mon ami l'a dit en prison tu auras tout le temps pour regretter ton choix. As-tu une dernière parole à m'adresser ?
- Eh bien, a vrai dire j'aimerai bien fumer une dernière cigarette en toute liberté.

Soit, si tel était ce qu'il désirait ma gentillesse allait faire de son mieux pour l'aider une dernière fois. Assise par terre je me leva et lui dit de patienter le temps de chercher dans le bar s'il n'y avait pas un paquet qui traînait. Mais soudain, contre toute attente, sortie de cette cave je me sentis de nouveau en liberté et décida sans gêne de lui fausser compagnie. Peut-être que ça le fera réfléchir une seconde fois si deux inconnus n'ont pas voulu l'aider, trop aveuglé par sa décision de passer par la prison. Heureuse de m'être détachée  de ce fardeau je passa la porte de la taverne avec un léger regret : il fallait faire quelque-chose pour déconseiller ce lieu aux touristes car le gérant est carrément louche.

Quelques allées plus loin je tomba nez à nez avec un marchand de fruits et légumes et une idée farfelue me fit sourire en me traversant l'esprit. Je décida d'acheter une cagette d'une trentaine de tomates et de la ramener devant le bar. C'est alors que sur le chemin j'eus une dernière pensée pour Jimmy et décida d'aller le revoir. Je le retrouva debout, presque dans le noir, en train d'observer dans ses mains sa propre affiche de primé. M'entendant descendre et m'ayant reconnue il me sourit.

- Tu as trouvé un paquet de clopes ? me demanda t'il
- Mieux, viens voir, je t'ai trouvé un moyen d'extérioriser ton mal-être.
- Qu-quoi ? bégaya t'il en levant un sourcil

Je l'emmena à l'extérieur et lui montra ma fabuleuse trouvaille artistique.

- Tu as été séquestré plusieurs semaines ici, non ?
- Oui, et alors, on va manger des tomates pour fêter la fin de ce calvaire ?
- Oui, un calvaire, c'est toi-même qui le dit, alors regarde !

Je commença donc à jeter une tomate, puis deux, et c'est à la troisième qui brisa une vitre que je me sentis en extase comme une gamine qui s'amusait à un jeu. Je l'incita alors à m'imiter et il le fit, mollement au début, et à contrecœur. Il ne comprenait pas où je voulais en venir. Je lui en tendis donc cinq nouvelles et lui dit :

- Il faut que tu te rendes compte d'une chose, tu as vécu un calvaire similaires à celui d'une prison, alors sois fier de retrouver ta liberté et exprime ta joie bon sang !

Et là le bougre prit fermement les tomates et commença a mitrailler la façade, il commençait à comprendre où je voulais en venir. De mon côté, j'étais contente de lui avoir fait entendre raison. Soudain une femme nous interpella.

- Eh ! Vous deux ! Je vais appeler la Marine !
- Maman, moi aussi je peux faire pareil ? Ça a l'air fun !
- Non mon fils, ce qu'ils font c'est mal.

Grillés. Il nous fallait maintenant terminer notre œuvre et j'espérais que cela se sache que cette fichue boutique a été victime d'une bien piètre dégradation, mais une dégradation quand-même. Elle était a fuir. J'attrapai un nouveau fruit rouge et mûr et le lança, bingo, en plein dans la face de la femme qui fut doublement humiliée quand son fils la pointa du doigt et se fouta royalement de sa gueule. Gifle. Il s'en mangea aussitôt une. Les tomates continuèrent à partir dans tout les sens, la scène tournant en une courte bataille où aucun n'était à l'abri. On était tout deux heureux et la mère partit en ronchonnant pour aller alerter la Marine. Je décida qu'il était temps de cesser l'amusement et qu'il fallait bientôt fuir.

- Tu vois, c'est ça la liberté, tu fais ce que tu veux quand tu veux !
- J'ai fini par le comprendre, je t'en remercie.
- Avec plaisir, à bientôt peut-être !
- Qui sait !

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