De son mirador, y a l'colonel qui éloigne ses lunettes d'approche de ses lunettes anti-soleil. Sourcils froncés, mine grave, comme l'heure. A sa botte, y a un troufion un peu gradé quand même qui lui demande s'il doit ordonner un tir d'artillerie ou rester éternellement un mec insignifiant. Colonel répond pas, si ce n'est d'un geste de la main qui peut autant dire "pas la peine" que "fous-moi le camp". Dans les reflets argentés des mirettes du gradé, y a un petit navire qui approche, au loin. Droit vers l'île. Et à la place des canons, y a des mecs qui passent par les sabords.
D'ordinaire, z'auraient canardé. C'est la procédure. Mais le 'tit manuel ne spécifie rien quand on se fait attaquer par un brick qui dégueule son équipage par tous les trous. Surtout quand les trois mousses à terre sont allés s'tendre deux mâts. Au centre des linges étendus, un mec, grand comme une basilique, basé comme une barrique, baraqué sec comme une trique. Traquant le spécimen de sa lorgnette, l'colonel, moins pour l'hubris que lubrique, rappelle sa clique et évite le brac-à-bric au brick de laids salement écrémé depuis peu. Traitement à l'ultra haut tempérament. Y a plus un germe qui remue. Que même les voiles, elles se suspendent, des fois que le vent tourne pour elles. Le gouvernail se retient de tourner de l'oeil et le nez de la gueule de bois pique en plein dans la digue, où la base de la Marine s'est avachie depuis pas mal d'années.
Gros bruit de matières pas supposées se galocher à la première rencontre. Rupture directe, puis un navire pirate qui bondit sur le muret pour s'affaler le dernier soubresaut d'orgueil en plein dans la cour de la caserne. Les soldats s'écartent, tandis que la quille peigne la plus belle raie au milieu au terrain d'entraînement des jeunes recrues. Quelques râteliers et épouvantails d'entraînement subissent leur dernier crash test dans la volée, quand l'engin s'arrête, enfin. Le dernier rescapé passe sa bonne tête, sourit et s'annonce, comme s'il était attendu.
Minos ! Le Roi Minos.
Eh ouais, le mec sur le bateau, c'est moi. Je saute du pont sur la terre battue et vérifie que je suis pas garé comme un sagouin. Presque symétrique par rapport aux murs du centre. Petit exploit. Et le public ne le remarque même pas. Z'ont pas l'air reconnaissants pour la tranchée de simulation que je viens de leur offrir. Y a des colisées qui rêvent d'avoir un rafiot pour engrandioser les batailles. Z'attendent que je précise la gratuité du service pour étirer les zipières ou sont définitivement en cire ? Tu noteras, sont tous fringués comme des mannequins de podium ici. Et ils ont le même sourire. Ambiance marinières et petits bonnets blancs et blancs bonnets de haute couture. Sais pas si je dois saluer de la main ou lever mon petit doigt pour me fondre dans le décor. Une chose est sûre, c'pas ici le RED café, où les serveuses à gros pourboires vivent tellement courbées qu'on pourra les enterrer dans des boîtes à godasses. Nan, ici, c'est la Marine, la vraie. Mais la vraie des Blues. Eh ouais, toujours le même merdier. Tout est bien propre parce que personne n'a jamais servi à rien.
Heureusement, au milieu de cette chiasse à grumeaux de fond d'ambitions de mouettes sous-gradées, une personne me regarde avec le sourire. Un mec solide, aux bras fermes, mâchoire carrée et épaules tannées par le soleil et asséchées par le sel marin et la fonte de la salle de sport. Je m'attendais pas à tomber sur un gaillard, un vrai de vrai.
Je le vois trottiner jusqu'à moi, la bouche en coeur. Eh ouais, pourquoi faire les choses en marchant ? C'est ça l'esprit les gars ! Et s'il expire bien par la bouche, c'est pour éviter de se fatiguer pour rien car, quand s'agit d'évaluer les limites de son corps par rapport aux prévisions de son esprit, on sait tous que trop souvent s'user c'est tromper. Bon, il a des seins. Souci de testo ça. Les mecs se piquent pour casser leur limite naturelle en s'envoyant de la testo de synthèse. Le corps a une surdose. Ca permet de pousser plus, de gagner de la masse. Mais ton corps, l'est pas con. Il déteste le désordre. Alors, quand il voit que tu te sers en testo chez la concurrence, il réduit ses stocks, pour pas produire inutile, ou bien il change l'excès d'hormones mâle en hormones femelle. Tu finis stérile et avec des nibards. Mais t'ouvres tous les bocaux de cornichons et tu pètes toujours tes verres en cristal dès le premier lavage, ce qui fait de toi un vrai mec malgré tout. Je jugerai jamais un zig qui va jusqu'à bousiller son corps pour augmenter ses perfs. Personne n'est doté de la génétique naturelle de Minos.
Salut ! Hmm....Commodore ? Que je fais, au piff.
Oh, vil flatteur ! Je ne suis que Colonelle. Colonelle Chouchou Et toi mon beau, qu'est-ce qui t'amène ici ?
Mon bateau. Enfin, "mon bateau". C'était le mien à partir du moment où j'étais dernier homme d'équipage à bord. C'est la règle maritime. Que je fais, au piff aussi.
Je vois ça. Il est....terriblement bien charpenté. Mais dis-moi, beau blanc, tu es un pirate ?
Quoi, les mecs qui creusent des trous pour dégoter des coquillages ? Ah non, je me respecte. Suis Roi. J'ai un pays, au Nouveau-Monde. Mais pour l'heure, suis en vacances. On m'avait dit que les femmes ici étaient superbes. Fait bien trois ans que j'en ai plus reluqué une.
Oh, mon pauvre ! Chouchou va arranger tout ça ne t'en fais pas
Je souris, complice de ce gars que je devine être un indécrottable culbuteur de ribaudes.
Ah, vous, vous savez parler aux hommes. On devrait se faire une tite sortie d'ailleurs. Alcool jusqu'à plus savoir ce qu'on fout, histoires dingues et renvoi dans ses pantoufles avec les mirettes bordées de valises quand le soleil est aussi rond que nous.
Je sais exactement ce que tu as en tête. Chouchou va se préparer pour être présentable. Attends-moi au parc d'attractions, près du grand huit et je t'offrirai les meilleures montagnes russes de toute ta vie
Le truc où on s'envoie en l'air là ? Ah, pas sûr que je rentre sous la ceinture de sécurité, mais ça se tente. En attendant, je peux vous offrir le bateau ? Je récupérerai le bordel dedans. Canons, viande séchée, tous les effets personnels quoi. Suffira de l'emmailloter dans la voile. Mais le bâtiment, c'est pour vous, c'est cadeau. Ca me fait plaisir.
Quel homme Sergent-chef Macho ! Tu vas sortir les affaires de sa Majesté et tu vas passer un coup de chiffon dessus, avec un peu de désinfectant, de l'huile d'oranger ou ce que tu trouveras dans la remise. Fais les briller ! Et remets-moi en place cette tignasse hirsute, on dirait un chien qui vient de s'ébrouer après une promenade par averses. Ce n'est pas sexy !
Non, pas sexy du tout...Ben, merci ! On se dit à plus tard alors.
Ciao bella !
Bella, c'est la guerre. Ce gradé ne pense qu'au combat. Moi qui étais pas loin de dire qu'il n'y avait que des lopettes dans la bande, ce Colonel Shushu m'a fait réviser mes à priori. Je salue la petite monnaie de soldats et filoche vers le coeur de l'île, où la fête au parc semble battre son plein. La journée est impec', sans mauvaise surprise. Manque plus qu'une rencontre avec une femme bien en formes et avec le bon caractère qui va bien et c'est par-fait. Elle est forcément dans c'te foule et je la trouverai. Ou mieux, c'est elle qui me trouvera.
D'ordinaire, z'auraient canardé. C'est la procédure. Mais le 'tit manuel ne spécifie rien quand on se fait attaquer par un brick qui dégueule son équipage par tous les trous. Surtout quand les trois mousses à terre sont allés s'tendre deux mâts. Au centre des linges étendus, un mec, grand comme une basilique, basé comme une barrique, baraqué sec comme une trique. Traquant le spécimen de sa lorgnette, l'colonel, moins pour l'hubris que lubrique, rappelle sa clique et évite le brac-à-bric au brick de laids salement écrémé depuis peu. Traitement à l'ultra haut tempérament. Y a plus un germe qui remue. Que même les voiles, elles se suspendent, des fois que le vent tourne pour elles. Le gouvernail se retient de tourner de l'oeil et le nez de la gueule de bois pique en plein dans la digue, où la base de la Marine s'est avachie depuis pas mal d'années.
Gros bruit de matières pas supposées se galocher à la première rencontre. Rupture directe, puis un navire pirate qui bondit sur le muret pour s'affaler le dernier soubresaut d'orgueil en plein dans la cour de la caserne. Les soldats s'écartent, tandis que la quille peigne la plus belle raie au milieu au terrain d'entraînement des jeunes recrues. Quelques râteliers et épouvantails d'entraînement subissent leur dernier crash test dans la volée, quand l'engin s'arrête, enfin. Le dernier rescapé passe sa bonne tête, sourit et s'annonce, comme s'il était attendu.
Minos ! Le Roi Minos.
Eh ouais, le mec sur le bateau, c'est moi. Je saute du pont sur la terre battue et vérifie que je suis pas garé comme un sagouin. Presque symétrique par rapport aux murs du centre. Petit exploit. Et le public ne le remarque même pas. Z'ont pas l'air reconnaissants pour la tranchée de simulation que je viens de leur offrir. Y a des colisées qui rêvent d'avoir un rafiot pour engrandioser les batailles. Z'attendent que je précise la gratuité du service pour étirer les zipières ou sont définitivement en cire ? Tu noteras, sont tous fringués comme des mannequins de podium ici. Et ils ont le même sourire. Ambiance marinières et petits bonnets blancs et blancs bonnets de haute couture. Sais pas si je dois saluer de la main ou lever mon petit doigt pour me fondre dans le décor. Une chose est sûre, c'pas ici le RED café, où les serveuses à gros pourboires vivent tellement courbées qu'on pourra les enterrer dans des boîtes à godasses. Nan, ici, c'est la Marine, la vraie. Mais la vraie des Blues. Eh ouais, toujours le même merdier. Tout est bien propre parce que personne n'a jamais servi à rien.
Heureusement, au milieu de cette chiasse à grumeaux de fond d'ambitions de mouettes sous-gradées, une personne me regarde avec le sourire. Un mec solide, aux bras fermes, mâchoire carrée et épaules tannées par le soleil et asséchées par le sel marin et la fonte de la salle de sport. Je m'attendais pas à tomber sur un gaillard, un vrai de vrai.
Je le vois trottiner jusqu'à moi, la bouche en coeur. Eh ouais, pourquoi faire les choses en marchant ? C'est ça l'esprit les gars ! Et s'il expire bien par la bouche, c'est pour éviter de se fatiguer pour rien car, quand s'agit d'évaluer les limites de son corps par rapport aux prévisions de son esprit, on sait tous que trop souvent s'user c'est tromper. Bon, il a des seins. Souci de testo ça. Les mecs se piquent pour casser leur limite naturelle en s'envoyant de la testo de synthèse. Le corps a une surdose. Ca permet de pousser plus, de gagner de la masse. Mais ton corps, l'est pas con. Il déteste le désordre. Alors, quand il voit que tu te sers en testo chez la concurrence, il réduit ses stocks, pour pas produire inutile, ou bien il change l'excès d'hormones mâle en hormones femelle. Tu finis stérile et avec des nibards. Mais t'ouvres tous les bocaux de cornichons et tu pètes toujours tes verres en cristal dès le premier lavage, ce qui fait de toi un vrai mec malgré tout. Je jugerai jamais un zig qui va jusqu'à bousiller son corps pour augmenter ses perfs. Personne n'est doté de la génétique naturelle de Minos.
Salut ! Hmm....Commodore ? Que je fais, au piff.
Oh, vil flatteur ! Je ne suis que Colonelle. Colonelle Chouchou Et toi mon beau, qu'est-ce qui t'amène ici ?
Mon bateau. Enfin, "mon bateau". C'était le mien à partir du moment où j'étais dernier homme d'équipage à bord. C'est la règle maritime. Que je fais, au piff aussi.
Je vois ça. Il est....terriblement bien charpenté. Mais dis-moi, beau blanc, tu es un pirate ?
Quoi, les mecs qui creusent des trous pour dégoter des coquillages ? Ah non, je me respecte. Suis Roi. J'ai un pays, au Nouveau-Monde. Mais pour l'heure, suis en vacances. On m'avait dit que les femmes ici étaient superbes. Fait bien trois ans que j'en ai plus reluqué une.
Oh, mon pauvre ! Chouchou va arranger tout ça ne t'en fais pas
Je souris, complice de ce gars que je devine être un indécrottable culbuteur de ribaudes.
Ah, vous, vous savez parler aux hommes. On devrait se faire une tite sortie d'ailleurs. Alcool jusqu'à plus savoir ce qu'on fout, histoires dingues et renvoi dans ses pantoufles avec les mirettes bordées de valises quand le soleil est aussi rond que nous.
Je sais exactement ce que tu as en tête. Chouchou va se préparer pour être présentable. Attends-moi au parc d'attractions, près du grand huit et je t'offrirai les meilleures montagnes russes de toute ta vie
Le truc où on s'envoie en l'air là ? Ah, pas sûr que je rentre sous la ceinture de sécurité, mais ça se tente. En attendant, je peux vous offrir le bateau ? Je récupérerai le bordel dedans. Canons, viande séchée, tous les effets personnels quoi. Suffira de l'emmailloter dans la voile. Mais le bâtiment, c'est pour vous, c'est cadeau. Ca me fait plaisir.
Quel homme Sergent-chef Macho ! Tu vas sortir les affaires de sa Majesté et tu vas passer un coup de chiffon dessus, avec un peu de désinfectant, de l'huile d'oranger ou ce que tu trouveras dans la remise. Fais les briller ! Et remets-moi en place cette tignasse hirsute, on dirait un chien qui vient de s'ébrouer après une promenade par averses. Ce n'est pas sexy !
Non, pas sexy du tout...Ben, merci ! On se dit à plus tard alors.
Ciao bella !
Bella, c'est la guerre. Ce gradé ne pense qu'au combat. Moi qui étais pas loin de dire qu'il n'y avait que des lopettes dans la bande, ce Colonel Shushu m'a fait réviser mes à priori. Je salue la petite monnaie de soldats et filoche vers le coeur de l'île, où la fête au parc semble battre son plein. La journée est impec', sans mauvaise surprise. Manque plus qu'une rencontre avec une femme bien en formes et avec le bon caractère qui va bien et c'est par-fait. Elle est forcément dans c'te foule et je la trouverai. Ou mieux, c'est elle qui me trouvera.