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Les 8 Saligauds

"Si on travaille pour gagner sa vie, pourquoi se tuer au travail"
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Une belle et chaude journée arrivait à son terme et le jeune rookie de South Blue s'était mit au travail pour réparer quelques dix embarcations de bois endommagées.  Les habitants de cette île aride avaient recyclé d'innombrables petits navires en chariots à roulette et voilà un peu plus de deux semaines qu'il mettait du cœur a l'ouvrage. Ses compétences de charpentier allaient lui permettre de gagner quelques sous le temps de son séjour ici car il avait une fois de plus échoué sur un bout de terre inconnu, à la dérive suite à son départ d'Inari. Il s'était rapidement retrouvé dans ce village emprunt d'un charme singulier : l'alliage parfait entre beuverie et bagarre.

Au crépuscule, le jeune homme se rendit dans le saloon ou il commençait à avoir ses habitudes. L'établissement était chaleureux, beaucoup d'hommes s'y retrouvaient pour boire des coups, jouer aux cartes ou tout simplement pour profiter de la compagnie de femmes d’expérience.

Il entra dans la pièce, passant les deux portes de bois à rabat. La pièce était lumineuse, spacieuse et vivante, au fond de la pièce Harvey le patron le salua en hochant la tête. C'était un homme honnête et réglo, qui lui offrait d'ailleurs le gite en échange d'un service rendu, à savoir la réparation de son chariot de transport. Azerios lui rendit son bonsoir en retirant son chapeau élément incontournable pour toute personne voulant survivre sur Hat Island, et s'avança vers le comptoir, en passant parmi les clients. Certains le regardaient encore d'une manière étrange, mais la plupart s'était accommodé de sa présence, après tout il était arrivé il y a plus de quinze jours. S'asseyant au comptoir il fit signe au tenancier d'approcher pour passer commande.



Un whisky Harvey, double et sec s'il te plait.


Le patron s’exécuta en silence, servant la boisson au jeune pirate, c'était un autre avantage de lui avoir rendu service, il ne semblait pas lui faire payer les verres consommés, un chic type de Harvey. Azerios but son verre d'une seule traite, il faut dire que la journée avait été difficile, et à ce titre, il méritait amplement ce petit instant de bonheur. Et en parlant d'instant de bonheur, une jeune femme s'approcha de lui, s'accoudant au bar, lui offrant un magnifique sourire de ses lèvres pulpeuses. Ses cheveux étaient d'un blond étincelant tressés en arrière, ses yeux d'un vert presque émeraude rendaient son regard envoutant. Il s'agissait là d'une des "poules" d'Harvey, car comme dit précédemment, outre la boisson qui coulait à flot, cet établissement offrait aussi d'autres prestations plus intimes. Le jeune homme demanda une autre tournée de whisky, et avant qu'il ne soit servit, la jeune femme lui posa délicatement la main sur l'épaule.


Dure journée mon joli ? Besoin d'une oreille attentive ?


Dure journée oui... J'ai pas grand chose à dire du reste...


La jeune femme lui sourit et lui caressa l'épaule, elle n'était qu'a quelques mètres de lui. Suffisamment proche pour sentir son parfum enivrant, une note de fruits rouges et de cannelle. Il se dit qu'après tout pourquoi ne pas profiter pleinement de son séjour sur cette île. Mais un bruit soudain le ramena à la réalité, derrière lui, il se tourna légèrement pour voir quel en était la cause. Deux hommes étaient encore en train de se battre, ils avaient renversé une table et se rouaient de coup au sol. D'autres personnes s'en mêlèrent et tout dégénéra rapidement en bagarre générale. La jeune femme effrayée par la tournure des évènements se retira dans ses quartiers à l'étage, et c'était bien dommage. Avec un petit sourire amusé, il se contenta de finir son deuxième verre en regardant les clients se cogner dessus en bon spectateur.


*J'adore cette île...*


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La journée suivante ressemblait à toutes les autres, levé aux aurores, une petite séance d'exercice dans la cour à l'arrière du saloon, puis la journée entière dans la poussière, affairé à rafistoler les chariots. Une fois son dur labeur du jour terminé, direction le saloon pour se détendre. Même rituel que d'habitude, un whisky sec, qu'il sirotait tranquillement, assit au comptoir. Ce train train routinier lui donnerait presque envie de rester ici, mais non, il fallait qu'il continue son chemin. La première étape serait encore et toujours de trouver un navigateur qui tienne la route, Grand Line n'étant pas fait pour les amateurs.

Perdu dans ses pensées, en grande discussion avec Harvey, il ne remarqua pas tout de suite les nouveaux arrivants. Huit hommes venaient d'entrer dans le saloon. Ces gars-là n'étaient pas des habitués, et même le rookie qui n'était la que depuis quelques jours pouvait le remarquer. Des hommes vêtus de pourpoint sombres, portant des chapeaux noirs, l'air peu commode. Sans doute des chasseurs de prime ou des mercenaires pensa-t-il. Mais rapidement, tout le monde comprit pourquoi ils étaient là, ils encerclèrent deux hommes en train de jouer aux cartes, ces derniers commencèrent à chahuter et dans un geste rapide, l'un des huit nouveaux arrivants dégaina son revolver.

PAN. Une détonation raisonna dans le saloon, faisant place à un silence glacial. Ce fut le signal de ce qui allait marquer un tournant décisif dans son séjour sur cette île.
    Tout se passa alors extrêmement vite, les sept autres hommes dégainèrent à leur tour, faisant feu de tous côtés. Quelques clients dégainèrent à leur tour, mais en vain tous furent abattus dans cette symphonie macabre. Une balle fila droit dans le verre d'Azerios qui explosa. Ce dernier plongea alors au sol dans un ultime réflexe, ne pensant qu'à sa survie. Il lui serait impossible d'affronter autant d'adversaires en même temps, d'autant que ces derniers étaient bien mieux équipés que lui. Après deux bonnes minutes les hommes cessèrent le feu et prirent la fuite sans demander leur reste. Il fallut encore deux minutes supplémentaires pour que le pirate se relève doucement. Il n'avait pas été touché, et il était bien le seul.

    Autour de lui gisaient les corps sans vie de grand nombre de clients, baignant dans de larges marres de sang. Il remarqua alors Harvey, recroquevillé aux pieds du comptoir, et s'empressa de s'approcher de lui, s'accroupissant pour tenter de lui porter secour. Pas de chance, ce dernier avait reçu plusieurs balles dans le buffer, déjà sa respiration saccadait et il ne fallut pas bien longtemps avant que l'étincelle de vie dans son regard ne s'estompe. Le jeune homme fut envahi par un lourd sentiment de peine, qui laissa rapidement place à une haine bouillonnante.
     


    Bon sang Harvey...


    Mais pas de temps à perdre, les locaux ne tarderaient pas à se pointer et quel meilleur coupable qu'un étranger ? Au vu du nombre de cadavres, il se retrouverait rapidement au bout d'une corde, fixée à une potence. Pas question de rester là, il jeta un dernier regard amer à son bienfaiteur puis pris les jambes à son cou. La nuit avait commencé à tomber, peut être pourrait il gagner son bateau à cheval. Il s'empressa de détacher une bête, le monta et empoigna la bride. C'était une jument Alezane, à la robe claire.


    Heya ! Allé ma belle !


    Personne à l'horizon, le rookie se mit à chevaucher, pendant une bonne heure. Il faisait désormais nuit noire et continuer dans ces conditions était risqué. Le plus judicieux serait d'attendre le levé du jour sans quoi il se perdrait sans doute dans l'immensité sablonneuse de ce désert. Il fit donc une halte à l’abri d'un épais massif rocailleux, attacha sa jument et installa un camp de fortune. Mais qui diable étaient ces types ? Et pourquoi avoir assassiné tout le monde ? Un tas de questions lui trottaient en tête, il était profondément peiné, d'avoir vu Harvey mourir dans ses bras mais aussi d'avoir été totalement impuissant dans une telle situation. La fatigue d'une dure journée de travail combiné aux trois verres de whisky eurent alors raison de lui, et rapidement il plongea à corps perdu dans les bras de Morphée.


    ---


    Et que dire de ce réveil là alors ? Quand il revint à lui, une odeur de viande grillée planait dans l'air, une délicieuse odeur de viande grillée... De la viande grillée ?! Rapidement il tenta de se lever d'un sursaut pour attraper son shunkashuto mais ce fut un échec. Il avait désormais les bras solidement liés et son sabre n’était plus là. Ses yeux s'habituant progressivement à la lumière du soleil qui balayait son visage, il aperçu alors une silhouette assise non loin de lui. Une jeune femme, qui était en train de manger ce qui ressemblait à un gros lézard, autour d'un petit feu. Elle ne devait pas être bien plus vieille que lui, vêtu d'un petit veston noir par dessus un chemisier blanc, la chevelure blanche surmontée d'un chapeau en cuir retourné noir. Le détails le plus étrange était son regard, deux pupilles rougeoyantes comme il n'en avait jamais vu. Son sabre était posé par terre à côté d’elle, cette dernière saisit alors un fusil qu'elle reposa sur son épaule, puis le regarda avec un large sourire malicieux.


    Bonjour beau brun, bien dormi ?


    J'ai connu mieux... Et tu es ... ?


    Djaymily Reagan, enchantée je suppose ? Je bosse avec le marshal Lock en ce moment. Vous avez foutu un joyeux merdier hier soir tes petits copains et toi.


    Il comprit alors qu'il s'agissait probablement d'un chasseur de prime qui s'était lancé à la poursuite des huit hommes qu'il avait vu la veille, mais en aucun cas il était lié au carnage, ou à ces types. Poussant un large soupir, il essaya subtilement de se détacher, mais rien à faire, celle-là, elle savait y faire avec les cordes. Il se contenta donc de luis répondre en gardant son calme.


    Écoute Djaymily Reagan... Il y a erreur, j'ai rien à voir avec qui que ce soit sur cette île. Sois cool et détache moi.


    Hum. Non. Et puis d'ailleurs c'est ce qu'ils disent tous a chaque fois... "Non ce n'est pas moi"... "Non je n'ai rien fait"... Bref faut qu'on se remette en route, on a de la pourriture à choper.


    Elle se releva en lui souriant de nouveau, tenter de la convaincre était peine perdue, il se releva donc à son tour tant bien que mal, le côté gauche du corps totalement engourdis, et fut guidé par le canon du fusil jusqu’à la jument Alezane qu'il avait emprunté la veille. Elle l'aida à se hisser sur la scelle, ventre à plat comme si il s'agissait d'un vulgaire sac, position très inconfortable. La jeune femme monta alors sur son cheval, attrapa la bride et se mit en marche, tirant son prisonnier derrière elle.

    Le soleil était déjà haut et frappait bien fort, la journée promettait d'être longue et pénible.
      Ce n’est qu’au terme d’une chevauchée de deux heures que la chasseuse de prime fit une pause. Elle ne descendit pas le rookie pour autant, se contentant de lui donner à boire. Durant le trajet ce dernier avait prit le temps d’évaluer ses options, de toute manière c’est tout ce qu’il pouvait faire saucissonné sur la jument. La jeune femme s’était montrée totalement silencieuse depuis leur départ et elle finit par lui parler manifestement curieuse.


      Et tu as un nom ? Je t’ai donné le miens, la moindre des choses serait de faire de même non ?


      Qu’est ce que ça peut bien te faire...

      Elle eut un petit ricanement et le regarda avec un large sourire, ravie.

      Oh voyons, un peu de bonne volonté ! On va sûrement passer un peu de temps ensemble ! Tu pourrais rendre ça moins chiant...


      Azerios, je m’appelle Azerios.


      Ben tu vois ! C’est pas compliqué Azerios ! Réellement enchantée.


      Elle lui fit un clin d’œil, se hissa sur sa monture en chantonnant et reprit la marche. Le jeune homme mangeait la poussière a mesure qu’ils avançaient et ce pendant encore quelques heures, le trajet lui semblait interminable. Ils s’arrêtèrent alors à proximité d’une petite rivière pour abreuver les chevaux. La jeune femme chercha des traces ou des indices et finit par trouver un coyote, mort, pendu à une branche. Le corps était encore chaud, ils talonnaient les huit fuyards.


      Tu as trouvé le repas du soir ?


      Mieux que ça ! Ils n’ont pas plus d’une heure d’avance sur nous. Tes p’tits copains sont foutus.


      Tu m’as l’air bien sure de toi Djaymily Reagan. Seule contre huit ? Je ne tiendrais pas les paris...


      Il le faudra bien, puisque c’est ce qui arrivera ! On va passer la nuit ici.


      Le jeune homme ne donnait pas cher de sa peau, il avait désormais confirmation qu’elle était seule. Se lancer dans une telle traque sans renforts relevait de l’idiotie pure et simple. La jeune femme attacha les chevaux, rassembla de quoi faire un feu et laissa son prisonnier à l’écart, attaché à un arbre. Épuisé par le voyage à travers les dunes, Azerios ne resta pas éveillé bien longtemps.

      ---

      Il fut réveillé au milieu de la nuit par plusieurs voix, des voix d’hommes. En ouvrant les yeux il découvrit trois hommes, qui discutaient autour du feu. Djaymily était allongée au sol, attachée à son tour. Lorsqu’elle vit que le jeune homme la regardait avec un sourire moqueur, elle détourna le regard et au même moment l’un des hommes remarqua qu’il s’était réveillé, il fit alors quelques pas dans sa direction. C’était un homme d’âge mûr, une avec une longue barbe rousse.


      Hé matez-moi ça les gars ! Le gus vient d’se réveiller !


      Les deux autres se tournèrent a leur tour dans sa direction. Une bande de braves gaillards qui n’avaient pas l’air des plus intelligents. Peut être allait il pouvoir tirer son épingle du jeu après tout.
        De toute évidence, ces gars là n’étaient pas amicaux. Ils étaient tous trois armés et avaient neutralisé Djaymily qui se retrouvait ironiquement attachée à son tour non loin, ils l’avaient même bâillonnée. Sûrement des braconniers, l’homme à la barbe rousse portait sur lui divers trophées, des plumes colorées, des peaux de bête une vraie œuvre d’art ambulante. L’un d’eux avait même une cordelette autour du coup où étaient accrochés des oreilles humaine. Il fallait la jouer fine sur ce coup, le jeune pirate n’était pas dans la meilleure des postures. Il se décida alors à prendre rapidement les devants.


        C’est donc ça « l’arroseur arrosé » ? Vous tombez à pic les gars... Détachez moi.


        Quesque tu fous attaché à un arbre ? T’es qui ?


        J’étais sur la piste d’un gibier quand cette dingue m’est tombée dessus par surprise... Vous imaginez la galère...


        Ahah pour sur ! Le coin pullule de pseudo-justiciers !


        Seul l’homme à la barbe rousse parlait, les deux autres se contentaient de rire quand lui riait. Sans doute était-ce lui qui tirait les ficelles. Il s’approchait peu à peu et avait même sorti un couteau de chasse, potentiellement pour le libérer de ses liens. Parfait. Il fallait trouver quelque chose et vite, le jeune homme se souvint alors qu’Harvey lui avait parlé d’un énorme félin qui s’attaquait au bétail dans la région, un prédateur surnommée « griffes sombres ».


        Vous êtes à la recherche de « griffes sombres » vous aussi ? Pas facile à débusquer hein...


        Tu l’as dis ! Saloperie, il a eu l’un des nôtres la semaine passée...


        Oh merde... La sale bête...


        Le leader des braconniers coupa alors les cordes, libérant Azerios de sa captivité. Ce dernier se releva, légèrement engourdit et sourit à son bienfaiteur. Première étape terminée, il allait enfin pouvoir se tirer d’ici. Il fit quelques pas en direction du feu, ignorant totalement Djaymily et tendit ses mains au dessus comme pour se réchauffer.


        En tous cas je vous en dois une les gars. Merci.


        Ah bah y’a pas d’soucis ! Entre chasseurs on se soutient.


        Et elle, vous comptez en faire quoi ?


        J’lai vu en premier ! Elle est à moi Tobin!


        Tout doux Muray ! Ici c’est moi qui commande pigé ? Disons qu’elle va rester un peu avec nous... Ça fait un moment qu’on a pas vu de donzelle... On va bien s’amuser.


        Le pirate ne sourcilla pas, gardant ses mains au dessus du foyer, son regard plongé dans les flammes. Il faisait mine de rien, le sort de cette femme lui était vraisemblablement égal. Les hommes riaient entre eux, une belle bande de porc devait se dire Djaymily qui passerait sûrement de sales moments en leur compagnie. Au bout de quelques secondes de silence, Tobin l’interpella, il lui parla dans un ton beaucoup moins chaleureux.


        Ça t’pose pas de problème n’est ce pas ?

        Azerios fit volte-face et lui sourit.

        Absolument pas, je me contrefous de cette dégénérée faites en ce que vous voulez... Par contre j’aimerais récupérer mon sac, mon sabre et ma monture si ça ne vous pose pas de problème.

        Tobin eut un léger instant de doute, fixant le jeune homme en face de lui, il avait mit la main sur la crosse de son revolver. Il finit par faire un signe de tête en direction de l’un de ses acolytes, qui ramassa le sac et le sabre du rookie.

        Pas d’soucis.

        Azerios, toujours un sourire amical aux lèvres se dirigea alors lentement vers ce dernier. Dans sa main gauche il tenait le Shunkashuto, dans sa main droite le sac, il remarqua alors la carabine type winchester de son ancienne geôlière, passée grossièrement dans la ceinture de l’homme. Il soupira, avec la sensation qu’il s’apprêtait à faire quelque chose de vraiment stupide puis d’un geste rapide il la saisit tout en projetant de son pied l’homme qui tomba en arrière.

        Le rookie de South Blue fit de nouveau volte-face.
          Bang. Bang. Deux tirs successifs, le premier toucha l’homme qui avait précédemment été nommé « Muray » de plein fouet le projetant dans la poussière, le second toucha la cuisse de Tobin qui n’eut pas le temps de tirer, son arme lui échappa et il tomba déséquilibré. Il se retourna alors rapidement pour s’occuper du troisième homme mais ce dernier eut le temps de dégainer son arme et de tirer. Pan. Pan. Pan.

          Le premier tir effleura son bras gauche, les deux autres ne le touchèrent pas. Un bien piètre tireur, il n’était qu’à quelques mètres et n’avait pas réussit à atteindre sa cible. Azerios tira alors à son tour sur son assaillant, le tuant sur le coup. Bang.

          La balle n’avait qu’effleuré son bras et pourtant la douleur était bien vive. Il regarda de nouveau en direction des deux autres hommes, Muray gisait toujours au sol inerte, mais Tobin rampait tant bien que mal pour récupérer son pistolet. Inutile de faire durer le suspens, laisser vivre un braconnier après l’avoir blessé équivaudrait à se dessiner une cible dans le dos. Sans attendre il fit quelques pas, pointa la carabine dans le dos de l’homme encore en train de ramper et tira, le tuant sur le coup. Bang.


          Il se tourna alors en direction de Djaymily qui avait assisté à la scène et marcha vers elle, arme en main. Arrivé à son niveau, il l’a déposa au sol, et s’empressa de la détacher et de lui retirer le bâillon. Elle le regarda alors, surprise, tout en se relevant et en récupérant rapidement sa carabine. Le jeune homme s’assit, examinant l’éraflure, ce n’était pas très grave.


          Tu vas pas recommencer... Un simple « merci » suffirait...

          Elle baissa son arme lentement comprenant qu’il ne roulait probablement pas avec les huit saligauds. Si tel avait été le cas, il aurait juste pris la fuite, débarrassé de la chasseuse de prime.

          Merci... Je crois que je t’en dois une...


          Oublis... C’est ici que nos chemins se séparent. Bonne chance dans ta quête vengeresse Djaymily Reagan.


          Azerios se releva, s’approchant de Tobin, il ramasse son arme, un revolver de typer Remington six coups, puis récupéra sa ceinture ainsi que son second revolver. De toute évidence il n’en aurait plus besoin. Une fois la ceinture et les deux armes mis, il récupéra un poncho sur l’un des chevaux qu’il enfila puis remonta sur la jument alezane. Il s’apprêtait à partir quand la jeune femme qui était restée muette jusqu’à présent le stoppa.


          Où alors tu pourrais bien me prêter main forte... Tu seras récompensé...


          Une récompense pour la capture ou l’élimination des pourris qui avaient abattu Harvey... Il lui devait bien ça, il se retourna donc vers Djaymily et acquiesça. Cette dernière, un sourire malicieux aux lèvres, rassembla alors rapidement ses affaires, remonta en selle et prit la tête.
            Après une longue journée de chevauchée, les deux complices étaient arrivés aux abords d’un village abandonné. C’était une ancienne colonie minière, qui avait quitté les lieux de nombreuses années plus tôt. La trace des huit saligauds s’arrêtait non loin et les deux complices préféraient continuer à pied pour éviter d’être repérés.

            Les rues de ce village étaient désertes, autour d’eux une multitude de bâtiments en bois, certains partiellement détruits, les affres du temps et les tempêtes de sable n’avaient rien arrangé.



            C’est d’un sinistre par ici... Ouvre l’œil Aze.


            Oh on en est déjà à se donner des surnoms Djay ?


            La jeune femme sourit, son attention fut retenue par un cigare encore en train de fumer, posé sur un tabouret de bois devant ce qui était jadis un saloon. La carabine pointée dans cette direction, elle fit signe au pirate d’avancer dans cette direction et tous deux s’approchèrent en silence. Ils pouvaient entendre des voix à mesure qu’ils approchaient, pas de doute ils étaient bel et bien là.


            Messieurs... Je sais que vous êtes impatients, mais s’attaquer au ranch des Mosley ce s’rait pas judicieux. On a le Marshall Lock sur le cul...


            On lui règle son compte une bonne fois pour toute !


            Le Marshall était l’un des garants de la paix sur Hat Island. Une gomme juste, mais intransigeant. Quant à Djaymily, elle n’était pas vraiment ce qu’on pouvait qualifier de garante de la paix, c’était même le contraire. Mais suite à sa capture, elle avait passé un marché avec Lock, en échange de la neutralisation des huit saligauds, il s’était engagé à la blanchir de tous ses méfaits. Les deux restèrent alors à écouter quelques minutes, puis s’éloigner afin d’échafauder un plan. Ce n’étaient que de vulgaires brutes, qui tuaient pour le plaisir, le monde ne se porterait sûrement pas plus mal sans eux. Ils passèrent près d’une heure à observer le saloon à distance, à la recherche d’une faille. Leur meilleur change serait de les isoler et les éliminer un par un.


            Bon. On ne peut pas entrer par la grande porte et tirer dans tous les sens, il va falloir être subtile...


            C’est pas ma spécialité mais je sais me montrer discret.


            Le plan était pour le moment très simple, deux d’entre eux effectuaient des rondes régulières aux abords du saloon pendant que les autres s’envoyaient de la gnôle à l’intérieur. Ils attendirent que le crépuscule arrive pour passer à l’action.

            Prenant chacun un chemin bien différent ils se faufilèrent donc de nouveau dans la rue aux abords du Saloon. De son côté Azerios n’était qu’à quelques mètres de sa cible, il entra dans l’un des bâtiments attendant patiemment son heure. Lorsque l’homme passa à proximité de ce qu’il restait de la porte, le pirate frappa avec rapidité, enfonçant la lame de son wakizashi dans la gorge de la sentinelle. Il traîna le corps sans un bruit directement dans le bâtiment, un de moins.

            Une vraie mission commando, il arriva à proximité du saloon et aperçu Djaymily dans la pénombre. Elle hocha la tête, signe qu’elle avait également fait sa part, deux de moins. La suite allait être plus délicate puisqu’il restait encore six hommes dans un espace clos. Les deux complices se rejoignirent et jetèrent un coup d’œil discret par l’ouverture du bâtiment.
            La voie était libre, personne dans l’entrée. Il fallait les faire sortir, leur chance de succès était bien mince à six contre deux, ils auraient l’avantage de connaître les lieux. Azerios pointa du doigt les montures qui étaient attachés non loin, et la jeune fille hocha la tête. Il leur fallait une diversion, il s’élança rapidement en direction des chevaux et les détacha. Pendant ce temps son acolyte se cacha non loin de l’entrée, carabine en main. Sous la peur, les bêtes se mirent à hennir, attirant comme prévu l’attention des brigands.


            Qu’est ce que c’est que ce foutoir ! Leroy ! Earl ! Qu’est ce que vous foutez !


            Apres quelques secondes d’un silence glaçant, un homme à la carrure imposante sortit alors, sans doute en l’absence de réponse de ses deux compères. Djaymily attendit qu’il sorte complètement pour le saisir dans le dos et lui trancher la gorge. L’homme ne s’attendant pas à cela tomba en arrière sans un bruit. La jeune femme semblait d’une efficacité redoutable, et de trois, il ne restait plus que cinq hommes.


            *Là ça va coincer...*


            Il rejoignit rapidement la chasseuse aux abords du saloon, cette dernière jeta le couteau plein de sang dans le sable et empoigna sa carabine. Elle lui fit comprendre qu’elle allait prendre de la hauteur en désignant un toit avec sa tête, et rapidement elle disparut. Au bout de quelques secondes de silence, un autre homme sortit sans doute pour voir ce qu’il se passait dehors. A peine eut il le temps de pointer le bout de son nez qu’une détonation raisonna dans la ruelle sombre. Bang. L’homme s’écroula immédiatement avec fracas, le crâne transpercé d’une balle. Et de quatre. Impossible de déterminer d’où venait le tir, Djaymily devait être postée sur un des toits. Le bruit ameuta alors les quatre hommes restant, dans une farandole de jurons, le rookie les entendit courir dans le bâtiment.

            Pour l’effet de surprise on repassera.
              Les hommes ne bougeaient plus a l’intérieur, il régnait dans la rue un silence de mort. Pas de mouvement non plus du côté de Djaymily, Azerios se décida à tenter quelque chose, il se baissa, t’amassa le corps sans vie de l’un des brigands et le releva tant bien que mal. Lorsqu’il le fit passer la porte, un déluge de balle s’abattît sur lui. Le doute n’était plus possible, les quatre hommes restant s’étaient barricadés et attendaient de pied ferme toute personne qui tenterait d’entrer. Il fallait trouver une autre ouverture et estimant que son complice couvrait la porte d’entrée, il décida de s’éloigner du saloon pour entrer dans le bâtiment voisin.

              C’était une ancienne auberge, sans doute aurait il la possibilité de passer par l’une des fenêtres à l’étage pour gagner l’étage du saloon. C’était une idée, il traversa la salle commune plongée dans l’obscurité, se faufilant en silence parmi les tables couvertes de poussière pour arriver devant un escalier qu’il avala rapidement. Une fois à l’étage, il entra dans l’une des chambres, deux grandes fenêtres donnaient sur la rue.

              Il devait y avoir moins de deux mètres entre l’auberge et le saloon, sans doute pourrait il sauter. Il ouvrir alors une fenêtre dans un grincement à peine audible, saisit une chaise pour la diversion et la balança en direction de l’entrée du saloon. Elle se fracassa au sol, déclenchant une nouvelle pluie de balle et Azerios profita du vacarme pour sauter sans craindre que le bruit de sa chute ne soit entendu.



              *C’était juste juste là...*


              Il avait réussit à s’agripper de justesse, peut être avait il légèrement sous estimé la distance. Se hissant à l’étage du saloon, il remarqua une présence sur un toit en face, c’était son complice qui continuait à couvrir l’entrée principale. Il entra a l’intérieur du bâtiment.

              Désormais dans une chambre, il traversa le couloir à pas de velours pour se trouver en haut des escaliers. De là où il était positionné, il pouvait distinguer deux des quatre hommes. Ce n’était pas un fin tireur, et si il ratait ses cibles alors il serait vraiment dans le pétrin. Il préféra attendre un peu, dégainant quand même sa paire de Remington fraîchement acquise au cas où. Et c’est seulement au bout de quelques secondes que Djaymily lui donna raison.



              Vous êtes encerclés ! Sortez sans faire d’histoire !


              Jamais !


              Vous l’aurez cherché !


              Un nouveau silence de mort s’installa soudain pendant quelques secondes. Difficile de deviner ce qui allait se passer, la jeune femme semblait pleine de surprises. Au bout d’une minute ou deux, il entendit les hommes hurler, puis une explosion précédée d’une détonation se produit à l’entrée du saloon soufflant tout sur son passage. Sûrement de la dynamite, il avait remarqué qu’il y avait quelques bâtons dans le paquetage de la jeune femme. L’un des hommes, pris de panique s’était mit à courir en direction de l’escalier pour grimper à l’étage il était donc temps d’en finir avec tout ça. Azerios pointa alors sur lui l’un de ses flingues et tira. Pan. Et de cinq.

              Sautant dans les escaliers à toute vitesse et profitant de la pagaille générée par l’explosion, il tira sur un second homme une fois au rez-de-chaussée. Pan Pan Pan. Et de six.

              Il n’eut cependant pas le temps d’anticiper le troisième homme, qui se mit à lui tirer dessus. Pan Pan Pan. Le rookie fut touché au niveau de la clavicule gauche, s’écroulant sur le coup.



              Hé merde...


              Il pointa alors ses deux armes en direction de son assaillant mais prit de vitesse une détonation raisonna. Bang. Et de sept.

              L’homme s’écroula abattu par Djaymily qui venait de faire irruption dans le nuage de poussière avec un sourire narquois. Il devina ce qu’elle allait dire, et elle n’eut d’ailleurs pas le temps de le dire que le dernier homme apparu dans son sillage. Pan Pan Pan Pan.



              Hé non... Tu m’en dois toujours une.


              Et de Huit.
                Voilà une petite dizaine de jours que la bande des huit saligauds avait été stoppée et Azerios sortait peu à peu de convalescence. Aucune blessure insurmontable, il avait rapidement été pris en charge par un médecin d’Exact Town, comme quoi il n’y avait pas réellement que des saloon. C’était le grand jour du départ, provisions faites, charpente du bateau vérifiée il était fin prêt à prendre la mer.

                Il avait proposé à Djaymily de le rejoindre étant donné qu’avec la mort des bandits, elle en avait terminé avec ses affaires en cours sur Hat Island. La jeune femme avait refusé poliment, prétextant que lavée de tous ses méfaits, elle allait enfin pour retourner à ses affaires justement.

                Une fois les provisions bouclées sur le navire et le médecin remercié, il se rendit au port pour embarquer. Son petit bateau n’avait pas fier allure mais il n’avait pas été volé et il flottait encore c’est tout ce qui comptait. Il grimpa, jetant un dernier regard derrière lui, il était grand temps de dire au revoir et de reprendre la mer.

                Il largua les amarres, déploya la voile cramoisie et se mit à la barre prêt à quitter le port quand un sifflement retentit non loin. Détournant le regard pour voir d’où cela pouvait bien provenir et si il était concerné, il découvrit avec surprise qu’il s’agissait Djaymily. La jeune femme avait un grand sac à dos et se dirigeait vers les quais avec un sourire.



                J’ai réfléchis à ta proposition et ça ne me semble pas si mal en fin de compte... Si ça tient toujours bien sûr.

                Le jeune homme lui sourit alors, amusé par ce revirement soudain. Il lui fit signe de monter à bord, et la chasseuse s’exécuta d’un bond.

                J’ai été assez fou pour te proposer ça alors que t’as fait sauter un bâtiment dans lequel je me trouvais au bâton de dynamite... Je vois pas ce qui pourrait être pire.


                Et t’as encore rien vu.


                La jeune femme déposa l’un de ses sacs et l’ouvrît, il était rempli de billets. Azerios ne voulant pas savoir d’où provenait cet argent, se mit à sourire et souhaita la bienvenue à son premier matelot, lui servant une coupelle de whisky pour trinquer comme la tradition l’exigeait. Les deux nouveaux compagnons s’éloignaient d’Hat Island, en route vers l’aventure.