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High Seas Drifter. [1623]

Pas dégueu c’machin, comment tu dis qu’ça s’appelle l’ami ?

C-C’est un assortiment d’algues locales Monsieur. P-Par ici on les appelle Sora no Hana.

Les fleurs du ciel hein ? Eh ben c’est rud’ment bon, mes félicitations.

M-Merci Monsieur ! E-Est-ce que ça veut dire que vous allez nous laisser la vie sauve ?

Hein ? Ah oui, la menace à l’entrée dans l’restau… Non mais c’tait pour le style ça, rassure-toi mon vieux. Voilà, tout doux, arrête de trembler. Regarde, j’ai même pas la main sur l’bout d’mon sabre. Là. Est-ce que j’ai vraiment l’air d’un gars capable de buter les gens comme ça moi ? Oui ? Attention à c’que tu dis quand même, jsuis d’bonne humeur et assez peu à jeun pour être sociable mais y a des limites. Bon, sinon c’est pas l’tout, ça, comme j’ai dit ça m’a bien flatté les papilles comme y faut ton truc, mais maintenant faut que j’décarre, j’ai à faire en ville tu vois. Des emplettes, oui, voilà. A la r’voyure et dis bonjour à toute ta p’tite famille pour moi, hein ?

Euh… M-Mon… Monsieur ?

Mh ?

Euh… N-Non rien. B-Bonne journée Monsieur, au.. au plaisir ! Et bonne journée surtout !

Hinhin, ça marche toujours ce cocktail. Un volume de grincheux qu’on réveille, un volume de psychopathe qui menace, un volume de "J’ai oublié quelque chose ?" sincère, deux volumes de charisme naturel, mélangez – au shaker pas à la cuillère – et vous obtenez l’regard qu’y faut pour obtenir un r’pas gratis chez un mec qui préfère la survie d’son établissement et d’sa femme et d’ses filles à encaisser mille pauvres Berrys qu’y pourra d’toute façon récupérer en gonflant l’ardoise d’un grassouillet qu’y r’gardera pas à la dépense (et là y t’parle d’expérience le Tahar, oublie pas qu’il a été garçon d’café chic dans une aut’ vie et qu’à c’t’époque y avait pas qu’la couture de son futal qui s’élargissait anormalement d’façon régulière en charmante compagnie : un beau gamin d’dix-sept ans, ça obtient les pourboires que ça veut auprès des marquises qui veulent une deuxième jeunesse)… Qu’est-ce tu dis ? Las Camp, c’pas un genre de ville où y a des masses de grassouillets qui paient sans r’garder l’addition ? Ah, possible. Ben c’pas d’pot dans c’cas, écoute. Mais j’t’ai pas buté quand même, vieux, profite.

Bon, on a dit : les empl-

Woaw. Jdis pas ça à beaucoup d’gonzes mais t’sais qu’t’es pas moche toi ?

Quoi, qu’est-ce tu r’gardes le gros ? Ca t’choque que j’admire mon r’flet ? Toi qu’es laid d’puis qu’t’es né, c’est vrai qu’tu peux pas comprendre c’qu’un gars comme moi éprouve quand y s’revoit aussi flamboyant qu’il était plus jeune après des années d’bas-fonds misérables comme ceux dans lesquels j’pourrissais d’puis... d’puis qu’l’amirale Jenv Œankhôr a canné putain. Tu sais qui c’était cette fille, gradub’ ? T’as entendu son blase déjà ? Nan hein ? Bien sûr que l’bon peuple et l’Histoire t’ont déjà oubliée ma belle. Putain c’que l’temps est assassin… … Mais bref, si ça tu peux pas l’bitter, tu dois quand même bien t’rendre compte que jsuis overclassieux, là, comme ça, les tifs propres, la barbe propre, la gueule propre, le manteau graissé, les bottes neu-dis tu m’écoutes quand j’te parle ? Oh !

Un mann’quin. Tahar Tahgel, chef, tu parles avec un con d’mann’quin d’vant une boutique de fringues depuis deux plombes. Dur-dur la désintox hein… Ouais c’est ça, marre-toi derrière ta vitrine vieille peau. Fais gaffe où j’te décapite ça va pas tard-Non. Les emplettes. Keep cool jusqu’aux emplettes, Tahar, y a besoin d’matos sur ta barque… Oh, Tahar, youhou, tu m’écoutes ? Ah ben non, l’a encore grillé un fusible. Groumpf.

Salut la vieille, c’est à propos d’moi qu’tu t’fendais la poire là ? J’ai pas rêvé, hein, c’est bien ça ? C’pas comme si y avait quelqu’un d’autre dans ta boutique de. De quoi d’ailleurs ? De couture ? Ah ouais, d’où l’mannequin dans la rue. Bon, en tout cas, t’es fermée maintenant, on a des ptites choses à voir toi et moi. Un genre de compensation tu vois. Nan nan, te mets pas à crier, si jdescends tes stores, c’est pas pour te violer. T’aurais bien envie ? Eh, oh, calme tes ardeurs hein. Ah mais. S’tu voulais t’faire dépuc’ler, fallait t’y prendre plus tôt, genre y a trente ans. Nan mais reste tranquille jte dis, qu’est-ce tu fous, là ? Tu crois vraiment qu’jveux t’voir te désaper ? Arrête jte dis, ou jréponds plus de rien… …

… … Félicitations vieille bique, t’as gagné l’titre de première vierge laissée intègre par Tahar Tahgel. Faut dire, c’tait d’la légitime défense de ma part m’sieur l’juge. Ptain, s’faire violer par une quinqua à presque quarante piges, ça aurait fait tache sur le CV n’empêche. Si j’ose dire. Là c’plutôt sur c’te tenture chelou qu’ça a fait tache. Quoique, ça va bien avec le rose le carmin-sang en fait. A retenir. Kessessé d’ailleurs ce truc ? Un géant en armure avec un casque à cornes sur un bourrin à sa m’sure ? Hm, curieuse perspective, y en a qu’ont d’l’imagination. Et y en a une qu’avait d’l’espoir, à vouloir vendre ça dans un bled comme ici. Bon, j’oublie un truc là.

Ah ouais. Le matos, se barrer. Personne pour m’voir sortir de c’te vitrine ?


High Seas Drifter. [1623] 661875SignTahar


Dernière édition par Tahar Tahgel le Mar 6 Sep 2011 - 18:08, édité 4 fois
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Putain y a qu’un couillon comme le sergent-chef Q. Ladydon pour être allé s’installer dans une ruine aussi mal placée à vingt pâtés du port pour refourguer du matos de contrebande dans une ville comme Las Camp. Ding Dong.

Salut Roland. Ca biche ?

Mais non t’es pas désolé monsieur, mais non la boutique est pas fermée. R’garde-moi bien gars. R’garde-moi mieux, dis. Ca y est tu m’remets ? Enlève quinze piges, tu m’remets ?

Oh ! Roland ! Merde quoi !

Tahar !?

Ah bah quand même. Lui-même vieux, héhé. Ca t’la coupe hein. Ouais, ouais, ça va tranquille. Et toi, les femmes, les enfants, le chien, ça va ? Et le ptit dernier, t’as bien un ptit dernier d’puis l’temps ? Ouais, qu’est-ce qu’y d’vient ? Et la voiture, elle va bien la voiture ? Non bah non, comme tu vois chuis pas mort, pas plus que la fois où j’ai pris c’te bastos à ta place. Nafout’ de c’qu’y vous ont baliverné à l’époque, tu m’vois, chuis d’vant toi. Tiens, touche. Touche jte dis. T’as vu c’est du réel ma main. Ouais, tâte pas trop non plus, tu vas t’prendre une mandale. Oh, stop j’ai dit. Ptain, jsais qu’jsuis en mode beau gosse depuis ’t’à l’heure, mais c’est pas une raison pour tous vouloir mon corps comme ça. Si encore vous aviez des gueules de groupies… Stop ! Rah, t’as pas changé, toi, pour croire un truc, faut qu’tu l’voies, pis faut qu’t’y touches, pis après tu t’étonnes de t’prendre des coups pour rien. Ca va ton nez ?

Bon, sinon chuis là pour affaire, ça t’dérange si on parle du bon vieux temps après ? Ouais, genre dans trois siècles quand on s’reverra. Nan ? Cool. T’as quoi comme mat-

Hum.

Dis.

Roland.

C’est qui les deux cons qui viennent de braquer un flingue, sur toi peut-être, mais surtout sur moi ?

C’est des copains à toi ? Tu peux leur dire que j’aime pas ça steup ?



Hey, t’as quatre choix là, Roland :
1°/ Oui-Oui. Okay, tant mieux, c’est un malentendu, ça va s’régler tranquille, jvais prendre mon matos et m’barrer, ta boutique va rester intacte, tout s’ra cool.
2°/ Oui-Non. Pas cool mais j’frai un effort pour pas les abîmer trop. J’garantis rien pour ta boutique.
3°/ Non-Oui. Cool, j’les abîme, j’résouds ton problème, tu m’fais un prix en plus et on en parle plus.
4°/ Non-Non. Là ça va chier.

Alors ?

Non-Non ?

Evidemment. T’as jamais su faire les bonnes réponses, c’est pour ça qu’t’as à peine fini sergent-chef avant qu’y t’foutent au placard et qu’tu décides de t’mettre à ton compte. Jparie qu’c’est pour ça aussi qu’les deux branquignoles sont là aujourd’hui à branquignoler dans mon dos.

Tu vois j’t’aime bien Roland, c’pas que parce que jconnais qu’toi en margoulin d’première catégorie que chuis rev’nu t’serrer la pince grasse après tant d’années. Mais si tes clients mécontents viennent s’en prendre à tes autres clients, moi en l’occurrence, pour régler leurs problèmes avec toi, ça va pas aller. Non seulement tu m’dois la vie mais en plus tu mets la mienne en danger, y en a qu’appelleraient ça du foutage de gueule. Moi jvais pas aller jusque-là, jsuis un gars réglo, et ça tu l’sais vu qu’t’m’as connu au front et qu’t’as vu comment j’étais avec les méchants. Jvais donc juste rester calmer, faire un gros, gros carnage, m’servir gratos, et l’ménage ce s’ra pour ta pomme.

On est okay ? Cool.

Toi aussi t’es okay ma poulie ? Cool.


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Maya ne tenait pas en place. Le bateau qui la menait à sa mission n'allait pas assez vite à son goût. Elle aurait bien voulu qu'il y ait un peu plus de vent, ou des rameurs. Mais rien ne vint. La blondinette arpentait le pont d'un pas impatient. Sa mission ? Infiltrer comme elle le pouvait un groupe d'anciens Marines. Anciens Marines, oui, mais aussi félons. Des vendus ! Après avoir été rejetés des rangs nobles de la Marine, ils étaient devenus... Contrebandiers. Voleurs. Malhonnêtes quoi. Et ça, les mouettes ne le toléraient pas. Les grands du gouvernements non plus. Quoique ces derniers, bien logés dans leurs grandes demeures avec leurs grands lits et leurs grandes tables, n'avaient pas à se bouger le cul pour régler ça. Non. Ils levaient le petit doigt, et des agents étaient dépêchés puis envoyés sur le terrain. Des agents comme Maya par exemple.

Une mission en solo, elle n'avait pas eu cette occasion depuis bien longtemps. La borgne souriait d'impatience. Le matin même, le début d'une journée pourtant banale, des coursiers étaient venus déposer son ordre de mission. A peine avait-elle eu le temps de manger que déjà on la pressait de partir. Alors la blondinette, sans s'en offusquer, avait prit quelques armes, du chocolat, quelques fringues et avait embarqué à bord du premier navire ne direction de Las Camp, sur West Blue. Trois quart du chemin était parcouru, mais le vent l'avait abandonnée finalement. Elle n'y arriverait pas avant demain après-midi à ce rythme-là. La jeune psychopathe soupira et grimpa dans le gréement pour admirer la vue de l'océan. De l'eau tout autour, partout. Pas un seul bout de terre en vue. Mais ça allait bien arriver. Elle serait un poil en retard, mais elle remplirait sa mission. Pour sûr !

Grignotant un carré de chocolat noir, elle se laissa glisser le long des cordages pour toucher de nouveau le bois du pont de ses pieds. La nuit tombait. Et vite en plus. L'agent du Cipher Pol regagna les quartiers de l'équipage, se joindre à eux pour le repas du soir. Un bon ragoût de requin avec des algues frites et des pommes de terre. Elle finit son assiette rapidement, et dévora une tablette de chocolat en guise de dessert. Elle n'avait pas de quartier pour dormir, malheureusement. Ils avaient pas prévu que le voyage dur si longtemps. Mais c'est pas ça qui va la déranger la Maya. Au contraire, elle s'en contrefiche. Elle a partagé les quartiers avec d'autres hommes avant, et y a jamais eu d'problèmes. Même si, de temps à autres, certains oublient qui elle est. Ces cas-là, rare, se souviennent bien vite pourquoi on la dit comme folle. Une vraie sociopathe, cinglées au possible, qui ne craint même pas la douleur comme les autres. Alors bon, c'est pas une troupe de marins d'eau douce qui vont la faire frémir.

Roulée en boule dans un hamac qu'elle a accroché tout au fond des cales, derrière les couchettes des marins, Maya cherche le sommeil. Elle a failli s'endormir sur le pont tout à l'heure, mais finalement elle est restée éveillée. Comme à présent. Allumant une chandelle à côté d'elle, elle tire son ordre de mission de sa poche et le relit. Un ancien sergent-chef, meneur d'un p'tit groupe d'ex-Marines, a décidé de jouer dans la cours des grands, s'installant à son compte pour revendre des tas d'marchandises de contrebande ou même volées. Et ça, ça ne plaisait pas au gouvernement. Pas du tout. L'ordre de mission stipulait clairement qu'il fallait les faire taire, employant pour cela n'importe quelle manière. N'importe laquelle. Maya sourit à nouveau, caressant du bout des doigts la lame de la dague qu'elle a posé près d'elle. Et elle s'endormit.

Le lendemain, c'est un cri de mouette qui éveilla Maya. La blondinette se frotta les yeux, s'étira, et glissa à bas du hamac. Elle ramassa ses affaires dans le petit baluchon qu'elle avait emporté, plia le hamac aussi, et sortit à l'air libre alors que la majorité des autres dormaient encore. Le barreur, apercevant la borgne, lui indiqua que le port était bientôt en vue. Le vent avait de nouveau soufflé durant la nuit, et ils s'étaient rapprochés. La blonde lui décocha un sourire, un peu inquiétant avec son unique œil pétillant de malice, et alla manger un bout pour caler son ventre gargouillant. Elle termina, bien sûr, avec du chocolat. Son sacro-saint chocolat, celui qu'il ne faut pas lui prendre sous peine de se retrouver borgne aussi. Puis, après une rapide toilette, la jeune femme s'approcha du bastingage. Le vent faisait voleter ses cheveux d'or et l'ample chemisier blanc cassé à moitié trop grand qui couvrait le haut de son corps. Un pantalon plus près du corps couvrait ses jambes. Fait de cuir noir, celui-ci lui permettait toutefois d'amples mouvements. Comme par exemple lorsqu'elle enjamba le bastingage pour sauter sur le pont avant même que le navire ne soit correctement amarré. Elle salua d'un geste de la main l'équipage et s'engagea dans la ville d'un pas guilleret, ses bottes claquant contre le sol parfois pavé.

Elle arriva, après plusieurs détours, à l'endroit où sa cible faisait commerce. Mais, problème, il n'était pas seul. Qu'il soit avec ses camarades, encore, ça passe. Mais là, y avait un drôle de type dont la tête disait quelque chose à la gamine. Elle chassa cette impression, se doutant que ça devait venir de la fois où elle avait épluché tous les avis d'recherche parce qu'elle s'ennuyait, même les plus anciens. Y devait certainement y avoir un type qui lui ressemblait, voilà tout. De toute façon, c'était pas son problème à la Maya. Elle arriva donc, comme un cheveux sur la soupe, et salua la petite troupe -qui semblait être à couteaux tirés- d'un geste guilleret de la main.


_ Bonjour la compagnie ! Hmm.. Maya sent que c'est tendu par ici. Un problème ? Oh, peu importe. Elle a b'soin d'un job, elle voulait savoir si ça embauchait par ici...

Elle regarda l'ancien sergent-chef, snobant presque tout à fait l'autre homme présent. C'était l'attitude typique de la gouvernementale quoi. Elle se fichait aussi comme d'une guigne des bonhommes armés qui attendaient à côté, prêt à tirer ou à trancher des membres.


Dernière édition par Mayaku Miso le Mar 6 Sep 2011 - 21:29, édité 1 fois
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Salut les gars. Moi c’est Tahar. Jsuis un client d’Roland et jvais vous buter.

Nan, vous emmerdez pas à répondre, comme d’hab’ c’genre d’question ’tait pur’ment rhétorique. Y a qu’les glands qui s’croient nobles et classes sans l’être vraiment pour perdre du temps à d’mander l’blase de ceux qu’y vont enterrer. Moi, vous, j’m’en cogne de comment on vous appelait jusqu’à aujourd’hui. C’pas moi qu’écrirai vot’ pédigrée sur la fosse commune qui vous servira d’toit c’soir. Nan. La seule question c’est : J’commence par lequel ?

Choisissez. Et magnez-vous j’ai pas la journée à vous consacrer. Toi, Gland n°1 avec tes ptites moustaches niaises, tes yeux niais et ta gueule enfarinée ? Toi, Gland n°2 avec tes ptites moustaches niaises, tes yeux niais et ta gueule enfarinée ? On v’s’a d’jà dit qu’z’aviez un sale air d’famille ? Un sale air qui r’vient pas aux gens ? Un sale air qui d’mande qu’à être embelli à coup d’lattes dans l’gosier pour vous l’faire ravaler ? Nan ? Bah jvous l’dis, là. Jvais vous aider à l’ravaler d’ailleurs. Illico presto. C’bon vous avez choisi ? Toi Gland n°1, tu t’dévoues ? C’bien, t’es noble, tout ça. T’es l’aîné c’est ça ? Sacrifice du grand frère pour l’ptit dernier tout ça ? Bravo. Dommage pour ta réput’ que personne le saura jamais. M’enfin c’est des choses qu’arrivent hein.

…Quoi ça dingdong ? Nan mais la boutique est fermée, chtiote. Eh, tu m’regardes quand jsuis là ?! Oh ?! Mais elle m’ignore la garce ! Eh, faut qu’j’agite les bras pour qu’tu m’voies ? Youhouu !? Nan mais vas-y en plus, continue, j’t’en prie, c’est ça… gnagnagnih gnagnagnah blablablgneuhu!? Tveux bosser ici ? Roland tu la connais la gamine ? C’est ta fille ? … Uh, nan, vu la tronche que tu tires c’est pas ta mioche. Gland n°1 c’t’à toi ? Gland n°2 ? Non plus ? Ah bon. Rahh. Mmmhhéditationnnn. Réflexionne Tahar, réflexionne... Une gamine, qu’sait à tous les coups où elle est, qu’t’ignore comme le dernier des pelés, qu’fait peur à tonton Roland, qu-oh tiens, qui pue la mort et –c’pas banal– qu’a un œil en moins, c’tait bien caché ça ptite, jviens d’voir. Qu’est-ce t’en tires comme conclusion mon ptit canard ? Qu’est-ce t’en tires… … … Gnnnhhh, concentrattttionnn. Ah.

Une tueuse.

Ah.

V’là aut’chose. Ptain on peut pas être tranquille pour buter les gens soi-même.

Bon.

Manifestement j’t’intéresse pas poulette. J’tavouerai, ça m’arrange. Roland, mec, ma couille, j’te laisse te démerder, c’tes salades, c’t’à toi qu’elle a posé la question. Jveux pas l’savoir qu’j’t’ai sauvé la peau une fois. A l’époque on était potes, maint’nant j’m’en fous. T’auras juste pas l’occaz de m’rembourser vraiment. Jvais piller ta boutique et puis jdirai à ton cadavre que j’suis quitte en m’barrant comme un sale des fois qu’elle ait encore faim. All- Ah, jvous avais oubliés mes deux salauds. C’vrai qu’vous avez braqué vos calibres sur moi, on va pas laisser passer ça, ça nuirait à ma street credibility v’voyez ? Bon, toi. T’es le 1 ou l’2 d’jà ? Merde, j’ai oublié. …Boarf, pas grave, ‘nafout v’srez dans l’même trou quand j’aurai fini. Allez minaud, jvais t’faire bouffer ton flingue. T’es prêt ? Nan mais qu’est-ce tu fous à t’avancer comme ça avec ta pétoire ? T’as pas bien compris l’concept d’arme à distance ou quoi ?! Erf. Bon tant pis ça va être plus simple comme ça r’marque.

R’garde bien ma tête mec, c’la dernière image nette qu’tu vas voir. Après y aura du sang et ça va tout t’rougir t’vas plus bien distinguer les détails. Fillette, jsais pas s’t’aimes les trucs sales ou pas, mais jte conseille de r’garder l’Roland, ça va être genre "pas propre". Et stu pouvais t’décaler aussi, rapport aux taches à v’nir sur tes fringues, sinon…

Eh la qui va là (Colonel Tahar)
Eh la ça va pas (Ouh ouh)
Oh la je suis là (Colonel Tahar)

C'est moi que voilà (Colonel Tahar)
Ca va être la joie (Ouh ouh)
Au nom de ma loi (Moi je vous décède)
Je vous décède lààà


Tintinn… Hop-Pan-Cracc… Ca fait mal, hein ? L’poignet qui fait d’mi tour comme ça au bout du bras ? Hinhinn. Ouais ouais jsais bien qu’c’pas trop un mouv’ment qu’y fait spontanément. Mais j’t’avais prév’nu, fallait en t’nir compte. Et là jte préviens que jvais t’éclater les bijoux. Youhou. Les bi-joux. Bijoux, avec un x, tu sais, les bijoux d’famille… Mais protège-toi au moins couillon, qu’ce soit un peu fun… Rahhhhh, tu m’éneeerves à pas mouffffteerr alors que jte dis c’que jvais t’faaaireeeuhhh. Bon prends-toi ça puttaaaainn, tu m’gonfles trop.

Ouhf. D’solé j’ai ripé, d’coup j’ai dû y aller un peu plus fort que prévu pour garder mon équilibre. Ouhf. Ca va ? Eh ? T’es là mec ? Pourquoi tu d’viens tout bleu ? Y sont r’montés ? Respire… Respire ! Ah non me canne pas dans les pattes mec, pas maintenant ! Bats-toi un peu bord- Ah ben il est mort.

Chier. T’as vu ça gam-?

Ah ben t’es occupée avec le Roland jvois. Ouhh, ça fait mal c’que tu lui fais. Ouhh j’aimerais pas être à sa place. Ouhouu. Bon ben t’as vu elle est occupée avec le Roland, Gland n°… euh, Toi, là. Va falloir faire avec moi hein ? Hophophop, te barre pas. R’viens là où j’te tire par la peau du cul… Reviens, jte préviens ça va pas l’faire, reviens ! Rah.

…J’tavais dit d’pas t’barrer. Maintenant va falloir te donner la fessée. Seulement vu ton âge, pour qu’tu comprennes, la fessée elle va pas être comme quand t’avais cinq ans et d’jà plus d’papa. Elle va être un peu spéciale… Mets-toi à g’noux pour voir. A g’noux bordel. V’là. Penche-toi un peu… Tends l’arrière-train vers tonton. Monte encore un peu. Encore un peu… Encore un peu… V’là, bouge plus. Donne ta flamberge maint’nant pour voir. Donneuh. Là… Attention mon ptit chéri, jdois t’prév’nir, ça risque de t’piquer un peu les entrailles pendant qu’tu défunct’ras. T’es prêt ? Nan ? Tant mieux, fallait pas m’braquer. Un… Un dernier mot ? Deux… Hein ? Maman ? Mais voyons, ta maman est d’puis longtemps au paradis des putains mon garçon. Troissssshooooot !

Yahrf…

Hmf. C’pas bien joli tout ça, t’étais pas obligé d’bouffer juste avant d’vnir. Hmf. Bon, okay, j’étais ptêt pas obligé d’te massacrer à c’point. Qu’est-ce t’en penses, Poulie chérie ? J’y suis allé trop fort ? … Que j’m’excuse ? … Ouais, peut-être. Sorry dude, jdois être à cran en c’moment. V’lààaah. Woups, ça glisse ton jus d’entrailles mon canard. Tu permets qu’j’t’appelle mon canard ? D’habitude c’est moi qu’j’appelle comme ça mais j’me sens un peu con d’t’avoir ouvert comme ça par l’fond’ment et… et… Oh, qu’est-ce qui brille là-bas ? Oh un logpose. Merci Madame Bonne Etoile, héhéhé…

T’as vu ça poupée ? C’t’un signe tu crois pas ? Jbute deux gonzes d’une façon qu’j’avais encore jamais testée et j’tombe sur un l-

Owarf. R-Roland ? C’toi gros ? Oh putain, mais qu’est-ce tu lui as fait, ptite ?


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Ven 26 Aoû 2011 - 19:39, édité 1 fois
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Le regard émeraude de la jeune femme ne lâcha pas l'ancien sergent-chef avant que l'autre gus commence à s'occuper des deux glandus qui attendait, incertains. Sans doute attendaient-ils un ordre quelconque. Maya attendait aussi. Mais simplement que le-dit Roland parle. Or, il semblait avoir perdu sa voix d'un coup. Surtout quand le grand dadais annonça qu'il était là pour buter les deux zouaves. Bon. Apparemment, y avait comme un trouble entre eux tous.

Haussant les épaules, la gouvernementale s'avança vers Roland, un sourire tout sauf rassurant aux lèvres. La précipitation du-dit Tahar chamboulait ses plans. Mais pas dans un mauvais sens. Au contraire. Cela présageait un bon carnage. Et dans son rapport, ce stupide bout d'papier qu'elle devrait remplir en rentrant, elle pourrait mentionner ce fait pour expliquer le bain de sang qu'il y allait avoir. Son sourire se fana et elle posa son baluchon dans un coin. Le tissu rouge vif n'était pas discret, aussi elle pourrait le retrouver après. Dans ses mains, comme par miracle, une dague apparut. Sans doute a-t-elle glissé de sa manche. Roland commença à paniquer, avant de bien regarder la demoiselle. Elle ignore ce qui le fit changer d'attitude, mais il parut plus... Assuré. Comme s'il pensait qu'une gamine ne pouvait rien contre lui.

Il révisa son jugement trois minutes après. Trois minutes avaient suffit pour le rendre plus méfiant. Et plus amoché. Il avait lancé une dague sur Maya, visant son cœur. Un saut sur le côté avait rendu ce lancer inutile. La dague attrapée au vol, Maya fut sur Roland en deux bonds. Deux bonds, puis deux coups. Les dagues se retrouvèrent plantées dans les mains de l'ex Sergent-chef. Bon, il a crié un peu aussi. Mais rien d'insurmontable pour les tympans de la belle. Elle sourit de plus belle et se baissa pour éviter un coup de coude, détendant son bras droit pour cueillir Roland au ventre. Au plexus solaire même. C'est suffisant pour lui couper la chique au gars. Reprenant une des dagues plantées dans les mains du type, la borgne commença par essuyer le sang dessus, un peu maniaque sur les bords. Puis, voyant qu'il avait l'air de souffrir, elle se demanda pourquoi.

Dans ces cas-là, pour comprendre la raison d'une chose comme ça, rien de mieux que de l'étudier à sa manière. Se mordant la lèvre d'anticipation, elle poussa le bonhomme jusqu'à ce qu'il tombe, et se mit à genoux sur son torse. Oh, il essaya bien de la repousser. L'est pas complètement inutile le brave homme. Juste déstabilisé. La blondinette pare le coup, mais pas complètement. Au lieu de s'le prendre sur la tempe, elle a reçu le coup de poing sur la pommette. Elle sourit, comme une malade, et mordit le poing qui passa à sa portée pour poursuivre son élan. Elle mordit, et mordit encore. Fort. Lorsqu'elle relâcha le poing, une des jointures avait lâché et la marque des dents étaient bien visible, en arc de cercle, saignant doucement. La dague vint de planter près de la clavicule droite de Roland. Maya gloussa en voyant un flot de sang jaillir et tremper la manche de sa chemise. Roland, lui, gloussa moins. Il émit un gargouillement inaudible. Peu après, la dague de Maya alla taquiner les lèvres. La taquineries était un peu trop appuyées, surtout lorsque le bout de chair alla rejoindre le sol. Nouveau gargouillement. La langue ne tarda pas à rejoindre, et puis une entaille au cou, coupant net les cordes vocales, le rendit plus silencieux.

Elle leva la tête lorsque Tahar parla, mais se re-concentra bien vite sur Roland après avoir vu qu'un de ses caniches avait clamser. D'un coup propre et net, elle coupa les tendons reliant les épaules au buste. Comme ça, Roland restait immobile. Et un gargouillement lui répondit. Elle sourit à nouveau, et sa lame alla flatter l'arcade sourcilière du type avant d'aller chatouiller le cartilage nasale. Immédiatement après, un filet de sang coula. On aurait dit qu'elle faisait des entailles pour mieux le dépecer, mais finalement, la borgne abandonna le visage en chantier et s'occupa de dénombrer les côtes, après avoir entailler le torse sur toute la longueur. Comme pour une autopsie. Les vêtements imbibés de sang de Roland avait finit en lambeau. Tous. Même le sous-vêtement -sans doute porté depuis plusieurs jours vu l'état- avait fini en bandelettes de tissus sur le sol.

La jeune femme fit une pause, le temps d'essuyer sa lame et l'autre qui venait tout juste d'être retirée de la main, et elle entailla les tendons reliant les cuisses au buste. Ses doigts couvert de sang tâtait le bout d'os qu'elle avait dénudé au niveau du genou et, à l'aide de sa dague et de quelques manipulations délicates, elle retira la rotule. Ouch, Roland a tourné de l’œil. Tant pis pour lui, il manqua le clou du spectacle. Adieux les chers et précieux bijoux de familles. Elle cligna des yeux quand une gerbe de sang jaillit, et détourna la tête. Mais trop tard, le sang coulait le long de ses joues. Elle s'ébroua un instant, avant d'continuer son œuvre. La deuxième rotule rejoignit la première. Puis le mollet fut détaché d'une torsion du poignet. Hmm. Elle le posa à côté d'elle et s'avança à nouveau près de la tête du bonhomme.

Vous connaissez Van Gogh ? L'autoportrait à une seule oreille ? Hm ? Dans ce cas, vous avez -à peu près- le tableau du visage de Roland après une coup de dague de la blondinette. Elle jeta le morceau de chair derrière elle et découpa le cartilage du nez également. Jugeant qu'elle avait fait un assez bon travail, elle détacha un bras pour faire bonne mesure et le croisa avec le mollet au-dessus de la tête du bonhomme. L'ancien Sergent-chef avait perdu tant de sang que son visage rivalisait avec la cendre froide. Et il ne se réveillerait plus, alors que le sang coulait à grands flots sur le sol de terre.


_ Quoi ?

Maya se tourna vers l'homme qui l'interpelait à présent. Elle posa son émeraude sur le logpose qu'il tenait dans la main, et haussa un sourcil. Puis son regard dévia sur les deux toutous de Roland. Hmm. Refroidi eux aussi. Joli. Elle pencha la tête sur le côté et esquissa un sourire en coin en s'essuyant le visage avec sa manche. Mauvais calcul ça par contre. Parce que la manche est aussi imbibé de sang que feu Roland ou que sa chevelure autrefois blond doré. Mais qu'importe.

_ Mission effectuée. Bon. Par contre, Maya n'est pas très satisfaite. Tu lui as piqué deux de ses cibles. T'as d'quoi payer ça ?
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Put-

-ain mais bordel de cul d’saloperie d’couilles de bite à r’ssort enculé con chier mais c’qui c’te tarée ?!

Qui c’est bordel ?!

Qui t’es ?!

Putain ?!

Putain !!

L’a été milouf le Tahar. L’a été pirate. L’a été chasseur. L’a été chassé. Bref l’en a vu l’Tahar des gars pas bien arrangés, par ses soins comme Gland n°1,5 ici présents, par ceux du Narnak ou par ceux d’un boulet d’canon qu’avait fait un strike sur un p’loton complet fauché en plein élan. Des membres à gauche, des membres à droite, du riz à gauche et un peu d’rate à droite. L’en a vu des lépreux qui s’grattaient la main et s’retrouvaient avec dix doigts sur la même paluche ou l’zgeg par terre après avoir été sep’. Des septicémeux qui larguaient leur pus par tous les orifices. Des grands brûlés qui sous l’coup d’la douleur s’arrachaient eux-mêmes l-Des trucs bien crades jte dis. Des trucs dégueux comme tu peux pas imaginer. Des trucs vraiment très sales, jte dis pas à quel point c’est indécent. Des trucs que tu cases au fond à droite dans ta mémoire, loin, loin derrière le traumatisme de quand t’étais ptit. T’vois où c’est ça ? Ben plus loin encore.

Mais ça.

Mais ça.

Bordel.

Roland. Putain Roland. On est quittes mec. On est quittes. Oublie-moi, tu m’dois plus rien. Décarre, r’viens même pas m’dire bonjour en rêve. J’te connais plus, j’t’ai jamais sauvé la vie. T’m’entends mec ? Jamais j’t’ai rendu service. Même la fois où. C’tait pas moi. C’tait l’grand Chtaenk. Ouais, Ulasayk le rouquin. Lui. Pas moi. On s’connaît pas t’as compris ? Putain.

Putain.

T’rembourser fillette ? T’rembourser putain ? Avec quoi t’veux que j’te rembourse ?

C’même pas du dégoût en fait. Gland n°2etdespoussières, avec son sabre dans l’dargeot qui lui r’ssort en pleine poitrine et les grumeaux qui vont avec, c’pas spécial’ment propre non plus. C’pas non plus l’fait d’faire splouch splouch en marchant, et attention jparle de c’splouch splouch bien dégueu qui t’fait gerber d’habitude l’matin à six heures quand tu sors d’ta tranchée pour aller combattre un jour de plus les hordes ennemies sur RedLine après trois mois d’guerre bien ouverte sur l’front ouest, c’ui qu’tu sais qu’c’est l’jus des potes que t’as pas r’vus la veille au soir. C’même pas d’la peur. Nan. L’Tahar il a pas peur bordel. C’juste ce bordel de putain d’regard complèt’ment détaché d’la môme.

Déjà, un seul œil, c’est dur à r’garder. Tu t’dis l’inverse hein ? Tu t’dis qu’c’est d’jà super chaud d’fixer un mec dans les deux globuleux à la fois, alors un seul ça doit être plus facile. Nan. Du tout. Ca c’pasque t’es une lopette mon gars. Deux yeux quand t’es couillu comme y faut, ça s’fixe tout seul. Mais t’vérifieras la prochaine fois qu’tu crois’ras un cyclope. Essaie d’pas ciller, d’jà là t’auras du mal. Mais après tu prendras un borgne, et là tu comprendras c’que jveux dire. Et pas un borgne civilisé qu’a un œil fermé ou un bandeau pour cacher la mocheté. Nan, un borgne qu’a une orbite vide. Ouverte et vide. Et pis t’viendras m’dire qu’ça t’fout pas mal à l’aise. Et si tu fais style ça t’fait rien, j’te présenterai la gamine. R’peinte en rouge des bottes aux tifs. Puant l’sang séché à cent mètres. R’gard émeraude comme ton serviteur. Blonde dev’nue rousse pendant la manip. Pas vingt berges. Et c’te putain d’regard de psycho complèt’ment dégénérée. Et là tu m’diras.

T’rembourser fillette ? T’rembourser put-Faut qu’jsorte tu m’excuses.

De l’air enfin. R’saissis toi mon grand. R’saissis-toi bordel. Vas-y marche un coup ça t’fra du bien. Direction l’port. Niveau matos l’logpose suffira pour aujourd’hui, tant pis.

Pense à la poulie. La poulie qui tourne. C’bien une poulie qui tourne. C’calme. C’régulier. C’te bouch’rie putain. Ca tourne. Ca tourne une poulie. Là. C’est calme une poulie. C’est rond, c’est cool. Fhhh. Là. Touut doux.

…Hinhin. Que d’émotions. Ca f’sait longtemps. Note pour plus tard : ne pas manger avant d’aller dans la prochaine contreband’rie où y risque de s’passer des trucs pas orthodoxes. V’là, sourire canaille aux lèvres. Tahar’s back on track baby. Gnuh. Ah tiens nous v’là au port. Final’ment c’tait pas si loin qu’ça ta boutique Roland, oublie aussi c’que j’ai pu dire sur ta bout-Ah t’es toujours là, toi. Ptain arrête de m’mater com’ça j’ai l’impression d’voir une hyène qu’attend qu’j’clabote complet pour m’entamer à la canine. T’sais, comme quand, parce que c’jour-là t’es dans un bon jour, t’attends par bonté d’âme l’dernier soupir d’un vioc bien garni pour l’délester d’son larfeuille sans qu’il ait l’impression d’trépasser en ayant déshérité ses rej’tons qui comptaient sur lui. Tu t’en fous de c’que j’raconte, jvois bien.

… D’quoi payer hein ?

J’ai rien en poche, là, mais si c’est l’body-art ta spécialité y aura du matériau là où jvais. Une seule règle : tu dépèces personne à bord de la Sublime. Ouais : la Sublime. La coque de noix qu’est là-bas. Si t’es okay avec ça, on embarque quand t’es prête.


Moi jpionce dehors sur l’pont, toi d’dans et enfermée d’l’extérieur. Aucun doute que tu sauras sortir comme une grande mais au moins j’t’entendrai t’ram’ner.


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Et là, un autre sourire fleurit sur les lèvres de la gamine à l’œil d'émeraude. Un bon vieux sourire ravi en constatant l'effet qu'elle avait sur le type en face d'elle. Celui-là même qu'elle a entendu s'présenter avant d'annoncer aux zouaves qu'il allait les tuer. Elle réprima un gloussement et l'observa sans broncher durant tout le temps qu'il mit pour s'remettre du carnage qu'elle venait de faire. Sûr qu'elle avait eu du temps pour se perfectionner d'puis sa première mission -en compagnie des CP9- ou elle avait découpé quatre-cinq types. Et apparemment, ça paye. Elle finit par ranger son sourire, un peu dément vu les circonstance, et se contenta de le lorgner d'un air imperturbable. Une brise s'engouffra dans le magasin et secoua ses mèches teintées d'écarlate. Et puis finalement, le grand bonhomme sort de la boutique. Sans doute pour échapper à la puanteur qui commençait à envahir la pièce pense-t-elle.

Sans dire un mot, elle lui emboîte le pas, jetant un dernier coup d'œil à la scène. Elle imagina déjà ce qu'elle mettrait dans son rapports. Rapporter les faits, bien sûr. Enrober un peu ? Of course. Il fallait bien justifier les frais de psychologues que ne manqueraient pas d'engager ceux qui découvriront cette boucherie. Elle hocha la tête, un peu pour elle-même, et franchit le seuil de la porte, laissant derrière elle ce qui ne suscitera jamais un remord dans son esprit. Elle inspira l'air frais, récupéra son baluchon, et trottina sur les pas du m'sieur Tahar. Elle avait un sourire amusé aux lèvres, mais le sang séché sur ses joues l'emmerdait un peu. C'est pas que ça craquelait un peu à chaque expression faciale, mais... Un peu quand même. Elle s'arrêta un instant, le temps de tirer un mouchoir de tout son bardas, et elle reprit sa marche tranquille, suivant le personnage devant elle, tout en s'essuyant le visage pour se débarrasser de cette impression d'avoir la peau qui se ride et craque de partout. Elle grignote aussi un bout d'chocolat, pour faire bonne mesure, et verse un peu d'eau de sa gourde sur le mouchoir de tissu encore à peu près blanc pour s'essuyer les mains et correctement le visage. Le mouchoir devint vite couleur rougeâtre, mais au moins le teint de la sociopathe était-il à nouveau éburnéen. Ou presque. Ses joues étaient légèrement rosies. L'excitation du moment précédent ou le rythme rapide de ses petites jambes par rapport aux pas tranquilles des grandes jambes du Tahar ? Mieux vaut ne pas trop y réfléchir.

Enfin, ils s'arrête. Pas que ça soit tellement loin, mais les paupières de la gouvernementales se faisaient un peu lourde. Comme quand elle va s'endormir. D'ailleurs, elle vacille un peu en s'arrêtant, mais son regard reste fermement planté sur la grande silhouette devant elle. Et l'étourdissement pas. C'est pas encore pour cette fois le coup du « j'dors debout ». Maya cilla toutefois. Et réfléchit un instant. Une moue songeuse sur les lèvres, elle pencha la tête d'un côté, puis de l'autre, comme une sacrée marionnette. Elle esquissa ensuite un sourire satisfait, et on pourrait presque l'entendre ronronner de plaisir. Elle hocha la tête.


_ Elle est okay, ça roule. Mais elle va juste prendre un truc à la droguerie du coin. Elle en a pas pour longtemps, elle revient. Tenez-lui ça siouplaît.

Et voilà qu'elle pose d'autorité son baluchon dans les bras de son interlocuteur, récupérant sa dague qu'elle glisse dans sa manche, et file vers les boutiques de l'autre côté du port. Elle attire l'attention ? Et alors ? Elle sourit de toutes ses dents, et trottine vers le magasin qui la ferait saliver d'avance. Elle flâne ensuite parmi les allées, et s'arrête sur son présentoirs fétiche. Un coup d'œil en entrant lui a appris qu'le marchand était occupé à faire le joli cœur avec la boulangère du coin, et qu'elle était la seule cliente du magasin. Elle embarqua alors deux petits colis, et sortit dans la rue comme si de rien n'était. Elle aurait pu payer, mais n'avait pas prit de quoi faire les boutiques lorsqu'elle avait fait son baluchon pour partir en mission. Elle mentionnerait donc ces colis dans un coin d'son rapport. Juste histoire de.

Les colis à la main, un kilo et demi chaque, facile, elle regagna l'endroit où, apparemment, était amarrée la Sublime. Elle s'arrêta au bord de l'eau, le temps de plier le genoux, tremper la botte, reposer le pied au sol et faire de même pour l'autre, et elle réunit les deux colis dans une main pour sauter à bord en prenant appui sur le bastingage. Zou, facile. D'ailleurs, elle n'avait pas fait gaffe d'où était son nouveau compagnon d'bord, mais elle avait repéré l'entrée pour aller entreposer son trésor.


_ Bon. Tu touches pas à ça. C'est sacré. Mais si elle peut faire quelques chose pour aider, dis-le lui.

Regardez donc son sourire amusé, alors que la Sublime prend son envol, voguant sur l'eau en s'éloignant du port. Elle s'accouda au bastingage, face vers le port, et observa le chocolatier qui soudain sort de sa boutique pour vitupérer à propos d'une sale petite voleuse de blondasse et de trois kilos d'chocolats perdus. Elle croque dans le dernier carreau qu'elle avait sur elle, et savoure le goût du chocolat sur ses papilles. Elle hume l'air salée du large, et se retourne pour faire face à l'océan.

_ Tu t'appelles Tahar d'après c'qu'elle a entendu, non ? Elle c'est Maya. Enchantée.

Elle reste quelques instants de plus à l'observer, à observer le rafiot, et finalement ses yeux, non pardon, son œil se ferme tandis qu'une douce langueur s'empare de son corps et qu'elle glisse le long du bois pour finir sur le pont. Elle pionce. Encore. Pour combien de temps ? 'Verrez bien.
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Ah ben vas-y, t’emmerdes pas tant qu’t’y es, donne-moi tes valises, cours faire tes courses, et Tahar-valet va s’en occuper… Non mais. T’vois c’que j’en fais d’ton sac ? J’le balance, zou. Boum cont’ le mât. Jsuis un fou moi aussi. Hinhin… T’parles. Bon j’espère quand même qu’y avait du fragile d’dans. ‘stoire de. Maint’nant qu’jsais qu’t’es une psycho –et m’dis pas l’contraire, une marmote qu’parle d’elle à la troisième personne, ça passe à cinq piges, moins à vingt– qu’a un gros problème dans sa tête et qu’est douée à c’qu’elle fait… maint’nant qu’jsuis prév’nu, on peut s’clasher quand tu veux. Ca mettra d’l’ambiance pendant la traversée et j’pourrai m’défendre sans tomber sur l’cul s’t’essaies soudain’ment d’me faire une chemise avec la peau des roustons. … La traversée, d’ailleurs, merde. Avec tout ça j’ai pas rempli les placards, on a failli partir à vide, et surtout à sec. Bon. Une échoppe.

…Mh. Trop exposée.

… …Mh. Trop d’monde.

… Mh. Ah, voilà.

Salut la compagnie. Tahar Tahgel, mis à prix. Ah ouais : j’ai pas eu l’temps d’demander au gars Roland, mais la nouvelle a pas encore atterri dans vot’ pat’lin d’bouseux ? Hm. T’m’étonnes, c’pas par ici non plus qu’j’frais circuler les avis d’recherche en premier si j’tais à la place des goélands en charge.





Ah te v’là fillette. T’en faut du temps pour deux paquets. C’quoi ? Nan réponds pas, j’m’en fous. Et grouille, tu t’nettoieras l’cuir plus tard. Grimpe vite bordel, j’largue les amarres dans un, deux, hop. On va avoir d’la compagnie. Y s’trouve que l’tenancier a pas bien aimé quand j’lui ai dit qu’j’avais oublié mon maroquin, et qu’ses fils ont commencé à m’courser quand j’ai appris à son g’nou une nouvelle position. Sont susceptibles les gens ici, hein ? Ben tiens les v’là d’ailleurs. Ah mais non… Ah c’est pour toi, ceux-là, chtiote ? Ouais, ouais, saluut les gars. Nan mais jsuis désolé, elle est jeune encore, elle s’rend pas bien compte, tout ça tout ça. Et puis bon, ’l’avez choisi en restant à LasCamp, hein. C’pas comme si on était en territoire honnête. Ouais, tchô pareil, rentrez dans vos pénates. La paix sur votre maison.

… Bon, qu’est-ce t’as butiné, toi, encore ? Du sacré ? Nan t’inquiète, jtouche pas. J’ai tout c’qui m’faut dans c’te bouteille là, t’vois. Ca, toi, tu touches pas. S’t’en veux d’autre y a une caisse offerte par… ces messieurs qui débarquent là-bas, tu les vois. Bye bye pareil les mecs ! Et un prompt rétablissement à vot’ paternel surtout ! Enfin la rotule c’pas gagné, héhé… Bon, donc jsais pas si t’es amatrice, gamine, mais t’tapes dedans si ça t’prend, y s’ra pas dit qu’j’aurai pas r’çu une d’moiselle, fût-elle totally barrée comme toi, en m’montrant pas gentleman. Mi casa es tu casa comme y disent sur South. Enfin pas trop quand même. T’enfreins la règle qu’j’t’ai dite plus tôt et jte donne à bouffer aux r’quins et tant pis pour not’ arrang’ment. Ou jte donne les r’quins à bouffer, ouais, aussi. Hm.

Nan, pas la peine d’aider. T’vois, ça s’fait tout seul. L’vent est dans la bonne direction, ni trop fort ni trop pas fort, la mer tranquille, l’clinquant clinque comme y faut, les mouettes –les vraies, déstresse– nous disent au revoir dans leur langage de mouettes, et à nous l’large. Juste à bloquer la barre et cap sur… Cap sur où d’ailleurs ? Une idée ? Hm, des corps, te faut des corps c’est vrai. T’as une préférence sur la couleur, les noms ou la forme ? … Bon, ben on va aller par-là hein. Y aura bien un truc tout droit à moins d’vingt révolutions.

Maya hein ? Ouais, enchanté pareil. Jte serre pas la main, tu permets ? Nan, la bise non plus jpense. D’ailleurs y t’en reste un peu, là. Juste sous l’œil. L’autre, le vide. C’t’original comme maquillage, la dernière qu’j’ai vu faire ça c’tait… c’tait La Harpie, Cap’tain Céléno. Ma’am. Ouais, jpense bien qu’tu connais pas, ça date du temps où j’ai atterri à Marie-Joa. T’étais pas née encore ptêt même. Ah, chic donzelle que celle-là. M’fin bref. Ses peintures de guerre, ça f’sait un peu comme toi. Sauf qu’elle avait deux yeux quoi. Légère différence. Hinhin, c’tait mouv’menté c’te mission qu’on avait fait tous les deux elle et moi, sur l’archipel Ka-

"Mission" hein…

J’rêve où t’as causé d’mission accomplie chez l’gars Roland ? P’tain, et maint’nant t’es à mon bord. Tahar, mon canard, c’ta journée. …Maint’nant qu’j’y pense, r’marque, t’aurais bien l’profil pour être une chienne des Cinq Etoiles. Dans un aut’ genre, y en a une autre à qui tu r’ssembles. Tvois pas qui ? Viper, ça t’dit rien ? Ah la v’là qui pionce. Bravo la jeunesse, ‘reus’ment qu’j’tai pas d’mandé d’t’occuper d’la voilure hein. Bon, aucune raison qu’tu connaisses, ’tfaçon, j’ai entendu dire qu’elle avait pris sa r’traite après m’avoir fait oublier. Chic gonzesse aussi celle-là. L’a d’mandé un peu d’travail au corps comme toute rouquine qui s’respecte, mais une fois apprivoisée…

…M’fin au moins jsuis prév’nu. Et un Tahar prév’nu en vaut deux. Stu calcules bien ça veut dire beaucoup. C’pas à toi qu’jfrai du charme jpense –sorry baby, l’œil en moins ça r’froidit– mais en tout cas, même si ç’a pas l’air d’être dans tes objectifs pour l’moment, jsais qu’jpeux m’attendre à t’voir essayer d’attenter à mes jours sous peu. C’sra l’moyen d’régler définitiv’ment nos comptes, tiens…


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