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La fête est finie [solo]

Au clair d'une Lune à moitié dissimulée par les amas nuageux, un petit navire assez léger accostait sur l'une des plages d'Inari. Cette petite frégate, pas plus grande qu'un patrouilleur de la Marine avait à son bord une vingtaine d'hommes tout au plus. Devant l'étendue sableuse silencieuse et déserte, ils amarrèrent leur bateau et débarquèrent. Armés de pistolets et de sabre, ils arboraient des vêtements poisseux et vieillis par l'air marin. Des habits sans âges que l'on aurait pas même offert à un mendiant. Un seul resta à bord, s'allongeant à l'intérieur pour dormir les quelques heures qu'il lui restait avant le lever du soleil. Dans cette atmosphère paisible, tous foulèrent Inari pour la première fois.

> Capitaine, dans qu'elle direction on va ? demanda l'un des marins.
> Par-là, pointa du doigt un homme âgés à la barbe grisâtre. No'te cible s'trouve à quelques centaines d'mètres de la ville ! continua-t-il, en tirant une longue bouffée du tabac qui crépitait dans sa vieille pipe. On s'cache jusqu'à la célébration et après on frappe ! Vite et efficace entendu matelots ?! scanda-t-il pour motiver ses troupes.
> Oui capitaine, répondirent-ils tel un seul homme.
- Le lendemain en fin de matinée -

Un homme vêtu de l'uniforme de la Marine déboula en trombes dans le bureau du Colonel Baresta. S'apprêtant à le réprimander, l'homme aux cheveux d'argent tapa du poing sur la table fermement mais ceci ne découragea pas le soldat.

> Colonel, une... une urgence ! hurla-t-il sans se soucier du protocole.
> Comment ça ? Expliquez-vous soldat !
> Il y a... là-bas...
> Reprenez-vous voyons ! Je suis à deux doigts de vous sanctionner ! tonna-t-il en guise d'ultime avertissement.
> Oui, oui Colonel excusez-moi. Dans le lieu saint des Adorateurs de la Fourmi Divine, un groupe de pirate s'est infiltré et la messe s'est arrêtée. D'après le rapport les portes sont closes et nul ne peut en sortir.. raconta le soldat essoufflé.
> Hum... je vois, préparez une unité d'une centaine d'hommes j'en prends le commandement, ordonna-t-il en se levant de son siège.

Le messager pris la porte et alla rassembler les soldats qu'avait demandé le Colonel. Ce dernier, lui, alla dans la cour afin d'y dispenser ses ordres. Des religieux attaqués, il ne pouvait le permettre. La réponse devait être ferme et expéditive. Alors qu'il allait descendre l'ultime escalier le menant à ses hommes, Yoshi fut stoppé net. Vassili se tenait face à lui, presque comme s'il lui barrait la route. Le regard du blondinet était perçant, provocateur.

> Colonel, j'ai entendu parlé de cet incident, permettez-moi de m'y rendre à votre place.
> Et pourquoi donc Lieutenant Joukov ?
> J'ai encore toutes mes preuves à faire..
> Une opération telle que celle-ci n'est pas un jeu, il n'y a pas de place pour l'erreur ! gronda Yoshi.
> Et c'est bien pour cela que je vous garantie qu'aucune goutte de sang ne sera versé par les civils, promis-il.
> Lieutenant vous êtes affecté à cette mission, au moindre accrocs sachez que vous serez sanctionné ! Finit-il par accepté, se disant qu'il pourrait évincer ce Lieutenant dont il se méfiait en cas d'échec.
> Je serais digne de la confiance que vous m'accordez Colonel !
> Vous n'avez d'autre alternative, rompez immédiatement !

Victorieux, ce fut Vassili qui fit irruption dans la cour de la base d'Inari. Les cheveux dans le vent, il dégageait un charisme et une détermination qui fit sourire Otto Wuthmann, son second. L'unité du Lieutenant pris alors les armes et une cinquantaine d'entre eux partirent pour ce fameux lieu de culte pris d'assaut. A leur tête, le dernier Joukov faisait front accompagné des ses deux Adjudants.


Dernière édition par Vassili Joukov le Mer 7 Avr 2021 - 14:02, édité 1 fois
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- A l'intérieur du lieu de culte -

> Ecoutez p'tain d'merde ! Vous allez gentiment enl'ver vos bijoux et les mettre dans le sac de mon ami d'accord ? Hurla le capitaine pirate qui n'en pouvait plus de la cacophonie liée à la panique des civils.
> Au secours ! Implora une dame qui pleurait à chaude larmes.
> Mais ferme-lui sa gueule à celle-là, répondit Jason Woodman en désignant du doigt l'un de ses camarades pirates.
> Oui capt'aine ! fit le forban en allant voir la femme terrorisée pour la raisonner.

L'un des flibustiers faisait alors des vas-et-viens dans les allées, récupérant au passage les objets de valeurs de tous les fidèles de la pièce. Les entassant dans un sac en toile de jute assez épais, il voyait les métaux et pierres précieuses s'accumuler en rêvant à toutes les bonnes choses qu'il se paierait avec. Un doux songe qui ne dura pas longtemps à cause des jérémiades d'autres croyants. Le capitaine, lui, était assis sur les marches de l'estrades du prêtre. Il surveillait la bonne avancée des événements tout en patientant, pipe à la bouche. Sa barbe grisonnante et fouillis lui donnait plus l'air d'un vieux pêcheur que d'un vil pirate, mais bon, c'était la voie qu'il avait choisit. Ses hommes de mains s'affairaient tous pour récupérer un maximum de biens. L'objectif, faire le maximum de profits avec cette opération. Malheureusement, ce qu'ils ne savaient pas c'était que la rumeur était déjà parvenu jusqu'au soldats de la Marine. Enfin, pour l'heure ils ne s'en préoccupaient pas vraiment. Quelques sbires étaient accompagné du fameux prêtre, qui malgré toute la force de sa foi, ne pouvait que se résigner à dépouiller son lieu saint de toute fioriture au profits des flibustiers. Il décrochait alors tableaux, ornements couverts d'ors et autres richesses que possédaient son culte. Un vrai drame pour lui. Pour autant, il se devait de protéger la vie de ses paroissiens, un devoir plus grand encore que la diffusion de la foi à ses yeux. Coopérant alors, il fit le tour de ce lieu richement décoré jusqu'à ce qu'il n'y ai presque plus rien d'accrocher aux murs. La pièce semblait désormais vide et les sacs des forbans étaient plein à ras-bord. Si bien qu'ils furent obligés de les soulever à plusieurs puis de les placer dans des brouettes. Sans cela, ils auraient tout bonnement été incapable de les transporter jusqu'à leurs barques.

> C'est bon ? Demanda Jason à l'attention de tous ses hommes. On peut y aller ?
> Heu, attendez juste 2 minutes capitaine, s'excusa l'un des pirates qui refaisait son lacet. Il était prévu qu'il soit l'un des porteurs de brouettes, il se devait donc d'être en parfaite condition. Pour cela, il devait s'assurer de ne pas tomber.
> P'tain d'merde il me fait chier celui-là ! Vincenzo, c'est toi qui prend la brouette à la place de Marco ! S'emporta Jason, très sanguin et excédé par les plaintes incessantes des fidèles.
> Non mais cap'taine c'est bon j'ai fin.... n'eût-il pas le temps de finir lorsqu'une détonation le coupa. L'assemblée se tue immédiatement, ne laissant entendre que le bruit sourd du pirate s'étalant violemment face contre le sol. Rapidement le sang vint souillé le parquet et la terreur habita chacun des civils présents.

Jason souffla sur la fumée sortant du canon de son pistolet puis se leva. Sans dire le moindre mot il fit signe à ses acolytes et tous comprirent qu'il était temps de partir.

> On sort et après vous dégag'rez, OK ? Envoya, cinglant, le capitaine pirate à tous ces fidèles tremblants de peur. Allez, on s'casse ! conclu-t-il en désignant la sortie à ses hommes.

Les manches des brouettes se soulevèrent et le trajet jusqu'au navire débuta. Enfin, il ne fit réellement que débuter. Alors que 5 brouettes avaient été chargée, la quinzaine d'autres pirates se tenaient, armés, tout autour pour les protéger. Jason, lui, se trouvait au centre de cette formation et avançait plutôt sereinement. Enfin presque, car lorsque les flibustiers ouvrir en grand les portes pour s'enfuir, ils tombèrent nez-à-nez avec la cinquantaine de soldats de la Marine commandée par Vassili Joukov.
Le grand blondinet, frêle au visage si beau avait pourtant un regard noir. Un visage particulièrement froid et la mâchoire serrée. Loin d'être amical, juste derrière une ligne d'un dizaine de soldats, un genou à terre, pointant leurs fusils sur les pirates, il lâcha un "Tirez." sec. La suite ne se fit pas attendre et on cru à la foudre qui frappa. Les détonations se succédèrent, s'entremêlèrent dans un brouhaha auquel se mêla les cris de douleurs des forbans et les hurlements d'horreurs des fidèles, encore amassés dans le lieu de culte.
Aussitôt, le capitaine ordonna à ses hommes de faire machine arrière et de refermer les épaisses portes de bois brut cette petite église. Rejoindre leur navire ne serait donc pas chose aisée et ils s'en rendirent compte immédiatement. Ils venaient de perdre 5 hommes qui étaient mort sur le coup et trois autres étaient blessés par balles. Jason enragea lorsqu'il se rendit compte que l'une des brouettes était restée à l'extérieur.  Il frappa la porte d'un grand coup de pied puis lâcha quelques jurons tous plus gras les uns que les autres. Tâtant le pommeau de son sabre d'un côté puis la crosse de son pistolet de l'autre, il se tourna vers les civils, tous recroquevillés qui pleuraient.

> Désormais, c'est une prise d'otages ! Dit-il sadiquement, le sourire au lèvre.
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L'ordre qu'avait donné Vassili était sans équivoque. La salve de balle avait atteint les pirates et, pour le plus grand plaisir du Lieutenant, avait correctement fonctionnée. cinq pirates étaient au sol, gisant là et se dévidant tels des poissons sur les étales des ports. Une brouette tomba à la renverse lorsque son manutentionnaire s'écroula et dans un fracas métallique, le sac de jute laissa apparaître son contenu. Les bijoux se déversèrent par terre et tous les forbans prirent la fuite en rentrant dans l'édifice religieux. Ce point, par contre, dérangeait beaucoup le blondinet qui comprenait alors que la mission serait plus compliquée qu'il ne l'avait prévu. Trois autres marins étaient touchés, s'il en croyait ses yeux, les forces du capitaine pirate étaient désormais bien amoindries. Pour autant, même en supériorité numérique il ne pouvait s'assurer une victoire rapide contre l'ennemi.

> Tsss, foutu pirate... pesta-t-il en serrant le poing gauche. Adjudant Wuthmann !
> Oui, Lieutenant ? fit l'intéressé en arrivant à hauteur de Vassili.
> Veuillez faire le tour de l'édifice, prenez quelques hommes avec vous s'il-vous-plaît ! Dans 5 minutes je veux un rapport sur l'état des lieux !
> Oui Lieutenant !

Le Sous-Officier ne pris pas une seconde de plus pour s'entourer d'une dizaine d'hommes, au cas où, afin de faire le repérage demandé par son supérieur.

Pendant ce temps, Vassili réfléchissait déjà à une formation de défense dans le cas d'une éventuelle sortie suicide des pirates. Cependant, comme il le pensait celle-ci ne vint jamais. Alors, accompagné de son second Adjudant, Benedict, il discuta longuement. Tous deux montèrent de nombreuses théories sur la suite des événements alors que les soldats de la Marine récupéraient la brouette pleine de richesse ainsi que les corps inanimés des flibustiers.

Tous attendaient la suite des événements lorsque la porte principale du lieu de culte s'entrouvrit. Des dizaines de paires d'yeux s'immobilisèrent et le temps sembla se rallonger.

> Formation de défense, double ligne de fusil à cinq ! Ordonna Vassili avec sang-froid.

Aussitôt une ligne cinq soldat, un genou à terre se forma tandis qu'une seconde, debout cette fois-ci, se posta juste au dessus. Ainsi, une dizaine de mire tenaient en joue la porte. Tous étaient pendus aux lèvres de Vassili, tandis que ce dernier attendait lui-même de voir quelque chose. Ce fut une main, puis une jambe et finalement rapidement un corps entier qui passa cette frontière. Habilement le Lieutenant n'anticipa pas son ordre et pu ainsi éviter le meurtre brutal d'une civile. Une femme élancée, d'un certain âge, vêtu sobrement faisait face à la formation militaire. Toute tremblante, on se demandait comme elle faisait pour tenir encore debout. Le souffle court, les yeux écarquillés, elle était en proie à la peur. Pas après pas, elle semblait comme guidé par les fils maladroit d'un mauvais marionnettiste. A mi-chemin entre la porte et les soldats de la Marine, elle se stoppa net.

> Heu... Mo.. Messieurs ! Hésita-t-elle terrorisée. Si vous acceptez de laisser partir les pirates, aucun mal ne nous sera fait, continua-t-elle, des sanglots plein la gorge. Envoyée pour faire la correspondante, elle faisait beaucoup de peine à voir.
> Dites-leur alors que nous souhaitons qu'ils relâchent dix d'entres-vous en guise de bonne foi, rétorqua Vassili aussitôt.

Dans les rangs des soldats cette décision fut l'objet de quelques critiques. Négocier lorsqu'autant de vie  étaient en jeu, cela pouvait paraître trop audacieux, dangereux même. Cependant il ne se démonta pas. La jeune femme rentra, chancelante puis quelques secondes plus tard ce sont neuf otages qui sortirent de l'édifice. Libres, ils prirent leurs jambes à leurs cous jusqu'à rejoindre les soldats. Pleurant à chaudes larmes, ils plaignirent le sort des membres de leurs familles, encore calfeutrées et à la merci des forbans.

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Le petit groupe dirigé par Otto venait de finir sa mission de reconnaissance. Grâce aux teintes foncées des vitraux, ils avaient pu regarder discrètement à l'intérieur du lieu saint sans se faire remarquer. Au termes de leur tâche, ils découvrirent une porte dérobée à l'arrière de l'édifice mais pas grand chose d'autre à vrai dire. C'est donc avec cette seule information clé qu'ils retournèrent auprès du Lieutenant à la chevelure d'or. Recoiffant mécaniquement sa mèche sur la gauche, l'Adjudant se positionna bien droit face à son supérieur pour faire son rapport.

> Lieutenant, à l'arrière il y a une porte. Les pirates ne semblent pas en avoir connaissance ! A part ça, nous avons identifié environ cents hommes et femmes de tous âges à l'intérieur.. annonça Otto.
> Très bien, merci Adjudant Wuthmann, le remercia Vassili tout en réfléchissant à l'élaboration d'un plan de sauvetage.

Le bras gauche croisé sur la taille, le coude droit reposant dessus et les doigts de cette main posés sur le front il était pensif. Dans sa tête se dessinait une carte approximative et les différentes possibilités. Réduire au mieux les risques et exclure la moindre perte civil, voici le défi qu'il s'était lancé. Alors, dans un élan d'égo il s'imagina débuter sa partie d'échec avec le capitaine pirate adversaire.

> Tu as déjà perdu... murmura-t-il pour lui-même. La lumière sembla s'éclairer d'un coup d'un seul lorsqu'il sourit. D'un geste de la main il intima quelques soldats à la suivre et tous marchèrent vers l'épaisse porte de bois.

Lentement ils firent leur route, les soldats craignent de se recevoir une balle de leurs ennemis. Vassili, lui, était pourtant totalement serein et avançait parmi ses hommes. Lorsqu'il fut à porté il tapa à la porte sèchement trois fois. Puis, sans attendre la moindre réponse il pris la parole, faisant porter sa voix au mieux.

> Pirates ! Nous vous remercions ! Nous ne souhaitons qu'une seule chose, protéger la vie de ces habitants d'Inari. Voici ce que je vous propose, une part de votre butin vient d'être récupérée, nous vous la fournissons en plus d'un accès sans embûches jusqu'à la mer.
> Et tu veux quoi, l'bleu ?! fit une voix, venant de l'intérieur, en retour.
> Laissez sortir les civils, sains et saufs ! C'est tout ce que nous demandons !
> Ok, envoie la brouette et on les libères, rétorqua la même voix.

Vassili se tourna vers ses hommes restés en retrait et hocha la tête pour leur dire de s'exécuter. Puis, accompagné des subalternes qui l'avaient suivi il retourna vers son point d'observation à une vingtaine de mètre de l'édifice. La brouette, poussée par deux hommes, le croisa en sens inverse et arriva rapidement à la porte. Les soldats la laissèrent là, puis retournèrent eux aussi à leur poste. Tous attendirent la suite et elle ne se fit pas attendre. Les pirates ouvrir la porte et l'un d'eux tenait un enfant dans ses bras, lui branquant son pistolet sur la tempe. Une menace morbide qui démotiva tout homme à commettre la grossière erreur de vouloir se prendre pour un héros. Ses acolytes récupérèrent leur butin puis retournèrent à l'intérieur, laissant ce pirate, seul à l'extérieur.

> Comment ça s'passe maint'nant ? lança-t-il.
> C'est simple, vous laissez les otages sortir et nous nous écartons ! Nous ne vous poursuivons pas comme ça vous pourrez rentrer à votre navire tranquillement !
> Hum, c'est quoi not'e assurance que vous nous flinguerez pas une fois les otages libérés ? Les gars, il croit qu'il va nous niquer lui ! S'esclaffa le pirate en interpellant ses camarades qui rirent à leur tour.

Soudain, un homme sortit à son tour. Vieillissant, c'était le capitaine de cet équipage : Jason Woodman et son éternelle pipe qui faisait son apparition. Une fumée légère s'échappait de l'objet de bois tandis qu'il pris quelques bouffées. Sans dire un mot, il porta sa main à sa ceinture pour dégainer son pistolet. Tout s'enchaîna rapidement, il fit un mouvement de mise en joue et soudain une détonation retentit. Elle surpris tout le monde. Le chef du groupe de flibustier le premier car, yeux rivés sur ses mains, il savait qu'il n'avait pas appuyé sur la détente. Scrutant rapidement son corps ainsi que celui de son sbire, il remarqua vite qu'aucuns d'eux n'avaient été touchés. Mais alors, qui avait tiré ? Qui était visé ?
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Jason Woodman retourna à l'intérieur, dubitatif vis-à-vis du tir qu'il pensait n'avoir juste jamais atteint sa cible. Il laissa alors son sbire, seul avec l'otage pour finir de négocier leur fuite. A l'intérieur de l'édifice religieux il dispensa ses ordres pour préparer la continuité de leur opération.

> Les gars on va bientôt pouvoir s'barrer d'ici ! Se réjouit-il avec entrain. Préparez les brouettes, on va s'tailler jusqu'au rafiot ! Vous trois, fit-il en pointant ses camarades du doigt, prenez chacun un otage. Ce sera notre monnaie d'échange pour être sûr qu'on s'fasse pas plomber dans l'dos !
> Oui cap'taine ! Firent-ils en chœur.

Les rouages du plan déterminés, les pirates s'apprêtaient à fuir leur position. Il ne leur manquait plus que l'accord final de la Marine de leur ouvrir une voie dorée pour s'en aller loin d'Inari. Une formalité en soit.

A l'extérieur la situation était tout autre. Personne ne bougeait mais la tension était palpable. Nul ne savait où avait été tiré cette balle, semblait-il, perdue. Un problème car, qui avait tiré ?
Vassili, stoïque reprit alors la négociation avec le sbire du capitaine Woodman.

> Bon voici ce que je vous propose... argh.. Nous vous faisons un passage jusqu'à la sortie de la ville si vous libérez les otages. Une fois que vous êtes en route vers votre point de repli, nous nous occuperons des citoyens d'Inari et vous pourrez partir ! La seule et unique chose que je demande : zéro blessé ! Demanda le Lieutenant.
> Hmpff, ok ça m'va, rétorqua simplement le pirate en disparaissant dans l'enceinte du lieu saint.

Loin d'être idiot, Vassili savait très bien que les flibustiers n'allait pas se laisser faire comme cela. Après tout, s'ils libéraient tous les otages, plus rien n'empêchait les soldats de la Marine de les prendre de revers. Alors, sachant cela il lui fallait être bien plus malin pour réussir à coincer ces foutus forbans. Le Lieutenant regardait le sbire s'en aller, droit tel un roc. Il renvoyait une image solide, celle d'un homme qui était prêt à tout pour les civils. Dévoilant fièrement l'épée qui pendait à sa ceinture, son ton assuré lui permettait de faire croire qu'il était de ceux assez fort pour les réduire charpie. Bien évidemment, c'était loin d'être vrai mais il aimait diffuser cette illusion auprès de tous. Ce n'est qu'une fois la porte d'entrée de l'église claquée que le blondinet se permis de fendre l'armure. Il lâcha un râle traduisant une profonde douleur et tomba, un genou à terre. Du sang maculait le dos sa splendide tenue blanche. La balle avait fini sa course à quelques centimètre du rein gauche de Vassili. Plissant les yeux sous la douleur, il tâta la blessure de sa main et se mordit les lèvres à sang pour ne pas émettre un hurlement qui aurait pu alerter les criminels.

> Lieuten.. cria l'un des soldats avant de se faire couper par son supérieur qui lui fit signe de se taire.

Luttant contre cette douleur vive et tenace, il recueilli l'ensemble de ses forces pour se relever. Selon ses estimations, les pirates devaient actuellement être entrain d'écouter leur camarade concernant leur plan de fuite. Ainsi, personne n'était censé être aux fenêtres pour l'épier. Tant qu'il ne dévoilait pas que c'était lui qui avait été touché, il se considéré encore gagnant de la partie.
D'un geste pressé il fit venir Otto ainsi que Benedict à ses côtés.

> Adjudant Walderner, trouvez-moi celui qui a tiré, compris, ordonna-t-il la rage dans la voix. Vous Adjudant Wuthmann, vous allez être ma lame pour la suite, poursuivit-il tout en intimant le premier de s'en aller pour mener l'enquête. Désormais en tête à tête avec l'homme que ses pairs surnommait le silencieux pour son attitude peu loquace, le Lieutenant se permis de dérouler le contenu de son plan. Envoyez deux hommes infiltrer l'église par l'arrière. Qu'ils ne se fassent pas repérer. Ils seront uniquement là au cas-où. Ensuite, diviser les forces. Qu'une dizaine d'hommes se dissimulent, ils seront envoyés sur le chemin de repli des pirates. Que tous les autres soient positionnés en formant une haie d'honneur. Ici je m'occuperais de recueillir tous les civils. Vous, vous serez en liaison avec moi et je vous confie une tâche : les chasser. Je suivrais de loin et vous donnerais les ordres pour qu'on puisse venir à bout de ces bandits !
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> Oui Lieutenant ! Cette trahison ne restera pas impunie, jura-t-il avec un brin de révolte dans la voix. Il s'en alla aussitôt, questionnant et étudiant l'angle de tir.
> Lieutenant, vous allez bien ? Demanda Otto, légèrement inquiet.
> Bien sûr Adjudant Wuthmann, je ne tomberais pas pour ça ! Fit Vassili.
> Bah justement vous avez mis un genou à terre, donc...
> Assez, dispensez les ordres Adjudant ! Ordonna l'officier d'un ton ferme. Mâchoire serrée à cause de la douleur, il sentait le mal se diffuser petit à petit. Envahissant d'abord tout le bas de son dos, cette souffrance vivace descendait désormais jusque dans ses jambes.

A l'origine nul soldat ne pouvait sentir ce nouveau Lieutenant qui, présomptueux et désagréable au possible, ne semblait pas avoir la moindre considération pour eux. Pourtant, Otto avait découvert, lors de sa première sortie en compagnie de l'officier, un homme qui avait défendu son honneur. Puis, alors qu'il était touché d'une balle et qu'il aurait pu flancher, il se montrait fort et tenace pour mener à bien sa mission. Finalement, l'Adjudant commençait à éprouver du respect envers cet homme. Il n'était pas le seul, loin de là, mais cet avis n'était pas non plus partagé par tous.
Il distilla alors les ordres émis par son supérieur et envoya les deux soldats qui avaient pour mission d'infiltrer le lieu saint en toute discrétion. Puis, il sélectionna les hommes qui firent partis du détachement spécialement conçu pour interférer dans la fuite des flibustiers. Les dix hommes qui furent choisis étaient tous de confiance. Armés des fusils, ils avaient mené à bien de nombreuses missions aux côtés de lui. Otto les envoya se dissimuler à l'extérieur de la ville. Sa prochaine mission était de partir en chasse. Cependant pour cela il devait attendre que les pirates aient quitté la ville. Pour l'heure, il patienta, droit comme un piquet et bras dans le dos. Il n'avait plus que cela à faire avant de passer à l'action.

Sa curiosité fut piquée. Pourquoi le Lieutenant l'avait-il choisis lui ? Ce Joukov avait-il découvert son secret ? Savait-il ? Autant de questions qui tourmentèrent l'homme à la chevelure excentrique, mais restèrent sans réponses.

Au gré de ses investigations, Benedict s'éloigna de son Lieutenant jusqu'à, finalement, s'exiler au détour d'une ruelle. S'assurant que nul ne pouvait l'entendre, il sortie un escargophone de sa poche, arborant une pierre au milieu du front. Lorsque son interlocuteur décrocha, l'Adjudant s'empressa de répondre.

> Colonel, mission accomplie ! Chuchota-t-il.
> Bien, c'est parfait ! Ne vous faites pas remarquer et le poste de Lieutenant vous ouvrira ses bras, le félicita Yoshi Baresta tout en raccrochant aussitôt.

L'échange avait été bref. L'Adjudant à l'épaisse moustache, bien qu'apparaissant bien sous toutes coutures dévoilait alors sa véritable nature. Homme de l'ombre du Colonel Baresta, il avait alors dégainé et tiré sur son supérieur si vite que les soldats ne virent pas d'où provenait ce projectile. Fier de son exploit, il avait alors renversé la partie qu'avait amorcé Vassili contre le capitaine Woodman. Grandement handicapé à cause de cette trahison, le Lieutenant allait désormais surement perdre. Benedict espérait avoir fait mouche et que l'officier finisse par s'effondrer après avoir fait le malin quelques minutes. Selon ses estimations, il ne lui resterait pas longtemps. Après tout, dans la 74ème Division tous savaient désormais que Vassili Joukov était un combattant minable. Avec une condition physique inexistante, il n'allait pas pouvoir résister à la douleur bien longtemps. Lorsque ce traître avait reçu l'ordre du Colonel, il n'avait pas sourcillé. Après tout, il n'aimait pas ce Lieutenant pompeux. Nul ne devait troubler l'ordre qui régnait à Inari et surtout, la Marine ne devait pas fouiner dans les affaires de Yoshi.

Ayant l'impression qu'on lui plantait de nombreux coups de couteaux, Vassili fit venir l'un de ses hommes qui eu pour simple ordre de lui enserrer la taille avec un morceau de tissu. La compression était alors superficielle, mais suffisante pour masquer toute trace de sang. Ainsi, le Lieutenant était présentable pour donner l'image d'un homme fort aux pirates. D'ailleurs, ceux-ci ne se firent pas prier et ouvrirent les portes. D'un seul coup, tous les otages sortirent en même temps, se bousculant pour être les premiers à rejoindre la Marine. Les pleurs et les cris étaient légion et, lorsque les forbans leur emboitèrent le pas, chaque soldat compris que ce n'était pas fini. Jason Woodman était au milieu de ses hommes, fumant son tabac à grande bouffées et ricanant. Les brouettes étaient pleines de bijoux et les pirates qui ne poussaient pas s'assuraient qu'aucun ennemi ne les attaque.

> Merci Lieut'nant ! A la r'voyure ! Fit-il narquois alors que trois de ses sbires maintenait chacun un civil en otage.

Les pirates tenaient là leur promesse de fuite sans encombre. Vassili grimaça, non pas de frustration car il avait anticipé ce fait, mais de douleur. Il fut pris d'un léger vertige qu'il parvint à combattre aussitôt. Sa jambe gauche tremblait sous la souffrance mais ne plia pas cette fois. Se concentrant, le blondinet combattait pour rester fier ce qui impressionna Otto. Il savait les faiblesses de son supérieur et ne s'attendait pas à une telle résistance de sa part. Pourtant, ce n'était que le début.
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Les soldats de la Marine, firent donc une haie d'honneur aux pirates qui marchèrent sans se presser. La foule avait été dispersée mais voyait tout de même ce spectacle surréaliste. Un Lieutenant, faisant un tel cadeau à des flibustiers. C'était tout bonnement inimaginable et pourtant. Le capitaine pirate n'hésitait pas à se moquer du physique ou de la tenue de chaque soldat tandis qu'il avançait, tel un prince. Suivi par les richesses qu'il avait volé, il n'aurait pas cru que la situation prendrait cette tournure, mais il la trouvait bien plus savoureuse que ce à quoi il s'attendait. Escorté par ces hommes en tenues bleus et blanches, il avait l'impression d'être l'un de ces nobles à qui l'on faisait des courbettes. Triomphant, il saluait les citoyens qui l'observaient de loin ou leur faisait des doigts d'honneur selon l'instant. Les soldats enrageaient de voir ça, mais ne pouvait rien faire. La vie d'individus était mise en danger, que pouvaient ils donc faire ?
Vassili, lui ne bronchait pas. Il suivait simplement les pirates qui traversèrent finalement assez vite la ville. Les habitations se succédèrent jusqu'à ce que finalement, de grands pâtures volèrent la place des pavés. Le vallon menait à la plage où se trouvait leur navire. Finalement, il ne restait donc plus que deux kilomètres aux forbans avant qu'ils ne regagnent la mer. Selon les estimations de Vassili, il ne lui restait donc un peu moins d'une heure pour sauver les civils et capturer les criminels. La charge des brouettes les ralentissaient un peu et c'était là-dessus qu'il misait. Juste avant d'atteindre la plage, un liserait boisée coupait la route. Le Lieutenant comptait bien que cet endroit précis soit le point stratégique où tout se passerait. Les pirates devaient y être neutralisé et il comptait bien réussir sa mission.

> En'r'voir les mange-merde ! S'esclaffa Woodman avant que l'ensemble de son équipage n'éclate de rire à son tour. Devant l'hilarité des flibustiers, Vassili se contenta de son éternel "Tsss" dédaigneux.

Il fit mine de ne pas les suivre et se tourna vers le gros de ses hommes.

> Soldat, votre mission est simple. Je veux que vous alliez rassurer la population ! Votre objectif est d'aller voir chaque otage mais également les habitants de cette ville ! Il faut absolument que vous rassuriez tout le monde, leur expliqua-t-il calmement. Faites-leur une promesse et une seule : nous vous les ramènerons, tonna-t-il en faisant allusion aux trois derniers otages.

Après un "Oui Lieutenant" général, tous s'affairèrent à remplir leur mission. Ils rassuraient du mieux qu'ils le pouvaient enfants, hommes et femmes. Face aux pleurs ils étaient les plus compatissants possible. Face à la peur ils se montraient rassurant et face au désarroi ils faisaient office de boussole.

Escargophone à la main, Vassili donna l'ordre à son second d'entamer sa chasse. En se mettant à distance, il suivait les pirates à la trace tout en pensant à une seule chose : les coincer au point stratégique.

Le Lieutenant, lui, bien que salement amoché suivait, en retrait, la procession pirate qui regagnait la plage. Bien que n'allant pas vite, le mécanisme même de la marche lui était insupportable. Serrant la mâchoire de plus en plus à chaque pas, son poing était serré comme jamais. Coûte que coûte il avançait. Devant lui, les pirates qui étaient déjà loin était de bonne humeur. De temps en temps ils gueulèrent sur les otages qui gémissaient. Heureux que tout se passe si bien, Jason ne rêvait plus que d'une chose : se gnôler avec ses camarades une fois qu'ils auraient pris le large. Il sentait déjà les douces effluves du rhum lui titiller les narines tant il s'y voyait. Il le savait, c'était la dernière fois qu'il foulait le sol d'Inari et il avait gagné. Ayant battu à plate couture la Marine, il espérait rapidement que les journaux relatent une telle humiliation. Fier comme un coq, il entama quelques chants plus gras les uns que les autres, largement repris par ses hommes qui s'en donnaient à cœur-joie. Le moral au beau fixe, les marins ne sentaient même pas leurs bras endoloris par le poids des brouettes. La vue des richesses qu'elles contenaient leur donnait une endurance surhumaine qu'ils n'auraient jamais soupçonnés. Ainsi, ils ne s'arrêtèrent pas.
Vassili, lui, marchait toujours aussi difficilement jusqu'à ce que son pied buta sur un caillou. Perdant l'équilibre, il s'effondra lamentablement et ne pu se relever. La douleur l'ayant alors vaincu, les yeux clos, il était alors hors-course. Malheureusement pour lui, nul soldat n'avait veillé sur lui. Alors, face contre terre il ne pouvait plus que se vider de son sang en attendant que par pur hasard l'on tombe sur son corps.
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La procession pirate avançait bon train lorsque, moins de 200 mètres avant la plage ils se confrontèrent au ruban verdoyant. Enchevêtrement de racines et de branche, ceux qui avaient pour mission de manier les brouettes soupirèrent face à la tâche qui les attendait. Alors qu'ils se préparaient psychologiquement à entrer dans la forêt, le capitaine les remotiva à coup d'insultes dégradantes. Il prit alors la tête du cortège, scandant à tout va qu'ils avaient vaincu la Marine et fut suivi en premier par ses hommes armés et aux mains libres. Puis, les cinq qui déplaçaient le butin leur emboitèrent le pas. Pour finir les trois pirates tenant entre leurs griffes les otages fermaient la marche. Ils avaient été stratégiquement placés en queue de peloton afin de remémorer aux éventuels soldats qui les poursuivraient le poids de leurs actes. Ces trois vies au bord du gouffre, ils pouvaient alors déjouer toute tentative de coup bas et ainsi permettre aux autres de rejoindre le navire en tout sérénité. Ils n'étaient pas encore enfoncés dans le bosquet lorsque surgir de nul part un groupe de marins bien armés. Ceux-ci attaquèrent la tête du groupe et notamment ceux qui poussaient les brouettes. Ainsi, l'effet de surprise sema la zizanie et obligea le capitaine ainsi que ses portes-flingue à riposter avec un peu de retard. Le combat fit rage dans la zone boisée, ce qui ne permis pas aux trois preneurs d'otages de s'interposer en faisant peser de leur argument. Yeux rivés vers la zone de combat, ils s'apprêtèrent à s'interposer pour calmer l'ardeur ennemi lorsqu'ils entendirent un léger toussotement. Tel un seul homme ils se retournèrent mais n'eurent pas le temps de faire un demi-tour complet. D'un coup sec et net ils furent tous tranchés, laissé pour mort immédiatement. Les trois captifs furent enfin libérés de leur étreinte et Otto dont la lame était désormais couverte de sang leur indiqua la direction de la ville. Ceux-ci s'exécutèrent aussitôt, laissant "le silencieux" seul. Observant l'intérieur du liseré verdoyant, l'Adjudant poussa un léger soupir. Lui qui venait de faire preuve d'une grande maîtrise allait désormais affronter le capitaine. Seulement, un étrange sentiment lui tenait les entrailles. Une peur, un frein qu'il ne parvenait pas à débrider.

> P't'ain d'soldat de mes deux ! Ragea le capitaine Woodman. M'faites chier ! Fit-il en dégainant son sabre pour participer aux combats.

Malheureusement pour les soldats, même s'ils avaient bénéficié de l'effet de surprise pour prendre le dessus dans un premier temps, l'incroyable prestation de Jason valait 100 hommes. Il découpait dans la chaire comme dans du beurre, évitait et cognait plus vite et plus fort que n'importe lequel de ses adversaires. Il survolait les combats avec une aisance naturelle jusqu'à ce que s'apprêtant à décapiter l'un des soldats, sa lame se heurta à une autre. Une épée assurée qui n'avait pas tremblée face à la sienne. Surpris, il leva les yeux et vis le sous-officier. De violentes passes-d'armes s'enchainèrent. Otto faisait bonne figure mais il manquait assurément de force. Perdant du terrain face au flibustier, il permis au moins aux siens de retourner la situation.

> Tu t'bats bien l'bleu ! Lança-t-il à Otto avant de l'enchaîner avec trois coups d'une violence inouïe.

Si bien, que l'Adjudant perdit légèrement l'équilibre. Aussitôt sanctionné, il fut entaillé au niveau du pectoral droit dans une effusion de sang. L'homme que l'on entendait si rarement râla de douleur mais se contint assez pour impressionner le pirate. Voyant se dessiner sa mort prochaine, Otto se résigna. Il se devait d'accomplir son devoir, au péril de sa vie.
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Jason félicita son adversaire d'être toujours en vie mais n'en fit pas trop. Il regarda autour de lui pour évaluer, rapidement, la situation globale. Ses hommes étaient occupés, affrontant les soldats avec ardeurs. L'équilibre des forces avait été rétablit et celui qui vaincrait dans ce duel donnerait la victoire à son camp. De sa main gauche, le vieux roublard récupéra son pistolet à sa ceinture. Le mouvement était fluide et à peine eut-il mis en joue l'Adjudant, la détonation se fit entendre. La balle partit à toute vitesse et manqua de peu sa cible. Otto toujours alerte avait lu dans les mouvements de son adversaire. Dès lors qu'il pressentit l'utilisation de l'arme à feu, il se jeta vers l'avant pour contre-attaquer. Le "silencieux", bas sur ses appuis dégaina alors un violant coup horizontal qui aurait pu couper le Capitaine pirate au niveau de la taille. Ce dernier eut le réflexe de mettre sa lame en opposition et fut simplement repoussé de quelques mètres. Essoufflé, le subordonné de Vassili puisait dans ses réserves pour vaincre cet homme plus puissant que lui. Bien que souffrant, il fit don de lui-même en repartant à l'assaut. Silencieux, il s'acharnait en enchaînant les coups. Tranchant en diagonal, à l'horizontal et même donnant quelques coups d'estoc impromptu, il ne parvint jamais à prendre son opposant par surprise. C'était comme si ce satané Jason Woodman lisait dans son sabre. Ejectant quelques nuages de fumée, le flibustier se jouait de l'Adjudant dont les forces s'amenuisaient. L'endurance de se dernier déclinait mais jamais sa détermination ne s'éteignit. Il avait juré de combattre jusqu'à la mort et voilà que son heure était arrivée. Il n'avait alors plus qu'à respecter son engagement et à lutter de ses ultimes forces jusqu'à ce que la faucheuse abatte son terrible courroux sur lui.

> Allons garçon, t'en peux d'jà plus ? se moqua le forban qui parvint habilement à glisser sa lame dans la garde adversaire pour le trancher au niveau du flanc droit. Dommage, reprit-il en donnant cette fois-ci un coup de pied dans l'estomac d'Otto qui tomba à la renverse. Bon, c'tait bien marrant vot'e attaque de surprise mais maint'nant c'est bon !
> Con... tenta l'Adjudant avant de se faire désarmer par le capitaine pirate.

Le vieux loup de mer avait son pied bien ancré au sol, écrasant la main forte du soldat de la marine par la même occasion. Levant son sabre recourbé vers le haut, le regard du criminel n'était plus le même. Il semblait alors grave. Lui qui s'apprêtait à ôter une vie n'avait presque plus rien d'humain sur son visage. Son bras resta, pointé vers le ciel, immobile quelques instants. Puis, tel un châtiment il s'abattit avec férocité pour sectionner cette gorge.

Une détonation retentit.

La balle pourfendit la chaire, mettant en charpie les muscles qui lui barraient la route. Soudain, elle fut stoppée nette par quelque chose de plus dur. Un os dont l'attache se brisa à l'impact mais qui n'implosa pas. Un cri de douleur infernal secoua chaque individu qui pouvait l'entendre. Le sang gicla tel un geyser du point d'entrée. Le torse de Jason Woodman fut projeté en arrière et il bascula, manquant de peu de tomber au sol. Un organe clé touché, il crachait du sang à grande floppées. La vision troublé, les oreilles bouchés, il était en état de choc. D'où cela pouvait-il venir ? Perdu, il ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait.
Saisissant que l'ouverture était là, Otto saisit son sabre et se redressa. Il tenta un coup descendant pour fendre son adversaire qui, dans un ultime élan, parvint à bloquer son attaque et lui mettre un coup de tête. L'Adjudant tomba au sol, vidé de toutes ses forces et ne pu qu'apercevoir la suite des événements, sonné comme il l'était.

Le capitaine Woodman vomit un mélange visqueux rougeâtre, se tordant de douleurs par la même occasion. Ses hommes, surpris se firent prendre à revers et abandonnèrent lorsqu'ils furent menacés, lame sur la pomme d'adam, par les soldats de la Marine. Puis, tenue blanche salit de terre et maculée de sang, un homme à la chevelure semblable à une cascade d'or fit son apparition sur le champ de bataille. La main gauche sur le flanc meurtri, il tenait son épée de la main droite. Tremblant, il n'en demeurait pas moins déterminé. Le capitaine pirate tenta de découper l'homme en blanc mais ne pu rien faire. L'os qui avait été touché, l'une des côtes de sa cage thoracique, s'était figé dans son cœur. Il balbutiait des mots incompréhensible dont le son était avalé par celui des crachas ensanglantés. Sa lame arriva par la droite du sauveur mais ne finit jamais sa course. Sans la moindre hésitation, Vassili donna un coup droit pourfendant le plexus de son ennemi. Le flibustier lâcha aussitôt son arme et s'effondra avant même que la lame de l'officier ne sorte de son corps. A genou, puis tombant lentement sur son flanc droit, le forban venait de rendre l'âme au bout d'un combat d'une extrême violence. L'état de l'ensemble des combattants en témoignait. Victorieux, le Lieutenant se tenait droit malgré toute la souffrance qu'il endurait. Les sbires de Jason étant d'ores et déjà désarmés et neutralisé, il avait donc réussit.

> Je vous remercie soldat pour votre bravoure ! Commença-t-il avec un ton solennel. Inari et son peuple vous remercie pour votre bravoure ! Reprit-il d'une voix plus forte. Nous voilà victorieux ! Hurla-t-il, se faisant aussitôt suivre par les cris de enjoué de ses hommes.
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Le lendemain dans la cour de la Base militaire

Les pirates avaient tous été placés en détention, le corps de leur capitaine jeté dans la fosse commune et les blessures des soldats de la Marine pansées. Otto était couvert de nombreux bandages, témoignant de son engagement exemplaire lors des combats de la veille. L'Adjudant était droit, mains dans le dos, attendant en plein milieu de la cour. Derrière lui, tous les membres de l'unité du Lieutenant Joukov attendaient. Sous le soleil d'Inari, ils attendaient tous. L'atmosphère était étrange, mélangé entre la joie de la victoire de la veille ainsi que la frustration concernant la trahison qui avait failli emporter le Lieutenant Joukov dans la tombe. Après tout, même si la plupart l'avait détesté lors de son arrivé, l'officier avait su attiser le respect de ses hommes par son engagement et sa droiture. Constamment prêt à aller au front même si tous ici savaient qu'il était un piètre combattant. Finalement leur avis à propos de ce blondinet presque rachitique avait changé. Tous avaient désormais cet affreux goût dans la bouche, celui de la suspicion. Qui avait tiré sur Vassili, les théories fusaient mais une chose était sûr, tant que le coupable n'avait pas été jugé, ils ne seraient pas tranquille. Après tout, comment était-il possible pour eux de combattre en cohésion alors qu'il y avait un traître parmi eux. Nul ne voulait tourner le dos aux autres avec la peur de se prendre une balle.

Tandis que les interrogations et autres supputations bouillonnaient dans les esprits, trois hommes apparurent dans la cour, passant la porte menant vers l'intérieur de la Base en ligne. A droite, Vassili arborait son éternelle tenue blanche qui, cette fois-ci était immaculée et non rougit par le sang comme la veille. Portant sa main gauche sur sa blessure, il serrait les dents pour donner bonne figure auprès de ses hommes. A gauche, Benedict Walderner l'Adjudant et second du Lieutenant avançait fièrement. Son inimitable moustache était brossée à la perfection. Puis au centre, le Colonel, l'homme fort d'Inari, Baresta Yoshi marchait activement. Entouré de ces deux subordonnés il vint jusqu'à faire face à l'ensemble des hommes présents dans la cour.

> Bonjour à tous soldats, je tenais à vous féliciter pour votre bravoure et la réussite de l'intervention d'hier. Commença-t-il solennellement. Tout particulièrement je salue le sens du devoir de l'Adjudant Otto Wuthmann qui a mis sa vie en jeu pour la sécurité de nos concitoyens, poursuivit-il en faisant un signe de tête à l'Adjudant couvert de blessure qui souriait, honoré par les dires de son supérieur. Puis je salue également les habiles compétences du Lieutenant Vassili Joukov ici présent qui a su vous mener pour parvenir à l'arrestation des pirates, la mort de leur capitaine et ce tout en évitant la moindre blessure collatérale d'innocents. Enfin, je souhaite rendre honneur aux trois hommes qui ont donnés leur vie pour Inari, les hommes de rangs Marcus Flavien, Pierrick Maldor et Gordo Varda, fit-il avec le plus grand des respects. Seulement voilà, un point noir vient obscurcir ce tableau. L'un d'entre nous, un frère d'arme a trahit cette unité. L'un des hommes que vois là devant moi a pris son arme et à tirer sur le Lieutenant Joukov ici présent. Cet acte est intolérable. Ne pardonnant donc pas un tel acte, j'ai décidé qu'il n'y aurait pas de transfère mais une condamnation immédiate et sans appel du coupable.

Tous les soldats tressaillirent. Une telle annonce présageait déjà de la sentence qui n'allait pas être tendre.

> Je l'annonce donc, le traître sera exécuté sur le champ, pieds et poings liés sur le peloton d'exécution qui se trouve derrière vous, fit-il en montrant le poteau de bois qui se trouvait planté en plein centre de la cour. Monsieur Walderner, je vous laisse donc la parole, conclu-t-il.
> Merci Colonel ! Comme vous le savez tous, le Lieutenant Joukov m'a expressément demandé d'enquêter sur ce coup de feu et après avoir étudié l'angle de tir j'ai questionné chacun d'entre vous. Je vous annonce que cette enquête est désormais close, le coupable ayant été découvert, annonça-t-il dans l'étonnement général. Des rumeurs parcoururent rapidement l'assemblée et ne s'estompèrent que lorsque le Colonel fit un signe de la main. Monsieur Helmin Pomar, sortez du rang s'il-vous-plaît, dénonça-t-il avec une voix d'une extrême sévérité.

Dès lors, la foule s'enflamma. Nul n'aurait soupçonné ce soldat et tous manifestaient leur étonnement.

> Mais n'importe quoi, ce n'est pas moi, je n'ai rien fait ! Gueula le principal concerné qui ne comprenait absolument pas pourquoi on l'accusait d'un tel acte.
> Monsieur Pomar, il est inutile de nous beugler vos mensonges devant tout le monde ! Vous m'avez déjà avoué avoir appuyé sur la détente lors de notre entretien d'hier soir, tonna l'Adjudant.
> Mais c'est pas vrai, ho les gars c'est moi Helmin, j'vous promet qu'j'ai rien fait ! Tenta le soldat désespérément.
> Soldat Pomar, annonça le Colonel, en vertu des pouvoirs que me confèrent le grade de Colonel, je vous condamne à mort pour haute trahison envers la hiérarchie. Sortez du rang, dit-il une première fois. Sortez du rang ! Hurla Yoshi à Helmin qui pleurait tout son saoul, complètement apeuré et désorienté.

Les dents grincèrent. Les avis étaient partagés. Nombreux avaient alors aussitôt fustigé ce jeune Helmin de la traitrise qu'on lui attribuait. D'autres apitoyés par sa réaction se demandaient tout de même s'il était réellement le tireur. Enfin, les choses s'enchaînèrent assez vite. Désespéré, le soldat tenta de partir en courant mais fut arrêté aussitôt en conduit par quatre hommes jusqu'au fameux poteau. On l'y attacha fermement mains et poings avant de l'y laisser seul. Normalement, le peloton d'exécution était mené par le Colonel lui-même et cinq soldats tiraient chacun un coup en même temps. Seulement, cette fois-ci tout se passa différemment.

> Lieutenant Joukov, veuillez prendre une arme et abattez le traître qui vous a tiré dessus, annonça Yoshi pour la surprise générale.
> Non merci Colone... tenta Vassili qui n'avait pas envie de ternir sa propre image auprès des autres.
> C'est un ordre Lieutenant, fit le Colonel.
> Oui Colonel, se résigna alors le blondinet.

Vassili se saisit d'un fusil qui lui était tendu par Benedict et avança seul et sous le regard de tous jusqu'à cinq mètres du poteau où se trouvait Helmin, ficelé et pleurant à chaudes larmes. Il tenta de dire quelque chose qui demeura incompréhensible à cause de ses énormes sanglots. Forcé, Vassili n'hésita lors pas une seconde et appuya sur la détente. Le corps du jeune soldat s'effondra et le Lieutenant se retourna. Des centaines de paires d'yeux étaient rivées sur lui. Il l'avait fait. Le traître abattu, l'unité pouvait alors fonctionnée à nouveau correctement. Satisfait, Yoshi fit un signe de tête à son subordonné en guise de félicitation. Puis, le regard de l'Officier subalterne croisa celui de Benedict. Ils se fixèrent quelques secondes, comme s'ils se sondaient mutuellement. Puis, Vassili marcha vers ses hommes, fendit les rangs et alla voir Otto le félicitant et lui souhaitant un bon rétablissement.

> Lieutenant, justice a été rendue ! J'offre une journée de repos complète à toute l'unité en guise de remerciement pour hier, rompez soldat ! Clôtura le Colonel avec beaucoup d'autorité.

Tous se dispersèrent et retournèrent chez eux. Après un tel chamboulement, ils avaient bien besoin de cette journée de repos. Vassili avait abattu l'un des leurs. Helmin était-il réellement coupable ? Tant de questions.
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