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Convoi 09: Guillotine Blurlake

Rappel du premier message :

La route de tous les périls est réputée pour les changements climatiques soudains et anarchiques. Mais aujourd'hui, le brouillard de guerre ambiant n'est dû qu'à l'activité d'un énorme volcan à une île des alentours. Le ciel chargé de cendre a répandu une brume salissante, sous forme de neige grise et de poussière grasse en suspension. A force de dépôts, le Guillotine Blurlake ressemble à une vieille photo en nuances de gris. Bien entendu, on n'y voit pas à plus de quelques mètres. L'équipage s'est équipé de grands cirés et époussette sa tenue à chaque retour à l'intérieur. Au moins, les risques d'embuscade sont atténués. Si cela devait toutefois se produire, tout se règlerait en pur abordage.

La partie incarcérée des membres de la secte des Contristes est curieusement seule préservée de l'impondérable brume. Bien au propre dans leurs cellules, ces fanatiques avaient débuté leur mouvement par contestation des extrêmes. A force de se révolter contre tout, leur propre cause avait été contrée. Il avait fallu plus de quatre ans et une infiltration totale d'un de ses soldats pour que la Marine conforme toute la secte au port du fer et la soumette aux lois mondiales.

Haven "Garde" Ist est ce qui sert de chef au groupe, même si avoir un chef est trop dirigiste pour ces nihilistes. Sa capture le dérange, mais le rassure en même temps. On punit les crimes commis, enfin un peu de logique ! Depuis sa zone de détention, il songe à une nouvelle secte, destinée à naître et mourir durant le convoi. Les Anti-évasistes, un mouvement criminel ne reculant devant aucune cruauté ni aucun extrême pour punir de façon illégale ceux qui voudraient s'évader.

Manu dit "la Teigne" a honte d'être incarcéré ici. De sa geôle, il assiste à la folie qui gagne les membres de ses frères, envers lesquels il n'avait jamais vraiment cru. L'absurde qui le dépitait au Third District de Strong World avait contaminé les gens qu'il avait rejoints pour y échapper. Sa prison lui semble double, son purgatoire déjà entamé. Espère-t-il pour autant un sauvetage ? Qu'importe, tant que né de nulle part, il puisse partir ailleurs.

Elina "Travel" Itré sélectionne ses prochaines cibles parmi les soldats de la Marine, suite au nouveau mouvement de son gourou. Pour elle, les uniformes pousseront les Anti-évasistes en dehors de la zone de détention, ce qui sera une forme de libération et être libre et condamné n'est pas tolérable. Déjà elle prépare une opération, afin de prendre en otage les gardes et de négocier auprès du Gouvernement Mondial le droit à rester emprisonnés au Guillotine Blurlake jusqu'à la fin. Ou qu'ils soient graciés pour pouvoir en sortir.
    On m'avait appelé. Une voix aigüe, celle d'une femme, qui était venue me sortir de ma torpeur, me ramener à la réalité. Le combat continuait sur le pont, poussant les criminels dans leurs derniers retranchements : des cadavres gisaient sur le sol, essentiellement ceux de prisonniers, le fait des deux nouveaux agents débarqués du Green Fairy apparemment. Putain.

    Je fis un pas pour essayer d'aider à contenir la menace. J'avais suffisamment fuit et si la question de l'honneur ne me taraudait pas trop, celle de me voir finir à fond de cale pendant plusieurs jours à bord du Red Hare pour désobéissance me plaisait encore moins. J'avais déjà déserté une fois : les officiers n'étaient pas dupes...

    « - Désolé... » fis-je en tirant mon pistolet au clair et en faisant mouche dans la jambe d'un des forcenés les plus proches.

    Un de moins. Mes tirs n'avaient pas l'ambition de tuer cependant, mais simplement neutraliser. Bientôt, l'odeur de poudre de mon six-coups plutôt archaïque, grade oblige, se mêla aux parfums environnants. L'odeur des deux agents, au musc doux et floral, contrastait avec celle des soldats qui n'avaient pas pris de bain depuis des jours, et que dire des pirates. Leur ton arrogant et leur apparence bon-chic bon-genre me faisait grincer des dents : ils étaient là, les vrais salauds.

    Mes tergiversations s’arrêtèrent net, en même temps que le combat d'ailleurs. Nous volions et, l'instant d'après, les deux oiseaux étaient emmêlés dans les cordages. Reprenant tant bien que mal mon équilibre, je constatais le bond que nous venions de faire...

    « - Bon sang de merde ! On est sur la tête du poulpe. »

    Oubliez l'odeur de la bataille et des hommes crasseux, à présent nous baignons dans les effluves pestilentielles d'un gigantesque céphalopode. Par réflexe, je me pinçai le nez, avant de porter un regard aux alentours : le vol plané avait envoyé les derniers rebelles à terre ou, du moins, sapé leur envie de combattre. Ils n'étaient plus qu'un petit nombre encore armés à présent et c'était probablement l'instant le plus judicieux pour être loquace :

    « - Les gars, laissez tomber. Quoi qu'il arrive, vous avez perdu.

    - Nous tout ce qu'on voulait, c'était être libres de rester enfermés, » répondit l'un des énergumènes, visiblement dépité.

    Un peu spéciaux, mais de bons gars. Mon invitation porta ses fruits et rapidement, la Marine reprit le contrôle du pont. Le bon côté des choses, c'est que nous n'étions plus au milieu d'un lac fumant. Un coup d’œil par dessus le bastingage laissait entrevoir l'eau bouillonnante à l'endroit précis où nous avions décollé : de la fumée émanait même du centre où la lave avait atteint la surface. Nous avions eu chaud, au sens propre du terme.

    Par contre, nous avions d'autres chats à fouetter à présent. Le navire pencha d'un côté, comme l'animal remarquait notre présence gênante sur son crâne, mais il fallait croire que nous étions suffisamment encastrés dans sa chair pour l'empêcher de se débarrasser de nous aussi facilement. Tout de même, le navire tanguait et chaque homme à bord était à présent obligé de se tenir à quelque chose s'il ne voulait pas se retrouver à dévaler une pente poisseuse qui le mènerait inévitablement vers une chute mortelle de plusieurs dizaines de mètres dans de l'eau portée à ébullition.

    Rien qui ne donne envie, en soi.

    Malgré ça, quelques spécimens parvenaient à conserver leur équilibre, comme le Lieutenant-Colonel qui devisait calmement avec un subalterne. Le coup du nœud, évidemment, même dans cette situation. Jugeant leur petite conversation terminée, je me hissais jusqu'à hauteur de l'officier supérieur pour l'interpeler :

    « - Colonel, les prisonniers sont hors d'état de nuire...

    - Parfait.

    - ...mais nous sommes sur la tête d'un gros poulpe.

    - J'avais remarqué.

    - Et donc quels sont vos ordres ?

    - Réfléchir. »

    Ah, très bien. Je me mis donc à réfléchir, tandis que la jeune femme à mes côtés sortait son escargophone et nouait contact avec sa supérieure. La voix claire de Foxy résonna distinctement dans l'appareil.

    « - Nikitin ! Nous vous avons vu décoller, tout va bien ?

    - On s'en sort, » fit l'intéressée tout en observant fixement le panorama chaotique. « On a un petit souci de monstre marin, on doit redescendre.

    - Malheureusement on ne peut rien faire pour vous pour le moment. Les eaux aux alentours sont condamnées, on dirait qu'un volcan va entrer en éruption. »

    Je retins difficilement un « je l'avais dit », Nikitin était songeuse, comme à son habitude. Avec les doigts de sa main libre, elle nouait et dénouait machinalement une ficelle. Mon regard, curieux, se promena aux alentours, voir un petit peu ce qu'il était advenu des deux agents, de la charmante demoiselle qui prenait le thé ou du tatoué. Chacun avait l'air préoccupé actuellement à remettre de l'ordre sur le pont, gardant en tête que notre situation était hautement instable.

    Et puis je les vis, trônant au milieu du navire, aux pieds du cabestan. De longues chaînes, très longues. Aucune idée de ce à quoi elles servaient, mais un bref coup d’œil par-dessus la rambarde vers les membres du céphalopode qui gesticulaient en essayant de saisir sa proie, Mountbattten, m'affirma qu'on pouvait en tirer quelque chose.

    « - J'ai une idée.

    - Hein ?

    - Pardon ?

    - C'est Blue. Il a une idée.

    - Qu'est-ce que Blue fait à bord de votre navire ?

    - Qu'est-ce que tu fais à bord de ce navire déjà ?

    - J'accompagnais le Commandant quand il a décidé de faire son petit manège...

    - Qu'est-ce qu'il dit, Masha ? J'entends mal à travers le combiné...

    - Il dit qu'il a dû se tromper et qu'il n'a rien à faire ici. Alors, c'est quoi ta merveilleuse idée, Sergent ? »

    Grommellements. Du pouce, je désignai les chaînes, écopant en retour d'un haussement de sourcils. L'idée était peut-être trop saugrenue, trop conne pour le QI élevé du Lieutenant-Colonel.

    « - On attache les tentacules du poulpe avec des chaînes et on s'en sert pour se tirer d'ici. »

    Visage de trois pied de long à présent, elle faillit presque en faire tomber son bout de ficelle. Pourtant, j'étais certain que l'idée avait fait mouche dans son esprit, même s'il fallut un peu de temps pour que ça décante. Au point où on en était, de toute façon...

    « - Au point où on en est, de toute façon... Foxy, on va tenter une manœuvre désespérée pour se sortir de là.

    - Parfait. De notre côté, on contourne l'obstacle pour ouvrir la voie, au cas où d'autres surprises nous attendraient sur la route. On vous couvre si besoin, mais je ne suis pas persuadée qu'ouvrir le feu serait une bonne idée en l'état.

    - Certainement pas non. On va tenter ce que Blue propose et sinon... on verra bien. »

    Gotcha. L'officier se tourna vers moi, claquant des mains une fois avant de se les frotter. On avait du pain sur la planche visiblement. Et apparemment le commandant du navire, qui venait de faire irruption après la bataille, sorti d'une longue sieste dans ses quartiers, pouvait nous y aider. Après avoir reçu une bonne taloche de Nikitin et l'ordre de se reprendre en main.

    Ouch.
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    Cry me a river Convoi 09: Guillotine Blurlake  - Page 2 356945409 car l'heure turn.

    Je viens annoncer que les inscriptions pour le convoi sont closes. Il vous reste à finir, tranquillement. Mais pas trop trop tranquillement non plus. Il faut au moins un post par semaine, ou le convoi peut être fermé faute d'activité.

    Bonnes galipettes cendrées !

      Le Logia du Gaz! Si je dois haïr un fruit parmi les tous, c'est bien celui-là! Et pour cause, j'étais la proie de son ancien utilisateur une quinzaine d'années plus tôt. Cortex SMOKER, qu'il s'appelait. Il s'agissait d'un savant déchu de la Brigade Scientifique, un de ces génies fous qui avait trahi le Gouvernement Mondial. C'était le genre de type qu'on voyait jamais agir, mais quand il frappait, il faisait fort. Nombreuses étaient les villes victimes de ses expérimentations! Au nom de la science qu'il disait... Mon cul, ouais! Mais le pire chez ce pirate, c'était que ma rencontre était étroitement lié à mon rival. Au lieu d'être un dommage collatéral, j'étais le cobaye sans mon constamment. À cause de son pouvoir, j'étais quasiment mort. J'étais à peine gradé à l'époque et je devais ma survie à une collaboration entre la Marine d'Élite et le Cipher Pol.

      Même si maintenant ce FDD est entre les mains d'une fillette, je suis pas totalement rassuré. Le Gouvernement Mondial est pas à l'abri d'une trahison, il suffit de regarder le cas d'Annabella SWEETSONG... 'Faut pas trop me demander pourquoi, mais j'ai toujours eu la haine contre les pouvoirs surnaturelles. Jalousie? Sans doute. Ou peut-être pas... Je me suis toujours battu par mes propres forces. D'accord, je triche un peu, mais ça reste rien à voir avec ce qu'un putain de Fruit du Démon peut faire. Bref, je voue une colère pour ce genre de choses même dans mon propre camp.

      Caramélie parle trop à mon goût. Comment se concentrer avec une pipelette pareille? Et peut-elle être vraiment une agent du Ciphel Pol?! J'arrive pas à le croire que je l'ai croisé cette pucelle à Suna Land. Dans tous les cas, 'faut que j'arrête de me plaindre, car la situation dégénère carrément. Autant, je suis plus à l'aise pour taper sur du pirate et je reste prêt à le faire même s'il s'agit de Mount'. Autant, lutter contre les intempéries, ce n'est pas mon truc. 'L'aurait fallu un météorologue ou un navigateur compétent dans ce convoi. Là, je me retrouve à dompter un kraken gigantesque. Des monstres marins, j'en ai vu, mais de cette taille, jamais! Et si pour une raison ou pour une autre notre flotte sombre, ça me la foutra mal. Je préfère voir les Contristes en liberté plutôt que de regagner un port à la nage. Et je l'ai déjà fait. Il faut non seulement du courage, mais aussi de la détermination.

      À cause du choc à l'atterrissage (À l'amerrissage? À l'apieuvrissage?), je me retrouve éjecté de la salle des machines par la paroi qui a été colmaté. Plus par réflexe, j'active mon grappin pour m'agripper au bastingage. J'ignore par quel miracle les collègues ont pu tenir sur le pont, mais bon nombre sont encore debout. Et les évadés sont toujours à bord. J'analyse alors la situation. Z'ont pas trop l'air d'avoir besoin de moi les copains pour les mater, alors je peux réfléchir à ce qu'on peut faire. La mer bout toujours et les tentacules essaient de nous déloger. D'ordinaire, je serais du genre à frapper la bête, mais mon instinct de survie me hurle qui 'faut fuir d'ici au plus vite possible. Comme je vois pas Justine ou qui que ce soit de notable, je prends le relais pour le commandement. La petite blonde me rejoint et je lui indique mon idée.

      'Va falloir faire vite. L'océan devient un vrai enfer. Alors on se démerde pour s'attacher à la créature et on l'utilise pour partir fissa.

      Le monstre aqua' est assez énorme pour nous porter tous, mais la réussite de ce plan dépend uniquement si on parvient à la dominer. Et ça, je peux en faire mon affaire. Ni une ni deux, je laisse les autres s'occuper des tentacules pendant que je m'acharne directement au point le plus sensible. Je lève donc Sombracier, mon bras droit mécanique. Et je cogne avec force.

      Electro Impact!!

      Mon coup de poing est monstrueux. Il décharge de l'électricité dans tout le crâne de la bête au moment de l'impact. J'espère pouvoir court-circuiter ses neurones dans le but de la dompter. Le choc encaissé pour cette chose produit alors des dégâts internes considérables. Du moins, je sens qu'elle résiste et qu'il faudra bien plus pour lui faire changer les idées. C'est une bataille de détermination. Et je compte pas faillir sur ce point, prouvant à tous ma volonté de fer. Après tout, suis-je pas le Briseur de Rêves?


      Dernière édition par Baal Z. Aran le Mer 2 Juin 2021 - 23:56, édité 1 fois
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      Cher journal,

      Je suis d’accord avec Baal sur le fait qu’il faut s’en aller au plus vite, tant pour fuir le danger imminent que représente le poulpe que celui -à peine moins imminent- de l’éruption, mais il est sûr de son plan ?!

      « - Vous voulez nous attacher au monstre et l’utiliser comme moyen de transport ? Mais ça n’a aucun sens ! Vous avez conscience qu’il est susceptible de plonger à n’importe quel moment et de nous entraîner avec lui ? »

      Trop tard : je le vois qui saute du navire et commence à s’acharner sur la tête de la pauvre bête ! Pour ma part, un peu atterrée, je regarde autour de moi pour voir s’il n’y a pas quelqu’un d’un peu plus raisonnable qui aurait un plan plus sensé à me suggérer. En cherchant un peu je trouve les agents Giacca et Sciabola qui sont… en train de se débattre, emmêlés dans un cordage ! Ça me rassure, il y en a qui sont encore plus mauvais marins que moi ! Hum. Je détourne vivement la tête, et m’empresse d’effacer cet évènement humiliant de ma mémoire pour aller voir ailleurs.

      Flottant avec élégance à quelques dizaines de centimètre du sol, pas tant parce que c’est le summum de la classe pour se déplacer que parce que je risque de me faire renverser au sol à chaque soubresaut que fait le monstre marin, je parcours rapidement le pont. Je remarque alors les corps inanimés gisent au sol, dont certains baignant dans une mare de sang. …Les prisonniers !! Tu as vu ce qu’ils ont fait à nos prisonniers, journal ?!! Je sais bien qu’on a ordre de les arrêter par tous les moyens en cas de fuite, mais notre mission reste tout de même de les conduire jusqu’à la potence ! Au moins la situation semble être revenue sous contrôle de ce côté-là, et il nous reste assez de Contristes à  livrer pour faire bonne figure. .. j’espère.
      A ce moment, je reconnais le joli caporal Blue en compagnie de quelques officiers. Il a les cheveux en bataille et la peau luisante comme après un effort intense, le pistolet à sa ceinture encore fumant. Comprenant ce qui s’est passé, je m’approche de lui, souriante et fière :

      « - Beau travail caporal Blue ! Heureusement que vous étiez là pour mater la mutinerie ! Je vois que vous n’y êtes pas allé de main morte, vous êtes vraiment un guerrier redoutable et certainement un négociateur efficace ! »

      Mais si journal, c’est évident que c’est son œuvre. Ça ne peut pas être Tim, il n’a pas une tête de protagoniste et il était trop occupé à faire du zèle avec les condamnés. C’est surement pour ça qu’ils ont dû vouloir s’échapper et tenter un dernier baroud d’honneur, d’ailleurs. Ça ne peut pas non plus être les agents Giacca et Sciabola, qui… oublie ça.
      Je ne sais pas trop comment interpréter la tête que font Nikitin et les autres, mais je me contente d’adresser un clin d’œil à Blue : moi je sais que c’est lui le vrai héros. Heureusement que la marine a encore quelques vaillants dans son genre, des remparts de la civilisation face à la barbarie pour la tenir à bout de bras, des individus qui sont à la fois force et raison, capables de calmer les pires situations et de résoudre les problèmes d’une main de maître ! Pas comme la lieutenante-colonelle Nikitin par exemple, qui m’indique son plan franchement farfelu.

      « - Vous aussi vous voulez nous attacher à la pieuvre ? Mais vous vous êtes passé le mot ! »

      J’ai du mal à masquer mon atterrement. Enfin bon… c’est peut-être une doctrine de la marine ou un truc comme ça, qu’on leur apprend en formation « si vous vous retrouvez perché sur la tête d’un monstre marin, servez-vous en comme monture ». Mouais mouais mouais… admettons. Comme de toute manière ce n’est pas mon rôle de prendre ce genre de décisions ni de les commenter, je me contente d’acquiescer :

      « - C’est le plan le plus farfelu que j’aie jamais entendu mais c’est votre carrière, pas la mienne. Nous allons faire au mieux. »

      C’est la lieutenante-colonelle qui supervise l’opération elle-même. Je l’accompagne, ainsi que la vingtaine de marins qui transportent tout ce qu’ils ont pu réunir de cordages et de chaines. Au moins Will Blue vient avec nous et je me sens rassurée en sa compagnie: il émane de lui une aura de force et de compétence ! Je vois à son regard aiguisé qu’il est déterminé et qu’il réfléchit déjà à trente-six manières différentes d’atteindre son objectif ! Lui au moins il n’est pas du genre à se cacher derrière un matelas pendant que les autres se mettent en danger !
      En chemin, j’informe Nikitin de ce que le cyborg a entrepris de faire : je ne sais pas trop dans quelle mesure un officier supérieur de la marine régulière a autorité sur un officier subalterne de la marine d’élite, mais il devrait se faire sérieusement gronder pour son plan suicidaire !

      « - Lui griller les neurones avec des décharges électriques pour le rendre plus docile ? Mais c’est une excellente idée ! J’aime ce genre d’initiative ! Ce n’est pas le briseur de rêves pour rien ! Venez, tous, amenez les cordages par ici ! L’un de nos hommes se bat seul !»

      Bon, laisse tomber journal ils sont tous contre moi.

      ♦♦♦♦

      La mer est agitée, bouillonnante, et la pluie de cendres est plus intense que jamais. Mais ce n’est rien à côté de l’immense créature tentaculaire qui se débat et agite ses prodigieux membres autour et au-dessus de nous ! Bzzzzrrr ! Une puissante décharge, suivie d’une violente secousse, agite notre ensemble bateau-poulpe ! A ce moment la colonelle expédie avec une habileté surnaturelle l’un des lourds cordages de marine ; celui-ci s’anime comme s’il prenait vie, s’abattant sur le tentacule le plus proche sur lequel il s’enroule à la manière d’un serpent.

      « - Tenez-le aussi fermement que possible ! » crie l’officier à ses marins.

      Le poulpe, lui, n’apprécie pas vraiment. Il tente de ruer, d’agiter vers nous ses autres appendices, mais ceux-ci sont animés de tremblements saccadés. Je suis tentée à un moment de m’en aller et de rejoindre mes collègues suspendus dans leurs cordages, mais je me retiens : le caporal Blue est avec moi et je n’ai pas envie de décevoir un homme aussi investi. Je lui adresse un autre de mes sourires chaleureux :

      « - A nous deux, nous devrions pouvoir prêter main forte au commandant Zaran. Vous voulez bien m’accompagner ? »

      Prenant son absence de réponse immédiate pour un oui, je lui prends la main et génère une plus forte quantité de gaz afin de pouvoir nous soulever tous les deux. Il a le contact chaud et agréable, et je le maintiens fermement, souriant avec bienveillance en voyant à sa réaction qu’il n’a pas l’habitude de voler. Ensemble, nous quittons le navire et nous positionnons au-dessus de la bête. En dessous de nous le commandant cyborg vise les points faibles avec ses puissantes attaques, et évite ou repousse les tentacules qui tente de l’en déloger. Au moins la taille du poulpe semble être son principal atout : il n’est vraiment pas rapide.

      « - Je suis rassurée d’avoir un combattant comme vous avez moi », dis-je à Will Blue « je ne me serais pas vue faire face à une bête pareille toute seule. Je ne voudrais surtout pas vous gêner donc dites-moi juste quand et où vous amener si vous en avez besoin, et je ferai au mieux ! »
      • https://www.onepiece-requiem.net/t21492-l-envers-du-journal#2313
      • https://www.onepiece-requiem.net/t21479-caramelie-la-critiqueuse



      "Pourquoi avoir des idées"

      Enfin libérée, l’agente tourne la tête. Elle n’avait pas eu l’occasion de vraiment voir ce qui se passait avec tout le monde sur le pont. La bonne nouvelle étant que les prisonniers se tenaient plus ou moins calmes.
      Sohalia rengaina ses armes et redressa le dos pour observer la situation. Le commandant d’Élite balançait des attaques qu’elle n’avait jamais vu et il semblait qu’une proposition avait été faite par… Le sergent. Celui qui avait vu la lave grignoter sans pitié le fond de cale. Elle passa à travers les prisonniers et alors que les marines s’agitaient sous les ordres divers et variés, elle en attrapa un par la manche.

      « Trouvez quelques choses pour attacher ceux qui peuvent encore bouger, ceux qui rampent poseront pas de problème. ‘Faudrait pas qu’ils la ramènent encore, et on veut pas ramener un bateau plein de cadavres. »


      Ouais, les habitudes ont la vie dures, elle avait presque oublié qu’elle ne portait aucun uniforme, mais le regard surpris et sceptique du soldat lui suffit à faire grincer des dents. Elle leva le sourcil en provocation et l’homme s’exécuta à contre cœur de toute évidence. Elle leva les yeux. La situation n’était pas bonne, le ciel s’emplissait tant de cendre qu’il devenait difficile de voire toute la situation, et cet œil immense qui les fixait avec mauvaise humeur. Elle écouta d’une oreille ce qui se faisait en se penchant par-dessus bord. L’eau bouillonnait, et ça, elle ne pouvait le voir que parce que le poulpe bougeait. Enfin le poulpe, le truc… Kraken ? Ok, on va partir sur Kraken, bref, il bougeait assez pour libérer à sa vue l’océan malheureux.

      L’agente se tourna vers l’homme à la longue crinière à moitié rouge. Elle fronça les sourcils. Le commandant du Blurlake… Génial, il avait l’air complètement largué. Il s’approcha rapidement du groupe qui s’était formé. Caramélie avait visiblement un gros coup de cœur pour le sergent. Apparemment, ils veulent attaquer la bête monstrueuse.

      « Il faut ligoter un autre tentacule ? »


      Le commandant Justine s’approche du bord assez rapidement, il semblait avoir mis le temps à sortir, sûrement pris dans ce qu’il avait… De plus urgent, mais le voilà qui acquiesçait.

      « Le tentacule pris semble le gêner, arrêtez de tirer nous tournons en rond bon sang ! »


      Il n’avait pas tort, ils commençaient à tourner en rond. La jeune femme secoua la tête, elle savait qu’elle n’était pas bien maligne, et n’avait pas trop idée de quelle utilité elle pourrait avoir. Elle fronça les sourcils et s’approcha du commandant.

      « Faut attacher d’autres cordages, c’est ça ? Si on a deux tentacules, ça sera déjà bien non ? Avec les autres qui lui tapent dessus… »


      Elle s’approcha de Nikitin qui avait envoyé un lourd cordage sur la bestiole. Elle ne savait pas faire ça, et n’avait pas de pouvoir qui faisait BOOM, mais elle pouvait tenter de se rendre utile. Elle lâcha un grognement et se mit à beugler.

      « Giacca, faut que vous me gardiez mes sabres. Ça va me gêner. »


      Elle détacha sa ceinture, jetant presque sur le grand agent ses armes.

      « Je peux savoir ce que… »


      Il fut interrompu lorsqu’elle commença à attacher avec plus ou moins de soin une lourde corde autour de sa taille.

      « Faut les attacher ces putains de tentacules, et moi, j’peux pas tout faire péter. Ça s’appelle se rendre utile. Ou essayer. »

      « C’est une mauvaise idée. Mais une idée quand même. »


      Elle s’approcha du bord du bateau, et d’une voix forte balança.

      « J’ai besoin d’hommes forts, va falloir tirer quand j’aurai attaché cette corde autour de la bestiole ! »


      Elle avait posé ses mains sur les hanches pour observer les quelques hommes qui s’étaient amenés. Le commandant commença à donner des ordres et d’autres se ramenaient, ils attrapèrent la corde et dans une machine bien huilée l’attrapèrent en rangs d’oignons, lui laissant assez de moue pour son idée, l’un alla même attacher l’autre extrémité de la corde à un mat sur ordre du commandant. La jeune femme acquiesça pour remercier l’homme aux cheveux longs et en prenant une grande inspiration se jeta dans le vide, tout droit sur un des tentacules de la bête monstrueuse.

      L’impact fut assez violent, elle en eut le souffle coupé un instant. Elle se sentit glisser, et enfonça avec habileté deux dague dans la chaire de la bête.
      Il lui fallut un instant pour se secouer assez pour commencer à bouger. Parce qu’atterrir, c’était une chose, faire le tour de cette immense bête… Un premier impact contre l’eau la secoua alors qu’elle tentait comme elle pouvait de faire le tour alors que des gerbes d’eau, rendues boueuses par la cendre s’écrasaient sur elle. Elle crachait des cendres, et étaient couverte de cette texture boueuse.

      L’agente continua son œuvre alors que commençant à tourner autour de la bête, elle pouvait observer de grandes gerbes de couleurs, plus haut. Du rose, du bleu du vert… L’explosion de couleur lui redonna de l’énergie. Ça se battait en haut, corps et âme pour mater cette bête. Elle ne savait pas vraiment comment ils allaient. Elle encaissa avec un grognement un nouvel impact sur le flan. Cette fois, elle eut l’impression de se prendre un boulet de canon.

      « Mais quell.. Pff… Idée bo…rdel ! »


      La voilà qui râlait tandis que sa progression lente lui faisait bouffer autant d’eau désagréablement salé que trop chaude pour ses goûts, pourtant peu exigeants. Et alors que la situation semblait s’améliorer tandis qu’elle arrivait vers les ventouses et que le tentacule s’élevait dans les airs, elle se retrouva sans trop percevoir le moment où cela arriva, retrouva sous l’eau.

      Un hurlement silencieux s’échappa de ses poumons alors que l’eau lui picotait la peau, mélange de salinité et d’eaux volcaniques sûrement. Passer la seconde d’effrois qui la pris aux tripes, l’instinct de survie se mit en marche, la forçant à bouger.
      La résistance de l’eau ralentit ses mouvements, mais elle enfonça une fois de plus son poignard dans la chaire de l’animal. Usant d’autant de forces qu’elle le pouvait, elle progressait lentement, sentant le manque d’oxygène se faire sentir. Elle ne tiendrait pas beaucoup plus longtemps dans cette situation.

      L’air lui revint presque douloureusement lorsque le tentacule s’éleva de nouveau dans les airs. Elle eut les pieds dans le vide, aveuglée, assourdie, elle se souleva à la force des bras et enfonça ses dents dans la bestiole dégoutante, bien décidée à ne pas tomber dans l’eau volcanique. Alors que sa peau lui brûlait toujours de ce contact prolongé, elle ne put que continuer, les yeux lui piquaient, ses mains étaient douloureusement cramponnées sur ses armes, ses abdos la brûlaient, mais après ce qui lui semblèrent être les minutes les plus longues de sa vie elle se retrouva de nouveau – enfin – sur le tentacule.

      Se hissant, elle attrapa la corde qui menait au navire, et qui avait encore du mou, la cala sous son bras et se détacha, à califourchon sur la bête, tentant tant qu’elle pouvait d’éviter de glisser, l’extrémité qui était autour de sa taille. Elle fit un nœud qu’elle serra au maximum sur la bête et qui se resserrerait à chacun de ses mouvements.

      L’agente ne savait plus à ce moment si elle suait ou si c’était l’eau qui la rendait poisseuse, après une grande inspiration, elle hurla vers le navire, s’accrochant à la corde.

      « TIREZ ! »


      Il ne lui fallut pas attendre très longtemps, si les bruits autour étaient assourdissant, elle fut heureuse de constater que son cri avait été assez perçant, ou cela venait-il de la personne qui était penchée par-dessus bord pour observer sa manœuvre, la corde se tendit assez rapidement, maintenant le tentacule hors de l’eau. Sohalia se mit à grimper à la corde avec la force qui lui restait. Si cet exercice n’aurait d’ordinaire pas un souci, à ce moment précis, elle était heureuse que les hommes tirent la corde et la remontent par la même occasion. Alors quand enfin, on l’attrapa pour la remonter au-dessus de la rambarde elle ne protesta pas, et s’écroula mollement dos contre terre une main sur le front, essoufflée.
      « Ce soir, on mange du poulpe. »


      Elle s’assit et cracha la boue grisâtre qui lui remplissait la bouche sur le pont, constatant que ce n’aurait pas grande utilité vu son état général.

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      Il s'en était passé bien des choses. Comme le petit nuage sur lequel j'étais ; mais était-ce correct de parler d'une personne comme d'un nuage ? J'avais moi-même la tête dans la lune. Nous survolions la bête et elle me tenait dans ses bras : a ses yeux, j'avais quelque chose d'un héros et elle s'attendait à ce que j'agisse comme tel.

      Je n'avais aucune idée d'à quoi elle faisait référence, mais je faisais bonne figure, pour la forme. Un héros, peut-être en étais-je un ? Mes idées semblaient fonctionner.

      L'un des deux autres agents encore actifs s'était défait de ses liens et harcelait l'un des tentacules de la bête à présent. En peu de temps, et malgré des bains à répétition qui n'auraient sûrement pas plu à mon admiratrice, elle parvint à enchaîner l'un des membres antérieurs du poulpe. Bien qu'handicapé, celui-ci ne se montrait pas plus docile pour autant. À côté de nous, l'un de ses deux yeux semblait trembler de fureur. Pauvre bête.

      « - Rapprochons-nous, » intimai-je en saisissant délicatement le bras de la jeune femme, un peu naturellement.

      Je ne savais quel effet j'avais sur elle, mais chaque parole et chaque action semblaient la fasciner davantage. Malgré le peu de confiance que j'avais envers les agents du gouvernement, je ne pouvais m'empêcher d'apprécier une si bonne âme. Si nous nous étions rencontrés dans d'autres circonstances, peut-être lui aurais-je offert un verre.

      Le danger était réel, tandis que nous contemplions de près l'iris de la bête, légèrement larmoyant. Je lisais dans son regard une douleur liée au fait d'être attachée comme une vulgaire monture ; malheureusement nous n'avions pas le choix, à présent campés sur sa tête.

      « - Tout doux, mon grand, tout doux... » commençai-je en tendant la paume de ma main vers son globe oculaire, faisant des gestes de haut en bas pour tenter de l'apaiser.

      Peut-être était-ce l'effet des coups reçus sur la tête ou bien l’œuvre de Nishin et du Commandant qui avaient attelé le deuxième tentacule, mais aussitôt la bête se calma, me donnant l'impression que c'était de mon chef. Je continuais à lui parler, donc, le complimentant comme un homme parlant à l'oreille d'un poulpe.

      « - T'en fais pas mon tout beau, on a juste besoin de ton aide pour rentrer chez nous. On te relâchera ensuite, c'est promis. Je comprends que tu aies peur de ne pas revoir ta famille mais tout ira bien... »

      Un vrombissement en réponse et un clignement d’œil. Il semblait à présent émaner une lueur de celui-ci et je sentais un amour sincère déborder de la bête, comme elle cessait progressivement de se débattre. Peut-être n'avait-elle jamais eu l'intention de nous couler et avait-elle simplement paniqué ? Nous nous étions attaqués à elle sans chercher à comprendre ses sentiments.

      « - Je comprends que tu te sois énervé. J'aurais fait pareil à ta place... Bambi. »

      Clignement de l’œil à nouveau et la pupille rectangulaire qui s'agrandit. L'animal m'aimait bien. J'indiquai à ma porteuse de s'approcher davantage pour que je pose ma main sur sa peau, odorante et visqueuse. Malgré cela, je restai un moment à caresser l'animal à côté de son orbite. Une sorte de ronronnement surgit des tréfonds... mais il pouvait aussi bien s'agir d'un volcan qui entrait en éruption. Dégageant ma main, je m'adressai à la dénommée « Calamarie »... ou était-ce « Camélie » ? Mince.

      « - Vous avez été bien brave, Miss Cala... Miss. Je pense que nous pouvons retourner à bord à présent, Bambi semble vouloir nous aider. »

      Il était grand temps de mettre les voiles loin d'ici et ramener notre petit convoi à bon port. Je me voyais bien continuer mon chemin en présence de la jeune femme, boire le thé qu'elle m'avait chaleureusement offert. Mais je ne me faisais pas d'illusion : la seule chose qui m'attendait, c'était les aboiements d'O'Bannon et le nettoyage intensif du pont du Red Hare, pour avoir pris du bon temps ailleurs.

      En attendant, je profitais un peu et regardais le fantastique animal se mettre en marche, en même temps que nous regagnions la Guillotine.
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      Convoi 09: Guillotine Blurlake  - Page 2 Brcw
      "Avec Baal, Caramélie, Mountbatten, Sohalia, Tim et Will"

      De mon côté, à peine extrait des cordages et des jambes en titane de l’agent Sciabola, je rejoins le sergent qui semble vouloir récolter les mérites de ce que ma sœur et moi avions cultivé : le rappel à la réalité. Dans la situation dans laquelle se trouvait les contrists, l’argumentation logique n’avait aucune chance de les ramener à la raison : l’être humain ne fait jamais demi-tour sur un engagement qui lui a déjà coûté que trop cher, un biais encore plus fort lorsque cet effort est collectif. En perdant des leurs pour atteindre le pont, ils avaient déjà scellé leur foi et rien ne pouvait les ramener à la raison ; il fallait leur rappeler que le prix était beaucoup trop élevé pour le fruit de leurs ambitions. De plus, nous avions la loi de notre côté : en cas de mutinerie, la sentence est la mort pour les prisonniers ; c’est même un privilège qu’ils soient encore vivants, d’autant qu’ils sont déjà condamnés à l’échafaud. La voix joueuse, ne présentant aucune hésitation, je m’exprime alors ainsi :

      « Votre regard vous trahit, Sergent Blue, mais il est le signe que nous remplissons à merveille notre rôle respectif ; je pense que nos chers prisonniers vont pouvoir vivre librement enfermés, comme ils le souhaitaient. »

      M’affairant des derniers contrists, usant de la parole pour convaincre grâce au semblant de calme instauré dans leurs rangs, la fine équipe quant à elle suit le plan de soumission du kraken. Tirer une corde ? Trop peu pour moi, je serais capable de me déchirer la peau au moindre mouvement brusque, malgré mes gants. Et si je comprends difficilement comment des cordes peuvent résister à cet environnement disons… inflammable, je préfère allouer mes compétences vers quelque chose qui nous éviterait des complications sur le trajet. En d’autres termes : briser tout relent d’espoir aux prisonniers, si ce n’est celui d’être libérés de leur vie.
      Bien malavisé est celui qui ne comprend pas l’ingratitude de ma mission sur ce convoi. En effet, même si le nœud présenté tantôt à la lieutenant-colonel semble l’avoir convaincue de mes intentions, reste que pour le bien de la mission elle ne pourra exprimer librement ce qu’elle a compris. Ainsi, tout ce qui restera de cet échange, c’est ce « Pourquoi ? » sans réponse, à la corde en nœud de cravate sur la table du Green Fairy. En somme, peu seront avisés.

      Je récupère donc la ceinture que me lance la frangine, qui bien évidemment est trop courte pour être attachée en bandoulière, avec le sabre le plus court à la taille et le plus long dans le dos ; la ceinture finit donc à la taille, le nodachi longeant mes lombaires, sous le manteau qui laisse passer les extrémités de l’arme.
      Il est évident que les proportions ne suivent pas : du haut de mes deux mètres dix, ce fameux nodachi correspond à un katana à peine plus long que la moyenne pour mon gabarit, mais la lame et le pommeau sont bien trop fins pour un maniement optimal ; je ne vous parle même pas de son deuxième sabre qui en devient à peine plus long qu’une dague. Clairement, s’ils sont sur moi c’est pour faire joli ; j’ai beau avoir été formé malgré moi enfant et à la Marine, ce sont des cure-dents pour Erbaf. De magnifiques cure-dents bien sûr, mais des cure-dents quand même.

      Adressant un dernier regard à Sohalia, le sourire esquissé devant son héroïsme habituel, je raccompagne les condamnés au sein du Guillotine, en compagnie des quelques soldats suivant les ordres de leur supérieur.
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      Bon, c'est pas que ça me gave tout ça, mais je commence en avoir ras le cul de ce bordel. Finalement, je vois que le soldat mal rasé fait les yeux doux au kraken. Et le pire, c'est que ça marche. Quoi que mes coups sur son crâne doivent quand même y jouer un peu. 'L'est pourtant pas charismatique ce gus, mais bon. Toujours est-il que le plus important, c'est que la pieuvre décide de se ranger de notre côté. Et comme la fille aux cheveux blancs s'est donnée à fond pour enrouler une corde autour d'un tentacule, ça me parait bien pour se casser d'ici fissa. J'ai pas vu d'autres gens saisir le deuxième appendice, mais je crois que ça sera pour bientôt. En même temps, on y voit que dalle avec ces cendres de merde. Je lève alors Sombracier et je délivre un puissant courant d'air pour chasser cette poussière blanche insupportable.

      Aero Shot!!

      Le souffle projette au loin la matière en suspension pour quelques instants histoire que je puisse voir au loin et savoir où on en est au niveau zéro. C'est là que je vois que l'eau se met méchamment à bouillir autour de nous. Des bulles énormes éclatent et le bruit inquiétant me parvient. La créature qui nous sert de monture commence à ressentir les effets de la chaleur qui monte sous le fin fond des abysses. Ça en devient instable! Je dois absolument avertir tout le monde. Je cherche des yeux Caramélie en vitesse et je lui fait parvenir ma crainte.

      Que tout le monde s'accroche, y'a un putain de volcan qui...

      Sans prévenir, une explosion impressionnante venant d'en dessous fait décoller le Roi des Mers avec les navires. Des gerbes d'eau bouillante jaillissent d'un peu partout. On monte assez loin dans le ciel et je suis étonné de voir nos bâtiments encore en morceau vu la puissance de la détonation. Avec un peu de malchance, celui de Royaume de Terra s'est sans doute retrouvé en miette. Toujours est-il que mes camarades arrivent à tenir le cordage qui maintient le tentacule. Je perds de vu l'ensemble du convoi le temps du décollage, car la brutalité du souffle volcanique sous-marin m'a éjecté de ma position. L'expulsion est si forte qu'on arrive finalement en catastrophe dans une mer beaucoup plus tranquille. Pourvu que ça ne soit pas Calm Belt! Je percute alors la surface de l'océan qui devient aussi dur que le béton vu nôtre vitesse. Je réalise tout juste un Tekkaï pour m'en tirer. J'imagine pas la gueule de l'équipage ou des prisonniers...

      Bordel de merde!

      Au loin, on voit la nappe de brouillard cendrée s'illuminer de l'intérieur avec un bruit effroyable. C'est la partie émergée qui pète. Alors qu'une pluie crée par le geyser qui nous a propulsé nous retombe sur le coin de la trogne, je réalise qu'une grande vague s'apprête à nous percuter. Elle est pas comme une scélérate, mais c'est assez pour nous remuer encore dans tous les sens. Des marins sont à la flotte. Des pirates aussi. Bref, un joyeux carnage. Je m'attarde pas sur eux et j'active pour grappin pour remonter sur le pont qui est quasiment vidé de ses occupants. Le poulpe nous sert toujours de moyen de transport. Je doute que la salle de machine puisse être en état vu le choc. Il faudra forcément utiliser la créature pour rentrer à bon port. J'essaye de retrouver le Commodore Justine, mais en vain. La jeune Caramélie alors? Finalement, je parviens à la localiser.

      Je remonte sur la bête. On se casse d'ici.

      Sans demander mon reste, je grimpe sur le kraken pour atteindre sa tête. Je préfère être au sommet pour fixer l'horizon et constater l'étendu des dégâts. Alors que des soldats arrivent à remonter à bord, j'en vois d'autres revenir d'un peu partout. La coque semble tenir, ce qui m'étonne. Pour ce qui est du reste du convoi, je dois attendre le constat des avaries. Encore quelques heures et peut-être qu'on pourra se remettre en route avec en prime du poulpe à nos côtés.
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      Cher journal,

      Je n’ai rien, je vais bien ! Avertie juste avant l’explosion grâce à la prévenance du commandant Z’Aran -tu vois journal, je t’avais dit qu’il m’aimait bien !- j’ai pu me retenir au bastingage et éviter d’être éjectée hors du navire. Il me faut quelques instants pour vérifier que tout va bien, que mon chapeau est encore sur ma tête, et pour prendre le temps de m’épousseter un peu. C’est un effort un peu vain, tant l’intégralité de l’équipage est à présent souillée de plaques de cendre imbibées d’eau, qui maculent aussi bien notre navires que nos vêtements. Quelle catastrophe !

      Au moins le Guillotine est toujours intact, et notre nouvelle monture improvisée aussi. Elle semble s’être accommodée à sa situation, ou en tout cas à estimer que se promener avec un bateau est un moindre mal quand vient la nécessité de s’éloigner au plus vite d’un volcan sous-marin en éruption !
      Je reste impressionnée : qui aurait cru que nous parviendrons à dompter un monstre pareil juste en le tapant, en l’attachant et en lui parlant ?
      Je comprends mieux le plan du commodore à présent ! j’avais su, j’aurais certainement été moins critique quant à leurs projets : il devait savoir que Will Blue était un adepte du haki des rois. Que voudrais-tu que ce soit d’autre, journal C’est grâce à ce talent, offert à quelques rares élus pour leur permette de soumettre les hommes et les bêtes, que Will Blue vient de dompter le monstre !

      Autour de moi les gens s’agitent et s’affolent :

      « - Des hommes à la mer ! »

      C’est la première fois que j’entends cette expression en situation réelle, et je la trouve un petit peu cool. Ce qui l’est moins en revanche c’est ce qu’elle décrit : certains de nos pauvres camarades sont passés par-dessus bord et ont fait une chute de plusieurs dizaines de mètres jusque dans la mer ! Les voilà à présent séparés de nous, coincés entre les remous provoqués par les tentacules de notre monture et la vague immense, conséquence de la déflagration, qui avance à toute allure vers nous !

      J’en ai assez des trucs immenses, journal. Vivement que je retrouve le confort de ma cabine, des vêtements propres et secs, et que je finisse mon thé glacé bien tranquillement tout en songeant à quel point on est bien lorsque tout est calme ! en repensant à tous ces évènements une fois qu’ils seront terminés et ce volcan très loin !!!

      Déchargés de leurs responsabilités de navigation puisque c’est le poulpe qui s’occupe de tout, l’équipage s’emploie comme un seul homme à porter secours aux naufragés. On leur jette des cordes, des grapins, des bouées accrochées à des cordages, et on les rattrape comme on peut !
      Pour ma part je ne suis pas très héroïque je l’avoue, et je n’ose pas descendre voler au niveau de la mer pour les récupérer de peur de me faire happer par la vague. Au moins les personnes importantes sont toujours là : les agents Yoligan et Sohalia participent à l’effort général, et Tim aussi en mimant une échelle de cordage rose fluo qu’il jette à un rescapé parvenu à proximité du poulpe.

      Mais ceux qui brillent le plus sont la lieutenante-colonelle Nikitin et le commodore Justine. De la même manière qu’ils ont plié les cordes à leur volonté pour ligoter les tentacules du poulpe géant, les voilà qui expédient leurs cordages comme autant de mains secourables lancées à nos pauvres compagnons éjectés à la mer. Sans eux, je doute que nous ayons réussi à sauver qui que ce soit dans cette mer agitée par les remous de l’éruption et les vagues provoquées par un gros poulpe qui s’agite. Les derniers sont à peine remontés lorsque j’entends un officier s’écrier :

      « - Tout le monde s’accroche cette fois-ci, la vague est la ! »

      Vu d’en haut, c’est un spectacle plus joli qu’effrayant. Grâce au souffle généré par notre commandant cyborg nous avons une vue dégagée sur la vague qui vient se briser sur le dos de notre monture géante sans réellement l’incommoder. Tout au plus, elle lui offre une bien opportune poussée vers l’avant. Loin, loin ce cet endroit où les volcans crachent des cendres et des explosions !

      ♦♦♦♦

      Au fur et à mesure que nous sortons du nuage de cendres je peux constater que nos deux navires d’escorte, aussi crapouilloux et badigeonnés de cendre que le nôtre, ont pu fuir à temps eux aussi. Ils semblent avoir corrigé leur trajectoire pour reprendre un semblant de formation à nos côtés, escortant faute de mieux notre monture géante.

      Notre travail achevé, je me suis naturellement dirigée vers mes collègues du CP5 pour regarder par-delà le bastingage avec eux. Nous sommes là tous les trois en silence, à observer la mer qui rougeoie au loin tandis que l’éruption continue de cracher sa cendre. Je me suis procuré un thé dont les glaçons tintent au rythme de ma cuillère, Tim Uzi nous a mimé un magnifique parasol ce qui l’oblige à garder le silence, et les jumeaux fixent leur navire en bas, sans rien dire. J’imagine qu’ils vont être un peu embêtés pour redescendre dans leurs navires respectifs, mais on trouvera bien des cabines dans celui-ci en attendant ! Quitte à dégager un ou deux aspirants… on verra bien ! Mais avant cela, en tant que plus ancienne gradée de notre troupe (même si on est tous jeunes, et ça c’est chouette. J’en ai marre de travailler avec des vieux, genre qui ont au moins trente ans !!!), je me sens investie d’un rôle particulier :

      « - Tant qu’on est tous ensemble, il va falloir qu’on perpétue la plus ancienne tradition des missions du Cipher Pol en équipe. »

      Je leur jette à tous un regard entendu :

      « - Harmoniser nos rapports de mission ! »
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      • https://www.onepiece-requiem.net/t21479-caramelie-la-critiqueuse
      « - Et c'est là que je dompte le poulpe géant ! Ouais, porté par l'agent du Cipher Pol, dans les airs ! Car elle a des pouvoirs magiques

      - Impossible Blue, tu nous racontes des conneries. Dis plutôt que t'étais en train de te planquer dans la cale à chialer sur ton sort, ça te ressemble plus.

      - Bah euh non... J'ai pas fait ça... »

      Et merde. Pourquoi étais-je un si mauvais menteur ? Et pourquoi ces gars-là me connaissaient aussi bien ? Même O'Bannon se gaussait à présent. Seul Buck restait un bon gars ; il avait sa main posée sur mon épaule comme pour me dire de ne pas m'en faire, accentuant l'hilarité générale.

      Le rafiot naviguait aux côtés de l'animal géant, dont j'avais curieusement l'impression qu'un œil demeurait rivé sur moi de temps à autre. J'étais pourtant sûr d'avoir su attendrir la bestiole, mais rien ne semblait le prouver à part cette curieuse impression. Une chose était certaine : nos aventures ne s'arrêteraient pas là. Foxy semblait apprécier le kraken elle aussi, pour une raison qui échappait à tout le monde. La majorité projetait de transformer la pauvre bête en friture à notre arrivée au port, mais elle avait interdit de toucher à un seul de ses tentacules.

      Finalement, je terminai ma petite histoire et retournai à mon poste. Une riche histoire était derrière nous avec beaucoup trop de rebondissements pour sembler vraie. Pourtant...

      « - Dis Buck, tu penses que j'ai mes chances sur cette mer ? Des volcans sous-marins, des animaux géants, des ennemis dans la brume...

      - Mmh ? Écoute, je sais pas comment tu fais Blue, mais t'arrives toujours à t'en tirer, même lorsque le Commandant veut ta mort. Si t'as réussi à survivre sur le Red Hare jusque là alors Grand Line c'est du pipi de chat.

      - Ouais mais quand même... Je n'avais jamais croisé d’individus aussi puissants auparavant. »

      Je repensais à cette fille qui pouvait se transformer en nuages, mais aussi au Commandant d'élite, un « cyborg » apparemment, puis aux autres agents du Cipher Pol. Et à cet officier Terran mystérieux. Ces gens-là sortaient de l'ordinaire, certains étaient même aussi puissants que le Lieutenant-Colonel ou même Foxy. Je n'avais rien à faire parmi ces pointures et la peur me saisissait rien qu'à imaginer ce que pouvaient faire les Amiraux et les Empereurs pirates. Peut-être le Lieutenant le sentit à ce moment précis, car il cessa d'écrire ses annales.

      « - Tu réfléchis trop. Ton pire ennemi n'est pas quelque part sur cet océan, il est là, » conclut-il en pointant sa tempe.

      Pour lui, cela semblait mettre un point final à notre discussion. Il se perdit dans son écriture par la suite, faisant un rapide croquis de notre nouvelle mascotte dans un coin du carnet de bord. Sacré Buck. La nuit tombait alors et seuls les hommes de garde demeuraient sur le pont. Le ciel était illuminé d'étoiles et un doux clapotis résonnait en fond, tandis que l'animal se déplaçait pratiquement sans émettre de bruit.

      Quelque part, j'eus même l'impression d'entendre une voix qui appelait mon nom joyeusement. Mais cela devait être mon imagination. Fatigué, je regagnai mes quartiers et tombai comme une masse dans mon hamac.

      Caporal Blue, hein.
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      "Encore ? Putain de rapport"

      « Et merde… »

      C’était ni fin ni élégant, mais quand le Commandant d’Elite avait gueuler, bah, tout avait exploser. Ouais, encore. Cette fois, l’agente avait réussi in extrémis à ne pas s’emmêler dans les cordages avec son frère. Mission plus aisée en parole qu’en acte, une fois encore, ils n’étaient pas passés loin de la catastrophe. Et elle aurait un sacré bleu sur le cul en retombant comme une masse sur ce dernier.

      Des hommes à la mer. Que diable, ce n’était pas la première fois qu’elle entendait ça, mais cette fois, fallait faire vite, en plus les pauvres étaient tous à moitié en train de se noyer. Yoligan n’avait pas l’âme d’un sauveteur, mais fallait le dire, pour donner des ordres, il cartonnait le frangin. Entre Justine, Nikitin et les soldats qui semblaient avoir répété la manœuvre en entraînement une bonne centaine de fois, ce fut finalement – laborieux – assez rapide. D’autant qu’ils n’avaient pas tant intérêt à rester planter là comme des poltrons. Alors ça donnait de la voix, ça balançait des cordes, ça tirait d’une voix unique. L’ex sergent d’élite se surpris même à chanter à pleine voix avec les marins qui se donnait du courage, ou peut-être du rythme pour remonter les naufragés.

      Alors quand la vague s’écrasa dans d’immenses – pour changer – gerbes d’eau, ils étaient presque prêts, et cette dernière eue pour effet de les pousser vers la sortie de ce lieu de malheur. Il leur fallut quelques dizaines de minutes pour enfin dire adieu à la pluie de cendres ingrates. Il fallait le dire, personne n’avait plus fière allure. Si l’on pouvait habituellement vanter l’élégance de l’uniforme bleu roi, cette fois, tous d’un gris pâteux vêtus, on ne pouvait plus vraiment faire la différence. L’agente récupérée ses sabres sur son frère qui touillait une tasse de thé. Elle lui lança un regard et s’accouda sur le bastingage en observant le nuage de cendre qui s’éloignait peu à peu. Assez rapidement finalement Caramélie et Tim Uzi – et son parasol – les rejoignirent.

      Les rapports… Caramélie marquait un point. L’agente blêmit, l’avantage de sa bouille dégueulasse, c’était surtout qu’ils ne purent pas voir que le désespoir avait décoloré sa chaire. S’il y avait bien un truc qu’elle détestait plus que tout, c’étaient ces foutus rapports. Elle lança un regard suppliant à son frère.
      « Même pas pour un million de Berrys. »

      « Oh aller, en plus je suis sûre que vous savez combien de prisonniers j’ai tuer lors de la mutinerie. Ce serait tout de même comode… »

      « Sur les quinzes prisonnier deux sont morts, trois sont blessés assez sévèrement, les autres sont légèrement amochés mais plus probablement par le bateau. Le chef n’est pas blessé. »

      Evidemment il était une encyclopédie. Et il avait accompagner les prisonniers dans la calle pour qu’ils soient librement emprisonnés. Des vrais énergumènes ceux-là.
      Sohalia, dont l’adrénaline commençait à retomber, sentit chacun des muscles de son corps tirer. Elle renifla, et recracha par-dessus bord une bouillasse grise essentiellement constituée d’eau de mer et de cendre. Elle s’essuya un peu le visage et lâcha un long soupir.
      « On doit causer de Mountbatten qui nous est rentrer dedans ? Il a disparu à un moment. Le Commandant voulait pas du fric pour son bateau ? »

      Ouais, les habitudes ont la vie dure, si l’homme était recherché pour acte de trahison, l’agente avait assez suivi les carrières des hauts gradés pour ne pas remarquer sa propre erreur. D’autant qu’elle trouvait ça vraiment étrange toutes ces trahisons dans les hautes sphères du gouvernement mondial. Entre la directrice du CP9 et le Commandant d’Elite, Sohalia commençait à se demander ce que c’était que ce putain de bordel. Elle ne remettait en aucun cas en cause le Gouvernement Mondiale, mais la situation la rendait curieuse de tout comprendre, et elle n’avait pas les accréditations pour ça. Peu importait.
      « S’il ne se montre pas, nous n’avons pas de raison de le rembourser. »

      Pragmatique. L’agente ne remarqua pas vraiment le regard de désapprouvassion de son frère lorsqu’elle appela le traître « commandant » et finit par lâcher un lourd soupir.
      «  Peu importe, comment vous avez pu dompter la bête ? »

      Finalement, ce fut à Caramélie de romancer avec enthousiasme sa péripétie avec le Caporal Blue, l’agente leva un sourcil. Le mec mal rasé avait visiblement plus de charisme qu’il ne lui semblait de prime abord. Un Héros, somme toute au dire de sa collègue. Ils passèrent quelques minutes à débattre pour décider de la version complète que chacun rendrait, et on leur attribua des chambres puisque leur bateau était en contrebas.

      Le plus pénible ne fut pas leur arrivée triomphale accueillie de manière mitigée au port, mais de se retirer la cendre qui avait filé dans chaque recoin de leurs chairs. Oui, chacun des plis, sous les vêtements et bien plus encore. Bien plus filasse que le sable. Quelle saloperie.

      FIN
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