Posté Mer 23 Juin 2021 - 1:47 par Robina Erwolf
Robina remonta à la surface, suivant les torches pour trouver son chemin dans l’obscurité. Une dizaine de personnes composés de tritons ainsi qu’hommes-poissons se trouvait au sommet de la pyramide, pour surplomber le combat et tirer sur leurs ennemis. Néanmoins, ils constituaient des cibles parfaites pour les hachettes ennemies, ils se retrouvaient ainsi handicaper. Les cannibales semblaient être restés à distance, énervants la meute de leurs éructations haineuses.
Sur la pente du temple, chaque guerrier s’attendait à recevoir la charge de leurs ennemis. Tous étaient armés, une lance, une épée, un bouclier, voire même ponctuellement une hache de bataille. La cuisinière se joignit à eux, bien que peu à sa place, elle ne l’était pas non plus en bas, à regarder les artisans travailler. Sur le chemin, le capitaine avait cédé en lui disant qu’elle pourrait rester avec eux s’il y avait conflit. Elle se positionna légèrement en arrière, derrière un bloc trois fois plus large qu’elle, prête à bondir si on avait besoin d’aide de sa part.
Elle attacha le fourreau de Libertalia, le sabre d’abordage derrière elle, pour le dégainer rapidement de sa main gauche en prise inversée. La dague trouva sa place sur son côté droit quand une panthère plongea sur une homme-anguille, cependant celle-ci rebondit sur l’énorme pavois de bois que l’un des seins érigea devant l’assiégé. Ce dernier répliqua de son épée longue qu’il fit tournoyer avant de l’abattre, tranchant l’épaule du fauve. Il releva sa lame en un arc de cercle qui s’abattit pour trancher la tête de la bête.
De tous côtés, les bêtes plongeaient sur les défenseurs, les yeux étincelants. Sur la droite de la chasseuse de primes, un triton remonta son bouclier rond au dernier moment. La mâchoire de la panthère se brisa dessus. Tout autour d’elle ses congénères gémissaient d’impatience, se bousculaient, attendant fébrilement l’opportunité pour combattre. Le triton repoussa la créature d’un coup de botte, sa lance fusa pour exploser le crâne et son contenu. Son voisin intercepta un coup de griffes en tout hâte, frappant de sa hache. Son arme partit dans une taille horizontale, mais le fauve bondit en arrière, avant de relancer son assaut d’un sursaut agressif.
Un des archers, au-dessus, couvrit son compagnon en tirant un trait juste avant le contact. La panthère feula de dépit en se faisant repoussée dans la pente. Constatant que la bataille se passait bien sur deux fronts, l’ancienne seconde en profita pour se décaler sur la gauche, pour voir ce qu’il s’y passait. Elle repéra deux autochtones et quelques félins profitant du chaos ambiant pour se faufiler, légèrement à l’arrière. Elle les suivit du regard un instant, si ceux-ci parvenaient au sommet, le groupe d’hommes de l’océan se ferait submerger.
Se faufilant de racines en rocher, elle prit son élan, courant perpendiculairement à ses futurs adversaires. Ces derniers ne l’avaient pas encore repéré. Elle posa sa main sur la poignée du sabre et elle plongea dans le champ de bataille. Elle sauta dans le vide, droit sur ses ennemis. Elle retomba sur le dos d’un fauve qu’elle égorgea dans l’instant avec Libertalia, l’acier du sabre aussi tranchant qu’au premier jour.
Elle fit un pas de côté, se redressant à côté d’une panthère blessée, se baissa pour esquive un revers de griffes, empoigna sa dague et la plongea dans le cou de la bête, qui s’écroula morte. Le temps semblait se dérouler au ralenti tout autour d’elle, le groupe d’ennemis se retourna en voyant apparaître la nouvelle combattante. Elle roula sur la pierre, passa la main derrière son dos et la détendit pour frapper. Le tranchant de sa main toucha le guerrier qui se retrouva projeter trop proche des défenseurs, qui eux, n’eurent aucune pitié pour l’abattre.
Une panthère bondit sur elle, par l’arrière. Alertée par son rugissement, la jeune fille aux cheveux bleus se laissa tomber au sol par instinct. Le carnassier retomba sur le sol abattu d’une flèche entre les deux omoplates. Pourtant, Robina se relevait déjà, en mouvement, contrée sur un nouvel adversaire. La cuisinière se sentait gagnée en force, en puissance, le sabre d’abordage dans ses mains fusionnant avec elle.
Elle n’avait jamais vécu cela avec un couteau de cuisine, était-ce, ce qu’on appelle trouver chaussure à son pied ? Il ne lui restait qu’un Tikishe ainsi que deux panthères à affronter. Ses mouvements se firent plus fins, plus gracieux. Pour la première fois de sa vie, elle se laissa porter par le chant de la guerre qui fusait tout autour d’elle. D’un unique mouvement, elle fit tomber au sol les deux bêtes qui lui faisaient face, leur corps découpée, tranchée par la dague et Libertalia.
Voyant ce petit exploit, le dernier des assaillants voulu faire demi-tour. Cependant, la défense avait repris sa place et il fut vite encerclé par les hommes du village de Tevall. Un seul cri avant que sa vie ne se finisse. La Sanderrienne reprit contact avec la réalité, avisant ce qu’elle venait de réaliser. Elle était incapable de se remémorer comment elle avait accompli cet exploit. Elle en avait bien une petite idée, pourtant, elle secoua la tête avant de retrouver sa place dans la défense.
Les hommes-poissons avaient besoin d’elle. Cependant, ils tenaient toujours bon. D’énormes porteurs de pavois se déplaçaient pour stopper l’avancée de la vague cannibale. Ils étaient conscients d’être le barrage qui stoppait ce flot incessant d’ennemis. La moindre erreur de leur part pouvait entraîner la mort de l’un d’eux voire la fin de cette expédition.
Les artilleurs cherchaient toujours à placer leurs flèches, sans grand succès. Un espace trop exigu et des risques trop élevés de toucher un allié. Un TIkishe profita de l’ardeur des combats pour ramper du côté des archers, se faufilant lentement à travers les débris de racines et de blocs de roche. Il sauta sur un homme-requin, et le frappa d’un revers du plat de sa hachette au coin du crâne. L’archer s’effondra, en faisant tomber son arme. Le cannibale leva sa hachette, sa lame visant le cou offert de l’homme des profondeurs.
Lancée à pleine vitesse, la chasseuse de primes le percuta dans les côtes. Ils chutèrent tous les deux, sans daigner se relever, le guerrier du Téphrop se détendit et frappa d’un revers de sa hachette. Allongée elle aussi, la naufragée roula sur elle-même pour éviter le coup. Elle regroupa ses jambes qu’elle joignit avant de les balancer dans la bouche de son adversaire. Prenant appui sur ses mains, elle se redressa à genoux et plongea sur l’homme armé, d’une bourrade, elle l’envoya rouler pour redescendre la pente.
Un deuxième allogène avait suivi le même chemin détourné que son comparse. Il sauta sur une femme-poulpe avec une arbalète, occupée à mettre en joue une panthère. La snipeuse malmenée cria, faisant tourner les regards vers elle et laissant un trou dans la défense déjà ouverte. Deux bêtes se ruèrent dans le passage dégagé pour tomber sur un homme-baleine qui les accueillit d’un revers en vertical remontant.
Les panthères bondirent en même temps sur leur adversaire. L’un d’elles finit avec la tête qui vola tandis que la cuisse du requin finit ouverte. La seconde des deux se retourna pour finir le travail, mais un trait d’une des sentinelles la faucha en plein vol. Aux prises avec le guerrier, la femme-poulpe reçut un coup au visage. Elle répliqua d’un coup de genou dans l’entrejambe. Robina surgit derrière le cannibale et lui trancha les tendons à l’arrière des genoux, rendu incapable de se tenir debout, elle le balança de là où il venait.
L’arbalète tira au moment où son utilisatrice se releva. Une panthère qui pesait de tout son poids sur un de ses compagnons, allait lui déchirer la gorge. Le carreau finit sa course dans l’œil, mettant fin aux jours de la créature. Un porteur de bouclier avait repris la défense de la section, cependant, ils n’avaient pas assez de membres avec trop de terrain, il était temps de se replier à l’intérieur du temple.
Un colosse était aux prises avec un fauve, roulant sur le sol, jurant, son sang coulant. Il croisait les mains devant lui pour empêcher la bête de l’égorger. Pourtant, les griffes faisaient des ravages sur son corps pendant ce temps. Prenant son élan, le titan asséna un formidable coup de tête à son assaillant. Sonnée, la panthère desserra son étreinte. L’homme en profita pour rouler de côté, puis s’asseoir sur son dos. Ses grosses mains tournèrent l’avant et l’arrière du crâne de toutes leurs forces. La nuque de la panthère se brisa comme une brindille, dans un craquement sourd. Il se releva en chancelant, relevant la tête vers le ciel, il poussa un rugissement sauvage libérateur.
Une femme-poisson globe perdit son arme par un coup de griffe. Elle bloqua la charge de son adversaire en redressant son petit bouclier rond et attrapa une dague à sa ceinture. Lâchant un rire malicieux, la guerrière esquiva une nouvelle attaque en sautant de côté. Elle abattit sa dague dans la foulée, d’un revers en diagonale basse. La bête feula de souffrance tandis que la lame tranchait dans son museau. La guerrière reprit son épée bâtarde en se baissant rapidement, pivota sur elle-même pour gagner en puissance et asséna une frappe formidable de son arme.
Un autre fauve jaillit d’entre les racines, cependant les archers commençaient à avoir assez de champs, ils l’abattirent d’une volée de traits successifs au poitrail. Robina n’eut pas le temps de souffler. À peine avait-elle sauvé la femme-poulpe que le plus massif des Tikishes se ruait sur elle, sa hachette s’abattant en direction de son crâne. La cuisinière intercepta de ses deux mains le poignet armé du chef des pisteurs. Elle en profita pour lui asséner dans la foulée un coup de coude dans le ventre. Puis elle pivota sur elle-même, tout en exerçant une traction circulaire sur le bras.
Le guerrier autochtone fit un soleil avant de retomber lourdement sur le dos. Le souffle coupé, la chasseuse de primes lui arracha son arme de la main et lui brisa le bras d’un mouvement sec avant de lui assener un coup de sa botte. Assommé, on le renvoya au bas des marches, c’était le dernier de la première vague des assaillants. La tension redescendait et certains se permirent de se laisser tomber au sol.
Les blessés furent emmenés au sommet, où on leur administrerait les premiers soins. Plus loin, à la lisière des arbres, le sourire sardonique de Vorzoth s’affichait sur son visage alors qu’il fixait le petit groupe défendant le temple sacré. Son regard tomba sur la naufragée, elle était donc bien vivante comme il l’avait soupçonné.
Robina croisa alors son regard et elle sut, il était l’heure de sceller leur destin à tous les deux.