Une Sècheresse inouïe
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Il faisait une chaleur assommante. Pas une seule trace de terre, pas d’oiseau, pas d’autre bruit que celui des vagues se fracassant contre la coque du petit navire, seulement de l’eau, encore et toujours de l’eau. Cela faisait quelques jours qu’Azerios avait pris la fuite par la mer, empruntant ce petit navire marchand avec l’aide de deux inconnus. Les réserves d’eau potable s’amenuisaient, et le jeune pirate regrettait amèrement de ne pas avoir été plus attentif lors des cours et explications concernant la navigation durant ses années de service dans la marine. Les trois hommes étaient mal en point, était-ce ainsi que ça allait finir ? Impossible… Il ne perdait pas espoir, malgré la sècheresse, il ne sombrerait pas dans la folie.
Il devenait difficile de dire depuis combien de jour ils dérivaient, et lorsque le jeune rookie ouvrit les yeux à l’aube de ce qui serait probablement de ses derniers jours en vie s’ils ne trouvaient pas rapidement une terre avec des vivres, il aperçut des mouettes voleter autour d’eux. Et qui dit oiseau, dit terre ! Il se releva tant bien que mal pour observer l’horizon et vit alors une vaste île au loin. On pouvait distinguer un port, s’ouvrant sur une immense citée. Il n’en croyait pas ses yeux, était-ce la soif et la chaleur qui lui offraient ce fabuleux mirage ? Ce serait vraiment cruel… Bien décidé à en avoir le cœur net, il réveilla ses deux compères, eux aussi très affaiblis par ce voyage, et tous trois s’affairèrent pour diriger le navire dans cette direction.
Après quelques minutes de manœuvres éprouvantes, ils arrivèrent enfin dans le port.
Cette ville semblait fourmilier de vie, le navire se frayait un chemin entre les immenses navires marchands et les petits navires de pêche. Au loin on pouvait distinguer d’immenses bâtiments dans un style oriental qui n’était pas sans rappeler ceux d’Alabasta. Le jeune homme y avait fait une halte dans sa jeunesse lorsqu’il était parti sur Grand Line avec son père. Mais ce n’était certainement pas Alabasta, impossible d’avoir fait autant de route en si peu de temps, d’autant que si le bateau était passé par Calm Belt, ils s’en seraient certainement vite rendu compte. Ils accostèrent rapidement aux quais, et descendirent tous trois de l’embarcation. Enfin la terre ferme… Un homme enturbanné s’approcha alors.
Bienvenue à Attalia voyageurs. Laissez-moi vous indiquer les points d’intérêt que vous pourrez visiter.
Il parlait avec un accent qu’Azerios n’avait encore jamais entendu. Surement un guide touristique local. Les deux hommes lui emboitèrent alors le pas sans poser de questions, mais pas le jeune rookie, qui restait planté sur les quais à observer cette ville. Elle était réellement splendide. Bordant les quais, un immense marché à ciel ouvert parsemé de tantes et de chapiteaux colorés s’offrait à lui. Le jeune homme traversa lentement ledit marché, regardant ce que proposaient les marchands ici et là. Des étoffes de toutes les couleurs, des marchands proposant toute sorte de marchandise, de magnifiques poissons, des étals remplis de fruits et de légumes exotiques, des épices… Il fut rapidement envouté par les odeurs d’épices, tout était si coloré, les parfums si fruités, il en oubliait presque la chaleur insoutenable et fut rapidement ramené à la réalité, il mourrait littéralement de faim. Le jeune homme s’arrêta devant un stand qui proposait des plats typique à base de blé et de volaille et s’empressa d’acheter une portion ainsi qu’une flasque d’eau, S’asseyant sur les marches d’un escalier à l’écart, il but d’une traite sa flasque, chaque gorgée lui rendant la vitalité qu’il avait peu à peu perdu les jours précédents lorsqu’il dérivait sur les flots. Et que dire du plat ? Difficile de dire si c’était parce qu’il était affamé, mais les premières bouchées déclenchèrent immédiatement une explosion de saveurs c’était tout simplement divin.
*Wow bordel… C’est délicieux…*
Terminant son plat, il contemplait le style architectural des lieux, même s’il n’avait pas toujours été le meilleur élève en navigation, il connaissait le nom des principales îles des quatre blues. Attalia était une ville portuaire de Hinu Town, il se trouvait donc en West Blue, manifestement la première vraie étape de son périple. Une fois son repas terminé, il se leva pour partir à la découverte de cette nouvelle île, s’enfonçant dans la chaleur d’Attalia. C’était une ville pleine de vie, des enfants jouaient gaiement dans la rue, des hommes et des femmes s’affairaient tout autour de lui, beaucoup de marchands itinérants vantaient leur marchandise alors étalée tantôt au sol sur de belles étoffes, tantôt sur de beaux étals en bois. Azerios marchait, son attention fut brièvement retenue par le rythme endiablé d’une mélodie, un joueur de flute faisait danser un épais serpent noircis, un spectacle que le jeune homme n’avait encore jamais vu. Le climat était vraiment aride, une sècheresse inouïe devait régner au-delà des murs de la ville. Il remarqua un bâtiment qui ressemblait à une grande auberge au détour d’une ruelle et décida de s’y diriger, une bonne chope de la bière locale ne serait pas de refus, il fallait bien décrasser son gosier de tout ce sable et cette poussière. C’était un grand bâtiment, des dromadaires étaient attaché devant et c’était la première fois qu’il voyait de tels animaux. Il se dirigea vers la porte, donnant une caresse a l’un d’eux en passant, et entra.
La salle commune était spacieuse, la lumière tamisée laissait deviner des clients attablés, savourant un thé brulant ou tout simplement un alcool rafraichissant. Il devait facilement y avoir une trentaine de personnes, certains jouaient aux cartes, d’autres conversaient tout en fumant au narguilé. Dans l’air planait un doux parfum, l’arôme de menthe avait l’ascendant sur celui du tabac. Passant entre les tables, Azerios se dirigeait vers le comptoir, quand il remarqua plusieurs personnes dans le fond de la pièce qui parlaient en messes basses tout en le regardant. Il arriva au comptoir, les personnes dans son dos. Son intuition lui disait qu’il n’allait pas tarder à y avoir de l’animation dans le coin. Il sourit et commanda un verre de l’alcool local. Le tavernier lui servit la spécialité d’Hinu Town, un liquide translucide verdâtre, dans un petit verre de shot. Des bruits de pas approchaient derrière lui, il prit le verre, le porta à la bouche tout en écoutant les bruits de pas approcher. Un. Non deux individus n’étaient plus qu’à quelques mètres de lui. Peut-être devenait il complètement parano, peut être allait on l’attaquer. Il but son verre cul sec, cette spécialité locale ressemblait à s’y méprendre à de la tequila, avec un délicat arrière-gout de citron vert. Il réfléchit rapidement au meilleur moyen de s’en sortir en cas d’attaque. Saisir un tabouret pour frapper et se dégager le temps de dégainer son arme semblait être une option. C’était un plan comme un autre, il fallait faire avec les moyens du bord… Un homme enturbanné s’assit alors soudainement à côté de lui et le regarda avec un sourire.
Un autre pour mon ami. C’est pour moi.
Le tavernier s’exécuta, prit son verre et le remplit à nouveau avant de lui laisser. L’inconnu hocha alors la tête et le tavernier s’éloigna, comme pour leur laisser un peu d’intimité. Dans le reflet de la vitrine qui se trouvait alors face à lui, le jeune pirate pouvait apercevoir le second homme, se tenant debout à quelques mètres derrière lui, un grand gaillard bien costaud. Il tourna alors le regard vers le nouvel arrivant qui venait de lui payer un coup et bu cul sec son second verre le reposant une fois vidé. Encore ce délicat arrière-gout de citron vert. L’homme était d’un âge avancé, il avait les yeux marrons foncés, une barbe grise et affichait un sourire bienveillant.
Quelle hospitalité… Merci pour le verre. Que me vaut cette sympathique attention ?
Ce n’est pas tous les jours que l’on voit un étranger dans notre modeste taverne. Marchand ? Mercenaire ?
De toute évidence, le pirate avait frappé à la bonne porte, ce soudain intérêt et cet accueil lui laissait penser qu’il ne tarderait pas à dégoter quelque chose s’il se débrouillait bien. Mentir ne servirait à rien, ce n’était de toute façon pas le genre de la maison. Il comptait bien jouer carte sur table comme à son habitude. Qui sait, peut-être que l’honnêteté paierait ici aussi.
Azerios. Je pense que je suis plus proche du mercenaire que du marchand.
Je m’en doutais, Attalia est relativement sûre pour les marchands, ils n’ont pas besoin de se balader armé. Qu’est ce qui peut bien motiver un mercenaire à fouler nos arides contrées ?
Hé bien je suppose que comme tout le monde, j’aspire à gagner convenablement ma vie ?
C’était la vérité, il était arrivé ici sans but précis, son seul objectif était de rassembler les ressources nécessaires pour gagner Grand Line. L’inconnu se mit alors à rire, visiblement amusé par la réponse donnée, il avait un accent d’ici qu’on pouvait même percevoir dans son rire. Il fit signe au tavernier, qui s’approcha pour remplir de nouveau le verre. Il en remplit un second qu’il tendit au client enturbanné, avant de retourner à ses occupations un peu plus loin. Les deux hommes trinquèrent alors avant de boire leur verre respectif.
Je suis Maharios. Cette taverne appartient à ma famille depuis des générations. Sois le bienvenu à Attalia Azerios. Dis m’en plus à ton sujet ?
Merci pour cet accueil Maharios. Il n’y a pas grand-chose à savoir à mon sujet. Je suis originaire de South Blue, je ne suis qu’un modeste voyageur, charpentier à mes heures perdues, j’ai récemment dérivé jusqu’ici… J’aime voyager… Et surtout tirer profit de mes voyages…
Je vois. Le profit se trouve toujours sur la route de ceux qui le méritent Azerios et tu tombes peut être à point nommé, j’aurais éventuellement besoin de tes services.
Besoin de ses services ? Allait-il lui proposer un job ? Encore une fois, pour atteindre Grand Line et commencer son voyage vers le nouveau monde, il allait avoir besoin d’argent. Cet argent lui permettrait d’obtenir tout ce qu’il lui faudrait, et surtout de recruter un navigateur élément primordial de tout voyage en mer. Il était hors de question de revivre une situation aussi désespérée que celle qu’il avait vécu au cours des derniers jours. Il jeta à nouveau un œil au reflet de la vitrine, l’homme de main de Maharios se tenait toujours droit debout derrière lui. Le propriétaire des lieux n’y allait pas par quatre chemins, mais se montrait tout de même méfiant envers lui, ce qui n’était guère étonnant.
Je vous écoute Maharios. Que puis-je faire pour vous ?
Maharios afficha alors un sourire satisfait, s’apprêtant à lui expliquer en quoi consisterait le plan, il fit un signe au tavernier, qui revint vers eux et posa une bouteille pleine de cet alcool aux arômes de citron vert sur le comptoir, avant de s’éloigner une dernière fois.
Dernière édition par Azerios le Mar 6 Avr 2021 - 21:25, édité 1 fois