Combien de temps cela faisait-il ? Quelques semaines ? Quelques mois ? Seule la date sur le journal du garde lui permettait de savoir depuis quand il vivait dans ce trou à rats. Un an et trois mois. Il perdait la notion du temps, les journées se ressemblaient toutes.
Qu’avait-il fait pour en arriver là ? Passer d’honnête chasseur de primes au train de vie commun à prisonnier d’une cellule de 5 mètres carré pour deux. Quelle injustice. Qu’avait-il réellement fait de mal ? Avoir été en contact il y a dix ans de cela avec Tim ? Qui aurait soi-disant fomenté une rébellion contre le gouvernement de Goa ? Ce petit si chétif, toujours peureux et qui ne faisait que suivre le groupe d’amis qu’ils avaient à l’époque pour ne pas se retrouver seul à Grey Terminal ? Il n’y croyait pas, et de toute manière qui pourrait croire aveuglément les paroles d’un Dragon Céleste, ceux pour qui le monde entier est un gigantesque terrain de jeu ? Ces êtres répugnants aux pouvoirs infinis, se permettant de faire tout ce qui leur plaît comme se permettre de réduire en esclavage quiconque un peu curieux à leurs yeux, de manger les mets les plus rares de ce monde tandis que d’autres triment pour simplement avoir un crouton de pain pour subsister ? Et tout ça en utilisant la Marine comme leur armée privée qui doit répondre à chacun de leur besoin ? Une vaste blague pour Shin. Il avait en horreur ces personnalités qui avaient tout sans rien faire.
Les bruits de pas de son co-détenu, Akira, le sortit de sa réflexion. Il observa une fois encore leur cellule, comme si quelque chose avait pu changer depuis qu’il s’était perdu dans ses pensées. De simples couchettes superposées avec comme sommier une planche de bois irrégulière et de la paille pour se réchauffer. Une planche de bois suspendue servait de banc, un lavabo des plus simples pour entretenir un semblant d’hygiène et des toilettes. Le sol en pierres n’apportait aucune chaleur, et de larges barreaux en acier constituaient la porte de la cellule. D’autres étaient disposés à la fenêtre qui ressemblait d’ailleurs plus à une sorte de meurtrière laissant passer un filet de lumière pâle dans l’obscurité de la cellule. Shin leva les yeux vers celle-ci et entraperçu des nuages gris ainsi une fine pluie tandis que le vent vint frapper de manière cinglante son avant-bras.
Un garde était assis au milieu de la longue allée menant aux nombreuses cellules des détenus de moyenne envergure, il sifflotait en lisant le journal quotidien. Shin décida de l’interpeller :
"- Eh toi là, le garde ! J’aimerai parler à Sohalia Niveren. Je la connais, elle saura que je n’ai rien à faire ici !
- Je t’ai déjà dit que la Sergent d’élite Niveren n’est pas là et que de toute manière, c’est moi qui suis en charge ici. Maintenant retourne gentiment croupir dans ta cellule et arrête de m’emmerder, détenu numéro 1784." répondit le garde, accompagnant ses paroles d’un rire gras
Le Raïma s’assit sur le banc, le son de ses menottes en acier ainsi que le boulet d’une trentaine de kilos attaché à sa cheville gauche résonna contre les murs de pierres. L’heure du repas approchait et un nouveau garde prit la place du marin d’élite qui avait répondu à l’ancien chasseur de primes. Le bruit des plateaux repas sur le sol humide attira l’attention de Shin. Il attrapa un morceau de pain dur et croqua dedans à pleines dents. Une fois leur repas léger ingéré, ils furent appelés pour les travaux d’intérêts généraux qui rythmaient les journées du jeune homme depuis maintenant plus d’un an.
Lui et Akira furent emmenés hors de leur cellule, sous bonne garde. Trois marins d’élite les accompagnaient à travers le dédale constituant la prison de la 102ème brigade d’élite. Ils traversèrent d’abord le long couloir précédemment cité, passant devant les geôles des autres prisonniers pour arriver dans la grande cour. Celle-ci était entourée de hauts murs de pierres avec des miradors à chaque coin où des soldats étaient postés. D’autres patrouillaient en haut des murailles, fusil chargé à l’épaule et sabre à la ceinture. L’albe repéra deux gardes à chaque mirador et dix autres en patrouille sur les hauts édifices de roche.
Les marins d’élite désignèrent des piles de caisses contenant sûrement de la nourriture ou de l’alcool pour la brigade entière. Les deux co-détenus se mirent à la tâche, transportant celles-ci jusqu’aux cuisines, toujours sous l’étroite surveillance de leurs indésirables accompagnateurs. De plus, les soldats sur les murs les observaient aussi du coin de l’œil. La pluie mouillait l’uniforme à bandes larges de couleur noire et blanche du Raïma et rendait ses mains glissantes. Les caisses en bois semblaient pouvoir lui glisser des mains à tout moment, mais il les agrippa bien pour ne pas être roué de coups si par malheur l’une d’elle lui échappait.
Ce qu’il aurait donné pour ne plus avoir ces menottes et pouvoir s’échapper de ce quotidien infernal. Il n’était clairement pas sûr d’être en capacité de pouvoir ressortir d’ici vivant : une brigade d’élite entière y résidait, mais il n’en pouvait plus d’être enchaîné, en cage. Il pourrait au moins mourir en essayant.
Transporter les caisses pour les soldats, ça ne l’enchantait pas. En plus d’être un animal en cage, il devait rendre service à ses geôliers. Et ce, tous les jours. Pendant un moment d’inattention des gardes, son co-détenu Akira vint lui donner un petit coup de coude.
"- T’inquiète, je te dis que la Révolution va bientôt venir nous chercher, j’en suis sûr. Je les ai contactés et ils ne laisseraient jamais des partisans de la cause croupir en prison. Je te le dis, ils vont venir et bientôt. Sois patient ! " chuchota le Révolutionnaire, un grand sourire se dessinant sur ses lèvres.
*Si tu le dis … Mais ça fait des mois que tu me répètes la même chose et toujours rien en vue …* se dit Shin pour lui-même, presque désespéré à l’idée de finir ses jours entre ces murs.
A la fin de la journée, une fois le travail effectué ils furent rapatriés dans leur cellule. Le repas fut vite expédié, et au lieu de s’ennuyer il valait mieux dormir. Le temps passe plus vite lorsque l’on dort.
Il ne fallut pas longtemps à Shin pour sombrer dans le sommeil et au réveil, il sentit que quelque chose serait différent aujourd’hui. Comme une intuition … Peut-être qu’Akira avait raison ? L’armée révolutionnaire allait venir les chercher ?
Telles furent les questions qui lui traversèrent l’esprit quand il ouvrit les yeux. Il devait être environ six heures du matin à en juger par le faible rayonnement du soleil à travers les nuages sombres et la pluie, toujours présente.
Qu’avait-il fait pour en arriver là ? Passer d’honnête chasseur de primes au train de vie commun à prisonnier d’une cellule de 5 mètres carré pour deux. Quelle injustice. Qu’avait-il réellement fait de mal ? Avoir été en contact il y a dix ans de cela avec Tim ? Qui aurait soi-disant fomenté une rébellion contre le gouvernement de Goa ? Ce petit si chétif, toujours peureux et qui ne faisait que suivre le groupe d’amis qu’ils avaient à l’époque pour ne pas se retrouver seul à Grey Terminal ? Il n’y croyait pas, et de toute manière qui pourrait croire aveuglément les paroles d’un Dragon Céleste, ceux pour qui le monde entier est un gigantesque terrain de jeu ? Ces êtres répugnants aux pouvoirs infinis, se permettant de faire tout ce qui leur plaît comme se permettre de réduire en esclavage quiconque un peu curieux à leurs yeux, de manger les mets les plus rares de ce monde tandis que d’autres triment pour simplement avoir un crouton de pain pour subsister ? Et tout ça en utilisant la Marine comme leur armée privée qui doit répondre à chacun de leur besoin ? Une vaste blague pour Shin. Il avait en horreur ces personnalités qui avaient tout sans rien faire.
Les bruits de pas de son co-détenu, Akira, le sortit de sa réflexion. Il observa une fois encore leur cellule, comme si quelque chose avait pu changer depuis qu’il s’était perdu dans ses pensées. De simples couchettes superposées avec comme sommier une planche de bois irrégulière et de la paille pour se réchauffer. Une planche de bois suspendue servait de banc, un lavabo des plus simples pour entretenir un semblant d’hygiène et des toilettes. Le sol en pierres n’apportait aucune chaleur, et de larges barreaux en acier constituaient la porte de la cellule. D’autres étaient disposés à la fenêtre qui ressemblait d’ailleurs plus à une sorte de meurtrière laissant passer un filet de lumière pâle dans l’obscurité de la cellule. Shin leva les yeux vers celle-ci et entraperçu des nuages gris ainsi une fine pluie tandis que le vent vint frapper de manière cinglante son avant-bras.
Un garde était assis au milieu de la longue allée menant aux nombreuses cellules des détenus de moyenne envergure, il sifflotait en lisant le journal quotidien. Shin décida de l’interpeller :
"- Eh toi là, le garde ! J’aimerai parler à Sohalia Niveren. Je la connais, elle saura que je n’ai rien à faire ici !
- Je t’ai déjà dit que la Sergent d’élite Niveren n’est pas là et que de toute manière, c’est moi qui suis en charge ici. Maintenant retourne gentiment croupir dans ta cellule et arrête de m’emmerder, détenu numéro 1784." répondit le garde, accompagnant ses paroles d’un rire gras
Le Raïma s’assit sur le banc, le son de ses menottes en acier ainsi que le boulet d’une trentaine de kilos attaché à sa cheville gauche résonna contre les murs de pierres. L’heure du repas approchait et un nouveau garde prit la place du marin d’élite qui avait répondu à l’ancien chasseur de primes. Le bruit des plateaux repas sur le sol humide attira l’attention de Shin. Il attrapa un morceau de pain dur et croqua dedans à pleines dents. Une fois leur repas léger ingéré, ils furent appelés pour les travaux d’intérêts généraux qui rythmaient les journées du jeune homme depuis maintenant plus d’un an.
Lui et Akira furent emmenés hors de leur cellule, sous bonne garde. Trois marins d’élite les accompagnaient à travers le dédale constituant la prison de la 102ème brigade d’élite. Ils traversèrent d’abord le long couloir précédemment cité, passant devant les geôles des autres prisonniers pour arriver dans la grande cour. Celle-ci était entourée de hauts murs de pierres avec des miradors à chaque coin où des soldats étaient postés. D’autres patrouillaient en haut des murailles, fusil chargé à l’épaule et sabre à la ceinture. L’albe repéra deux gardes à chaque mirador et dix autres en patrouille sur les hauts édifices de roche.
Les marins d’élite désignèrent des piles de caisses contenant sûrement de la nourriture ou de l’alcool pour la brigade entière. Les deux co-détenus se mirent à la tâche, transportant celles-ci jusqu’aux cuisines, toujours sous l’étroite surveillance de leurs indésirables accompagnateurs. De plus, les soldats sur les murs les observaient aussi du coin de l’œil. La pluie mouillait l’uniforme à bandes larges de couleur noire et blanche du Raïma et rendait ses mains glissantes. Les caisses en bois semblaient pouvoir lui glisser des mains à tout moment, mais il les agrippa bien pour ne pas être roué de coups si par malheur l’une d’elle lui échappait.
Ce qu’il aurait donné pour ne plus avoir ces menottes et pouvoir s’échapper de ce quotidien infernal. Il n’était clairement pas sûr d’être en capacité de pouvoir ressortir d’ici vivant : une brigade d’élite entière y résidait, mais il n’en pouvait plus d’être enchaîné, en cage. Il pourrait au moins mourir en essayant.
Transporter les caisses pour les soldats, ça ne l’enchantait pas. En plus d’être un animal en cage, il devait rendre service à ses geôliers. Et ce, tous les jours. Pendant un moment d’inattention des gardes, son co-détenu Akira vint lui donner un petit coup de coude.
"- T’inquiète, je te dis que la Révolution va bientôt venir nous chercher, j’en suis sûr. Je les ai contactés et ils ne laisseraient jamais des partisans de la cause croupir en prison. Je te le dis, ils vont venir et bientôt. Sois patient ! " chuchota le Révolutionnaire, un grand sourire se dessinant sur ses lèvres.
*Si tu le dis … Mais ça fait des mois que tu me répètes la même chose et toujours rien en vue …* se dit Shin pour lui-même, presque désespéré à l’idée de finir ses jours entre ces murs.
A la fin de la journée, une fois le travail effectué ils furent rapatriés dans leur cellule. Le repas fut vite expédié, et au lieu de s’ennuyer il valait mieux dormir. Le temps passe plus vite lorsque l’on dort.
Il ne fallut pas longtemps à Shin pour sombrer dans le sommeil et au réveil, il sentit que quelque chose serait différent aujourd’hui. Comme une intuition … Peut-être qu’Akira avait raison ? L’armée révolutionnaire allait venir les chercher ?
Telles furent les questions qui lui traversèrent l’esprit quand il ouvrit les yeux. Il devait être environ six heures du matin à en juger par le faible rayonnement du soleil à travers les nuages sombres et la pluie, toujours présente.