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Négociation sur Pétale [1628].

Cheh. Un nom  râpeux et âpre en bouche. Synonyme de grandeur et de décadence dans la civilisation mondaine de notre petit univers. Khalil Cheh, fidèle représentation de tout ce que détestait le fils aîné de la famille, notre héros, luttait contre ses connexions au centre névralgique du pouvoir des Pétales. Un complot ourdit dans le dos de son paternel, en avait signé la fin, il en était persuadé, car il avait été ensuite poussé vers l’impotence dans la gouvernance de sa famille. Depuis, il avait joué le jeu du plus fin, et accepter de servir son oncle en représentant son nom  à Marie Joie. Il ne savait pas encore comment, mais un jour il rétablirait ses droits, et bien plus encore.

Depuis tout avait changé, quand le gouvernement mondiale frappant à sa porte, lui avait proposé de devenir un agent du Cipher Pol. Plus il en apprenait sur l’organisation, plus elle sonnait aux allures de revanche pour lui. Avec ses nouvelles ressources, et ses nouvelles compétences, il ne doutait plus de pouvoir assouvir sa soif de vengeance. Œil pour œil, dent pour dent. La loi du Talion, ni plus, ni moins.
Le Nanti qu’il était devenu, le chapardeur de la famille comme réputation en étendard, il se promenait dans le monde  pour faire grandir son influence toujours plus au sein de l’Agence, et devenir une de ses mains capable de tuer selon son bon vouloir. Il aurait alors tout loisir de faire la peau à son diable d’oncle, et à tout ceux qui avaient trempé dans l’affaire. Car il n’en doutait pas, il n’agissait sûrement pas seul.
Avec l’argent vient le pouvoir, et le mélange en faisait la force. Qu’elle soit politique ou militaire ne changeait que très peu la donne.

Bien qu’il ait apprit à se défendre, et bien plus encore, il  savait qu’il aurait besoin d’allié avec lui pour réussir son coup.  Ou tout du moins d’avoir une certaine base avant d’essayer de grimper les echelons, qui donnerait les fruits qu’il attendait. La pomme n’es t pas tombé loin de l’arbre. Pour se faire il commença par financer un certains agents de son bureau, grâce aux soutiens financiers de sa famille au Vizirat d’Essence, qui  lui donnait un certain crédit auprès des imprimeurs. Il passa un contrat dans lequel il se liait à l’imprimerie et en ferait la promotion dans tout le salons littéraires qu’il croiserait.  En échange de quoi, la maison d’imprimerie devrait fournir autant de copies que nécessaire aux élucubrations de son collègue.

Il ne lisait pas ce genre de torchon,  mais si cela pouvait payer…  Des bruits l’éveillèrent, à l’extérieur de la somptueuse auberge où il était descendu. Des bruits de pas dans le couloirs. Des bruits de chevaux dans la rue. Il savait très bien ce que cela voulait dire. Ils l’avaient retrouvés. L’infant se leva d’un bond, en descendant les couvertures sur ses pieds d’un geste rapide et précis. Il s’habilla en vitesse. Mit les lourdes bottes qui étaient sous le lit, tout comme une tenue juste au corps noir qui était bien plus pratique pour agir en discrétion que ses effets personnels.

- Ou est-il ! Percevait-il de l’autre côté du panneau, tandis que la voix d’un aubergiste apeuré se mit à resonner et à chanter à ses oreilles. Haut perchée, la voix était distincte à travers le bois des couloirs. C’était pour cette raison qu’il avait choisit cette chambre, elle avait une acoustique particulière. Prenez la galerie de droite, je prend le couloir de gauche.

Il ouvrit la fenêtre en vérifiant que sa canne épée sortent toujours aussi facilement de son pommeau, et que ses dagues étaient bien attachés à sa ceinture. Noir et effilée, elles étaient ses instruments de travail quotidiens, et favoris.

Il crocheta la façade du bâtiment, jusqu’à se laisser glisser au sol, atterrissant dans la boue devant l’auberge, aspergeant ses bottes de crottes. Il n’était plus le petit nobliau précieux de naguère, et même s’il en jouait encore le rôle, ce n’était pas le moment.
Ah les vieilles histoires de famille. Cela se gâtait, il allait devoir encore une fois changer d’auberge, ou trouver une planque digne de ce nom. Peut être n’avait il pas été une bonne idée de revenir sur Pétales, finalement. Il ne s’imaginait pas son oncle aussi … Réactif. Après sa réelle identité était sa couverture d’agent. Personne ne soupçonnait la vraie raison de sa présence ici, ainsi.
Et cette chiasse de pluie qui n’arrêtait pas de tomber, en cette saison.

[***]


Grenier désaffecté. Odeur de vieille paille de pisse récente. Des animaux visitaient  souvent ce grenier, et ont pillés ses dernières ressources. Soit, ce n’est pas l’endroit idéal où retrouver Song Cheh, nanti et noble de la cours du Vizirat d’Essence. Pourtant, c’était bien là qu’il se trouvait. A étudier des cartes et des plans,  récupérer grâce à son nom de famille auprès d’une bibliothèque publique. Il avait bien fait  attention à ne laisser aucune signature sur le registre, pour ne pas ébruiter sa venue en ses lieux. Son travail se faisait dans le chuintement, et sa missio exigeait beaucoup de discrétion. Une discrétion choisie, pas un camouflage totale cependant. S’il réussissait cette mission, nulle doute course-cuiterait-il son oncle dans sa montée au pouvoir par un rapprochement du GM. C’était le plan le plus probable qui l’avait conduit à envoyer son neveux en terre de Marie Joie.

Seulement, le GM lui-même ne l’entendait pas de cette oreille, pas tant que des poches de résistants rebelles, de révolutionnaires, subsisterait en terre du Sultanat.

Il avait donc pour mission d’amener la paix entre le Gouvernement et le Royaume, en passant par le Vizir Killsinger. Et pour obtenir secrètement audience auprès de lui, on avait pensé au prérogatives du nom des Cheh aurprès du Vizir D’Essence. Seul lui avait le pouvoir de l’introduire en secret dans la cous du Sultan, et de mener à bien cette mission délicate.

Il devait donc s’introduire dans le palais d’Essence, de nuit, seul. Et obtenir du Vizir qu’il donna son accord pour telle folie. Qu’ils doivent menacer, ou bien choyer son client, était à sa discrétion. Et pour tout dire, il ne pensait pas un homme aussi avide d’argent, capable de repousser sa proposition. Il sortit de la grange par un trou dans les panneaux de bois, et s’envola dans la nuit, le plan du palais gravé dans sa mémoire.
Il alluma une cigarette dans la nuit, passant en revue tout les tenants et aboutissants, tout les scénarios possible, sa rancœur bien cachée dans le fond de son âme. Il devait être une machine, capable de garder la tête froide en toute circonstance, s’il voulait lier  son destin tragique, à cette mission des plus difficile.
    Passer par les égouts qui sillonnaient et trouaient le château comme un gruyère avait été le plus délicat pour l'Agent Cheh. Après, les égouts d'Essence débordaient de parfums différents, pas toujours aussi peu ragoûtant qu'on aurait pu le croire. Comme si le Vizirat s'obstinait à déverser des litres d'eau de toilette dans ses latrines pour y adoucir le relent, et faire du pays tout entier le synonyme de "fragrance". Se déplacer dans dix centimètres d'eau croupie restait néanmoins assez choquant pour le nez d'un habitant pétaliscain.  

    Rampant parfois, déplaçant difficilement malgré tout, il touchait à son but et sortie par les toilettes personnels du Vizir, qui se trouvait à son étage réservé en bas de la tour principale, qui s'élevait à des centaines de mètres du plancher des vaches. Les affres du pouvoir souffrent d'une même afflictions ; Le manque de motivation, ce qu'on appelle la flemme en langage familier. Il allait en profiter.

    Il se glissa hors des toilettes, tandis qu'une patrouille passait dehors, reconnu-t-il à la démarche et au bruit des bottes contre le sol. De lourdes bottes de travail, pas le genre des nobles du pays. Avoir vécu dans un château, pratiquement réplique de celui-ci, en plus petit, lui donnait des avantages non négociables. Il coulissa dehors, et se coula dans l'ombre, devenant presque une de ses fantasques silhouette que l'on observe dans la nuit, quand on a trop d'imagination.

    Il ne fit pas un bruit en levant le loquet qui verrouillait l'entrée de la chambre du Vizir. Il souffla un bon coup en faisant rouler la poignée sur le côté, et en poussant la porte, son palpitant était déjà calmé. Il fallait une sacrée dose de sang froid pour réussir la mission de ce soir, il ne devait pas déraper sinon la mission serait définitivement un échec. Chech profita de la nuit noire dans l'entrée somptueuse richement décoré qui faisait le sas de décompensation du Vizir. C'était une sorte de boudoir, qui lui permettait de recevoir les invités pas encore assez intimes avec lui pour voir sa chambre privée. Les lieux du pouvoir, et de la tyrannie.

    Il passa le sas, et s'enfonça dans la pièce très haute de plafond. Il devait constamment surveiller ses pieds, se concentrer sur le reste de la pièce, et vérifier les battements de son cœur, même. Par acquis de conscience, et pour ne pas saloper le boulot.

    Il posa une main sur le dormeur, et mit une autre sur sa bouche. Le Vizir se leva prêt à en découdre mais la voix sèche de Chec claqua dans l'air : Calmez vous, si j'étais là pour vous tuer, pourquoi vous réveiller, pourquoi vous parler ? J'ai une proposition à vous faire... Hochez de la tête si vous avez comprit, et j'enlève ma main. Par contre, criez pas au secours, ce serait bête ... Son regard dévia sur les lames à sa hanches, qui n'attendait qu'un instant de plus pour le menacer réellement.

    Le Vizir, tout vizir qu'il était, hocha lentement la tête, faisant bouger ses longs cheveux noir de jais de chaque côté de la main du Cheh. Qui la retira juste assez pour voir que le sang froid à toute épreuve qu'on lui prêtait, était réel. Il fit un signe de tête à son hôte dont il était l'indésirable de la soirée. Pas encore l'allié fidèle qui lui permettrait peut être d'accéder à plus haut rang dans la hiérarchie du Sultanat. Après les Cheh était une famille réputée, coqueluche de Pétales.

    - Si vous venez me menacer, c'est inutile je ne reviendrais pas sur ...
    - ... J'vous arrête tout de suite, je suis pas là pour ça. Fit le jeune homme au cheveux d'albâtre, posé sur le côté du lit, un genoux sur le matelas moelleux du Vizir, l'autre replié vers lui, une main pendant légèrement, non loin des dagues de combat. Tout pouvait si vite dégénérer, qu'il en avait le tournis.  
      - Si vous n'êtes pas là pour la construction de l'aqueduc, alors pour quelle obscure raison me sortez vous du lit à une heure pareille ? Avec des méthodes pareilles ? Se renfrogna-t-il en me regardant depuis sa chemise en soie sauvage froissée, et ses babouches à pointes.

      - Je me présente, je suis Song Cheh. Premier né de la maison Cheh. Cela vous dit sûrement quelque chose puisque ma famille est l'un de vos administré. Pour ne pas dire l'un de ses larbins, en sommes. La voie de la diplomatie commence par le choix des bons mots. Il allait falloir être convainquant. Si je me suis introduit en catimini dans vos appartement, c'est pour demander une audience secrète avec l'un de nos compatriotes. Le Vizir Killsinger, dont je sais le temps très précieux.

      - Et comment pourrais-je faire ça, je ne suis pas sa secrétaire ! Fit-il, tout sceptique qu'il était, comme n'importe lequel des hommes politiques influent de notre ère. Même si je le pourrais, pourquoi le ferais-je ? Ah, voilà. On y était, les profits et bénéfices à aider notre jeune ami.

      Cheh soupira. Ce soupir laissait entendre que cela allait prendre du temps de le convaincre, mais qu'il allait tout faire pour essayer la voie de la parole, et non pas céder à la violence. Très bien, jouons cartes sur tables. Je suis l'un des nobles de votre aristocratie. Par ce biais, j'ai donc la possibilité de représenter mon Vizir auprès des autres. Nous savons tout les deux que vous essayez de vous rapprocher de Killsinger en ce moment -Merci les renseignements du Cipher Pol- mais sans succès car l'on vous surveille continuellement. J'ai donc eu cette idée de m'introduire dans vos quartiers, de nuit, sans aide, dans la plus parfaite discrétion. Personne ne sait que je suis là. Cela ne vous inspire-t-il pas une opportunité ? Qu'il lança à tout hasard, laissant planer une ombre sur son visage. Une ombre avide de profit, de pouvoir et de plaisirs.

      - Je... Non, qui vous dit que je veux faire ça ? C'est faux ! Je suis loyal et n'entends que la loi des Pavois !
      Se récria-t-il. Trop tard, il le tenait comme un poisson hors de l'eau, ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne morde à l'hameçon.

      - Tututu. Pas à moi. Je sais très bien que ce qui vous intéresse, c'est l'argent, et le pouvoir. Si c'est bien cela, hochez juste la tête, et organisez moi un rendez vous en votre nom pour rencontrer ce Killsinger. Je négocierai alors les termes de votre accord. Le mieux que je pourrais. Je suis assez fin orateur, vous le voyez bien, et suffisamment bien renseigné pour vous nuire dans votre projet. Laissez moi participer, redorer le blason de la famille Cheh. En échange de quoi, vous me donnerez une sommes rondelette, qui me permettra de repartir d'ici sans encombre et de survivre dans notre vaste monde. Il n'était un secret pour personne que le premier fils de la famille, était avide d'argent, et de pouvoir, lui aussi.

      Et ça se sentait dans ces mimiques, à peine joué par l'Infant. Une seconde de réflexion, et le Vizir d'Essence lui donna un den den blanc, tout droit sortis de sa table de chevet. Pour me recontacter, dans trois lunes. Je vous donnerai ma réponse. Ne me réveillez plus jamais comme ça, si vous voulez continuer à travailler pour moi. Il avait plutôt aisé de le convaincre de sa bonne foi. Il fallait dire que la famille Pavois était vieillissante et débile. Impuissante à diriger le pays, aussi.

      - Bien, patron. Fit le jeune homme en repartant tranquillement par là ou il était entré.
        PulululuPulululuPululu.

        - Oui ? fit une voix roide et froide.
        - Cheh à l'appareil, alors comment procède-t-on ? Conscient qu'il faisait une proposition qu'on ne pouvait refuser.
        - Qui vous a dit que j'acceptais ? S'insurgea encore le Vizir.
        - L'instinct politique, le nez. Qu'il fit avec une pointe d'ironie dans la voix.
        - Très bien, vous avez mon feu vert, rendez vous avec Killsinger pris, à vous de jouer. Ne me décevez pas.
        - On ne remontera pas jusqu'à vous, je vous le promets. Une grande vague d'indépendantiste formait un courant contre lequel il ne pouvait lutter.

        Click.
          Château des Kissinger, Royaume de Pétales, 1628.

          Royaume pétales, royaume de cocagne pour quelques nantis. La bâtisse était opulente, gigantesque, d'un blanc immaculé. De tours, d'apique, de falaises et de flèches toutes tournées vers le ciel, qui observait la soirée qui s'annonçait d'un œil indifférent, crevant la voute céleste d'une pluie sagace. Dans l'une des pièces publique du château, domaine des Kissinger, l'on s'efforçait de remettre un coup de propre aux argenteries, de faire briller les dorures, de dépoussiérer les tapis d'Hinu Town. Tout ça dans une ambiance quasi-militaire, sous le regard dur mais bienveillant du gouvernant, un homme revêche et sec, aux nez proéminent.

          - La soirée promet d'être belle, malgré la pluie fit un homme s'avançant dans la lumière depuis le couloir obscur qui courrait dans tout le bâtiment, comme une artère fémorale, une veine principale saignant les lieux. J'espère que tout le monde est prêt pour la réception. Il avait belle allure, ce port que l'on admettait des nobles sûr d'eux, et une tenue outrageusement luxueuse.

          - Oui, monsieur, la liste des invités est faite, les extras ne devraient pas tarder à arriver pour couvrir la réception. Tout est fin prêt, my lord. Répondit le majordome attribué à Killsinger depuis sa montée au pouvoir. Il en était content, c'était son plus fidèle serviteur.

          Le balais des serviteurs ne s'arrêtait pas pour autant, quand on vint sonner à la porte de derrière, l'entrée des artistes en sommes. Il ne fallait jamais voir le travail des petites mains, quand on était un puissant, ainsi, de nombreux couloirs passaient sous le sol, ou bien dans certaines coursives aveugles, l'on ne voyait jamais la lumière. Ce fut par cet accès qu'arriva Song Cheh, fils de la famille Cheh. Il n'était pas invité officiellement, et cette nouvelle le mettait en bonne voie pour la réussite de sa mission.

          Que son oncle eut été mit au parfum de leur rencontre, et il aurait sûrement prit des mesures drastiques pour l'éliminer, comme il l'avait fait avec son père. Il le savait, son existence ne tenait qu'à un fil de chemise, celle du décadent qu'il portait comme une toilette sur mesure. Son jeu d'acteur brillant, ses manières à peine dissimulés, et ses inclinaisons naturelle pour les plaisirs de la vie, faisaient le reste.

          Personne ne se doutait que Song Cheh fut un agent du gouvernement. Pour autant, ce fut sous l'identité du messager d'Essence, qu'il arrivait. Un messager qui n'avait pas vraiment d'obéissance ni ne reconnaissait l'autorité du Vizirat, par ailleurs. Vous vous doutez bien que son allégeance n'allait qu'à ses nouveaux employeurs, les cinq étoiles et surtout Mint Figura. Il allait donc, porteur du message du Gouvernement Mondial, s'infiltrer comme un simple employé de maison, pour rencontrer secrètement Killsinger. Un homme du futur, et non du passé. Un homme de paix qui ne voulait qu'une chose, la prospérité du royaume.

          Tout du moins c'était ce que l'on pensait de lui. Il se présenta à la porte sous son prénom, Song, et on lui ouvrit sans joie, comme si sa présence dérangeait. Il avait pourtant fort cheminé vite et longtemps avant d'arriver sur les terres des Kissinger. On ne lui proposa aucun rafraîchissement pour autant, après tout il n'était pas de la maison, et on le prenait pour un extra venu donner un coup de patte pour la soirée mondaine qui allait avoir lieu. Seul le majordome et le Vizir connaissait la vérité, et encore, il était loin d'imaginer à quelle sauce il allait leur débiter ses salades, l'Infant.

          - Je dois voir Gabriel Pessac, il m'a promit dix pour cent de la solde au début de mon service. Fit le jeune homme aux cheveux cassés, qui n'eut pour simple réponse que du méprit. Pour autant, on vint le chercher alors qu'il enfilait la tenue traditionnel du serveur sur Pétales. Redingote, petite chemise blanche et cravate.

          - Que faites vous ? Fit une voix roide et sèche. C'était le gouvernant qui venait pour l'amener séance tenante à son patron. Venez. Et Song le suivit dans le dédale obscure qui taillait à travers montagne parfois, le faisant frissonner dans sa tenue de maid.
            Après l'humidité et l'obscurité des couloirs, la lumière et la chaleur des brasero l'aveuglèrent quelques millième de seconde. Tout était différent ici, boiseries, tapis, tableaux de maîtres, le confort et l'opulence dans toute sa splendeur : L'antichambre du bureau de Kissiger en personne. Le tout en une pierre apparentée au marbre, aussi poreuse et aussi polie que celui d'East Blues, que l'on sortait par tonnes et tonnes dans les régions minières de ce côté là des Blues. Le feu brulait dans l'âtre, et Gabriel lui fit signe d'attendre de l'autre côté de la porte.

            Des voix étouffée lui vinrent depuis l'intérieur, puis des bruits de pas et de canne qui s'entrechoque sur le sol furent de concert avec la porte qui s'ouvrit à la volée. Un visage digne, princier, presque plus grave encore que les pierres tombales. Il y avait quelque chose de morbide chez cet homme là, une préstance et une carrure qui donnait à Song de reculer et de s'agenouiller. Son aura laissait présager d'un homme coriace, dur en affaire.

            Le représentant des Cheh ne se démonta pas, et salua comme on le faisait, et avec les honneurs qui lui était dû, celui à qui l'on devait la chute de la royauté dans ce coin du monde. Le cerveau en tout les cas derrière l'écran de fumée, celui qui tirait les ficelles. Vizir Kissinger, c'est un plaisir et un honneur. Que fit l'agent, se plaçant en position de faiblesse, bien que les nouvelles qu'il apportait l'emportait sur la hiérarchie entre eux. Il ne venait pas en tant que sujet du Vizir Castafiore. Non, il était la voix du Gouvernement Mondial, et par la même, représentait un continent tout entier.

            - Monsieur Cheh, un plaisir également, fit-il en tendant le bras pour lui serrer la main, montrant par la même l'énorme seau qui lui servait de bague d'apparat. Le costume était somptueux, taillé par les meilleurs artisans, dans les meilleurs matériaux. Venez, entrez dans mon bureau, je ne vais pas vous faire attendre plus que ça. Nous avons des choses à discuter, si j'en crois le Vizir d'Essence ?

            - C'est fort probable, mais entrons, je ne voudrais pas que des oreilles indiscrètes n'entendent ce que nous avons à nous dire. Fit le jeune homme, tandis que Kissinger chassait habilement son gouvernant, qui eut encore plus d'antipathie pour le nouveau venu, qui ne lui inspirait déjà pas grande confiance et sympathie. Le jeu avait d'ores et déjà commencé, même si Cheh n'en avait conscience, au moment ou il avait mit les pieds dans la résidence de son richissime hôte. Il vit des écrans de contrôle dans lequel défilait des images, celle de l'intérieur du château, et qui donnait tout loisir à Kissinger d'espionner son univers en toute tranquillité, depuis son bureau privé.

            Il pensa à demander à ce que l'on efface celle qui le concernait, en bon espion il ne souhaitait pas trop que l'on ait des images de lui pendant ses missions.

            - Alors, dites moi ce que mon collègue et ami me veut. Fit-il en s'asseyant dans le grand fauteuil en cuir derrière un bureau en bois d'adam finement ouvragé. Il désigna un siège à l'allure inconfortable devant le bureau, et l'invita à s'asseoir. Song sût instantanément que son hôte aimait voir les autres dans une position difficile, qu'il jubilait rien qu'à l'idée que ceux ci soient mal à l'aise devant lui. Il ne se démonta pas et s'assit sur le tabouret aux allures de torture pour les nobles.

            Mais pour l'agent qu'il était devenu, c'était une sinécure.

            - Et bien, je vais vous surprendre, mais je ne viens pas qu'aux noms du Vizirat d'Essence et de la maison Cheh. Bien sûr, ceux ci vous envoi leur salutations, respects et amitié. Mais si j'ai pris la peine de demander audience avec vous, c'est parce que je suis également un sujet du Gouvernement Mondial. Il déposa sur la table son numéro d'agent du CP5, que l'on donnait aux agents confirmés de la main du gouvernement. Je suis ici pour entamer les discussions autours d'une paix solide, viable et pérenne entre mon gouvernement, et le vôtre.

            Et là, grande surprise dans le regard de Kissinger. C'était pourtant ce qu'il attendait depuis des lustres.
              Article 1. Tout royaume indépendant souhaitant joindre le Gouvernement mondial, doit pour se faire souscrire à l'impôt d'intérêt général.

              Les yeux se dilatèrent. Un rictus déforma le visage, devenant presque porcin. Une main caressa les cheveux gominé par le gel.

              Article 2. Tout royaume indépendant doit cent combattants par habitants, qui seront formés par les instructeurs du Gouvernement afin d'uniformiser la  défenses d'un point de vue international.

              Amer, le sourire se figea. Un tic nerveux se contracta sur son visage. Song pouvait voir en temps réel toute la confiance et l'assurance de Kissinger se désagréger.

              Article 3. L'éducation et le contrôle de la culture sera exclusif au Gouvernement Mondial, dans son intégralité et sans durée de temps minimum.

              Et il y'en avait douze. Douze articles qui parlaient des devoirs dû au Gouvernement mondial quand on entrait dans son giron. Des articles rédigés en des temps immémoriaux, très peu soumis au changement d'aucune sorte. Ils étaient bien sûr les éléments principaux sur lesquels dirigeait son attention Kissinger. Il lut le document apporté par l'agent Cheh, et tourna un regard courroucé vers lui. Comme s'il lisait ses pensée directement depuis ses yeux, Song lui glissa quelques mots : Lisez donc la partie bénéfices, également. Kissinger, bien peu adepte de l'obéissance, tourna néanmoins un regard avide sur les droits des membres du Gouvernement Mondial. Et là, un éclair, une lumière naquit dans son regard. Il eut un nouveau rictus, avant de prendre la parole il se servit un verre de vin sapineux. On l'obtenait à partir d'une plante que l'on cultivait non loin, dans les champs qui entouraient sa demeure.

              - Il semblerait que l'accord soit plus intéressant qu'il n'y paraît de prime abords. Je suppose que vous allez me laisser le temps de réfléchir, n'est-ce pas ? Et je suppose que vous savez ce que je veux en échange de ma signature sur ce contrat entre nous?

              - Je peux me douter, oui. Vous savez, nous, quand à savoir qui collecte l'impôt et fait ratifier les lois en son nom, cela nous importe peu. Ce que nous voulons, c'est votre fidélité. Et votre confiance. Prenez le temps qu'il faudra, mais vous savez comme moi, que plus vous patientez, plus les indépendantistes prendront de la place et du pouvoir, et qui sait quand ils découvriront vos manigances ? Ou peut être l'on-t-il déjà fait ?

              Théâtralement, son hôte sirota une gorgée de son jus de raison fermenté. Il apprécia le bouquet et la robe quelques instants, avant de retourner ses yeux perçants sur l'agent du GM. Profitez des festivités, détendez vous, rencontrez, revoyez, courtisez Mr Cheh. Et je vous donne ma réponse dès lors que j'aurais peser le pour et le contre.
                Le fond de musique classique emplissait la pièce avec quatre violons alto, et un violoncelle. Des instruments plus "exotique", également. Cela faisait couleur locale surtout, et l'on voyait les hommes et femmes riches du monde se presser vers l'entrée de la salle de réception. A son passage, de nouveaux habillé en gentilhomme, des murmures et des messes basses se coulaient dans les oreilles, depuis des bouches masquées par des mouchoirs ou des éventails. Il était de bonne aloi de dissimuler la source de son embarras, dans la haute société de Pétales. Tout comme l'on mettait du parfum dans les latrines à Essence, l'on dissimulait toute la crasse de ses pensées ici, sous un accessoire. Des plats somptueux, traînaient sur les tables dans un brunch nocturne maîtrisé par les cuisiniers du château de bout en bout.

                Ultime pied de nez à son diable d'oncle, le premier fils se montrait à une fête mondaine ou il n'était clairement pas le bienvenue, mais ou Khalil maîtrisait totalement la rumeur et l'esclandre. C'était même lui qui avait préparé le terrain quelques jours plus tôt, faisant courir la rumeur d'un vol de tableau de maître dans sa résidence principale. On avait si tôt fait le rapprochement avec son retour.

                Song faisait néanmoins bonne figure pour une fois, bien qu'il ne s'intéressa à personne d'autre que son pichet, et déversait un flot continuel d'âneries cosmopolites et d'informations gratinées sur les invités qui entraient. ce fut au moment où son oncle entra en scène -plus l'on était important et plus on pouvait se permettre d'être en retard à la soirée, que Pessac vint le chercher. Kissinger devait avoir délibéré, ou bien l'avait-il fait attendre aussi longtemps pour l'attendrir avant de porter le premier coup. Lui montrer que c'était lui qui détenait les clefs du rythme des négociation. Asseoir sa position de force.

                Pour autant, Song Cheh était fort peu impressionné de toute la stratégie mise en place pour se faire. Il avait avec lui toute la puissance de son Gouvernement. Autrement plus splendide que celle de Kissinger. Et il le savait.

                En arrivant dans le bureaux, il trouva la porte ouverte, et un courant d'air frais et humide lui caressa la peau. Devant la fenêtre, plus une baie vitrée par ailleurs, se tenait Kissinger, l'air hagard, l'œil torve et la parole déliée. Il était l'heure ou l'homme buvait avec excès, surtout en de pareilles occasions. Il n'avait pas encore fait son apparition dans sa propre maison, laissant sa femme prendre le relais. C'était elle qui savait comment choyé les gens, lui avait des habitudes plus brusques. Silencieux, il attendit que Song ouvrit la conversation.

                - Alors, ces conditions vous paraissent-t-elle honnête ? Fit le jeune homme à la chevelure d'albâtre, les cheveux tirés en arrière avec une pate coiffante, qui s'extrayait d'une sorte de cactus de West Blue.

                - Jeune homme, vous trouverez mes conditions spécifiques, et avenant au contrat sur le pied de page. Il eut un ricanement mauvais mais silencieux. Il était confiant, à nouveau. L'alcool a souvent cet effet là sur beaucoup de monde. Très ... Bien. Laissez moi voir si cela rentre dans mes attributions. Que fit l'agent, en attrapant le document sur le bureau et le parcourant de long en large avec les modifications faites par Kissinger. Il demandait une réduction d'impôt, une levée de fond de ses concurrent dans l'agriculture de son Vizirat, une réduction du nombre de soldat à fournir en sus d'une indépendance semblable à celle d'Alabasta. L'Infant avala difficilement sa salive, car la liste des demandes était fantasque. Jamais ne l'on considérera une île des blues au même titre qu'un pays comme Alabasta, sur Grand Line, non ?

                Il ouvrit une bouche sèche et râpeuse. Je dois appeler mon supérieur et voir avec lui ce qu'il en pense.

                - Appelez donc, comme de juste, je veux des garantie pour tout ses points, et je doute que vous ayez le pouvoir de m'en offrir assez.
                  PulululuPululuPululu.

                  - Moshi Moshi ! Fit une voix enjouée pleines de paillettes à l'autre bout du fil.
                  - Patron, ici l'agent matricule 5775 ! J'ai besoin de vos lumières...
                  - Matricule 5775 ? Aaaah, L'infant, comment allez vous aujourd'hui ? La question le prit de court, n'ayant pas l'habitude d'être choyé, encore moins par ses employeurs.
                  - Je... Ca va, je suis sur la mission de négociation du Royaume de Pétales, et j'suis face à un dilemme qui nécessite vos compétences.
                  - Allez-y, je suis tout ouïe mon Infant ! Ricana Yakutsuki Rei à l'autre bout du fil.
                  - Je ne crois pas avoir les accréditations pour accorder des passe droit et des avenants au contrat que l'on m'a confié, n'est-ce pas ?
                  - Tant qu'il signe, et qu'il nous amène la tête de ses révolutionnaires sur une pique, le reste est à votre discrétion, agent. Vous avez carte blanche. Rei avait toujours rêvé dire ça, un grand sourire apparut sur l'escargophone blanc de Cheh.
                  - Très bien, je vais donc accepter sous condition d'une preuve de loyauté, et d'un accord plus avantageux pour nous. Je vous remercie.
                  - Je suis là pour ça. Ce sera tout ? Allez-y, faites donc des étincelles, agent n°5775. Ah, et puis gaffe à vos arrières, il paraît qu'un mauvais coup se trame sur Pétales, ce soir.

                  Click.
                    Il passa l'antichambre une nouvelle fois, pénétrant dans la pièce privilégié de Kissinger ce soir. Il trépignait d'impatience, mais ne le montra pas une seule fois. Il ne lui tardait que trop que cette entrevue se termine par une victoire, qu'il irait savourer durant sa petite sauterie mondaine. Il lui semblait que cela faisait des heures que son correspondant avec le Gouvernement Mondial était parti de l'autre côté du panneau de bois luxueux qui le séparait de l'antichambre. Passer son coup de fil à un supérieur qu'il ne connaissait pas.

                    - Bonne nouvelle, fit la voix de son interlocuteur, Cheh en l'occurrence. J'ai toute latitude pour ratifier notre accord. Je parle au nom du directeur de mon Cipher Pol, ce qui vaut son pesant d'assurance, vous pouvez me croire. Fit la voix presque enjouée du jeune homme. Intérieurement, Kissinger jubilait. Un rictus carnassier dans le coin de la bouche. Il allait donc avoir à faire à ce jeune noble reprouvé, ce serait aisé de la manipuler.

                    - Il est temps de me donner votre réponse quand à ma contre offre. Fit-il en s'asseyant sur sa chaise, tandis que Song était toujours mal assis sur son tabouret aux allures d'instrument de torture. Il écouta attentivement quand Cheh ouvrit la bouche, pour dire : Eh bien, votre accords ne nous dérange pas, en soit. L'indépendance militaire, vous pouvez l'avoir. Cependant il y'a deux choses que vous devrez faire pour avoir notre accord totale sur ce point. Accepter qu'une petite caserne se poste dans votre royaume,  qu'il y'est un accord totale quand à la traversée de nos troupes dans votre île. Et secundo, que vous nous apportiez la preuve de l'élimination des cellules révolutionnaires se cachant dans le coin. C'est tout ce qu'il vous faudra faire pour avoir notre confiance, et notre amitié.

                    Il crut voir les rouages à l'intérieur du cerveau de Kissinger se mettre en branle...
                    ... Quand on frappa à la porte.

                    - Monsieur, des hommes en armes sont à la portes. Fit un Pessac au bords de l'affolement, alors que la fête battait son plein, il semblait qu'un groupe d'individus mal intentionné soit sur le point de passer la sécurité, pour une raison obscure, que ne peinait pas à deviner Cheh. Il y'avait quelques solutions, mais dans l'ordre, soit son oncle avait fait mandé ses soldats en le voyant à la fête. Fort probable quoi que presque impossible. Pas chez son patron quand même ? Soit les révolutionnaires venaient à lui pour éviter un rapprochement entre le Sultanat des Pétales, et le Gouvernement. Soit des Royalistes, des jardiniers et des hommes devenait fou.

                    - Ils disent qu'ils sont venu chercher Cheh.  L'intéressé déglutit. *

                    - Comment ça, ils sont venus chercher Cheh ? Fit Kissinger, plein de courroux. Et que fais ma sécurité si elle ne sert pas à règler ce genre de choses ? La colère monta d'un cran en lui. Comment se sont-ils introduit sans ma permission dans cet édifice ? Des questions auquel seul les intéressés semblaient avoir une réponse, car Gabriel Pessac se contenta, lui, d'hausser les épaules et de repartir au petit trop à la soirée, pour calmer les invités.

                    - Je devrai sans doute me retirer, ou bien les éliminer discrètement. Je doute que la deuxième option soit possible sur vos terre, pas ce soir, la fête bat son plein après tout ...
                    L'option la plus raisonnable était pour lui de partir, avant que les vrais tenants et aboutissants de leur rencontre ne soit découvert. Une information de cette importance, aussi gros soit la provocation de son adversaire, se devait de demeurer secrète.

                    - De toute façon, c'est entendu, je vous met ma réponse sous cachet, apportez le à qui de droit, filez agent !
                    Il lui désigna un passage secret qui filait du bureau directement jusque dans l'écurie, ou l'attendait son cheval. Il se fraya un chemin dans l'obscurité avec une torche, et parfois se demanda si tout ceci n'était pas un piège. Puis finalement, arriva près de sa monture, qu'il scella avant de partir au triple galop.

                    La nuit et le temps feraient le reste.
                      PululuPulululuPulululu.

                      - Oui ?
                      - Alors ça c'est bien passé ?
                      - On a réussit à s'enfuir, sans problème, la sécurité de ce gars est un vrai gruyère.
                      - Très bien, votre intervention à bien aidé, je vous ferai parvenir votre dût par un transporteur privé. Fates vous discret, hésitez pas à vous mettre au vert. Si l'on remonte jusqu'à moi, notre client risque d'être mécontent.

                      Click.