Posté Mar 15 Juin 2021 - 0:59 par Peeter G. Dicross
Un jour, un bon zigue m’a sorti autour d’une vieille bouteille de rhum que la rancune a les chicots acérées. C’est foutrement vrai, je peux te dire que mes dents sont plus affûtées que des meitous ce soir. J’ai les morts, comme dirait l’ami Billi. Il parle un langage à la con le Billi, c’est pas tous les jours évident de biter ce qu’il dit, mais il dit vrai. C’est connu, les rancuniers et les colériques aiment la vengeance. Moi, je suis le plus rancunier et haineux de tous les fils de chiens de cette ville. North Blue, sale pétasse, t’auras bien failli avoir ma peau à plusieurs reprises. Je te hais, ce que je te hais. Je me vengerai de toi aussi, un jour, je crois. Enfin pas de toi, mais de ceux qui t’ont rendu comme ça, qui t’ont pourri jusqu’à la moelle, rendu ton air irrespirable et tes ruelles si infâmes, si dangereuses. Je te rendrai la vie en ruinant celles de ceux qui t’ont assassiné. Je vais les éteindre et tu retrouveras tes couleurs, compte sur moi ma vieille.
Mais avant, j’ai une affaire à régler. Je dois faire un détour sur le chemin du grand nettoyage, de la purification par le sang, le feu et les balles. Ca va pas être beau à voir, on va se salir les mains plus que jamais, mais cette fois ce sera pour une cause en laquelle je crois, pour un but qui me tient à cœur, pour ce que je veux accomplir et non pour les caprices d’un lourdeau pété de thunes. Talia ma belle, j’ai pas arrêté de penser à toi depuis ce jour. Tu sais, ce fameux jour où on t’as fait sauter la cervelle d’une balle en plomb. Cette scène me hante avec un tel acharnement que les cauchemars qui manquaient pas jusque-là ont doublé en intensité, mais la plupart te concernaient. Je crois que mon cerveau, mon foutu subconscient ou une merde dans le genre essayait de me dire un truc que je savais déjà, ces enfoirés avaient pas le droit de t’arracher à la vie. Encore moins pour mes conneries. J’avais déjà assez de culpabilité qui me rongeait, j’en respirais à peine, à me droguer sans arrêt et à me saouler au rhum pour fermer l'œil, mais avec ta mort… ton meurtre… par ma faute…
J’ai la pogne qui se resserre de rage autour du manche du marteau que je tiens. Ouais, un bon vieux marteau. Je vais faire ça salement ce soir, je veux pas épargner ce sale enculé. Cette sombre merde va voir les morceaux de sa cervelle voler en lambeaux à chacun de mes coups, comme dans cette image atroce qu’il m’a laissé de toi, qu’il a gravé dans ma mémoire de la plus douloureuse des manières. Justement la souffrance, il va en connaître toutes les subtilités, va redécouvrir le concept de géhenne lui qui adore martyriser ses victimes. Petit salopard sadique, ça va te faire tout drôle de goûter à ta propre médecine. Je l’attends chez lui, comme un gentil homme que je suis. Les miches posées sur son fauteuil, dans l’obscurité. On sait que ça a toujours son petit effet, on s’en lasse jamais. Je tenais à faire ça chez lui, question de principe. Je me suis habillé pour l’occasion, laissé la casquette changé complètement de tenue. Un costard cravate plus sobre, plus passe-partout, de moins bonne qualité que ceux avec lesquels j’ai l’habitude de me fringuer. L’idée, c’est que ceux qui ont pu me voir entrer et ceux qui me verront sortir feront pas le lien avec moi. Mieux encore, depuis mon arrivée sur North je suis sous cette nouvelle identité. Personne n’a vu Peeter Guilhem Dicross foutre les pieds à Manshon depuis des mois et ça restera comme ça tant que je l’aurais pas décidé.
Spoiler:
Peeter dans sa tenue de soirée.
Oh, pour la trogne j’ai foutu un masque. Dans une boutique sur une petite île sympa, ambiance glauque mais parfaitement dans les tons recherchés. Certain que Chehstair appréciera, en tout cas. En parlant du loup, j’entends ses grosses bottes violenter les marches de l’escalier menant à la porte d’entrée. Pas d’hésitation dans sa progression de ce que j’entends, il a pas l’air de savoir que je suis là ou alors il feint bien l’ignorance le saligaud. Le temps qu’il grimpe la totalité des marches et retire la sécurité à sa porte, l’ouvre et s’engouffre à l’intérieur de toute son imposante carrure, y’a le plat de la tête du marteau qui lui fracasse une rotule. Hurlements, incompréhension, sentiment de panique et les mains qui se portent au genou touché. Le retour se fait pas prier, l’arme vient cogner sur la mâchoire, l'envoyant à terre. Coucou Chestair Kanbell, c’est le karma qui frappe à ta porte. Enfin dans ton cas, il vient de frapper pleine gueule.
Posté Mar 22 Juin 2021 - 2:45 par Peeter G. Dicross
Spoiler:
Chestair Kanbell.
Ploc, ploc, ploc. Coule le sang de la plaie sur la mâchoire, des gouttelettes qui tombent en cadence depuis une bonne dizaine de minutes maintenant. Une petite flaque s’est formée aux pieds de Chestair, ce sac à merde qui pionce depuis le dernier coup que je lui ai envoyé. La blague, il a un gros corps tout musclé mais il est pas foutu d’encaisser un revers au marteau. Grognements étouffés, mouvements des membres, discrets, endormis, la Belle au bois Dormant sort de son royaume. Quelques secondes de répit, pour émerger, pour se remémorer ce qu’il fout là, ce qui lui est arrivé, d’être rattrapé par la douleur de son genou souffrant. Le regard qui divague, se pose un peu partout sans se fixer, jusqu’à apercevoir une silhouette, cul posé sur le canapé tourné en sa direction. Son canapé. Mes fesses. C’est chez moi ici ce soir. Je le mire, bouche fermée, regard perçant. Je l’ai suspendu, poings liés à une poutre au plafond, les panards qui touchent le sol tellement qu’il est grand. Juste assez pour s’appuyer sur ce genou affaiblit.
Un genou que je m’en vais fracasser une seconde fois, me levant du fauteuil sans un mot pour y balancer un gros coup de marteau. Un craquement significatif, quelque chose s’est brisé à l’intérieur. Il hurle mais j’entends à peine, le torchon crade que je lui ai foutu dans la bouche y est pour beaucoup. Je veux pas que ces hurlements ameutent tout le quartier et interrompent la soirée. Tu sais pourquoi je suis là, hein. Bouteille de rhum posée sur la petite table à moins d’un bras de moi, petite clope au bec. Le ton est froid, calme. Tu te souviens de ce que tu m’as dit après lui avoir fait sauter la cervelle ? M’oblige pas à revenir, Dicross. Cette expression du visage. Ouais, voilà, maintenant il a deviné qui se cache sous ce masque. Maintenant il sait qui va lui faire sa fête, connaît le nom et la face de son bourreau. Maintenant il peut l’avoir bien mauvaise. Je l’ai fait, je l’ai pas fait revenir. Non, je suis allé directement le chercher moi-même. Je sais pas si on t’as mal renseigné ou t’es juste trop con pour y avoir pensé, mais tu t’es jamais dit que je viendrais te faire payer pour ce que t’as fais ? Réelle question, ça me turlupine vraiment. De la haine dans ses yeux pour seule réponse. Soit. Je sais pas mec, t’aurais pu te renseigner un peu sur l’enfoiré de fils de chien que tu venais secouer. C’est la base dans le milieu.
Disons que ça vous évite de mauvaises surprises de ce genre. S’il s’était renseigné, il aurait su qu’il valait mieux me buter directement après avoir flingué Talia. Bouffée d’opium tirée, une grosse gorgée de rhum descendue. Ferme les yeux, canalise le déluge d’émotions qui me dévaste à l’intérieur. C’est un effort de tous les diables pour ne pas simplement péter un plomb et lui désosser la fiole. Je suis pas celui qui crève, Chestair. T’aurais dû savoir que j’allais revenir pour toi. Mais je pense que Bambana a minimisé la chose, ou alors c’est Anatoli qui me sous-estime toujours autant. Dans les deux cas, ils s’en mordront les doigts eux aussi. Si Kanbell pouvait accéder aux siens, il se les boufferait jusqu’à l’os. Une foutue bastos dans le crâne. Juste sous mes yeux. T’y es pas allé doucement sérieux. Il m’a fait vriller ce jour-là, a réveillé quelque chose contre lequel je luttais depuis des années. Ironiquement, ce quelque chose a pris place au fur et à mesure que j’exécutais les ordres du Padre. Ces enfoirés ont fait de moi une partie de ce que je suis aujourd’hui.
Tu sais que je la vois toujours ? Pas foutue de foutre le camp, de me la sortir de la tête. C’est un putain de cauchemar. Endormi, éveillé, ça arrête pas. Et j’ai besoin mec, j’ai besoin que ça sorte, qu’elle sorte. J’en ai besoin putain, j’en ai vraiment besoin. Je vais finir par me fracasser la tronche en bas d’une falaise sinon, c’est devenu insupportable comme douleur. Puis ce fardeau, ce poids lourd que pèse ces remords, cette culpabilité. Et c’est toi qui l’y a mise, c’est de ta faute t’entends ? Ta putain de faute. Toi, foutu psychopathe que t’es. Et tu vas mourir pour ça, pour que je puisse vivre. Tu vas payer sale enfoiré. Me lève une nouvelle fois, pour lui écraser la tête du marteau sur le crâne cette fois. Puis une seconde, parce que j’en ai besoin. Chaque coup est un soulagement, un foutu exutoire. Je peux pas te promettre que ce sera rapide, parce que je sais pas combien de temps ça prendra. Mais tu vas souffrir, ça je te le garantis. Je retourne m’affaler dans le fauteuil, pose le marteau ensanglanté sur la table, à côté de la bouteille. Termine ma cigarette, écrase la fin au sol.
Le verre est terminé cul sec. M’en sers un autre que je vide dans la foulée. Y’a un trop plein de colère qui m’assaille depuis la seconde où il a passé cette porte. C’est si fort, je pourrais presque entendre Talia me hurler de lui dégommer la cervelle comme il l’a fait avec elle. De sous le manteau, je sors mon pistolet à silex, puis la balle. La fameuse balle qui a servi à buter ma chère Talia. Cette femme, cette merveilleuse a pris une foutue balle pour moi. J’ai tellement de haine en moi, ça me fout en l’air. Je vais me foutre en l’air. Je vais foutre cette putain de chiasse en l’air. Foutu putain de monde de merde. Un nouveau verre cul sec. Je sais que t’as un gosse, Chestair. Je le sais, je sais même où il est en ce moment. Je t’avoue que je sais pas encore si je vais aller lui éclater sa petite bouille avec ce même marteau qui va réduire en charpie la tienne. Ce serait fendard, non ? Il s’excite, hurle tout ce qu’il peut dans son bâillon, gesticule comme un singe en cage. Totalement impuissant, faible et apeuré. Exactement ce que je veux qu’il ressente. Exactement ce qu’il m’a fait ressentir. Oeil pour oeil, salope.
Je pense pas le faire. Mais tu sais, on sait jamais justement. Ce que t’as fais m’a foutu en l’air, t’as éparpillé le peu d’ordre que je gardais difficilement en place ici. Mon index tapote sur ma tempe. Fragile équilibre cimenté par beaucoup d’alcool, d’opium et le désir de changer. Mais toi Chestair, t’as tiré en plein dans son crâne comme si de rien était et tout envoyé valser à l’intérieur du mien. Sacré coup dur que j’ai encaissé. Maintenant, je sais plus. Je sais pas. Tu sais ce que ce job à la con fait faire, ce qu’il fait de toi et la merde qu’il fout dans ta tête. On se retient tous comme on peut, chacun notre manière. Mais toi, t’as tout fait sauter, j’ai plus rien envie de retenir maintenant. Je veux juste me défouler, tout évacuer et hurler ma rage à la gueule de tous. Taper pour sortir ce qui tourne pas rond chez moi, sortir toute la merde qui me ronge, me dérange. Et ça commence ici, avec lui.
Me lève encore une fois et cette fois enfonce les deux dents du marteau dans sa cuisse droite, l’y laisse. Déguste un peu pendant que je me sers un autre vers et m’allume une nouvelle cigarette.
Posté Sam 3 Juil 2021 - 17:27 par Peeter G. Dicross
La fumée de ma clope emplit la pièce depuis une bonne heure et demie maintenant, les pièces étant toutes fermées. Plus d’une heure que j’ai commencé la torture oui, c’est un miracle qu’il soit pas encore mort. T’as quand même moins de gueule dans cet état, salopard de merde… Je suis pas d’humeur à sourire sous le masque, me contente de l’observer se vider de son sang comme le goret qu’il est. Pas un endroit du corps que j’ai épargné de mon marteau, même ses burnes je les ai écrasé à plusieurs reprises. Ce petit enfoiré s’est mis à pleurer au bout de l’heure passée, je crois. ‘Faut dire que se faire pulvériser les doigts de pieds un à un, ça aide pas à garder la face. Tu crois que t’as assez souffert comme ça ? Une faible lueur d’espoir dans un regard quasi-éteint, à l’abandon. Le gars sait que je lui demande ça pour savoir si je dois en finir tout de suite ou continuer de lui faire du mal, pas le libérer. Mais de savoir que son calvaire pourrait prendre fin maintenant, ça le réconforte un minimum.
Tu souffriras jamais assez à mon goût. Ce qu’il a fait peut pas être compensé, même par une éternité de souffrance. Mais j’ai aucune envie de m’attarder plus longtemps ici, j’ai eu ce que je voulais. Me défouler tranquillement, lui faire comprendre sa connerie et venger un minimum Talia. La première étape de ce long processus vengeur est sur le point de s’achever. La vie de Chestair aussi. De sous le manteau je sors mon pistolet en silex, ainsi qu’une balle. Une seule, celle que j’ai fait extraire de la boîte crânienne de Talia. Sur laquelle j’ai gravé le nom de l’enfoiré qui l’a tiré, cette bastoss. En la faisant tourner entre mes doigts, immaculée, je vois l’inscription. Chestair Kanbell, cette munition était la tienne tu te souviens ? Moi je ne l’oublierai jamais. Un juste retour des choses que de te rendre ce que tu as semé, non ? Bouche étouffée par le torchon comme il est, il pourra jamais me répondre, mais j’ai besoin de lui parler, j’en ai foutrement besoin. Vu l’état dans lequel j’ai laissé ses mâchoires, pas certain qu’il pourrait articuler un mot même si je lui en laissait l’occasion.
C’est finalement dans un soupir que je glisse la balle dans le canon chargé en poudre, avant d’en diriger l’extrémité vers ma tempe. Là, flingue braqué contre ma caboche, mirettes collées dans celles du pauvre type désespéré face à moi, je cogite. Comment on en est arrivé là, pourquoi, les conséquences, les répercussions des conséquences, ce qu’il reste encore à accomplir. J’aimerais vraiment appuyer tu sais. Mais je peux pas, pas maintenant. Il me reste encore des choses à accomplir, des vies à briser, des familles à décomposer, du sang à répandre. Le flingue change de direction, se porte sur une nouvelle cible, sa cible originelle. Monsieur Chestair plus mort que vivant. Pour une fois, je vais prendre plaisir à tirer. C’est ni pour le business, ni parce qu’on m’a forcé la main, juste pour moi. Et elle. Je vais pas la regretter cette mort, je vais pas la revoir chaque putain de nuit dans mes cauchemars, elle va disparaître immédiatement de mon cerveau torturé. En revanche, l’image de cette chiure crevée, je vais la garder précieusement comme réconfort, source de motivation.