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Delirium Tremens [Ft Sohalia]

Soleil de plomb, mer d'encre. J'hume la ville de tout les vices. J'hume son air vicié, chargé d'or et de sang. Ca et là, se côtoie la misère et l'opulence. Deux côté d'une même pièces, comme l'amour et la haine se fusionnent pour ne former plus qu'un seul corps. Masculin et féminin, soleil et lune. Tout les opposés s'attirent forcément, se télescope, et pourront à terme, si l'on ne fait rien, s'auto détruire. On est en 1628 et j'ai débarqué fraichement sur la ville lumière, la ville aux milles et un panneaux publicitaires, aux casinos bourrés à craquer de gens et d'argent. Je porte un débardeur qui me fait passer pour le gars lambdas qui sortirait les poubelle si tôt le matin, que les fêtards savent même pas qu'ils existent. Mon métier officiel reste moins ingrat, j'découpe des rondins de bois. L'officieux par contre, c'est la même crasse qui vous use et qui vous salie, qui vous prends, qui vous broie. J'suis qu'un mercenaire de plus dans une ville qui a vu passer son content de mec à la recherche du bonheur sous forme de numéraire. Les billets, je compte bien les gagner, mais pas de la même manière que tout les autres rats qui pullulent en ville. Pas question de disputer le bout de fromage avec un autre que moi, et moi.

J'suis pas du genre égoïste, mais pas partageur non plus je préfère que ce soit un autre qui trinque, plutôt que votre serviteur. Si je raconte tout ça, c'est pas la postérité, j'arrive juste à un moment de ma vie ou faire un bilan s'avère nécessaire, important, presque vital. J'ai plus d'année derrière moi que devant, et j'ai trop à raconter pour une seule vie déjà. J'suis Judas, le Pater Pugilat, le Lion de North comme on dit dans le milieu. Peu de gens en savent long sur mon compte, et encore moins à quoi j'ressemble. J'ai disparu du système avant la chute de mes partenaires, j'me suis fais discret sur une toute petite île, sur un petit lopin de terre dont j'suis propriétaire. Une maison, une femme, une gosse. Ma vie aurait pu être plus calme, plus rangé, moins chaotique. Le désordre, j'le cultive depuis tout jeune. Et le destin ne m'a pas épargné son lot de galère, comme si ma nature première suffisait pas à rendre tout ça bien trop compliqué, bien trop épicé.

Avant de partir à l'aventure sur Kikai no Shima, j'me suis renseigné sur tout ce qui se faisait d'illégal, et j'ai été surpris de revoir un organigramme semblable à celui de ma blues favorite et de sa ville décadente, North Blue et Manshon. Ici, le jeux et la corruption courent les rues. Partout, on peut jouer une pièce, ou bien un billet. Partout, on peut tout perdre, ou bien tout rafler. Mes contacts dans la ville sont discrets, et j'compte bien les préserver, ne pas les rencontrer en plein jour reste la première des précautions que je prends. Presque un résolution même. J'dois défendre mes sources, même si elles ont des défaillances sur pas mal de détails qui ont leur importance. A la tête de la ville, King Bradley, le capitaine des Chimamires Kitsune. Un vrai cador, un ténor du crime. Son train de vie impressionnerait plus d'un de mes contemporains dans le milieu, mais à moi ça me file juste de l'urticaire : Les meilleurs mets, les meilleurs vins, les meilleurs filles. Il se complait dans le luxe, le pirate borgne. Pas difficile à savoir ça, des affiches sont placardées aux quatre coins de la ville. La mauvaise presse fait parler de lui, il s'en plaint pas. Son empire est bien installé, pérenne, prêt à recevoir une visite de courtoisie de la part de votre serviteur.

Bien mûr, les fruits n'en seraient que plus juteux. J'débarque dans un établissement qu'on m'a conseillé. La nuit, il se transforme comme un papillon dans sa chrysalide, mais la journée il paye pas de mine si on tient pas en compte ses trois étages couleur brique, ses tables en chêne massif, et son agitation constante. Je me vois mal commencer tout de suite le repérage pour que mon plan de carrière fonctionne. J'dois rester le plus invisible possible, et pour ça j'dois commencer par trouver du personnel. Pour l'instant, rien ne presse, l'urgence est ailleurs.

J'entre dans le Cheval Galopant, et j'me dirige vers le bar. On me fournit une choppe remplit de rhum, sec. Installé à ma table, je vide d'un trait le contenu de mon contenant. je le pose vers moi en observant le balais incessant des mains baladeuses que la serveuse doit esquiver en se tortillant parfois, en se contorsionnant la plus part du temps. Faut savoir être souple, et s'adapter quand on roule sa bosse dans un tripot de ce genre. Un cigare apparaît entre mes lèvres, un briquet entre mes mains, et après avoir croqué l'extrémité de mon barreau de chaise, des volutes de fumées viennent se mêler au parfum âcre de la pièce.

La lourde porte pivote sur ses gonds avec de l'élan, et se fracasse contre le mur derrière elle. Ca fait un grand bruit, mais c'est surtout quand j'vois un type à l'air patibulaire, voler en travers de la pièce que ça me revient ; Il y'a une tradition ici, tu casses, tu payes. Tu renverse un verre, soit tu paye avec ce que t'as, soit tu lave l'honneur de ton créancier dans le sang et la douleur. Je me pousse un peu, mais un truc me fait tiquer. Chevelure blanche, oeil brillant, peau douce. Une femme se tiens dans le même coin que moi, le dos au mur et la tête proche de la fenêtre la plus accessible.

- Il parait que c'est une tradition ici, me demandez pas pourquoi. Si j'étais vous, et si j'étais pas ce genre d'habitué, je sortirai d'ici avant de prendre un mauvais coup ... Que je fais, souriant en hochant de la tête et en lui pointant du doigt la sortie des artistes. Comprenez que si elle me suit, on va croiser des commis, des chef de parti ... j'file sans demander mon reste. Derrière moi, les bruits s'accentue pour ce qui semble être partis pour être une baston générale. On a le sang chaud au Galopant, c'est pas pour rien qu'on m'a conseillé d'y faire un tour.

j'vérifie qu'elle me suit toujours, et on se retrouve dans une ruelle aveugle de Kikai no Shima. La balle est dans son camp, faites vos jeux, rien ne va plus.
    Comprenez bien avant tout que l’ambiance festive n’est pas quelque chose qui dérange Sohalia. L’île qui ne dort jamais. Faut dire que ça fait envie. Casino, bar, maison close, restaurant, combat de gladiateurs, s’il fallait la comparer à un autre endroit, ce serait la version adulte de Suna Land. Quoique la jeune femme eût un souvenir assez agréable de l’île fête foraine, cet endroit-ci… Eh bien, il était plus à son goût. En théorie tout du moins.

    Elle n’était pas venue faire une visite de courtoisie, si le lieu semblait attrayant ce n’était pas ici qu’elle prendrait ses futures vacances. La carte postale serait sûrement attrayante, mais les lieux qui regorgeaient d’argent de jeux et d’addictions en tout genres avaient tendance à faire ressortir le pire de l’espèce humaine. De primes abords, cela n’aurait pas dérangé la jeune femme, mais cela touchait à des enfants. Filles et garçons confondus en fait.

    L’agente se pinça l’arête du nez en observant les rues illuminées de soleil. Elle n’avait pas dormi et se noyait dans une chope de bière, les pieds posés sur la chaise en face. Le Cheval Galopant n’était pas le pire des tripots qu’on pouvait trouver dans le coin, c’était même un soulagement de n’y voir quelques parties de cartes amicales, et des discussions animées autour de rire gras. Seul bémol peut-être, la serveuse qui avait développé une démarche dansante pour esquiver les mains baladeuses des clients éméchés, mais aussi de ceux qui l’étaient moins.

    Au moins, ici, on ne voyait pas de jeunes filles, ou de jeunes garçons, douze ans peut-être pour les plus vieux, qui s’approchaient des clients. Le regard rendu agar par la drogue de piètre qualité qu’on leur injectait dans les veines comme le café dans les tasses des agents du CP. C’était leur carburant, ce qui les maintenait debout.

    La colère refit surface, animant les yeux de Salia tandis qu’elle tentait tant bien que mal d’effacer ces images de son esprit. D’autant que le mal qui rongeait cette ville était bien plus insidieux, bien plus macabre, bien plus répandu, que ces quelques établissements qui dépassaient les bornes avec de trop jeunes enfants. Elle en avait découvert plus en approfondissant ses recherches et avait trouver la trace d’un certain Bradley. Le roi qui injectait le poison dans les veines de ses habitants. Roi n’était qu’un titre factice que l’agente avait donné à l’homme. Elle était frustrée de ne pas pouvoir participer plus au démentellement de tout ce bordel, mais elle le savait, et la hiérarchie également, cela dépassait ses capacités. De plus, elle était venue recueillir des informations, elle risquait de ne pas revenir si elle s’impliquait dans ce foutoir. De toute façon, ils enverraient la cavalerie à ne pas douter.

    BOOM

    Un homme vole, l’ambiance change du tout au tout alors qu’il s’emblait évident que ce moment de quiétée était terminée. La jeune femme se prit un petit coup lorsque l’homme à la table à côté – qu’elle n’avait pas remarqué – recula sa chaise pour éviter un projectile. Il sembla prendre conscience de sa présence en même temps qu’elle découvrait son existence, il sembla l’analyser un instant. La jeune femme savait que malgré son effort d’intégration, elle avait l’air un peu trop propre, un peu trop droite pour qu’on la prenne pour une vraie native du coin. Elle portait un pantalon noir un peu ample, une ceinture avec des couteaux à la taille et une chemise sans manches nouée sous la poitrine, ses deux sabres posés à côté d’elle et son sac avec. Elle avait les cheveux détachés et elle avait sa chope aux lèvres.

    Le temps sembla se figer juste un instant quand les deux inconnus se jaugèrent. Lui, il était carrément impressionnant. Une barbe et des cheveux un peu longs, il était plutôt pas mal en fait. Tout en muscles, un débardeur blanc qui aurait plus craqué… La jeune femme faillit recracher la mousse de sa bière par le nez quand il s’adressa à elle.

    « Il parait que c'est une tradition ici, ne me demandez pas pourquoi. Si j'étais vous, et si j'étais pas ce genre d'habitué, je sortirai d'ici avant de prendre un mauvais coup ... »

    Et sans demander son reste, il se levait pour partir. C’était sacrément prévenant comme façon de faire non ? Elle se serait bien mis une baffe alors qu’elle regardait ses muscles roulés sous sa peau. Ce n’était pas qu’elle n’avait pas l’habitude de voir des mecs musclés, mais lui c’était Thor bordel. Y’avait un truc qui déconnait, c’était sûr. Cela étant, elle se baissa pour éviter une choppe qui alla s’écraser sur le mur derrière, ni une ni deux, elle attrapa ses sabres et son sac et le suivit. Ok y’a plus malin. En plus, elle le savait, sauf que sa mission avait pris fin quelques heures avant, et que la bière à défaut d’être bonne lui avait légèrement embrumé les idées. Et un mec qui ressemble à un dieu nordique ne peut pas être foncièrement mauvais. Pas vrai ?

    Même elle, en esquivant les commis et les cuistots en courant vers la sortie à sa suite, elle savait que sa logique était débile. Si son frère avait été là, il aurait sûrement ajouté un somnifère dans son verre pour l’obliger à arrêter de faire des conneries. Mais voilà, il n’était pas là, et quitte à courir dans la ville, autant que ce soit derrière ce dos. Une fois sortis à l’air libre, elle était plus essoufflée qu’elle n’aurait dû l’être, alors elle reprit un peu son souffle, comme si elle avait fait de l’apnée tout du long. Et maintenant qu’elle y pensait, c’était bien possible en fait. Elle l’observa un peu plus. Elle faisait les choses dans le mauvais ordre, elle le savait, mais peu importait. Elle fronça un peu le nez en le détaillant un peu mieux, afin de savoir à qui elle avait à faire.

    Ok il était balèze, mais on voyait que ce n’était pas de la gonflette, il devait faire un travail manuel, un truc comme ça, très grand, de grosses mains calleuses. Ouais y’avait peu de chances qu’elle se plante en se disant qu’il devait faire un boulot manuel. Fondeur ? Ebéniste ? Peut-être combattait-il à l’arène ? Il avait une démarche qui indiquait qu’il savait se battre en plus le gars était couvert de tatouages et de cicatrices, mais bon dieu… Au moins un tiers des personnes dans le coin pouvait correspondre à ces remarques, et elle-même si elle n’avait pas de tatouages avait quand même un beau panel de cicatrices un peu partout sur le corps.

    De plus, elle ne pouvait pas vraiment se fier à ses sens ni à ses capacités de réflexions, alors, après avoir repris un souffle calme, son visage se fendit d’un sourire. Ouais, et puis elle n’y perdait rien à faire des suppositions et à lui faire boire un coup avec elle. Si elle avait été dans un livre elle aurait pu saigner du nez en le voyant.

    « Eh le bucheron, tu me dois une bière. »

    Elle lui tendit la main pour se présenter. C’était débile de l’appeler comme ça, y’avait plus à parier qu’il était combattant, mais c’était quand même plus safe que « eh le gros dur bagarreur ».

    « Sohalia. »


    Dernière édition par Sohalia Niveren le Sam 03 Juil 2021, 11:54, édité 1 fois
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    Franchement Sohalia, suivre un inconnu dans une ruelle obscure d'une ville sombre, tes parents ne t'ont décidément rien appris ? Heureusement, j'suis du type bon samaritain qui aide son prochain, plutôt que pervers psychopathe au troisième degré. Elle a fière allure, dans sa tenue complète de rookie qui se fond dans le décors, mais on m'la fait pas à moi, elle est trop bien équipée pour être véritablement de l'engeance des frères de la côte. Trop propre de sa personne, aussi. Les cheveux blancs, les yeux bleus, elle a plutôt bonne gueule, clairement, elle a du chien. Pas du tout le profil de la pimbêche en recherche de sensations fortes, qui se fait rouge pour le simple plaisir de déranger papa et maman. Pas du tout le profil non plus de l'aventurière qui fonctionne à l'adrénaline, et qui cherche une nouvelle aventure non plus. Elle est plutôt du style à aller dans les endroits plus ou moins bien fréquenté pour une bonne raison ... Cela se voit dans son maintient, dans son port altier, dans ses cicatrices qui zèbrent son corps et m'donne l'impression d'avoir mon double féminin devant moi. D'accords, elle est plutôt petite, frêle, passe partout si l'on n'y regarde pas de plus près. Mais elle a quelque chose, une odeur, une gestuelle, des gens de mon genre.

    Et quel est mon genre ? Ca c'est une bonne question, on parle des guerrier, des combattants, des fleurons de leur temps ; A l'aune de sa nuque gracile, commence une tête bien faite. Déjà, elle a deviner quel était ma profession dans la vie. Secundo, elle boit de la bière.

    Et cela m'suffit pour la catégorisé dans les bonnes personnes. Boire, pour une femme, c'est montré son degré d'intelligence, et plus elles boivent plus il est élevé. Il faut bien supporter toutes les tronches de cons qui les prennent de haut, qui les dénigrent, et qui ne recherchent que de partager une couche avec elle, pour une nuit.

    Personnellement, ce genre de p'tite, sa me donne envie de l'avoir sous le coude, sous mon aile, et l'aider dans ses projets m'semble être une bonne occupation pour ma soirée, tout d'un coup. Allez viens, on change de crémerie, je t'emmène dans un décors fabuleux t'inquiète. Que j'fais en me tournant vers l'Est, direction les quartiers bohème de la ville. Ici, c'était avant des usines de transformations des aliments, et des quais. Depuis que la ville progressait vers l'intérieur des terres, et mangeait de plus en plus de terrain à l'agriculture et l'agronomie, c'était maintenant un quartier vachement chicos, plus respectable pour une jeune fille comme Sohalia.

    - Tu peux m'appeller Judas, tout l'monde fait ça.
    Que j'continue de dire, tandis qu'on avale le bitume comme des compteurs kilométriques sur pattes. Un seul de mes pas vaut bien deux des siens, alors j'marche le pas léger, presque guilleret, j'siffloterai que le tableau serait complet. Mes cheveux en batailles cascadant le long de mon visage, s'agitent a moindre pas que j'fais. Il serait peut être temps de passer chez le coupe tiff, et d'leur faire un sort. Après, j'ai toujours eu les cheveux longs, comme mon père. Parait que dans la famille, c'est une marque de fierté.

    On arrive devant l'adresse que j'ai choisis pour nous. L'Anonyme est une petite adresse à l'étage d'une ancienne usine désaffectée, l'genre d'adresse dont seul les locaux ont le secret. On monte des escaliers en colimaçon, fait de pierre et de métal, pour tomber sur une sorte de bar de nuit pour les plus chic des clients de l'île. Ici, y'a de tout. Du bourgeois cosmopolite, côtoie de la pirate sans le sous, et des apprentis sourciers venus faire une halte à Kikai pendant leur long périple sur Grand Line. Y'a des tapis de South sur le sol, des tables fait en palette, du mobilier vintage genre canapé art déco. Bref, ambiance en patchwork des plus grandes cultures des blues, tout le monde y trouve son compte.

    - Si j'puis m'permettre, ce lieu t'vas mieux que le Cheval Galopant. T'y seras plus à ton aise, et j'pense que tu trouveras la bière qui te correspondras le mieux dans leur sélection... Y'a même une rumeur comme quoi le barman, trouve toujours l'alcool qui sied le mieux à ton humeur, rien qu'en te regardant dans les yeux ... Que j'fais sur l'ton de la confidence, et du secret. Faut dire que trouver la bonne adresse dans une ville lugubre et tapageuse comme Kikai, c'est un petit art en soit. Et c'est un art que j'maîtrise bien. Dis moi, t'es pas du coin j'parie non ? Tu nous viens d'ou ?

    Simple curiosité, rien d'méchant. Si elle n'a rien à cacher, rien d'alarmant même.
      Ah, il était causeur visiblement. Sohalia ne pouvait pas dire qu’elle était cloîtrée dans le mutisme, mais elle avait appris bon gré malgré à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de l’ouvrir. Elle avait dû se prendre un coup ou deux de trop sur le coin du nez à force de l’ouvrir pour tout et n’importe quoi. Ou peut-être que c’étaient les regards désapprobateurs de son jumeau qui étaient venus à bout de sa mauvaise habitude de l’ouvrir dès qu’elle avait quelques choses à dire. Dans tous les cas, l’autre semblait bavard, et ce n’était pas pour lui déplaire. D’autant que le gars n’avait pas râlé à lui payer sa bière. Et depuis qu’elle était sur l’île elle n’avait pas eu l’occasion de boire une bonne bière en compagnie agréable.

      Il l’attira en se dirigeant vers les quartiers les moins pourris du coin. Sohalia avait parcouru l’île de long en large pour repérer les trafics en tous genres, et c’était de loin le coin le moins pourri. La question, me direz-vous, c’est surtout « pourquoi tu n'es pas allée là-bas en premier ? » Parce que c’est aussi le coin le plus cher, et qui dit fric, dit grands pontes. Et les grands pontes du coin ne sont pas des gens très fréquentables. Elle sifflota en marchant à la suite de l’homme.

      Judas… Pour sûr qu’elle avait déjà entendu ce nom, mais elle n’arrivait pas à remettre le doigt dessus. C’était sûrement qu’il n’était pas connu pour ses méfaits. Dans tous les cas, elle avait dû bouffer une liste de noms longue comme son bras qui lui servirait si elle croisait de très gros poissons, pirates comme Révolutionnaires, donc elle était presque sûre que ce n’était pas un gros vilain méchant. Et ce constat lui fit du bien au moral. Avec ça aurait pu être un Rafaelo ou encore une Eleanor, anciennement connue comme Annabella Sweetsong. Ancienne cheffe du Cipher Pol… Elle frémit à cette idée, Sohalia n’était pas de taille, et avec l’expérience que l’ancienne Chef avait, elle l’aurait sûrement grillée en trois secondes trente.

      Bref c’était un certain soulagement que ce ne soit pas un criminel notable. Elle ne parla pas pendant le temps que dura le trajet, préférant profiter du soleil après la semaine qu’avait durée sa mission. Elle avait passé la majeure partie de son temps à sortir la nuit puisque c’est la nuit que les chats noirs sortent. Il l’emmena dans une taverne bien plus respectable que leur ancien lieu de beuverie. Ambiance feutrée presque intime. Y’a d’quoi lever un sourcil. Surtout, l’homme semblait habile pour trouver des coins sympas.

      « Si j'puis m'permettre, ce lieu t'vas mieux que le Cheval Galopant. T'y seras plus à ton aise, et j'pense que tu trouveras la bière qui te correspondras le mieux dans leur sélection... Y'a même une rumeur comme quoi le barman, trouve toujours l'alcool qui sied le mieux à ton humeur, rien qu'en te regardant dans les yeux ... »

      La jeune femme écarquilla un peu les yeux. Qu’est-ce qui lui faisait croire qu’elle était une adepte des endroits chic ? Aucune idée. Elle n’avait jamais été de ce genre-là, même pas durant ses années au sein de la marine d’Elite. Elle se racla un peu la gorge. En la regardant dans les yeux hein… Ouais il verra sûrement des cernes grandissants à force de courir dans la ville à la recherche des coins et des gens les plus pourris.

      « Dis-moi, t'es pas du coin j'parie non ? Tu nous viens d'ou ? »

      La jeune femme posa une main sous son menton pour réfléchir à comment répondre à cette question. C’était délicat, pas tant parce qu’elle n’avait pas envie de répondre, elle pouvait répondre sans trop de questions, c’était surtout délicat de savoir comment expliquer ses voyages.

      « J’me demande ce que le barman va me filer à boire alors… Puis d’où je viens… C’est que je me balade pas mal en fait, j’ai passé pas mal de temps sur Logue Town, mais je suis née sur Sanderr. Mon frangin te dirait que c’est la mort de l’intellect là-bas, moi j’trouvais qu’y’avait pas mal de bestioles marrantes à taper. Chacun son truc. Et toi ? T’es du coin ? Ça a pas l’air. T’es aussi là pour l’arène ? »

      Ils s’installèrent à une table trop basse qui fit se plier l’homme pour pouvoir s’y installer et étaler ses jambes. Devant lui. Elle, elle s’installa en tailleur, trouvant un moyen de coucher son Nodachi – un sabre d’1m60 – et son Katana – plus court, il mesure 96cm – en longueur sur le sol devant le canapé. C’était tout de même étrange d’être assis dans un canapé pour boire un coup, mais pas inconfortable. Et puis le serveur les approcha, pantalon noir, chemise blanche, un petit tablier en cuir qui lui tombait sur les cuisses, une démarche un peu balançante. Il aurait fait de l’ombre à certaines nanas dans un concours de beauté avec sa crinière brune bouclée.

      « Bonjour, je serai votre serveur, je m’appelle Sebastien. Qu’est-ce que je vous sers… »

      Il les observa un instant, et avec un petit sourire et en fixant avec intensité la jeune femme, il s’exclama.

      « Téquila ? J’en ai une super bonne. »

      Sohalia lança un regard en coin à son camarade de beuverie. La téquila, parfait pour s’en mettre plein le foie.

      « Moi ça m’va. Avec une bière s’il te plaît Sebastien. »

      L’endroit devait faire partie de cette catégorie d’endroit branché où on cherche à créer une forme de proximité avec le client pour leur soutirer un max de fric. Et elle n’allait pas s’en plaindre, sa paie était tombée y’a pas longtemps, et elle ferait passer ça en note de frais.
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      L'attirance physique n'est qu'une phéromones, une drogue du cerveau auquel j'suis moins sujet que la plupart des hommes. Tout simplement parce que mon métabolisme est si efficace, qu'il élimine toutes les drogues, qu'elles soient naturelles ou non, deux ou trois fois plus rapidement de mon organisme. J'suis hors norme, un modèle qu'on fait plus, on a perdu le moule. Unique comme tout à chacun, j'ai cette violence dans l'regard, qui n'trompe personne ; J'aime la castagne, et c'est donc pas étonnant, qu'elle se pose des questions sur ma venue à Kikai no Shima.

      J'vois pas l'intérêt d'lui mentir primo, bien que j'ai mon jardin secret, que j'garde pour moi, jalousement, avec les plus belles graines entrain de germer en son sein. J'suis pas là que pour l'arène, mais j'y roulerai sûrement ma bosse prochainement, voir ce que donne les gros bras de Grand Line. Purement phrases de touristes qui cherche à s'occuper pendant ses vacances. Sauf qu'à part être bucheron, et un étranger à l'accent à couper au couteau, elle ne sait pas à quel genre de loustique elle à faire.

      J'suis un bon samaritain, qui aime à rétablir la balance entre les clans mafieux, pour qu'un équilibre plus sain naisse de mes poings. Quand j'vois que les règles établies par les Tempiesta sont bafouées, j'intervient comme un chevalier, défendant le code de la mafia que j'respecte. Ma criminalité à des principes, elle se respecte. On ne fait pas n'importe quoi. Les lois ne sont pas forcément morales, mais quand on est pas de leur côtés, autant le rester.

      C'est la limite entre la barbarie et la classe. J'suis peut être bourru, plein de défauts, mais j'respecte une ligne de conduite vieille comme le monde ; J'essaye de faire le bien autours de moi, quitte à devoir détruire plus que construire, quitte à devoir casser quelques genoux, et faire du mal aux gens. Pas tout le monde ne mérite la paix, c'est une hérésie.

      Mon devoir commence là ou ton droit s'arrête.

      - T'as raison j'suis pas d'ici. J'suis du genre nomade, mais j'ai principalement été sur North Blue, on peut dire que j'viens de Manshon, tu vois ? Que j'lui fis avec un petit clin d'oeil complice. J'avais compris, elle n'était pas une petite fille sage, et j'avais rien d'une âme charitable non plus. Personne n'était là pour rien, l'un pour satisfaire sa curiosité, l'autre pour ... Pourquoi enfaite ? Elle ne m'avait pas suivis pour mes beaux yeux non plus ? J'croyais qu'elle m'avait reconnu, ou qu'elle cherchait quelqu'un dans mon genre pour service ... Mais plus la soirée avance, moins elle ne semble vouloir quoi que ce soit de professionnel avec moi.

      Si ça devenait personnel ... Et toi, t'es dans le coin pour satisfaire quelle genre de curiosité ? Il y'en avait pour tout les goûts à Kikai. Les lugubres, les malsains, les violents, les maladroits ... Pour tous et toutes. J'me demandais donc ce qui l'avait fait venir jusqu'à l'île lumière, au grand derrière sombre et opaque. Occulte presque. A se demander si un vent de folie n'avait pas atteint l'île et ses habitants, à voir ce qu'il avait fait de la faune et de la flore.
        L’agente observait l’autre grand. Elle avait son nom, et un truc la chiffonnait très fort. Elle l’observait d’un œil et l’écoutait. North Blue hein… Elle fronça les sourcils.

        Manshon… Le serveur l’interrompit dans ses pensées en déposant l’alcool devant eux. Il déposa également une assiette pleine de nourriture, des apéritifs, cacahuètes, pop-corn, saucissons… La jeune femme leva un sourcil.

        « Offert par la maison. Ce sera payant la prochaine fois. »

        Elle fronça un peu plus les sourcils. Leur machinerie était bien huilée. Heureusement pour eux, elle était bonne cliente, et elle venait d’être payée. Alors elle le remercia et piocha une cacahuète. Il avait déposé une bouteille de Téquila, deux shots et deux pintes. La jeune femme commença par vider sa pinte d’une traite peu gracieuse et se retourna vers l’autre en servant deux shots de Téquila, dont un qu’elle lui tendit.

        « A la tienne Judas de Manshon ! »

        Elle trinqua et vida son shot d’une gorgée. Il n’était pas là pour les arènes, mais l’endroit semblait l’intéresser aussi. Donc, il n’en dirait pas plus, elle se gardait donc le droit et sans culpabilité de ne pas lui expliquer.

        « Oh, tu sais, le tourisme… Ce genre de choses quoi. J’irais sûrement que jeter un œil à l’arène dans l’après-midi, mais je doute d’avoir le niveau pour éviter de me faire casser la gueule par les gros bras du coin. »

        Elle tapota ses armes du plat de la main. Elle fronça un peu plus les sourcils. Manshon, c’étaient les combats clandestins… Ce n’était pas la famille Tempiesta qui était là-bas ? Elle regretta soudain de ne pas avoir mieux suivit les cours que sa mère avait tenter de lui faire rentrer dans le crâne sur les Sept Familles. Dont elle faisait accessoirement partie. Judas… Sa tante – avant de disparaître – lui avait envoyé diverses lettres qu’elle avait lues et relues, souvent, elle dissimulait des informations sur l’état des relations des différents partis dans des phrases banales.

        « Pas étonnant que tu veuilles faire un tour à l’arène si tu viens de Manshon… »

        Peut-être était-ce l’alcool qui lui fit perdre sa prudence durement Acquise, mais elle se frappa le front de la main. Un éclair de lucidité lui coupa le souffle comme un coup de poing à l’estomac. La jeune femme n’avait jamais renié ses origines, elle n’était pas honteuse de ses origines, c’était sa mère qu’elle avait fuie avec empressement, et les valeurs dépassées qu’elle avait tenté de lui inculquer.

        Si Yoligan avait été là, il lui aurait plaquer la main sur la bouche avant qu’elle ne l’ouvre. Mais il n’était pas là, et elle était bien trop contente d’avoir mis le doigt dessus pour la fermer. Ne remettons pas la faute sur l’alcool cette fois, elle fit juste une grosse boulette.

        « Mais si ! Putain, je remettais plus ! T’es avec les Tempiesta non ? C’est… Manuel a la tête non ? Je préfère Timuthé, il est quand même plus marrant à tout faire péter… »

        L’agente rit un peu, se resservit un shot et releva les yeux vers l’homme. Ok, il n’était pas ravi. Elle pouvait comprendre, elle venait de mettre les pieds dans le plat. Elle était quand même très douée pour ça. Foutre ne l’air sa couverture… Cela étant, elle doutait qu’il aille voir sa hiérarchie, vu qu’il ne savait même pas qu’elle faisait maintenant parti du gouvernement Mondiale…

        Si une chose était sûre, c’était que la jeune femme avait un talent pour la survie. Elle secoua la tête.

        « Ok, bon, c’était peut-être pas malin d’exposer ton Curriculum Vitae de cette manière, je pense que je dois me présenter du coup, mais tu dois pas me connaître. Luna Martico. »

        Non, il ne la connaîtrait pas personnellement, mais son nom de famille… Elle lui tendit une main, et un sourire franc. Ça faisait des années qu’elle n’avait pas revendiqué faire partie de sa propre famille, c’était bizarre… Elle plissa un peu les yeux.

        « Mais Judas, je suis en cavale, faudra dire à personne que tu m’as croiser, même si on te demande. »

        Ouais en cavale, pour fuir sa mère qui savait sûrement très bien quel nom d’emprunt elle avait pris. Mais pour le coup, lui il avait une réputation qui le précédait, elle doutait qu’il veuille que sa présence s’ébruite. Restait à savoir s’il choisissait de lui casser la gueule ou pas. Au moins l’alcool était bon.
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        Martico ... Luna Martico. Si effectivement le prénom m'dit rien, le nom d'famille en revanche, je l'connais plutôt bien, et plutôt deux fois qu'une. Voir une famille s'imposer sans armes et sans violence, c'est rare sur North Blue. La femme à la tête de ce réseau de voleurs et d'espions, et avant tout le terrain d'ombre et de mensonges, de pouvoir matriarcale, et d'un brin de bon sens ; On ne peut pas toujours régner avec la terreur, moi même j'savais joué de la carotte et du bâton, pour faire avancer mes collaborateurs sur le bon chemin. Sauf que j'ai rien d'un pacifiste, j'suis du genre à aimer la brutalité de la réalité qui nous arrête toujours dans l'utopie collective. Cette fille m'fait penser à une femme que j'ai connu, naïve et sans filtre. Elle est du genre à pas mettre de maquillage, juste pour se rebeller, mais à se parfumer parce que "non bon il faut pas déconner quand même" ... Une vraie révolutionnaire au coeur tendre. Du genre à pas se raser sous les aisselle, mais aussi douce d'un champ de coton, à l'intérieur. Cette petite, elle me donne envie d'être plus calme, plus apaisé. J'sais pas si c'est sa chevelure qui lui donne cet air irréel, ou bien ses yeux translucides qui vous foudroie.

        Y'a un petit truc qui m'fait m'demander quel âge elle a, son regard peut être. Je me tape le ventre en riant au éclat.

        - Bah dis donc pourquoi tu fais la gueule petite ? Tu crois que j'vais me vexer parce que tu me reconnais ? Hahaha, non, t'inquiète ma réputation je l'assume, j'suis pas un si mauvais bougre. Y'en a d'autres, ils aiment pas l'image qu'on leur prête, tout simplement parce qu'ils ne sont pas en adéquation avec leurs actes ... Pas de ça chez Judas, j'suis fidèle à moi même, toujours en poste pour botter le cul des mauvais bougres qui peuplent cet univers.

        J'suis un peu la revanche du petit sur le grand, ou bien encore le retour de bâton quand on envoit le chercher à son chien, et qu'il vous ramène un loup dans la bergerie. Je souris en matant la demoiselle en face de moi.

        - J'suis Judas, le Pater Pugilat. J'écume les bars à la recherche de la boisson qui fera céder mon armure chevaleresque, je sillonne les bas fonds, pour au moins réussir à la salir, mais jamais je ne fais d'entorse à mon propre règlement ... Pas de femmes, pas d'enfants. Jamais de faible, tout ce qui m'intéresse c'est le challenge, pas la finalité. Gagner pour vaincre, j'ai soupé, maintenant je cherche le beau geste. Voilà qui j'suis, et comment on m'connait. Je lui fait un clin d'oeil en vidant d'un trait la pisse de chat qu'on nous a servit en guise de bière.

        Encore une de ses merdes aromatisée, j'ai envie de vomir. Moi j'aime mon houblon sauvage et non traité, je l'aime amer et costaud dans ma bouche. Qu'on sente quelque chose d'autre que toute la flotte qu'on a mit à l'intérieur.

        - Luna Martico, je te donne ma parole d'honneur, personne n'en saura un mot, cette aventure nous appartient, c'est la notre, et j'vois pas pourquoi j'irais m'en étaler... Surtout pas auprès d'une autre famille que celle qui m'emploie. Quoi que même à eux, j'vois pas l'intérêt d'en parler. Mais dis moi ma grande, comment se fasse-t-il que quelqu'un comme toi soit en cavale ? Tu fuis la famille ? Parle, dis vrais et peut être gagneras-tu un allié de confiance sur qui t'appuyer dans ta fuite .... Et pourquoi pas plutôt profiter d'mes gros bras pour régler la situation ? C'était une alternative possible, et j'avais déjà eu ce genre de comportement avec d'autres.

        Généralement j'suis le bon samaritain de l'histoire, qui prête sa force à l'opprimé, et  met la pression aux plus forts. J'aime pas les gens plus forts que les autres, qui se sentent obligés d'user de leur prérogatives pour écraser ceux, qu'ils pourraient niveler vers le haut.

        Autant dire que j'ne porte pas beaucoup de mafieux dans mon coeur. Les Martico sont pas pires, juste plus intelligents que la moyenne, plus malin pour échapper à mon jugement, souvent irréfutable, et implacable. Remarque, que beaucoup de mafieux m'porte pas dans le leur non plus.

        J'en connais quelques uns qui me haïssent, même. On peut pas plaire à tout le monde.

          C’était qu’il avait la classe quand même. Mais au moins maintenant, elle comprenait d’où venaient ses muscles tout… Non mais sérieux d’où ça sortait tout ça ? Elle regarda son bras. Ce n’est pas qu’elle était maigre, loin de là même, mais fallait être franc… Elle aurait beau s’entraîner, elle n’aurait jamais un tel ratio taille/muscle. Impossible. Il n’était pas humain. Elle ne voyait que ça.

          Elle se secoua un peu et il commença à se présenter. Ok, ça en jette. Elle avait l’impression d’avoir douze ans à nouveau. Le Pater Pugilat. Maintenant qu’il le disait, elle se disait qu’elle avait été super longue à la détente. Sa mère n’était pas une grande fan de la violence. C’était même tout le contraire. Mais la jeune fille elle, avait toujours suivi avec une certaine forme d’enthousiasme les aventures des autres familles. C’était d’ailleurs le seul enseignement qu’elle avait suivi à la lettre.

          « Judas, c’est très généreux de ta part. Je n’ai pas besoin d’aide pour l’instant, disons que je cherche quelqu’un, et que j’essaie d’éviter quelqu’un d’autre. Alors je me balade. Et je fais des rencontres. »

          Ce n’était pas comme si elle pouvait lui dire que la fille Martico était devenue agent du gouvernement mondial. Ça n’avait aucun sens, et par-dessus tout, la journée était trop belle pour être gâchée. Surtout que même avec toute la volonté du monde, elle finirait pliée en deux, rangée dans une poubelle s’il lui prenait l’envie à Judas de… Eh bien de n’importe quoi en fait. Elle leur resservit de la tequila dont un shot qu’elle vida cul-sec.

          « J’ai… Disons des divergences d’opinion avec ma mère. Et vu qu’elle est plus ou moins vouée à prendre la tête de la famille, j’ai trouvé ça plus sage de me faire la malle que de finir par l’étouffer avec une de ses foutues robes qu’elle essaie de me faire porter depuis qu’elle a compris que c’était mon frère qui prenait ma place pendant les cours de bonnes manières. »

          Elle avait dit tout ça d’un trait sans reprendre son souffle et finit presque essoufflée en conséquent. Bon ce n’était pas qu’elle parlait souvent de ces histoires, mais elle avait un coup dans le nez, et puis il était sympa.

          « Ah si ! T’aurais pas entendu parler d’une blonde qui s’appelle Brianna ? Ma tante a disparu et j’ai pas l’impression que la famille se bouge beaucoup le cul. »

          C’était vrai. De plus, toutes les informations qui lui permettraient de retrouver sa tante étaient les bienvenues. Elle secoua les mains l’air de dire « ah laisse tombé c’est pas ton soucis » et elle se servit un nouveau shot de tequila.

          « Et toi qu’est-ce que tu fais vraiment dans le coin ? Le défi ? L’ennui ? Une mission ? »

          Elle se tourna vers lui et sortit un couteau de sa poche arrière ainsi qu’un bout de bois brut qu’elle commença à tailler. C’était peut-être l’alcool, mais la seule chose nouvelle qu’elle avait devant le nez, c’était lui, puis il était taillé dans la pierre, ce ne serait sûrement pas difficile de faire son portrait dans du bois. Tailler le bois, c’était bien un passe-temps comme un autre après tout. Alors elle alternait entre l’observer avec trop d’attention et mettre le nez sur son début de sculpture. Non mais sérieux, qu’est-ce qu’il avait mangé pour être aussi… Barraqué ? Si c’était la soupe quand il était petit, elle voulait la recette.
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