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Violence, haine et cynisme. [Pv : Judas]

Bosser pour les pires chiasses de ce monde inccombe forcément de finir comme une sombre merde. Je l’ai accepté y’a des années maintenant, quand j’ai été forcé de bosser pour l’autre gros lard. Quand on te laisse le choix entre te faire trouer la carcasse par le plomb ou rouler pour une grosse tête de la mafia, si t’as un esprit un brin survivaliste, tu te fais pas des nœuds au cerveau pour prendre ta décision.
Antoni Caesar Bambana est une ordure de la pire espèce, mais c’est l’enfant de chienne qui décide de si je vis ou crève en un claquement de doigts. Alors tant que j’ai pas ce qu’il faut pour lui arracher les mâchoires à mains nues, j’irai pas me frotter à ce gros tas. Baisse la tête, garde ton claque-merde fermé et obéi, c’est encore la meilleure façon de rester en vie Peeter. Même quand on t'envoies chatouiller les gros prédateurs de la ville.
Il se fait appeler Judas, Pater Pugilat de son petit surnom. Croyez-moi quand je vous dis que celui-là, j’ai aucune envie de le rencontrer et encore moins avoir une petite discussion avec lui. Va savoir pourquoi le Boss lui veut la peau, d’ailleurs. De ce que j’ai glané en infos sur le gusse, il est du genre bon entente avec les bonnes personnes, le trucider c’est jouer gros. Risquer de perdre sa tête, et pas que.

Une chance qu’on file le sale boulot à la plus grosse ordure de la famille, hein. L’enfant de putain le plus solide des Bambana, celui que même l’affreux Sciavonnache n’a pas réussi à crever, pas faute d’avoir essayé pourtant. Encore que j’ai eu un sacré coup de cul ce jour-là, pas certain qu’il se louperait une seconde fois l’enfoiré.
J’ai eu le temps de mûrir depuis, l’ancien Caporal de la Marine, déserteur et assassin, désormais clébard enragé de la famille Bambana. C’est quand même une sacré descente aux enfers, bordel. Je suis venu, j’ai posé mes burnes à la table du Diable et je lui ai collé un gros doigt. Ce à quoi il a répliqué de la pire des manières, en m’épargnant. Vivre avec ses démons, ses angoisses, ses regrets, remords, toutes ces merdes qui empoisonnent la tête et pourrissent ta vie, c’est bien pire que de mourir.
Maintenant, c’est moi qui répand la souffrance. Sans trop regarder à qui j’administre les doses, on me désigne une tête et je la vaccine. Une bonne injection de violence et de saletés, histoire que plus jamais elle puisse espérer un monde meilleur, perde tout espoir. Je suis un peu devenu le Croque-mitaine de Manshon, à la différence que je n’épargne personne, adulte comme enfant. Si tu déconnes avec la pègre, Dicross viendra te faire payer.

S’occuper d’un cador comme ce Judas est loin d’être une mince affaire, c’est bien pour ça que c’est à moi de m’y coller. J’ai commencé par chercher un moyen de l’atteindre, ici, sur mon terrain. Profiter de l’agitation qui secoue la ville, les civils en colère qui se retournent contre les cadors contrôlant leur vie, leur ville.
L’Underground, la belle opportunité. Des combats clandestins organisés avec le soutien de la famille Tempiesta. Qu’il paraît que le Père Castagne, il en est le Roi, de ces combats illégaux. Est-ce que je peux espérer meilleure opportunité ? Je vais y aller pendant l’agitation de la castagne et lui trancher la gorge de la lame de mon rasoir. Il ne me verra pas venir et baignera dans son sang avant même d’avoir pu m’écraser un poil de fiacre.
Ils sont pas cons, les organisateurs, ceux qui gèrent le bordel. Ils déplacent régulièrement le lieu qui abrite les soirées salades de phalanges sauce raisiné. Mais avec les bons contacts et en s’adressant aux bonnes personnes, j’ai pu trouver où aura lieu la prochaine. Sur un gros navire casino qui va prendre le large pour l’occasion, l’histoire d’une soirée qui s’éternise sur une nuit, pour revenir déposer ses riches invités aux petits matins. C’est bien connu qu’on préfère être à l’abri des regards indiscrets de la Marine quand il s’agit des affaires.

Pour pouvoir monter à bord, je me fais passer pour un combattant. J’ai amené avec moi un tonton flingueur qui va me servir de manager, on va se battre pour une des têtes friquées de la soirée. Un familier, partenaire en affaires des Bambana.
On embarque quelques dizaines de minutes avant le départ pour le large, en silence et les mines sombres. Rocheurfield, le guignol plein aux as, n'est pas au courant de la combine. Pour lui, il vient seulement miser quelques liasses de billets sur un champion généreusement offert par la famille. C’est un peu naïf dit comme ça, mais je suppose qu’ils ont dû lui proposer une certaine somme en échange de service rendu.
Une fois à bord, on se dirige directement vers ce qui nous intéresse, l’arène. Salles des machines à sous, tables de poker et blackjack, tout ça ce sera pour plus tard. A l’heure qu’il est, Judas doit être en train de se préparer mentalement et physiquement pour son combat de la nuit. En tant que Champion de l’Underground et maître de la cage, il livre toujours combat en dernier, pour clôturer le spectacle de façon sanglante. On s’approche de sa cabine, je me faufile, lui règle son compte et on en parle plus.

Au fait M’sieur Dicross, les plans ont changés. Je fronce les sourcils, tique un coup. De quoi tu me causes ? Les plans ont changés ? J’aime pas trop ce que j’entends. Bah… vous savez ce que c’est, le Grand Brûlé en fait qu’à sa tête et au dernier moment, il a tout chamboulé. Je coupe net toute progression, sentant la bonne grosse quenelle me sauter à la fiole. Qu’est-ce que cet enculé de psychopathe a fait, au juste ? J’ai les mâchoires qui se serrent et la nervosité grandissante, ce que manque pas de remarquer Yolovich.
C’est un bon gars Yolovich, mais il bosse pour une saloperie de première. Il a graissé quelques pattes pour s’assurer que vous soyez au programme des combats de la soirée. Vous aurez le premier rôle m’sieur Dicross, un tête à tête avec le Pater Pugilat. Oh l’enfant de chienne. Anatoli, enflure de raclure de bidet, j’aurais ta peau enculé. ‘Faut pas me regarder avec cette envie de tuer m’sieur Dicross, j’y suis pour rien moi, le Grand Brûlé a pas voulu que je vous - Ferme-la Yolovitch, ferme ta putain de gueule.
Le ton comme la posture sont suffisants pour dissuader l’intéressé de se risquer à transgresser l’ordre. Il sait qui je suis et surtout ce que je suis, il prendra pas le risque de se faire exploser les chicots pour si peu.
Il me faut quelques minutes de calme pour assimiler l’information, pour me faire à l’idée que je suis définitivement le grand baisé de l’histoire. Ce putain d’enfoiré de Sciavo’, il a jamais pu me blairer et moi aussi. Il fera tout pour me sortir de la famille le trou du cul.

Je l’ai si mauvaise que j’allume d’un air agacé une clope à l’opium, besoin d’une foutue dose pour m'anesthésier un peu, retrouver mon calme avant de perdre le contrôle. C’est pas le moment de montrer à ces enfoirés mon mauvais côté, quelque chose me dit que je vais en avoir besoin dans quelques heures…


Dernière édition par Peeter G. Dicross le Mer 26 Mai 2021 - 1:44, édité 1 fois
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Les combats clandestins ont littéralement bouffé une partie de ma vie, et pas la meilleure. Celle ou j'étais indécrottable, impitoyable, retors et sacrément violent. J'aimais faire mal et le faire bien. J'aimais donner des leçon, passer des savons, faire reluire la dorure, et travailler pour le plus offrant. On avait instauré un petit rite de passage pour les nouveaux venus, ils devaient venir par leur propre moyens jusqu'au sacro saint des combats illégaux de North. Ils devaient déjà en avoir entendu parlé, et donc être dans les petits papiers de quelqu'un de puissant, ou de rondement bien informé. Les Den Den de certains bookmakers assez timbrés pour faire ce genre d'illicite, sonnaient la journée même où le spectacle allait avoir lieux. Les esprits s'échauffaient toute la semaine pour savoir ou se trouverait la cage du Pater Pugilat. Les combattants eux, s'entrainaient tous les jours afin d'être prêt en fin de semaine. C'était le rendez vous incontournable des paris sous le manteau, et des aficionados du crime. Des amateurs d'adrénaline. Des gens de mon crus, qui suivaient mes délires et mes démons. L'alcool, le jeux, la baston. Un de ses trucs me mettaient déjà en joie, et je ne rechignais jamais à chercher les autres. Très mauvais joueur, mais joueur quand même, Judas. Vous m'imaginez derrière un bureaux avec des lunettes, étudiant des plans de l'île pour savoir quel endroit serait le plus stratégique pour accueillir mon joyeux bordel, ça y'est ? Et bah vous imaginez mal.

Je passais des heures à errer apparemment sans but, dans tout la blues du Nord. Un froid à vous geler les miches, des pluies battantes, des animaux sauvages et une flore pas très accueillante ? Ca ne m'arrêtait pas. J'étais du genre pugnace. Du genre à traverser des désert de congères, des froid polaire et des épreuves du froid, sans broncher. Si j'ai bien une qualité dans la vie, c'est ma résilience.

A force de trouver des endroits toujours plus planqués, reculés, des niches ou des palais, des constructions sans queues ni têtes abandonnées, des hagards désinfecté, et même un patinoire sans autre spectateurs que le grand gradin qui patientait à l'ombre d'un mur délavé, que le temps passe. J'en avais finis par faire le tour, de Manshon.

Puis un jour, Tiempesta m'a ramené un drôle de gars, un brin fantasque. Il avait l'air bonhomme, mais ses yeux de rapaces trahissaient un appât du gain et du vice certains. Il avait un bateau un peu spéciale, dans lequel se déroulaient des manches de cartes assez peu recommandables. On y pariait tout et n'importe quoi, et même la vie n'était plus qu'un numéraire de plus sur ce genre de navire. Il vous engloutissait riches, et vous recrachaient moins que rien, et vice versa. Il n'y avait aucune règles dans ce genre de casino, si ce n'était celle du jeu. Et bientôt, la mienne. Le client veut une animation dantesque, pour accompagner la soirée du samedi soir. Que le clou du spectacle soit un combat où le sang et les excréments pleuvent par hectolitre.

Je suis l'genre de mec qui peut faire l'affaire. Mon petit spectacle se transforme en véritable mine d'or, finalement. C'est sombre, mais l'argent n'a ni odeur, ni provenance. On posait pas la question entre nous, dans Manshon. On l'avait, et c'était tout. Reconnu comme l'autorité en matière d'Underground Mixed Art, j'étais avant tout une cible de choix pour tout les ennemis de TNT. Celui qui savait ou ça se trouvait, savait que derrière moi se tenait l'ombre du Don. Tonton, que je l'appelais, pour pas faire comme les autres. Une habitude que je traîne depuis mes dix ans, ça, d'être différent. Excentrique dans ma bestialité, j'excite la foule par ma personnalité. Et les ennemis qui sentent le sang dans l'eau, viennent en masse pour me dévorer, à la moindre incartade.

Je revenais sur Manshon, et on m'attendait au tournant. Ca, je pouvais m'en douter mais pas le savoir, alors je continuais de surveiller les aller et venue depuis les loges aménagés dans la cabine du capitaine, juste pour moi. Judas, le maître de la cage. L'ultime fléau. Le Pater Pugilat. Voilà ce qu'ils scandent et craignent tous à juste titre. J'suis la conscience de la criminalité, le côté droit du milieu, qui sait pas se cacher ni mentir. On sait ce qu'on fait, et on le fait avec honneur.

On fait le mal, mais on le fait bien, mais la j'me répète.  J'entends des rumeurs de la voix nasillarde du présentateur, qui crie dans un den den micro comme s'il pouvait en réveiller les morts. M'est avis qu'on devrait les laisser tranquille où il sont, peinards. Viens pas me les laisser joindre la fête, nous ce qu'on aime, c'est la vie et tout ses penchants salaces.

- Alors t'es prêt, Judas ...  ? Me dit un type grisonnant, représentant du Don ce soir, qui m'aide à tenir le personnel de la mafia bien à sa place. S'agirait que tout le monde y gagne sa croûte, aussi. Du coup j'ai accepté qu'on y mette le nez, dans mes affaires.

- Bien sûr que je suis prêt, tu crois que quelqu'un pourra me battre, ce soir ? Que je lâche dans le fond d'un canapé en cuir crème, devant une petite table basse ou trônent des bouteilles vides. J'me bats mieux quand je capte pas ce que je fais, quand je sais pas que j'écrase la dignité d'un autre que moi. Réponds pas, on sait tout les deux que ce mec à pas de bol ! Que j'fais en ricanant.

- Ton adversaire ce soir c'est le cador de B* .... Qu'il commence, mais je l'arrête d'une grande battoir en forme de bastingage arrière. J'veux pas savoir, laisse moi la surprise ! Que je lui dis, dévoilant mes dents. Je préfère rien savoir sur celui que je vais démolir ce soir. J'ai toujours les nerfs en 1625, les nerfs en pellotte prêt à en découdre. On scande encore mon nom, plus fort cette fois. Je crois que c'est à moi Bobby, que je fais en lui tournant le dos.

Et je me tire de là, direction la cale, pour la cage infernal. Ce que je vais y trouver, j'le connais pas encore, mais je sens que ce soir, c'est un soir un peu spéciale pour le Pater.




    Toute ma chienne de vie, je me suis fait entuber. Quand j’étais encore dans la Marine, les couilles tombaient plus fréquemment que les boulets de canon lors d’un Buster Call. M’en suis pris des sacrées douilles, jamais le dernier à me faire enfiler par l’autorité, toujours le premier à patauger pour les désirs d’un autre.
    Une fois enrôlé de force dans cette famille mafieuse de malheur, j’ai commencé au bas de l’échelle et des merdes, j’en ai avalé des pelles pleines. Toujours un sale boulot à faire et comme j’étais le petit enfoiré du coin, celui qui a buté un tonton flingueur pour de l’opium, c’est mon nom qui ressortait régulièrement.
    Mais ça date pas de l’âge adulte, croyez pas. Gamin, mon enfoiré de beau-père me faisait trimer comme son esclave personnel ce chien galueux. Ce que j’ai pu le haïr à cet enfoiré, chaque fois à innover pour me coller une tache ingrate sur les bras. Et que j’avais plutôt intérêt à garder le clavier fermé sinon je dérouillais sévère. Ce que j’ai pu avoir envie de le crever… Je crois que c’est le nom qui est le plus ressorti dans mes prières meurtrières pour ce foutu dieu à la con qui écoutait pas.

    Je me suis promis en grandissant que ça changerait, que mes poings allaient imposer ma volonté et parler pour moi, tu parles. Alors je dis pas, j’ai gagné en gueule et je sais envoyer chier quand y’a besoin. Mais au final, je suis encore le toutou d’un autre, d’un gros salopard qui fait ce qu’il veut de moi. Putain ce que je peux détester ça, ce sentiment d’impuissance. C’est quand même dingue d’avoir passé autant d’années à saigner des types et qu’un seul vous résiste, vous enferme dans une cage dont les barreaux semblent incassables.
    Je me pose cette question, là, maintenant. Est-ce que je vais continuer à accepter d’être envoyé à la mort sans avoir mon mot à dire ? Tiens Peeter, j’ai oublié de te dire mais ce soir, tu vas aller tenter de déssouder un homme-ours-démon à mains nues. Bah mange bien tes morts sale raclure.
    J’ai encore les nerfs, ça fait plus d'une heure que la pilule m’a été administrée de force au fond du gosier et j’ai encore les boules. J’ai demandé à ce qu’on m’apporte une bouteille de rhum, du sombre, celui que j’aime, qui adoucit ma haine.

    Ce qu’il fait bien aussi, c’est endormir la douleur. Contre le Pater, qui va frapper comme un sourd sous stéroïdes, ça va se révéler salvateur de pas ressentir le mal. Quand il va briser chacun de mes os, je vais être content de plus rien ressentir.
    M’sieur Dicross, ça va être à vous. C’est à peine si je le calcule, le regard mauvais, les dents qui desserrent pas. Assis sur mon banc, les coudes appuyés sur les genoux, tête basse, front retenu par mes pognes jointes en une boule de chair et d’os. ‘Paraît que cette posture assombrit suffisamment ton cœur pour te donner la hargne de tuer tous tes détracteurs. C’est un truc de mauvais garçon, de type sombre et violent. Y’a du monde là-bas, des chauds bouillants et tous à gueuler pour le Judas, ça va pas être facile m’sieur Dicross. Non sans déconner ? Parce que tu t’attendais à quoi en rentrant dans la taverne du prédateur ? Que ça allait être promenade guillerette, guimauve et chocolat ? En tout cas, bonn’ chance m’sieur Dicross…
    Sans lui adresser un regard, je me relève, attrape la casquette bombée posée à ma gauche et la replace sur ma tête. Termine le verre cul sec, grimace, le repose sur le banc. Quelques pas en direction de la sortie, croise Yolovitch sur le passage.
    Qu’est-ce que je t’ai dis Yolovitch ? Ferme-la putain.

    C’est pas de la chance dont j’ai besoin ce soir, c’est d’un putain de miracle.
    Mon entrée dans la salle se fait sous les hurlements de la foule, du moins de l’amas de personnes qui ont payé cher pour assister au combat des deux plus gros clébards enragés de Manshon. Le présentateur leur a bien vendu le combat, a pas hésité à en rajouter un peu pour faire du challenger un adversaire à la hauteur du grand Champion de l’Underground.
    Le molosse des enfers de la famille Bambana, le nettoyeur du Padre, le Capo qu’on aimerait pas croiser en pleine nuit dans les rues de la ville, celui qui vous ouvre la gorge en un mouvement de poignet, qui vous exploser le crâne de ses phalanges usées, ensanglantées, rongées jusqu’à l’os. L’homme à la casquette et au long manteau qui terrorise les nuits des mioches de Manshon, plus craint que le croque-mitaine, qui vient foutre le feu à vos baraques, regardant votre progéniture brûlée vive, une clope au bec et un sourire sadique en coin.
    Je sais pas ce qui me fout le plus la gerbe, qu’on puisse fantasmer devant un tel étalage de faits horribles ou que le tableau dépeint est foutrement réaliste, en vérité.
    Putain de merde.

    Seul, la démarche nerveuse, je progresse jusqu’à la cage, la tête ailleurs et les oreilles harcelées par le vacarme que produisent les spectateurs. Beaucoup d’insultes, de promesses de mort, du Judas qui va t’arracher les os, du Pater Pugilat qui va te purger la tronche, du Champion qui va t’écraser. Peu qui m’encouragent, beaucoup qui me crachent à la gueule, bienvenue dans mon monde les gars.
    J’ai jamais rassemblé les foules de façon positive, pourquoi ça changerait avant ma mort ?
    Au plaisir de vous retrouver en enfer, bande de fumiers.
    Mon entrée dans l’amas de ferraille se fait dans un chaos général, ça leur fout la gaule de voir le gibier se jeter dans la gueule du loup. Je l’ai toujours autant mauvaise, j’ai pas signé pour un combat suicide bordel. Même pas le temps de me familiariser avec la cage qui m’entoure que déjà, on passe à l’entrée du grand champion. Celui que tout le monde attend avec impatience, celui dont le nom suffit à faire défaillir les pétochards et mouiller les gonzesses accrocs à la testostérone et au charme animal, Judas.
    J’en profite, pendant qu’il s’avance, pour faire tomber le manteau, puis la veste et enfin, le gilet. Ce sera un combat en chemise, messieurs.

    La bête pénètre dans l’arène et dès lors que nos regards se croisent, je le lâche pas des yeux. Mon petit jeu favoris, la provocation, les affrontements visuels. Aussi pour lui montrer que tout bestiau invincible qu’il est, j’ai pas à me chier dessus face à lui. Je vais pas me débiner non plus, si tu dois me laminer la fiole, tu le feras face à un type qui se défendra jusqu’au bout. Jamais été un agneau apeuré et c’est pas ce soir que ça va commencer. De toute façon j’ai pas grand-chose à perdre, je suis déjà brisé de l’intérieur.
    Droit, fier, impassible. Un Peeter des grands soirs, des grands moments. T’as beau être le dieu de la baston pour ces pouilleux, si tu pètes trop haut et que tu baisses ta garde, tu vas goûter à ton propre sang. Tout Pater Pugilat que t’es, t’es pas à l’abri d’une couille.
    En tout cas, la question du soutien de la foule se pose même pas. Je dois pas avoir plus d’une dizaine de fidèles dans la salle.
    Pas grave, j’ai l’habitude d’être seul.
    Seul et contre tous, Peeter Guilhem Dicross pour sa survie.

    Le présentateur, qui braille à travers un escargot relié à quelques autres dispersés aux quatre coins de la pièce pour amplifier sa voix, annonce quelques conneries à propos des enjeux et des règles du duel. Pas la peine d’écouter ce qu’il jacte, on sait tous les deux que de règles, y’en a aucune. Sauf une, qui tient plus du principe que de la règle.
    Tue avant d’être tué.

    Discours terminé, le guignol se retire et ferme derrière lui la porte de la cage, scellant le tout avec un cadenas. Pas de sortie de secours pour le perdant, ‘faut croire. Moi, j’ai pas bronché, les mirettes braquées sur l’énergumène, jaugeant l’écart de puissance entre nous deux.
    Je ferais peut-être mieux de me tirer une balle dans la calvasse moi-même, histoire de vite expédier ce merdier. A la place, je vais l’inviter à venir ouvrir les hostilités. Je vais tous les titiller un coup au passage.
    Bras ouverts vers l’assemblée, air interrogateur sur la fiole, léger sourire en coin. Messieurs, commençons ?
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    Ce soir, ce sera que la haine, la violence et le cynisme qui parleront. Ce soir, mes coups vont pleuvoir comme une drachée sévère et compacte, venir s'écraser sur mon adversaire, et fendre pierre par la pulpe de mes doigts dur comme du béton. J'ai les callosités qui me démangent.  Je traverse le couloir qui me mène jusqu'au combat, je fais jouer ma nuque à droite. Clac. Et à gauche, re-clac. Tout ces combats auront ma peau un jour, j'le sais bien. Enfin, j'le sais pas vraiment en 1625, j'fais plutôt la sourde oreille à mes peurs et mes tracas, mené par mes démons et mes pulsions de violences qui pulsent sous ma peau. C'est un tambour de guerre, tendu et aussi gros que ma cage thoracique, qui bat la mesure au rythme de mon cœur qui cogne contre ma poitrine. Ca fait boom, boom. Moi j'aime l'amour qui fait mal. J'aime à perdre la raison, jusqu'à ce que mort s'en suive. Les combats, c'est ma passion.

    On s'ressemble, l'petit caïd et moi. Tout ce qui nous sépare, c'est quelques centimètres, de l'expérience sur le terrain, et des années au compteur. Moi aussi, j'ai roulé ma bosse pour un boss pas très net. J'ai juste eut plus de chances au tirages, et plus de réussite au grattage. Manteau trench-coat noir, chaussure cirée aussi sombre que mes intentions. Chemise blanche au col remonté et boutonné jusqu'en haut, type mao. J'suis seyant, ca y'est. Mon style est travaillé par des années au services des Tempiesta, truand de la galère que j'suis depuis mes treize ans.

    J'ai toujours été plus grand que la moyenne, et ce depuis longtemps. Ca remonte à mon adolescence, et à toutes ses bastons auxquelles j'ai jamais sût dire non. Pourtant, mon père si mon père était une crème, ma ma mère en était le chou. Manière de te prouver que l'existence tient pas qu'à notre existence ou à la génétique. Après tout à cette époque, j'savais pas encore que le père du Pater, c'était un pirate sanguinaire reconnu pour ses méfaits. J'connaîtrais que bien plus tard le fin fond de l'histoire, mais en cette période là, j'croyais que tout ça n'était du qu'à moi.  Moi et ma cage, de l'acier et un sol spongieux fait pour aspirer l'sang qui coulerait ce soir.

    Plus j'me rapproche, plus l'excitation me gagne, j'en tremble et j'en frisonne, d'entendre mon nom resonné sur la coque de noix du client. Judas, Judas, Judas ! La foule est en délire, les amateurs de poisseux et de guigne se sont passé l'mot ce soir pour assister au combat des mafieux les plus craint et haït du milieu. On est deux roquet qui s'passent un message dès l'entrée dans la salle se fait. Premier contact. Les lumières aveuglantes de la salle m'font pas voir l'essentiel de ce qui s'passe dans la tête de Peeter. Pour moi, c'est encore qu'un énième énergumène un peu trop sûr de lui, à qui j'dois prouver qu'on la fait pas au fléau des tavernes.

    J'débaroule dans le barouf, sautillant presque plus que je marche. La casquette vissé sur mon crâne, mes cheveux cascadant de chaque côté du béret qui m'sert de couvre chef. Je salue la foule, embrassant un poing aussi gros qu'un rocher, que j'monte en l'air comme ce que je prévois à mon adversaire du soir. Le théâtre est aussi important que le combat en lui même, c'est tout un décorum qui fait ma réputation de meilleur lutteur de l'Underground. J'sais comment rendre un combat intéressant, et plus qu'expéditif, je sais faire durer le plaisir. Les seconds s'égrainent à partir du moment ou l'on referme la cage derrière moi.

    Ca à déjà commencé, mais ça, y'a que Peeter et moi pour l'savoir. Les autres, ses idiots, savent pas qu'un combat sa se gagne à la pression psychologique. J'souris et crache par terre un gros glaviot qui marque la cage, ma cage, de ma génétique. Manère d'montrer que tout ça m'appartient, tout autant que la vie de mon adversaire, ce soir.

    - Messieurs, on vous rappelle, pas de coup de bas, pas d'armes et pas de gant ! Ce sont les seules règles, et celui qui les respecte pas ... Il tire un pistolet de sa ceinture... Saura qu'il faut pas déconner avec Manshon ! J'dis rien, un vague sourire sur les lèvres. Un murmure s'empare de ma carcasse, une rumeur qui annonce rien de bon. J'suis déjà dans le bon mood, parce qu'on me l'a bien vendu le poulain de bambana.

    Un combattant de première
    , qu'avait dit l'un, une vraie brute épaisse, qu'avait dit un autre. Finalement maintenant qu'on en est rendu au présentations, m'a l'air bien moins molosse que ce qu'ils ont dit. Pouah. C'est toujours comme ça. Le Jour J, ça se dégonfle comme un coinche le jour de kermesse.

    - Messieurs, première touche, tapez vous la main et c'est partiiiiiis ! Qu'il lâche le commentateur, qui parle comme un manouche le jour des festivités.  Nos regard se rencontrent, nos poings aussi. Deuxième contact. Le mecton, il jacte, il veut que j'arrive. Je lui fais honneur, et un premier jab, bien sec et bien tendu  part dans sa direction, manière de tester sa garde. Bientôt suivit par son petit frère, et l'cadet. Trois coups de puissance moyenne, qu'auraient suffit à faire valser n'importe quel zig qui gesticulent de l'autre côté de l'acier des barreaux.

    Mais pas Peeter G. Discross. C'est bien, ne me déçoit pas, disait mon regard vissé dans le siens.T'aurais mieux fait de rester couché, petit dit ma bouche.
      Faire face au Pater, c’est comme se tenir face à la Mort. Tu sais qu’il lui suffit de te souffler dessus pour te balayer et pourtant, t’as ce frisson d’excitation qui t'empêche de fuir. Parce que tout le monde a envie de défier la grande faucheuse, voir s'il peut en revenir, déjouer son funeste sort. Lui cracher un énorme glaviot dans l'œil, une bonne patate dans les ratiches et repartir en grand vainqueur.
      Il va rien se passer de tout ça, ce soir. Je le sais, il le sait, le public le sait. Je vais me faire dérouiller, ça va être sanglant et douloureux pour moi, brutal et divertissant pour eux. Seulement on m’a refilé une mission, le crever. Je sais pas si je fais bien de vouloir accomplir le job alors qu’on m’a très clairement entubé, mais eh. Je suis paumé, que je vous dis.
      C’est un peu l’état d’esprit habituel chez moi, le flou total.
      Un grand barbu tatoué, recousu par endroits, décousu à d’autres. Il a eu une sacrée vie lui aussi, sous les ordres des Tempiesta. Là-dessus on se comprend, on sort pratiquement du même moule si je peux dire. Deux molosses élevés pour déchiqueter les plus faibles, se salir les mains à la place des hauts gens.

      Dès lors que le cage s’est refermée sur nous, une bulle invisible s’est formée, nous englobant tous les deux. C’est à peine si j’entends les cris de la foule, concentré comme je le suis. J’ai besoin de le rester si je veux pas caner prématurément. J’ai dans l’idée de sortir d’ici, en combien de morceaux je sais pas, mais en vie.
      Il crache au sol, gros dégueulasse. C’est quand même pas croyable de pas être foutu d’avoir un minimum de bonnes manières dans un aussi gros corps. Les muscles à la place de l’éducation, la violence à la place du cerveau. Le v’là le profil du Judas.
      Première touche obligatoire qui lance les hostilités, s’enchaîne les premières frappes de l’animal qui perd pas de temps. Est-ce qu’il cherche à imprimer son rythme, sa loi ou simplement à donner un peu de visuel à la foule, je saurais pas dire. Trois frappes successives, directe, sans feinte, pour me jauger.
      Les deux premières butent contre les os de mes avant-bras, qui tremblent, mais ne cèdent pas. C’est lourd et pourtant je sens qu’il est pas à fond l’enfoiré, qu’est-ce que ça va donner quand il le sera. Le dernier coup fauche l’air, me suis décalé de manière à pouvoir riposter dans la foulée, sans marquer de pause.

      Je vais même pas relever sa provocation, ignorer et riposter. La réponse se fera avec les poings.

      Je gagnerai pas en jouant la puissance brute, je me ferai écraser comme un sombre chiasse. En revanche, je peux jouer l’explosivité et l’agilité, qui sait. Chez les Bambana, un bon mafioso est un combattant aussi bon avec ses poings qu’une arme entre les mains. Il faut être prêt à toutes les situations et pas seulement se reposer sur un flingue. L’arme qui s’enraye et te v’là comme un con devant ce qui était ta victime et qui devient le bourreau.
      C’est pas chez nous que ce genre de merde arrive.
      Un pas de côté sur la gauche, silhouette qui se défile au poing massif du Pater, mouvement vers l’avant, le buste courbé droit devant. Poings serrés, mouvements vifs, deux frappes au corps, qui cherchent à secouer la carcasse de l’intérieur, lui causer du tort en interne. Un combat contre ce genre de colosse, ça se travaille, on se précipite pas au risque de se faire écraser. J’ai visé le foie et la rate. avant de poursuivre mon effort pour lui tourner autour et me replacer dans son dos, le forcer à revoir sa position, voir son jeu de jambes, son aisance malgré sa masse.

      Ce que je cherche surtout en priorité, c’est un putain de plan pour lui faire la peau sans y laisser trop de plumes. Tu crois que je suis là dans cette cage par hasard ? T’as un ami qui te veux pas que du bien, Pater.
      Parce qu’un combat se joue également dans la tête, si je peux rentrer dans la sienne et le distraire, j’ai tout gagné.
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      Combattre ma vie entière, jamais regretter les combats que j'ai mené. Jamais se retourner, regarder en arrière. Dans le retro qu'un tas de cendres fumantes, de l'amertume pour ceux qui sont plus la, qu'on croise sans reconnaître dans la rue, qui ont changé de vie sans jamais se retourner, eux.

      Pas de pitié, que des phalanges soudées pour dessouder mon adversaire. Parlons en du petit gars. J'sens dans le regard qu'il ya de l'adrénaline et de la peur en lui. Tout les deux on part du postulat qu'il va perdre. C'est inévitable je suis plus fort, plus endurant et plus expérimenté, aussi. La force des choses, l'inévitable résultat de ce concours de tartes, je vais le retarder. Déjà parce qu'on me paye à l'heure, ensuite parce que le spectacle fait partie de mon pedigree. De mon ADN. C'est ma marque de fabriquew, la griffe que j'ai posé sur la table depuis des années. Une recette qui fonctionne. Et on change pas une équipe qui gagne, tout comme on fait les meilleures confitures dans de vieux pots.

      Gagner c'est une finalité, mais sa fait longtemps que j'ai appris que c'était le chemin qui comptait et pas la destination. Tout droit vers la violence, en chemin on trouvera le sang et les larmes de douleur. Mes premières frappes, sont moins d'être les plus folle. Je m'échauffe, je rentre dans la garde de mon adversaire manière de lui montrer que ma réputation n'est pas volée. Le publique, il existe plus. Y'a plus que lui et moi. Dans la cage. Pour la gloire. Et pour toute récompense de cette brutalité, des bleus des bosses et des thunes.

      Il se décourage pas, et esquive une de mes embardée. Petit pas chassé, du classique mais qui fonctionne. Que je laisse faire aussi. Faut qu'il prenne la confiance, pour faire des erreurs qui me serviront. Toujours paraître plus con que j'le suis, c'est mon atout majeur. C'est ma façon à moi d'instaurer l'effet de surprise. Je le laisse venir à moi, étrenner ses coups contre ma bidoche. Bien placé un coup reste un coup, et je peux mesurer toute la compétence du mec en face de moi. Seulement, la douleur, moi ça me chauffe. Ça me fait sortir de mes gonds aussi. Pas qu'il ait percé la defence ni les muscles en dessous, simplement qu'il me rappelle qu'on est en pleine baston et que j'devrais pas divaguer autant dans ma tête.

      Concentre toi Judas, il vaut l'detour le petit gars. Je la sens qui monte, la joie d'en découdre avec un beau potentiel. Je le sens qui arrive, le démon des bas fonds de mon esprit. Il tape à la porte, il veut entrer. Je fais le vide, je souffle un bon coup et répond au gars qui veut me déstabiliser : " Il serait pas le premier à essayer, ce gland de bambana. Il veut qu'on se frite il vient me voir directement, pas la peine d'envoyer son roquet... " J'hausse les épaules, fataliste. Quand t'es dans le millieu depuis aussi longtemps que moi, le métier rentre et forcément des gens vous en veulent.

      J'en suis pas à mon premier rodéo, Peeter. Des gens qui veulent me tuer, ont défilé pendant des années avant que je gagne ma notoriété. Faut pas croire, j'ai appris à survivre à bien pire qu'un mafieux de bas étage. J'ai combattu au côté de Timuthé, et bien d'autres. Et toi tu me fais quoi ? Tu te donnes pas à fond ? Je le sens que tu en as sous le coude, me prend pas pour le dernier né de la portée.

      Je ris, c'est le moment où la rage commence à m'enivrer. À déborder de moi comme une goutte d'eau avec un vase. Ça y'est le pater pugilat est complet. Prêt à en découdre. C'est en ayant ce sourire ignoble sur la face que j'le regarde porter d'autre coup, moi les bras ouvert pour accueillir toute sa colère. Il aimerait être ailleurs, avec quelqu'un d'autre que moi. C'est que du boulot. Moi c'est une passion. Alors j'ai forcément l'ascendant psychologique, vu que y'a aucun autre endroit au monde ou j'aimerais être plus qu'ici.

      La volee de coup qu'il me decoche fait valser mes doutes. Il mérite un bon moment en mz compagnie. J'recule d'un bond et j'avance dans le rythme de ses coups, j'essaye de passer à travers sa garde avec quelques coup de poings, toujours flexible sur mes appuis, manière de boxeur.

      J'ai pris d'un peu de partout, piocher dans tout les styles de combat pour fair mon propre style. Un truc unique. J'tourne sur moi même et mon pied déclenche, crochète la garde et l'abaisse subitement par la force. Ça y'est j'ai mon ouverture.

      Ma grosse pogne attrape son épaule, et il sent sûrement que c'est que l'debut. Que sa sent pas bon. Je le projette contre la grille de la cage avec une force dantesque.

      Et je caracole auprès des fan en mettant mon battoire sur mon Esc gourde ; plus fort les cris, plus haut les Paris, je suis Judas et je me nourris de toute cette haine que vous avez en vous, contre la vie, contre les autres, contre vous même.

      Et même contre moi.
        Si Monsieur Bambana savait utiliser ses pognes pour autre chose que de se torcher le derche avec des billets, ça se saurait tu crois pas ? Frapper ce type, c’est comme de pisser dans un violon, le résultat vaut pas l’effort fourni. Il a pas l’air de douiller sur mes coups qui touchent, au contraire même. Y’a ce mauvais pressentiment qui agite mon système nerveux, me chauffe les tempes. Quelque chose qui me dit que ce trouduc aime la douleur et s’en nourrit, que plus je vais taper, plus je vais m’enfoncer.
        Maintenant ‘faut se poser les bonnes questions, est-ce que j’ai vraiment envie de transcender un ogre des bagarres à mains nues ou est-ce que je ferai pas mieux de rapidement le liquider et me tirer de cet endroit à la con ? Pas besoin d’attendre de voir mes dents tomber pour savoir sur quelle option partir.
        Reste juste à savoir comment ça va se faire, dans l’illégalité naturellement, mais ‘va falloir la jouer fine. Ils aiment pas trop ce qui sort du règlement ici.

        Réfléchir et tenter de rester en vie, trouver un moyen de tuer l’autre sans y laisser la peau, c’est cocasse comme emmerde. D’autant que l’autre vire dégénéré et se fend la poire façon vampire démoniaque qui va te vider de ton sang. C’est ce qu’il compte faire dans un sens, mais je vais bien plus douiller.
        Le jeu de jambes, les bons appuis et la garde relevée, solide. Une base solide pour tenir plus d’une minute dans un bon vieux mano à mano face à une grosse pointure. Maintenant ça suffit pas, j’esquive, je bloque difficilement les coups qui s’écrasent comme des parpaings sur mes os, me font serrer les dents et jurer intérieurement. Un direct du droit passe et frappe en pleine mâchoire, repousse ma caboche en arrière tandis que j’accuse le coup, recule de quelques pas.
        Bon dieu de merde.
        On joue pas dans la même catégorie, clairement. L’impression que ce seul coup aurait pu me fracasser la mâchoire s’il y avait mis plus de puissance.
        Je me suis entaillé l’intérieur de la lèvre et mon sang se déverse dans la bouche, se mélange à la frustration et un chouilla de peur aussi. C’est bon la peur, ça maintient en vie.
        La façon dont il m’attrappe pour m’expédier dos contre la cage en revanche, ça a tendance à la flinguer. Acier contre chair et os, pas besoin de compter les points.

        Judas se permet un tour de cage, de chauffer la salle pendant que je me remets de mes émotions. Le spectacle avant tout, je suppose que c’est plus simple de faire le malin quand c’est toi qui a le dessus. C’est encore plus beau quand tu te retrouves à pisser le sang, le corps en équerre sur le sol, trois minutes plus tard, crevé par ton orgueil et ton attention qui se sont relâchés.
        Profitons de l’amusement offert pour lui débouler dans le lard, lui jeter ma casquette bombée à la trogne à mi-chemin pour ensuite tenter de lui sauter dessus d’un coup de genou qui vient claquer le menton et rabattre l’égo de ces messieurs.
        La feinte, qui peut pas vraiment être considérée comme une triche, passe et ça tape dur contre la mâchoire inférieure. Le ciboulot du mastodonte entame un mouvement ascendant et je me dis que ça va l’allonger pour un petit moment.
        C’est un peu prendre ses rêves pour une foutue réalité de merde.
        Ses battoirs se referment sur ma jambe au plus proche de sa tronche et la prise se resserre, avant que d’un mouvement brutal il m’encastre dans le sol dans son dos, chutant avec moi plus pour le besoin de sa riposte que contraint.

        C’était bien tenté, Peeter. T’es juste pas au niveau.
        Bordel de merde. Douleur dans tout le corps, par vagues successives, aléatoires. Endurer et tenter de reprendre ses esprits. Toussotements, respiration saccadée, colère qui gronde. Putain de bordel de merde.
        De chair et d’os, violence et haine. Rage et rancœur, remords et désirs de vengeance. Je suis l’enfoiré de fils de chien qui veut pas crever, qui s’accroche à la vie alors qu’elle lui file des coups de lattes à terre depuis sa naissance. Ce bâtard me fumera pas ici, c’est pas lui qui va m’arrêter. Je suis pas celui qui meurt, je suis celui qui frappe. Qu’il me repousse avec tout ce qu’il a, je viendrais le finir avec les dents s’il le faut.
        Pousse sur mes bras et jambes pour me remettre debout, crache un mollard sanguinolent sur le côté, pose un regard haineux sur l’intéressé.
        Ce combat, il devient personnel. Pas toi. Pas ici.
        Avance dans sa direction, frappe au flanc, enchaîné d’une trempe de la gauche. Coup de genou dans le bide, son coude tombe en revers de médaille et coupe mon élan. Bouché éclatée, je trébuche, parvient à lui balancer mon panard dans la cuisse, fragilise les fondations. Deux poings tapent mon front et mon nez, entaillent la peau et cassent l’os.
        Pas toi fumier.

        Paumes de la main qui veulent faire claquer ses tympans, il bloque et enchaîne d’un coup de carafe qui met fin à l’échange. Je rate de m’étaler, les jambes faibles, avant de me faire soulever puis balancer comme un tas de merde plus loin.
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        On m'a toujours dit de plus utiliser ma tête, mais j'ai beau me creuser les méninges, et malgré toute la bonhomie qu'il m'inspire, j'vois pas comment ne pas faire passer un sale quart d'heure au mecton d'en face. Il l'a bien cherché, quand on traîne avec ce genre de fréquentation on finit soit entre quatre planches, soit en prison. Exception faite des gars un peu trop malin ou chanceux, dont j'fais partis. Mourir ce serait trop facile, et la prison me retiendrait pas bien longtemps tu m'diras. Soit je maîtrise, soit j'ai un cul bordé de nouille, en tout les cas je boude pas mon plaisir. En face y'a de la résistance, des coups portés, et de la hargne. Ca me plait.

        Comme un coque de noix avant de déguster le cerneau, je dois d'abords briser ses défense pour m'emparer de mon objectif. Voler son centre, et devenir le rythme du combat m'paraît naturel, c'est comme une seconde nature chez moi. J'ai appris à m'battre dans la rue, sans règles et sans protections. Sans arbitre et sans senseï pour te corriger, si tu survis c'est que t'as du talent. Ni plus, ni moins. J'aime casser des dents, et j'le fais bien en plus.

        Le combat continue, et j'applique les conseils de mes pairs à la lettre, mon occiput rencontre son nez, et il éclate en une gerbe de sang. Le bourre pif qui suit, façon Judas, termine de briser la volonté de mon adversaire. Il titube, il met une main devant les yeux et louche pour m'regarder. C'est bien petit, continue le spectacle ça fait longtemps que j'me suis pas autant amusé.

        - Tu vas perdre mon petit Peeter, j'espère que ce combat t'auras appris au moins une chose, lui parvient ma voix distordu par la rage de vaincre, ce démon sans cervelle qui me pousse à agir d'instict quand on me donne des coups, et grave comme sortie d'outre tombe. Il existe toujours plus fort que soi. Que je lui fais en souriant, attrapant son veston et ouvrant sa garde déjà ébréchée, porte plusieurs coups de poings dans ses côtes. Le but, c'est de le faire durer le plus longtemps possible, pour que les paris grimpent en flèche, pas de l'éliminer en quelques punchs.

        Alors j'y met du miens et le relâche, le pousse contre les barreaux de  la cage, et lui donner du grain à moudre. Pourquoi tu bosses pour ce crétin ? Tu vaux mieux que ça m'sieur Discross, alors j'te propose un deal, tu tombes au prochain coup de gong, et moi j't'amoche pas trop pour la suite. La suite ? Tu viendras me trouver quand t'en auras marre de bosser pour Bambana. Que je lui fais, fonçant sur lui sans prévenir. Juda's Calling, une charge en ligne droite, je lui rentre dedans et déverse une pluie de coup sur ses abdominaux, le faisant chanter au rythme de mes poings qui tapent tapent tapent.

          Il existe toujours plus fort que soi. Pfeuh. Je crache une gerbe de sang à mes panards, il croit que je suis qui pour pas déjà savoir ça ? J’ai le naseau qui pisse rouge, ça dégouline sur ma trogne et c’est foutrement douloureux, mais j’y pense pas sur le coup, y’a que ses putains de paroles qui me font tiquer. Y’a toujours plus fort que soi, est-ce qu’il croit sérieusement que je suis un de ces connards qui se sentent tout puissants parce qu’ils ont trucidé deux ou trois pauvres civiles à quatre dans une ruelle et tous armés de flingues ? Ce mec me prend pas au sérieux, c’est pas possible.
          Si c’est pour chier de la merde, garde ta putain de bouche fermée. Il me gonfle, putain ce qu’il me gonfle. J’en peux déjà plus, je sais déjà que je suis perdant, je le savais avant même le début du combat. Son poing martèle mes côtes, en fait sauter une ou deux, m’arrachant un râle de douleur et me faisant serrer les chicots comme jamais. Cet enculé cherche à me finir à petit feu, faire durer le plaisir pour les beaux yeux de la foule. Encore une différence entre lui et moi. Quand j’ai le choix, je fais pas souffrir inutilement mon adversaire.

          Retour contre la cage, je suis à moitié sec. Je capte plus ce qui nous entoure, l’image est instable et je dois forcer pour pas m’écrouler. Il continue de jacter, de me sortir ses conneries. Tant mieux, qu’il m’alimente en haine, c’est un bon moteur pour pas me coucher. On a parfois pas le choix de faire les choses. On s’abaisse à ce qu’on devrait pas. Du mal à articuler les mots, à les sortir, mais ça vient. Ça me prend du temps, de grosses inspirations, je douille, serre les dents, mais ça sort.
          Le buffle charge et je sens bien que ça sonne le début de la fin. Il déverse une pluie de coups aussi lourds que des cuirassés qui finissent le travail entamé. L’impression que mon corps va imploser sur chacune des frappes, incapable de me retenir de hurler le mal qui m’assaille, de me défendre. Je crois de toute que rien aurait pu me protéger de cet assaut, à part une dizaine de portes blindées alignées les unes après les autres.
          Là tout de suite, mon corps est aussi résistant que du papier mâché et le monstre a tout le loisir de le déchirer en petits morceaux.

          On dit que c’est dans ces derniers moments de vie qu’on se refait le film de cette dernière. Je vais crever et pourtant tout ce à quoi je pense c’est que putain, j’aurais même pas pris me revanche sur cette chienne de vie, justement.
          J’aurais pas eu l’occasion de retenter ma chance avec Talia, ou Vanya ou encore Clamile. Ouais, je suis le genre de connard qui reste attaché à ses exs un peu trop longtemps.
          Je pourrais pas non plus aller vérifier si Anatoli a un cœur en tentant de lui arracher, cette raclure de bidet sera bien contente d’apprendre que je me suis fait fumer.
          Sursaut d’orgueil après la tempête, au lieu de m’écrouler je cherche à lui rentrer dans la couenne. Il me retourne encore une fois et ça claque fort contre le sol. Comme si je venais de chuter de plusieurs dizaines de mètres.
          Putain de chienne de vie.
          Je vais agoniser sur ce sol merdique et agoniser dans ce rafiot à la con, pour le plaisir d’une bande de salopards engraissés au fric et qui se rincent l'œil devant la souffrance des autres. Putain.

          Tremblant, douloureusement, lentement, je lève un bras. Poings fermés, je redresse mon majeur pour un dernier tour d’honneur.
          Un doigt d’honneur à tous.
          Allez tous vous faire foutre, je vous déteste tous.
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          S'il faut lui reconnaître un truc à Peeter G. Discross, c'est son panache. Ce doigt d'honneur devant la main tendu, à de quoi me faire frissonner. Plus besoin de faire semblant alors ? Plus besoin d'être sympa ? Tu m'envois m'faire foutre, alors que j'ai gentiment proposé une échappatoire? T'as trop d'ego, trop de haine, trop de douleur en toi. Alors j'vais devoir chasser ce qu'il y'a en trop d'égo, en donnant des sacré coups de battoir sur ton crâne. J'vois qu'en ajoutant de la douleur que l'résultat sera probant. Remodeler une psyché, c'est pas facile, ça demande du temps et du doigté. Et j'ai aucune des deux là, alors j'vais manquer de finesse et tenter de t'inculquer les bases de mon art, de ma philosophie de vie, de mon code. Plus il me frappe, plus je deviens enragé. Cependant, cela fait des années que je vis avec le démon qui m'habite, et j'ai appris à le domestiquer depuis quelques années. Toujours au bord du précipices, proche de mes abysses, je virevolte sur la fine ligne médiane, entre violence de la folie guerrière, de la ferveur combative, et la froideur de mon intellect. Je reste conscient qu'on me frappe et de mon environnement, mais guère plus. Berserker Gates.

          - Règle numéro une, on accepte les cadeaux qu'on nous donne, on refuse pas la main tendu par plus fort que nous, et on s'associe qu'importe les rancunes passées.
          Ca, c'était Timuthé qui me l'avait apprit, et c'était grâce à cette science, que j'étais resté au top des combats clandestins de Manshon, sans équivoque et sans concurrents. Personne ne voulait venir se frotter au Pater Pugilat, le Lion de North. Du moins jusqu'à Bambana et son chien d'attaque, là, pas foutu de me faire sortir de mes gongs, malgré qu'il y mette tout son punch.

          J'commençais à être blasé par cette piètre vie, pauvre en saveurs, pauvre en sensations, pauvre en guerriers. Il me fallait soit me retirer des affaires, soit monté plus haut dans l'échelle des salopards. En trouver un à ma mesure si j'en trouve, et lui faire ravaler ses gencives. Alors là, peut être, que je serai satisfait, et que je pourrai tirer ma révérence.

          Mon poing s'arme, je fonce sur lui, j'assène un coup dans son abdomen, rien de quoi l'achever, juste de quoi le faire réfléchir sur sa situation. Couper les trois respiration, c'était la victoire assurée.

          - Règle numéro deux, quand on tombe sur plus fort que soit, on se plie à sa loi jusqu'à ce qu'on puisse retourner la situation à son avantage. L'homme est un loup pour l'homme, les prédateurs s'organisent entre eux.
          Une grande inspiration, mon poing ouvert frappe son plexus solaire. Une frappe sèche, que même s'il contre, touchera durement la cible. Peeter recule d'un premier pas. Puis un deuxième.

          - Règle numéro trois, va au dodo quand c'est possible, arrête tes putains de nuits blanches c'est pas bon pour les muscles, petit. Et un jab très rapide se dirigea vers sa trachée, manière d'en terminer rapidement avec ce combat ... Encore fallait-il qu'il touche...
            Me demande pas pourquoi j’ai encore la force de me relever, de retourner au charbon alors que je suis déjà bien trop cuit. On m’a dit un jour que la connerie d’un homme pouvait se montrer sans limite, j’y crois dur comme fer aujourd’hui. C’est comme se jeter dans la gueule du loup, cette histoire. Tu sais qu’il va te bouffer, mais ton orgueil bien trop grand pour toi te pousses à aller vérifier si ce sont de vrais crocs. J’y peux rien si j’arrive pas à rester allongé devant un salopard de sa trempe, faut justement que j’essaie de lui en mettre une, de trempe. L’histoire dira que Dicross a bien combattu, les dix premières secondes. Qu’il a bien résisté, tout le reste du match.
            J’ai même plus la force d’ouvrir la gueule pour lui répondre, ce sac à merde. Bien trop bavard pour un sac de chiasse, d’ailleurs. Je sais plus à force si c’est un combat en cage ou une leçon sur la vie en trente-six chapitres. Fais comme tout le monde putain, va écrire un livre autobiographique, mais viens pas m’assommer de tes belles paroles en plus de me marteler la fiole de tes poings.

            A deux doigts d’abandonner pour plus avoir à l’écouter, je lui lâche un sourire ensanglanté tandis qu’il m’enfonce l’abdomen d’un concentré de phalanges pas piqué des hannetons. Faisais longtemps celle-là, hein. Je tiens miraculeusement encore debout, respire comme un phoque qui fornique avec un caniche et y met tout son cœur, crache du sang, grimace, ramasse. La foule adore ce qu’elle voit, un Judas qui concasse son adversaire et leur offre une belle toile de ce que l’on pourrait appeler “Géhenne, cette vieille chienne qui ne vous lâche jamais.”
            Bonne nouvelle, à force de prendre trop de coups, mon cerveau délaisse un peu tout le reste, les sons extérieurs peinent à se frayer un chemin convenablement et je capte plus grand-chose du monologue du Lion de North. Le vieux fauve qui vient rouster le jeune lion, sacrée soirée. Même si lui a l’air d’être passé au loup maintenant, difficile à suivre le gaillard. Nouvelle frappe qui manque de m’arracher à peu près tout ce qui compose ma carcasse, voies respiratoires qui voient rouge, l’air arrive même plus à rentrer correctement et j’ai l’impression d’avoir été transpercé par la proue d’un navire.

            Je recule, joue encore au con qui veut pas tomber, tandis que le peu d’esprit clair qui me reste me hurle en panique de me coucher, d’en finir avec le massacre avant qu’il reste plus rien à sauver. La fierté mon ami, elle vous fait vraiment faire un flot incommensurable de conneries.
            J’ai alors ce réflexe incroyable, ce sursaut d’orgueil qu’un fier guerrier affiche juste avant sa propre mise à mort. Ouvrir grand les bras et bomber le torse, une dernière brave invitation à venir se déchaîner sur le morceau de viande que je suis. Quand t’es déjà vaincu, mais que t’es trop stupide pour te l’avouer. Quand tu ressens beaucoup trop de douleur d’un coup, mais que tu préfères tout nier en bloc dans le déni le plus total. Dernier coup de canon en plein dans la trachée, ce fils de chienne s’amuse à placer ses coups en plus de taper comme un aveugle. Je sais pas si je vais pouvoir encore avaler de rhum après ça, mais là tout de suite c’est pas mon inquiétude première.

            Panards qui décollent du sol, grosse secousse due au choc qui parcourt mon corps et je m’envole, pour chuter un peu plus loin, sur le dos. Ce foutu sol à la con, je l’aurais embrassé plusieurs fois durant la nuit bordel.
            Pas mort, mais tout comme, cette fois je réussirai pas à me relever. L’arbitre le sait, mais pour la beauté du sport et le suspens à deux berrys, il doit procéder au compte de dix. C’est sans surprise qu’au bout de la dixième seconde, je suis toujours en position dorsale de mort avancée. Je crois même pas avoir bronché d’un cil. Me suis évanoui vers la sixième seconde, d’ailleurs.

            C’est quand j’ai ouvert les yeux, probablement bien une bonne quinzaine de minutes plus tard, que j’ai capté que le décors avait changé et l’environnement évolué vers quelque chose de plus petit, plus intime, aussi. Sur une espèce de canapé qui imite le cuir, on m’a déposé le temps de pioncer. Une sieste réparatrice bienvenue, malheureusement elle ne bénéficie pas d’effets amnésiants et le souvenir de cette raclée restera à jamais gravé dans la mémoire, pas que la mienne d’ailleurs.
            Le temps de me lever dans un râle plaintif, courbaturé de partout, amoché dans le moindre recoin de peau, y’a un visage connu qui me tend une bonne vieille bouteille d’ambré. Yolovitch, t’as apprécié ce que t’as vu j’espère… Que je lui lâche en prenant la bouteille, le remercie d’un fugace mouvement de tête. J’ai bien cru que vous alliez y passer M’sieur Dicross, c’était rude… Rude est pas le mot que j’aurai employé, mais il a pas tort le jeune. Oh tu sais, il cogne pas si fort le Pater…

            Je sens qu’il aurait eu envie de sourire si seulement la présence imposante et intimidante d’un gars l’en empêchait pas. Il lui jette un regard furtif et presque apeuré qui me met en alerte et m’oblige à zieuter dans la direction adéquate. Ah bah putain, encore lui. Si tu viens pour finir ta leçon sur la vie mafieuse et ces nombreuses filouteries, tu peux aller te faire foutre mon gars. Au moins c’est dit, c’est pas parce que tu t'appelles Judas et que tu viens de me dégommer la bonbonne que je vais te lécher le cul.
            C’est même incroyablement con de ta part d’avoir ramené tes miches ici, où je pourrais prendre mon flingue et te coller une bastos dans le caisson. Pater caisson flingué Pugilat, ça sonne bien.
            Je m’ouvre la bouteille non sans grimacer sous l’effort qui réveille la moindre blessure reçue dans la cage et enquille quelques gorgées au goulot pour anesthésier tout ça. J’ai perdu ce combat, mais je dois toujours te refroidir, t’es au courant ? Non parce que je sais pas ce qu’il vient foutre ici cet abruti. Ni même pourquoi je suis encore en vie, ou Yolovitch, alors qu’on est clairement venu pour faire couler le sang de façon définitive.
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            C'est le privilège des vainqueurs que de faire des monologues, et de laisser trainer le match le plus longtemps possible pour profiter de la scène, de son public, et de ton petit corps craquant sous mes phalanges. Ainsi va la vie. Le victorieux écrit l'histoire, tandis que le perdant ramasse ses dents. Faut pas chercher midi à quatorze heures, j'suis le genre de grand gaillard capable de faire des leçons de vie tout en te massacrant, juste pour le plaisir de m'entendre te dire des choses graves, sur fond de violence bien dosée. T'es venu sur mon terrain, chez moi, dans ma demeure, pour y prendre ma vie, et bah voilà ce que tu dois retenir : Elle est bien trop grande et coriace pour tes dents, bien qu'elles soient fortes et aiguisées. J'ai le dos large, la peau épaisse, et j'suis le genre de dur à cuir qui à survécut à des centaines de combats, à des centaines de tentatives d'assassinats, par des gens bien plus forts, et bien plus couillus que monsieur Discross.

            Voilà pour la leçon, que j'imprime à chaque coup de poing que je donne à cette petite frappe. C'est la fin, je sens son corps briser avant sa volonté. Il s'étends comme un sac de frappe que j'troue irrémédiablement avant la fin de mes sessions d'entrainement, depuis l'âge de quinze ans. Ce qui m'a poussé à m'intéresser à plus solide, plus vif, plus fort, à mes débuts. J'ai jamais été qu'un mec curieux de connaître ses limites, qu'à jamais rencontré personne pour les donner. Enfin, si, j'suis déjà tomber sur des os très difficiles à ronger, mais j'ai jamais appris la leçon qu'il voulait me transmettre.

            Et si le petit con en face de moi et à moitié aussi imbécile que moi, il ne comprendra jamais ce que je voulais dire. Ce que je voulais lui apprendre. Il le comprendra seul, un jour, sans moi. Il est autodidacte, j'le suis aussi, c'est ce qui m'a poussé à lui laisser sa chance, et à pas l'faire passer ad patres.

            - Peut être que j'cherche que ça, quelqu'un capable de me faire frissonner à mort.
            que je lui fais en sortant de l'ombre. Mon sourire carnassier, mes yeux rieurs, mon fasciés de vieille branche, tout ça, c'est de l'esbrouffe. J'suis qu'un gars ordinaire dans un corps extraordinaire, capable de prouesse que même moi j'suis pas sûr de connaître. Et qui sait si un jour, j'en rajouterai pas une couche, j'deviendrai pas encore plus grand, plus fort, plus endurant.

            C'est bizarre de se dire que plus je vieillis, moins je suis faible. Comme si j'avais pas encore atteint mon potentiel maximum, à trente piges passés. Il paraît que c'est l'âge d'or ? J'leur prouverai que même à 80 balais on peut toujours foutre des roustes au p'tit jeunes, vous verrez. La nouvelle génération ? Pfeuh. On fait jamais mieux que nos ancêtres. On essaye de s'élever à leur niveau, pourtant. Mais peut être parce qu'on a toujours cette image tronquée en tête, celle de notre enfance, on y arrive pas. On est jamais satisfait. On se sent toujours petit face à nos prédécesseurs. Ils ont l'expérience et le savoir, ils détiennent une partie de l'équation qui nous échappe.

            Mais apparemment, dans cette pièce, j'suis le seul à penser comme ça. Le respect vole pas haut dans sa voix, alors que j'ai même pas fait montre de la moitié de mes capacités pour l'envoyer au tapis. Un jour il comprendra, le faussé qui nous sépare. La différence. Peut-être que ça le fera changer. Evoluer. C'est tout le mal que j'te souhaite, Peeter Discross.

            - Quand t'en auras marre de faire le fier à bras, viens m'trouver, peut être que t'as un avenir, finalement. Peut être que t'es pas juste fait pour la mort, la violence, le sang et l'alcool. Peut être qu'on peut te trouver une autre raison de vivre.

              C’est ce qu’il cherche vraiment, le grand frisson de la mort ? Non parce que si vraiment il veut en finir, je peux me charger de l’achever, c’est mon job après tout. Autrement, je sais bien que j’ai aucune chance, que même avec un flingue pointé sur sa tête, j’ai plus de chance de foirer mon coup que de l’abattre. C’est le genre de grosse bestiole avec lesquelles je peux pas rivaliser, pas dans ma condition actuelle en tout cas. Qui sait, d’ici quelques années si je me démerde bien, au détour d’une ruelle, je pourrai le suriner. C’est pas jojo comme façon d’abattre un homme, mais je fais pas dans l’honneur et le propre, c’est pas ce qui t’assures la survie à Manshon, le propre.
              Sa dernière remarque me fait sourire, c’est un marrant lui. Si j’ai un avenir ? Je l’ai brisé de mes propres mains le jour où j’ai buté ce type pour obtenir ma dose que j’étais pas foutu de me payer. J’y réponds rien, à ses mots. Inutile de prolonger la discussion, de continuer de faire semblant. J’ai pas l’avantage, même avec un autre gars pour m’épauler, ici et maintenant je peux rien faire. Le mieux c’est de le laisser filer et d’espérer que Bambana ira pas me faire buter pour avoir raté mon coup. Quand il verra dans quel état j’ai fini, il pourra pas dire que j’ai pas essayé.

              Le Lion de North sort par la grande porte, tête haute. Ce brave Yolovitch s’affole, me regarde histoire que je lui donne le feu vert, l’ordre de le retenir, mais je lui fais comprendre d’un signe de tête que c’est inutile. Si j’ai rien pu faire contre ce putain d’enfoiré, t’as pas l’ombre d’une chance… Sois pas si pressé de crever.
              Constat amer, que de prendre sa propre faiblesse pleine poire. Mais je survivrai, je le fais toujours. Y’a tout le corps qui grommelle sous la géhenne, mais je suis pas en papier mâché, un peu de repos, beaucoup de gnôle et d’opium et ça ira mieux. Me suis assez foutu sur la tronche pour la soirée, j’ai juste envie de rentrer et de retrouver Klamile. Me glisser sous les draps et venir m’allonger auprès d’elle, veiller sur son sommeil pendant que le mien continue de me faire la gueule.

              Putain mais quelle vie...

              Laisse-moi une dizaine de minutes, après on fout le camp.
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