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[mission] Où on trouve un panier de crabes


Bordel, bordel, bordel. La vie était une chienne. Mais une chienne sclérosée en pleine métrite, avec des tiques sous les oreilles vous voyez ? Pour vous poser l’ambiance, faut imaginer un espèce d’endroit saumâtre, loin de toute vie et avec autant de crabes que d’oursins.

Et vous savez quoi ?

- PUTAIN D’OURSIN DE MES DEUX !

Le machin était passé au travers des armatures en métal de mes mocassins, et s’était glissé sous mes chaussettes en lin – qualité gouvernementale – pour me piquer le gros orteil. Ah que ça faisait mal putain ! Alors j’étais là, le fier et grand aventurier slash écrivain en train de me masser le pied avec une larme à l’œil : bon sang, quelle belle façon de démarrer la plus grande mission d’une vie. Et quelle mission les mecs, trouver une bouteille de lait : génial. J’étais une femme à chats avant même de devenir romancier à plein temps.

Qu’est-ce qu’il fallait pas faire pour gagner sa pomme, hein ? Heureusement que j’avais pris de quoi boire. D’la gnôle que j’étais obligé de caler sur mon orteil, mais quel gâchis. Les gouttes se perdirent sur un morceau de bois vermoulu, j’en aurai presque versé une larmichette.

- Sérieusement, je sais que le décor est impeccable pour un roman, mais franchement, j’imaginais que ça puait moins. Et merde, mon imper a trempé dans ce … oh ça pue … mais qui laisse des poissons à moitié bouffé là ? Vu l’odeur, le mec a dû crever pas loin.

Mais fallait dire que ça rappelait un peu les jeunes années de votre serviteur, enfin quelques unes. Il y avait dans cet endroit une atmosphère de décadence crasse qui retraçait les âges les moins glorieux de l’histoire. Enfin bref, il fallait quand même retrouver cette putain de bouteille, et les seules infos que j’avais … et bien c’était que cet endroit puait la mort. Comment trouver une bouteille dans un truc aussi gigantesque ? Ah, enfoiré de Clifton, il s’était marré en me filant la mission ‘et reviens pas en vie’ qu’il m’avait dit. Grand con va.

Encanis était loin derrière moi et personne avait pu m’aider. A part quelques catins, mais je vous l’avais dit : j’ai horreur des crabes. Comment m’en sortir dans cette histoire, bordel ? Pas de pistes, une info vague et… voilà. Voilà tout. Au point où j’en étais, demander mon chemin était presque la meilleure idée à faire, mais selon le briefing de Devett, la révolution était dans le coup. Alors demander à tout va risquait de poser problème. Hgn. Des nœuds au cerveau. J’avais bien besoin de huiler ça. D’ailleurs, où était passée ma … oh … non … non non non

- Mais PUTAIN DE MERDE de bouteille A LA CON qui pouvait PAS FAIRE AUTRE CHOSE QUE GLISSER !! J’ai plus une goutte, et merde, de merde et remerde ! Tout est parti pour les putains de crabes. LES PUTAINS DE CRABES !!

Plus une goutte d’alcool, vite une clope. Vite vite. Ah, voilà. Pff. ‘tain mais qu’est-ce qu’elle avait à me regarder comme ça celle-là, avec sa balafre ? T’veux une photo lady ? C’est mon pied nu qui te dérange ?

- Hé, t’es amoureuse ou quoi ?
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Déjà qu'elle passait une sale journée. Après avoir croquer dans le fruit, elle avait eut tout un moment de doute et de peur. Elle dévorait à présent plus de métal que d'aliments, et il se produisait toujours le même phénomène après coup : Elle devenait une statue de métal grisée, qui ne pouvait ni bouger, ni être un danger pour qui que ce soit. Pourtant c'était dans le but d'acquérir une puissance nouvelle qu'elle avait manger le fruit du démon, et son incompétence dans le domaine du contrôle de ce nouveau pouvoir lui filait de l'urticaire.

Pour quelqu'un comme Canaille, qui ne jurait que par la puissance brute, c'était un mauvais moment à passer. Il débarquèrent avec Ragnar sur un bout de l'île, leur petite embarcation s'entrechoquant contre le bois d'un navire à l'aspect vicié, malade, presque gorgé d'eau croupie et infesté de crabe. Ses lourdes bottes frappaient le plancher du navire en avançant, et parfois l'on entendait un "SCHRAK", synonyme de la mort d'un de ses animal marin détesté de tous. Il faut dire que quand on marche de côté, et que l'on peut pincer très fort, on se fait des ennemis.

- Bon j'te propose qu'on se sépare, toi tu vas par là, et moi dans ce sens là. On se donne un point et une heure de rendez vous ?

Parlons en des ennemis, si tôt arrivés sur l'île, il furent aborder par l'une de ses teignes. Mue par un instinct plus fort que celui de la survie, un guss venait de parler directement à Canaille, qui ne faisait que passer en revue les possibilités de l'endroit, et la civilisation qui la peuplait. Faut dire qu'il beuglait comme un porc qu'on égorge, et qu'il avait quelque chose de ... fascinant. Il portait les cheveux longs, et le trench coat beige. Cette tenue était des plus louches pour un habitant natif du coin, mais pas pour un de ses nombreux touristes qui venait s'offrir quelques sensations fortes sur l'île.

Malheureusement pour lui, elle était d'une humeur de chien, et qu'on la dévisage, elle et sa cicatrice, cela lui déplaisait au plus haut point. Elle attrapa le garçon par le colbac, et son oeil valide se planta dans l'un de ses yeux larmoyant, qui pleurnichait encore pour sa bouteille perdue.

- Ecoute moi bien p'tit bonhomme, j'ai passé une sale journée et j'ai aucune raisons d'te laisser m'accoster, et encore moins de m'dévisager. T'as trente secondes pour me dire pourquoi j'te botterai pas le derrière, alors parle.

Elle le portait à bout de bras, et plus elle avait déroulé sa phrase, moins il touchait le sol. Il faut dire que malgré qu'il soit grand, Canaille était perchée sur de lourdes bottines qui lui faisait rendre un bon centimètre et demie à Jack Sinister, le célèbre agent secret. En vente dans toutes vos libraires, prochainement.

Heureusement qu'il était un inconnu au bataillon, pour l'instant, sinon il aurait finit à la flotte lui et ses mocassins d'gland.
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Foutu tas de ferrailles, pensa Ragnar en frappant du pied un pauvre crabe passant en face de lui. Ce détour au cimetière d’épaves pour Cendre ne le réjouissait pas particulièrement. C’était normalement au chef de donner des missions, pas à l’un de ses soldats, aussi haut-gradé et important puisse-t-il être. Accompagné par l’énergique Canaille Rogers, l’Atout ne se trouvait pas seul dans ce taudis et allait même solliciter la demoiselle. L’As pour lequel les deux révolutionnaires missionnaient, tenait à obtenir un gain de puissance parce qu’il “manquait de temps pour s’entraîner”.

- Tu parles d’une excuse, pesta Ragnar.

Il avait œuvré pour ne jamais devoir se trouver dans cet endroit miteux, pauvre et malfamé. Sa présence ne passerait inévitablement pas inaperçu. De plus, réellement comprendre le charabia de Cendre, le carburant recherché semblait être une confection rarissime, certainement recherchée par d’autres factions, à l’instar du Gouvernement. Même si l’Atout eut l’occasion de voguer en des mers bien plus dangereuses, il n’en resta pas moins sur ses gardes en réalisant les enjeux de l’obtention d’un tel trésor. Mais aussi parce que la force ne réglerait pas le problème, d’où la présence de Rogers.

Les deux révolutionnaires n’eurent pas le besoin de se raconter ce qu’ils avaient à faire, tout avait déjà été dit. Cendre avait communiqué le navire sur lequel était entreposé le récipient et son contenu. Un certain Barracuda. Mais quand Ragnar scruta les environs pour réaliser l’ampleur de la tâche, il eut presque envie d’abandonner. Le cimetière d’épaves portait bien son nom, puisqu’il était essentiellement composé de navires en ruine. C’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Le mantra ou une quelconque autre technique de détection ne serait ici d’aucune utilité.

Vêtu d’une longue cape noire, l’Atout dissimulait son visage à l’aide d’une large capuche. Rogers, inconnue au bataillon pouvait librement se déplacer. D’ailleurs, elle prit même ses aises pour donner les ordres. Cela fit sourire Ragnar car elle savait profiter des occasions, et des occasions, ce n’était pas ce qu’il manquait avec ce dernier. Après avoir vu un type hurler après avoir marché sur un oursin, ce qui représentait une profonde malchance, surtout quand il décida d’aborder ensuite Canaille. S’il y avait bien une gonzesse à éviter sur cet endroit de malheur, c’était bien elle. L’Atout en profita pour s’éclipser discrètement.

Il se dirigea vers les cinq caravelles liées qui formèrent l’Encanis, célèbre pour sa débauche et ses excès à outrance. Alcool, drogues, jeux et femmes, tout y était pour passer du bon temps. Le révolutionnaire décida d’y entrer pour se désaltérer. Avec un peu de chance, pensait-il, des indices lui seront fournies. Il ne fallait pas trop compter dessus non plus. Aussitôt entré, malgré son apparence peu commode, il passa complètement inaperçu dans cette foule de personnes enivrées. Tout en se créant un passage à travers les hommes et les femmes, il avança en direction du comptoir auquel il s’accouda dans un second temps.

- Que puis-je te servir ? Demanda une séduisante serveuse, début de trentaine, brune, grande et pulpeuse.

- Ta meilleure bière, rétorqua l’Atout, toujours emmitouflé dans sa capuche.

La serveuse se dirigea vers l’un des tonneaux où se trouvait la bière. Elle remplit un pichet.

- Un chercheur de trésor ?

- Pas exactement. Je recherche bien quelque chose, mais ce n’est ni la gloire, ni la richesse.

- Original, dit la jolie brune en relevant la tête vers le révolutionnaire.

Elle servit le pichet, Ragnar paya et avala quelques gorgées. Il dissimula sa réaction mais la bière n’était visiblement pas à son goût. Néanmoins, il poursuivit la discussion avec la serveuse, feignant presque de l’intérêt à son égard. Qui sait, celle-ci pourrait peut-être lui fournir des informations utiles.

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Mais … elle allait m’embrasser ? Le ratio rencontre-roulage le plus rapide de l’histoire. Qu’elle avait de la poigne la donzelle, sous ses chaussures de gothopouf ravageuse. Elle froissa ma chemise, tira sur mes chairs et eut l’outrecuidance de faire comme si c’était moi qui avait lancé les hostilités. Mais franchement, de quoi elle se plaignait la balafrée ? Oui, je n’aimais pas qu’on me violente. Comme tout le monde je suppose. Mais surtout, surtout …

- Petit bonhomme ? Mais tu t’es vue ? Oh, ma p’tite demoiselle, c’est pas très inclusif comme façon de parler. Déjà, ça serait bien de me laisser remettre ma chaussure avant que je trempe le pied dans cette bouillasse infâme de crabes et d’eau salée.

Je levais un index inquisiteur. Premier point.

- Ensuite, c’est toi qui me reluquais, bien que je comprenne pourquoi, c’est très indiscret.

Le majeur, deuxième point.

- Et t’as trente secondes pour me filer à boire, parce que ma foutue bouteille s’est retrouvée renversée. Parce que ouais, cet endroit c’est de la merde, et que je comprends toujours pas pourquoi j’suis arrivé ici.

En soi, je savais très bien pourquoi, mais j’étais un agent secret en couverture. Et cette locale pourrait peut-être m’informer sur ce que je cherchais … voir plus si affinités ! Voyez-vous, les blessés de guerre avaient toujours un petit charme animal qui aiguisait mes appétits. Quelque chose de cassé qui faisait écho à ma vie si riche et glorieuse. Du moins, c’était bien de le croire.

- Si c’est possible de me lâcher, du coup ? Histoire que je me présente, ça tire les chairs là. Et le gentleman que je suis n’aime pas trop que l’on froisse ses affaires, ni que l’on lui vole l’occasion de se présenter à une jolie demoiselle. Que je lui fis, avec un petit clin d’œil et un sourire immaculé.

Main tendue, pied dans l’eau.

- Jack Sinister, écrivain, détective et séducteur. Et toi ? Attends, attends, laisse-moi deviner. Hm, à voir ton apparence … Après tout, je suis un détective.

Je me reculais, l’encadrait de mes deux mains, avec le pouce et l’index. Oh, une vraie de vraie. Dure, acide … Une femme au caractère trempé d’acier, j’en aurais mis ma main au feu. D’ailleurs, il y avait comme une chaleur qui se dégageait d’elle. C’était juste une impression … ou ?

- De lourdes bottes, une tenue en cuir, une odeur animale et un visage fermé. Quelque chose de sauvage, oui. Une dureté dans le regard, et … hm … cette force contenue, cette beauté muselée. Oh, mais j’ai donc affaire à une femme selon mon cœur. Tu es tout à fait mon type de femme, inaccessible, brutale … et qui ne se laisse pas toucher par mes compliments. Hé, beau palmarès. Et je ne dis pas ça à toutes les femmes que je croise.

Non, seulement les femmes avec de lourdes bottes, une tenue en cuir et ayant l’air de vouloir m’en coller une. J’attrapais une cigarette, me la glissai dans le bec avant de l’allumer avec mon zippo dédicacé. Une bouffée salvatrice.

- Et sinon, ce verre, tu me l’offres quand ? Ah, ma chaussure ! Attend, faut que je me sèche et que je la remette. Tu penses que ça peut s’infecter une piqûre d’oursin ? Et d’ailleurs, tu fais quoi ici toi ? Tu vis là ? T’as l’air de vivre ici, mais tu sens pas la vase et le varech pourri. De passage, alors ?

Probablement, beaucoup de monde était de passage ici. Mais celle-là, elle avait l’air dure, forgée dans je ne savais quel feu.

- Tu pourrais peut-être m’aider : je m’immerge dans l’histoire de mon prochain bouquin. Un roman d’espionnage, récit d’un affrontement d’une violence inouïe entre des agents secrets et leurs ennemis. Jack Sinister, ça ne te dit vraiment rien ? Ah, vraiment … je peux te dédicacer un exemplaire si tu veux ? Hé, si tu m’offres un verre, je pourrais même envisager te faire apparaître dans mon roman tu sais ? Oh, tu serais un Sinister girl, ça te dit ? Ma compagne charismatique, au cœur de l’intrigue, qui sera bientôt sur l’affiche du film qu’on en fera !

Je me reculai, mimant un grand écran.

- Jack Sinister – Bottes de fer et chapeau en cuir.

Hm, j’aurai le temps de trouver mieux d’ici là. Encore fallait-il écrire ce foutu livre.

- Ou mieux, sinon, en titre. Bon, où est le bar le plus proche ? J’ai plus à boire et tu me dois deux verres maintenant. Ou plus.

Clin d’œil.
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L’agente débarqua sur un vieux rafiot tout sauf classe. Génial. Fallait pas être devin pour comprendre qu’elle allait peut-être mettre des jours à la trouver cette putain de bouteille. « C’est peut-être sur un bateau » qu’avait balancé Scorpio, traduction « on sait pas, démerde-toi ». Quel enfoiré celui-là. Sohalia lui aurait bien enfoncé son pied dans le fondement, mais on ne tape pas sur la hiérarchie. Cela étant, Sohalia avait bien une petite idée de pourquoi il l’avait envoyé elle. À l’instant où elle posa le pied dans les marasmes boueux de la décadence ambiante, et qu’elle avait écraser le premier crabe de la journée, elle fut heureuse que son frère ait été cloîtré au Q.G. pour cause de paperasse urgente. Elle ne put s’empêcher de sourire en imaginant son visage outré s’il avait dû ramener ses fesses dans un coin pareil.

Elle ? Elle… Eh bien… C’était pas qu’elle s’en réjouissait – qui peut se réjouir d’être coincé avec une odeur pareille dans les narines ? – bah elle était quand même bien plus à l’aise dans ce genre de lieux. Elle se gratta la tête pas trop bien sûr de l’endroit où commencer. Elle avait entendu parler de l’endroit, et s’était équipée en conséquence. Un pantalon large pas tout neuf, une chemise anciennement blanche, abîmé par de vieilles taches de sang, et qui n’avait plus aucun bouton, elle l’avait attaché dans un nœud à la solidité douteuse, sur une bande qui écrasait sa maigre poitrine. Elle avait enfilé une cape pourrie et attacher ses sabres à sa ceinture et remonter sa crinière blanche en queue-de-cheval. Et malgré le soin apporté à sa négligence, elle avait l’air peut-être un peu trop propre.

Vous voulez savoir pourquoi elle déambule sous les regards fiévreux de la crapule ambiante habillée comme une fille de peu de fois ? Sûrement à cause de quelques dérapages meurtriers lors d’une mission précédente. Que voulez-vous y faire, les habitudes de la marine ont la vie dure, et qui dit mutinerie dit meurtre. Eh puis ceux qu’elle avait explosé n'étaient pas les plus fins qu’elle ait croisé. Bref, elle était censée croiser un collègue dans le coin. Aucune info de plus. Ah si, Scorpio avait dit « Tu le reconnaîtras » avec un sourire mauvais. C’était sûr qu’on lui avait collé un col blanc dans les pattes.

Bon, trouver une putain de bouteille dans cet endroit n’allait pas être de tout repos. Alors elle décida de se rendre dans une caravelle dans le coin de l’Encanis. Rien de mieux pour entendre des rumeurs. En plus, le lieu était infesté de Pirate et de révolutionnaires, et que font les gens qui n’ont rien à faire ? Bah, ils picolent et ils causent. Pire que des vieilles dames dans un quartier paisibles – une plaie celles-là – ça piaille et ça balance des ragots. Elle trouva un des coins les plus sombres et entra en claquant les talons durs de ses bottes pour se débarrasser autant que possibles des restes des crustacés sous ses semelles. Peine perdue. Apparemment y avait autant de crasse dedans que dehors. Ok, elle était peut-être mauvaise langue pour les efforts de la serveuse qui semblait prédisposée au ménage. L’avantage de ce genre de lieux, c’est que les gens étaient bourrés toute la journée, son entrée passa presque inaperçue. Elle n’avait pas rabattu sa capuche sur sa tête, elle avait bien l’intention de ne pas passer inaperçue. Ce n’était pas tant qu’elle cherchait à se faire repérer, plutôt que son crédo, c’était « pose toi au milieu personne ne se doutera de rien. » Et à part quelques regards lubriques, elle n’attira pas l’attention plus qu’une autre.

Alors elle scruta d’un œil presque morne la population ambiante. Bon y avait peu de chance de trouver une information ici, mais elle était trop sobre pour supporter ces conneries.

Alors, d’un pas nonchalant elle alla s’installer sur un des tabourets de bar à côté d’un mec encapuchonné. Pas plus étonnant que ça. Elle enfonça sa main dans sa poche pour claquer quelques Berrys bruyants, attirant l’intérêt de la serveuse qui se rapprocha comme flottant sur un coussin d’air. La dame savait se déplacer, elle n’était sûrement pas trop mauvaise pour se défendre. Ce qui semblait être obligatoire pour bosser dans un tel lieu.

« Qu’est-ce que je te sers ? »

Elle lui servit en premier lieu un sourire enjôleur. Ouais elle était mignonne. Une belle brune qui était peut-être une explication à la population surchargée du bar.

« De la bière, la moins mauvaise, et un verre de rhum. »

Elle s’exécuta rapidement et lorsqu’elle déposa son dû sur le bar elle l’observa.

« Nouvelle dans le coin ? »

Sans doute une forme de solidarité féminine, elle avait discuté préalablement avec le mec en capuche mais s’était tournée rapidement vers l’agente qui prit assez vite le partie de lui servir un sourire presque timide.

« Ça se voit tant que ça ? »

Sohalia se gratta l’arrière de la tête et dans un geste faussement timide lui tendit la main que la serveuse serra en riant d’un timbre clair.

« Un peu, oui, qu’est-ce qui t’emmène dans le coin ? »

À son ton presque maternel, la jeune femme comprit rapidement qu’elle la prenait pour plus jeune qu’elle l’était en réalité et… C’était de la pitié qu’elle entendait ? Bon autant se la jouer la jeune demoiselle perdue. Alors l’agente eut un petit rire nerveux en vidant un peu sa bière, lui laissant le temps de réfléchir à la suite.

« Je voulais… Trouver un endroit sans mecs en bleu. Un ami révolutionnaire… »

Elle se plaqua les mains sur la bouche presque paniquée. Elle venait de vendre la fausse mèche. Et merci, à ses talents d’actrice, la serveuse éclata d’un nouveau rire clair. Au pire, elle ne savait rien, au mieux elle pouvait écourter sa recherche.

« Si ce sont des gens que tu cherches… Je pourrai peut-être t’aider. »

Elle fit un petit mouvement de la main, indiquant qu’elle pouvait aider contre rémunération, pas folle la guêpe. La révolution était plutôt discrète dans le coin, mais comme l’agente savait de source sûre qu’il y en avait dans le coin, elle avait tenté le tout pour le tout. Après tout, c’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Et qui est le mieux informé dans ce genre d’endroit ? Les barmans. Évidemment, ils entendent tout. Ils sont les yeux et les oreilles. D’autant qu’elle avait parlé d’un ami de la révolution, ce qui indiquait que si elle n’y était pas encore, elle avait au moins mis le gros orteil dans la pince du crabe. Alors Sohalia observa la serveuse, rouge de honte. Jouer les petites ingénues, elle savait faire, un peu trop bien à son goût même. Et elle sortit une poignée de Berrys de sa poche pour les lui tendre.

Comme on dit, la pomme ne tombe jamais très loin de l’arbre. Trouvez les révolutionnaires, vous trouverez peut-être leur butin.

Que la partie commence.
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Consternant. Ce petit bonhomme à la frimousse volubile, était un vrai moulin à parole. Elle laissa jacter, jacter, jacter, jusqu'à ce qu'il finisse son petit discours sur une proposition, bah voilà, on y était. Il voulait juste prendre un verre gratis le bougre. Pas deçu, mais renfrogné -depuis quand invitait-on une dame à boire de cette façon ? elle ne lâcha pas le colbac de son interlocuteur. Il avait l'air louche. Il parlait trop bien pour être du coin, mais avait l'air trop con pour être un véritable gêneur dans le bon déroulé de la mission.

- Jack Sinister hein ? Est-ce que tu sais nager, Jack Sinister ? Fit-elle en levant l'index comme pour l'imiter, dans une réplique pas foutue de convaincre un aveugle,. Elle était pas très douée dans l'artistique, par contre, elle savait encore comment casser des bouches !

Profitant de sa position et de tenir jack par l'encolure, elle se retourna et fit une prise de judo, digne des plus grand pugiliste de la MMA. Après avoir fait pivoter son corps, elle tira de toutes ses forces sur ses bras et fit passer le petit gars, de l'autre côté du ponton ... ! Et ce qui devait arriver arriva ... PLOUF fit le jeune inconscient directement dans les mers de l'Ouest. Elle en avait soupé de son comportement, de sa verve et de ses idées avant-gardistes.

Dans son monde, c'était le gars qui invitait la femme convoitée, pas l'inverse. Et dans top de ce qui l'avait énervé en premier, son froissage de ses idées traditionalistes était dans le top 5 des trucs les plus horripilants. Elle était peut être rétrograde, mais elle tenait juste à des manières décentes, et ne souhaitait rien avoir à faire avec ce cabotin au langage fleuri.

Une fois débarrassée du gêneur, elle put se remettre à chercher son butin, lui rappelant ses origines quelques peu pirates dans son passé d'esclaves. Elle n'avait pas eut que des employeurs honnête, et se rappelait quelques passages sur le cimetière, pour y chercher du bois et quelques matériau de première nécessité. Elle connaissait du coup plutôt bien le coin, et prit la direction des navirs encastrés là depuis quelques années, se disant qu'on avait pas dût mettre le bonbonne trop proches des côtes, mais pas si éloignée au final.

Sautant de pont en ponton, passant par des ponts de cordes et des échelles de fortunes, elle progressa dans les terres étranges du cimetière, paraissant plus à l'aise sur le plancher mouvant, de secondes en secondes. Depis qu'elle avait mangé le Gutsu Gutsu, elle devait se nourrir fréquemment de minerai, aussi avait-elle emporté avec elle des cailloux fait de métaux de base, qu'elle croquait tout en avançant de bateau en bateau, guettant les noms sur les coques.

Au moindre problème, elle n'aurait aucun scrupule de faire usage de la force.
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Serait-ce une farce que l’on me fait ? se demanda Ragnar après avoir entendu une nouvelle arrivante demander à rencontrer un révolutionnaire. Le comble dans cela était que la serveuse semblait être capable de répondre à sa demande. Il n’était sans doute pas démasqué, étant dissimulé sa large cape, mais cette bonne femme n’était pas ici par hasard. Les instincts primaires du révolutionnaire ordonnèrent de tuer cette blonde qui jouait plutôt bien la comédie. Mais s’il écoutait simplement ses instincts, il n’aurait guère eu les responsabilités qui lui incombaient. Et honnêtement, si elle jouait vraiment la comédie, c’était si bien fait qu’on ne pourrait douter d’elle.

Pourtant, la suspecte était juste ici, à côté de lui, en train de boire cette bière à la contenance pas très attirance. Cela ressemblait étrangement à de la pisse, mais bon. Il écouta attentivement tout ce qu’il se disait, en espérant récolter des informations, mais la serveuse n’était pas née de la dernière pluie et attendait évidemment une modeste compensation en retour. Pourquoi est-ce qu’on rechercherait la Révolution ? Deux options étaient possibles. Il s’agissait d’une consœur, mais l’Atout n’y croyait pas. Seconde option, la plus probable, des agents du Gouvernement étaient sur le coup.

- Des révolutionnaires ? Ici ? Ils existent encore malgré la loi martiale actuellement en cours ? questionna l’Atout sans détourner le regard de son verre encore à moitié plein. De toute mon existence, j’avoue n’en avoir jamais croisé un seul, me demandant même s’ils existaient réellement. Mais le Gouvernement n’irait pas inventer un ennemi hein, ils existent vraiment ?

La serveuse croisa les bras et prit un air sérieux.

- Tu n’as pas tort, voyageur. Les révolutionnaires se font extrêmement discrets depuis quelques temps. Mais ils sont toujours là, reprit-elle pour être certaine de récupérer son dû. Es-tu aussi intéressé, voyageur ?

Personne ne pouvait le voir, mais les yeux du révolutionnaire brillaient. Une belle perche lui était tendue.

- Je ne suis pas là pour ça, mais j’imagine qu’un léger détour ne sera pas de trop. Surtout pour observer cette espèce en voie de disparition.

Comme précédemment, la serveuse fit comprendre d’un geste de la main que cela ne serait pas gratuit. La blondinette semblait avoir sorti toutes ces économies, Ragnar sortit également quelques pièces à son tour. Les deux touristes ne semblaient pas bien riches, mais c’était peut-être pour cela qu’ils se trouvaient au cimetière d’épaves. La serveuse semblait néanmoins satisfaite, et la jeune femme soulagée de ne pas devoir fournir davantage d’argent. L’Atout resta concentré sur son objectif. En concentrant son mantra sur la demoiselle, notamment en identifiant son rythme cardiaque, il sentait que quelque chose clochait.

- Ça devrait faire l’affaire, dit-elle en comptant la monnaie d’un air satisfait. Dirigez-vous vers l’Ouest du cimetière, dans la direction opposée à l’Encanis. Au bout d’un moment, vous tomberez normalement sur un navire, en bordure de mer, sur lequel est inscrit le nom “Barracuda”. Il y a souvent un groupe de pêcheurs, je vous suggère d’aller leur parler. Mademoiselle, tu auras trouvé tes amis. Et toi, voyageur, tu auras aperçu des révolutionnaires pour la première fois. Rien d’exceptionnel, ma foi, mais ton souhait sera réalisé.

Ragnar termina son verre d’un cul-sec. C’était immonde mais personne ne pouvait voir l’horrible grimace qu’il faisait. Il fit signe à la demoiselle de passer devant lui, il la suivit ensuite pour quitter la taverne. Le courant d’air à la sortie de ce lieu de débauche fut agréable. D'un simple geste du doigt, le révolutionnaire indiqua la direction à suivre, celle indiquée par la serveuse quelques instants auparavant. Il parlait peu mais n’était pas contre la discussion. Son apparence pouvait effrayer, mais après quelques mots échangés, on pouvait aisément le considérer comme quelqu’un de sympathique mais simplement réservé.

- Et donc, si je puis me permettre, demoiselle, serais-tu es liée à la Révolution ?

Après tout, elle avait bien dit qu’elle cherchait un ami révolutionnaire.



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Y’a pas de hasard dans la vie, Sohalia l’avait un peu appris à ses dépens. Alors quand l’homme à la capuche commença à poser des questions, son attention se dirigea sur lui. Ce n’était pas particulièrement qu’elle pensait que c’était une menace, plutôt qu’elle faisait difficilement confiance à quelqu’un qui dissimulait son visage et son identité. Pour autant, il semblait assez sensé. Les révolutionnaires, une denrée en voie d’extinction ? Elle aurait bien voulu voir ça…

Faut comprendre une chose, Sohalia n’a pas particulièrement de haine pour une faction ou pour une autre, elle était même persuadée au plus profond d’elle-même qu’il y avait sûrement des gens très bien. Le souci se situait surtout dans le fait qu’elle ne recevait que les informations qu’on lui donnait. Elle n’avait pas menti sur au moins un point, elle connaissait personnellement des gens qui faisaient partie au moins hypothétiquement de la révolution, et elle n’arrivait pas à s’ôter l’affection qu’elle avait pour eux. Après tout, la jeune femme venait de milieu de la pègre, qui était-elle pour juger qui que ce soit. Les circonstances étaient rarement connues d’autres que des protagonistes d’une histoire, et ça, c’était son frère qui lui avait enseigné.

Mais le boulot, c’est le boulot, et si retrouver cette putain de bouteille de truc sauvait des vies, elle n’allait pas faire quoi que ce soit pour faire foirer cette mission. Elle avait choisi sa voie et comptait s’y tenir. Quand la femme demanda de nouveau son argent, la jeune femme rougit en sortant des Berrys de sa poche. Elle fut soulagée, du moins en apparence que l’homme participe à l’effort financier, car elle ne comptait pas sortir une liasse de gros billets. Déjà parce qu’elle n’avait pas ça sur elle, et aussi qu’elle n’avait aucune idée de comment justifier ça.

De plus, l’autre semblait vachement curieux vu qu’il s’était incrusté à la fois dans la conversation et dans sa traque. Génial. Elle n’avait aucune idée de qui c’était et il voulait lui coller aux pompes comme un vieux chewing-gum. Ça n’arrangeait pas ses affaires ça. Elle finit ses breuvages en tirant une tronche de six pieds de long tant c’était infect et remercia timidement la serveuse. L’autre se leva et elle se tint à ses côtés alors qu’il commençait à aller dans la direction indiquée.

« Le barracuda, le barracuda… »

Elle se répétait pour elle-même le nom du bateau vu qu’elle avait un spectateur pour sa prestation autant avoir l’air crédible et complètement pommé.

- Et donc, si je puis me permettre, demoiselle, serais-tu liée à la Révolution ?

La jeune femme glissa un regard timide à l’homme à côté d’elle et leva les yeux au ciel pour réfléchir un instant.

« Si tu entends par là que j’en fais partie, la réponse est non. Si tu te demandes si je connais des gens, alors j’en connais deux. Et l’un des deux… Eh bien… C’est un ami ? Je ne suis pas très sûre de s’il en fait parti en fait. Disons que je ne l’ai pas vu depuis longtemps, et que cette éventualité est bien plus agréable que l’autre. »

Rien de ce qu’elle venait de dire n’était un mensonge. Et c’était peut-être ça qui rendrait la situation plus crédible, car même si ce n’était pas l’objectif de la mission, revoir Shin pour s’assurer qu’il allait bien la tarauder toujours un peu. Alors quand elle avait appris pour sa mission, au-delà de la colère dirigée vers – cet enfoiré de – Scorpio, elle avait senti un peu d’excitation à l’idée de vérifier qu’un vieil ami allait bien. Quoique ce fût stupide, elle n’avait aucune idée de ce qu’il foutrait ici. Les seules informations qu’elle avait à ce propos étaient qu’il avait été libéré par des révolutionnaires d’une prison où il avait été enfermé pour quelques méfaits supposés.

Le connaissant, avoir été trahis par le gouvernement qu’il servait comme chasseur de primes pouvait l’avoir mis suffisamment en colère pour qu’il décide que tout le gouvernement était corrompu. De là à avoir des certitudes… Elle avait l’air songeuse et se secoua un peu.

« Hum enfin… Je le cherche quoi, s’il n’est pas ici, je ne sais pas trop ce que je vais faire, je n’ai plus vraiment de sous … Et tu n’es pas d’ici non plus de ce que j’ai compris… Qu’est-ce qui t’amène dans le coin ? »

Elle lui glissa un regard curieux. Après tout, s’il voulait en apprendre plus sur elle, elle était en droit d’en faire de même. D’autant qu’elle ne voyait même pas son visage. Elle entortilla ses doigts signe évident d’anxiété, qui seyait très bien au rôle qu’elle s’était choisie. Elle marchait d’un pas un peu hésitant qu’elle n’avait pas trop besoin de feinter au vu de l’état gluant du sol et apparemment l’autre n’avait pas ce problème. Soit il venait d’un coin aussi crade, soit il n’en avait absolument rien à carrer des crustacés qui grouillaient.
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Pas intéressée, ça aurait suffit non ? Mais voilà, il en allait des gens comme des champignons. Il y avait les comestibles, ceux qui les petits vieux s’arrachaient tôt le matin, et les autres. En général, ils étaient pas forcément colorés. Plutôt ternes et balafrés. Je ressortais de là en chancelant, le poids de mon imperméable ayant failli m’entraîner au fond. J’étais d’habitude un partisan de la violence viriliste, mais là ça dépassait les bornes. Enfin surtout quand c’était moi qui en était la victime. J’avais encore mal aux chairs, tant elle m’avait serré la bobonne. On avait pas idée d’être de ce bord, franchement. J’en crachai un mélange d’eau salée et de rancœur, avant d’enlever ma superbe veste et de devoir l’essorer. Ma chemise en lin me collait à la peau, désagréable sensation pour quelqu’un qui aimait porter ses costumes uniquement lorsqu’ils sortaient du pressing. Je posais sur le côté un petit paquet, avant d’aller chercher mes cigarettes. Mes cigarettes. Mes … cigarettes ? Oh. La. SA … VOYARDE !!

- Mes putains de clopes sont trempées. Mais sérieusement ?! Quel être sensé ferait ça à un autre ? Putain, j’espère au moins que ce que je lui ai piqué … mais c’est quoi ce bordel ? Un sac de caillasse ? Mais bordel, je suis tombé sur le petit poucet ou quoi ?

De rage, j’envoyai ses cailloux dans l’eau, tandis que mon briquet lui-aussi refusait de fonctionner. Une chaussure, ça passait. Mais moi, entier ? Bordel. Mais attendez que je la rattrape celle-là … Je secouai ma veste, remis en place les quelques petits joujoux cachés, puis chaussai ma pompe qui trainait encore à côté du caillou duquel j’avais été sauvagement enlevé. Du calme, Jack, du calme. L’outrage à agent, elle ne pouvait pas connaître. Puisqu’elle ne savait pas que tu étais un agent. Mais l’outrage à écrivain ? Attaquer les innocents et … mouiller leurs clopes ?! Bon sang !! Et en plus j’avais perdu sa trace. Elle était partie par où la mégère ? Là, c’était les crabes, là c’était … berk, ça puait. Et voilà, un seul truc qui aurait pu rendre la mission agréable et voilà que ce foutu monde me rappelait que tout était merdique ici. A commencer par le temps que ça mettait à faire éditer un bouquin. Hm, attendez, elle avait pas des croquenots en métal d’ailleurs ? Ah bah voilà qui aidait pas quand on voulait rester discret. D’ailleurs, pourquoi s’entêter à la poursuivre ? Des clopes, un zippo. Ouais, au moins ça. Et ensuite, elle s’excuserait. Voilà. Je lui proposai la chance de sa vie, d’apparaître dans un roman grandiose, et voilà comment elle me remerciait. Une vraie savoyarde.

Il fallut pas longtemps pour en retrouver la trace. Elle en faisait du bruit. Et ce qu’elle mâchait fort … Elle semblait errer, raison pour laquelle elle se retrouva en face de moi sur un chemin, comme si elle revenait sur ses pas. Je tenais mon imper sur le bras et mes chaussures faisaient flotch flotch, ce qui était outrancièrement désagréable. Je pointai sur elle un doigt inquisiteur.

- Toi ?! Toi !! Tu … tu as bousillé mon paquet, et mes vêtements ! Je te propose juste un verre, et un rôle dans mon prochain bestseller, et c’est comme ça que tu remercies les gens ?! Non mais oh. Et puis on mâche la bouche fermée.

Ce faisant, je lui lance mon paquet mouillé aux pieds.

- Et t’as flingué mon zippo aussi : tu sais qui me l’avait donné ? MA MERE OUAIS ! AVANT DE MOURIR, TUEE ET ECORCHEE. Dans cet ordre.

Et ça t’en bouche un coin, ça, hein ? Bon, pas exactement ma mère, mais l’avoir prélevé sur le type qui … enfin, vous connaissez mon histoire. Alors je pose mon imper sur une saillie pour qu’il puisse sécher un peu. Plus de clopes, plus d’alcool. Trempé. Journée. De. Merde.

- J’espère que t’as de quoi fumer sur toi, et à boire. ‘tain, dire que je comptais MOI-MÊME t’offrir à boire, bon sang. Franchement, je suis déçu. J’attendais beaucoup mieux de toi. Même si on se connait pas. Mais je suis magnanime, alors je te laisse une chance de te rattraper. Mais … bordel, qu’est-ce que tu mâches ? C’est … des cailloux ? Oh putain …

Mais qui mâchait des cailloux ? A part … un troll ? Ou un golem ? Enfin, un truc pas jouasse. Oh, ça sonnait comme des os qui … ouille. Ah non, vraiment pas cool.

- Heu … j’ai dû me tromper de personne. Ahem, je crois que je suis attendu sur … heu … Hé, recule, recule. Non, ah ah, tu me fais pas peur, ah ah …

Bordel, mais comment je me tire de là moi ? Le coup du ‘oh derrière toi’ risque pas de marcher. Bon sang, bien ma veine de tomber sur une foutue psychopathe dans ce coin du monde.

- J’ai pas d’argent, je te préviens ! J’ai rien à donner aux pirates moi, j’suis un artiste. Si tu veux de l’argent heu … je peux t’aider à fouiller les navires, ah ah, non, je te promets j’ai pas peur. Ah ah.

Ah ah … ah ah… Pas de gestes brusques, pas de gestes brusques, je crois que ces choses là ont la vision basée sur le mouvement …

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N'avait-on pas idée d'être un pareil pot de colle prétentieux et inconséquent ? Ne voyait-il pas qu'il aggravait son cas à chaque seconde passé à ouvrir son claque merde ? Alors que ses bottes claquaient au rythme de ses pas, Canaille s'en allait ainsi, le coeur léger. Quand tout d'un coup un indvidus qu'elle connaissait pour être un gros lourdingue de première incapable de se tenir, débarqua dans sa bulle de bonne humeur, et ruina tout les bonnes ondes qu'elle diffusait. Il l'accusa de toutes les merdes possibles, et bien qu'elle en soit responsable, la jeune femme eut un grognement, qui signifiait "gaffe à tes abatis" len langage de Canaille. Langue morte avant même d'être né, non reconnue, il suffisait de la parler pour comprendre la bête un tant soit peu.

Décidément, lui n'avait pas eu le loisir de l'étudier. Ou bien sous estimait-il sa force, sa capacité à l'écraser comme un moucheron du revers de la main ? Ou bien il ne la pensait peu être pas capable ? Et pourtant, elle avait écraser des hommes pour moins que ça, quand elle bossait avec Jacob par exemple.

Pourtant, elle resta calme, sûre d'elle, elle planta ses yeux dans ceux du ténébreux écrivain, qu'elle n'avait encore une fois qu'écouter à moitié : Ecoute mon p'tit gars, estime toi heureux de repartir sur tes deux genoux, et pas en dansant la lambada au rythme de mes coups sur ta tronche ! Tu sors de nulle part sur une île dangereuse, t'étonnes pas qu'il t'arrive des galères si tu fais pas gaffe. Décidément, fallait tout leur apprendre c'était pas possible. Leçon numéro une, quand tu vois une bonne femme comme moi ... Elle se désigna du doigt, elle et ses cicatrices, son air de loubard, ses lourdes bottes et ses cheveux d'albâtre ... T'évites de l'accoster direct. J'te confie un deuxième secret, mais c'est très rare qu'on aime qu'on nous aborde pendant qu'on est occupées, donc évite. Elle s'était adoucit, mais restai ferme sur ses positions.

Elle tourna les talons, tout en lui jetant au visage une bourse pleine de mitraille : Sa richesse actuelle. Pas grand chose, mais au moins il cassera plus les pieds ? A moins que ce qu'il recherche, soit plus de l'attention qu'un remboursement... Mais pour ça, elle ne pouvait pas faire grand chose.

- Maintenant vaque à tes occupations, je vais aux miennes. Ciao l'ami.
Qu'elle fit en faisant un geste de la main, se dirigeant vers une partie de l'île ou elle sentait que peut être, elle trouverait le bateau tant recherché.
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Ragnar écouta attentivement ce que la jolie blonde lui raconta. Non pas que cela l’intéressait plus que cela, mais plutôt qu’il préférait entretenir de bonnes relations avec son accompagnatrice. A priori, rien de mieux à faire que de converser avec cette dernière, puisqu’il fallait marcher jusqu’au dénommé Barracuda. Apparemment, elle n’était pas liée à la Révolution, et auquel cas, un révolutionnaire ne disait jamais qu’il était un révolutionnaire. Elle expliqua cependant qu’elle en connaissait deux. Un révolutionnaire ne dévoilerait jamais une telle information.

Une femme rechercherait donc un ou deux révolutionnaires sans pour autant en être une. Ragnar réfléchit mais ne pouvait émettre des conclusions trop hâtives. Tout était assez en désordre, mais c’était possiblement volontaire pour brouiller les pistes. Les femmes étaient vicieuses, bien que ne le serait un homme, alors le révolutionnaire, le vrai, restait vigilant. Un ami dont on ne savait trop rien. Sa présence dans les forces révolutionnaires n’était même pas certaine. Le Mantra ne permettait pas une lecture de l’esprit, mais certains éléments pouvaient ressortir.

- Tu le cherches, hein, dit Ragnar sans attendre de réponse particulière.

Elle mit fin à la discussion en posant une question à son tour. C’était une conversation comme une autre, ils faisaient connaissance, alors il n’y avait absolument rien de surprenant et d’étrange à cela. Qu’est-ce qui pouvait bien amener ici le chef des armées de la révolution ? Quelle merveilleuse question ! Pour des raisons plus qu’évidentes, il ne pouvait pas évidemment pas lui fournir les véritables motifs .

- Je suis un simple commerçant qui vend du matériel de construction. J’ai quelques connaissances de charpenterie, je peux donc aisément reconnaître des matériaux utiles aux constructeurs. Les matériaux sont quasiment gratuits ici, abandonnés à l’instar des épaves de navire. Je suis gagnant à la revente, expliqua l’Atout d’un ton calme et posé.

Il estima que c’était suffisamment crédible. Il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’un commerçant vienne ici récupérer des planches de bois. Qui sait, le Barracuda pourrait même l’intéresser. À ce propos, ils arrivèrent au bout de ce pan de l’île où se trouvait effectivement le navire, encastré contre la surface de l’île, une partie immergée dans l’eau. Étonnamment, le navire semblait en assez bon état. Avant d’y faire un tour, Ragnar scruta les alentours et aperçut les fameux pêcheurs. Il se tourna ensuite vers sa nouvelle camarade.

- Les fameux pêcheurs... Paraît-il qu’ils appartiennent à la révolution, hein. Si on ne me l’avait pas dit, je n’aurais jamais fait la distinction. Ton ami se trouve peut-être parmi eux, non ?



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La jeune femme observa son interlocuteur alors qu’il répondait avec déférence à sa question. Lui qui semblait assez avare, vu qu’il ne montrait même pas son visage, c’en était un peu surprenant. Après tout, il était peut-être laid comme un pou et ne voulait pas faire peur aux commerçants de l’île. Qu’est-ce qu’elle en savait, elle, hein ? Rien du tout. Elle n’en savait rien. Et c’était ce qui la titillait. De son expérience, il n’y avait que deux raisons valables pour qu’un homme cache son visage avec autant d’efficacité, soit il était si vilain qu’il ne draguerait même pas les pires guenons, soit il cachait quelques choses.

Qu’est-ce qu’un honnête commerçant de bois aurait à cacher ? Eh bien rien. C’était ça le souci. Elle n’avait rien à reprocher à son excuse. Et donc, pourquoi aurait-il décidé de s’éloigner de son objectif pour trouver d’hypothétiques malfrats ? Elle secoua la tête. Elle se posait trop de questions, et à tous les coups, ce n'était qu’un pauvre bougre. De plus, on lui disait souvent « réfléchit pas trop fort de la vapeur sort par tes oreilles » et elle y croyait sans trop de mal. Peu importait, car leur objectif était sous leurs yeux, après quelques longues minutes pesantes de silence.

Le Barracuda était un bateau dans un état plutôt correct si on le comparait avec d’autres qui gisaient comme des épaves. Il semblait même pouvoir prendre la mer, et pas par le fond. Les pêcheurs en question étaient assis à côté, en rangs d’oignons sur le ponton de bois. Elle posa sa botte, faisant craquer l’avancée dans un bruit à mi-chemin du glouglou étouffé du bois détrempé, et du craquement du bois pourri. Elle leva un sourcil.

« Merci monsieur le commerçant. C’était sûrement pour épancher votre curiosité, mais je n’ai pas envie de vous mettre en danger si je suis mal reçue… »

Elle lui lança un sourire éclatant, quoiqu’un peu stressé. Encore une fois, elle ne mentait pas, si elle en venait à déranger, ou à confronter ces hommes, elle n’avait aucune envie qu’il y ait le moindre dégât collatéral. Alors elle approcha des pêcheurs, elle sentait leur regard alors qu’elle s’approchait du bateau à leurs yeux. Pas de doute, elle avait trouvé l’endroit. Ces trois hommes sous couvert de pêche montaient en fait la garde. Elle leva les yeux vers le ciel. Le soleil commençait à décliner. Elle devait confirmer sa supposition et revenir la nuit tombée. Après tout, elle aurait l’avantage d’y voir comme en plein jour.

L’agente guetta d’un œil curieux leurs seaux vides et fronça les sourcils.

« On m’a appris qu’on n’attire pas une mouche avec du vinaigre… Si vous voulez attraper du poisson, vous devriez vous éloigner, ces foutus crabes ont l’air voraces… »

Un des hommes se leva, la surplombant de plus d’une tête et demie, et bien dans son rôle, elle se ratatine. Roulant le dos, son cœur s’accélère. Il avait un côté du visage mangé par des cicatrices plus vilaines et mal cicatrisées les unes que les autres, et sa barbe pourtant fournie ne repoussait plus là ou sa peau était trop meurtrie. Il a pourtant un sourire assez chaleureux.

«  Merci, petite, tu sais les vieux loups cherchent plus à discuter. T’as besoin d’aide ? »

Elle s’humecta les lèvres un peu stressées par la stature de la personne en face.

« En fait… Oui, je cherche un très bon ami… Et on m’a dit qu’il pourrait être avec vous… »

Le visage de l’homme se durcit imperceptiblement. Cette fois, elle recula d’un pas.

« Y’a personne par ici. »

Oh le vilain menteur. Ils étaient déjà trois et elle était prête à parier que le truc qu’elle cherchait n’était pas laissé sans surveillance à l’intérieur du rafiot. Elle ne pouvait pas faire comme Tim Uzi et jauger leur force de ses adversaires, elle ne cherchait pas non plus à se confronter à eux dans l’immédiat. Elle baissa les yeux. En vérité, elle aurait tout à fait pu partir maintenant, le problème ? L’autre encapuchonné qui n’était pas parti, et qu’elle voyait attendre du coin de l’œil. Elle savait que ce n’était jamais une bonne idée de s’encanailler avec des civils. Bordel quelle galère. Elle s’était fait paraître en détresse à le chercher qu’elle ne pouvait pas juste partir comme ça.

« Il est… Très très grand… Et puis, il a les cheveux blancs en pétard… Et… Hum… »

L’autre la toisa, croisa les bras sur sa poitrine. Visiblement, il attendait qu’elle dise une connerie de trop. Elle avait deux choix, soit elle parlait de Minos, dont elle avait découvert l’identité après avoir ouvert une friterie avec lui, soit elle parlait de Shin, les deux correspondaient à cette description peu précise. Elle triturait ses doigts.

« Je ne veux pas vous déranger… Mais est-ce que Minos est ici ? »

L’homme se fige et lui lance un regard mauvais. Si le « roi » avait eu sa préférence, c’était parce qu’il avait sa tête sur une prime et que le plus péquenaud des révolutionnaires aurait au moins entendu parler de lui. Ironique de penser de la sorte pour quelqu’un qui ne l’avait pas reconnu lorsqu’elle l’avait rencontré. Pour sa défense, l’agente n’avait pas intégré le Cipher Pol à cette époque et n’était plus en service dans la Marine d’Élite. Elle n’avait d’ailleurs aucun regret, cet homme était aussi drôle que sympathique. Elle n’irait pas le dire à Scorpio, mais le pensait très sincèrement.

L’homme la saisit au col et la souleva. Elle lâcha un cri de souris étouffé. Jouer les attardées allait commencer à la fatiguer, mais pour l’instant, c’était tout ce qu’elle pouvait faire avec le regard pesant de l’inconnu dans son dos.

« Tu te fous de moi Gamine ? Pourquoi je connaîtrais ton pote ? »

Ouais, bien sûr… Crédible au possible. Certes, il ne mentait sûrement pas, elle voyait difficilement comment il pourrait le connaître personnellement. La respiration courte la jeune femme secoua les bras en signe de défaite. Là, deux choix, l’homme la jetait à l’eau ou lui cassait les dents. Quelle journée pourrie.


Dernière édition par Sohalia Niveren le Sam 10 Juil 2021 - 12:10, édité 1 fois
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Sur mes deux genoux ? Carrément … elle y allait pas de main morte la … heu … minérophage ? J’attrapais ce qu’elle me lançais, pour retrouver le même sac que ce que je lui avais … malheureusement subtilisé quelques temps plus tôt. Elle grognait même, un troll des cavernes à n’en pas douter. Rarement j’avais rencontré pareille figure masculine, à vrai dire. Elle avait pas passé sa vie à caresser du linge, elle. Les cicatrices qui courraient çà et là trahissaient une vie violente. Pour des plaisirs tout aussi violents à n’en pas douter. Et ça, je vous l’assure, c’était sexy. Mais pas au point d’avoir envie de me fracturer un os. Et en plus, elle filait des conseils de drague ? Mais j’vous assure, c’est qu’elle m’prenait pour un débutant ? Rah là là, c’était bien parce qu’elle était … heu … imposante que je ne sortais pas le grand jeu, je vous l’assure.

- Faut pas se dénigrer comme ça, tu sais ? Et t’avais pas l’air si occupé, ah ah … Et … attends !

J’attrapais mes affaires trempées, gouttant encore comme un bossu au travail, avant de lui emboîter le pas.

- Si tu cherches quelque chose, j’peux peut-être t’aider ? Tu sais, j’ai déjà un peu fait le tour du coin et j’ai retrouvé des coins plutôt sympathiques pour mon roman. Genre un navire aux voiles noires qu’on appellerait heu … la perle noire du mozambique ? C’est plutôt genré comme nom, pour un roman.

Silence. Bon dieu, quelle foulée elle avait. J’avais du mal à la suivre, comme si elle essayait de se débarrasser de moi, j’vous jure. Mais quelle idée.

- Et si tu me protégeais pendant qu’on est sur l’île ? T’as l’air assez solide, et comme tu dis … c’est dangereux : y’a des oursins, des crabes … des gens patibulaires. Que je lui fis, toujours une chaussure en moins et trempé.

Bon, j’étais pauvre en monnaie d’échange, vu que mes CLOPES étaient TREMPEES. Et que j’avais PLUS d’ALCOOL. HEIN ?! Oh, attendez, dans le paquet … oh oh oh ! J’en avais une de sèche. C’était le début de la fortune. Il fallait savoir lire les signes quand on était agent, même si souvent ils avaient tendance à nous pincer les mollets ou à essayer de nous faire fuir de leur nid. Je claquai deux fois mon zippo et une étincelle en surgit. Deux trois fois et la mèche s’embrasa pour allumer ma rescapée. Ah, ah … Soulagement ineffable. J’en frissonne encore de plaisir.

- Et puis après, j’te paye un verre pour te remercier, ou même un repas ? Je peux faire une blanquette de veau pas piquée des hannetons. Tu m’en diras des nouvelles. Alors ? Deal ? Hé, j’ai une idée : je t’aide à … heu trouver tes richesses de pirate, et puis après on fait le tour de l’île et tu me protèges ? Après, moi j’te fais à manger ? Ah ah …

Et oui, je cuisinais. Bien entendu, comment pensez-vous qu’un gentleman comme moi arrivait à garder la ligne dans ces circonstances ? Il fallait consommer local, avec des ingrédients frais. Hors de question d’aller me servir aux services de nourriture rapide génériques. Et cela n’avait rien à voir avec le fait qu’elle me faisait peur, que je me sentais soudain pas trop en sécurité et que c’était plutôt attirant les femmes fortes. Non non, je n’étais en rien atteint dans ma virilité. Jamais.

- Ou autre, hein ? A service rendu …

J’en remis mon imper trempé, avec un flotch flotch bien agréable à chacun de mes pas.

- Donc, tu cherches quoi comme trésor ? L’amitié ? Le goût de l’aventure ? Ah ah, tu sais, comme ces pirates qui avaient fait le tour du monde y’a cent ans pour découvrir que le plus grand des trésors, c’était l’amitié qu’ils avaient construite durant leurs péripéties ! On a pas idée de faire une série de bouquins aussi longue pour une fin aussi naze ...
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Nom d'un petit révolutionnaire en mousse ! C'était impossible, ce pot de colle allait donc l'empêcher d'effectuer sa mission tranquille encore longtemps ? Elle commençait à avoir les tempes qui chauffent, d'ou s'échappaient des volutes de fumées, comme si elle se préparait à forger à l'intérieur de son corps, et que le choc des température entre elle et l'humidité extérieure, faisait d'elle une masse orangeâtes fumante. Il fallait qu'elle soit tombé sur un mec persistant, tenace et dur à la comprenette. Elle se tourna même pas vers lui tandis qu'il lui parlait sur le chemin ; Elle vérifiait les noms des navires. Après tout ce ne serait pas un idiot de cet acabit qui l'empêcherait de faire sa mission ! Elle était une fière guerrière de la révolution, une héroïne de l'ombre, l'excuse du secret. Et ce n'était pas une âme amourachée, attachée à sa beauté estropiée et différente, qui allait dicter sa loi entre eux. S'il voulait rester dans ses pattes, il allait souffrir. Jamais deux sans trois, Canaille lui laissa une nouvelle chance de partir.

- LA SOLITUDE ! Voilà ce que j'suis venu chercher ici, mais apparemment c'est trop demandé faut que y'est un âne baté comme toi pour me suivre à la trace, alors tout ce que j'veux c'est la paix et écouter le clapotis sur les navires ? Elle surjouait, mais un quidam moyen n'aurait pas comprit qu'elle soit un agent de la révolution, parcourant ses terres dans l'intérêt commun, dans le but de détruire les Dragons célestes, ses perfides dictateurs de la bonne conscience et des hommes.

Ils ne comprenaient jamais son choix d'aller à contre courant, mais pour elle c'était pas vraiment un choix, mais plutôt un devoir. Un devoir sacré qu'il l'avait rapproché d'une personne en particulier, avec qui elle avait noué des liens sincères par escargophone et dans des moments d'accalmie... Sinon, elle n'aurait pas refusé de flirter avec un idiot pareille, à la flatterie si aiguisée qu'elle pourrait couper.

- Est-ce que tu as bien compris maintenant gros idiots ? Elle continuait à chauffer, et finalement, forgea deux armes dans l'acier, qu'elle sortie de sa poitrine comme le couteau dans du beurre,  dont une qu'elle tendit à Jack. Prend ça, tu sauras te défendre tout seul, mais au moins tu as une arme digne de ce nom entre les mains ! Qu'elle dit quand même, l'arme étant un sabre classique, à la garde sans fioriture, à la tsuba d'acier, et  au pommeau non recouvert de tissus. Cela restait une arme plutôt efficace.

- Et si tu te poses la question, si j'en est forgée deux, c'est parce que si tu continues à me coller, j'vais devoir te coller mon arme dans l'coin du bousin ! Capiche ? Maintenant laisse moi vaquer en paix, et retourne compter les crabes ailleurs si j'y suis !

Elle essayait tant bien que mal de semer son gêneur, et se demanda si rejoindre Ragnar, ou bien éliminer le gêneur tout simplement, n'étaient pas de meilleurs options.
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Je rêve ou elle vient réellement de mentionner le roi Minos ?

Il esquissa un léger sourire. Cela lui rappela ses tout premiers souvenirs au sein de la Révolution. Plus exactement, ce qui le motiva à entrer dans l’armée. Le roi Minos fut l’un de ceux qui l’avait conduit dans ce mouvement. Un après-midi dans une taverne, accompagné de Minos et Rey... Le bon vieux temps. La belle époque. Cependant, la demoiselle n’allait pas passer un agréable moment. En posant cette question, elle instaura de fait qu’elle s’adressait à des révolutionnaires, ce qui n’arrangeait évidemment pas les affaires de ses braves hommes qui, eux, souhaitaient rester incognito.

L'Atout, lui, vit l’occasion rêvée pour s’occuper de ses petites affaires. En effet, le navire retrouvé, il lui était facile de retrouver la bouteille en question. Cendre avait indiqué l’emplacement de ce dernier. Et surtout, la blondinette ne lui échapperait pas. Il s’assura que personne ne jetait un regard dans sa direction. La gamine se faisait chahuter, personne d’autre autour, l’idéal. Il utilisa le soru pour disparaître de la zone et monter à bord. Une fois sur le pont principal, il tomba sur le mât brisé décrit pas Cendre. En s’approchant vers celui-ci, il se pencha pour regarder à l’intérieur de ce mat et trouva une bouteille de lait peu attirante.

- C’est quoi cette merde ? Il n’y a qu’un tas de ferraille pour boire ces conneries, pesta le révolutionnaire en observant le contenu de la bouteille.

Il regarda une seconde fois autour de lui, s’assurer que personne n’était à bord. Son mantra ne détecta rien non plus. Il rangea la bouteille dans une poche à l’intérieur de sa cape noire et redescendit. L’Atout s’approcha d’un pas lent de l’altercation, suffisamment proche pour susciter un échange de regards entre les pêcheurs. Ce type n’inspirait absolument pas confiance. Grand, emmitouflé dans une cape noire, qui ferait cela ? Certainement un homme qui ne pouvait se permettre de s’afficher au grand jour.

- Lâchez-la, messieurs, dit l’Atout d’une voix assez calme.

Le type tenant Sohalia ne voyait pas les choses du même œil.

- Pourquoi diable est-ce que j’écouterai un type aussi peu recommandable que toi ?

Ragnar abaissa la capuche de sa cape et dévoila son visage aux quatre personnes présentes autour de lui, dont la demoiselle. Son visage n’était pas fermé mais il ne souriait pas non plus. En face, les mines se décomposèrent, y compris celle de Sohalia qui ne semblait plus savoir où se mettre. En fait, une aura meurtrière se dégagea de Ragnar, un semblant de haki de royal, seulement de quoi parfumer l’air environnant. Nulle intention de soumettre ou de rendre inconscients ces jeunes gens. Néanmoins, il devait leur faire ressentir qu’il était dangereux. Et c’était le cas.

- Je répète une dernière fois, mon brave. Lâche-la.

Il s’exécuta. Les trois hommes frissonnèrent de peur. Il s’agissait de leur première fois face à un Atout, plus précisément l’Atout en charge des armées de la Révolution.

- Tous les trois, pliez bagages et quittez le cimetière. Vous êtes grillés.

Ce n’était pas une punition, mais une sécurité pour eux. Ils partirent à grandes enjambées dans la direction opposée. Il était seul face à la jeune femme. Il se demanda ce qu’il pouvait bien en faire maintenant. Quelques temps auparavant, il l’aurait certainement assassiné sans se poser la moindre question, mais il retrouva une once de conscience depuis. D'autant plus que tuer des innocents ne faisait pas encore parti de ses fonctions. Il retroussa ses pas et se dirigea une nouvelle fois vers le navire, en désignant celui du doigt à son accompagnatrice.

- Tu sais qui je suis, hein. Je te conseille donc vivement de me suivre si tu veux une chance de t’en sortir, fit-il toujours avec une certaine froideur.

Chaque mot était lourd, comme chacun de ses pas. Ils montèrent à bord silencieusement et descendirent dans les cales. Elle était toujours là et le suivait malgré la peur qui l’habitait. Comédie ou pas, ses palpitations cardiaques augmentaient à chaque minute passée avec le révolutionnaire. Pourvu qu’elle ne me claque pas dans les doigts, pria Ragnar.

- Je ne décolle les têtes des corps des gens sans raison. Tu as certainement entendu des tas de choses sur moi, certaines s’inspirant de faits réels, d’autres inventées de toutes pièces par ceux que ça arrange, hein.

Elle l’écouta silencieusement. Lui, sondait en permanence chacun des détails susceptibles de l’intéresser.

- Tu as mentionné le roi Minos, raconte-moi tout. Tes pseudos amis révolutionnaires aussi. Ton identité. Tout. Imagine un contrôle de police, c’est pareil. Un mensonge et c’est la prison. Quoi qu’on manque cruellement de place dans la nôtre, donc...

Il ne finit par sa phrase tant la suite était évidente.
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Bon, ma fille, c’est la merde…
Là, c’était sûr, si l’homme ne l’assassinait pas, Yoligan s’en chargerait. Elle était toujours suspendue par le col alors que de longs frissons d’effrois la parcouraient de la tête aux pieds. Ragnar.
Bah oui, mais c’est ça de faire des excès de zèle. Prends-toi ça dans la gueule tien.
Tentant de faire taire sa voix intérieure qui ne disait que des conneries, et son cœur qui ne semblait pas coopératif, elle loupa la petite remise à niveau de l’atout qui congédiait ses comparses. On lui avait dit : Si tu croises des grands pontes, tu fermes ta gueule et tu dégages si tu veux pas crever. Ouais, avec autant de délicatesse que ça. Et qu’est-ce qu’elle avait fait, elle ? Hein ? Eh, bah, elle avait ouvert sa grande gueule. Pas étonnant que le gars lui ait coller aux semelles. Il voulait s’assurer qu’elle n’était pas du Gouvernement Mondial. Elle tira un peu sur son col ayant soudain du mal à respirer alors qu’un poids semblait s’être abattu sur ses épaules.

Réfléchis bon sang.

Sauf que le mec à la tignasse rouge n’avait pas l’air de vouloir la laisser partir. Quoi, vous non plus vous ne comprenez pas pourquoi ? Non vraiment aucune idée. Il se dirigea vers le bateau, et elle comprit soudain pourquoi il avait disparu un instant. Ils étaient là pour les mêmes raisons. Mais maintenant, elle n’avait plus qu’une envie et c’était partir en courant. Pourtant, elle le suivit.

Elle n’était plus capable de faire semblant de marcher en ondulant comme elle l’avait fait avant, alors elle reprit sa marche droite, silencieuse, redressa le dos et remonta le menton. Quitte à crever, autant le faire avec classe. Enfin, c’était ce que son cerveau tentait de lui faire croire. Mais… Eh bien, la peur de la mort était Inhérente à la condition humaine.

L’agente n’était pas du genre flipette, mais faut bien reconnaître… Bah, c’était comme se retrouver face à un monstre muni d’un brin d’herbe. Quand t’as pas le niveau, t’as pas le niveau, c’est tout. Et là, elle n’était équipée que pour la survie. Elle le suivit à bord du bateau, dans une des pièces abîmées, devant une table. Une chaise était plus loin. Évidemment… Eh bien, il commença par des menaces. Il mettait en place la situation.

La jeune femme ne voyait pas bien l’intérêt pour lui de faire ça, de toute façon, c’était lui qui menait la danse. Elle roula les épaules, tentant en vain de se détendre. Ouais, fallait parler. Et si les rumeurs étaient exactes, elle n’avait pas intérêt à lui mentir. Elle n’en revenait pas.

Sept ans s’étaient écoulés depuis qu’elle s’était fait la malle de Sanderr, et voilà qu’elle allait devoir lâcher toute son histoire. Le tout était de ne pas mentir. Elle lâcha un soupir et se dirigea vers un coin de la pièce pour attraper une chaise.

« J’ai compris, je meurs, tu permets… ? »

Elle n’attendit pas sa réponse pour prendre deux chaises, lui en tendre une et s’asseoir en face de lui. Elle leva les yeux vers le plafond. Quelle journée de merde. Scorpio allait lui faire payer d’avoir louper la mission si toutefois elle en revenait. Quel gratte-papier de merde. Elle ne pouvait pas empêcher son cœur de s’emballer, ni la peur de lui insuffler des idées irrationnelles – comme s’enfuir, mauvaise idée, vous en conviendrez – mais elle remerciait ses entraînements dans la marine d’Élite et le Cipher Pol qui lui permettaient au moins de garder sa composition. C’était à peu près tout, au moins, elle ne tremblait pas comme une feuille sous le regard de l’homme.
T’as intérêt à survivre…

« Je m’appelle Luna Martico. Je fais partie de la famille Martico, je sais pas trop si tu connais les Sept Familles… Bon on s’en branle, c’est la mafia. Minos me connaît sous le nom de Sohalia, j’me suis fais la malle. Disons que j’avais des divergences d’opinion avec ma mère sur la façon de se comporter d’une demoiselle. J’ai rencontré Minos en début 1627 sur Suna Land. On a eu un mal fou à trouver le Red Café. Et de la bière aussi, ils voulaient nous vendre des… Trucs à base de fruit, on y a ouvert une Friterie, avec beaucoup de Bidoche, je ne sais pas si t’as remarqué mais il a du mal avec les légumes. On s’en fout ? Ok. Je cherche Shin, c’est un ami, il a été enfermé dans une prison du Gouvernement, et j’ai entendu dire qu’il avait été libéré par un révolutionnaire. Le truc c’est que mon seul contact dans le milieu c’est Minos. Alors, j’écume les endroits qui pourraient regorger de petites frappes pour tenter de croiser l’un ou l’autre. Ce n’est pas la bonne technique, mais comme je t’ai dit, mon seul contact, c’est Minos. En plus j’ai pas grands-choses à faire. Et je m’inquiète pour mon pote. Oh, je cherche ma tante aussi, mais alors là, aucune idée d'où elle pourrait être. »

Oh putain ma vieille, pas un seul mensonge, tu vas peut-être survivre en fin de compte…
Evidemment, ça n’empêchait pas son cœur de battre à tout rompre. La désinvolture étant sa seule arme pour l’instant, elle continua sur sa lancée. Quitte à être stupide autant l’être jusqu’au bout…

« Tu m’as pas vraiment aidé sur ce coup-là, la serveuse m’avait pris en pitié, une espèce de trucs de nanas dans des environnements dangereux. Bref, je voulais juste avoir les informations dont j’avais besoin, mais je n'aurais pas eu besoin de me laisser faire par cette petite frappe si t’avais pas été dans le coin. Ok, j’avoue, je m’attendais pas à tomber sur un mec comme toi… »

Un long frisson lui parcouru l’échine. Ouais. Elle ne s’y attendait pas du tout. Et le dire à voix haute ramener la dangerosité de l’homme en face à son bon souvenir.

« Putain de bordel de merde… Quoi ? Me regarde pas comme ça, je jure quand je stresse. »


Dernière édition par Sohalia Niveren le Lun 12 Juil 2021 - 16:22, édité 1 fois
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Un âne bâté ? Les clapotis sur les navires ? Ah, pas mal, pas mal. Je sortais un calepin humide pour noter tout ça. Elle en avait du vocabulaire, ça ferait sensation dans mon heu … C’était moi ou l’expression ‘fumer par les oreilles’ prenait réalité ? Mais c’était une machine ou quoi cette donzelle ? La force, les cailloux, la fumée ? Un cyborg, oui. J’en étais sûr : elle sentait le souffre en plus. Enfin, un truc pas agréable. J’avais pris ça pour un manque d’hygiène au départ, mais elle cachait un lourd secret. Chose qu’elle révéla exacte en plongeant ses mains dans sa poitrine pour en sortir …

- Qu’est-ce que de … bordel de … ? Mais … mais … t’es quoi ?

Sortir des armes de sa poitrine, c’était pas un truc de cyborg ça ? Ah, on m’avait prévenu qu’un autre agent serait sur place, mais un cyborg ? Jamais j’aurais pensé ça. Les types de la section scientifique avaient dû se dépasser sur le coup, car je voyais aucune jointure. Mais pourquoi faire une cicatrice aussi hideuse d’abord ? Un mélange d’intérêt et de répulsion. J’aimais pas les machines, ça remplaçait jamais la sensation … charnelle dirons nous. C’était plein de rouages et on risquait toujours de s’y coincer les doigts. Mais ça expliquait tout : le poids, les saloperies. La totale. Peut-être qu’elle pouvait changer de visage aussi ?

- Heu … merci pour l’épée, miss cyborg. Bon sang, c’est ce que t’es hein ? J’en avais jamais vu un vrai ! Ouah, c’est quand même la classe. Tu peux faire des rayons laser ? Et … et, voler ? Oh, t’imagines le plot twist ? Genre moi, Jack Sinister, en train de lutter contre la fin du monde. Et puis, au moment où tout est perdue, son alliée de toujours se révèle être un cyborg, qui se transforme en arme de destruction massive pour sauver le monde. Rideau, fin. Oh, attends, laisse-moi noter ça !

Pure idée de scénar, j’suis un génie. Je note, je note. Bon sang, ça écrit mal, ça déchire le papier. Attends, elle peut pas faire séchoir aussi ? Je laisse tomber l’épée qu’elle m’a donné, qui s’enfonce dans la terre comme dans du beurre, et j’y pendis mon imper histoire de m'éloigner de là et de prendre quelques notes. Tant et si bien emporté dans mon embryon de polar révolutionnaire que trois pauvres hères se prirent les pieds dans mon nouveau porte-manteau. Glissant, jurant. C’est fou que c’était fréquenté ce coin du monde.

- Bordel, mais qui a laissé ça là … fulmina l’un d’eux.
- Hé, mon manteau ! Bon sang, on a pas idée d’être un ahuri pareil : c’était en train de sécher grâce aux armes de mon amie cyborg.
- Ton amie …
- Ouais, et tu ferais mieux de te casser d’ici si tu veux pas qu’elle te colle son arme dans le bousin. Capish ?
- Mais c’est qui ce pauv’ con ?
- Laisse, Raoul, tu la reconnais pas ? Elle doit chercher le Barracuda aussi. Heu … désolé mademoiselle, on a été remercié par … enfin … vous savez qui.


Il darda un regard suspect sur moi. Ferma sa gueule. Une sage décision, certes, mais qui aurait pu tarder un peu plus. Il enleva son béret le serra entre ses pognes de docker. Il avait l’air tout penaud face à ma sinister-girl. Se connaissaient-ils ? Barracuda ? Un autre ? Hm. Mon amie cyborg avait de bien étranges fréquentations. Profitant de ce petit moment de pause, je ramassais mon imper, sortais de là mon épée offerte par ma nouvelle meilleure pote, puis enfilait mon vêtement avant de remettre mon pied dans ma chaussure qui avait à peu près séchée.

- Il est avec vous ce … type ?
- Un peu mon gars, tu me reconnais pas ? que je lui fais, sans laisser le temps de réagir.
- Jack Sinister : écrivain, artiste et … heu … détective. Et toi, Jeanclauduss c’est ça ?
- Non c’est …
- Aucun intérêt, t’embête pas à répondre. De toute façon les lecteurs t’auront vite oublié.
- Mais de quoi il …
- Allez, salut !

Les figurants n’étaient pas ma came. Habillé de pied en cap, je pris donc la direction d’où ils venaient, les laissant là avec la cyborg qui ferait d’eux ce qu’elle voulait. Bien pratique de l’avoir dans le coin, elle faisait visiblement de l’effet à beaucoup de monde. Ah, elle me rattraperait bien, nous étions visiblement devenus inséparables le temps de notre rencontre, même si elle m’avait un peu maltraité au début. Mais c’était pour le bien du développement du personnage, j’en étais sûr. Unis par nos différences, soudés dans l’adversité. Un couple qui ferait rugir les ménagères de jalousie. Même si les cyborgs n’étaient pas mon style. Cela justifierait les cicatrices, car forcément, ce serait une femme fragile, en détresse, qui tomberait amoureuse de votre héros.

Il ne fallut pas long pour arriver audit navire, d’où s’échappaient quelques bribes de voix. J’avançais sans réelle crainte, d’un pas preste et assuré. J’allais au devant d’une histoire, de la résolution de ce mystère : pourquoi ces types connaissaient ma cyborg ? Qui était cet autre personnage ? Pourquoi cherchaient-ils le Barracuda ? Avaient-ils de l’appétit ? C’était un majestueux navire de haute mer, plutôt bien conservé si on occultait les trois mats brisés et sa coque éventrée. Ses cordages vermoulus pendaient à terre et s’étaient effilés avec le temps. Toutes les vitres étaient brisées mais son nom trônait en lettres d’or, sur une plaque en bois ciré, qui avait résisté au passage du temps. Quelques crustacés s’étaient logés dans ses planches, et de nombreuses traces de pas trahissaient une activité récente. Les voix s’étaient tues, mais alors que j’arrivais à hauteur du pont inférieur, je remarquais deux silhouettes assises. Du coin de l’œil, suffisamment pour remarquer … une femme fragile, en détresse et qui … bien, vous connaissez la suite.

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C'était presque trop facile ... Avec l'apparition de deux bonshommes qu'elle ne connaissait pas, mais qui semblait la situer comme une de ses femmes dangereuses et sans pitié - ce qu'elle état car faire des sentiments n'était pas son genre, de la révolution. Les petits gaillrds, se mirent en tête de l'accoster pour lui préciser que c'était bien Ragnar qu'ils avaient vu, et que la mission était en bonne voie de réussite pour eux. S'il avait mit la main sur l'produit, ne leur restaient plus qu'à se rejoindre, et à partir de cette île qui puait le crustacé, et le crabe à plein nez. Sans compter les ânes, et toutes sortes de curiosité. Quand même, mon style attire de ces gars ... Elle se promit d'être plus féminine à l'avenir, mais pas que pour elle, aussi ... Pour eux deux.

Le problème c'était qu'elle n'avait aucune foutue idée de comment l'être, ni de comment le devenir. Bref, problème existentiel non résolue toujours en tête, elle avança en direction du navire qu'on lui avait indiqué.

C'est en se rapprochant qu'elle le vit, de dos, lui aussi se rapprocher du trois mât qui gisait là, fier comme un cadavre de balaineau, éventré comme un mobby dick méridionale et craquant encore des pas qui resonnaient jusque dans sa cale.  Tiens, encore toi ! Qu'elle fit en voyant  Jack Sinister faire la grue devant un des ponts du navire. Cette fois, je ne pense pas que tu vas survivre, trop de coincidences, tue mon jeune ami ... Qu'elle fit en mettant sa lame sous la carotide de Sinister.

- Tu vas me suivre, tu vas le rencontrer, et on verra ce qu'il en dit ... Après tout pourquoi attendre ? Il pouvait la rejoindre en trois pas, alors qu'il lui faudrait beaucoup plus de temps à apparaître, qu'à se faire remarquer ... OHYO ! CAPITAINE ! VIENS VOIR CE QUE J'AI TROUVE QUI FOUINAIT PAR LA ! Qu'elle fit en gueulant de tout son saoûl. Y'a deux trois tympans qu'ont du pleurer leur race, ça j'vous le dis.

Finalement elle commença à monter au niveau du capitaine, qui semblait occupé vu qu'il ne lui répondait pas. Toujours en gardant son prisonnier au bout de sa lame aiguisé -et il savait ce dont était capable à la fois l'épée et la fille, elle le fit avancer en le fouettant de petit coup du plat de son arme. Elle aimait bien l'tourmenter celui là, vu comment il lui avait coller aux basques toute l'début de journée, il méritait bien son sort. La révolution, c'est la prudence avant tout.

Ragnar le sonderait et découvrirait pourquoi ce type était là .... Et après hey, pourquoi pas, pourquoi pas qu'il l'est repérée pour son jolie minois, son boule qui chamboule et son aura de meute ? Elle était une louve, une guerrière matriarcale, capable de tout pour défendre la meute, et ceux qu'elle considère comme sa famille ... Elle monta les derniers escaliers, quand Ragnar apparut, sa chevelure rougeoyante et son invitée bouche bée devant lui ... Tiens qui c'était cette fille ? Sa trogne lui disait quelque chose ...

Après tout, Canaille avait longtemps été une révolutionnaire attachée à North Blue, et une agente du secret depuis ses premiers pas dans la révolution ... Elle connaissait bien les grandes familles mafieuses, et en avait même provoquer la colère d'une plutôt puissante un jour ... C'qui lui valait cette cicatrice, d'ailleurs.

- Tu nous présente à ton amie ? Tiens, je te dépose ça là ...
Qu'elle fit en donnant un coup de pied à jack qui sortit à la lumière et montra sa trogne d'agent à Ragnar ... Tu me l'interrogeras steuplé, chef ? Elle prit un air mignonne, et fit les yeux doux.
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Ragnar écouta attentivement tout le récit exposé par la blondinette. Étonnamment, elle frissonnait encore, un rythme assez élevé, mais le tout se calmait au fil de son récit. Elle racontait la vérité. Une vérité peut-être incomplète mais rien ne le prouvait. S’il connaissait les grandes familles ? Cette question était presque une insulte. Le révolutionnaire ne désirait pas vraiment s’attirer des ennuis avec eux. Non pas qu’il redoutait l’affrontement, mais disons plutôt que cela ne rendrait pas service à son camp. Il devait cependant éclaircir toute cette affaire.

Elle a bossé avec Minos, soit. Elle cherche maintenant un type dénommé Shin, par le biais de Minos, le seul révolutionnaire dans son carnet d’adresse. Or, même si elle parvenait un jour à retrouver le roi, elle serait déçue de s’apercevoir qu’il ne pourrait pas l’aider. Minos est un indépendant et ne bosse pas au sein de l’armée révolutionnaire. Shin... Shin...

Le révolutionnaire ne laissa pas l’occasion à son interlocutrice de voir le questionnement interne et pénible qui se déroulait dans sa tête.

N’est-ce pas le nouveau secouru l’an passé par Rafaelo ? Difficile à affirmer. Mais qu’est-ce qu’une femme de bonne famille mafieuse fout avec un révolutionnaire ? Et qu’est-ce qui a bien pu la mener au cimetière d’épaves pour y chercher Minos ? Il reste des zones d’ombre dans son récit, ça ne me plait pas.

Son mantra détecta soudainement l’intrusion d’un individu. Il ne daigna pas bouger. Quiconque cherchait la bouteille serait déçu car il l’avait en sa possession. Une seconde personne arriva, mais fort heureusement, il s’agissait de sa chère Canaille. Quel bonheur. Cela faisait tout de même beaucoup de personnes à bord du même navire. Ragnar ne croyait pas au hasard et toisa du regard la jeune blondinette. Il ramassa une cordelette non loin de ses pieds, puis attacha les mains de la jeune femme. Ils remontèrent sur le pont principal.

Canaille lui balança le colis à coups de pied aux fesses. Le type ne lui disait rien. On dirait un détective privé. Mais que fait un second type à bord du navire tant convoité ? Le révolutionnaire ne voyait pas d’autres personnes avoir besoin de cette substance, exceptés la révolution et le gouvernement. Le premier, représenté par Canaille et Ragnar. Le second, peut-être pas ces deux jeunes gens. Après tout, l’Atout savait pertinemment que les agents du gouvernement agissaient de manière individuelle. Jouer le coup du “on ne se connait pas” était inutile, car c’était possiblement vrai.

Le problème résidait dans l’incapacité à Ragnar de sonder les esprits. Niklas Aldo était le maître incontesté dans le domaine. Vraiment. L’Atout put avoir une formation express il y a quelques temps, mais pas au point d’être aussi habile que celui que l’on surnommait le télépathe. Intimidation et observation. Il laissa s’échapper une vague terrifiante de haki royal. Pas assez pour faire tomber dans les vapes les personnes à bord, mais suffisamment pour leur insuffler la peur. La pression devint alors insoutenable. Rogers, pourtant habituée, continuait à subir sans pour autant le montrer.

Luna devint toute pâle, de grosses gouttes perlaient sur front, son rythme cardiaque augmenta de nouveau. Quant au nouvel arrivant, c’était à peine s’il tenait sur ses jambes. Fier comme un coq, il ne voulut rien laisser transparaitre, mais sueur et tremblements étaient au rendez-vous. Pour l’avoir vécu quelques fois, Ragnar savait pertinemment comme il était difficile de rester stoïque au haki des rois. Il dégaina ses deux dagues de l’arrière de sa ceinture, sous sa cape, en s’approchant lentement du supposé agent du gouvernement.

- C’est à ton tour, monsieur qui n’aime pas les crabes, dit-il en plaçant la dague sous sa gorge.

En effet, le révolutionnaire se rappela avoir rencontré ce type dès leur arrivée.

- Dis-moi tout. Décline ton identité pour commencer. Ton boulot... Ou plutôt tes boulots. Si vous voulez tout savoir, tous les deux, je suis quasiment certain que vous êtes sous les ordres du gouvernement. C’est de bonne guerre.

Et cela était aussi une vérité. Aucune altercation ou de tentative criminelle de leur part.

- Ta camarade, derrière moi, m’a dévoilé son histoire et elle est toujours en vie. En feras-tu de même ? Nous ne sommes pas des assassins. On vous a décrit les révolutionnaires comme des êtres infâmes, mais ne faut-il pas découvrir les choses soi-même pour se faire une idée ? Qu’en penses-tu Luna, demanda Ragnar sans se retourner vers elle, les yeux figés vers ceux de l’homme à la fine barbe récemment rasée.

Après tout, l’Atout aurait pu mettre fin à leur vie dès les premiers doutes, mais il prenait pourtant le temps de discuter avec ces derniers. Non pas pour s’amuser, car il désirait s’en aller assez rapidement de ce lieu, mais plutôt par nécessité pédagogique. Insuffler une nouvelle image de la révolution. Le Gouvernement Mondial avait bien joué sa propagande. Mais la Révolution semait ses propres graines au sein du Gouvernement lui-même. Un jour viendra où ces graines écloront et fleuriront à perte de vue.

Un léger regard en direction de Rogers, prête à agir au moindre incident.


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Ma pauvre fille… Tu cumules bordel…

Sohaia était bien trop concentrée sur son interlocuteur pour ne pas sursauter en entendant une femme gueuler comme une poissonnière sur Poiscaille. Ragnar lui lança un regard de biais et lui attacha les mains.

Et merde…

Si c’était vraiment un autre espion, elle aurait sa peau. Elle n’avait pas été bien maligne sur ce coup-là, mais elle avait plus ou moins réussi à s’en sortir. Et voilà qu’une tanche venait tout foutre en l’air ? Non, ça n’allait pas se passer comme ça. Elle avait trop à perdre dans cette histoire. Elle suivit peu sereine Ragnar sur le pont supérieur. Une femme tenait du bout de son épée un homme… La jeune femme lui aurait bien collé des baffes. Dans son imper trempé, il se tenait fier comme un coq.

Ragnar s’approcha et un poids s’abattit sur l’esprit de la jeune femme. Merde. La sueur perla à son front et se mit à couler le long de sa tempe. Un goût de bile et de sang se forma dans sa bouche, une peur irraisonnée s’empara de son esprit. Faute d’avoir l’air vaillante, elle restait droite, tentant de ne pas faire transparaître, aussi bien qu’il lui fut possible, le poids de la terreur qui aurait dû faire trembler ses membres.

Et tout ça venait de Ragnar. C’était ça le Haki des rois ? Quel enfer. Elle en avait vaguement entendu parler, mais n’aurait pas cru y être confrontée ni même que ce soit réel. Il s’adressa à l’autre. Et prononça une phrase qui lui glaça les sangs et lui fit perdre un peu plus de sang dans les joues. Ils bossaient ensemble ? Pour le Gouvernement ? La jeune femme observa l’autre. C’était sûr pour lui. Putain.

Et l’homme aux cheveux rouges continua. Les menaces à peine voilées. En fait, elle était déjà étonnée de ne pas être morte. Le poids sur ses épaules s’allégea quelque peu et elle put recommencer à respirer. Elle ne s’était même pas rendu compte qu’elle avait presque arrêté, et avala l’air comme si elle en manquait atrocement. Quelques mèches de cheveux s’étaient collé sur son front à cause de la sueur et de l’humidité ambiante, ses yeux vitreux reprirent quelque peu une teinte plus lumineuse et elle put redresser un peu plus les épaules.

La terreur s’abattait à un rythme régulier qui lui laissait l’opportunité de respirer, et puisqu’il lui avait posé une question, de répondre.

« On a tenté de m’apprendre que la violence c’était mal et j’ai plus de onze lames sur moi. On a tenté de m’apprendre à porter des corsets et je porte des guenilles. On m’a appris à voler, et je ne vole pas. On a tenté de m’apprendre que la révolution était un ramassis de gens qui tuent sans discernement, et j’ai des amis qui en font partie. Je ne pense pas, que défendre ses opinions comme vous le faites est plus mal que la manière dont le fait le Gouvernement Mondial. Les morts restent morts qu’importe le camp. »

Oh putain c’est bon ça ma fille !

Presque étonnée par sa propre verve la jeune femme reprit son souffle, toujours sous l’effet inconstant de la peur. Alors, fixant son regard dans celui de l’homme qui avait une lame sous la gorge elle crache presque.

« Je n’ai rien à voir avec cet individu, ne m’insultez pas. Mais si avoir travaillé avec des chasseurs de prime fait de moi un membre du Gouvernement Mondial, alors, je suis un membre du Gouvernement Mondial. »

Oh putain. Si Yoligan avait été là, il aurait lâché une petite larme, c’est sûr. Pas un seul mensonge. C’était serré, mais de toute façon elle ne pouvait rien faire d’autres que de tenter de survivre, si l’autre pingouin en Imper comprenait qu’elle jouait double jeu, elle était morte. Morte et enterrée. Le regard de dédain qu’elle lança à l’agent n’eut même pas à être feinté.

L’agente releva le menton et tourna la tête vers la femme aux cheveux blancs qui avait une cicatrice sur le visage. Elle était plutôt jolie malgré ça et jurait comme un chartier. Sohalia se disait qu’elles auraient pu bien s’entendre dans d’autres circonstances. Alors elle lui fit un petit sourire qui devait sûrement être piteux au vu de l’état poisseux où se trouvait l’agente.

Là, elle avait tout donné. Elle n’avait plus rien en stock.

Ça passe ou ça casse…


Dernière édition par Sohalia Niveren le Mer 14 Juil 2021 - 5:50, édité 1 fois
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