Azerios
Djaymily
Calvin Souther
J'aime ta façon de danser, le Boy
---------------------------------
---------------------------------
Azerios et Djaymily avaient été pris dans une violente tempête, et ce n'est qu'au terme de plusieurs heures de manœuvres acharnées qu'ils parvinrent à accoster sur une large côte rocheuse. Ils étaient tous deux épuisés, et leur petite embarcation n'avait pas été épargnée. Le rookie fit un tour d'horizon, la coque n'était pas trop touchée, mais le mat de l'unique voile était fêlé et la barre avait prit un coup. Il leur fallait du matériel pour réparer tout ça et quitter ce qui ne ressemblait en rien à une île hospitalière. En examinant les environs, rien de particulier aux premiers abords, c'était un miracle qu'ils aient pu accoster à proximité de cette côte tant elle semblait dangereuse de part les innombrables roches tranchantes qui sortaient des flots. Plus loin, ils pouvaient apercevoir une petite ville, c'est là-bas qu'ils se rendraient pour se procurer le nécessaire à la réparation du navire, ils se mirent donc tous deux en route.
Restons prudents boss, qui sait ou est-ce qu'on a encore atterrit...
A mesure qu'ils avançaient, il passaient à proximité de grands champs parcourus d'esclaves et c'est seulement à une petite poignée de kilomètres de leur destination qu'ils furent accueillit par cinq hommes à cheval. C'étaient des gaillards robustes, leur tenue vestimentaire n'était pas sans rappeler celle des hommes d'Hat Island, chacun portant notamment un chapeau. Même si ils étaient armés et un tantinet menaçants, Djaymily et Azerios gardèrent leur sang froid, ne dégainant pas leurs armes. Après tout, ils n'étaient pas là en fauteur de trouble, souhaitant simplement poursuivre leur route.
Hé là jeunes gens ! Vous v'nez de la côte ?
C'est exact, mon amie est moi-même avons accosté ici par erreur... Nous sommes à la recherche de matériel pour réparer notre navire et reprendre notre route, ni plus ni moins.
Les hommes se regardèrent l'air suspicieux, puis au terme de quelques secondes de silence, quatre d'entre eux reprirent leur route, repartant au galop. Le cinquième s’apprêtait à faire de même.
Vous trouverez la Nouvelle Rea non loin d'ici. Vous feriez mieux d'pas trop traîner dans l'exploitation.
Il se hâta de rejoindre ses compères. La Nouvelle Réa, c'est bien ce qu'il pensait, ils avaient donc accosté sur la tristement célèbre île aux esclaves. Retour à West Blue, décidément il fallait de toute urgence trouver un navigateur. Les deux compagnons se dirigèrent donc vers la petite ville et l'atteignirent après une marche rapide.
La rue principale était pleine de vie, un bonne quantité d'esclaves s'affairant à manipuler des marchandises, sans doute pour les acheminer vers les blues, sous bonne garde bien entendu. Ils étaient encadrés par ceux que l'on appelait les "contremaitres". Des gardiens en provenance directe de Saint Uréa, qui avaient pour tâche principale de surveiller les exploitations et de punir les esclaves récalcitrants : ils veillaient au grains quoi. L'île aux esclaves était connue pour être le coin le plus rentable des blues, d'immenses terres fertiles ou la moindre parcelle était exploité par toujours plus d'esclaves. Une production gargantuesque de nourriture, céréales et autres denrées qui étaient ensuite exportés et vendus dans le monde entier. Pour exploiter tout ça, d'innombrables esclaves venus de tous horizons, mais d’œuvre gratuite pour augmenter le rendement. La marine était elle aussi présente sur l'île, mais leur mission se cantonnait principalement à garder les côtes, ce qui rendait la chose d'autant plus étrange, quand on savait qu'ils avaient pu accoster sans croiser le moindre soldat.
Cherchant un stand auquel ils pourraient acheter du bois, un contremaître, intrigué, s'approcha d'Azerios pour l'interpeller. L'homme continua sa route, ignorant ce dernier, ce qui l'agaça. Il finit par dégainer son fouet, le claquant en l'air, ce qui interrompit les deux compagnons de route, qui se tournèrent vers lui. Il n'était qu'a quelques mètres d'eux, un homme maigrichon, qui ne semblait pas réellement sur de lui, parlant d'une voix tremblotante, ou peut être était-ce l’œuvre de la surconsommation d'alcool.
Hé ! J'ai dit déclinez vot' identité, vous zêtes sourds ?!
Je le descends ?
La jeune fille était prête à dégainer, et nul doute que le pauvre homme n'aurait pas eu le loisir de réagir. Mais ils n'étaient pas la pour s'attirer des ennuis, Azerios sourit et fit non de la tête.
J'ai un mauvais pressentiment... Retourne au bateau et attends mon retour, ce serait dommage qu'on se fasse voler. Je m'occupe du matos...
Tu es sur ? Moi j'ai le pressentiment que tu vas t'attirer des ennuis...
Le jeune homme lui offrit un sourire rassurant et hocha la tête. Après un instant d’hésitation elle hocha la tête a son tour et rebroussa chemin pour regagner la côte. Lorsqu'elle ne fut plus visible, son compagnon se tourna pour reprendre sa route en silence espérant avoir fait le bon choix en continuant tout seul.
L'homme qui les avait précédemment interpellé, visiblement excédé de ne pas être pris au sérieux utilisa alors son fouet et l’abattit avec force dans le dos du pirate. Il faut dire que les contremaîtres n'avaient probablement pas l'habitude qu'on leur tourne le dos avec indifférence. Le fouet claqua, projetant violemment sa cible dans la poussière. Quelle plaie, la douleur était vive et c'est surtout le fait d'avoir été attaqué de dos sans raison qui faisait monter la pression chez le jeune garçon qui resta silencieux. Il se releva d'un bond et fit face a son assaillant qui le défiait du regard. Ce dernier eut un sourire moqueur et probablement parcourut par un regain d'assurance, donna un second coup de fouet.
Cette fois-ci le rookie attrapa fermement le fouet et d'un geste rapide le tira vers lui, faisant trébucher l'homme dans sa direction. Il profita de la chute pour lui donner un coup de genoux dans la mâchoire, ce qui eut pour effet de sonner son adversaire, le projetant dans la poussière sous les yeux des esclaves, visiblement choqués par ce qu'il venait de se produire.
Trois autres contremaîtres se ruèrent alors sur le jeune homme, sans doute pour le maîtriser, mais par chance ils étaient lents. Azerios n'eut pas de mal à neutraliser le premier, qui munit d'une matraque, donna un coup maladroit. Saisissant son avant bras, le rookie le tordit avec force, se saisit de la matraque et lui assena un coup sur le côté gauche du visage. Le gardien hurla de douleur en s’écroulant, rapidement il s'occupa des deux autres. Le premier lui donna un mauvais coup au visage, mais il contre attaqua aussitôt d'un coup de coude dans le thorax lui coupant le souffle. Esquivant le coup du troisième, il en profitant pour le balayer et lui faire mordre la poussière toujours sous le regard interdit des esclaves. D'autres gardiens se hâtaient alors dans sa direction. Lui qui n'était pas venu avec de mauvaises intentions allait sans nul doute se retrouver dans une situation délicate. Il fallait temporiser, ameuter la marine était tout sauf judicieux.
Soudain un coup de feu retentit et les gardiens se figèrent. C'était un homme costaud, grassouillet même, sur un cheval. Probablement un autre contremaître, portant des vêtements tissés dans une étoffe luxueuse de couleur prune, sans doute occupait il une plus haute fonction dans cette étrange hiérarchie d'exploitants d'esclaves.
Ça suffit comme ça. Tu vas venir avec moi mauvaise graine.
Qui était cet homme et que lui voulait-il ? Il était désormais encerclé par une dizaine de contremaîtres, tous armés, sa seule option était alors d’obtempérer. Le rookie hocha finalement la tête et fut invité à monter à cheval et à suivre le mystérieux intervenant. Il s’exécuta sans résister, escorté par d'autres gardiens à cheval et sortant de la ville en direction de champs. Le grassouillet ralentit pour se mettre à son niveau et le jaugea du regard avec un air dédaigneux.
J'aime ta façon de danser, le Boy.
Ils continuèrent à chevaucher en silence pendant une trentaine de minutes à travers d'innombrables champs d'exploitation pour arriver devant une gigantesque propriété. A l'entrée une grande pancarte de bois peinte "Souther Land" donnait sur un long chemin de graviers blancs. Au bout de ce chemin se dessinait un grand bâtiment fait de bois blanc décoré avec style, sans doute par un talentueux ébéniste. Les lieux devaient appartenir à un riche exploitant, qui s'avèrera être plus tard l'employeur de cette joyeuse escorte.