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Mission : [L'île aux esclaves / Capture] Colombia Piqueteurs



Azerios
Djaymily



Vous nous quittez déjà ?
--------------------------------





Les réparations avançaient et Azerios se remettait doucement de son combat dans l'arène. Après avoir été pris en charge par un médecin de Souther et avoir profité une toute dernière fois de sa charmante compagnie et de son hospitalité, il avait repris la route en compagnie de Djaymily. Mais c'est également en compagnie de William que les deux acolytes s'étaient rendus à la nouvelle Réa afin d'acheter le matériel nécessaire aux réparations. Il faut dire que leur collaboration avait été plutôt fructueuse, voilà deux jours que le tournois s’était terminé et leur départ de l'île des esclaves n'était plus très loin. Ils pouvaient être satisfaits, leurs poches s’étaient bien remplies.

Le rookie de South Blue avait d’ailleurs proposé à William d’embarquer avec eux afin de quitter l’île. L’après midi toucha rapidement à sa fin, et tous trois s’amassèrent autour d’un petit feu. Ils avaient dressé un campement de fortune à proximité du bateau en attendant que ce dernier soit en état de reprendre la mer. On était bien loin des standings luxueux de la propriété de Souther mais la compagnie était bonne, sûrement moins mielleuse et un véritable festin de profilait. Ils avaient profité de leur halte en ville pour faire le plein de provisions, eau potable, bières, fruits, légumes, Djaymily avait même réussit à dégoter une énorme pièce de viande rouge, à la chaire tendre qui cuisait et dégageait une odeur enivrante.

Le temps passant, Azerios veillât à ce que la pièce de viande soit cuite à point, tandis que Djaymily donnait quelques astuces de tireuse à leur invité. Échange de bon procédés, ce dernier leur avait proposé son aide pour les réparations et en contrepartie en avait profité  pour demander quelques conseils et éclaircissements, notamment en ce qui concerne le tir, ou encore le combat au corps à corps. Qui sait peut être que le moment venu, les quelques cours dispensés ici lui serviraient.



Oui voilà... Retenir ton souffle juste un instant... Simple comme bonjour !


Djaymily n’était pas l’instructeur le plus patient, mais elle avait le mérite de savoir de quoi elle parlait. La viande cuite à point, le jeune pirate appela ses acolytes et tous trois dégustèrent leur repas, descendant peu à peu la réserve de bière fraîchement acquise. Plus il y pensait, plus il se disait qu’il avait eu beaucoup de chance de tomber sur quelqu’un de la trempe de William. C’était un homme intelligent, cultivé, qui en connaissait un rayon sur le marchandage. Il avait d’ailleurs à son tour donné quelques conseils dans son domaine de prédilection. Le trio repus et l’obscurité de la nuit les encerclant, ils restèrent aux abords du feu.


Jamais été à Poiscaille. Le grenier à poissons hein... Ce doit être quelque chose !


William acquiesça avec un sourire, il n’était pas étonnant qu’un type de son acabit provienne d’une telle île. La bas le maître mot était « Profit » ce qui n’était d’ailleurs pas pour déplaire au jeune pirate. Hinu Town mise à part, ce dernier n’avait jamais vraiment eu l’occasion de visiter West Blue et sa soif de découverte le poussait à vouloir voir Poiscaille un jour, comme toute autre île d’ailleurs, de ses propres yeux. Djaymily tendit une nouvelle bière à son capitaine qui s’en saisit avec un sourire.


Connais pas non plus. On aura sûrement l’occasion d’y faire un saut.


Ils continuèrent de discuter quelques heures au coin du feu, le sujet oscillant surtout entre business plan et salade de mandales puis finirent par laisser le feu s’éteindre, se couchant dans leur abris de fortune. La nuit était douce ici, bien loin des chaleurs étouffantes de Hat Island et très vite la fatigues et les vapeurs de bière eurent raison du garçon.

- - -

C’est un rayon de soleil gênant accompagné par le bruit des vagues qui se fracassaient sur la côte qui réveillèrent Azerios, qui se leva en douceur. Ses blessures lui faisaient de moins en moins mal, il serait sûrement bientôt remis sur pieds. Il remarqua que Djaymily était déjà réveillée, occupée à nettoyer son arme, elle le salua d’un signe de tête. William était également réveillé, assit non loin, les deux hommes se saluèrent. Un copieux petit déjeuné plus tard, le voilà repartit pour les finitions et dernières réparations, tellement concentré que Djaymily du l’appeler à plusieurs reprises avant de capter réellement son attention.


Haoi ! Aze ?! Que fait-on ?

Hein ... ?

Le cavalier là bas. Je fais quoi, je le laisse approcher ? A vue de nez ça ressemble à un contremaître...


D’une main elle souleva sa carabine et la pointa en direction des terres. En regardant ce qu’elle essayait de montrer, le jeune homme aperçu au loin un cavalier, galopant, laissant derrière lui une traînée de poussière. Aux premiers abords, il semblait seul et effectivement avait l’air d’un contremaître, sûrement n’était-ce pas un danger immédiat.


Je suis curieux... Laissons le approcher, voir ce qu’il nous veut.


C’était pas le top de la forme, mais il avait parfaitement confiance en les capacités de tireur de son bras droit dans le cas où les choses tourneraient mal.
    Cela faisait longtemps que je n'avais pas transpiré comme ça. Depuis les docks de Poiscaille je dirais, ou quelques sabliers dans le genre. Les entraînements d'Azerios commencent aux aurores. Quelle idée, paraîtrait que c'est bon pour le corps et l'esprit... Qu'il le dise à mes cernes et courbatures. Ne m'y connaissant pas, je capte ses conseils et essaye de les emmagasiner du mieux possible : les appuis solides, regarder le buste de son adversaire pour anticiper les mouvements et un, deux, trois, quatre. On recommence, un, deux, trois, quatre... Encore une fois. Il me fait répéter inlassablement les mêmes gestes, les mêmes mouvements, les mêmes pas. J'avoue en avoir ras-le-bol par moment et préférer les enseignements de sa coéquipière pour deux raisons des plus simples : 

    1- Je ne transpire pas.
    2- C'est une belle femme.

    Avec elle, l'entrainement est plus calme. J'ai quand même mis quelques tirs à m'habituer au bruit de la détonation. Pour être tout à fait honnête -ne vous moquez pas- la première fois, j'en ai lâché le revolver, puis je n'ai fait "que" sursauter. Après ces deux trois jours, ma visée s'est grandement améliorée et je ne loupe plus qu'un tir sur trois, ce que je trouve excellent malgré les critiques constructives de Djaymily. Quant à elle, lorsque la crosse de son arme est au bout de des doigts, tout paraît si simple, si naturel, comme s'il ne s'agissait que d'une extension d'elle même.

    J'ai bien fait de m'associer avec ces deux là. J'en ai vu des férus de castagne, des marins au sang chaud mais comparés à ces deux là... Rien à voir. Ici, y'a de la technique, du métier, de la bouteille, comme on dit, et pas les mêmes que celles de Poiscaille. Alors, en contrepartie, je les aide aux réparations et je fais ce que je sais faire de mieux : blablater.
    Autour du feu, et la bière aidant, je divague, je leur parle de la pêche, des marins, de la criée et des négociations. Toujours demander plus pour avoir l'envie initiale. Si marchandage il y a, il faut éviter que le concurrent, ou le client, se sente lésé sinon il ne reviendra pas, voir pire. L'offre et la demande, toujours avoir en tête cette règle. Connaître les hommes, dans leur globalité, comprendre les rouages de l'être humain, ce qui les anime, les attire, quels sont leurs convoitises et leurs peurs ? Tout cela pour jouer avec, tisser des liens entre le dit et le non-dit pour écrire entre les lignes du contrat.


    ...

    Je me réveille aux aurores (l'abri de fortune, et les courbatures, rendent mon sommeil difficile), m'étire et m'éloigne quelque peu afin de répéter tranquillement les combos appris d'Azerios pendant que le café chauffe. Le réveil de Djaymily, et son sourire en coin en me voyant, me fait arrêter, un peu gêné, les répétitions... 
    La matinée coule doucement dans le bruits des marteaux jusqu'aux appels de la tireuse d'élite.



    *Haoi ? Est-ce qu'elle vient de l'appeler par un autre prénom ?* 

    La question reste en suspens tandis que je me tourne dans la direction indiquée par la jeune femme. Le cavalier, chanceux de la modération d'Azerios pour le meurtre, arrive petit à petit jusqu'au campement tandis que je m'avance vers lui : 

    -Doucement Febraise... Du calme. 
    -Bien le bonjour cavalier ! Febraise, quel drôle de nom pour un canasson !
    -Bien le bonjour étranger. C'est un bon cheval, rapide et endurant, avec lui on change d'air !
    -Soit, soit ! Que nous vaut votre visite ?
     
    L'homme fouille dans, ce qui me semble être, un sac de pansage pour en ressortir un papier qu'il me tend.
    -Voila la raison de ma venue. Missive de la part de Monsieur Souther.
    -Monsieur Souther, tiens donc... ... Merci bien l'ami. Autre chose ?
    -Rien d'autre, j'en ai peur. 
    -Fort bien. Dans ce cas... Bon vent ?


    L'homme rigole légèrement à ma plaisanterie avant de faire demi-tour et repartir dans la même direction de son arrivée.Je découpe l'enveloppe. A l'intérieur, une simple carte, avec un simple mot:
     
    "Messieurs, 
    Une nouvelle occasion vient de se présenter.
    Calvin Souther"

    Rien de plus, rien de moins. Sans un mot, je tends l'objet à Azerios qui s'est rapproché. Après lui avoir laissé quelques secondes de lecture :
     

    -Les affaires reprennent et ça sent l'pognon...

    ...

    -Mes chers amis ! Je suis gré que ma lettre vous soit parvenue. J'avais peur qu'elle n'arrive après votre départ. 

    Nous ne sommes pas encore arrivés sous l'énorme porche en pierres blanches de notre hôte qu'il est dehors, bras grands ouverts, suivi d'un majordome toujours plus endimanché que les précédents. Je l'imite:

    -Mon cher ami ! Poignée de main généreuse. J'en suis, par la même occasion, heureux. Figurez vous que je disais à Azerios, pas plus tard qu'hier, être désolé que nos affaires ce soit écourtées si vite ! Que nous réserve, cette fois ci, nos retrouvailles ?
    -Entrez, entrez, nous serons plus à notre aise.


    Une fois dans le fameux salon bleu où notre première coopération à vu le jour, Calvin nous propose de nous rafraîchir et même un cigare. Le connaissant maintenant un peu, il sort le grand jeu. Je ne sais pas encore ce qu'il a en tête mais, de manière détournée, il essaye de nous forcer la main. Très bien, voyons ce qu'il propose. 

    -Calvin. Arrêtons de tourner autour du pot et sautons à pieds joints dans la raison de votre invitation.
    -William, j'aime votre toupet. Soit. La raison de votre venue est simple, j'ai besoin de vos services... Voyez vous. J'ai, à ma solde, de nombreux ouvriers et, il s'avère, que deux d'entre eux ont disparus. Freja et Donatius Colombia. Ils oeuvraient le long d'une des nouvelles routes pour la construction de lanternes sur piquets. 
    -J'imagine que notre affaire consiste à retrouver vos biens en toute discrétion.
    - c'est exact. Vous en êtes ?

    *Cette fois-ci tu ne m'auras pas aussi facilement...*
    - Tout dépendra du prix. 10 millions par tête ?

    - 5. 
    - Coupons la poire en deux Calvin et disons 7 millions par pièce.
    - Va pour 7, à la condition qu'ils soient vivant, sinon, 3 par dépouille. 
    - Hum... 
    - C'est ma dernière offre.
    - 7 millions vivants, 3 millions si ils ont passé l'arme à gauche... Adjugé, vendu !
    - A là bonne heure ! L'affaire est donc conclue...


    Dernière édition par William White le Mar 27 Avr 2021 - 10:06, édité 1 fois
    • https://www.onepiece-requiem.net/t22787-william-white#243307
    • https://www.onepiece-requiem.net/t22783-william-white
    Retrouver des esclaves en cavale, rien que ça. Le temps que William trouve les mots justes pour négocier une récompense a la hauteur de l'investissement, et voila que le trio prit la route. Tous trois marchèrent le long de la route, la première étape serait d'interroger les contremaîtres de la propriété, voir si il y avait moyen de glaner quelques informations. Azerios se remettait doucement de son combat dans l'arène, une chance que Djaymily soit en pleine forme. En effet, outre ses compétences de pistage, dans le cas ou les choses tourneraient mal, la gâchette légère serait un atout non négligeable.

    Après quelques minutes de marche, ils parvinrent à l'entrée d'une grande remise. Devant ce bâtiment se trouvaient trois contremaîtres qui jouaient aux cartes et riaient bruyamment. Non loin, un pauvre homme était attaché par les bras à un arbre. Un esclave, qui au vu des lacérations visibles sur son dos, avait connu des jours meilleurs. A l'approche du trio, les contremaîtres se levèrent d'un bon, s’apprêtant à dégainer mais Djaymily fut plus rapide. Elle saisit sa carabine d'une main et la pointa sur l'un des hommes, le canon porté à bout portant de ce dernier.



    Non non non... Si j'étais vous, je garderais mon calme.

    Tout doux les gars... Nous ne cherchons pas les ennuis. Nous sommes à la recherche de deux fuyards. Lâchez vous flingues et Djaymily baissera le siens.


    Les trois hommes se regardèrent brièvement puis lâchèrent leurs fusils. Pas d'effusion de sang inutile, vive la diplomatie. Djaymily baissa son winchester à son tour et Azerios s'assit sur l'une des petites caisses de bois à proximité. Il jeta alors un coup d’œil à l'esclave attaché non loin tout en poursuivant.


    Mes amis et moi même recherchons un couple de... Travailleurs. Freja et Donatius Colombia... Avez-vous entendu parler de quelque chose ?


    Lorsqu'il prononça le nom des fuyards, il remarqua alors que l'esclave releva les yeux un court instant en sa direction, puis comprenant qu'il était observé, détourna rapidement le regard, offrant une bien curieuse réaction. Le rookie tourna alors la tête vers le trio de contremaîtres, tous trois le fixaient, affichant un air ahuri. Leur silence en disait long et de toute évidence ces balourds n'étaient au courant de rien. La meilleure piste à exploiter serait alors l'esclave. Poussant un léger soupir, Azerios se leva alors, se dirigeant vers l'arbre a quelques mètres, il s'arrêta devant l'homme fraichement fouetté et fléchit les jambes pour se mettre à son niveau. Le pauvre homme releva légèrement la tête pour regarder son visiteur.


    Hé toi ! Les affaires de ce boy te concernent pas !

    Pauvre gars, qu'est ce qui à bien pu lui valoir un tel traitement ?

    C'est pas tes affaires on vient d'te dire.

    Tu connais peut être Freja et Donatius Colombia ?


    Le pauvre homme eut un petit sursaut en entendant de nouveau les noms. Dans le mile. Il était probablement au courant de quelque chose. Se relevant, Azerios remarqua un petit tonneau d'eau non loin, il se dirigea vers ce dernier, ramassa un gobelet en bois et le remplit avant de le porter à l'esclave. Ce qui naturellement ne plut pas des masses aux contremaîtres. L'un d'eux saisit son fusil et se dirigea vers le pirate, Djaymily pointa alors de nouveau sa carabine en direction de l'arrière du crane du mécontent. Le pirate tourna alors la tête en direction du contremaître et lui lança un regard noir. Un regard intense et terrifiant. L'aura chargée en agressivité fit hésiter l'homme un instant qui, parcourut de frisson, se figea et lâcha son fusil. Il tourna de nouveau la tête vers l'esclave, et avec un regard bienveillant, porta le gobelet de bois à sa bouche pour lui donner à boire. Ce dernier, visiblement assoiffé avala de travers et manqua de s’étouffer.


    Vas-y molo... Donc ? Les Colombia ? Ça te parle ?

    Ou... Oui... Freja... Do... Donatius...

    C'est ça... Tu ne saurais pas ou est ce qu'ils ont pu aller par hasard ?

    Le Co... Cormoran Azur... La nouv... La nouvelle Réa...

    Je vois...


    Azerios permis au pauvre homme de terminer son verre, puis il se leva et se tourna vers ses deux acolytes. Le Comoran Azur... Il ne parlait certainement pas d'un oiseau, probablement était ce le nom d'un lieu ou le surnom d’une personne à la nouvelle Rea. En tous cas ils avaient désormais leur prochaine destination. Passant devant Riri Fifi et Loulou, le jeune homme leur suggéra de laisser filer l'esclave, dans la mesure ou il avait certainement déjà eu ce qu'il méritait et qu'il venait de rendre un fier service à leur employeur. Puis ils s'éloignèrent tous trois, empruntant de nouveau une route de sable et de graviers blancs. Une chance qu'ils n'aient pas eu à se battre, il sentait que ses entailles au ventre n'étaient pas tout a fait cicatrisées. Djaymily ne manqua pas cette occasion pour railler son capitaine, un vrai pirate au grand cœur. Ils prirent la direction de la nouvelle Rea, dans la joie et la bonne humeur.
      Un cœur tendre ? La réflexion de la tireuse d'élite me fait tiquer. Coeur tendre ou fin manipulateur ? La question reste en suspens dans mon esprit tandis qu'on s'avance tranquillement vers la Nouvelle Réa.
      Le Cormoran Azur... Le Cormoran Azur... Rien de plus, rien de moins. Maigre indice ne donnant que peu d'informations sur notre objectif. On s'en contentera. Comme j'aime me dire : trois fois rien c'est déjà beaucoup...

      La ville s'ouvre à nous tandis que nous nous séparons afin de récolter de potentielles informations. Je me dirige chez le coiffeur barbier, interroge les clients et le patron : rien. Je sors, longe la palissade de l'établissement pour rentrer dans le suivant.

      C'est une petite épicerie. Des étagères sont remplies de bocaux en tout genre, au centre une pyramide de conserves trône avec sa publicité : "les tomates Souther vous gâtent !". A côté du guichet, un présentoir d'épices embaume la pièce de ses saveurs : "avec les épices Growpsou, chaque plat est un délice"... Putain. Riches propriétaires d'accord, hommes d'affaires validés, esclavagistes aussi mais, leurs slogans sont vraiment à chier.

      J'm'approche du comptoir, attends. La cliente fini de payer ses achats, je prends sa place. La discution s'amorce doucement, les banalités s'échangent avant d'en arriver au point crucial. Bordel, toujours rien. Je ressors et retrouve mes deux acolytes pour faire un point : chou blanc donc...

      D'un commun accord, nous décidons d'aller poser nos interrogations sur le dock. Les marins, de tout horizon, me donnent du fil à retordre. Pour toutes réponses, je ne reçois que des haussements d'épaules et roulement d'yeux vers le ciel, dans les meilleurs des cas. Dans les mauvais... Je préfère ne pas en parler.
      Quant aux contremaîtres, ils me demandent d'arrêter de ralentir la chaîne de travail de leurs "travailleurs". Je saute sur les occasions pour leurs poser des questions. Plus enclin à la discussion, ils répondent tant bien que mal, cherchent dans leurs souvenirs mais, encore une fois, queuchi.
      Cette histoire commence à me prendre la tête...

      Après une temps, qui me semble être une éternité, je me pose sur un banc aux vis rouillées par le soleil et l'iode. A côté de moi, un vieil homme rongé par les mêmes fléaux que l'assise où nous sommes. Un oeil à demi fermé et la pipe au bec, il regarde les vagues sans un mot.
      Il ne semble même pas à voir remarqué ma présence.
      Je limite et, les yeux fermés, me laisse bercer par les vagues et les cris de mouettes.

      Une poignée de sable s'égraine avant que je ne lâche un soupir de découragement tandis que j'appuie mes coudes sur mes genoux. L'homme grisonnant se racle la gorge et me demande ce qui se passe.
      Je lui réponds la simple vérité.
      Qu'engagé dans un contrat je cherche le Cormoran Azur. Que personne dans cette ville ne sait quoique ce soit dessus et, qu'à cause de ça, je vais pouvoir m'assoir sur la récompense promise.
      Récompense nécessaire afin de monter ma propre entreprise. Il rigole en soufflant une bulle remplie fumée, drôle de tabac.


      -Pour c'qui est du Cormoran j'peux pas t'aider p'tit gars. C'la dit, mais j'sais pas si ça t'seras utile, y'a bien une embarcation qui s'appelle l'Ojo Azur. Ça veut dire l'oeil azur...

      Mon attention et mon sourire revenu, il laisse s'envoler une nouvelle bulle qui éclate dans un voile fumeux. L'Ojo Azur, d'après ses informations, est un navire marchand faisant des allers-retours entre plusieurs îles. D'après la rumeur, ses destinations de prédilection serait cette île même, l'Ile aux esclaves, et l'Archipel Vert.

      Le sourire de nouveau sur les lèvres, je me lève d'un bond en poussant sur mes cuisses. Les remerciements donnés de mon côté et la bonne chance renvoyée du sien, je me dirige, en sifflant de plaisir, vers le point de rendez-vous.
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      Une voire deux bonnes heures plus tard, il était temps de rejoindre de point de rendez-vous. Le jeune pirate était bredouille, il n’avait trouvé aucune information et espérait que ses acolytes avaient été plus chanceux. Au détour d’une allée il aperçu Djaymily et devina à sa mine déconfite qu’elle non plus n’avait pas trouvé grand chose. William apparu alors quelques instants plus tard, le sourire aux lèvres. Il les incita à le suivre d’un geste et repartit en direction des docks, les deux pirates lui emboîtant le pas. Tous trois se stoppèrent devant un grand navire.


      Sacré morceaux. C’est un bon début de piste ça...


      Le bâtiment amarré était imposant, il s’agissait d’un navire marchand, jusque là tout ce qu’il y a de plus classique, seulement une petite indication en disait long : son nom, L’Ojo Azur. Les trois comparses échangèrent un sourire complice et s’empressèrent de monter à bord.

      Sur le pont, une multitudes de marins qui s’affairaient chacun dans leur coin. Un détail frappa Azerios, il ne semblait pas y avoir le moindre esclave sur ce rafiot, détail qu’il fallait relever, car jusqu’à présent et depuis son arrivée, il n’avait pas pu faire plus de trois pas sans croiser le chemin d’un opprimé.



      Bon et bien au travail.


      Les trois compagnons se séparèrent pour interroger les membres d’équipage afin de tenter d’en savoir plus sur le Cormoran Azur. La seule information utile qu’il obtint, c’était que ce navire faisait la navette vers l’Archipel Vert... Très vite ils se rendirent compte que ces marins étaient tout sauf accueillant. Dans le meilleur des cas et pour la plupart, ils se faisaient envoyer sur les roses. Dans le pire des cas certains se montraient même hostile... Le capitaine finit par montrer le bout de son nez, s’approchant du rookie. C’était un homme bedonnant, qui portait un long manteau en cuir qui n’avait pas l’air très commode.


      Hé la mon gaillard ! J’peux savoir ce que vous voulez toi et tes gus ?

      Vous êtes l’homme en charge de ce navire ?

      Pour sûr qu’c’est moi ! Et vous m’voulez quoi ?

      Et ben pour une charge c’est une sacré charge... Vous tombez à pic ! C’est un sacré navire... L’Ojo Azur hein.

      Et alors ?

      Un ami m’a parlé du Cormoran Azur... Ça vous dit quelque chose ?

      Jamais entendu parler. Maintenant hors de ma vue.

      Bien bien bien... On y va...


      Azerios avait été volontairement direct pour provoquer une réaction chez son interlocuteur, mais ce dernier n’avait même pas sourcillé. Deux solutions, soit il cachait bien son jeu, soit il n’était au courant de rien. Il ressentait une intuition bien étrange concernant cet homme. Ils ne restèrent pas une minute de plus sur le pont regagnant les quais tranquillement. Ils étaient face à une impasse, qu’il sache quelque chose ou non, le capitaine ne semblait pas disposé à parler. Il fallait une autre solution, toute proposition serait bonne à prendre et c’est Djaymily qui se lança.


      Mouais... Je le sens pas ce gras-double...

      T’es pas là seule... Tu proposes quoi ?

      On se planque ? Voir quelles sont les éventuelles fréquentations de ces braves matelots ?

      Elle désigna d’un hochement de tête une petite tour de chargement en bois qui ne se trouvait pas très loin. L’idée était de grimper discrètement et d’attendre qu’il se passe quelque chose. Ce n’était pas forcément des plus trépidant mais ils n’avaient pas de meilleure piste.

      On peut essayer ouais... Allons-y.


      Tous trois se dirigèrent discrètement aux abords de la tour, et vérifiant que personne n’était à proximité pour les remarquer, ils entrèrent. C’était une petite tour en bois, très étroite, une échelle menait vers la partie supérieure, à la file indienne, ils grimpèrent. L’étage était légèrement plus spacieux mais n’était pas non plus prévu pour accueillir trois personnes. D’en haut, parmi les poutres de bois blanchit par l’air marin, ils avaient une vue imprenable sur l’Ojo Azur et ses environs. C’était la planque idéale pour voir sans être vu, et ils y restèrent, attendant que quelque chose d’inhabituel se produise éventuellement.

      - - -

      A la nuit tombée, les quais s’étaient vidés au même titre que le pont du navire. Voilà plusieurs heures qu’ils étaient postés là et il ne s’était rien passé de spécial. Djaymily poussa un profond soupir, sans doute déçue que ça n’ait rien donné, mais au même moment Azerios lui donna un petit coup de coude. D’un signe de tête il incita ses deux compagnons à regarder aux abords du navire. Un homme encapuchonné venait de quitter le bateau, pour rejoindre d’un pas précipité les quais. Émergent de la pénombre, il était à peine visible aux lueurs des quelques lanternes ornant le ponton. Il avançait prudemment, regardant régulièrement au dessus de son épaule. Intéressant, peut être était il lié de près ou de loin au Cormoran Azur et il n’y avait qu’une seule manière d’en avoir le cœur net.
        -Et bien... Madame,...Monsieur,... À vous l'honneur.

        Mes deux collègues et ma personne sortons de notre cachette avec quelques difficultés aux vues de la taille de cette dernière. L'obscurité aidant, je suis mes acolytes à la trace. J'attends leurs feux verts, les stops et toute autre indication de leur part. N'étant pas dans mon élément naturel, je me laisse volontier guider.

        Doucement, nous nous déplaçons entre les caisses contenant poissons, légumes et autres mets à destination des îles alentours. La lune, claire cette nuit, et le manque de nuages augmentent nos possibilités d'être repérés. Je plie les genoux, m'aide de mes mains pour me retenir à tout ce que je peux.
        Marcher en canard, un vrai plaisir vraiment, activité 5 étoiles. Je recommande !

        De temps en temps, je relève la tête afin de regarder où se trouve notre gibier. Oui, j'ai l'impression d'être un trappeur à la recherche de sa proie. A un croisement, je passe un oeil curieux mais Azerios me retire en arrière. Signe négatif de la tête, il décompte 5 secondes avec ses doigts avant de regarder.
        Leçon du jour : attendre avant de vérifier.

        Tandis qu'on avance de manière répétée (un mètre, cachette, pause, un autre mètre, nouvelle planque, attente, etc) le décors se fait de plus en plus sinistre. Les rues larges du port, pour laisser place aux charrettes et autres véhicules, se serrent les unes aux autres. À plat ventre de façon ponctuée, les toits semblent se toucher par endroits et nous enferment de leurs bois humides et craquelés.

        A plusieurs reprises, nous repassons par les mêmes ruelles. Notre homme tourne en rond afin de vérifier qu'il n'est pas suivi. Bien vu de sa part mais, il n'avait pas prévu la présence des deux as.


        *Héhé, dans les dents Jean-Michel-Pas-Discret !*

        Au bout d'une bonne demi-heure, à vue de nez, j'ai perdu ma montre au poker, le louche (pas l'acteur mais celui qu'on piste), s'arrête devant une porte. Un, trois, quatre et enfin deux coups après, elle s'ouvre. Un échange de paroles inaudibles s'ensuit et il s'engage dans la demeure.

        -Les amis... Je pense qu'on touche au but.

        On laisse glisser quelques minutes et je prends les rênes.

        TOC--TOCTOCTOC--TOCTOCTOCTOC--TOCTOC


        *Un peu long comme code ça...*

        La chevillette tirée et la bobinette cherré, un homme, de la taille et aux épaules plus larges, me fait fasse. Sur son visage, une cicatrice lui barre le front

        -J'ecoute ?
        -Cormoran Azur ?


        Le gus a un mouvement de surprise avant de refermer la porte. Ayant anticipé mon échec, j'avance le pied qui empêche toute fermeture définitive et donne un coup sec avec l'épaule. Décontenancé, il titube du retour de porte, me donnant le temps nécessaire pour laisser mon adrénaline prendre le dessus et lui rentrer dans le lard. Un bourre-pif, un coup de genou dans l'entre-jambe et le voilà à terre, serrant les dents, une main au visage et l'autre en protection tardive de ses testicules.

        -Alors ?! C'est pas gentil de claquer la porte au nez. Spécial Azerios et tu l'as pas volée !...
        ...
        ...

        -Putain de bordel de merde, ça fait mal quand même !
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        A l’énonciation des mots Cormoran Azur, tous trois devinèrent qu’il ne s’agissait de toute évidence pas d’un mot de passe. Contre toute attente, c’est William qui dit le premier pas, bloquant la porte, il l’enfonça d’un coup d’épaule. Profitant de l’effet de surprise, il s’occupa du garde comme un chef, lui flanquant une petite raclée dont il se souviendrait sans doute. Djaymily entra par l’ouverture et donna un coup de crosse de sa carabine pour assommer l’homme déjà amoché. « Finish Him » comme on dit. Azerios passa l’ouverture à son tour et regarda William en souriant, un sourire amicale, teinté de fierté.


        Un spécial Azerios hein... C’était pas mal du tout.

        Dans les bijoux de famille... Pauvre gars.


        Apres avoir soigneusement refermé la porte, tous trois s’engouffrèrent dans un long couloir qui menait à un escalier. Marquant un temps d’arrêt devant les marches qui s’enfonçaient dans l’obscurité d’un sous-sol. Quand faut y aller, ils descendirent en silence et quelques instants plus tard ils se trouvèrent devant une porte entre ouverte. Le rookie fit signe à Djaymily de couvrir leurs arrières et il se pencha pour jeter un œil par l’entre bâillement de l’épaisse porte de bois.

        A l’intérieur de cette pièce, un petit groupe d’esclaves, a en juger par les torchons qui leur servait de vêtement. Avec eux deux, non trois individus en plus de l’homme encapuchonné. Leur conversation tournait autour d’une expédition à venir vers l’archipel Vert. Pas de doute, il s’agissait d’une affaire de passeurs, et ces derniers se servaient vraisemblablement de l’Ojo Azur pour exfiltrer de pauvres malheureux. Dans le fond c’était une bonne chose, le jeune homme n’était pas favorable à l’esclavagisme. Malheureusement ils avaient été envoyés ici pour une raison et il comptait naturellement mener sa mission a bien. Il poussa la porte, et fit irruption dans la pièce suivi de près par son bras droit, fusil en main.



        Salutations. Auriez-vous l’amabilité de m’indiquer le Cormoran Azur ?

        Que... Qu’est ce que c’est qu’ce bordel ?! Chopez-les !


        Entrant avec précipitation, ils n’avaient pas remarqué deux autres gars qui se trouvaient juste derrière la porte. Ces deux-là se ruèrent sur eux, Djaymily frappa le premier de la crosse de son fusil, et Azerios dégaina son wakizashi d’un geste pour contrer l’attaque du second qui brandissait une lame. Forçant pour repousser son assaillant il sentit que ses plaies au ventre n’étaient pas loin de craquer et de se rouvrir, il fallait faire attention. Après avoir repoussé l’attaquant, il saisit une étagère métallique et l’abattit sur lui, le neutralisant sur le coup.


        Et donc ? Le Cormoran Azur ?


        Personne ne broncha, en plus des trois hommes et de l’homme encapuchonné, il y avait un homme assit sur une caisse en bois, celui qui avait ordonné qu’on les arrête, probablement était il en charge des opérations ici. L’encapuchonné se tourna, sans grande surprise il s’agissait du capitaine de L’Ojo Azur. Leurs intuitions étaient fondées il était bel et bien dans le coup. Il n’eut pas le temps d’examiner les esclaves que les sbires de l’hypothétique Cormoran Bleu se jetèrent sur les nouveaux arrivants. Djaymily tira un premier coup dans la jambe de l’un d’entre eux qui s’écroula dans un hurlement de douleur, un second se jette sur elle saisissant sa carabine. De son côté Azerios était aux prises avec le troisième homme et livrait un duel au sabre lorsque le capitaine se joint aux festivités, l’attaquant à son tour.

        Le combat n’était pas très équilibré et William remédia rapidement à ça. Saisissant un chandelier disposé non loin, il frappa le capitaine de deux coups, le premier dans le bas du dos, le second dans la tempe du pauvre homme qui n’eut pas le temps de se retourner totalement. Il s’écroula, et Azerios neutralisa l’autre homme d’un coup de poing dans le thorax. Djaymily aussi en avait finit de son coté, elle garda son fusil pointé vers le dernier homme, qui n’avait pas bougé, toujours assit.



        Messieurs, messieurs... Nous sommes entre gens civilisés, inutile d’en venir aux mains. Nous ne voulons pas interférer dans vos affaires, nous sommes simplement ici pour les piqueteurs Colombia.

        Et au nom de quoi revendiquez vous ces malheureux ?

        On nous paie pour ça. Rien de personnel vraiment...

        Allons, laissez Freja et Donatus venir avec nous et nous vous laisserons continuer vos affaires. C’est plutôt honnête comme proposition ? Nous aurions plus vite fait de vous dénoncer et tout le monde ici passerait un mauvais moment. Pourquoi prendre ce risque ?


        A ces mots l’homme assit se leva en poussant un profond soupir et s’avança d’un pas nonchalant dans leur direction. En regardant de plus près les esclaves, Azerios reconnu le colosse qui lui avait mit une raclée dans l’arène, le géant Connor les plaies pansées le regardait. Lui et sa petite famille étaient présents et comptaient être du voyage ce qui soulagea le jeune homme, content d’avoir pu aider.  L’hypothétique Cormoran Azur, alors arrivé à leur hauteur regarda William droit dans les yeux et dans un geste rapide, sortit une lame et l’attaqua. Proche de son acolyte, le pirate para de justesse l’attaque avec son wakizashi et s’interposa rapidement entre les deux hommes. Il n’eut pas le temps de réfléchir que l’assaillant bondit de nouveau mais Djaymily ne comptait pas rester les bras croisés. Elle tira avec une précision chirurgicale qui lui était propre et la balle traversa le bras de l’homme, le forçant à lâcher sa lame.


        Pas bouger.


        L’homme s’attrape le bras, exerçant une pression comme pour canaliser l’hémorragie. Il était momentanément neutralisé, et le rookie, sentant que ses plaies se rouvraient douloureusement, était soulagé de ne pas avoir à se battre plus longtemps. Plaquant sa main gauche sur l’une des plaies, il sentit un saignement, mais rien de bien méchant pour l’instant, il faudrait simplement se ménager et veiller à ce que ça n’empire pas.


        Que fait-on maintenant le Cormoran Azur ?

          J'attrape l'arme du chef de file et me dirige vers le capitaine toujours inconscient (assommé par le marchand, dans le sous-sol avec le chandelier... Je plaide coupable), déchire un bande de son manteau avant de jeter l'arme aux pieds de Djaymily.

          -Pourquoi faut-il toujours autant de véhémence ? Oui, nous sommes les agresseurs dans ce cas mais, si on y réfléchit bien, est-ce vraiment notre faute ? Certains diraient que oui, d'autres que non.
          Je me rapproche de notre homme.

          -Je peux ? Il a un mouvement défensif alors j'avance d'autant de pas qu'il ne recule.

          -N'fais pas l'imbécile, j'veux seulement t'faire un garot...  Il hésite. Je pince mes lèvres dans un sourire compréhensif et réitère ma question. Son hésitation fini lorsqu'il observe sa blessure ainsi que mon attitude

          -Bon, c'est mieux non ?... Tiens assieds-toi et discutons.  Je pousse légèrement une caisse du pied dans sa direction.

          -Où en étions nous déjà... Ah oui, les Colombia. Comme te disait mon ami, nous ne sommes pas là pour détruite ton réseau. Que tu sois le chef ou non. Moi ? J'en ai rien à battre que tu fasses sortir en douce des esclaves. Chacun son délire...
          Par contre, ce dont j'n'ai pas rien à foutre c'est un contrat. Vois-tu, j'aime gagner de l'argent et un contrat est un contrat. Appelle cela une mission, un ordre ou comme tu veux.
          Je regarde notre ancien ami et sa petite famille.

          -Pas vrai Connor ? Tu sais que je tiens paroles. D'ailleurs, je suis content de te voir sain et sauf.
          Il fronce les sourcils. Heureusement qu'il ne s'en est pas mêlé. La raison m'échappe, il aurait pu réduire nos corps et nos espoirs d'une simple pression. Est-ce sa femme ? Le fait qu'il y ait son enfant, ses blessures, le tout ? Peut importe, c'est dans notre avantage.

          -Donc !  Mon ton change radicalement de la sympathie à l'autorité.

          -Nous avons été engagé pour ramener les Colombia et c'est exactement ce qu'il va se passer. Que tu le veuilles ou non. Voyons les choses autrement. Il y a toujours plusieurs options, plusieurs possibilités, le truc c'est de trouver la meilleure. Dans ton cas, tu peux :
          Petit un, refuser de nous aider et, dans ce cas, tout ton réseau s'écroule. Œil pour œil, comme on dit...
          Petit deux, décider de nous faciliter la tâche. Chacun repart de sons côté et on s'en arrête là. Avec un peu de chance, on ne se recroisera jamais. Comme a dit mon ami bretteur, rien de personnel...
          Petit trois,..., Non, il n'y a pas de petit trois.


          ...
          Mes yeux, solidement plongés dans les siens, ne clignent pas.
          ...


          -Bon, tu as pris ta décision ?... Alors, qui sont nos fameux piqueteurs ?
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          La situation se calmait et Aze laissait parler William. Ce dernier pouvait se montrer bien plus adroit et diplomate lorsqu’il s’agissait de négocier, il avait un talent certain pour ce genre de choses. Le marchand, tout en pansant la plaie du leader de ce petit trafic, lui exposait les différentes solutions qui s’offraient désormais à lui et en réalité il n’avait pas vraiment le choix. Djaymily se tenait à quelques mètres de William, prête à intervenir si la situation l’exigeait, fusil en main. Le rookie s’avança alors vers les esclaves qui semblaient craintifs, difficile de dire qui étaient les Colombia. La morale lui hurlait de rebrousser chemin, de laisser à ces pauvres gens la possibilité de fuir, vers des horizons plus cléments. Mais il ne pouvait pas se le permettre, il avait accepté cette mission et son sens du devoir était plus fort. Il se retrouva face à Connor, sa femme et son fils se cachaient derrière sa carrure imposante.


          Sacré spectacle que tu leur a offert dans l’arène l’autre jour... Je suis content de vous voir ici...

          Désolé pour les bleus.

          A ces mots Azerios afficha un sourire, il faut dire que si il l’avait voulu, ce colosse aurait sûrement pu le réduire en bouillie sans aucune difficulté. C’est plutôt lui qui devrait le remercier de ne pas l’avoir trop amoché.

          T’excuse pas pour ça... Tu as remplis ta part du marché, on a remplit la nôtre. Nous ne sommes pas là en fauteurs de trouble malgré les apparences... On cherche simplement les Colombia, accompagnez nous et on s’en ira.

          Vous ne valez pas mieux que ces esclavagistes...

          Vous vous trompez sur notre compte. Comme vous l’a expliqué mon ami, ce n’est qu’une question de récompense. On partira avec les Colombia quelqu’en soit le moyen... Une fois livrés vous aurez tout le loisir de les faire extrader de nouveau.

          Pas la peine de causer plus de tort ici. Mais on a des conditions.


          L’un des esclaves venait de s’avancer, fixant le jeune pirate. Il s’était mit devant une petite femme à la mine effrayée, bombant le torse, une posture qu’il n’avais jamais vu sur un esclave. Bravoure ou folie, difficile à dire mais il avait sûrement compris que personne ici ne voulait faire de mal à qui que ce soit. Le trafiquant d’esclave, ou Cormoran Azur poussa un soupir agacé par la situation. Pas de doute, il s’agissait là de leur homme.


          Donatus Colombia j’imagine ?

          C’est moi.

          Les circonstance ne me font pas spécialement plaisir, mais nous sommes ici pour vous ramener... Vous parliez de conditions ?

          Ne faites pas d’mal à Freja. C’était mon idée...

          On ne vous fera aucun mal, on est pas là pour ça...


          Eux non, mais probablement que de retour chez Souther, les deux amants bénéficieraient d’un traitement particulier. Se sentant presque coupable, Azerios hocha la tête, et se tourna en direction de ses acolytes. Les Colombia s’avancèrent, hésitants, Freja restait collée dans le dos de Donatus, parcouru de tremblements. Sûrement les deux prisonniers craignaient pour leur vie et songeaient au châtiment qui les attendait à leur retour à la propriété. Le jeune pirate, tirant sa révérence, lança un dernier coup d’œil à Connor et les siens. S’agissait il de se donner bonne conscience ? Peut être bien. Le Cormoran Bleu se releva, impuissant et les regarda partir en silence, le visage empreint de mépris. Le rookie sortit de la pièce, remonta les escaliers en compagnie de sa joyeuse troupe puis se retrouva rapidement dehors.

          La nuit était fraîche et la lueur de la lune éclairait les environs. Les deux bien-aimés suivaient sans opposer de résistance et en silence. Djaymily fermait la marche, fusil en main et aux aguets de la moindre complication. Ils parcoururent les longs chemins de sable blanc d’un pas décidé, un silence assourdissant régnait, c’était même vraiment étrange de traverser ces plantations, sans l’éternel bourdonnement des chants d’esclaves.

          Freja trainait du pied et semblait exténuée. Djaymily s’approcha alors d’elle pour voir ce qui n’allait pas outre le fait qu’elle marchait inexorablement vers la punition.



          Hé là, respire. On peut ralentir la cadence ? C’est pas comme si les fouets de leurs maîtres étaient à nos trousses...


          Donatius se précipita auprès de son adorée l’air inquiet tandis que la tireuse d’élite porta une petite gourde d’eau à la bouche de la pauvre femme essoufflée. Le rookie s’approcha alors intrigué et fut stoppé par son bras droit qui s’interposa.


          Y’a erreur sur la marchandise Aze, on est payé pour ramener deux fuyards pas trois...

          Je ne... Oh merde.


          Azerios réalisa alors l’évidence, il regarda Donatius, qui hocha la tête, l’air grave. Freja attendait un enfant. De quoi se sentir encore plus coupable de remettre ce jeune couple de parents en devenir aux mains d’un exploitant tel que Souther. Il poussa un profond soupir, impossible de reculer désormais.


          On s’en tient au plan...


          Apres une courte pause, afin de permettre à Freja de reprendre son souffle, ils se remirent en route, prochain arrêt la propriété de Calvin Souther.

            -Bien entendu qu'on se tient au plan bordel de merde. Les affaires sont les affaires ! Qu'elle soit en cloque ou pas on avance...

            Je me retourne vers Donatius, l'air grave.

            -Dis moi tout ce que j'ai à savoir sur le fait d'être esclave et enceinte.

            Il me regarde, surpris, puis se met à parler. Il m'explique en termes simples et directs que les esclaves ont le droit de vivre une idylle dû moment qu'ils font leur boulot, boulot, dodo. Cependant, les femmes ont pour interdiction d'être enceinte. *Comme si c'était possible par la pensée*. Car cela baisse considérablement le "prix" et la résultante est qu'elles "disparaissent" rapidement d'une manière ou d'une autre.

            *Putain... Encore un truc à négocier...*

            ...

            J'entre dans la demeure de Souther, accompagné du Rookie. Aux vues de son navire, de son expérience du combat, de sa collègue ainsi que de sa manière d'être lors ces derniers jours, tous les indices concordent pour ne laisser qu'une seule vérité : la piraterie. Quoi qu'il en soit, nous sommes liés par le travail.
            Le majordome de garde nous invite à le suivre et montons les escaliers menant au salon privé. Calvin est à l'intérieur, confortablement installé près d'un feu de rouge et d'or. Le domestique, après nous avoir annoncé, se retire en une courbette arrière des plus prestigieuse. Sacré numéro de léchage de cul, ça doit en faire des heures d'entraînement pour en arriver là.
            Le maître de maison, après son invitation à nous asseoir acceptée, nous fixe calmement, un sourire en coin ponctuant son visage ravi :


            -Mes chers amis ! J'espère que votre visite est annonciatrice de bonnes nouvelles. Avez-vous retrouvé mes deux fugueurs ?
            -Bien entendu, nous ne serions pas revenu sans vous apporter le colis.
            -Dans ce cas, où est-il ?!
            -Dehors, dehors... Il fallait, avant tout, que nous discutions avec vous d'un point quelque peu... Contraignant.
            - De quel point contraignant parlez-vous William ? Votre suspens me laisse présager le pire.
            -et bien... Je cherche mes mots... Voilà. Qu'elles sont les conséquences d'une esclave qui attendrait un enfant ?...


            Ses sourcils se grincent tandis que son sourire laisse place à une grimace de colère:

            -Comment ! Elle est enceinte !! Ah ce couple ! Je savais bien qu'il me poserait des ennuis !... Vous avez bien fait de me les rapporter. Ils vont bien voir de quel bois...
            -Calvin, Calvin, Calvin. Écoutez-vous, un gentilhomme tel que vous ne devrait pas céder à la colère, vous êtes au-dessus de cela, non ? Écoutez plutôt ce que j'ai à vous dire.
            -Dîtes toujours l'ami et je verrais ensuite !
            -Bien... Bien... Excellent début. Certes, ils ont désobéi aux ordres. C'est un fait. Mais, n'est-ce pas quelque chose d'humain que de tomber amoureux ou de vouloir former une famille ? N'avons nous pas entendu tant d'histoires et de contes rendant l'amour plus fort que tout ? Essayez, juste un instant, de vous mettre à leur place. Essayez avec moi et visualisez ce que je vais vous dire...
            Imaginez être tombé amoureux, vous vivez votre amour au jour le jour. Un soir, vous découvrez que vous n'êtes plus que deux mais trois. C'est le moment important : vous avez donc peur car c'est interdit. A partir de là, nous avons à faire à une simple réaction humaine. Soit vous fuyez, solution optée par nos tourtereaux, soit vous affrontez le danger,

            -Ce qu'ils auraient dû faire !
            -Ce qu'ils auraient dû faire j'en conviens. Cependant, ils nous ont suivi sans créer de problème à condition qu'aucun mal ne soit fait au bébé.
            -Personne ne me dicte ce que je dois faire.
            -Bien entendu mon cher. Cela dit, si vous les punissez, quelle image vous donnerez à vos autres employés ? Néfaste. Et ils n'hésiteront pas à vous le rendre dès la première occasion venue.
            -Que diront mes concitoyens ? Que je suis un tendre et un faible !
            -Entre nous, je crains plus une personne qui n'a rien à perdre que les autres. D'autant plus que votre adversaire, Growpsou, va se retrouver bien embêté...
            -Comment cela ?
            -Promettez moi de ne pas toucher, au moins, à la femme, soyez magnanime mon cher ami. Sinon... Voyez cela comme un investissement sur le long terme.
            -... Soit. La femme ne sera pas punie directement. Quant à l'homme, je ne peux rien vous promettre.
            -Je n'en attendais pas moins de vous Calvin.
            -Quelle était cette fameuse information ?
            -Bien entendu. Vous vous rappelez certainement notre pot de vin à Mr.Connor, le lutteur de Growpsou ?
            -Bien entendu.
            -Disons qu'avec ce dernier, notre cher combattant est en partance pour une destination inconnue, grâce à ce pot de vin, avec toute sa petite famille.
            -... AH! Ahahah ! A la bonne heure ! C'est une bien bonne nouvelle... Mais, comment savez-vous cela ?
            -Ah mon cher Calvin, rappelez vous, je vous ai déjà dit qu'un bon négociateur se doit d'être bien informé sans pour autant dévoiler ses sources !
            -Fort bien, fort bien... Vous m'avez été, ces derniers temps, d'une utilité à toute épreuve. Je n'ai, pour le moment, plus besoin de vos services. Votre récompense, comme convenue, se trouve en bas. Demandez la à Alfredo.
            ...
            Mes amis, ce fût, encore une fois, un plaisir.

            -Tout le plaisir est pour nous Calvin...


            ...

            De retour au centre-ville, nous passons dans les différents commerces afin de faire le plein du navire en fruits, légumes, produits secs et tout autres assortiments nécessaire à la bouffe de tous les jours.
            Bien entendu, nous ne pouvons passer à côté des fameuses tomates Souther et des épices Growpsou. Il faut dire qu'ici, à eux deux, ils ont le monopole d'au moins quatre-vingt pourcent des ressources produites.

            Un sac de provision sur le dos, accompagné d'Azerios et Djaymily, nous passons devant le seul joaillier du coin. Sa vitrine ne donne pas tellement envie. Les pièces proposées semblent usées par le temps. La devanture me semble même mensongère. À mon avis, il s'agirait plutôt d'un prêteur sur ga...


            -Putain ! C'est ma montre faut que je la rachè...
            -Hey ! Tony ! Tu t'souviens d'nous ?


            Tony ? Cette voix... Ne me dîtes pas que... Je me retourne doucement.

            -Heeeey ! Ed' ! Comment ça va depuis l'poker ?...
            -Tu nous as bien eu avec ton match truqué là et... Hey mais attends ! C'est le gars qui a battu l'Connor !!


            Je regarde mes deux acolytes du coin de l'œil et leur glisse à voix basse :
            -Suivez le lead.

            Je reporte mon attention sur le groupe d'une demi-douzaine d'hommes en colère (heureusement qu'ils ne sont pas douze):
            -Messieurs, pour vous dédommager, je vous propose une spéciale William !
            -William ? C'qui Willia...


            Je ne leur laisse pas le temps de finir leur questionnement que je prends mes jambes à mon cou et part dans la direction du navire.
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            Une spéciale William hein. A peine avait il prononcé ces mots qu’il prit la poudre d’escampette. Tout le monde resta bouche bée, regardant le marchand se sauver à toutes jambes. Un silence s’installa, personne ne s’attendait à une telle reaction et tout le monde était stupéfait.


            *Mais bordel...*


            Les deux pirates échangèrent un regard interloqué puis tournèrent doucement la tête vers la demie douzaine d’hommes vraisemblablement sur les nerfs. Ils leur adressèrent un sourire gêné, puis prirent à leur tour leurs jambes à leur cou. Ils détalèrent le plus vite possible, afin de semer leurs poursuivants. Une fois la nouvelle Réa quittée, ils se retrouvèrent sur un long chemin de sable blanc comme on pouvait en trouver partout, frayant à travers les plantations. A bonne distance et se dirigeant vers le bateau ils rattrapèrent leur compère, tous trois étaient essoufflés.


            La spéciale William hein ?

            Plutot inattendue cette technique... Au moins on aura pas à s’expliquer avec tes amis...


            Le trio arriva rapidement au navire, totalement réparé et prêt à reprendre la mer. Ils chargèrent les provisions et se préparèrent à quitter cette île de malheur. Le hasard faisait bien les choses en fin de compte, leur visite avait été plutôt enrichissante et Azerios avait proposé à William de faire un petit bout de chemin ensemble au moins jusqu’à Poiscaille.


            Cette coque de noix est loin du confort des piaules de Souther, mais ce serait un réel plaisir de tracer un peu de route avec toi l’ami.


            Les amarres larguées et la voile déployée, l’embarcation s’éloignait peu à peu des récifs chaotiques de l’île des esclaves. Tous trois trinquèrent à leur départ et à leurs affaires rondement menées, profitant de l’occasion pour déguster la fameuse bière tout droit venant de la brasserie de Growpsou, dont le slogan était « La mousse Growpsou, ça fait du bien par où ça passe ». Difficile de dire ce qui était le pire dans tous ça, entre la saveur infâme de cette boisson et le slogan de mauvais goût...

            William leur raconta alors une anecdote au sujet de Poiscaille alors que l’ile des Esclaves disparaissait peu à peu à l’horizon.