Deux jours. Voilà deux bonnes journées que je me suis échoué sur cette île, faute à un navire qui fût incapable de soutenir mon poids à la longue, et à des lacunes évidente en termes de navigation, une petite tempête aura eut raison de l'embarcation qui aura uniquement pu m'emmener jusqu'ici. D'ailleurs, je n'ai pas la moindre idées ce qu'est, ici. Il est évident que je suis encore sur North Blue, ou du moins à ma connaissance, mais pour savoir sur quelle île je me suis retrouvé parmi toutes celles qui composent la mer bleue, autant dire que c'est chercher une aiguille dans une botte de foin.
Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle n'est pas très attrayante, à première vue. Je n'ai croisé personne, en tout cas, personne qui ressemble de près ou de loin à un homme, rien que des animaux sauvages. Et encore, quand ceux-ci ne s'enfuient pas lorsque je m'approche d'eux. Il est clair qu'il est impossible de me rater, et ce, à des mètres à la ronde, du haut de mes huit mètres, je fais quasiment la taille des arbres qui composent la jungle de ce trou perdu. Le sol semble trembler à chacun de mes pas, et si la couche de boue épaisse et stagnante qui recouvre les zones les plus humides que j'ai déjà eut le loisir d'explorer ne me posent pas de problèmes, je ne donne pas cher des êtres de petites tailles.
Alors que je prends finalement une pause dans mes pérégrinations, non loin de la plage et de la mer, je constate alors l'arrivée de quelqu'un, qui semble extérieur à celle-ci. Difficile de discerner quoi que ce soit, à vrai dire, avec la distance, mais si elle vient bien de l'extérieur, elle pourra certainement m'indiquer où je me trouve, et éventuellement comment sortir de ce foutu îlot. Je me redresse alors, portant ma main sur un arbre dont les branches cèdent presque aussitôt, râpant ma paume qui vient se frotter contre l'écorce et grommelant. Je l'agite quelque peu, tâchant de ne pas provoquer plus de casse, tout de même, et fonds alors vers la destination de la chaloupe, et de son occupante.
"
Pourvu qu'elle ait à manger, je commence à crever la dalle, moi. "
Je tâche de ne pas arracher quoi que ce soit au passage, si ce n'est des branchages. Il n'est pas non plus question de débroussailler cette pauvre île, mais il faut que j'atteigne cette chaloupe le plus rapidement possible, pour pouvoir discuter avec cette personne.
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Finalement, et après quelques brèves minutes de courses qui ont provoqués une cohue d'animaux sauvages dans tout les sens, je finis par arriver sur ce qui semble être un bien maigre village, si on peut le considérer ainsi. Quelques bâtisses faites de bois, de boue, de pierre, sur un des bords de l'île, et un petit regroupement de types masqués, habillés de pagnes en feuilles, en bois, et d'autres habits primitifs de la sorte.
En voyant une immense silhouette de derrière les arbres, la plupart d'entre eux qui n'étaient pas déjà dehors, viennent à sortir de leur cahutte, et commencent dès lors à me pointer de leurs petits javelots, ou de leurs lance-pierres, semblant plus effrayés qu'autre chose. J'esquisse alors un sourire carnassier, avant de plier un peu les genoux histoire de rapprocher ma face du regroupement.
"
BAHAHAHA ! Faut pas vous inquiéter les gars, r'posez vos armes. Vous auriez pas quelque chose à manger, par hasard ? "
Au vu de leur mine déconfite, et certainement encore plus apeurée pour ceux qui n'ont pas de masques, je comprends rapidement qu'ils ne semblent pas parler la même langue que nous, et que vraisemblablement, ils n'ont rien compris. Je viens alors à pousser un long soupir, un air ennuyé aux visages tandis qu'ils ne me quittent pas du regard, continuent de me mettre en joue. Voilà qui s'annonce compliqué, mh ?
Mes prunelles rougeoyantes viennent à se balader sur chacun d'eux, curieux, et cherchant à voir si il n'y en a pas un qui paraît plus intelligent que les autres, et c'est avec surprise que je finis par remarquer une jeune femme, qui semble, au vu de sa tenue, on ne peut plus civilisée que les autres hurluberlus de cette île de sauvage. C'est certainement elle, qui a dû accoster ici.
Je me penche alors dans sa direction, un léger sourire aux lèvres, avant de m'adresser à celle-ci de ma voix rauque et puissante, toujours penché :
"
Vous. Vous avez l'air un peu plus, mh.. évoluée, si je puis dire. Vous venez d'arriver ici, je me trompe ? Qu'est-ce qui vous amène sur ce trou perdu ? "
Fatigué de me pencher de la sorte, je finis par m'écraser lourdement sur les fesses, provoquant quelques vibrations à même le sol alors que je m'assois finalement en tailleur, sous l'œil toujours effarés des sauvages, qui semblent hésiter entre m'attaquer, et prendre leur jambe à leur cou. Alors que je m'apprête à l'ouvrir à nouveau, l'un d'eux, qui était aussi le plus proche de la jeune femme, vient à élever la voix :
"
Nous.. Nous.. pas faire de mal.. vous ! Si vous vouloir manger.. Nous donner vous.. Pas de problèmes. "
Il n'attends pas ma réponse, que déjà il semble ordonner à ses camarades indigènes quelque chose. Ceux-ci baissent alors doucement leurs armes, et finissent par se diriger de concert, vers une des cahutte les plus importante de la pauvre bourgade, qui leur sert de port d'accueil.