Bartholomew Blackley
• Pseudonyme : Black Bart
• Age : 29
• Sexe : Homme
• Race : Homme-Poisson de type Requin-Orque
• Métier : -
• Groupe : Chasseur de primes
• Age : 29
• Sexe : Homme
• Race : Homme-Poisson de type Requin-Orque
• Métier : -
• Groupe : Chasseur de primes
• But : Gravir les échelons du Baroque Works pour accéder à plus de moyens, traquer des proies, encore et toujours plus de proies
• Équipement : Une armure-combinaison de plongée et une ancre de navire exagérément grande
• Parrain : -
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? Retour au RP, anciennement Alrahyr Kaltershaft
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? -
Codes du règlement :
• Équipement : Une armure-combinaison de plongée et une ancre de navire exagérément grande
• Parrain : -
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? Retour au RP, anciennement Alrahyr Kaltershaft
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? -
Codes du règlement :
Description Physique
Ce jour-là, le bureau 204 du centre d'information et de recrutement des forces armées de la marine du Groove 66 n'avait pas vu passer beaucoup de monde. Comme les bureaux voisins, du 201 au 217. Et comme les dernières années en réalité. D'ailleurs, il n'y avait plus que les bureaux 204 et 205 qui étaient réellement occupés, les autres n'étant devenus que de simples espaces de stockages de multiples archives qui s'entassaient inexorablement. Il faut dire que Shabondy n'était pas vraiment le lieu privilégié où un jeunot se serait précipité tout feu tout flamme pour signer son engagement dans la marine. Alors forcément, les budgets avaient fondu d'année en année pour allouer des moyens à d'autres entités jugée plus utiles. Et à raison.
Les deux officiers de recrutement s'étaient réunis pour jouer aux échecs dans le bureau 204. Parce que depuis trois jours, calme plat, personne. Alors autant se faire chier à deux, n'est-ce pas ? Après-tout, si quelqu'un se pointait à leur étage, la petite sonnette de la porte de la cage d'escalier les avertirait, leur laissant le temps de resserrer leur cravate et de redescendre leurs manches. Juste de quoi être un tant soit peu présentable, pour éviter de dégoûter un éventuel rare intéressé.
*cling*
Cette sonnette-là, ça n'est pas un intéressé, juste l'agent de nettoyage. Il est 14h30, c'est son heure.
*cling*
- Aaaaaaaah mon dieu mon dieu mais c'est quoi ce truuuuuuuuuc !
Les deux officiers de recrutement redressèrent la tête de leur plateau de jeu et se regardèrent l'un l'autre les yeux écarquillés. Le cri, mêlant surprise et effroi, était venu du couloir. L'agent d'entretien arriva en trombe, balai dans une main et seau rempli d'eau savonneuse dans l'autre. Il manqua de se vautrer devant la porte du bureau 204, renversant la moitié de son produit sur le parquet jusque-là encore propre de la veille. Oui, parce que quand personne ne vient et qu'on nettoie quand même tous les jours, c'est propre et ça glisse.
- Là là là là, fit-il en pointant du doigt le fond du couloir. Il y a un grand type, euh, tout en scaphandre, mais genre grand grand grand hein, y passerait pas la porte de chez moi, 'fin bon ici oui mais 'voyez l'idée, y m'a fait peur ce con, waaaah !
Il reprit son souffle quelques instants et l'officier d'en face - bureau 205 - l'interrompit :
- Allez Bob, calme-toi, on en voit quand même tous les jours des gens bizarre sur cette île !
- Ouais ouais ok, mais y a personne ici d'habitude, j'étais pas prêt moi, j'étais dans mes pensées, tout ça, et l'autre là, enfin voilà quoi...
Justement, l'autre là, apparu dans l'encadrement de la porte du bureau 204. L'autre là, c'était surtout une armure-scaphandre massive d'au moins deux mètres et demi de haut, d'un mètre cinquante de large, et d'épaisseur à faire pâlir les champions de culturisme. Heureusement que les bureaux, couloirs et portes avaient été dimensionnés en cohérence avec la population au physique particulièrement atypique qui transitait par Shabondy. Mais celui-là, il remplissait particulièrement bien l'espace. S'il avait été un poil plus grand, il aurait fallu le recevoir à l'extérieur, dans les espaces "pour gens exceptionnels". Entendez par-là "pour ceux hors gabarit, on allait quand même pas construire un bâtiment adapté à Erbaf non mais oh".
Le scaphandre salua les trois hommes d'une voix extrêmement grave, abyssale, qui raisonnait légèrement dans son heaume de métal.
- Bonjour messieurs.
- B-bonjour, bégaya l'officier du 204, que puis-je faire pour vous ?
- C'est ici pour discuter du recrutement ? Je serais intéressé pour rejoindre la marine.
Oui, bon, en même temps, au centre d'information et de recrutement des forces armées de la marine, ça faisait sens.
- Bon, moi j'vous laisse hein, j'ai un sol à lustrer, en plus j'en ai mis partout.
L'agent d'entretien s'éclipsa pour nettoyer son dérapage, sans arrêter de lancer des coups d’œils franchement pas discrets par l'encadrement de la porte. L'officier du 204 reprit :
- Oui oui tout à fait, euh, d'ailleurs, ça ne vous dérange pas si mon collègue reste ? On n'voit pas grand monde ces temps-ci, alors quand quelqu'un vient, on est un peu désemparés !
En parlant de ça, les deux officiers resserrèrent de concert leur cravate et réajustèrent leurs manches de chemise. Pris de court, cette fois-ci !
- Pas de souci.
L'homme-scaphandre s'avança d'un pas lourd et décidé vers la chaise que l'officier lui désigna. Sa démarche semblait un peu déséquilibrée, ses épaules montaient et descendaient de plusieurs dizaines de centimètres à chaque pas. Ses longs bras descendaient presque jusqu'à ses genoux et oscillaient en un lent balancier au fur et à mesure qu'il avançait. Étonnamment, son scaphandre ne faisait presque aucun bruit malgré la masse de métal en mouvement.
L'officier pris un formulaire dans un tiroir et commença à le remplir.
- Votre nom s'il vous plaît ? On va remplir tout ça ensemble.
- Bartholomew Blackley, mais appelez-moi Black Bart, ou Black, je préfère.
- Ok, euh... dites, avant qu'on commence vraiment, le scaphandre, tout ça, c'est vraiment nécessaire ? Je dis ça, c'est toujours mieux de voir la tête des gens qu'on recrute, 'voyez !
- Je l'enlève si vous voulez.
- Volontiers oui. C'est pour quoi d'ailleurs ?
- Esthétique, sinon ça fait pleurer les gosses.
Faire pleurer les gosses ? A Shabondy ? Avec tous les trucs bizarres qu'on y croise ?
Black Bart se leva de sa chaise, qui était déjà bien en peine à supporter sa masse colossale, se mit debout et actionna plusieurs fermetures mécaniques sur ses flancs et ses épaules. Des cliquetis et autres bruits de pistons s'agitèrent. Le heaume se souleva de quelques millimètres, comme libéré d'une puissante pression qui le maintenait en place. Il l'attrapa de chaque côté et l'enleva soigneusement en le tirant vers le haut, découvrant sa tête dénuée de toute chevelure, d'un noir immaculé. On n'y remarquait que deux choses.
D'une part, deux tâches blanches qui s'étiraient de chaque côté, depuis ses deux petits yeux noirs presque invisibles jusqu'en haut de son crâne. Ces tâches donnaient l'impression de deux immenses yeux sans pupilles.
D'autre part, son immense bouche, qu'on pourrait à juste titre qualifier de gueule, était terrifiante. Elle remontait presque jusqu'aux oreilles - oreilles qui d'ailleurs étaient indiscernables - et renfermait une quantité indénombrable de longues dents fines et acérées. "Renfermait" n'était pas le bon mot, car au repos sa gueule sans lèvre laissait allègrement apparaître ses gencives rouge sang et son effrayante dentition affutée. On aurait dit qu'il souriait sans cesse, bouche fermée, s'il ne faisait pas aussi peur à voir.
Il s'extirpa non sans difficulté du reste de son scaphandre, qui clairement tenait plus de la rigidité d'une armure lourde que de la souplesse d'une tenue de plongée plus classique, découvrant le reste de son corps à la peau en grande partie noire, d'un noir très profond, celui qui capture toute lumière, celui qui vous fait froid dans le dos. Et, comme pour faire écho à son visage, une grande tâche blanche trônait au milieu de son torse, depuis le bas ventre jusqu'au sternum, large comme la moitié de son ventre.
Il n'était vêtu que d'une sorte de caleçon de bain d'un noir aussi profond que sa peau, laissant saillir sa musculature à la fois lourde et athlétique. L'armure-scaphandre ne l'épaississait qu'à peine. C'était le genre à vous écraser la cage thoracique par derrière s'il vous mettait une gentille tape dans le dos. Ou à vous décoller la tête s'il vous ébouriffait amicalement les cheveux. Au choix.
Ses mains étaient impressionnantes, bien que relativement au reste de sa morphologie elles fussent dans des dimensions tout à fait normales. Ses paumes étaient dissimulées sous des bandages de boxe rouge sang, enroulées depuis la moitié des premières phalanges jusqu'au milieu de ses avant-bras, desquels dépassaient ses larges doigts musclés. Il n'avait pas croisé les bandes autour de ses doigts car ils étaient légèrement palmés. Pas au-delà de l'articulation de la première phalange, mais un minimum tout de même.
Ses pieds faisaient écho au reste de sa morphologie, épais, lourds, mais d'une longueur générale tout à fait cohérente avec le reste et munis d'une palmure très discrète.
En général, chacun de ses muscles était soigneusement dessinés, sauf peut-être au niveau du bas ventre où la tache blanche mettait en valeur un légers laisser-aller qui se battait pour être sur le devant de la scène contre des abdominaux tout de même bien présents.
"Faire pleurer les gosses". Ok, si son physique général restait dans les normes surprenantes de l'Archipel, sa tête était réellement effroyable. Surtout sa gueule en fait. Et même ses yeux ! Enfin non, pas ses yeux, mais les deux tâches blanches au-dessus. Enfin, on sentait que c'était là pour faire croire que c'étaient ses yeux. A qui ? A ses prédateurs.
Parce que ça a vraiment des prédateurs ce machin-là ?
- Mais... Vous êtes quoi ? Enfin, pardonnez ma question, mais j'en avais jamais vu un comme vous... Je comprends mieux le scaphandre...
- Un homme-requin-orque.
- Orque ? Le truc vert à grandes oreilles ? chuchota l'officier du 205 à son collègue.
- Mais non, le mammifère marin, le truc entre un dauphin et une baleine, tout noir avec des tâches blanches là, on appelle ça autrement aussi mais je me souviens plus, lui répondit l'officier du 204.
Black coupa court à toute recherche vaine.
- On appelle ça une baleine tueuse.
Il fit un grand sourire carnassier absolument terrifiant.
- Ah, oui, tout à fait tout à fait, baleine tueuse... Bon, "homme poisson de type requin-orque", ça conviendra au formulaire hein !
Description Psychologique
Après quelques lignes purement administratives remplies, l'officier du 204 continua :
- Bon, la suite ce sont juste quelques questions pour un peu cerner qui vous êtes, et comme ça l'administrateur principal jugera si vous êtes apte à rejoindre les rangs de la marine ou non. Ne soyez pas surpris des questions un peu directes, ce formulaire est taillé sur mesure pour l'Archipel et sa population... atypique, dirons-nous ! Tenez, je vous le donne, voici un stylo, allez vous installer dans la salle d'attente, remplissez-le et une fois que c'est fait, revenez nous voir !
Une fois l'ensemble complété, Black revint dans le bureau 204 et tendit le papier à l'officier. Il le parcouru attentivement, son collègue l'imitant par dessus son épaule.
1.1/ Pourquoi voulez-vous rejoindre les rangs de la marine ?
Tradition familiale récente instaurée par mon grand-père, que je n'ai pas connu. Mon père m'a conté énormément d'histoires de son propre père, de ses exploits, de sa fulgurante ascension dans les rangs. Il faisait partie des premières générations où nos semblables étaient plus ou moins acceptés dans les corps de l'ordre mondial. Gamin, mes yeux brillaient d'envie à l'idée de suivre ses pas. Mon père me montrait régulièrement des lettres qu'il recevait de lui, en mission loin de notre île. Puis il est mort sans que j'ai pu avoir l'occasion de le rencontrer.
Mon père, lui, n'a pas eu la même réussite, ni même l'envie de pousser l'aventure plus loin. Il profitait surtout de sa famille et d'un travail stable et un minimum dans les traces de mon grand-père.
Désormais, je souhaite reprendre le flambeau pour perpétuer cette tradition.
- C'est beau, vraiment, votre objectif est tout à fait louable.
1.2/ Qu'attendez-vous de votre quotidien dans la marine ?
Défoncer des gens,...
Les deux officiers blêmirent.
...parcourir les mers du monde en toute liberté et être payé pour ça.
Au moins, ça avait le mérite d'être franc et sincère. Il ne firent pas de commentaire pour le moment.
1.3/ Savez-vous déjà vous battre ?
J'ai eu l'entraînement habituel de la milice sur l'île des hommes-poissons, mon île natale. Puis je me suis plus qu'entraîné en situation réelle dans les Grooves de non-droit. Il y a vraiment de quoi se mettre sur la gueule là-bas, et personne ne nous le reprochera. Il faut juste faire attention à ne pas rentrer dans le lard des gros bonnets de passage qui viennent s'amuser avant le Nouveau Monde.
Mais c'est assez limité et redondant et j'aimerais rencontrer d'autres adversaire ailleurs.
Vu le gabarit du colosse, les officiers de recrutement n'allaient pas vérifier ses compétences à "se mettre sur la gueule".
1.4/ Quel est votre rapport à la hiérarchie ?
Je n'aime pas qu'on me commande ou qu'on me donne des ordres.
Et il veut rejoindre la marine ?
1.5/ Savez-vous diriger une équipe ?
Faut pas qu'ils me traînent dans les pattes, pour moi faut qu'ils soient soit réellement utiles, sinon je les verrai comme de la chair à canon.
Les deux officiers firent une pause presque en même temps. Fermant les yeux, ils prirent une profonde inspiration, comme s'ils s'apprêtaient à expliquer l'alphabet à un débile profond.
Mais ils n'en firent rien. Pour le moment. Car ils le savaient, le meilleur était à venir. Ou plutôt, le pire.
Partie spécifique à l'Archipel de Shabondy.
2.1/ Avez-vous déjà tué ? Si oui, combien de personnes et dans quel cadre ?
Oui, beaucoup, je n'ai pas compté, dans des bagarres de rue dans les Grooves de non-droit.
2.2/ Aimez-vous tuer ?
Oui, c'est instinctif, j'en ai besoin régulièrement sinon je me sens mal dans ma peau. Quand j'étais gosse j'abattais moi-même les bestioles de la ferme marine, mais maintenant j'ai besoin de quelque chose de plus coriace.
2.3/ Avez-vous déjà commis un acte qui selon vous pourrait être qualifié d'illégal ?
Non.
2.4/ Avez-vous l'intention de nuire de quelque manière que ce soit au Gouvernement Mondial ou à l'ordre établi par la Marine ?
Non.
L'officier du 204 repoussa légèrement le formulaire, à plat sur la table. Juste de quoi signifier qu'il avait terminé. Son collègue et lui se regardèrent, pensifs, anxieux à l'idée d'aborder la suite.
L'occupant du bureau s'avança vers Black en croisant les mains au-dessus du questionnaire.
- Bon, par où commencer... Très clairement, on ressent votre motivation profonde à rejoindre la marine. Cependant, j'ai peur que vous ne vous soyez orienté vers cette voie que "par principe", pour faire comme votre père et votre grand-père. Dans notre jargon, vous seriez plutôt qualifiable de "chien-fou". Rien de péjoratif, s'empressa-t-il d'ajouter, c'est simplement une appellation qui décrit le mieux votre personnalité. Comme ça, je vous aurais plutôt orienté vers les forces d’Élite plutôt que la Régulière. Votre envie d'en découdre, votre rejet de l'administratif. Mais voilà, outre votre aversion pour le commandement, qu'il soit montant ou descendant, je ressens - et mon collègue pourra le confirmer j'en suis sûr - une personnalité fortement solitaire.
Il marqua une pause. Ce type de pause où normalement il aurait fixé son interlocuteur droit dans les yeux. Mais là, il oscillait entre les deux grandes taches blanches et les petits globes noirs en-dessous, ne sachant se décider.
Black ne répondit pas. Après tout, il ne savait qu'ajouter. L'officier du 205 aida son collègue.
- J'aurais bien une alternative qui devrait vous correspondre. Vous avez dû croiser une myriade de chasseurs de primes dans le coin, je pense que vous devriez vous orienter par-là.
- Oui c'est une bonne idée, renchérit l'autre, il y a une excellente organisations, le Baroque Works, qui s'efforce à œuvrer dans un cadre légal. Là-bas, vous pourrez bénéficier de moyens suffisants pour donner libre court à votre... objectif... qui est de traquer et tuer des gens ? Enfin, tout du moins des criminels, étant donné que vous restez désireux d'agir suivant la loi. D'ailleurs cela devrait faire vos affaires, depuis quelques temps le Gouvernement Mondial a classé les révolutionnaires dans la case "mieux morts que vivants".
- Chasseur de primes...
- Ne soyez pas déçu, nous pensons que ce serait bien plus adapté à vos besoins. Une liberté d'action, des traques régulières, des moyens adaptés, un cadre légal, l'absence d'administratif et de hiérarchie écrasante... Écoutez, je sais qu'il y a cette histoire de famille. Mais déjà, permettez-moi de vous dire que cette "tradition" comme vous dites n'est pas non plus ancestrale, vous êtes encore dans les générations qui peuvent l'ajuster avant que cela devienne perenne. Ensuite, peut-être que dans vos activités de chasseur de prime vous en veniez à vous rassembler à plusieurs, auquel cas vous découvririez le sens de l'équipe. Et alors, peut-être qu'à ce moment-là vous voudrez vous réorienter vers la marine, que ce soit la Régulière ou l’Élite. Ne vous en faites pas, ça s'est déjà vu par le passé, la marine sait reconnaître les talents dont elle a besoin.
C'était intéressant. Pertinent, même.
- Tenez, je vous donne un exemple... Une petite mise en situation. Vous êtes, admettons, commandant d'un navire, avec un équipage sous vos ordres. Vous traquez un bâtiment pirate, et le voilà à portée de canons. Quelle est votre attitude ? Que faites-vous ? Quels sont vos ordres ?
- Des pirates ? Une cible avérée, pas de risque d'erreur ?
- Oui, vous vous êtes parfaitement renseigné auparavant, pas de souci. Allez, facilitons la chose, ils ont même conservé leur pavillon noir.
- Je plonge avec mon ancre, je nage à pleine vitesse et je leur éclate la coque pour les couler. Je sors de l'eau et je défonce tout le monde.
- Votre... ancre ?
- Oui, il y en a qui se battent avec un sabre, moi c'est avec une ancre de navire. Un petit bijou de trois mètres de haut, mais j'allais pas l'amener ici, je l'ai laissée à l'entrée, elle ne risque pas de s'envoler.
- Ok, admettons. Bon, vous voyez, votre réflexe est solitaire. Que faites-vous de vos hommes et de votre navire ? A quoi servent-ils ? Et si votre adversaire est plus coriace qu'il n'y paraît, comment pourrez-vous compter sur un équipage à qui vous ne donnez ni consigne ni sentiment d'utilité ?
- Ouais, je vois...
- Je pourrais avoir plein d'autres mises en situation, mais je pense que malgré votre comportement "rentre dedans", vous êtes un être assez intelligent pour qu'on n'ait pas besoin d'explorer tous les exemples. Je pense que vous aviez juste des œillères sur la réalité de la marine, rapport à cette histoire familiale.
Il marqua une pause. Puis :
- Je ne suis pas psychologue, quoique des fois dans ce boulot je me pose un peu la question, mais réfléchissez bien... Qu'aimez-vous réellement faire dans la vie ? Que n'aimez-vous pas ? Et maintenant, est-ce que vraiment la marine pourrait combler cela ? Je ne pense pas...
Cet officier faisait vraiment bien son boulot. Ou du moins, il n'avait pas envie qu'on vienne lui reprocher plus tard d'avoir permis le recrutement d'un type comme ça.
Black avait la décision entre ses mains. Qu'aimait-il ? Que voulait-il ? Comment voyait-il sa vie ? Des choses simples, voyager là où il voulait, quand il le voulait, sans contrainte, se battre, tuer, tuer, tuer. Mais sans les problèmes légaux... On lui avait inculqué de respecter l'ordre. Alors autant assouvir ses besoins sur les ennemis de l'ordre. Il pensait jusque là la marine adaptée à ses envies, mais il semblait qu'en réalité il se fourvoyait.
Un chasseur de primes ? Pourquoi pas.
Oui.
Un prédateur.
Biographie
Un prédateur très précoce.
A peine ses premières dents poussées, son père - Kyaro Blackley - se demandait déjà comment le canaliser. Sa mère avait quitté ce monde suite à des complications dues à sa naissance. Accablé par la peine, Kyaro avait très rapidement dirigé tout son amour pour son fils, figure vivante de sa femme décédée. Il s’était promis de ne jamais rejeter sur Bartholomew la faute de cette perte, ayant déjà vu dans son entourage pareille situation virer au drame familial. Il avait rassemblé tout son courage et toute sa force pour y parvenir. Et ça n’avait pas été chose facile.
Bart n’a jamais particulièrement mal vécu l’absence de figure maternelle. Cela avait été ainsi depuis le début de sa vie, c’était sa normalité à lui. Enfant, il percevait bien la différence entre sa famille et celle de ses camarades, mais cela le faisait se sentir comme un être particulier. Dans le bon sens du terme. Être différent, exceptionnel, cela lui plaisait. Son père lui avait proprement expliqué pourquoi il n’avait pas de mère, sans mensonge ni embellissement de la réalité. Car même si la réalité est parfois dure, elle n’en est pas moins réelle.
Ainsi, très tôt, en plus de devoir élever seul son fils, il dû rivaliser d’ingéniosité pour contenir son instinct de prédateur. Ou plutôt que le contenir, lui laisser un champ d’action contrôlé. Et ce ne fut pas chose aisée, car en tant qu’homme-baleine, il n’avait aucune expérience dans ce domaine sanglant. Il prit alors conseil auprès des anciens et des familles d’hommes-requins, ne trouvant que trop peu d’informations sur les hommes-requins-orques, une sous-espèce rare. Dans les grandes lignes, les solutions étaient assez simples : d’une part, il fallait permettre à cet instinct de s’exprimer dans toute sa splendeur par le biais d’activités telles que la chasse, la traque d’animaux sauvages ou en dernier recours ce que d’autres considéraient comme étant le “sale boulot” dans les abattoirs. Et d’autre part, il fallait fournir au jeune prédateur un cadre stable décrivant parfaitement où se trouvaient ses droits et quelle figure d’ordre ou d’autorité il fallait respecter.
Mais quelle autorité choisir ? Le père de Kyaro - donc grand-père de Bartholomew - avait été un fervent combattant pour la domination absolue des hommes-poissons sur les autres races du monde. Il n’avait jamais été une figure emblématique et son nom ne pouvait être rattaché à ce mouvement que par de très rares vieilles rascasses de l’époque, mais Kyaro en savait assez pour en être dégoûté. Toute sa propre enfance, son père lui avait promis liberté et puissance. Mais à force de s’opposer à l’ordre, il fut tué, laissant une femme seule et un fils sans père. Un fils qui n’aspirait qu’à une vie calme, sans grande aspiration.
Mais voilà que ce fils pacifique avait engendré un prédateur insatiable. Un prédateur qu’il aimait, mais un prédateur tout de même. Et il fallait réagir en conséquence. Il savait que son fils serait tenté par l’aventure et la découverte du monde, poussé à la fois par son sang et son instinct. Alors, pour lui éviter une vie d’ennemi public, il prit le parti de lui enseigner le respect de la plus haute autorité du monde : le Gouvernement Mondial. Et de manière directe le service d’ordre associé : la Marine. De fil en aiguille, il avait donc commencé localement par rapprocher son fils de l’autorité officielle de l’île des hommes-poissons.
Il l’emmenait donc très régulièrement et tout jeune déjà visiter toutes les instances ouvertes au public dans le quartier des tritons. La garde d’élite, les forces de police, ils parcoururent tous les lieux qui le permettaient. Et dès qu’il en eût l’âge, il l’inscrivit à l’école de formation des tritons. Rares étaient les hommes-poissons à y participer, mais cela s’était ouvert dans les dernières décennies, pour les quelques rares individus qui préféraient une vie d’entente qu’une vie d’opposition. En contrepartie, Kyaro dû se défaire de multiples cercles d’amitié qui, sans pour autant être dans la révolte, ne voyaient pas d’un très bon œil ce rapprochement avec les tritons.
De son côté, le père de Bart mis en place un double stratagème dont le but final était d’inculquer à son fils le respect de l’autorité suprême.
D’une part, il monta de toutes pièces l’histoire du grand-père engagé dans les forces de la Marine, toujours absent mais bien vivant, parcourant les mers sous l’emblème de la mouette, fier de son poste dans les forces armées mondiales. Il prenait soin de rédiger régulièrement de faux courriers de ce grand-père formidable à l’attention de son petit-fils, à qui il contait de fabuleuses histoires de ses missions. Que Bart était fier de cette figure mystérieuse et si réelle à ses yeux, qui avait réussi à rejoindre la Marine, figurant parmi les premiers hommes-poissons à y parvenir ! Un exploit pour l’époque. C’était un immense mensonge, mais le seul que son père lui fit.
D’autre part, Kyaro parvint lui-même, et cette fois pour de vrai, à s’engager dans les forces armées du monde. Là était le réel exploit, car rare étaient les hommes-poissons dans la Marine. Certes il n’occupait qu’un poste administratif, mais le principal était là. Du point de vue de Bart, son père et son grand-père étaient dans la Marine. Une tradition familiale. Alors oui, son père avait un peu échoué avec son poste de bureau, mais son grand-père, quelle figure ! Cette situation de “raté” n’avait pas été facile à occuper pour Kyaro, mais l’amour qu’il portait à son fils avait rapidement pris le dessus.
Ainsi, Bartholomew s’entraîna durant ses jeunes années dans les milices des tritons, apprenant à la fois leur art de combat, mais également en parallèle l’art de ses congénères, le karaté des hommes-poissons. Il partait très souvent, en compagnie de son père puis seul, à des parties de chasse aux animaux sauvages sous-marins. Toujours plus loin, toujours plus difficile, avec toujours plus d’envie.
Désireux de mettre en pratique ses talents innés et appris au fil de ces années, il fit de nombreux sauts ponctuels à Shabondy pour aller “déchirer de la racaille dans les grooves où on peut”, comme il le disait avec amusement. Mais dès qu’il en eut l’âge, il se rendit au centre de recrutement de la Marine pour lui aussi rejoindre les rangs, tradition familiale oblige. Là, on préféra l’orienter dans un premier temps vers le boulot de chasseur de primes à cause de son caractère très solitaire, éloigné du fonctionnement classique de la hiérarchie bien que parfaitement respectueux des règles. On le rassura en lui disant qu’il pourrait à l’avenir revenir sur ce chemin si son caractère évoluait.
Il en discuta longuement avec son père. Au fond de lui-même, le fait que son fils rejoigne ou non la Marine importait peu à Kyaro. Car tout ce qui comptait, c’était ce respect de l’ordre qu’il lui avait inculqué. Chasseur de primes ? Une très bonne idée, une meilleure même que celle qu’il avait eue. Ou plutôt, une idée complémentaire, les deux se complétant l’une l’autre. D’une part un fond permettant de ne pas s’écarter du droit chemin et de l’autre un quotidien parfaitement adapté à l’instinct de prédateur de Bartholomew. Il entreprit donc de convaincre son fils, et même si ce ne fut pas chose aisée à cause de cette image toujours persistante du grand-père qu’il fallait suivre, il y parvint.
Depuis plus d'une dizaine d'années, celui qui se fait désormais appeler Black Bart parcourt les mers à la poursuite des individus recherchés par la Marine et le Gouvernement Mondial. Il a rapidement rejoint le Baroque Works, organisation lui permettant de disposer d'un cadre solide, mine inépuisable d'informations sur les criminels du monde. Au début peu intéressé par le classement et les grades du Baroque Works, il s'est petit à petit rendu compte qu'une place plus élevée lui permettrait un plus grand accès aux moyens de l'agence et il a commencé à se pencher sur la question.
Désormais, son objectif est de gravir les échelons de cette organisation pour pouvoir réaliser des traques toujours plus trépidantes, dans le but final de nourrir son instinct de prédateur.
Jusqu'où va-t-il monter ? Restera-t-il dans cette agence ? Retournera-t-il à ses premières envies, dans la Marine, pour suivre les traces de son grand-père ? Découvrira-t-il un jour le mensonge de son père aux intentions par ailleurs tout à fait louables ? Arrivera-t-il à canaliser son instinct toute sa vie ?
ONE PIECE REQUIEM
Dernière édition par Black Bart le Jeu 5 Aoû 2021 - 10:50, édité 22 fois