Il y a quelques jours
Dans un bar côtoyant les tréfonds de Logue Town, les discussions allaient bon train. Des marins causaient aux commerçants locaux, le verbe haut à cause de l'alcool qui coulait à flots. L'endroit était crasseux, le sol collait à chaque pas. Un rat se cachait dans un coin, mangeant frénétiquement le revêtement d'un siège tandis que l'odeur de pisse embaumait les lieux. Le bar était rafistolé de tous les côtés. De précédentes échauffourées sûrement. Le tavernier, ayant l'air plus vieux que son âge, équipé de son chiffon lavait quelques verres lorsque ce n'était pas les tripes d'un soulard qui avait bu le verre de trop. Bien qu'il n'avait l'air que d'un lieu de déperdition humain, ce bar était bien plus que ça. Les informations fusaient, les rumeurs, les ragots. Si bien qu'à un moment, tous se turent. Un mot, semblait-il interdit, venait d'être prononcé. Ce n'était que trois syllabes qui pourtant en fit trembler plus d'un : Malvoulant.
Cet homme était une terreur, l'un des quatre Empereurs pirates. Le plus maléfique et dangereux qui soit. Rien qu'à entendre son nom, les esprits s'échauffaient. Il était le mal de ce monde. Il avait ce pouvoir là.
> Quoi ? Qu'es-tu dis ?! Grogna un homme à la pilosité rouquine qui en tenait un autre par le col, lui soulevant les pieds du sol.
> C'est l'Malvoul.. l'Malvoulant... arghhh tu m'étrangles... il a lancé une mission, il veut qu'des pirates foutent le bordel sur Orange... y'a un... un type... putain tu m'étrangles... sur l'port à l'extrémité Ouest qui fait office d'émissaire... arghh
Les yeux de cette homme à la carrure imposante s'illuminèrent. L'homme en qui il voyait ce miroir de cruauté avait lancé un appel. Il ne pouvait rester les bras croiser, il ne pouvait faire la sourde oreille. Empoignant toujours l'informateur de son immense main droite, il l'abaissa subitement vers le bas, lui enfonçant la tête dans la cuvette des toilettes dans lesquels ils se trouvaient. Maintenant le visage du malheureux sous l'eau, le bloqua ainsi de nombreuses secondes durant, maintenant son étreinte malgré ses gesticulations désordonnées. L'homme criait mais l'eau pleine d'urine en couvrait les moindres bribes. Puis, soudainement, il s'arrêta. L'eau avait noyée ses poumons, il avait succombé. Alors, le tortionnaire le lâcha lui assenant un coup de pied derrière le crâne au cas où il s'agissait d'une ruse désespéré. Visiblement ce n'était pas le cas, alors il baissa son pantalon, vida sa vessie d'une traite puis se rhabilla. Machinalement il tira la chasse d'eau qui remua la tête du malheureux informateur puis s'en alla. Lorsqu'il passa dans le bar, il pris le temps de s'adresser au propriétaire des lieux.
> Vous d'vriez r'garder la plomb'rie des chiottes, ça s'écoule mal !
Puis, s'en alla l'air de rien, prenant la direction indiqué par le défunt.
De nos jours
Orange était une douce île de villégiature. Terre tranquille où il faisait bon vivre. Les villageois semblaient heureux ici. La garnison était bien encadrée et les affres commis par Mahach et les siens étaient bien loin derrière eux. Pourtant, ce jour allait marquer un tournant pour eux. Sur le port, trois hommes discutaient. Il s'agissait de l'émissaire du Malvoulant, homme à l'allure débraillée qui tenait un sabre à la ceinture, de Barbe Rousse et d'un troisième Rowan Deleau. L'envoyé de l'Empereur pirate leur donna une poignée de graines, semblant être tout à fait anodine mais ne l'étant pas le moins du monde.
> Qu'est-ce qu'on fait d'ça ?! Demande Barbe Rousse légèrement surpris d'avoir ça pour arme.
> Vous verrez bien assez vite, une chose : ça s'arrose avec la cendre et des débris de maison broyé, compris ?!
> Qu'est-ce que tu m'racontes, fit-il en choppant l'homme par le col, t'fous pas d'ma gueule !
> C'est pourtant la strict vérité, vous verrez, le Malvoulant saura se montrer généreux ! Répondit calmement l'émissaire.
> Pff.. m'casse les couilles chui pas un jardinier moi, Roan ? Row.. Rowan ? Bref je m'en fou, tu tiens les graines tu plantes d'accord ? Continu Barbe Rousse en donnant les graines au troisième homme. Moi j'm'occupe du terreau !
Barbe Rousse lâcha l'Hérault puis tourna les talons. Il s'en alla, sa démarche nonchalante habituelle l'accompagnant. De sous sa veste il sorti sa flasque de rhum et en bu deux gorgées goulues. Un filet du liquide s'écoulait jusque dans son cou. S'essuyant grossièrement avec sa manche, il cherchait des yeux quelque chose. Il ne passait pas inaperçu, chaque villageois qui le croisais s'en écartait le plus possible. Son odeur corporelle les débectait, ses dents pourries les horrifiaient et ses armes les dissuadaient d'approcher. Le pirate lança alors un rapide coup d'œil à sa droite où se tenait Rowan.
> On s'trouve un endroit pour planter l'bordel ?!