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Le voile se lève [solo]

Juste lavé, l'eau qui ruisselait encore sur ses muscles quasi atrophiés, l'officier Joukov se regardait dans la glace. Il s'observait, non pas par excès d'égo mais avec une simple satisfaction. Il se dévisageait, détaillant chaque parcelle de son corps rachitique. Sa longue chevelure qui dévalait ses épaules, ses bras longs et fins. Ses pectoraux, pas saillants pour un sous. L'heure n'était pas à la remise en question mais plutôt à la mise au point. Hier, dans une journée qu'il avait trouvé radieuse malgré un temps à la tempête. Son flanc gauche était encore rougie par le sang qui avait coulé. Un bleu noircit gigantesque entourait le point d'entré de la balle traîtresse qui l'avait atteint. Heureusement pour lui, les médecins l'avaient pris en charge de la meilleure des manières. Alors que sa main droite fendit cette cascade capillaire dorée qui le caractérisait, il fut pris d'un immense sentiment de fierté. Cela ne devait pas faire un an qu'il s'était engagé, contre l'avis maternel, dans les rangs de la Marine. Le voilà aujourd'hui, fraîchement promu au rang de Commandant avec les honneurs qui allaient avec. Il était heureux, un léger sourire trahissait ses émotions alors qu'il tourna les talons, sortant de sa salle de bain pour rejoindre l'armoire, l'un des rares meubles de sa chambre. Il l'ouvrit et s'habilla. Enfilant son pantalon blanc immaculé, puis s'enserra de sa ceinture. Il enfila ensuite une chemise puis sa veste, parfaitement cintrée, qu'il rentra dans son pantalon. S'il avait été un homme plus excentrique il aurait fredonné l'air d'une chanson légère, mais Vassili n'était pas comme cela. Vint le moment où, reprenant sa place face au miroir, il accrocha ses médailles. En effet, il avait gravit un échelon dans les rangs de la Marine et cela s'était accompagné du décernement de médailles reluisantes. La première, Alakys, était une formalité, un incontournable chez les hommes à la mouette. Mais la seconde, celle du bouclier, était pour lui un vrai symbole. Elle était offerte à ceux qui avaient protégé un centaine de civils lors d'un incident et le sort de tous les otages du capitaine Jason Woodman avait été favorable grâce aux négociations du blondinet ainsi qu'à ses stratagèmes. Lorsqu'il sortit de la salle de bain, cette fois définitivement, il était parfaitement vêtu. Les médailles trônaient par-dessus son cœur, témoignant de son engagement sans faille, et il pris la porte. Arpentant les couloirs de la Base d'Inari, il savait parfaitement où se rendre. Se chemin il le faisait des dizaines de fois par jour, tous les jours. Son bureau, son espace, son petit monde.

Il pris place sur son fauteuil, admirant la surface lisse de ce bureau en bois massif. Aucun document, pas le moindre papier en retard. Enfin, il savait que cela ne durerait pas longtemps car il en attendait un de la plus haute importance.

Quelques minutes passèrent avant qu'il entendit toquer à la porte de son bureau. Il invita alors le visiteur à entrer et vit un homme lui aussi vêtu de blanc. Des petits lunettes rondes sur le nez, une paire de gant et une mèche plaquée, laissant l'autre moitié de son crâne dépourvu de cheveux.

> Bonjour Lieut... Commandant ! Fit-il un peu maladroitement.
> Adjudant Wuthmann, bien le bonjour, comment allez-vous depuis votre combat ? S'inquiéta Vassili.
> Je m'en suis remis, les plaies sont déjà quasiment toutes refermées, votre flanc va mieux ?
> Bien entendu !
> J'ai déjà envoyé les premières patrouilles en ville, commença-t-il. Je tenais à vous remercier en personne.
> Parfait soldat, répondit Vassili dans un premier temps. Oh.. je vous en prie allez-y.
> Il est vrai que lors de votre arrivée sur Inari nous nous sommes méfié de vous. Or, au fil des jours j'ai vu un homme qui a défendu mon honneur, puis un homme qui s'est donné corps et âme pour protéger les habitants de cette île, vous avez tout mon respect Commandant et permettez-moi de vous offrir toute ma loyauté, continua Otto en ponctuant son monologue d'une révérence.
> Cela me touche soldat ! Pour ne rien vous cacher je n'étais pas emballé par cette affectation mais sachez une chose : je ne place rien au dessus de mon devoir. J'ai confiance en vous, je sais que votre parole n'est pas celle d'un traître.
> Ce n'est pas pour rien que l'on me dit silencieux, fit Otto amusé. Sachez simplement que ma lame est et restera toujours vôtre, se confia l'Adjudant.
> Tsss, c'est vrai, gloussa discrètement Vassili. Je vous en remercie, vous êtes un vrai soldat comme il en faudrait plus dans nos rangs !
> Puis-je retourner auprès des autres ? Demanda Otto, soulagé d'avoir pu livrer ce qu'il pensait de son supérieur.
> Bien entendu ! Clôtura le blondinet d'un coup sec.

Seulement, il ne fut pas seul longtemps. Moins d'une dizaine de minutes plus tard, un autre de ses hommes fit irruption dans son bureau, un tas de paperasse sous le bras. Après les lui avoir déposé, il s'éclipsa sur ordre du jeune Commandant. C'était donc enfin là. Coincé entre un sentiment de curiosité et celui d'une révolte profonde, Vassili ouvrit la pochette qui contenait les nombreux documents composant le dossier qui lui avait été remis. Dessus, une inscription en lettre capitale noire trônait : La Cabale.

La secte illégale locale, désavouée par tous les autres cultes d'Inari. Des quelques bruits de couloirs auxquels Vassili avait prêté l'oreille, il en avait conclu qu'il s'agissait d'une secte d'assassins. Plus meurtriers que religieux, les membres qui la composaient vendaient leurs compétences aux plus offrants. Une question avait alors tournée des heures durant dans la tête de l'officier : Pourquoi le Colonel permettait-il qu'un tel groupuscule existe sur Inari. Une question qui malgré de longues heures de réflexion ne trouva pas de réponse satisfaisante. Alors, il décida que si telle était la situation, c'était à lui de l'arranger. Son sens du devoir était fort mais pas suicidaire. Il ne pouvait se lancer dans une telle entreprise à l'aveugle. Il avait alors demandé à quelques-uns de ses hommes de recueillir toutes les informations connues sur ce sombre groupe. Voici qu'en résulta un dossier qu'il feuilletait avec la grande attention.

Un récapitulatif caractéristiques de leurs croyances faisaient office de préambule. Plus il lisait, plus Vassili était révolté. Une histoire de "grand dessin qui tue", des hommes qui voyaient dans les astres une liste de noms à prendre pour cible. N'en croyant pas ses yeux, il se demandait si ce n'était pas une blague. Autant de foutaises écrits les unes derrières les autres ce n'était pas possible. La tolérance était érigée comme l'un des principes de vie les plus importants sur cette petite île de North Blue, mais bon. C'était tout à fait intolérable qu'une telle secte n'ait pas encore été annihilée par les forces de la Marine.

Puis, une liste des membres connus avait été faite. Le premier nom fut une surprise Ernesto Astral, surnommé "Le Guide" était donc le leader de ce groupuscule. Malheureusement, aucune photo n'accompagnait sa fiche. Cet homme été le chef de la Cabale depuis quelques années et sa prise de pouvoir avait signé l'accroissement de nombre d'assassinat sur l'île. Cependant, encore aujourd'hui nul cliché n'avait été pris de lui. Tel un fantôme il avait su passer entre les mailles du filet et cela ne plaisait pas au Commandant. Le stratège n'aimait pas combattre sans savoir qui était en face.
Puis, de nombreux autres membres furent détaillés les uns après les autres, photos - ou pas - à l'appui. Finalement, il arpenta chaque ligne, cherchant le moindre indice utile et observant chaque visage scrupuleusement. Vassili étudia le dossier sous tous les angles, la journée durant. Il ne se rendit pas même compte que le soleil tirait sa révérence. N'ayant pas mangé, il ne s'était pas rendu compte que la journée était passée. Absorbé, il était entré dans une bulle imperméable au monde extérieur. Finalement, lorsqu'il s'aperçut que la nuit guettait l'horizon, il referma ce dossier, sera la sangle qui permettait aux feuilles de ne pas s'éparpiller et pris la direction de ses quartiers en le gardant sous le bras. Pour lui, la nuit allait être courte. Mais ce n'était pas le seul.
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Tandis que le Soleil disparu derrière l'horizon et que la Lune pris sa place dans les cieux, la vie de la nuit s'activa. Des veillées religieuses, des moments de camaraderie dans les bars et de somptueux instant d'amour pour les familles qui couchaient leur enfants. La vie suivait son cours partout ou presque. A l'abri des regards, bien loin au cœur d'un lieu dont nul ne connaissait l'existence, quelques-uns des habitants de l'île participaient à des actions tout autre. Dans une grande pièce vide, froide et sombre une table sans invité trônait. Ronde, elle inspirait l'égalité. Soudain, quelques flambeaux furent allumés par un homme. A la lueur dansante des flammes, il pris place sans un mot. Croisant les jambes, il posa ses coudes sur la table et patienta quelques instants, la tête reposant sur ses mains. Un bruit se fit entendre au loin, des pas qui approchaient, assurés. Mains dans le dos, il s'agissait d'un homme de foi vêtu d'une tenue traditionnelle. Le bleu de sa tunique était profond, une teinture qui rappelait l'immensité de l'océan. Sur ses épaules reposait un tissu blanc brodé de fil d'or. Il arborait de petites lunettes lui donnant un air sérieux et il était coiffé d'une mitre richement décorée. Si un natif d'Inari l'avait croisé il aurait immédiatement connu l'homme surnommé "Le Cardinal". Religieux célèbre, père du culte océanique, son importance au sein du conseil de l'île était incontestée. Ulricht, de son prénom, pris place à droite du premier arrivé. Sans émettre le moindre son, il sembla attendre quelqu'un.
Les minutes passèrent dans une atmosphère pesante avant qu'un troisième homme n'arrive. Lui était beaucoup plus discret. D'un simple pantalon de cuir, il dissimulait son torse d'une cape de jute qu'aurait pu porter n'importe quel vagabond. Anecdotique, il était de ceux que l'on ne reconnaissait pas lorsqu'on les croisait dans la rue. Faisant tonner ses épaisses bottes sur le sol rocheux de cette salle, il tira sa chaise avant de s'y affaler violemment. Tous trois s'observèrent un instant.

> Bonsoir à tous, débute la réunion ! Tonna la voix du premier arrivé.
> Qu'attendez-vous de cette invitation Colonel ? Demanda la voix posée d'Ulricht Mardosof.
> Un élément vient perturber notre équilibre et je pense que les astres devraient parler, répondit Yoshi qui avait convoqué cette réunion.
> Une étoile s'est donc mise à briller plus que les autres ? Questionna le dernier homme.
> Très juste monsieur Astral, il s'agit de l'un de mes hommes ! Un certain Vassili Joukov, en avez-vous entendu parler Cardinal ?
> Hum.. ce nom me dit bien quelque chose, si je ne me trompe pas ce furent de très bon retour de la part de mes fidèles ! N'était-ce pas l'homme qui a arrêté les pirates lors de la prise d'otage ? Répondit le religieux, intéressé par la tournure inattendue de cette discussion. S'affalant sur son siège, croisant l'une de ses jambes sur l'autres tout en faisant de même pour ses bras, il était attentif au moindres mots prononcés.
> J'ai du le promouvoir Commandant suite à cet acte sur ordre du QG, il prend de l'importance dans mes effectifs... il s'annonce problématique...
> Oui d'accord, mais c'est votre problème Colonel Baresta, rétorqua Ulricht, moqueur.
> Il a fait demander un dossier complet sur La Cabale, a mon avis il va pas tarder à vous prendre en chasse Astral, dévoila Yoshi en déballant cette information capitale telle une bombe.
> Et bien, vous n'avez qu'à vous en débarrasser, fit Ernesto le leader de la secte d'assassin qui tapa du poing sur la table. Vous trouvez un moyen pour le faire dégager !
> Ce n'est pas si évident, reprit le Colonel calmement, sa demande de mutation est encore bloquée et il bénéficie de la confiance des soldats !
> Mais j'en ai rien à foutre ! S'emporta Ernesto qui ne voulait rien entendre des problèmes internes de la Marine.
> Gardez votre calme Astral, reprit Ulricht, si notre cher ami le Colonel vient nous en parler ici c'est qu'il n'a pu éloigner cet élément perturbateur par les voies administratives. N'oubliez pas que pour votre subsistance il doit absolument éviter d'être la cible d'enquête, ses actes doivent être mesurés ! Rappela le religieux avec sagesse. Qu'attendez-vous de nous Colonel ?
> Il va falloir employer vos hommes Astral, un destin tragique lors d'une mission. Aucun témoin, juste vos hommes et ce futur macchabé.
> Hum... et donc, qu'attendez-vous de mes disciples ? Questionna Ernesto quelque peu agacé.
> Qu'ils l'attirent dans un piège, je pensais à l'enlèvement de soldats de son unité !
> Plutôt osé Colonel, vous m'intéressez, se réjoui le Cardinal.
> Effectivement ! Enlevez deux groupes de soldats et emmenez-les loin de la ville. Il mordra à l'appât je vous l'assure !
> D'accord mais après, il va venir avec combien d'hommes ?
> Je ferais en sorte qu'il intervienne avec le moins d'hommes possibles ! Vous n'aurez alors plus qu'à le prendre en tenaille avec les vôtres et à vous en débarrasser.
> Et les otages ?
> Tuez-les, il ne faut pas de témoin ! Répondit froidement le Colonel.
> D'accord, ne pensez-vous pas que cela attirera un peu trop l'attention auprès de votre hiérarchie ?
> N'ayez crainte, je m'en occupe ! Je ferais grimper le seul homme dans la confidence, l'Adjudant Walderner, au rang de Lieutenant et l'ordre des choses sera rétabli !
> C'est sûr ? Je ne tolérerais pas la moindre embrouille Baresta ! N'oubliez pas que c'est grâce à nous que vous en êtes là, lança le guide de la Cabale d'un ton menaçant.
> Il n'y aura pas de conséquences, vous pouvez compter sur moi, je ne mettrai pas en péril cette alliance, tenta de rassurer le Colonel.
> J'l'espère bien, rétorqua le fanatique assassin, tranchant comme sa dague fétiche.
> Ne vous trompez pas Colonel, averti sobrement Ulricht, ne vous trompez pas !
> Tous est dit ?
> Oui, je souhaiterais que le premier groupe soit enlevé cette nuit ! Faites-en de même demain soir et je vous assure que d'ici deux jour il sera dans vos filets !
> Entendu, j'y vais, fit Ernesto, se redressant en poussant sa chaise en arrière. Saluant ses deux alliés de poids, il s'en alla aussi simplement qu'il était venu.
> Autant dire qu'il n'est pas ravi, ricana le célèbre prêtre. Que la nuit vous sois agréable Colonel, je me retire également, fit-il à son tour avant de partir.

Restant seul, le Colonel Baresta restait assis. Plongé dans ses pensées. Pourquoi avait-il fallu qu'un foutu jeune carriériste lui soit confié ? Sans scrupule, il ne regrettait pas d'avoir à la faire assassiner, mais plutôt qu'on vienne l'emmerder avec ces jeunes soldats pleins d'idéaux. Au moins, l'Adjudant Walderner, lui, ne lui poserait pas le moindre soucis.
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A peine eut-il le temps de s'installer à son bureau que Vassili fut dérangé. La porte vibra une première fois sous les coups de l'un de ses hommes. Il ne répondit pas. Puis elle fut secoué une seconde fois avec plus de vigueur. Lassé, le Commandant accepta que l'homme rentre pour lui livrer ses informations.

> Commandant, excusez-moi mais le groupe de Marol a disparu. Nous n'avons pas de trace depuis cette nuit, confia-t-il essoufflé.
> Comment ça ? Et la relève alors ? Demande Vassili étonné.
> Ils ont débuté avec une demi-heure de retard, attendant leur arrivée mais jamais ils ne les ont croisés !
> Donnez l'ordre de faire fouiller leurs appartements, les bars et tout autre lieu où ils auraient pu se cacher ! Vous pouvez déjà faire circuler que la sanction sera exemplaire !
> Oui Commandant, j'y vais tout de suite, répondit le soldat qui s'en alla faire exécuter les ordres donnés.
> Tsss, on a pas besoin de pleutre dans nos rangs ! pesta Vassili.

Excédé par ce genre de comportement minable, il savait déjà comment il allait punir ces hommes. Des retenus sur salaires, un service rallongé et la suppression de toutes les permissions de l'année. Après tout, la Marine n'était pas une organisation pour les planqués souhaitant attendre simplement que les paient tombent.

Le blondinet pris alors enfin place, terrassé de fatigue d'une nuit entière passé à décortiquer ce fameux dossier. Il en connaissait chaque termes par cœur. Il avait désormais en sa possession de nombreuses informations, mais pas les plus déterminantes. Il n'avait plus qu'à composer avec ses intuitions pour avancer ses pions sur l'échiquier. De l'autre côté du plateau, un fantôme jouait. Un fantôme qu'il comptait pour bien détruire sans concession. De ce qu'il avait appris, quelques cabanes de la forêt au nord d'Inari abritaient des prêcheurs qui se tournaient vers les cieux dès la nuit tombée. Vouant un culte certains vers les étoiles, ils étaient alors les principaux suspects. Bien que leur affiliation à la Cabale n'était pas certaine, ils semblaient être les plus proches d'un tel groupuscule. Décision faite, il fit alors réunir quelques-uns de ses hommes pour organiser une petite visite auprès de ces clercs mystérieux. A la tête d'une équipe d'une dizaine de soldats, il pris la route pour l'épaisse forêt septentrionale de l'île. Tous bien armés, ils écoutaient leur supérieur au doigt et à l'œil. Ils avançaient groupés, ne s'éparpillant pas afin de concentrer leurs forces. Après tout, s'il était en territoire hostile il valait mieux qu'il soit correctement protégé pour ne pas finir enterré au pieds d'un arbre.

Nul bruit, autre que le vent s'engouffrant des les feuilles, ne se faisait entendre. Ce silence angoissait les soldats qui s'imaginaient déjà se faire attaquer par des assassins assoiffés de sang à chaque instant. Pourtant, minutes après minutes cette tranquillité perdura. La forêt semblait comme couverte d'une présence divine, pesant sur l'atmosphère. Vassili leva les yeux au ciel, observant l'astre solaire peinant à percer au travers des feuillages par milliers. S'il en croyait ses informations, le premier prêcheur ne devait pas être loin. Ils marchèrent encore un peu avant d'être surpris par un doux son. C'était celui de l'eau, courant au travers d'un sillon creusé par sa course. Un petit ruisseau, large d'à peine deux mètres coupa leur route. Translucide, le liquide était d'une pureté étonnante. L'un des soldats y plongea un doigt avant d'être abasourdit par sa fraîcheur. Après tout, à l'ombre toute la journée elle n'avait pas vraiment l'occasion de se réchauffer. Le regard de l'officier subalterne parcouru les horizons, tentant de trouver un point lui permettant de passer sans se mouiller. Malheureusement, il ne trouva pas de passage au sec d'aussi loin qu'il pouvait voir. Résolu à ne pas souiller sa tenue éclatante, il désigna deux arbres aux troncs moins épais que les autres et demanda à ce qu'on les abattes. Après quelques minutes d'efforts, les troncs furent coupés placés de sorte à former un pont branlant au dessus de l'eau vive. La petite troupe passa de l'autre côté et marcha encore une dizaine de minute avant de tomber nez-à-nez avec une cabane pittoresque. Des carreaux cassés et une toiture rafistolée à la va-vite, il ne se trompait pas, c'était la chapelle qu'on lui avait décrite.

> Toquez messieurs, veuillez entrer et isolez le prêcheur, ordonna-t-il à ses hommes, prenant soin d'en garder deux à ses côtés.

Les soldats s'exécutèrent aussitôt et furent accueillit par un homme en soutane sombre. Il était mat de peau et ses cheveux blancs faisaient contraste avec la jeunesse apparente de ses traits. Il invita les soldats à entrer, leur offrant une boisson chaude à base de plante et d'eau du ruisseau. Aucun fidèle de trainait dans ce lieu et Vassili décida d'emboîter le pas de ses hommes envoyés en éclaireur. Lorsqu'il fit irruption dans la pièce chichement meublée, les yeux du religieux s'écarquillèrent.

> Mes frères, que me vaut la visite de soldats de la Marine, demanda-t-il simplement.
> Pas grand chose, enfin je l'espère. Dites-moi, êtes vous Mirdon Belga ? Questionna Vassili.
> Tout à fait monsieur... monsieur ? Laissa l'homme de foi en suspend.
> Commandant Joukov ! Nous enquêtons sur les actes d'un culte rejeté par le conseil d'Inari, connaissez-vous La Cabale ? Fit Vassili inquisiteur.
> Enchanté Commandant... Heu... je connais bien évidemment ce groupe mais je ne saurais m'y rattacher ? Rétorqua-t-il hésitant.
> Ce n'est pas ce que les rumeurs nous rapportent, fit l'un des soldats.
> Très juste, j'ai reçu quelques informations vous soupçonnant d'être l'un de ces adorateurs des astres.
> Et bien... effectivement ma foi se rapporte aux dires des astres, mais de là à dire que je suis l'un des assassins d'un culte obscur, il y a un fos...
> Assez monsieur Belga, permettez-nous de procéder à une fouille ? Rebondit Vassili, attendant avec impatience de son interlocuteur.
> Heu.. et bien je n'ai pas eu le temps de mettre de l'ordre ici, mais si vous le souhaitez allez-y !
> Très bien, je vous prie donc de vous mettre en retrait, asseyez-vous donc sur cette chaise, cela ne devrait pas être trop long.

Le religieux acquiesça dépité et pris place, obligé par l'autorité conférée par la Marine à Vassili. Sa main gauche effleura discrètement sa hanche. La pression exercée sur son habit laissa apparaître la forme d'un poignard qui n'échappa pas à la vigilance du blondinet. Maintenant certain, il fit ne manqua pas de conserver deux hommes en guise de remparts entre lui et le fanatique. Ses hommes retournaient chaque élément de la pièce, poussaient les meubles et décrochaient les rares cadres qui décoraient les murs. Rien. Résignés, ils semblaient alors avoir fini. Mirdon soupira lorsque l'un des soldats buta sur une planche du parquet légèrement surélevée. Suscitant aussitôt la curiosité, les soldats s'affairèrent à la retirer du plancher pour comprendre cette différence soudaine de niveau au sol. Souriant, vainqueur, Vassili savait que le prêtre était fait. Ce dernier attendit encore quelques instants, le cœur battant la chamade. Pris entre deux feux, il ne pouvait laisser les soldats découvrir ses secrets mais ne pouvait non plus se dévoiler. Ce fut lorsqu'un soldat émit un bruit de dégoût que l'homme réagit. Il se dressa, dégaina son poignard et tenta de sauter sur l'un des soldats. Malheureusement, il fut stoppé par un fusil pointant directement son visage. Aucune chance que la cible soit manquée. Tous les soldats prirent les armes et s'empressèrent de passer les menottes à cet homme. Dès lors, Vassili lança un regard sombre au prêcheur malintentionné avant d'aller voir de ses propres yeux la trouvaille de ses hommes. Lorsqu'il fut à hauteur il fut surpris, fit un pas en arrière et serra sa mâchoire. Sous le plancher, trois squelettes dont celui qui appartint surement à un enfant avaient été dissimulés. Faisant volte-face à l'assassin, son regard s'obscurcit encore, laissant largement transparaître sa volonté.


Dernière édition par Vassili Joukov le Mar 20 Avr 2021 - 9:39, édité 1 fois
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> Je ne suis responsable de rien, objecta Mirdon en lâchant son arme face à l'hostilité des soldats.
> Eh bien soyez serein alors, détendez-vous et asseyez-vous, j'ai quelques questions pour vous, répondit Vassili, narquois.
> ... D'accord, fit le prêcheur tout en s'exécutant. Désormais assis, il reprit ses jérémiades, jurant de n'être en aucun cas lié à la présence de ces cadavres.
> Pourquoi n'avoir pas révélé la présence de ces cadavres monsieur ?
> Je n'étais pas au courant !
> Pourtant votre réaction m'avait l'air d'être assez parlante... vous vous êtes dressé et vous êtes mis sur la défensive dès lors que mes hommes ont soulevés le plancher ! Etes-vous l'un des membres de la Cabale ?
> Absolument pas, j'ai perçu l'hostilité de vos hommes.
> Ne me faites pas perdre mon temps ! Dites-moi tout ce que vous savez !
> Je ne sais rien ! Je ne sais absolument rien, niait-il continuellement.
> D'accord, je comprend bien... alors nous allons procéder autrement monsieur ! Soldats, préparez la salle d'interrogatoire, ordonna sèchement Vassili.

Ses hommes se mirent en action, prenant tapis et tissus pour les rouler et les installer sous les portes. Ils couvrirent aussi les fenêtres, diminuant drastiquement la luminosité de cette cabane perdue. Ainsi, nul ne les voyait depuis l'extérieur et le volume sonore serait bien atténué. Mirdon s'inquiéta, gigotant tel animal pris dans un piège. Sachant qu'il allait passer un sale quart d'heure, il suait à grosses gouttes. Son pouls s'accélérait, ses tempes battaient tels des tambours. La peur. Il l'a ressentait bien. Face à cet officier inflexible, il savait qu'il n'avait pas vraiment d'issu. Les soldats prirent place, dos à l'homme, visant de leurs armes vers l'extérieur. Pendant ce temps, le Commandant, accompagné de l'un de ses subordonné, pris saisit son épée. Encore dans son fourreau, l'arme était tendue entre lui et le fanatique.

> Dites-moi tout ce que vous savez sur la Cabale !
> Je... je ne sais rien... arggggh, râla-t-il lorsqu'il se pris un violent coup du fourreau de bois dans le visage. Je ne sais rien !!!!

Les questions s'enchainèrent, les coups se succédèrent mais les aveux furent minces. Quelques bribes d'informations furent arrachés, mais rien d'assez concret pour constituer de véritables indices.

Assis, toujours menotté sur sa chaise, le visage tuméfiés, Mirdon faisait bien peine à voir. La dureté de Vassili, insoupçonnée de ses hommes, était impressionnante. N'en démordant pas, il continua à supplicier l'homme jusqu'à ce que crachant ses dents, ce dernier avoua être l'un des membres de la Cabale. Un premier aveu qui rassura les soldats, soulagés de ne pas faire subir un tel traitement à un innocent. Cependant, ce fut tout et il ne dit plus rien par la suite.

> C'est tout ? Il n'y a donc rien de plus que vous pouvez me dire ?
> Hmmmpfff... souffla-t-il difficilement. Je ne sais rien...
> Qui est le Guide ?! Vociféra Vassili.
> Notre chef....
> Qui sont les prochaines cibles ?
> Je n'en sait rien !

Un coup partis, heurtant violemment le front du fanatique, faisant basculer sa tête vers l'arrière. Souffrant, la bouche pleine de sang et le visage mutilé, il peinait à garder les yeux ouverts. Redressant sa nuque non sans difficulté, il fixa d'un seul œil le Commandant.

> Je ne sais....
> Parle, hurla Vassili qui dégaina son épée et fit mine de lui trancher le cou.
> Ok.... ok ok... c'est bon je vais parler, se plaignit l'interrogé dont les larmes, mêlées au sang coulaient déjà à flot. C'est... c'est la Cabale qui a kidnappé vos hommes !
> C'était donc ça... murmura Vassili avant de donner un coup avec la garde de son sabre, fracassant le nez du fanatique dans une effusion de sang.
> C'est bon, pleura-t-il à sanglots, c'est bon j'ai tout dit...
> Pourquoi avoir capturer mes hommes, reprit le Commandant qui fit semblant de frapper à nouveau.
> Je... J'n'en sais rien ! J'ai pas été mis au courant ! Laissez-moi, je vous en supplie, laissez-moi, quémanda l'homme dont les gémissements serrèrent les entrailles des soldats. S'il-vous-plait.... je vais déjà mourir de vous avoir dit ça !
> Non tu ne mourras pas ici.
> Ils vont m'tuer !
> Je te place en cellule, chez nous dans la Base, tu y seras à l'abri des assassins ! Tu y croupiras pour toujours, mais au moins tu seras vivant ! Marché conclu ? Demanda Vassili.
> Ok... d'accord c'est bon ! Je viens, accepta Mirdon que la douleur faisait grimacer.

L'interrogatoire musclé s'interrompit alors aussitôt. Deux soldats le redressèrent, puis lui mirent un sac en toile sur le visage afin que nul ne puisse le reconnaître. Le blondinet rangea sa lame puis se massa les mains. Elles étaient douloureuses. Eternel incapable du combat, il n'était pas fait pour frapper si fort. Si bien que les chocs lui firent mal alors qu'il n'avait pas la moindre résistance en face. Triste constat pour un homme récemment passé Commandant. A la porte des Officier Supérieur, ses aptitudes physiques n'avaient toujours pas évoluées d'un pouce.

Entouré de ses hommes, il sorti de la cabane, accompagné du religieux. Le petit groupe retourna sur ses pas et fini, après une longue marche, par rejoindre la Base. Lorsqu'ils traversèrent la ville tous les regards les fixèrent, les questions et les rumeurs fusèrent sans qu'ils n'accordèrent la moindre réponse. Vassili reprit ses quartiers, rejoignant son bureau afin d'y échafauder un plan tandis que Mirdon fut emmené dans l'une des cellules de la base. Ensanglanté, on lui prodigua uniquement les soins d'urgences afin qu'il survive, avant de le jeter dans sa cage. L'accueil ne fut pas reluisant, un quignon de pain lui fut donné en guise de bienvenu et on l'y laissa seul. Sous la vigilance indéfectible d'un soldat, il n'avait pas la moindre opportunité d'échappatoire. Ainsi, il passa de religieux-assassin-fanatique à simple prisonnier à perpétuité.
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Alors que cette journée arrivait à son termes, Vassili, assis au fond de son siège était loin d'être passif. Les révélation faites par Mirdon l'avaient fait cogité et il ne comptait pas se laisser faire par une organisation criminelle. Lui qui se destinait à être un symbole de justice fort de part le monde se devait d'intervenir. Certains de ses hommes avaient été capturés la veille dans la nuit et son intuition lui hurlait de se méfier. Après tout, aucune revendication n'avait été faite, alors pourquoi prendre des soldats en otages ? Les tuer ? Dans quel but ? Cela n'avait aucun sens pour le Commandant. Si des assassins avaient voulu se laisser la voit libre pour un autre méfait, ils auraient frappés la même nuit. Cependant, à Inari aucun autre incident n'avait été recensé. Les réflexions de l'Officier lui prirent une bonne partie de l'après-midi mais menèrent quelque part. Il avait retourné les événements dans tous les sens et aucune autre solution n'était plus limpide que celle à laquelle il était arrivé. On cherchait à l'appâter. Après tout, ses récentes actions avaient fait de lui une cible de choix pour un tel groupuscule. Or, s'ils cherchaient à l'éliminer, Vassili vendrait chèrement sa peau. Quelque chose, malgré tout, le tracassait un peu. On l'avait pris pour cible, la nuit suivant sa demande de dossier concernant La Cabale. N'étant pas un fervent croyant des coïncidences, cet élément ne lui plaisait guère. Un traître dans les rangs de la Marine, après tout, on lui avait bien tiré dessus lors de la prise d'otages collectives il y a quelques jours. Cette affaire s'obscurcissait alors que des éléments mettaient en lumière un ou des membres infiltré dans son camp. Une situation déplaisante au plus haut point pour un stratège. En tout cas, il ne pouvait se polluer l'esprit avec cela tout de suite. Il lui fallait résoudre cette affaire au plus vite et pour cela, il devait employer toutes ses forces.

Il avait fait venir Otto, son second, dans son bureau. Etant l'homme en qui le blondinet portait le plus de confiance, l'attribution d'une mission spéciale ne pouvait être confiée à quiconque d'autre. Les discussions, discrètes s'enchaînèrent et l'Officier missionna l'Adjudant de surveiller les différentes équipes de patrouille de cette nuit. Après tout, s'il fallait attirer le Commandant dans un traquenard, il fallait lui donner un leurre plus gros. Prévoyant ainsi de nouvelles disparitions, il fit en sorte que nul autre ne soit au courant de cette tâche secrète. Le bénéfice était double, si un traître parmi les soldats était présent alors il n'en saurait rien, si ce traître s'avérait être Otto alors il serait fixé définitivement. L'air de rien, il repris ses quartiers en s'assurant de conserver l'escargophone qui le liait au silencieux.

La nuit avança, les patrouilles s'enchainèrent au rythme des relèves des différentes équipes. La Lune poursuivit son inarrêtable course, mettant en valeur les étoiles du firmament dans un somptueux tableau. Le calme s'engouffra dans Inari et seuls quelques rats arpentaient les ruelles sombres, cherchant de quoi se restaurer inlassablement. Un petit vent frais faisait donnait un avant-goût des fraîcheur qui harassaient d'autres îles plus au Nord. Deux groupes de soldats se croisèrent au détour d'une rue marchande, l'une termina son service et l'autre le débutant. Lorsqu'elles se passèrent le flambeaux de la sécurité de la ville, un homme les observait. Tel une chouette scrutant la nuit de sa vue acérée, il chassait. Un l'abri des regards sur un toit, rien ne lui échappait. Une heure ou deux passèrent avant qu'un événement vint troubler la sérénité qui englobait Inari. Les soldats entendirent un bruit métallique. Ils prirent alors la direction d'une ruelle et s'y engouffrèrent. Face à un cul-de-sac, ils décidèrent de rebrousser chemin lorsqu'il subir l'assaut d'ombres silencieuses. Il n'y eu pas de combat, que de simples k-o. Les représentants de l'ordre, assommés, furent discrètement transportés à l'extérieur de la ville. Les ravisseurs fendirent l'épaisse forêt, suivit de loin par ce veilleur de nuit. Les soldats furent menés loin, jusqu'à un petit sanctuaire de pierre. Otto s'arrêta et rebroussa chemin, craignant de se faire repérer s'il avançait plus encore. Son retour dura longtemps mais lorsqu'il arriva enfin à Inari, il s'empressa d'appeler son supérieur. Leur échange fut bref, Vassili visualisa où avaient été emmené ses hommes et remercia son second pour son efficacité. Les deux hommes se quittèrent ainsi et chacun pu enfin se reposer.

- Le lendemain matin -

[justify]Lors de sa prise de poste à sept heure précise, Vassili découvrit une Base en effervescence. Interpellé il fut conduit par l'un de ses hommes jusqu'à la prison de la Base où il découvrit le corps de Mirdon sans vie. La gorge tranchée, il avait été saigné tel un porcin. Fou de rage, le Commandant retourna dans son bureau. Là, loin des regards il fut pris d'une colère noire. Envoyant valdinguer son dossier sur la Cabale à travers la pièce. Il avait été doublé. Son adversaire avait habilement avancé ses pions et mettait en défaut la stratégie du jeune Officier. Bien sûr il n'avait pas perdu, mais c'était tout de même un sacré coup dur pour lui. Il espérait d'éventuels nouveaux aveux et la mort du prêcheur entérinait l'opération. Désormais, Vassili n'avait plus qu'une seule option : débarquer dans ce lieu mystérieux et y libérer ses hommes. Cependant, avec cette histoire de traître le choix était limité. Il ne pouvait faire intervenir trop de soldats au risque de se tirer une balle dans le pied. Alors, il décida de créer une équipe de choc. Une équipe réduite mais surement la plus efficace de toute.

Après avoir fait valider sa requête d'intervention auprès du Colonel Baresta, Vassili fit appeler deux hommes. Otto Wuthmann et Benedict Walderner. Ses deux Adjudants étaient les seuls avec qui il pouvait réaliser une telle mission. A eux trois ils avaient la puissance nécessaire pour mettre un termes à cette frénésie machiavélique de la Cabale. Sûr de lui, il leur communiqua l'heure de départ de cette expédition punitive et libératrice.

Aussitôt sorti du bureau du Commandant, les deux Sous-Officiers avaient pour ordre de se préparer pour un âpre combat. Ils s'équipèrent et en finirent avec le peu de paperasse qui les encombraient. L'un deux, Benedict, passa un coup de fil discrètement.

> Je suis en place Colonel, nous allons partir très bientôt ! L'équipe est prête ?! Demanda-t-il en chuchotant.
> Oui, j'ai pu contacter leur groupe et ils savent que vous êtes dans leur camp, par contre ils auront besoin d'un peu de temps pour se réunir, j'ai missionné quelqu'un pour leur faire gagner du temps. Cette fois-ci, c'est la fin Benedict ! Revenez vainqueur et vous serez Lieutenant, répondit une voix qui aurait été familière à Vassili avant de raccrocher.

Otto, Benedict et leur supérieur se réunirent donc dans la cour de la Base. Lames aiguisées, pistolet lustrés et chargés ils étaient prêt à vivre un combat sûrement difficile. Tous trois traversèrent les rues d'Inari sans discuter. Leur objectif était loin et leur détermination semblait sans faille. Ils allaient quitter la ville lorsqu'un homme vêtu de bleu les arrêta.

> Commandant Joukov c'est bien cela, fit une voix chaleureuse dans le dos de l'Officier qui se retourna aussitôt. Enchanté, je me présente Ulricht Mardosof, père du culte océanique.
> Bien le bonjour monsieur Mardosof, je suis tout à fait ravi de faire votre connaissance... répondit Vassili embarassé.
> Plaisir partagé Officier..
> Mais je n'ai guère de temps à vous accorder à l'instant, pourrions-nous nous donner rendez-vous d'ici demain ? Une affaire urgente à régler vous comprenez.
> Oh oui bien sûr, je comprend tout à fait seulement... c'est à dire que j'avais une demande particulière à vous faire... Puis-je abuser de votre temps ? Ce ne sera pas long !
> Et bien, je vous suis mais je ne saurais être en retard !
> Promis cela sera rapide, le rassura le Cardinal.

Benedict et Otto restèrent sur place, laissant Vassili partir avec cet homme de foi. Ils entrèrent dans un bâtiment richement décoré, couvert de mosaïques de diverses teintes de bleus. Tout y rappelait la mer, des motifs de vagues jusqu'aux hublots qui servaient de vitraux.

> Commandant Joukov, permettez-moi de vous administrer le sacrement océanique, fit Ulricht qui tenait une louche en fonte dans sa main droite.
> Comment ça, s'offusqua Vassili qui ne comprenait pas vraiment.
> C'est une tradition et je n'ai pu vous rencontrer auparavant, d'autant que si vous avez des affaires urgentes cela vous donnera l'appui du saint dieu Océan.
> Très bien soit, en quoi cela consiste-t-il, demanda le blondinet qui compris qu'il n'avait pas vraiment le choix. Il n'avait alors plus qu'à abréger la cérémonie pour partir au plus vite.


Dernière édition par Vassili Joukov le Mar 20 Avr 2021 - 9:41, édité 1 fois
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Cette mascarade ne dura pas moins d'une quinzaine de minutes, précieuses minutes durant lesquelles Vassili bouillonnait intérieurement. Lui qui avait une folle envie d'envoyer valser cet homme de foi d'un revers de main ne pouvait, cependant, que subir la situation. Dès lors qu'il avait entendu le nom de Mardosof il s'était figé un court instant. Fouillant dans sa mémoire il se souvint rapidement de l'importance de cet homme. Eminent membre du Conseil d'Inari, le Commandant ne pouvait alors pas commettre d'impair auprès d'une telle personnalité. Prenant son mal en patience, il se plia à cette cérémonie qu'il jugeait absolument ridicule sans broncher. Face à lui, Ulricht arborait un grand sourire, sincère au possible et réconfortant. Un sourire de ceux qui écoutaient les âmes perdues pour les remettre sur le droit chemin.

Lorsqu'enfin, le Cardinal décida que sa cérémonie factice pouvait prendre fin, il libéra Vassili tout en lui livrant un message de paix et de bonne fortune qu'il tenait de sa divinité. Un charabia qui ne fit que passer dans l'esprit de l'Officier qui ne l'écouta pas. Son esprit était déjà ailleurs. Le blondinet remercia tout de même ce père spirituel de bon nombres d'habitants de l'île avant de rejoindre ses hommes qui patientaient encore à l'extérieur. Ils se retinrent de faire le moindre commentaire lorsqu'ils virent le visage agacé de leur supérieur. Sans un mot, tous trois repartirent et sortirent de la ville. Le sol n'était plus pavé, laissant la place à un espace parsemé de fleurs éparses et de légions de mauvaises herbes. Leur marche était soutenue, pressés par l'importance de cette expédition ils avançaient sans se retourner. Rapidement ils entrèrent à l'orée de la forêt et se frayèrent un chemin entre les racines et les troncs massifs. Les conifères se succédaient tandis qu'ils continuaient en formation serrée. Otto se trouvait seul à l'avant tandis que Vassili et Benedict lui emboitaient le pas quelques mètres derrières à peine. En triangle, ils fendaient la verdure sans s'en préoccuper. L'homme qui amorçait la marche se souvenait précisément du chemin qui menait au sanctuaire à moitié avalé par la végétation. Il n'hésitait jamais lors des embranchements et poursuivit sans route tel une flèche fusant vers sa cible. Le trajet dura deux longues heures, mettant l'endurance du Commandant à rude épreuve. Loin d'être sportif, le souffle court il peinait à suivre le rythme de ses hommes. Pourtant, jamais il ne se plaignit pas. Faisant de son possible pour masquer l'impact que cet effort avait sur lui. A la traine, ils étaient alors en fil indienne malgré eux. Finalement, ils arrivèrent enfin à destination. Otto s'arrêta net lorsqu'il reconnu un arbre sur lequel il avait fait une marque la nuit passée. A peine plus de trois-cents mètres plus loin se trouvaient les ruines d'un ancien temps. Ce sanctuaire d'un temps passé était comme rongé par la végétation ce qui lui donnait un air plus mystique encore. Le bras gauche en guise d'arrêt, l'Adjudant transmis l'information que ses deux comparses suivirent aussitôt. Les trois hommes se réunirent, ayant besoin d'une mise au point avant de passer à l'action.

> Soldats, nous passons dès à présent en posture de surveillance, annonça Vassili sereinement. Adjudant Wuthmann, faites-moi le tour de ce sanctuaire, repérez les lieux. Je veux les points d'entrée, la configuration globale du bâtiment et tout ce qui pourra être utile, je veux un rapport d'ici 25 minutes !
> Oui Commandant, s'empressa-t-il de répondre.
> Attendez, soyez discrets !
> Entendu, fit-il avant de s'en aller pour débuter ses observations.
> Adjudant Walderner ?
> Oui Commandant Joukov, fit le moustachu.
> Trouvez-moi un point de vue discret et vérifiez-moi le nombre d'individus à l'intérieur, pour le temps idem que Wuthmann !
> Oui Commandant, je m'y met immédiatement, rétorqua faussement docile le subordonné.

Dès lors qu'il fut seul, Vassili pris le temps de s'assoir sur un rocher qui dépassait du sol. Sur son siège des plus rudimentaire il attendait. Son esprit, tracassé par l'affaire de trahison, ne pouvait se mettre au repos. Aussi, même à quelques minutes d'un assaut déterminent il ne pouvait faire le vide dans ses pensées. Après tout, il avait reçu une balle. Une balle tirée d'un canon allié. Puis son prisonnier s'était fait descendre, au sein même de sa cellule dans la Base. Nul autre n'aurait pu agir. Tendu, il rumina sa colère toute la phase d'observation durant. Si bien qu'il eut cru qu'une poignée de seconde, seulement, s'était écoulée quand il vit ses deux hommes revenir vers lui. Surpris, il prit la montre à gousset qui se trouvait dans sa veste et acquiesça. Il n'avait donc rien vu passer.

Invitant Otto à faire son rapport, ce dernier dégaina son sabre afin de dessiner au sol un plan des lieux de la pointe de sa lame. Le tracer dans la terre fit apparaître un dessin grossier mais comportant l'essentiel des informations.

> J'ai déterminé deux points d'entrés, un juste ici à la droite et l'autre en plein milieu du mur qui nous fait face. Ce dernier est l'entrée principale.
> Hum d'accord, enregistra Vassili qui visualisait les lieux du mieux qu'il le pouvait.
> Le bâtiment est constitué d'une enceinte de pierre entourant une cour intérieur. Puis, à l'arrière, il y a une salle rectangle avec un toit. Surement un point essentiel de culte, un autel peut-être, rapporta Otto avec le plus de précision possible.
> D'accord, bon merci Adjudant Wuthmann bon travail ! Et vous Walderner ? Reprit le blondinet en se tournant vers le tireur d'élite.
> J'ai pu voir huit hommes armés, mentit-il, vêtus de toges brunes. L'un d'eux semblait différent. Au potentiel autel j'ai pu voir des hommes, assis au sol, sûrement nos hommes.
> Bon très bien soldats. Prenez une dizaine de minutes de pause, ensuite je vous présenterais le plan d'attaque et nous passerons à l'action, entendu ?
> Oui Commandant, répondirent-ils tel un seul homme.
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- Le matin même, avant que le soleil ne se lève -

Les longs couloirs sombres de la caserne semblaient bien vides. Les quelques soldats éveillés étaient à l'extérieur, surveillant la Base ainsi que la ville. Tout était parfaitement rodé, les prises de postes se succédaient pour les rondes et avaient été calibrées bien en amont. Si bien que chacun savait s'il pouvait se reposer ou bien s'il avait à combattre le sommeil. Une pièce, elle, était cependant constamment surveillée. Il s'agissait de la prison, regroupant les quelques cellules que comptait l'édifice de la justice. Un homme, renouvelé toutes quarante-cinq minutes, avait pour rôle d'éviter les évasions comme les intrusions. Un rôle essentiel qui n'était pas à prendre à la légère. Combien de fois avait-on assisté à des infiltrations de membres de la Révolution, de pirates ou de mafieux prêt à tout pour libérer leurs camarades incarcérés.

Cependant, cette nuit là un caillou, un tout petit caillou vint se glisser dans cette mécanique bien huilée. Les horaires des tours de garde avaient été trafiqué en secret. Nul ne s'en était aperçu si bien que cinq minutes durant, les cellules furent sans surveillances. Les quelques malfrats qui s'y trouvaient dormaient à poings fermés tandis qu'une silhouette saisit l'opportunité. Nul bruit ne se fit entendre, personne ne vit rien. La mort s'était simplement abattue, silencieuse et soudaine tel le courroux divin au-dessus des crânes des pêcheurs invétérés. Quelques minutes plus tard, un peu plus loin, une porte se ferma avec délicatesse. Elle ne claqua pas, laissant simplement un petit bruissement d'air témoigner de sa manœuvre. Dessus, une plaque de fer, gravée d'un nom que l'obscurité masquait.

- retour au présent -

Le Commandant était accroupi, équipé d'une branche dégarnie qu'il utilisait tel un crayon, cogitant au sujet de son plan d'action. Il traçait à même le sol, effaçait lorsqu'il se rendait compte que cela ne fonctionnerait pas puis recommençait encore et encore. Tandis que ses hommes avaient le droit à un instant de répit pour se préparer au mieux, lui s'affairait à ce qu'il faisait le mieux : monter une stratégie. Malheureusement, les inconnues étaient nombreuses et cela ne plaisait guère au blondinet. Comme coincé dans un exercice intellectuel éprouvant, son index droit servait d'appui à son front. Ses lèvres étaient pincées et l'on aurait presque pu apercevoir ses méninges fonctionnant à toute allure. Puis, l'espace d'un instant son regard s'éclaircit tandis que sa tête fit un léger mouvement vers l'arrière. Son bâton fusa au sol, dessinant de multiples lignes qui se succédèrent à grande vitesse. Un léger sourire en coin investie son faciès. Il avait trouvé. Déterminé, il appela ses subordonnés qui rappliquèrent aussitôt. Vassili se redressa, se mettant alors à la hauteur des autres pour leur expliquer précisément la suite des événements.

> Soldats, j'ai mis au point un plan qui devrait nous permettre de mener à bien notre mission ! D'abord, les objectifs : 1, on fait irruption dans la cour, 2, on évacue les nôtres, 3, on élimine les assassins ! Expliqua-t-il en guise de préambule. Premièrement, Adjudant Walderner vous passerez par l'entrée de droite. Tirs sans sommations, votre objectif est d'occuper l'attention de nos ennemis. Logiquement ils tenteront de se regrouper pour répondre et c'est alors que vous, Adjudant Wuthmann, désigna Vassili en se tournant vers l'intéressé, vous interviendrez vingt secondes après Walderner, faisant irruption par la porte principale et irez au contact immédiat de l'ennemi. A vous deux vous sèmerez le désarroi dans leurs rangs. Walderner, vous avancerez de quelques pas vers nos hommes afin de couvrir mon intervention. J'arriverais donc par la même porte que vous, un peu plus d'une minute plus tard et foncerait immédiatement vers nos hommes pour les libérer. Dès lors qu'ils auront pris la fuite par cette même porte, nous mènerons le combat de front avec toutes nos forces, fit-il, marquant une pause dans ses explications afin d'être sûr que tous aient suivi. J'ai confiance en vos capacités, soldat ! Une question ? Demanda-t-il avant que des signes de négations ne lui soient retournés. Allons-y, attaque prévue dans trois minutes, annonça-t-il finalement.

Le regard noir du Commandant en disait long sur sa motivation. Après tout, il se jetait dans la gueule du loup, faible comme il l'était. Sans mental, il serait tué sans avoir le temps de faire quoi que ce soit.

Les trois hommes avancèrent discrètement, faisant en sorte de faire le moins de bruit possible. Ils s'installèrent à leurs postes respectifs, attendant le signal. Otto tenait fermement son sabre, prêt à trancher la chair partout où elle serait. Benedict, doit déjà bien positionné sur ses gâchettes n'avait besoin que d'une légère pression pour semer la mort dans le camp adverse. Enfin, l'Officier visualisait les actions qu'il avait à mener. Toute la stratégie résidait dans le respect de la chorégraphie qu'il avait orchestré. S'appuyant allègrement sur les compétences de ses hommes, Vassili paraissait confiant. Pourtant, aucune stratégie n'était infaillible, c'était d'ailleurs tout l'intérêt de la chose. Le blondinet, fraîchement promu se voyait encore, de son côté de l'échiquier avançant ses pions. Le roi en face était sûrement en mauvaise posture mais loin d'être échec et mât.
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La tension était à son comble, les trois soldats de la Marine se retenant de respirer afin de s'assurer de faire le moins de bruit possible. Grâce à la tactique de Vassili, ils étaient parfaitement coordonnés. Vu leur préparation impossible que les assassins n'opposent une véritable résistance. Le blondinet, confiant, tapota légèrement l'épaule de Benedict qui compris aussitôt ce que cela impliquait. Il s'engouffra avec courage dans l'encadrement de la porte qui menait à la cour intérieur du sanctuaire. Si tôt qu'il vit la dizaine d'ennemis lui faisant face il ouvrit le feu. Les détonations s'enchainèrent, telle une pluie meurtrière, s'abattant sur l'adversaire. Comme l'avait prévu le Commandant, les assassins se regroupèrent autour de leur chef, sortirent pistolets et sabres pour répliquer au plus vite. Quelques râles de douleurs percèrent la cacophonie des plombs volants de toutes parts.

Le cavalier de l'échiquier venait d'avancer d'un bon, menaçant le camp adverse.

Quelques secondes plus tard, alors que toute l'attention était concentrée sur l'Adjudant moustachu, Otto fit son apparition telle une bête sauvage. Lame parfaitement aiguisée, il s'élança directement au contact des assassins pour en découdre au plus vite. Les bruits de fers s'entrechoquant cinglèrent en ce lieu mystique. La bataille faisait rage. Les deux Sous-Officier venaient de suivre à la lettre les instructions de leur supérieur et cela leur réussissait plutôt bien. Le silencieux découpa un bras, puis trancha un torse dans une effusion de sang sans pareille. De son côté, Benedict écouta les ordres scrupuleusement. Il fit quelques pas vers l'emplacement de l'autel, afin de couvrir les prochains déplacements de leur formation.

Le fou avait alors traversé la diagonale du plateau de jeu, tendant un piège mortel au roi adverse.

La minute qui suivit fut celle de l'intervention de Vassili. Il arriva par la même porte que celle de Benedict, ne s'attardant pas un instant sur la scène d'affrontement. La stratégie fonctionnait, le chemin était libre. Le blondinet couru jusqu'à l'autel où étaient amassés ses hommes. Enfin, un cri de rage fendit l'air, stoppant presque net les coups de feu. Le Commandant avait hurlé toute sa colère d'un seul trait. Face à lui, ce n'était plus des prisonniers mais de simples corps entassés. Plus un seul de ses hommes ne respirait encore, baignant dans un bain de sang presque séchés, ils étaient étendus les uns sur les autres. Serrant le pommeau de son épée sous le coup de la frustration, l'Officier se retourna et vit la vérité en face : il avait été piégé.

L'effet de surprise n'avait semblé fonctionner que quelques secondes, le temps qu'il entre sur la scène puis tout s'était retourné. Benedict s'effondra, touché par un projectile. Sans la moindre défense, Vassili était à la merci de ses opposants. Pestant à tout va, il rageait contre lui, contre ses ennemis qui l'avaient dupés avec ces corps et contre le traître qui infestait les rangs de la Marine. Car oui, il en était sûr, sa stratégie était trop bien ficelée pour qu'elle soit mise si facilement en déroute. Un sentiment des plus désagréable le parcourait. Face aux cadavres, un dégoût tenace lui serrait la gorge, mais plus encore, il avait cette sensation d'être tombé dans la toile d'un ennemi. Comme si se débattre ne servait à rien d'autre que de l'empêtrer plus encore dans une sale situation.

> Putain... lâcha-t-il lorsqu'il se rendit compte qu'ils n'étaient plus que deux contre une dizaine d'ennemi.

Lourd de sens, ce juron qui ne faisait pas partie du vocabulaire du Commandant marquait son désarroi. Tout le stratagème qu'il avait pensé pour faire tomber le roi adverse s'était retourné contre lui. Désormais, dénué de pions et accompagné de son seul cavalier, il devait faire face. Une question vint le tourmenté, il tressaillit comme s'il allait tomber. Aucune balle n'était tirée dans sa direction, ses ennemis attendant un mouvement. Otto lui-même, repoussé dans son assaut restait désormais immobile, attendant de son supérieur la moindre indication. Abandonner... cette solution traversa l'esprit de l'Officier. Après tout il n'était pas un guerrier. Comment pouvait-il poursuivre un combat dont l'issue était d'ores et déjà connue ? Les idées fusèrent, s'entremêlèrent et embrouillèrent l'esprit du stratège. Qui lui en aurait voulu ? Une sorte de chaleur s'installa dans ses tripes, le faisant bouillonner doucement, d'abord, de l'intérieur. Puis, cette onde ardente grimpa, se logeant dans son thorax puis vint enflammer son cœur. Impossible. Soldat de la Marine, son honneur était prioritaire sur sa vie. Son défunt père s'était attaqué à un Empereur pirate, simplement pour son honneur alors pourquoi lui, Vassili, ne pouvait-il pas honorer le nom de Joukov ? Toute hésitation se dissipa en un instant, et les faiblesses de cet homme devinrent ses forces. Sous-estimé, il dégaina son épée ce qui fit entrer Otto dans une rage folle. L'Adjudant, bien que menacé de nombreuses lames, fut revigoré par la décision de son supérieur et reprit le combat de plus belle. Il trancha tous les ennemis qui s'opposaient à lui, tel une bête sauvage.

Un homme, légèrement en retrait par rapport aux autres assassins, dissimulé sous sa capuche, arborait un naginata, grande hallebarde traditionnelle de Wano Kuni, aussi grand que lui. Equipé d'une telle arme, il était presque sûr qu'il s'agissait du leader de ce groupe et Vassili l'avait bien remarqué. Sa tête, il lui fallait sa tête. Cependant, l'homme ordonna à ceux qui avaient mis Benedict en échec de tirer. Le Commandant, acculé et sachant qu'il n'avait pas les armes pour répondre n'abandonna point. Il pris la fuite, courant vers les cadavres de ces hommes égorgés avant de se fondre parmi eux. Entouré de chair putréfié par l'air libre, il retenait sa respiration pour ne pas avoir de hauts le cœur tant l'odeur du sang chaud était forte. Protégé par cet amas de chair, il parvint ainsi à ne pas subir de blessure fatale. Alors, un soldat armé d'un sabre recourbé s'avança, déterminer à dénicher ce fuyard pour le pourfendre et recevoir l'admiration des siens. Dangereux, il marchait tel un félin en chasse. Tenant fermement son sabre, il s'apprêtait à trancher au moindre mouvement. Le duel s'envenimait, mais Vassili n'avait pas dit son dernier mot.


Dernière édition par Vassili Joukov le Lun 26 Avr 2021 - 10:02, édité 1 fois
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L'assassin avançait sans craintes, les informations avaient été claires : le Commandant Vassili était faible. Un piètre combattant qui n'avait rien d'effrayant. L'ordre avait été plutôt simple, l'isoler pour l'éliminer en toute simplicité. Chose faite, il ne manquait plus qu'aux hommes de la Cabale d'exécuter la fin du plan. La lame recourbée s'approcha d'un premier tas de corps de soldats. Tâtant succinctement un corps froid de la pointe de son arme, l'assassin chercha des yeux sa cible. Pourtant, à première vu il ne trouva pas. Sous le flots de balles, le blondinet s'était comme évanoui entre ceux qui furent ses hommes. L'homme enjamba alors le corps qui était en travers de son chemin, détermina à inspecté le second tas, juste derrière. Cependant, à peine eut-il le temps de déposer son pieds droit au sol qu'il fut pris d'un sursaut. Le corps d'un soldat se mût subitement, comme propulsé et laissa entrevoir une chevelure éclatante. Ayant improvisé un piège avec tant de facilité, Vassili jaillit alors, enfonçant son épée jusqu'à la garde dans l'estomac de son ennemi. Lâchant par la même un cri féroce provenant du fin fond de ses entrailles, il subjugua tout le monde. L'assassin, le premier, se figea un instant. Réalisant à peine ce qu'il venait de se passer, il ne pu lever son arme pour emporter le soldat dans l'au-delà avec lui. Souffle court, il cracha d'abondantes gerbes de sang, s'écroulant sur ses genoux avant qu'il ne sente l'affreuse douleur provoquée par la lame se retirant. Une énième giclée de sang l'accompagna ainsi que l'ultime souffle de ce fanatique, adorateur des étoiles et de leurs sombres desseins.

L'homme encapuchonné qui était resté à l'écart jusqu'à présent changea de fusil d'épaule. Il bomba le torse légèrement, se décidant enfin à passer à l'action. Se positionnant dans la direction de Vassili, il dépassa ses hommes tout en leur interdisant de l'accompagner d'un simple geste de main.

> Occupez-vous du sous-fifre mes frères, les étoiles nous en remercieront ! Dit-il d'une voix calme et posée. Je m'occupe de ce Commandant, conclu-t-il fermement.

Il avança alors, pas après pas jusqu'à n'être plus qu'à cinq grandes enjambées de l'Officier. Alors, il planta la lame de sa hallebarde dans le sol afin d'avoir les mains libres. Montant ses bras, brunit par le soleil, jusqu'en haut de sa capuche, il l'envoya en arrière sèchement dévoilant alors son identité. De longs cheveux blancs, mal entretenues et un visage marquée par le temps, voilà ce qu'apercevait le blondinet. Les rides de cet homme témoignaient du poids des années, mais le visage creusé, lui, témoignait du poids de ses actes. Les yeux presque ébènes, un imposant tatouage marquait sa face. Un demi-cercle, passant par ses yeux relié à deux lignes allant chercher ses mandibules. Une figure inoubliable qui, dès lors, s'imprima dans l'esprit du Commandant. Puis, voyant que Vassili tenait fermement son arme, l'homme reprit sa naginata, l'hérissant face au soldat.

> Vous êtes bien problématique, Commandant !
> Pourquoi ? Demanda, aussitôt Vassili.
> Et bien quoi ? Se moqua l'assassin en retour. Qu'attendiez-vous en voulant vous attaquez à la Cabale ?
> Enflure... qui vous a donner les infos ?
> Il semblerait qu'il y ai une taupe, ahaha vous pensez donc toujours que la Marine est propre ? Continua le prêcheur, sarcastique.
> ... Assez parlé !
> Je suis Ko'o, votre assassin.
> Taisez-vous ! s'emporta Vassili qui vociféra de toutes ses forces.
> Si vous le souhaitez, rétorqua l'assassin qui ferma les yeux un instant.

Ko'o serra son poing autour de sa hallebarde. Une veine apparue sur le dos de sa main puis parcouru tout son avant-bras. Pointant le blondinet de la pointe de sa lame, il fendit l'air en un instant. Surprenant ainsi le Commandant de par sa vitesse, il abattit son arme telle une guillotine, cherchant à fendre en deux son adversaire. Dans un réflexe quasi immédiat l'Officier parvint à placer son épée sur la trajectoire de l'attaque ennemi. Le choc fut terrible. Vassili plia sous l'impact, ayant l'impression que navire de guerre venait de lui tomber dessus. Pourquoi ce coup lui semblait si lourd ? Incapable de tenir plus longtemps, il parvint à sauter d'un pas en arrière tandis que la naginata de l'assassin finit sa course dans le sol. Au passage, la veste du soldat se déchira, l'entaillant faiblement sur le pectoral droit. Physiquement ce n'était rien. Par contre, l'impact psychologique était terrible. Réagissant du mieux qu'il l'avait pu, Vassili n'avait pas été en mesure d'en sortir totalement indemne. Désormais sûr, le jeune homme compris que ce sanctuaire serait le lieu où il tomberait. Pourtant, il lâcha pas son arme, la tenant peut-être même plus fermement encore.
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Le combat s'envola alors, voyant un jeune Officier attaquant de toutes parts. Il tranchait à gauche, à droite, en diagonal et de toutes ses forces à chaque fois. Malheureusement pour lui, jamais sa lame ne toucha sa cible. Chaque fois arrêté par l'acier de la hallebarde de Ko'o, les étincelles jaillirent tel un feu d'artifice. Bloqué, incapable d'atteindre son ennemi, les assauts répétés du blondinet ralentirent après seulement une poignée de minutes. Gérant d'une atroce manière son souffle, Vassili peinait à combattre efficacement. Sentant ses forces s'en aller tandis que ses muscles commençaient déjà à se tétaniser, il hurlait à chaque coup, espérant alors y insuffler toute sa puissance. Pourtant, rien n'évolua et le statu quo resta complet.

Le roi, n'a que des faibles capacités offensives, sa limite étant là, précisément.

Le Commandant éprouva toute la difficulté du monde à faire face lorsque, tel un véritable fléau, le prêtre de la Cabale décida qu'il était temps de verser le sang. L'épée du blondinet arrivait par sa droite, horizontale, prête à le sectionner en deux. Habilement, il usa de sa lame pour taper sur celle du soldat, le déséquilibrant. Puis, dans un retournement d'une fluidité que Vassili eut à peine le temps de percevoir, la queue du naginata vint frapper sa joue droite, l'envoyant valser au sol. Crachant un peu de sang, il s'essuya la bouche rapidement avant de tenter de se relever lorsqu'il vit Ko'o, dressé face à lui. Le vieil homme semblait gigantesque.
L'Officier esquiva, de justesse un coup d'estoc qui lui aurait transpercé le cœur à coup sûr, en roulant sur le côté. A nouveau debout, il tenta à son tour de pourfendre l'ennemi mais fut évité avant de récolter un coup de poing dans l'estomac qui le fit se plier de douleur. Le souffle coupé par l'impact, il resta quelques secondes prostré avant qu'un violent coup du manche de hallebarde vienne lui cueillir le visage, le projetant en l'air. Le choc fut terrible et, cette fois-ci, Vassili ne tint plus. Son nez n'était plus qu'une mare rougeâtre. Son arcade gauche était fendue en deux, masquant sa vision de son propre sang. Le Commandant, sonné, retomba sur le dos, complètement séché. Bouche grande ouverte, il respirait tant bien que mal tandis que son corps entier le faisait terriblement souffrir.

> Et ça monte les échelons de la Marine, soupira Ko'o avec lassitude en voyant la piètre prestation de son opposant.

Il s'arrêta l'espace de quelques secondes, une main pointa vers le ciel. Récitant de multiples versets pour lui-même, il dédiait alors se sacrifice aux astres. Astral, son chef, lui avait dit que les étoiles avaient désignés Vassili Joukov comme prochain de la liste, qu'il en soit ainsi. Désormais, il pouvait réaliser les désirs divins. Empoignant sa naginata avec autorité, il la pointa vers le Commandant et, d'un coup sec, l'envoya dans son abdomen. Le bruit de la chair tranché et le hurlement de l'Officier se succédèrent, perçant la tranquillité de la forêt à des centaines de mètres à la ronde. Le blondinet vomissait son propre sang, maculant sa veste blanche d'un rouge foncé. Le liquide était visqueux, épais.

- En ville -

Pendant que cette bataille, cruciale, se jouait au cœur de la végétation, le Colonel Baresta était confortablement installé dans son bureau. Devant lui, un escargophone coiffé d'un couvre-chef reconnaissable entre mille, celui d'Ulricht Mardosof.

> Colonel, pour le moment nous n'avons toujours pas d'informations concernant l'issu du combat. Cependant, je peux vous dire que votre stratégie a fonctionnée. J'ai pu rencontrer ce cher Joukov, un homme charmant. J'ai pu le retenir assez longtemps pour que les hommes d'Astral ne se positionnent correctement !
> C'est parfait, je n'en attendais pas moins de vous Cardinal, répondit Yoshi totalement détaché.
> Une petite question si vous me le permettez Colonel, tanta Ulricht.
> Je vous en prie.
> Que cela fait-il d'avoir le sang d'un prisonnier sur sa lame, se moqua le religieux.
> Les nouvelles fusent...
> Effectivement, heureusement que nul ne vous a vu !
> Tout était calculé, vous n'êtes pas le seul à être prudent monsieur Mardosof.
> Bien, en tout cas, vous savez toujours me divertir c'est plaisant. Désormais que ce Commandant n'est plus que de l'histoire ancienne, il n'y a plus de nuage dans notre ciel je présume.
> Nous, pas la moindre vague sur notre océan, rétorqua Yoshi en référence au culte océanique, pour lequel Ulricht dispensait la foi officiellement.
> Et bien à la prochaine alors Colonel, au plaisir !

La discussion s'interrompit aussitôt, laissant alors la place à un silence pesant dans le bureau du plus haut gradé d'Inari. Dans son fourreau, sa lame était encore couverte du sang de Mirdon. Il n'aimait pas cela, non que ce soit immoral, mais plutôt qu'il n'aimait pas prendre le risque d'agir par lui-même. Seulement dans ce cas là, faire recourt à n'importe qui d'autre aurait été trop dangereux. Il se devait alors d'éliminer le prisonnier lui-même. Sa position aidant, nul ne le soupçonnait alors.
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- Pendant que Vassili combattait -

Otto, en sueur, se battait comme un beau diable. Ne ménageant pas la moindre once de ces forces, il parvint à reprendre le dessus face aux assassins. Adjudant depuis quelques temps déjà, il était un homme rompu aux combats. La lame assurée, il était à la fois solide sur ses bases du maniement de l'épée et totalement imprévisible. Il sautait, se baissait, fonçait droit sur l'ennemi et tranchait à tout va comme une bête féroce. Son style quintessence d'agressivité était on ne peut plus efficace en combat rapproché. Cela, couplé à la réactivité et l'énergie qu'il pouvait déployer faisait de lui un combattant puissant. Une force sûr pour le Commandant Joukov. Cependant, même s'il prenait l'ascendant contre ses ennemis, il ne parvenait pas encore à les défaire complètement. Ils l'attaquaient de tous les côtés, ne lui laissant pas la moindre seconde de répit. Si bien qu'il manqua de flancher plus d'une fois. Sa prise de pouvoir sur l'affrontement s'effrita au rythme des assauts répétés même s'il parvint à transpercer deux de ses ennemis. Face à lui ils étaient encore cinq, des remparts entre lui et son supérieur. Une muraille qu'il se devait de franchir, coûte que coûte. Les secondes semblaient être des heures lorsque, subitement, son attention fut attiré par le combat de Vassili. Du coin de l'œil il vit le coup qui fit tomber son supérieur, puis, l'ennemi s'apprêtant à l'embrocher pour lui ôter la vie. Figé une fraction de seconde, il fut sorti de sa torpeur par un coup qui lui trancha le torse en diagonal. Heureusement pour lui, il réagit assez rapidement et le mouvement de recul qu'il effectua lui permis d'être sauf. La blessure, superficielle, saignait abondamment mais n'était pas mortelle. Il ne pouvait laissa ça se produire.

Enrageant, il ne fit pas un bruit mais aussitôt il se métamorphosa dans sa manière de combattre. Plus rapide, plus acharné, il se transcenda pour annihiler les quelques assassins lui barrant la route. Tel un véritable démon, il trancha, découpa et pourfendit à tout va. Si bien qu'en à peine quelques secondes, il se retrouva seul. Cinq cadavres, étalés au sol à ses pieds, gisaient dans une flaque presque noire. Lui-même était couvert d'un mélange de son hémoglobine et de celle de ses opposants. A quelques mètres, il vit la hallebarde s'enfoncer dans l'abdomen de Vassili et fut transpercé par son cri. Il explosa alors, se mettant à courir à une vitesse ahurissante et respirant tel un taureau enragé.

- Retour au présent -

Ko'o, ayant perçu le souffle bruyant d'Otto se retourna pour lui faire face. Il lisait dans la course de l'Adjudant, sachant d'ores et déjà comment frapper pour le terrasser en un coup. Alors, il lâcha sa main gauche, ne laissant plus que la droite pour utiliser son naginata. D'un coup sec il tira dessus afin de la retirer des entrailles du Commandant et porter le coup décisif qui clôturerait cette bataille. Or, tendis que tout son corps entama sa rotation pour frapper, il fut stoppé net. A l'autre bout de la hallebarde, Vassili, affalé au sol et au bord du gouffre tenait l'arme qui tentait de s'extirper de lui. La retenant ainsi, il força alors l'assassin à se tourner vers lui et lui sourit.

> Echec et mat, fit-il moqueur.

Le sabre d'Otto fendit la chair tel un simple morceau de beurre. Tranchant alors peau, muscles, tendons et os pour finalement sectionner complètement le cou de Ko'o. Sa tête tomba au sol et son corps s'effondra sur le coté opposé. Plus un bruit si ce n'était la réception de l'Adjudant dans la terre. Tout était donc fini ?
Le Sous-Officier ne tergiversa pas longtemps et se précipita au chevet de son supérieur, l'aidant à retirer l'arme qui le transperçait. Puis, il déchira une partie de la soutane de l'assassin tatoué pour enserrer la de Vassili, afin de limiter au maximum l'hémorragie. Il l'aida même à se relever, remercié allègrement par le blondinet qui était arrivé au bout de lui-même. Faisant un tour sur lui-même, bien que difficilement, il constata les vestiges de la bataille. Les corps inertes, les impacts de plomb figés dans les murs et sa propre douleur. C'était donc ça.

> Appelez des secours, demanda-t-il à Otto en lui balançant tant bien que mal son escargophone, vite !

Manquant de s'effondrer, il alla ramasser un fusil. Si jamais un assassin embusqué devait revenir, alors il l'attendrait le pied ferme et bien armé qui plus est. Tandis que l'Adjudant s'exécutait, Vassili, lui, comprenait le poids de son pari.

La partie semblait perdue, le roi avait alors été mis en position défavorable pour appâter l'adversaire avant d'user de vaincre grâce à son cavalier.

La tactique de Vassili, qui savait qu'il ne pourrait lutter face à Ko'o, avait été de l'entraver dans ses mouvements, seul et unique moyen de le vaincre. Chose faite, il avait désormais si mal qu'il était loin d'être assuré de passer la nuit. Ses entrailles, ouvertes, saignaient encore à flots et malgré le garrot de fortune n'allait pas tenir bien longtemps. Pourtant, il était fier. Son honneur était sauf et il avait vaincu. Enfin...
Tel un revenant ayant transcendé les lois naturelles, Bénédict se releva. Lui qui avait été abattu si tôt dans la bataille, s'épousseta puis saisit son pistolet. Il pointa le Commandant qui en fit de même. Nul ne parlait, tout se passait dans le regard. La tension était à son comble.
Alors il avait fait semblant.

> Je savais que c'était vous Adjudant Walderner, annonça Vassili sûr de lui.
> Voyez donc, Commandant.
> J'ai repassé cent fois la scène, seul un tireur tel que toi aurait pu m'atteindre sans que l'on ne s'en aperçoive, affirma le blondinet, grimaçant de douleur.
> Pourquoi ne pas m'avoir fait arrêter alors ?
> Arrête Bénédict, hurla Otto qui se rendit compte de ce qu'il se passait.
> Trop tard, c'est le Commandant qui doit mourir !
> Je ne t'ai pas fait arrêté parce que je n'avais pas de preuve et que je souhaitais garder la confiance de mes hommes, d'ailleurs dès lors je ne fus plus perçu tel un ennemi. Juste, pourquoi être de leur côté ?
> C'est bien plus grand que vous que moi Commandant, répondit Bénédict qui appuya alors sur la détente.

Une seconde détonation retentit, la réponse du Commandant, puis plus rien. L'épaule gauche de Vassili parti en arrière, frappé par le plomb véloce. De son côté, le moustachu fut touché en pleine tête. Le mouvement de recule qui déstabilisa Vassili, finalement, lui permis d'assurer la mort de son ennemi. Chose qu'il n'aurait pas accompli sans ce concours de circonstance. L'Adjudant s'écroula, mort sur le coup. Le Commandant, lui, lâcha son arme avant de tomber à son tour. A bout de force, souffrant le martyr, il vagua entre réalité et inconscience. Les nombreuses tapes d'Otto parvinrent à peine à le tenir éveillé. Il clignait lentement des yeux, tout était flou. Ne percevant plus que des lueurs colorés, il entendait son subordonné l'encourager à tenir. Alors, il tint bon. Parvenant à ne jamais franchir cette frontière qui l'emmènerait vers la mort, il subsista jusqu'à ce qu'un médecin arrive plusieurs dizaines de minutes plus tard. Comment avait-il tenu jusque là ? A l'unique force de sa volonté.
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Les heures qui suivirent ne furent pas de tous repos. D'abord les secours arrivèrent, rapatriant ainsi Otto, Vassili ainsi que les corps de tous les défunts. Le Commandant, fut porté sur un brancard jusqu'à la Base où on l'emmena voir les médecins d'urgence, son pronostic vital étant engagé. En effet, les entrailles à l'air à cause de l'assaut de Ko'o, il était désormais inconscient, dans une lutte intérieur pour sa survie. L'Adjudant, lui, rentra ses ses deux jambes, blessé mais capable de se mouvoir. C'est lui qui fit le rapport au Colonel de la situation ainsi que de l'enchaînement des événements. Puis, conduit à l'infirmerie ses plaies furent pansées. Les corps des soldats mort, eux, furent placés sous des linceuls en attendant qu'une cérémonie soit organisée. Les assassins furent simplement authentifier et jeter dans la fosse commune. Tandis que des les rangs de la Marine beaucoup de rumeurs circulaient, Yoshi qui était la figure de la justice sur Inari, décida de faire un discours sur la place publique. Le peuple attendait ses annonces et, bien forcé par les événements, il ne pu s'y soustraire. Ainsi, le soir même une estrade fut rapidement installée et face aux habitants de l'île il prit la parole.

> Cher concitoyen, fit-il solennellement derrière son pupitre d'où un escargophone récoltait le son pour l'amplifier via des haut-parleurs. Aujourd'hui nos hommes ont été héroïque. Suite aux enlèvements de soldats les deux nuits dernières, une équipe fut spécialement créée pour y remédiée. Composée du Commandant Joukov, de l'Adjudant Wuthmann et feu de l'Adjudant Walderner, cette équipe réduite découvrit les coupables : La Cabale, fit-il en contenant ses nerfs. L'assemblée fut frappée de surprise et un brouhaha s'installa. L'ennemi, tonna Yoshi plus fort pour les estomper, n'a pu se soustraire au courroux de la justice. Ces trois hommes sont parvenus à éliminer les kidnappeurs. Malheureusement, nous avons perdu un homme, un héros, un grand soldat, Benedict Walderner est tombé au combat. La Cabale est encore présente mais n'ayez crainte. Je l'annonce dès aujourd'hui, La Cabale est désignée ennemi public numéro 1. Une traque systématique est ordonnée et quiconque détient une information en lien avec ce groupuscule criminel est invité à se présenter à la Base d'Inari. Notre devoir est de vous protéger citoyens et nous le ferons. Je verserai mon sang moi-même pour protéger vos vies, poursuivit-il en mentant en essayant d'être le plus convaincant possible. J'annonce donc le couvre-feu militaire, de dix-huit heures à sept heures du matin. L'objectif, identifier au plus vite les activités illégales et les membres de l'organisation pour l'annihiler. Conscient des contraintes que cela représente pour vous, je vous jure que la Marine fera en sorte que cette situation soit de la plus courte durée possible.

La suite du discours s'éternisa sur quelques informations secondaires liées aux citoyens et à l'adaptation de la gouvernance de l'île à ce couvre-feu. En effet, auparavant le Conseil se réunissait aux alentours de vingt heure, il fallait donc leur permettre de poursuivre leurs missions dans le respect des mesures strictes que le Colonel venait de prendre.

Dans la foule, Ulricht Mardosof assistait aux annonces. Grinçant, il s'agaçait. Comment tout cela avait-il pu arriver ? La tranquillité d'esprit sur laquelle reposait l'alliance tripartite qu'il avait avec le Colonel ainsi que le leader de la Cabale était désormais chamboulée. Plus encore, l'un de ces trois piliers se trouvait être la cible de tous. Les bras croisés dans le dos, il observait avec grande attention Yoshi qui énonçait son discours. Leurs regards se croisèrent et ils se comprirent sans un mot de plus. Toute cette poudre aux yeux jetées aux civils, tout cela cachait le bourbier dans lequel ils étaient. Car oui, le plus haut gradé de la justice était pieds et poings liés, il ne pouvait laisser les actes de la Cabale impunis. Cependant, il fallait surement s'attendre à une réponse cinglante des assassins, de quoi prévoir des heures sanglantes pour l'île.

De son côté, Astral était dans sa tanière. Un lieu dont nul ne connaissait l'existence. Il enrageait. Ses fidèles lui avaient déjà rapportés le résultat des affrontements avec le Commandant Joukov. La stratégie qu'avait élaborée Yoshi avait échouée et il le savait, il serait désormais la cible. Si bien qu'il n'était pas au courant mais sa tête fut alors mise à prix pour vingt-cinq millions de berries par l'institution militaire. Cependant, son visage étant inconnu, on n'écrit que son nom sur l'affiche.
Alors qu'il s'apprêtait à fracasser une bouteille de rhum contre le mur à cause de la rage qui l'habitait, il entendit un bruit de pas. Instinctif et sur le qui-vive, il changea la trajectoire de son projectile et le fracassa vers la source du bruit. Un bruit de verre qui éclate retentit, mais nul ne fut blessé. Un homme à la peau mat et à la longue chevelure blanche coiffée en arrière se dévoila. Devant lui, une énorme boule de verre semblait flotter. Elle avait fait obstacle à la bouteille et avait ainsi protégé l'intru. Tâtant le sol de son bâton à l'effigie d'une tête de mort, il tapa trois fois comme s'il demandait une audience.

> Heyoka, eh bien dis donc c'est assez rare de te voir, fit le leader de la Cabale.
> Les astres me semblent assez silencieux en ce moment, répondit l'homme sobrement.
> Pourquoi viens-tu me voir ?
> Tu as donc envoyé mon oncle pour tuer ce Commandant ?
> Pff, tu le connais, c'est ton oncle Ko'o qui s'est proposé, rétorqua Astral qui n'aimait pas vraiment le ton de celui que l'on nommait "Le Chaman".
> Je n'en doute pas, lâcha-t-il en soupirant, je viens simplement t'annoncer que je m'en vais.
> Ah bon et pourquoi ça ? fit-il, en serrant son poing de colère.
> Je pars à la chasse...
> Hum, ne reviens que lorsque tu auras dépecé ta proie alors, fit le Guide satisfait.
> C'est bien ce que je compte faire, aurevoir, fit Heyoka en tournant les talons et disparaissant par la porte de sortie.
> Foutu Chaman, ramène moi vite la peau de cet emmerdeur de Commandant, chuchota le leader de la Cabale.

Enfin, à la salle de soin de la Base d'Inari tous le corps médical était en effervescence. Médecins et infirmiers courraient dans tous les sens. Sutures, opérations et grandes doses d'anesthésiants se succédaient dans l'espoir de sauver un seul homme : Vassili Joukov. Le Commandant, par la réussite de son opération, suscitait alors admiration et respect auprès de tous. Nul ne souhaitait le laisser à son sort et chacun voulait l'aider.

Un soldat, rencontra l'un des membres de l'équipe soignante qui venait de prendre sa pause et lui donna un lettre en main propre. Le cachet du QG de North Blue y avait été apposé et présageait un changement. Après tout, au vu des derniers faits d'armes de Vassili, celui-ci méritait bien son ascension.

> Donnez-lui au plus vite, un bateau est affrété dans la baie et l'attend.
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