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Fight Club

Le molosse et le moustique ne vont pas se défiler, j'en ai la quasi certitude. Le premier dégageait une impassible sérénité, derrière son numéro de fanfaron. Le second avait l'air si détestable qu'il ne peut être qu'un bon coach. Ils viendront. Quand bien même je serais dans l'erreur, s'ils tentent de faire machine arrière, le vieux Eb' se chargera de leur rappeler ce que passer un accord signifie chez lui, par des méthodes frappantes voire totalement inhumaines, et ils finiront soit dans un état proche du coma, soit plus probablement refroidis pour de bon, décarcassés et balancés dans les égouts de la ville.

Mais quoi qu'il en soit, cela ne change pas la donne pour moi. J'ai ma part du contrat à respecter, mine de rien. Se porter garant de l'organisation d'un combat, cela aussi a une valeur dans le milieu. S'agit pas de perdre ça de vue.

Alors une fois loin de la Trinquette, je me hâte sous la pluie qui s'intensifie au fil des minutes. D'abord, trouver l'adversaire. Indispensable. Ensuite, prendre quelques précautions pour la suite du combat. Les gars viennent pas pour voir un vulgaire match de boxe entre gentlemen sportifs. Ils veulent assister à une guerre sur le ring. Alors il faut s'assurer de pouvoir satisfaire le public. Et pour se faire, direction le grand square désaffecté de la basse ville.

L'endroit est un ramassis de canailles et autre fripouilles un peu moins dangereuses que les autres en apparence. Archi faux en vérité. Ces gars sont juste tellement en marge de la loi et sûr de leur force qu'ils ne craignent pas de se montrer au grand jour, contrairement aux autres. Quand j'arrive, on me lorgne. On m'identifie. Deux vieux routiers dans le circuit des arnaques viennent vers moi. Pas un bonjour, pas une poignée de main. On parle peu, on va à l'essentiel.


-J'ai un combat à monter chez Eb'. Tu peux faire quelque chose pour moi ?

-Possible, ouais.

-Une adresse à m'indiquer ?

-T'occupe, je gère ça moi-même.

-Sois à la cave dans une heure.

Pas loin de 5 000 Berrys file de ma poche à la sienne. Je le préviens qu'il en recevra autant une fois l'affaire conclue avec brio. Elle le sera. Pas qu'un code de l'honneur particulier soit à respecter parmi les truands, mais c'est comme ça que ça marche. Qui dit embrouille dit complication, et malgré tout entre ripoux, on évite de trop se tirer directement dans les pattes. On sait quelle est sa place et celles des relations dans la pyramide, et on sait y rester.

La première partie de mon travail est bouclée. La plus délicate. Reste maintenant à trouver mon combattant. Qui est-il au juste ? Un jeune décidé à se faire un peu de maille, m'a t-il semblé quand je l'ai entendu parler de participer à un combat. Pas étouffé par les principes non plus puisque prêt à plonger tête la première dans un nid de serpent. C'était il y a une paire de jours de ça. Nul doute qu'il doit encore être partant. Et je sais où le trouver : au Florès.

Un bar qui a sans doute connu son heure de gloire, il y a de ça quelques décennies, mais décrépit depuis lors. J'y passe à l'occasion, pour me tenir au courant de ce qui s'y dit. Le meilleur moyen d'entendre parler des bruits qui courent c'est d'aller à leur encontre.

Au terme d'un nouveau quart d'heure de marche, j'arrive à destination. J'écrase ma clope à moitié noyé par la flotte et entre. La boutique est presque vide, tant mieux. Je n'en repère mon oiseau que plus vite. Occupé à ne rien faire dans un coin de la pièce.


-Fini ton verre, j'ai ton combat. Je t'attends dehors.

Et c'est tout. Quand il sort, j'ouvre la marche sans un mot, assurant une bonne cadence. Il ne faudrait pas être en retard sur les horaires prévus. L'autre me suit. Il ne parle pas et c'est tant mieux. Peut-être déjà concentré sur son combat à venir.

Le dédale de ruelles que nous empruntons, je le connais comme ma poche. Chaque pas dans ces bas-quartiers troubles et menaçants pour les simples civils passé la nuit tombée nous rapproche un peu plus de la cave du vieux Eb'. Quand nous n'en sommes plus distants que de quelques encablures, je me retourne et lui glisse un lame dans la main


-Ça, c'est pour lancer les amabilités sur le ring. Le reste, c'est sur place. Quand tu seras dans la merde face à l'autre, tape deux fois du pied, je m'occuperai du reste. Tu remarqueras que j'ai dis quand tu seras dans la merde, et non pas si, parce que tu vas forcément t'y retrouver. Et surtout oublie pas, plus tu donneras au public ce qu'il veut, plus la cagnotte montera. Maintenant, c'est l'heure.

Nous sommes arrivés à l'entrée. Je toque à la lourde porte en bois en respectant le signal convenu. On m'ouvre. Je connais les locaux, mon pas est décidé. Nous arrivons au sous-sol où la foule ronge son frein. Il y a plus de monde que je me l'imaginais. Passée la clameur de satisfaction à mon arrivée, on jauge mon poulain. Un ou deux sceptiques me lance un œil méprisant à la détournée, d'autres crachent au sol en signe de mécontentement. On s'attendait à mieux.

Enfin dans les rangées, un regard familier croise le mien. Un imperceptible signe de tête me confirme que tout est prêt. Parfait. Le décor est planté, il ne me reste plus qu'à aller présenter mes respects au propriétaire. Une poignée de main glaciale me souhaite la bienvenue et bonne chance. Comprendre : t'as intérêt à assurer sinon tu connais le tarif. Message reçu.

Alors que je vais pour répondre, un grincement de porte attire l'attention de tous sur l'autre bout de la salle. Le fauve sort de sa tanière. Regard fermé, presque violent. La foule se tait. Elle apprécie, elle est impressionnée. Le pas lourd, lent, l'homme approche. Sûr de sa force. Il y a de quoi. En face, le gamin a l'air d'une allumette. Heureusement que j'ai pris mes précautions. Enfin, il pénètre dans la cage. Mais il n'a rien d'un prisonnier. Son air n'en devient qu'encore plus féroce. Le public le harangue, le chauffe. L'ambiance est électrique. On n'attend plus que le challenger. Je pose une main sur son épaule et lui lâche une dernière mise en garde avant le combat.


-C'est à toi, ils t'attendent. Garde bien ce que je t'ai dit à l'esprit, et tâche de pas te faire tuer.

Dernier conseil, puis je me fonds dans la masse. Le môme pénètre dans l'arène à son tour. Une poignée de secondes plus tard, la voix rocailleuse de Eb' s'élève.

-Messieurs, c'est à vous.

La cloche résonne. C'est parti.


Dernière édition par Rik Achilia le Sam 12 Nov 2011 - 9:44, édité 1 fois
    Cinquième verre de la soirée, la patience très éphémère du jeunot a foutu le camp depuis déjà des heures. L'idée du combat arrangé lui était sûrement prédestinée, mais attendre des plombes pour voir arriver son homme ce n'est pas destiné à personne. Deux semaines que le projet lui bousille ses journées, il les passe à la taverne du coin. Ce n'est pas le problème, ça il le fait depuis deux ans, le problème c'est que la préparation mentale ce n'est pas pour lui et que la préparation physique? Jamais entendu parler. On se contente du nécessaire - la motivation et ce qui s'en suit. L'adrénaline, la sueur, le sang, le blé. Voilà le problème, ce n'est pas cela qui va suffire à mettre K.O son adversaire. D'après les informations et les conseils que lui avait données le gars, appelons le ''son agent''. L'éventuel poisson fait, à l’œil, dans les deux mètres. Une musculature impressionnante, presque monstrueuse et le plus terrifiant, une expertise des combats qui jusqu'ici ne l'a jamais trahie. Comme tous les habitués du domaine, on ne connait ni son passé, ni ses raisons. On s'en balance. Ce que le public veut, c'est du spectacle et accessoirement gagner le pactole. Tuul lui, veut la même chose, se divertir et rien de plus. Si le divertissement peut permettre de payer le Rhum alors il est preneur.

    19h08.
    La pluie tombe de plus en plus fort dans les carreaux du pub. Le ciel devient de plus en plus noir et Tuul de plus en plus impatient, il déteste attendre et faire attendre. Enfin, un homme entre dans la pièce, cheveux noir, lunettes fumées, l'air décontracté. Premier client depuis trois longues heures, ça ne peut être que son homme. Il ne tarde pas à se le faire confirmer.


    -Fini ton verre, j'ai ton combat. Je t'attends dehors.

    Rien de plus, rien de moins et il ressort aussitôt du trou. Une gorgée pour vider son verre et le jeune se lève, replace sa chaise, traverse le sombre endroit vide comme une crypte et rejoint le brun dehors, sous la pluie battante. Cela suffit à le mettre en route, une marche bien tenue, probablement le résultat de son retard coupable. L'agent ne parle pas, la tête de grenouille non plus. Rien d'étonnant, il n'a rien à dire, pas plus que d'habitude. Le plus vieux se retourne finalement, pour placer les seuls mots du trajet. Il sort un sabre de sous sa veste, un sabre vieillit et probablement utilisé maintes fois, mais il coupe et ça, ça compte.

    -Ça, c'est pour lancer les amabilités sur le ring. Le reste, c'est sur place. Quand tu seras dans la merde face à l'autre, tape deux fois du pied, je m'occuperai du reste. Tu remarqueras que j'ai dis quand tu seras dans la merde, et non pas si, parce que tu vas forcément t'y retrouver. Et surtout oublie pas, plus tu donneras au public ce qu'il veut, plus la cagnotte montera. Maintenant, c'est l'heure.

    Bien sûr, ces douces paroles servent à rassurer le jeune garçon. En complément de la lame de piètre qualité qu'il glisse sous sa ceinture. Elle tiendra compagnie à son sabre et ne sera pas de trop, c'est garanti. Tout est confirmé, la situation est sécurisée... Au sens figuré bien sûr. Tuul est donc soutenu par les gars du bord. Pour être arrangé, c'est effectivement bien salaud. Le signal est clair, le but est clair. Reste plus qu'à rencontrer la cage.

    C'est là, dans cette rue, tout simplement. Tuul reste derrière, son homme cogne à la porte, il le suit dans la cave. Les regards sont des moins accueillants, l'ambiance est merdique, le public est puant, la cage est rouillée. Partout sur le sol sont jonchés les instruments qui serviront pour la fête, de la chaise en bois jusqu'à la pelle en métal. Ils sont tous couverts de sang, du sang coagulé depuis des jours, voir des semaines. Ce combat n'est qu'une soirée d'agrément parmi bien d'autres. Tout est rassemblé pour offrir une ambiance parfaite à ce lieu de barbarie. Le brun croise le regard de deux gars dans la foule, les complices. Ils sont là, c'est rassurant. L'adversaire en question est déjà monté et il est prêt. Derrière le ring il y a une tête qui sort du planché, elle est tassée entre deux oreilles. Son coach? Il a un coach? Pas mal le soutient du bonhomme. Il colle parfaitement à la description. Son regard est tout à fait en accord avec la situation, on va s'amuser, pour sûr.

      La loge n'est qu'un vestiaire dont seul subsiste un banc en fer à la peinture écaillée. La pluie qui s'abat au dehors imprègne la pièce d'une désagréable moiteur collée à la peau. Hadoc prie depuis un moment. L'encens faisant défaut, c'est une poignée d'allumettes longues qu'il a craqué et disposé sur le banc qui lui sert d'autel. L'odeur du soufre, enivrante, parvient aux narines de Bishamonten en même temps que ses souhaits. Le dieu de la Guerre l'écoute. Son prieur demande un combat honorable et une issue juste pour l'un comme pour l'autre. Il promet que les âmes rendues folles par le sang ne se battront plus pour la cause d'un maître injuste et qu'il appartient à la goutte d'eau tombée dans le désert de principes de s'étendre, un peu, pour mourir en espérant donner naissance à une première pousse. Bishamonten acquiesce. Il est la Guerre mais également la Loi. Le combat de ce soir serait une offrande à lui qui n'a jamais pu asseoir son code en ces lieux délaissés de tous.

      La veillance divine requise, le samouraï prépare son corps au combat. Les muscles sont étires, les articulations assouplies. Gharr enfonce correctement son béret et souhaite à Gaston un spectacle qui plaise aux spectateurs indignes. Le samouraï serait laissé dans cette pièce où quelques tiges de bois calcinés jetés sur le sol seraient les dernières traces de son passage. Il était temps d'entrer en scène, du résultat du combat dépendait la température des pistes que la Marine suivait.

      Gaston pousse la porte et suit le petit couloir jusqu'au ring en compagnie de con Coach. Aucun mot n'est échangé avec Mickey, les gens se taisent et les nombreuses victimes luisant dans le regard de Hadoc offre à son costume un crédit appuyé quant à la barbarie du colosse brun. Il laisse l'entraîneur vérifier que ses bandages sont bien fixés à ses mains avant d'entrer. Il boit une gorgée d'eau et glisse à l'oreille de l'entraîneur qu'il peut parier 100.000 berries sur lui de sa part. C'est une somme très coquette pour le milieu social ambiant. Eb' saura en faisant son travail de bookmaker que le duo n'est pas un groupe de ploucs venus se tester à quelque chose de viril. Gaston et Mickey sont là pour amasser de l'argent, ils méritent d'être présentés à des personnes qui aiment s'enrichir autant qu'eux. Tout ce qu'il restait à faire, c'était séduire la foule en leur offrant du jamais vu, de l'innovant.

      La cage du coin bleu crasse se referme et le monstre enfermé rend leur vivacité aux spectateurs. Ca hurle, ça applaudit, ça injurie. Gaston constate que ce sport n'est pas apprécié que des hommes, plusieurs femmes, et pas toutes roturières, se plaisent à voir des gladiateurs s'entretuer pour un plaisir qu'elles pensent tourné vers leurs charmes. La cours des miracles ressemblait de plus en plus à une bassecours de coqs d'or et poules de luxes.

      L'adversaire entre à son tour. Il est jeune, malingre et plutôt excentrique. Gharr l'observe, Gaston le toise avec une haine de naissance qui lui coule le long de l'expression. Un des spectateurs, plus aisé car en première ligne, hurle contre la cage, un barreau de chaise en bouche, qu'il n'a jamais vu un aussi gros enfant de putain et qu'il espère que ce n'est pas de la gonflette de tarlouze parce qu'il a mis des ronds sur lui. Gaston pivote, lance son poing dans le grillage de la cage et, à l'étonnement des premiers rangs, arrache les fils de fer sous la puissance du coup. La main continue sa percée et les doigts préhensiles se saisissent du cigare de l'homme pétrifié, convaincu un instant qu'il allait finir décapité par la colère du fauve. Le boxeur récupère sa main et porte le cigare à ses lèvres. après deux grandes bouffées, il le tend à son propriétaire en lui lançant avec un clin d'oeil complice, un brin paternaliste.

      Me semblait bien que c'était un Rough Tell.

      L'homme de l'autre côté pouffe de rire en applaudissant Gaston et se tourne vers un un homme à côté de lui, jeune comme un fils, un amant ou un garde du corps qui vient de peut-être se faire sauver sa place compromise. L'homme au cigare, ravi d'avoir misé sur un homme de goût, fait signe que non de la main.

      Garde-le Gaston "la Baston", je ne comptais pas le finir, ha! ha! ha! ha!

      "La Baston", devant sûrement son surnom à l'inimaginatif Lou, ou à une suggestion de l'arbitre assurant qu'un combattant sans blason ne plaît pas au public, laisse échapper un rire presque sincère en réponse à la blague du fumeur. Il brandit le poing tenant le Rough Tell comme une flamme olympique se consumant et la foule l'aime pour ça. Le ring est encombré, on jurerait une chambre d'adolescent parti en maison de correction. Gaston prend une batte en frêne et la dépose sur son épaule. Avec le bérêt, la chemise, les bretelles, la batte et la peau mate, le Marine ressemble à un latin débutant mafiosi dans le Loguetown des années 30. L'image plaît, les acclamations et encouragements ne s'épuisent plus. Il ne manque plus que l'adversaire pour que la cage et la joie des spectateurs soient complètes.

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      Hadoc fanfaronne. Il tient son rôle. A croire qu'il a passé toute sa vie dans cette cage. A croire qu'il la connait. L'autre... et bien... Il a l'air faible. Et vicieux. Et fourbe. Un sale punk. Méfiance donc. On ne l'aura pas envoyé simplement à l’abattoir, sans lui glisser quelques as dans la manche. Des as de pique...

      J'ai pu profiter d'une relative quiétude avant l'arrivée, il y a 31 minutes, des premiers spectateurs pour inspecter la salle. Si le ring est dénué de trappe ou de piège, la salle n'en manque pas: porte de sortie dérobée, sous-pentes closes et j'en passe. Hélas 'Eb, l'infect, le vil, le truand, ne m'a jamais vraiment quitté des yeux. J'ai néanmoins pu repérer quelques pistes. A confirmer. Mais prometteuses. Elles sont notées. Quelques objets aussi. Et maintenant que je n'ai plus de doutes sur la nature du combat à suivre, j'ai la certitude qu'ils serviront. Surtout le pic à glace.

      Sont arrivés les spectateurs. D'abord au compte goutte, puis par paquet. En troupeau. Tous horriblement vulgaires, surement drogués. Probablement quelques pédérastes dans le tas. 'Eb m'a interpellé.

      Ton boxeur, il a un surnom?

      Ouais. On l'appelle Gaston la Baston. Parce qu'il se bat. Beaucoup...

      Il m'a regardé de la même façon que j' le regarde, lorsqu'il est de dos.

      Comme tu veux semi-homme.

      La salle était déjà horriblement bruyante lorsque les adversaires se sont montrés. Quand on a ouvert la cage, ils ont braillés comme des primates. Encore et encore. Mon bureau me manque. Mais, j'ai joué le jeu. Un jeu stupide mais nécessaire. J'ai noué les bandages de Gaston, silencieusement. Je n'allais pas pousser la comédie jusqu'à lui donner des conseils pour l'affrontement, il en sait plus que je n'en saurai jamais à ce propos. Et je lui laisse cette connaissance barbare bien volontiers. Non, je me suis contenté de glisser un des objet trouvés, une lame de rasoir rouillée mais encore efficace, entre deux bandages, bien au frais. Au cas où. Puis j'ai été voir Eb, l'infect.

      Je lui ai donner nos mises: 100000 Berry de Gharr, 40000 de moi. Sur Gaston. L'infect a haussé le sourcil, étonné de ma mise.

      Il se surestime, moi pas. Défaut de boxeur.

      ai-je dit, alors que 'Eb encaissait. Les paris donnaient Gaston gagnant. Mais, j'en ai vu qui misaient sur l'adversaire. Tuul il s'appelle. Il doit détester ses parents pour ça. Ou alors c'était le contraire... Sale punk.

      En revenant vers la cage, je suis passé à coté de notre entremetteur, Rik Achilia. Je n'aime pas ce garçon. J'ai marché sur son pied, en le faisant exprès. Gnéhé.

      Et voilà. Gaston fait le beau. Fume un cigare. Un gros, cher. Qui pousse à la coïncidence. Je le note. Son adversaire entre dans la cage. Ça fanfaronne de plus belle, mais la cloche va bientôt sonner. Le "public" est déchainé. Je ne dis rien. Pourvu que ça finisse vite.

        Tout est en place, manque plus que le gamin. Il n'a pas dit un mot depuis son arrivée et n'en dira probablement aucun avant sa sortie. Autant se laisser croire qu'il a une chance de sortir de là. Le nain semble décidé à remporter toutes les mises d'un seul coup, il a confiance en son homme et il n'a pas tort, il a sûrement 10 fois l'expérience du gamin pour ce genre de choses et contre des biens plus costauds. Ce qu'il n'a peut-être pas, c'est l'envie de tuer. Tuul est très original pour ce qui est de la satisfaction d'ôter une vie, mais ça ne risque pas de se produire ce soir, il a plus de chance de se faire ôter des dents qu'autre chose. Les gémissements de la foule ne semblent pas lui laisser croire le contraire, la place n'est pas pour lui, ses fans n'ont pas répondu à l'appelle, tant mieux, ce serait bien pire.

        Seulement 32 secondes que le monstre est monté sur son ring et il s'est déjà fait une place, la place d'honneur. Son béret et son cigare de la taille d'un bras de bébé ne font qu'embellir le personnage et lui assurer une parfaite légitimité du titre en question. En bonus, on obtient un joli trou dans les barreaux du lieu d'accueil, de quoi se faire une idée de la force du boxeur. Tuul ne bouge pas d'un poil, il observe. Il laisse le temps aux junkies d'apprécier leur personnage. Il a le physique et l'attitude, aucun doute à se faire à ce sujet, il a gagné la foule. Le gnome qui lui sert de coach semble bien fier de son poisson, voilà de quoi justifier le regard écoeurant qu'il utilise pour fixer le garçon depuis son entrée dans la cave. Il vient tout juste de le croiser, c'est parfaitement normal. Laissons-lui le temps d'apprivoiser le chapeau, les cheveux, l'attitude et le fait qu'une grenouille affronte un monstre dans une cage de métal.

        Le marmot a déjà eu le temps d'apercevoir quelques mises se passer dans les bancs, on mise sur lui? Il y a plus de cons qu'il n'y parait dans cette pièce, mais le brun est satisfait. C'est tout le contraire pour le gnome, il n'aime pas les punks et ça se voit. Le roi du ring se contente de resserrer ses bandages et de trouver le délai de plus en plus long. Tuul devra embarquer sous peu, à travers les cris d'admiration lancés à son adversaire, mais il n'en a rien à faire de tout ça. Cette soirée sera mémorable, pour l'un ou pour l'autre.

        Enfin, le brun lui fait signe, signe qu'il prend aussitôt. La grenouille monte sur le ring, en compagnie de son porteur. Les deux ensembles prennent beaucoup de place, mais pas assez pour empêcher un bel échange d'avoir lieu. Les voilà un en face de l'autre, le béret fait trois fois sa taille, sans vouloir dire quatre. Tuul ne prend pas le temps de se demander qui commencera à taper, il sort la vieille lame que son agent lui a donnée. Plus courte qu'il ne pensait, peut-être même trop courte. C'est qu'il faudrait quand même réussir à le toucher le colosse, si on veut pouvoir faire quelque chose de potable.

        Le barbu est pleinement satisfait, voilà son adversaire, tout ce qu'il attendait. Il resserre ses points de plus en plus. Heureusement que les bandages sont élastiques, ses mains font la taille d'une tête, et pas de bébé. Un regard de fauve pour accompagner le tout et les deux hommes sont fin prêts à entrer en scène. Tuul devra miser sur la vitesse, peine d'y penser, espérant que l'autre n'en aura pas autant. S'il peut faire un tel trou dans une cage de métal, il peut en faire de bien plus gros dans le corps du gamin.


        DING! DING DING! ...

        La cloche a sonné, Let's start! Le public a déjà commencé à balancer un tas de choses dans le ring, principalement des trucs dangereux. De quoi faire la joie de l'homme de deux mètres qui risque d'y prendre bien plus de plaisir que le gamin, simple impression...


        Dernière édition par Tuul Kossetsu le Sam 20 Aoû 2011 - 1:55, édité 1 fois
          Que fait cet homme grenouille ici ? Le Marine, toujours enfoncé dans son rôle de "La Baston", lève un sourcil exagéré en voyant que l'adversaire a apporté ses propres armes. Un fétichiste ? un sentimental ? Un pervers ? L'objet n'est pas un meitou, alors pourquoi prendre sa propre vaisselle quand on est invité à un banquet ? S'il n'est pas expert en lames courtes, en cette lame courte précisément, alors il a grillé un joker pour rien. La prudence reste toutefois requise. On n'envoie pas un fou se faire éventrer, pas quand il y a autant d'argent en jeu. Il faut pouvoir miser sur les deux poulains pour qu'une partie des parieurs s'y retrouvent. Quel motif anime la confiance d'une part du public en l'excentrique ? Trop de points faibles ne sont pas chose normale, il convient de percer les véritables atouts de l'homme aux cheveux verts.

          C'est quoi cette épée, le kid, la version trois à dix ans ? T'auras pas eu le temps d'allonger le bras pour me suriner que je t'aurai déjà montré tout ce qu'on peut faire avec une batte.

          Le but de la provocation est juste de jauger la réaction de Tuul. Est-il inquiet ? Amusé ? Cruel ? Joueur ? Impassible ? On pouvait en apprendre beaucoup sur quelqu'un à la façon dont il traite une information. L'animation du visage, l'intensité de la respiration, la moiteur des paumes, la direction du regard, la nervosité des gestes, la grenouille embrassée par les sarcasmes de Gaston devait révéler le prince du ring qu'il devait logiquement être.

          Sa prise de la lame ne change pas, la position reste correcte. Il s'est déjà servi à mainte reprises de ce type d'outil. L'ambiance des lieux semble influer sur sa sérénité, mais il n'y a pas de peur en lui, pas assez. Serait-ce de l'inconscience ? Un manque de considération du danger ou de son existence ? Le Marine ne comprends pas pourquoi la souris est venue déambuler dans un nid de serpents, on jurerait quelqu'un qui se ficher d'aller risquer sa chaire dans un lieu qui ne promet aucune gloire aux vaincus. Qu'importe la raison de son étrange présence, il ne semble pas être quelqu'un de mauvais; Gharr l'épargnera pendant que Gaston cherchera à l'exécuter pour distraire une foule exigeante aux pouces constamment baissés.

          Les objets les plus lourds lancés sur le ring, il ne reste que les projectiles à retardement, comprenez les restes de ce qu'ils boivent et mangent autour de la scène. Gaston conserve la batte sur son épaule, le cigare qu'il laisse se consumer n'est raviver que pour empêcher qu'il s'éteigne. Lorsque l'idée de sa première attaque lui vient, il remet en place sa casquette et prend ses appuis. Les hostilités sont imminentes.

          Dong!

          D'un geste faussement nonchalant, Gaston a percuté une bouteille de verre lancée par l'un des moins nantis. L'objet, heurté avec la science d'un samouraï se faisant passer pour un vulgaire combattant de rues, est destiné à fracturer le sommet de l'os nasal de la grenouille pour lui occasionner un abondant saignement de nez et lui entraver la respiration. Si le coup passe, la foule aimera la classe du geste, surtout s'il amène à un knockdown. S'il ne passe pas, Tuul aura livré au moins une chose à laquelle le Marine devra faire attention durant le duel.
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          Le nabot ne s'était absolument pas trompé à propos du boxeur, tout comme son coach et tous les autres raclures qui se trouvent en ce lieu pourri, il ne semble aucunement satisfait de son adversaire, ni de son attitude. Pour Tuul, ça ne fait qu'augmenter le degré de liberté. Comment être plus libre de ses actions qu'en étant vraisemblablement considéré comme un simple bouffon? Y'a pas à dire, le jeune n'est que trop à l'aise pour ce qui l'attend. Le gros barbu avait réagit de la façon dont s'attendait le plus le gamin, avec une exagération faciale des plus marquées. C'est vrai que normalement, quand on se pointe dans ce genre d'endroit, on tient compte des cadeaux déjà sur place, mais Tuul n'aime pas quitter ce à quoi il est habitué et encore moins ce qui lui a été offert. Plus important encore, il se balance suffisamment des habitudes des barbares pour avoir une chance de les adopter, ne serait-ce que pour un soir.

          C'est quoi cette épée, le kid, la version trois à dix ans ? T'auras pas eu le temps d'allonger le bras pour me suriner que je t'aurai déjà montré tout ce qu'on peut faire avec une batte.


          On tient la personnalité du bonhomme, un gros toutou qui a une confiance aveugle en ses biceps, ses triceps et tous ses autres -ceps. Côté surprise on aura vu mieux, il ne cherche probablement qu'à provoquer la grenouille, mais pourquoi? Y'a qu'à frapper bon dieu, le ring est là pour ça! Tuul, en guise de réponse, se contente de lever les yeux vers son adversaire et avec un visage rempli d'indifférence, il esquisse un large sourire. Cela devrait satisfaire le tas de muscle, du moins pour qu'il tente quelque chose avant que la journée ne se termine.

          Enfin! suffit de demander, sa première réaction assez banale réside en un replacement de son couvre-chef... De quoi devenir fou. Au même instant, une bouteille de verre, jadis contenant une alcool quelconque, traverse la cage en arrivant vers la gauche. Le jeu va enfin commencer! Frappe bon dieu!

          DwonG

          Voeu exaucé, la bouteille tournoie dans la direction de Tuul, frappée par l'énorme batte en bois que tient le colosse, la vitesse du dit-objet est considérable. L'action est claire et nette, le gars veut péter le nez du gamin, mais il espère le faire trop facilement. Avec une bouteille de verre, en ligne droite, sans diversion d'aucune sorte. La vitesse de la bouteille pourrait être de 200km/h que cela ne suffirait pas à déjouer le calme du jeune. Il se contente d'aller frapper la bouteille avec son énorme chapeau, la vitesse de son entrée combinée avec le coup du révolutionnaire, on obtient un choc qui fait s'éclater la bouteille partout dans la cage.

          La foule crie, de plus en plus fort. Impossible de déceler quoi que ce soit, impossible de savoir s'ils sont contents ou non. Tuul a fait ce qu'il avait à faire, l'autre devra faire mieux. Le nabot tient sa lame droit devant lui, il va renchérir. Toujours avec le même regard indifférent sur son adversaire, Tuul se lance dans une course en zig-zag sur celui-ci, tenant maintenant sa courte lame dans une seule main, il attrape une hache au passage. Celle-ci ressemblant plus à un tomahawk qu'à n'importe quelle autre hache, il le tient maintenant dans sa main droite au côté du sabre tenu dans la main gauche. Au dernier moment, Tuul bondit sur la droite du colosse, prêt à le frapper avec ses deux armes tranchantes directement dans les côtes.
            Une grenouille sautille d'un nénuphar à un autre. Sa trajectoire n'est pas droite, elle veille à survivre aux assauts de l'échassier. L'homme en peau lisse de proie attaque enfin l'humanoïde épaissi d'une chaire assombrie par des générations sous la cuisson des étoiles. C'est un duel d'un homme contre une bête où la bête est l'Homme. Tuul a été téméraire d'entrer en cage ce soir, mais il n'a pas été stupide. Sa vitesse est amoindrie par la prudence, mais il reste vif. Le sol est jonché d'objets jetés en vrac et aucun de ses mouvements ne semble freiné. Au contraire, la grenouille sautillant d'une commissure de zigzag à l'autre saisit au passage une arme secondaire. C'est un gaucher, la hache servira à brouiller la lucidité de Gaston pendant que la lame, véritable danger, marquera la blessure. Les gens redoutent les haches bien plus que les épées. Le barbare tue plus salement que le chevalier et aucune dague n'a jamais équipé les mains des bûcherons. Son côté primaire la rend plus dangereuse qu'elle est en réalité, Gharr l'assure à Gaston qui n'a d'autre choix que de se fier à lui. La grenouille ne lance pas son arme sur le boxeur, la portée devient idéale pour un assaut frontale privilégiant l'avance considérable du long bras armé de la batte.

            Gaston hésite. Cet instant de latence est court, mais suffisant à l'empêcher de profiter de cette occasion pour bloquer le batracien en pleine course. Jouer le jeu d'un bagarreur de rue avait beau être convainquant pour l'attitude et le phraser, la couverture affrontait ici l'épreuve d'un duel à mort. Impossible de se battre en sabreur, en samouraï. Son art principal aurait voulu qu'il s'équipe d'un objet tranchant, qu'il avant d'un pas et tranche le corps de son adversaire avant qu'il soit dans la zone d'allonge. Cas de figure basique pour un expert au sabre, mais impossible à maîtriser pour un guerrier d'opportunité, si brillant soit-il de ses poings. Moins de finesse, plus de maladresse, c'était le handicap nécessaire au Capitaine s'il voulait éviter que quelqu'un dans le public décèle ses véritables dons pour le combat armé. Tant pis pour le coup préventif, la batte avait beau être à portée, le corps devait rester celui de Gaston la Baston.

            Il bondit sur le côté, à la droite su samouraï. Tant mieux. La pince de métal se referme vers le flanc du Marine. La blessure ne sera pas mortelle, mais elle saignera abondamment et entravera les mouvements. C'est un coup qu'il ne peut se permettre de recevoir. Alors, il tend son bras, comme le ferait un boxeur pour porter un direct au visage. Le gant de boxe est ici remplacé par une poigne ferme sur le manche de la batte envoyée en coup frontal sur l'imposant chapeau de Tuul. Le bris de la bouteille avait confirmé qu'il était dur et solide, c'était plus un casque qu'un chapeau à y songer. Et le repoussant du bâton comme le ferait une queue de billard, le corps éloigné de la grenouille lui ferait terminer son mouvement dans le vide. Le sommet de l'arme de bois heurte le casque. Tuul sent là la force du boxeur qui le fait reculer si vivement qu'il doit détacher les pieds du sol pour éviter de se retourner les genoux. L'épée et la hache se croise, sans sang ni chaire à brandir comme trophée. La grenouille constate une chose qui devra lui servir pour tout le combat qui suivra: Gaston aussi est rapide.

            La pression ne doit pas redescendre, Tuul se récupère aisément au sol, mais l'allonge lui fait toujours défaut et le choc du précédent coup l'a coupé dans son élan. Gaston ne vise pas non plus à le tuer, il lance sa batte en coup latéral qui heurte à nouveau le casque et offre un son sec de heurt claquant aux tympans. Aucune blessure, aucun traumatisme, les coups se contentent de lui faire virer de côté la tête. Le corps fin de Tuul presque éjecté à chaque coup donne une impression de violence inouïe, mais dans les faits le grenouille n'est que secouée avec assez de célérité pour l'empêcher et récupérer le rythme du combat.

            Les assauts déportent les combattant sur un bord de la cage, Gaston attendait que son adversaire soit bloqué pour lui porter un réel coup au niveau du foie, de quoi le mettre au sol un bon moment et continuer à chauffer la salle le temps que le batracien se reprenne. C'était sans compter sur les ressources du petit homme jusqu'alors dominé. Le coup décisif ne porte pas, la batte se découpe avant d'atteindre sa cible et ce n'est plus qu'une souche de bois que conserve Gaston. Pire, son avant-bras gauche marque une fine ligne de sang qui s'épaissit, remplit l'entaille et déborde en filets qu'absorbent les bandages plus bas au niveau des mains. Le révolutionnaire était trop sonné pour calculer son geste, il avait eu beaucoup de chance ou beaucoup de talent pour faire couler le premier sang. Gharr attend l'enchaînement, que Tuul sacrifie le précaire de sa position pour surenchérir, risquer de se faire coincer contre les cordes de fer et que ses armes deviennent inutiles. Donnée supplémentaire: Tuul est malin. Conscient que ce léger avantage ne suffisait pas à lui permettre d'en profiter, il a employé son action à un dégagement du grillage pour regagner le centre. Dommage pour Gharr.

            C'pas avec le tétanos que tu m'butteras tétard, ça coupe à peine tes outils de jardinière.

            Faut bien donner le change, en réalité Gharr cherche quelle arme ramasser pour lutter contre l'équipement adverse. Il jette son dévolu sur une clé de 12 en chrome et une ventouse dégorgeoir qu'il tient dans sa main gauche.

            Allez bonhomme, passons aux choses sérieuses.


            HRP: Résumé du combat en spoiler avec des images, c'est toujours pratique d'avoir un support visuel. Dans ton post, évite juste de me faire perdre la ventouse stp, je tiens à l'exploiter. Very Happy Pour le reste fais toi plaisir. ;)

            Spoiler:
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            L'assaut vert n'a vraisemblablement pas fonctionné. La première attaque de Tuul a lamentablement échoué et les séquelles des nombreux coups qu'il a reçus sont encore biens présentes dans sa petite tête. Tout ça, il s'en doutait bien, ce n'est pas avec ces manœuvres à deux sous que le gamin pourra atteindre le colosse. Avant de lancer l'offensive, le jeune savait pertinemment qu'il ne toucherait pas le barbu, ou du moins qu'avec de la chance, et il n'en a pas eu. Utiliser un outil avec lequel il n'a jamais opéré était une grave erreur face à un adversaire qui connait parfaitement son arme. Le tomahawk ne servait à rien, même s'il avait le tranchant d'un scalpel. Tuul devra renchérir avec le vrai matos cette fois, son fourreau cache toujours le plus intéressant. Son chapeau a joué le rôle qui lui était attribué, absorber le choc, le plus possible. Cet avantage était nécessaire pour permettre au nabot de rester dans la course, au travers des hurlements de la foule qui ne font qu'augmenter au fur et à mesure que l'échange se poursuit. Après quelques trois impacts bien placés, reprendre l'avantage ne sera pas chose facile. Le révolutionnaire a abusé de sa chance en réussissant à porter le dernier coup. Celui-ci n'étant qu'une tentative maladroite pour débarrasser l'homme de son jouet. Chose faite.

            Regagner le centre de l'arène, voilà la meilleure décision que le révolutionnaire ait prise durant cet échange. Un fois plaqué contre les murs de cette cage, de simples coups de poings suffiraient à faire éclater le corps du gamin en miettes. Il a posé son arme secondaire qui ne lui servira plus une fois que le colosse aura riposté, il opte pour sa véritable arme. Malheureusement pour son adversaire, il devra attendre encore quelques instants pour l'éclater, Tuul a dégainé son sabre, le vrai. Une grande lame bleu azur d'environs quatre-vingt centimètres se dresse au dessus d'un garde en cuivre à forme circulaire suivi par une poignée noire décorée de soie, une jolie pièce.

            Le gamin se tient désormais au bond milieu du ring, une lame dans chaque main. Il est parfaitement placé pour voir son opposant se servir en choisissant parmi tous les objets à disposition, une grande et massive clé de chrome accompagnée d'une... Ventouse. Étrange le gars.


            Allez bonhomme, passons aux choses sérieuses.

            Difficile à dire avec de telles armes entre les mains, on croirait assister à un combat entre clowns. D'un côté le baraqué avec sa ventouse et de l'autre, la demi-portion au chapeau de grenouille qui tient ses deux lames dans ses mains, dont une fait deux fois la taille de l'autre. Malgré tout ça, le plus poilu des deux n'a pas l'air de vouloir attendre, il ne laisse pas l'opportunité à Tuul d'abuser de sa chance une deuxième fois, il fonce sur lui avec sa clé bien en main. L'homme est fort, résistant et on croirait voir dans ses mouvements la même fluidité qu'on retrouve chez le gamin et ses manoeuvres au sabre. Grâce à tous ces atouts, il atteint ce dernier assez rapidement pour le surprendre. Son puissant coup de clé est passé à deux doigts de sa mâchoire. Un coup rapide mais direct, presque trop facile à deviner. Tuul se retrouvant sur le côté de son adversaire se dépêche aussitôt d'assener un coup, une rapide attaque horizontale qui se fait stopper net. Le coude du gaillard est venu se cogner directement sur le nez du nabot, arrêtant le mouvement des lames à quelques centimètres du flanc gauche.

            Après ce douloureux instant, le jeune ne tarde pas plus et s'éloigne d'un bond, tenant sa manche sur son nez pour arrêter le saignement. Le barbu est maintenant au centre de l'arène, position parfaite pour le style de Tuul qui cherche à l'attaquer de toutes parts. Il tient sa ventouse dans sa main gauche, mais pourquoi une ventouse? C'est mou. Il ne bouge pas, il semble avoir pris une position défensive. C'est donc à Tuul de renchérir, et il sait parfaitement comment. Il court vers le colosse qui tient sa ventouse bien fermement, tenant lui-même ses deux lames pour tenter de le taillader bien proprement. Sans faire de course en zig-zag, il parvient prêt de lui en ayant gardé un certain effet de surprise, lequel il augmente en faisant un grand bond vers son adversaire. Ce dernier faisant deux fois la taille du bretteur, il a malheureusement deux fois le temps de voir son trajet. Tuul ne tient pas ses armes en position de défense, il pense seulement à porter un coup efficace sur les épaules du bonhomme. Il n'en à guère le temps, l'homme fait un grand mouvement avec son bras gauche, portant sa ventouse à l'emplacement exacte où il voulait, sur le casque du garçon. Le mouvement ayant une puissance suffisante pour ramener un sanglier au sol, le gamin ne peut rien faire dans les airs et se retrouve donc projeté sur le sol de l'arène avec toute la force que son adversaire était capable de déployer.

            Le choc lui a fait perdre une de ses lames, la moins longue et la plus lourde. Tuul est allongé sur le plancher, toujours avec la ventouse collée à son chapeau. Les dommages sont importants, son dos a presque cassé sous la pression, mais il reste intact. Sa tête est protégée et sa lame bleu tient toujours dans sa main. Le plus inquiétant est le statut que le barbu a réussi à obtenir grâce à cette ventouse, il tient maintenant le gamin dans sa main gauche, plaqué au sol. Tuul est à sa merci.


              L'homme grenouille se bat bien. Gaston conserve l'ascendant, mais nombre d'adversaires n'auraient pas pu proposer la moindre initiative face au samouraï. La jeunesse faisait le trop peu d'expérience de Tuul, c'était un bourgeon qui devait encore s'ouvrir à l'art du sabre sous sa forme la plus pure, la plus traditionnelle.

              Le public acclame la finesse des techniques qu'il prend pour de la barbarie. Les tessons ne s'éclatent plus sur le ring, tout le monde attend de voir ce qu'il va advenir de la grenouille maintenant qu'elle est "collée" au sol. Gharr passe en position montée.* Il se place au-dessus de l'abdomen de Tuul, plaque son avant bras gauche armé contre le ring avec sa main et utilise celle qui lui reste pour entamer une série de coups de pilon. Le casque est une nouvelle fois salutaire, une bonne partie des coups sont bloqués par la protection ou le bras droit du révolutionnaire qui minimise les dégâts faute d'avoir un moyen de s'échapper. Le choc sec des phalanges sur la coque et la chaire donne aux spectateurs la réjouissance d'un match sanglant. Le nez de Tuul se remet à saigner et une de ses pommettes ne résiste pas aux coups, les blessures sans gravité mais impressionnantes barbouillent le sol d'un sang rouge qui se mêle aux cheveux verts. Gaston veut y aller à coups de coudes; préfère éviter de lui crever un oeil ou de lui détruire le visage.

              Car il s'agit toujours de bluff. Certes, Tuul a mal et son nez remplit de sang lui offre une respiration pénible, mais aucune blessure ne met sa vie en danger. Seul compte le sang verser, seule compte l'impression que ce sont des bêtes qui luttent l'une contre l'autre.

              Le martelage cesse. Tuul a décrispé les doigts sur son sabre. C'était le but du mauvais moment à passer, il fallait que le Marine s'assure que son adversaire n'avait plus l'énergie nécessaire pour l'empaler. Il fait alors semblant de l'étrangler en plaçant sont avant bras marteleur sur la glotte de la grenouille, mais il n'appuie pas du tout. Et les mots qu'il sort doucement à Tuul ne sont plus ceux du boxeur des rues.


              Tu es assez fine lame pour l'avoir compris, je ne suis pas vraiment un boxeur. Mickey et moi, on est à la recherche d'une personne, ce combat n'est qu'un moyen de la trouver. T'es très doué avec tes lames, mais tu sens l'alcool et tu es monté sur le ring sans aucune préparation; c'était le meilleur moyen de mourir comme un misérable ce soir.

              Je n'ai aucune raison de prendre ta vie, alors je vais te laisser une porte de sortie. Quand je dirai "les jeux sont faits", tu pourras me donner ton meilleur coup de tête et te dégager. J'ai hâte de disputer un duel de sabreur contre toi.


              Gaston fait un sourire carnassier à Tuul et reprend son rôle. Son long bras saisit la lame de son adversaire et il veille à passer sous l'abdomen au moment de se redresser pour laisser à la grenouille la liberté de se redresser sans devoir employer les jambes. Le boxeur lève les bras et considère la salle, un sourire triomphale sur le visage.


              Vous voulez que je le butte ?

              Les cris se soulèvent pour marquer une unanime approbation.


              Ha ha! VOUS VOULEZ QUE JE LE BUTTE ?

              Soutient le Marine en laissant défiler la lame du jugement devant une foule prête à assister à une exécution brutale. Gaston prend le sabre dans ses deux mains, lame brandie et configurée pour s'abattre sur la gorge de Tuul.


              Très bien, les jeux sont faits pour toi gam...



              HRP: T'en as fait baver beaucoup à ton perso, n'hésite pas à te défouler sur le mien aussi là. :p

              * http://membres.multimania.fr/alliancebjj/images/abramo1.gif figure b ;)
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              Toujours plaqué au sol crasseux et jonché de ferrailles, Tuul se remet de ses coups qu'il vient de prendre en pleine figure il y a quelques secondes de cela. Son adversaire ne lui a pas laissé la moindre chance de pouvoir échapper à ses poings ou ses coudes. Les deux étant de redoutables armes au corps à corps, le visage du garçon en est une preuve efficace. Ses pommettes et son nez n'ont plus la couleur qu'ils avaient et le sang des blessures recouvre une bonne partie de ses vêtements ainsi que les bandages du gus. Une bonne chance qu'il ait frappé à ces endroits, les coups que le jeune bretteur s'est pris auraient pu lui coûter bien plus s'il n'était pas tombé sur un adversaire digne de ce nom.

              Le bagarreur de rues, l'énorme colosse au teint basané qui se fait appeler Gaston la baston est en fait un tout autre personnage, qui cache une autre discipline. Il a bien caché son jeu, du moins suffisamment pour que la classe sociale qu'on retrouve en ces lieux soit satisfaite par ce coup de théâtre. Tuul a lui aussi été trompé à merveille, jamais sa connaissance du sabre n'aurait pu passer par dessus sa naïveté, malgré les mouvements primaires du barbu. Ce qu'il a dit au gamin avant de reprendre une position favorable à sa révolte, laissent croire à une suite plutôt mouvementée. Le gamin a maintenant tout le loisir de se libérer de cette position. L'homme qui, adversaire ou non, a plaqué ce même garçon sur le sol lui donne désormais l'opportunité de lui resservir une dose de lame. Tuul ne laissera pas cette occasion lui filer entre les doigts. La ventouse qui était jadis l'outil du colosse est toujours collée au chapeau à la forme d'une grenouille. Elle est trop bien fixée et trop peu inquiétante pour que le jeune s'y attarde, à vrai dire il ne la remarque même plus.

              Son nez cassé et ses pommettes fendues ne saignent presque plus, tant mieux, il serait bien dommage de tacher cette belle cage. Son abdomen est dégagé, son sabre est à porté de main et sa vie est en sécurité. Jusqu'à preuve du contraire, le jeune révolutionnaire n'est pas en si mauvaise posture. Quelques instants après avoir été dégagé et mis au courant des ficelles du combat, Tuul est prêt à faire le revirement de situation. La foule s'exclame et en redemande, toujours plus.


              Ha ha! VOUS VOULEZ QUE JE LE BUTTE ?

              Très bien, les jeux sont faits pour toi gam...

              Le barbu tient la courte lame au dessus de sa tête, petite mais effilée, elle pourrait parfaitement séparer la tête du corps du gamin. Heureusement pour ce dernier, son adversaire n'en a apparemment pas l'intention. Son signal est donné, il plaque ses talons solidement contre le sol et utilise l'appuie pour aller fracasser son chapeau sur les dents de son rival avec l'élan du haut de son corps. Le choc est raisonnable, assez pour que la réaction du boxeur étonne le nabot, encore plus que la distance qui sépare le manche en bois de la ventouse de l'oeil droit de Gaston, à peine quelques centimètres et ça y était. Le grand cigare de la longueur de son sabre est immédiatement projeté en dehors de sa bouche, celle-ci étant trop engourdie pour le retenir. Une faible giclée de sang éclabousse les yeux de la grenouille, sur le chapeau et non son visage. Le blessé perd appuie et retombe sur son dos, le tas de muscle soulève un léger nuage de poussière et laisse le temps au bretteur de se relever. Reprenant sa lame bleutée dans sa main gauche et fixant son adversaire se relever à son tour, Tuul recule de quelques pas pour laisser une distance permettant d'esquiver convenablement les attaques qui suivront.

              À travers les cris de l'assistance, qui semble être d'autant plus déçue qu'étonnée, le garçon nettoie son visage du mieux qu'il peut avec la manche de sa veste en tâchant d'épargner son nez. Le résultat est loin d'être impeccable, mais ça suffit à perdre l'apparence d'un martyr. Son adversaire est debout, il tient uniquement la courte lame et ne prend pas la peine de réutiliser sa clé. Il a l'intention de tenir sa parole et d'offrir aux spectateurs un combat de sabres. Tuul a confiance en sa maitrise du sabre mais il doute fort de rivaliser quelque peu contre de tels muscles qui détiennent les mêmes réflexes.


              -Hé hé, tu t'es manqué de peu sur c'coup là, j'ai bien cru que le combat était déjà terminé. Allez maintenant, sabre contre sabre, que le meilleur l'emporte !

              Vaux mieux jouer le jeu si on veut tenir le public en haleine, les parieurs n'éprouveraient sûrement pas la même satisfaction que Tuul après avoir entendu les mots de Gaston. C'est sur cette réflexion que le révolutionnaire se jette à nouveau sur son adversaire en tenant son sabre à deux mains. Malgré la vitesse avec laquelle il semble avoir débuté sa course, il suffit d'un pas pour que le colosse égalise la distance et croise le fer. Les deux lames s'entrechoquent et le son du métal résonne dans toute la cave. Tuul tient son sabre quasiment collé contre lui, sa force est bel et bien inférieure à celle de son adversaire. S'il garde cette position il ne fera que perdre de plus en plus de force et se laissera lamentablement taillader, il retourne donc se lame qui est toujours collée contre l'autre. Cette manoeuvre fait perdre un minimum d'équilibre au colosse et le gamin saisi cet instant pour frapper la jambe gauche de la baston avec la sienne et repousser son sabre contre lui. Ce genre d'offensive déçoit le public plus que tout le reste, le sang qui recouvre le visage du gamin était bien plus artistique et digne d'un fier combattant. Ou pas. Par contre, c'est eux qui parient et c'est donc eux qui choisissent par la force des choses. Tuul bondit à nouveau droit sur lui, mais cette fois il prend le risque de prévoir la réplique de son adversaire. Il esquive son coup de sabre au dernier moment et se place une fois de plus sur sa droite pour asséner un coup vertical de bas en haut sur l'énorme bras du barbu. Le coup est presque parfait et une entaille du coude jusqu'à l'épaule gicle sur la lame bleu azur. Le choix du coup a permis au gamin de bloquer le coup suivant sans devoir changer sa trajectoire, le sabre se dirigeait déjà vers celui de son adversaire. Les deux armes se croisent de nouveau, le gamin tient moins longtemps que la fois précédente et se retire volontairement pour aller se placer devant Gaston. Sa blessure saigne assez pour qu'il lui porte attention. Sa fluidité est brisée par sa volonté d'ignorer l'entaille, ce qui laisse une ouverture au gamin, ce qu'il prend aussitôt.

              La longueur de la lame de son adversaire ne lui accorde en rien l'avantage du combat, son bras fait facilement trois fois la taille du sien et sa longueur est bien suffisante pour compenser le quatre-vingt centimètres de la lame bleu. Tuul cherche plutôt à déjouer les réflexes du colosse, sans pour cette fois zigzaguer vers celui-ci. Il se jette cette fois sur le flanc gauche et feint son coup de sabre, le même qu'il a fait sur le côté droit. L'ex-boxeur ne tente alors rien de plus audacieux et refait lui aussi le même mouvement que la dernière fois, la grenouille change alors le sabre de main pour continuer vers la lame de son adversaire uniquement avec sa main gauche. La force du colosse est trop évidente pour la bloquer directement, il profite donc de cette force pour placer sa main sur le côté de la lame qui descend vers lui et la repousser vers l'extérieur. Cela en même temps qu'il tient sa lame dans sa main droite, le gamin l'ayant rattrapé du mauvais côté, il garde la même direction et taillade le torse de Gaston. Une entaille aussi grande qu'il a sur le bras vient de lui être faite sur le torse, cette fois-ci horizontalement, de gauche à droite. Elle est visiblement moins profonde, seulement la peau a été tranché à moins d'un centimètre de profondeur.

              Son mouvement avec son bras droit est aussi beaucoup moins fluide qu'il l'aurait été avec le bras gauche, cette faiblesse laisse amplement le temps au colosse d'agripper le gamin avec son bras blessé et de le projeter sur un des murs de la cage. Malgré le fait qu'il ait subit deux blessures en moins d'une minute, sa force est encore bien présente. Le nabot ressent aussitôt le choc une fois sur le grillage, assez fort pour le laisser retomber assis par terre, dans un coin. Il est une fois de plus en mauvaise posture, tout ce qu'il lui reste pour le moment c'est la force de se relever et la présence d'esprit de reprendre son sabre avec la bonne main, il en aura besoin.
                Le sang se mêle aux fibres des vêtements, créant de larges traits rouges visibles sur la chemise jusqu'au dernier rang. Le public est ému de voir son favori blessé, lui qui avait effectué un show parfait et une performance exemplaire. Le voilà lacéré, dépassé, dominé un instant par un adversaire qu'il avait enterré trop tôt. La supercherie a parfaitement fonctionné, la grenouille s'est enfin changée en prince. Du côté du samouraï, les blessures n'ont aucune importance. S'il avait ôté sa chemise, Hadoc aurait montré combien il est habitué à avoir le corps malmené par les nombreux combats, beaucoup dans des conditions pires que celui d'aujourd'hui. Les blessures d'aujourd'hui seront rapidement absorbées et il faudra la mémoire des hommes pour se rappeler qu'elles ont eu lieu.

                Mais le temps de l'évaluation touche à sa fin. Laisser Tuul s'installer serait une erreur, nombre de combattants ont connu la défaite pour avoir sous-estimer leur opposant à priori condamné. Coups vifs, absence d'instinct meurtrier, acrobaties, la Grenouille a le style approximatif de l'école du sabre fin, où le sabre sert à trouver les failles, user l'adversaire et le déborder pour le vaincre. Le Révolutionnaire était donc spécialiste dans la guerre d'usure. Il serait une bonne recrue à l'école du senseï Chun, ses coups seraient affinés et sa précision accrue. L'heure d'une leçon dans le pur style de l'école du sabre fin est arrivée.

                Cramponne-toi à ta lame gamin, j'vais t'montrer comment on travaille au corps face à un surineur.

                Gharr casse la distance en trois pas. L'avance est frontale, sans artifice. Le premier coup est direct, dirigé vers la glotte de Tuul. Il dévie la lame et penche la tête, au cas où la force adverse serait trop grande à contenir. La dague est déviée, mais le sabre bleu aussi. Un nouveau coup, porté par un bref repli du bras de Gaston, ne laisse d'autre choix au batracien que de compter sur ses réflexes éclair pour ne pas s'empaler sur le métal. C'est là que la troisième estoc coupe l'élan du bonhomme vert en lui glissant entre les chaires externes du bras. Pas le temps de contempler l'entaille, le bras monte sur ressors du marine enchaine une série de jabs armés et dangereux sur Tuul qui se fait recentrer dès qu'il tente de trouver une porte de sortie. Le public retient son souffle, le bras de Gaston semble décuplé par la vitesse. Tuul aussi agite sa lame, essentiellement pour parer les coups portés au torse qui servent à geler son arme. La condition physique entre en jeu. Les chocs violents demandent au révolutionnaire une dépense d'énergie faramineuse, son adrénaline saturée par son instinct usent également son corps, il est en phase de surconsommation. Les attaques de Gharr consomment aussi, mais il est à l'aise dans un exercice répété des milliers de fois et il était préparé à dépenser cette énergie. Les plaies sur Tuul apparaissent comme par invocation. Des griffes sur les bras, principalement, et quelques éraflures sur le casque qui font partie du travail d'élagage.

                Regardez, il a lâché son arme.

                Tuul ne pouvait plus durer éternellement dans cette position. Acculé, piégé dans un étroit couloir d'une pluie de coups, de plus en plus épuisé, sa seule solution résidait dans l'attaque. Alors, il a accepté l'idée de prendre un coup sur le torse, côté droit, pour porter une attaque du gauche et enfoncer son sabre dans le corps de Gaston. Rusé, mais la cible du Marine n'était pas le tronc. Dès que l'ouverture s'est créée, Hadoc a lancé un uppercut de sa dague dans l'arrière du coude de Tuul. Le choc a été violent, tout l'endommagement des nerfs a créé une décharge électrique répandue jusqu'au bout des doigts. Paralysée, la grenouille a laissé échapper sa lame des doigts et retomber au sol. Voilà pourquoi à présent le public écarquille les yeux et sent une fin imminente.

                Dernière leçon, bretteur.

                Tuul sent un pincement au niveau de la gorge. L'oxygène est bloqué par un liquide épais tandis que cascade tiède dévale jusqu'à son poitrail. La pièce perd immédiatement quelques degrés, un froid interne l'envahit et plaquer sa main contre la grande et profonde entaille qui parcourt un bord à l'autre de son cou lui confirme ce que le cerveau se refusait à croire. Gaston l'a égorgé. Le temps se fige, s'assombrit. L'oeil noir de mort du Capitaine s'enfonce, devient une orbite macabre, inhumaine. La peau se glace au contact d'un air hostile et une créature issue de toutes les ombres attire le révolutionnaire à travers le grillage du ring, de l'autre côté de la lumière. La grenouille sent le néant l'aspirer, elle lévite dans un nid de serpents difformes qui l'avalent les uns après les autres. Son coeur éteint se soulève, comme crispé par une chute libre sans fond pour la stopper. Puis, la chaleur revient du zéro absolu, la sueur perle sur le front et la lumière dilate à nouveau ses pupilles. Quelques micros débris de verres piquent sa joue. Tuul est au sol, terrassé par un un coup que personne n'a vu. Son cou est intact, mais le corps reste frissonnant, marqué par l'empreinte de la mort qui a désincarné son âme un bref instant. Tuul a vu ce que voient les gens qui meurent de façon violente.

                Personne ne comprend. Gaston a juste envoyé son poing désarmé devant le visage de son adversaire après l'avoir poignardé derrière le coude. Le corps couvert de sueur froide de la grenouille témoigne de la sincérité du soudain malaise.


                HRP: Ton perso n'est pas vaincu, sauf si tu le décides. Il a juste eu une très sale expérience provenant de cette technique:

                # Technique de l'école au sabre de bois: Warden Warning
                En une fraction de seconde, Gharr sort son sabre et tranche son adversaire qui réalise qu'il vient de mourir. C'est du moins ce qu'il pense, en réalité Hadoc n'a jamais attaqué. Il peut avoir mimé un assaut au sabre ou être resté parfaitement immobile. Warden Warning n'occasionne donc aucun dommage physique et est bénin pour tout être en bonne santé, mais l'expérience de la mort a pénétré son esprit et sa confiance sera ébranlée, sinon brisée. Cette technique sert à intimider ou éviter un conflit et puise sa force dans la volonté de vaincre du samouraï.
                • https://www.onepiece-requiem.net/t1985-le-set-samourai
                • https://www.onepiece-requiem.net/t1888-le-capitaine-hadoc-a-emherge
                Il y a comme un malaise qui s'intensifie depuis le début du combat. La sensation désagréable d'avoir mis dans la même arène un chat et un lion. Car plus les secondes s'égrainent, plus la domination de Gaston est évidente. Et même si je peine souvent à me trouver de la compassion pour les perdants - après tout personne ne les a forcés à s'en prendre plein la poire pas vrai ? - pour le coup, je souffre presque autant que le gamin.

                Parce que le choc n'a pas lieu. Parce que c'est moi qui suis en première ligne si l'affrontement ne satisfait pas le public. Et force est d'admettre, en dépit des efforts de Gaston pour faire monter l'ambiance en expert du genre, le déséquilibre est trop flagrant pour que la foule se laisse entrainer sans une certaine retenue, un certain désappointement. On veut des cris, de la rage, du sang. Certes. Mais on ne veut pas d'une exécution sommaire. Ce n'est pas ça, l'univers des combats clandestins. D'abord, un choc guerrier, bestial. Et ensuite seulement doit sonner le glas pour le vaincu. Là, on zappe complètement tout le premier acte et sauve tout juste les apparences.

                Patiemment, j'ai attendu le signe du gamin pour faire intervenir le duo de combattants qui devait faire office de renfort si le besoin s'en faisait ressentir. Mais le môme n'a pas bronché. Trop orgueilleux peut-être. Ou figé par l'évènement. Et maintenant, il est trop tard. Il se retrouve désarmé, bras transpercé, à genoux devant Gaston. Il s'est écroulé avant même de recevoir le dernier coup de poing, probablement K-O.

                Pour la défense du gamin, je dois admettre que le type dégage une aura particulière. Lui, un simple combattant ? J'en doute. Il se débrouille très bien. Trop bien. Le public de connaisseurs est conquis par sa prestation, naturellement. Mais il se sent lésé dans l'affaire car le combat n'a été qu'un pétard mouillé. Alors, il veut se rattraper sur un autre terrain. Et demande un déchaînement de violence.


                "Massacre le !" que ça gueule sur ma gauche. "Encore, encore !" scandent les accrocs au premier rang. Tous semblent dans une sorte de transe commune. Et si je me fie à la mine fermée et l'œil chargé de noirceur de Gaston, il va se faire un plaisir de satisfaire leurs attentes.

                Un regard vers le vieux Eb, patron incontesté du business, pour essayer de trouver la touche de modération qui manque dans le tableau. Mais Eb bronche pas. Lui aussi a l'œil mauvais, sauf que celui-là, il m'est destiné à moi. Je viens de perdre toute ma côte et plus encore auprès du boss. Ça suppose des tas d'emmerdes à venir ça. Le mieux, c'est alors de se ranger sagement le temps que l'affaire se tasse.

                Pourtant, ça me navre de le reconnaître mais, ça m'emmerderait d'avoir envoyé un gosse à l'abattoir. C'est pas comme si c'était moi qui me chargeais de la sentence mais c'est tout comme. Et qui dit Rik dit magouille ok, mais pas meurtre.


                -Tchh. Franchement, gamin...

                Je maugrée un instant dans mon absence de barbe, puis fends la foule autour de la cage. Jusque là, on m'ignore presque. Mais bien vite, je deviens le nouveau centre d'attention du hangar. Pourquoi ? C'est tout simple, y'a désormais plus deux mais trois individus dans la boite. Et le troisième, c'est moi.

                Les insultes fusent, les menaces aussi, mais je n'en ai cure. Je fixe simplement Gaston, tout en me positionnant entre lui et son adversaire bien mal en point. Faut avouer qu'il a pas l'air commode, loin de là. Tellement que j'en viens à me demander qu'est ce que je fous dans l'arène. J'ai encore manqué une occaze de m'écraser, j'ai bien l'impression.


                Mais bon, maintenant que je me suis jeté à l'eau...

                -...autant apprendre à nager.

                Bras croisés, je soutiens le regard du grand Gaston. L'envie d'en découdre avec lui me démange pas, loin de là, mais c'est pas dans mes habitudes de me défiler et faire machine-arrière.

                -Ok, le combat est terminé, inutile d'aller plus loin. Si t'as pas eu ta dose d'adré pour la journée, je le remplace.

                Mais Gaston dit rien. Se jette pas sur moi. Gaston gentil. Il hurle pas son mécontentement, au contraire de tout le public qui est de plus en plus d'avis de me lyncher pour m'apprendre à rester à ma place. Ça me conspue, balance du gravas qui vient percuter la grille.Quelques battes s'élèvent dans les rangées, et inutile de préciser qu'elles sont destinées à être essayées sur ma pomme. Hmm, s'agirait de pouvoir sortir en un seul morceau et pas les pieds par devant, quand même...Eeeb ?

                Problème, Eb tique pas, loin de là. Il me bigle, carrément tranquille, assis sur sa petite estrade solo. Je suis pas assez près pour lire l'expression sur son visage, mais m'est avis que ça doit donner quelque chose comme "bon débarras". Okay, c'était la dernière bouée de sauvetage ça. Va falloir improviser. Mais c'est pas pour me déplaire.

                Encore une trentaine de secondes et les plus virulents sont assez chauds pour que l'envie leur prenne d'entrer eux aussi dans la boite.


                -On va te faire la peau, Gambler !

                Manquerait plus que ça. Les gars s'approchent, mais je reste serein. Je caresse subrepticement le pendentif accroché à la cordelette autour de mon cou, tout en tournant ostensiblement le dos aux grincheux.

                -Allez mon pote, c'est le moment d'être avec moi... Vole petite pièce.

                Le Berry s'envole, haut, très haut dans le hangar...

                -Allez, viens te battre comme un homme au moins !

                La pièce entame sa chute, tout en vrille, sans que personne n'y fasse trop attention.

                -Je serais vous, je ferais pas ça les gars...

                -Ah ouais ?? Et pourquoi ça pti malin ?

                Clong.

                Face. Je dégaine.

                -Pour ça.

                ...

                Le silence happe le hangar tout entier. La scène se fige. Tic tac fait l'horloge. Bzz bzz la mouche.

                Les vilains me regardent. Je les regarde. Ils zieutent mon arme. Clignent des yeux. Chtok Chtok. Re-zieutent mon arme dans un léger sourire mi-contenu, mi-perplexe, mais encore un peu méfiant tout de même. J'pivote vers ma paluche.

                -Ah.

                C'est plus un flingue que j'ai en main, non...

                -Euh...

                Hmm, en fait...comment dire...ça ressemble plus à... euh...

                -Un pistolet à eau ??

                -Ahem...beuh... Surpriiiise ?

                -Hahaha !!!

                Au moins, ils ont l'air de trouver ça drôle.

                -Mwéhééé...mwais...héhé...

                -HAHAHAA !!!! Un Pistolet à eeeauuu !

                Fichtrement drôle même.

                -Héhéhééé !

                -WAAAAHAHAHAHAHAA !!! Ce mec est idiot ou quoi ! WAHAHAHA !!! Tout simplement extra !

                Mais c'est que ça se présente pas mal tout ça.

                -HÉHÉHÉ !!! Merci, merci ! Une blague si drôle, ça mérite bien un verre non ?

                -Ouais, à la taveeer...neeeuh...Heeein ?? Sileeeence !!!

                Ouuups...

                -Haha... aheem, pardon.

                Retour au point de départ on dirait. Sauf qu'en plus, ils ont la drôle de sensation que je les ai pris pour des imbéciles en prime. Fâcheux. Pour tout arranger, Eb entre dans la cage. Il s'avance vers moi. Regard de pierre. Les types n'attendent qu'un mot de sa part pour passer à l'action. Il s'exprime, voix de glace.

                -Faites en ce qu'il vous plaira.

                -Ouaaais !!!

                -Nooon. Ce serait une grave erreur Eb, vous croyez pas ? Après tout ce qu'on a partagé...

                Ça fait pas tiquer le bonhomme. Parole il était en marbre à la naissance ou ? Merde, ça se gâte sérieusement là. Deux bons hommes me ceinturent, un troisième va pour m'assommer en y mettant une application tout à fait louable mais un peu embarrassante pour ma caboche.

                -Allons, Eb !! En plus, il y a... enfin, tu sais bien...

                Dernier bluff...raté. La batte arrive et...

                -Attendez !

                Ah ? Ptetre pas si raté que ça...

                -Mais, m'sieur Eb !

                -J'ai dit, attendez. De quoi tu parles, Gambler ?

                -Allons, allons...

                Sourire entendu en coin, je repousse les deux molosses qui me retenaient. Je réajuste mon costard froissé dans une gestuelle presque théâtrale, puis me rapproche du patron.

                -Je parle bien sûr de...

                Voix basse, presque pour lui susurrer à l'oreille... Écoute bien attentivement mon grand.

                -Ceci.

                Clic.

                Le copain du premier. Planté pile sous le nez du vieux. Sauf que celui-là, c'est pas un jouet.

                -Qu'est ce que ... ?

                Le silence retombe, brutalement.

                -Pas de blague ou faudra ramasser les restes à la petite cuillère les gars...

                Lentement, une main refermée sur l'épaule de Eb, l'autre toujours occupée à le pointer pour prévenir toute entourloupe, je me fraie un chemin hors de la cage, pour me diriger vers la sortie.

                -Bien, mes amis, je suis au regret de devoir vous laisser. Et, pas de blague hein, je m'en voudrais de devoir faire du mal à notre cher Eb.

                Bon, c'était bien sympa ça. Ça le sera encore plus si j'atteins la sortie vivant. Et c'est pas gagné.


                Dernière édition par Rik Achilia le Sam 3 Sep 2011 - 3:48, édité 3 fois
                  D'un coup, tout s'est arrêté. Les singes se sont figés, cessant ainsi d'infliger à mes pavillons leurs beuglements grotesques. Si mon ouïe se régale, ce n'est pas le cas de mon cerveau. La situation qui vient d'éclore est mauvaise. Pour nous. Tout se passait pourtant "si bien".

                  Gharr qui s'occupait de son adversaire en attirant à lui les regards vides et sans lueur, me laissant ainsi toute la liberté de tourner autours du ring pour en capter les conversations douteuses. La populace, justement trop occupé à boire et à se délecter de la barbarie du centre que pour me remarquer, moi et mes grandes oreilles. Oui tout allait bien. J'étais en train d’enregistrer mentalement l'échange entre deux truands, dont le sujet était l' "acheminement" d'une étrange cargaison. J'allais savoir le pourquoi du comment lorsque... ça a basculé.

                  Il semble que le combat n'ai pas été à la hauteur des attentes de l'infâme 'Eb. Et que le vil joueur Achilia se retrouve dès lors dans le pétrin. Ça c'est son affaire. Ce sont les risques d'un métier facile car en marge de la loi. Il n'a que ce qu'il mérite. Mais c'est lui qui a organisé notre combat. Il est notre garant... Autant dire que cet abruti va faire sauter notre couverture. Et que nous allons devoir fuir à ses bottes pour ne pas avoir à payer pour lui... Hmm..

                  J'observe Gharr dans la cage, puis 'Eb, finalement le Gambleur, qui tient le dit 'Eb. Je ne saurais trouver pire situation. Mais, un éclair de génie me vient. C'est le bon moment ... pour se cacher ! Profitant de ma taille considérée comme petite, malgré le fait que petit et grand soit une norme de concept relative, stupides humains, je me faufile dans la foule en colère, aux yeux rivés sur Achilia, pour me diriger vers le guichet du bookmaker, où trônait fièrement l'infâme 'Eb, quelques minutes plus tôt. Ce fut aussi long que ma précédente phrase, mais si vous n'êtes pas prêt à faire des efforts, comme marine ou comme lecteur, changez de métier.

                  Ainsi donc, alors qu'en centre de salle, les singes s'énervent, j'arrive au niveau du comptoir. Vide. Les booky est trop occupé à tenter de sortir celui qui le paie de ce mauvais pas. J'entre donc derrière, personne ne me voit. Parce que je suis discret. Et rapide. Et très méticulleux. Gné hé. Je repère plusieurs livres, que j'ouvre. La plupart n'ont pas d'intérêt, mais deux sont particulièrement instructifs: un livre de compte, et un carnet de "service". J'ai mon idée quant au genre de services... J'embarque les deux livres. Hop. Sous le manteau. J'étale les autres, au sol, simulant ainsi un vol piteux. La caisse est juste au dessus, sur le bureau, face au vasistas. Je la délaisse de son contenu, puis m'apprête à partir. C'est la que mon œil est attiré par une petite étagère au niveau du sol. Une étagère étrange, irrégulière dans son matériau, dans sa teinte. Je l'ouvre; derrière apparait un coffre... Avec un code. Et un serrure. Mmmh. Mon instinct m'indique que selon toute possibilité, le contenu de ce coffre est important. Et ma main à couper que c'est l'infâme 'Eb qui en a la clé. ... Il nous la faut! Je me faufile donc en dehors du minuscule guichet. La situation n'a que peut évoluer: Achilia tient toujours Eb' en joue. Ils sortent de la cage. Lentement. Passant entre les jambes, je tente de rejoindre Gharr. Il faut le lui dire. Il faut trouver une façon. Il faut que nous ayons 'Eb !




                    L'état dans lequel se trouve le gamin en ce moment laisse croire avec raison que le combat touche à sa fin. Les précédentes attaques qu'a livré le maître du ring ont finalement réussies à venir à bout du jeune bretteur. Son agilité et ses mouvements jusque là assez fluides se sont fait littéralement dépasser par l'expérience et la force de son adversaire, ces deux atouts ont conduits Tuul a un épuisement presque total et un écroulement instantané. Le choc brutal qu'il a reçu et qui lui a fait lâcher son sabre suivi de sa vision de mort l'ont laissé à genoux sur le sol de la cage, devant le colosse qu'on surnomme Gaston La Baston. Cette situation s'est vite enchaînée et quelques instants plus tard, le brun qui était bien tranquille dans les estrades a fait son apparition pour mettre officiellement fin à cet échange barbare. Au grand soulagement de Tuul et à la grande stupéfaction du public. Cette stupéfaction s'est transformé en colère et en folie, en quelques secondes au moins dix hommes sont entré dans l'arène, tous armés d'outils plus ou moins dangereux. Ce spectacle qui se déroule maintenant devant les yeux du jeune homme est bien loin de ce qu'il s'attendait de voir ce soir. Des paris et des arrangements salauds au grand profit des habitués du milieu ont laissé place à cette dangereuse situation qui ne met personne à son avantage.

                    -Ok, le combat est terminé, inutile d'aller plus loin. Si t'as pas eu ta dose d'adré pour la journée, je le remplace.


                    Le voilà qui se porte volontaire pour subir les assauts du boxeur devenu sabreur. L'arrangement qu'il a eu avec Tuul ne tient probablement plus. Ses deux hommes ne bougent pas et assistent tranquillement à la scène, sans avoir le moindre soucis de ce qui va advenir de leur gars. Le révolutionnaire lui, fixe son agent, celui qui lui a quasi assuré d'obtenir une victoire et un pactole et qui était maintenant un simple homme en costard dans une cage de barbares. Le colosse n'a pas bougé d'un poil depuis que le gamin est tombé à genoux, l'entré du gambleur et des ennemis qu'il vient de se faire ne semble aucunement le tracasser. A-t-il déjà trop de vécu pour qu'une si risible révolte ne lui cause pas de soucis? Probablement, mais ce n'est pas ce qui inquiète le plus le garçon au chapeau de grenouille, la situation va devenir de plus en plus merdique.

                    À vue d'oeil, l'homme qui lui a trouvé son combat semble chercher une porte de sortie, mais il n'en reste pas des masses. Il a plus de chance de se faire tabasser par les arriérés du public que de sortir de cette cave. Il zieute partout autour de l'arène, il cherche quelqu'un. Malheureusement pour lui il n'a pas assez de temps, les autres ont déjà perdu patience. Ce qui s'en suit est par contre relativement amusant, le brun vient de perdre toute crédibilité après avoir sorti son arme. Un pistolet, à eau... Ils semblent trouver ça drôle, plus que Tuul. S'il ne peut rien faire contre eux ce n'est sûrement pas le perdant du combat qui le pourra. Finalement, un homme se lève à son tour. Assez vieux, l'air à moitié endormi, barbe de trois jours, linge mal lavé, sûrement un habitué de la place. Il traverse la cave au travers des hurlements et du mécontentement de la foule et parvient jusqu'au centre, où se trouve la cage et tous les autres. Aucun besoin de tasser qui que ce soit, il s'ouvre un passage sans avoir besoin de dire un seul mot ou de bouger le petit doigt, influent le bonhomme.


                    -Faites en ce qu'il vous plaira.

                    Ouch. C'est foutu, voilà l'ordre d'exécution donné. Le supplier ne donne rien, il ne flanche pas et n'a absolument pas l'intention de laisser filer l'agent du nabot... Ou pas.

                    Voilà que c'est le costard qui fait chanter le vieux, devant tous les autres, Gaston et le gamin. Il essaie à nouveau de trouver un échappatoire. Les impatients le laissent parler sous ordre du bonhomme, le boss..


                    -Je parle bien sûr de...

                    Il est presque muet, seul son interlocuteur a compris les mots qu'il vient de lui dire. Ils étaient courts, car à défaut de n'avoir pas entendu ce qu'il a dit, tout le public voit maintenant clairement que le gambler tient son arme pointé sur le vieil homme. Cette fois c'est un vrai. Tuul fixe la scène, absolument certains d'y rester et de servir de prix de consolation pour la foule qui n'a pas eu ce qu'elle voulait, son agent par contre a finalement eu sa porte de sortie. Il parvient à sortir de la cage après avoir pris l'autre en otage. Le gamin est seul, seul avec le colosse et tous ceux qui sont montés sur le ring. Son bras semble aller mieux et ses idées deviennent plus claires. Y'a pas le choix, le révo va devoir reprendre les armes s'il veut pouvoir reprendre un verre de rhum à la taverne.
                      Les informations apportées par le Commandant donnent à Gharr une bonne raison de s'immiscer dans ce règlement de compte entre criminels, mal parti pour l'homme au costume plein d'assurance qui avait visiblement des dons de magicien. Il semble être capable de transformer la viande de chèvre en or ou en eau douce, et même les deux à la fois. L'eau douce était sortie de son arme un peu plus tôt, capacité étrange qui fit d'abord penser au Marine que Gambler était un excentrique, quelqu'un qui se plaisait à menacer d'un pistolet à eau une population qui n'avait même pas l'excuse de fruits du démon pour prétendre le craindre. Mais si l'arme du joueur avait fait un flop complet, ses dons magiques n'en demeuraient pas moins exemplaires concernant la lame que tenait Gaston, et qui possédait à présent une transformation digne d'un toucher philosophale. Plus grande, plus lourde, plus solide, plus mécanique, la poignée possède une détente qu'il suffit de presser pour activer la chaine dentelée qui servait de tranchant. Gharr dut utiliser son second bras pour soutenir l'épée tronçonneuse aussi grande et encombrante que lui dont Rik avait fait involontairement cadeau. Un pouvoir bien redoutable qui a le mérite de soulever l'attention. Si cet homme peut transformer un canif en katana, il peut transformer une masse de métal et de papier en véritable fausse monnaie. Gambler était devenu un suspect dans l'affaire et il était donc impératif qu'il survive. Les révélations de Lou offraient la même immunité à Eb. Seulement voilà, chaque chien de fosse oeuvre à la perte de l'autre, la situation n'exige qu'un seul vainqueur dans cette configuration et il appartient aux Marines de tirer leur épingle du jeu de ce problème.

                      Barrez-vous de mon allonge!

                      Déclare Gaston en découpant la grille de l'arène avec son nouveau jouet dans une fontaine d'étincelles à émouvoir artificiers et monteurs de scènes. Le décor ravagé par l'arme et le boucan de cette dernière ouvre un couloir naturel entre Gharr, Gambler et, malgré lui, Eb. Le Marine conserve le rôle de bon lascar de rue envieux des riches et méprisant des pauvres. Hadoc utilise la science de l'école au sabre de plomb pour pointer Rik de sa nouvelle arme à bout de bras, pour faire homme déterminé puis aussi un peu pour la frime. On est au catch, le spectacle se déroule aussi en dehors du ring. personne n'apporte un micro estampillé W à Gaston, mais ça ne l'empêche pas de faire son discours.

                      Gambler, j'ai cru que t'avais des boules quand t'as eu envie de remplacer la grenouille sur le ring. Mais t'es un petit sensible, se faire huer par le public ça t'a chamboulé le courage et t'as décidé de te tirer d'ici comme une pauv' merde. TU ME DOIS UN COMBAT!

                      Le public reprend sa place de spectateur, ils fixent la scène sans plus vouloir y jouer un rôle actif.

                      Et je l'aurai ce combat, maintenant ou demain. Je vais peut-être te surprendre, mais je m'en tamponne que tu troues la gueule d'Eb. C'est ton pote, pas le mien. Par contre, il est ton assurance vie mon gars, si tu le crèves, tu meurs. Alors écoute le deal auquel je pense là à l'instant.

                      Si le tues, tu crèves, si tu le relâches, t'es capturé par Eb et tu crèves. Si tu veux te barrer, je te pourchasse avec la moitié de la ville et tu crèves. T'as gâché la soirée et un événement, ça mérite la mort. Mais si t'es prêt, devant le public, à t'acquitter de ta dette en acceptant de te battre contre moi ici et dans une semaine contre moi, alors tu remettras ta popularité et l'injure faite à nous tous en jeu.


                      Idée intéressante, mais Gharr parle à la place d'Eb qui serait prêt à jurer de s'engager dans la Marine pour ne plus avoir la vie au dépend d'une détente. Il faut s'assurer que le marché sera respecté.

                      Je te donne ma parole que tu survivras jusqu'à l'arène, tout comme celle qu'Eb sera mon prochain adversaire s'il me la fait manquer.

                      Et c'est là que le Marine fixe le tenancier avec un oeil noir, sans bluff. L'intention de tuer Eb est réelle, Hadoc conserve en lui la colère des chiens qu'il élève. S'il n'était pas Marine, si Eb n'était pas une pièce importante du jeu, il serait marqué de l'empreinte de l'abord et bien avant une semaine. La prison à vie l'attendra dès le lendemain, mais ceci est une page qui n'est pas encore écrite.

                      Monsieur Eb, je vous laisse mes gains de ce soir, je les récupérerai en livrant Gambler dans une semaine. N'y voyez pas d'injure, mais j'ai pas confiance en vous et je sais que tenir un connard en cage sans le filer à bouffer à ses clebs pendant sept jours, c'est bigrement difficile quand les nuits sont longues. Avec moi et Mickey, il sera préparé à être au top pour se faire tabasser. Ha, p't'être que j'vais même perdre, l'a des atouts à jouer le mec.

                      Notez tous vous autres. La semaine prochaine, pour vous, Gaston la Baston assisté de son coach Mickey affrontera Gambler assisté de The Frog. Quatre lutteurs en cage dans un combat TLC par équipe, de quoi amener votre famille et votre pognon.


                      On relance l'intérêt du match qui n'aura pas lieu, on galvanise la foule pour l'apaiser et on fait parler la logique du Gambler. Fuir ce soir avec des dizaines d'hommes à ses trousse ou avoir une semaine pour le faire avec seulement deux sentinelles, même si cette histoire sent l'anguille sous roche, c'est un coup à jouer. Dans le pire des cas, on vit une semaine de plus.

                      HRP: Rik, comme Eb est plus ton pnj, je te laisse gérer sa réaction.
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                      Un pas. Un autre. Eb' avance sagement, mais en dépit de l'abri qu'il me fournit, la meute se fait de plus en plus menaçante autour de moi. Je scrute les pognes de tous, à droite à gauche, pour essayer d'anticiper la première lame qui voudra se ficher entre mes omoplates. Parce qu'ils seraient assez cons pour le faire, quand bien même le vieux gérant risquerait d'y perdre la boule. Et c'est pas du second degré. La Grande Faucheuse me lorgne d'un œil vorace, je resserre encore mon étreinte sur l'épaule de ma garantie de vie, pas décidé à lâcher l'affaire pour si peu. Le vieux en émet un petit couinement de douleur, qui se trouve rapidement couvert par un bruit métallique qu'annonçait la voix forte de Gaston une seconde plus tôt. Une chance qu'il ait prévenu, j'ai manqué d'appuyer sur la détente sous l'effet de surprise.

                      Mais j'ai gardé un peu de self-control. Gaston moins, on dirait. Il est pas content pour le coup. Je lui ai piqué le nonos qu'il rongeait, alors il sort les crocs. L'arme améliorée par mes soins qu'il brandit à bout de bras représente un sacré bonus charisme. Associée à son intervention emphatique, elle coupe le sifflet de tout le monde et vient doucher les ardeurs; j'en reste pas moins vigilant, maintenant ma prise sur Eb', attentif à ce que le mastodonte me propose.

                      Un combat ? Contre moi ? Ma foi, en l'état actuel des choses, je me vois mal passer la main. Je suis pas vraiment en position de force. Et il le sait. L'est ptetre nourri à la testostérone, mais il est loin d'être simplet pour autant le gaillard. En plus de ça, je lui accorde volontiers un certain art de la persuasion. Il avance des arguments pertinents, mais surtout tu lis sur sa gueule qu'il faut pas déconner avec lui, qu'on s'appelle Gambler, Eb' ou Amiral Sengoku en personne. Le vieux doit le sentir aussi d'ailleurs; le regard qu'il lui envoie est chargé de menaces.


                      Pourtant, Gaston a l'air réglo. Le deal a de quoi contenter tout le monde. Surtout moi, et jm'en plains pas. Il sera toujours temps de prendre mes dispositions pour la suite une fois que je pourrais envisager mon futur proche un peu plus sereinement. D'abord, il faut sortir, et pas les pieds en devant. Alors, j'abats la seule carte viable que je puisse jouer en pareilles circonstances.

                      Qu'est ce que vous en dites, Monsieur Eb' ? Intéressé ?

                      Ma voix se fait presque désintéressée, mais toujours sereine. Je baisse lentement mon arme, libère son épaule de ma pogne. Le dénouement de cette affaire, il la détient désormais, et il faut le lui faire sentir. La foule entière est pendue à ses lèvres, dans l'attente du verdict. Quelques malins jouent les durs, lancent des regards haineux vers moi en me pointant de leur batte, mais dans l'ensemble, on est séduit par l'offre. Eb' le sent, et c'est sûrement pas pour lui déplaire. Alors il calme le jeu.

                      Je devrais te faire battre pour ton manque de respect à mon égard, mais le public t'aime Gaston. Je devrais aussi tuer cet imbécile sur le champ mais ce combat que tu propose m'offre la garantie d'une mort lente et douloureuse pour lui dans une semaine.

                      Sacré vieux. Il a un fichu aplomb. Il en a sans doute tellement vu dans la vie que la mort elle même ne l'effraie pas plus que ça. Lentement, le gérant se retourne vers moi, œil torve, sans pour autant interrompre ses propos.

                      Lui n'a pas son mot à dire dans l'histoire. Il n'est qu'un mort en sursis. Tu le veux sous ta charge ? Soit, mais tu en répondras devant moi. S'il devait arriver quoi que ce soit avant le combat, tu le payerais très cher. Ne me déçois pas. Maintenant, partez, avant que je ne change d'avis.

                      'fiou. J'crois bien n'avoir jamais soutenu un regard aussi malsain de ma vie. Mais ça sera tout pour aujourd'hui, la séance est bouclée. Eb' a fait un mauvais pari, mais il ne pouvait de toute façon en faire de bon. Tout ce qu'il reste à déterminer désormais, c'est qui de Gaston ou de moi servira de pti déj aux clebs du vieux. Si on arrive au combat, je suis prêt à parier que ce sera moi. Mais une semaine, c'est long. Très long. Et j'compte bien exploiter la moindre occasion pour retourner la situation à mon avantage d'ici là.

                      En attendant, jouons le jeu. Je salue sobrement la foule avant de m'orienter vers la sortie, où je patiente, jusqu'à ce que The Frog, Gaston et Mickey ne me rejoignent.


                      Après vous, messieurs.


                        Finalement j'avais raison. Gharr est quelqu'un de compétent. Plus proche que je ne le suis de ces gens, ils les tournent à sa cause. Une cause dégoutante et criminel. HAdoc fait ce qu'il doit. Achilia le malhonnête voit la porte de sortie et s'y engouffre. 'Eb le cupide voit un gros paquet d'argent doublé d'une solution, et prend les deux. Gaston et moi voyons notre couverture conservée. Nos objectifs deviennent quant à eux plus proches. Parfait.

                        Gharr sort de la cage. Je le rejoins, et jouant Mickey, lui dis:

                        Tu me feras plaisir de démolir ce bon à rien. Nous avons une réputation à tenir.

                        Si l'intonation est celle du merveilleux manager sagace, le fond relève de l'officier. Si nous voulons garder un quelconque espoir de mener à bien cette enquête, le combat devra faire illusion. Unanimement. Et encore. J'ai quelques sérieux doutes quant à un avenir pour nous en tant que "truands" passé ce délai salvateur. Il faudra y mettre un terme à cet échéance m'est avis. J'en frissonne d'avance...

                        Oui. Je l'avoue. Avec tout le respect que je dois à mon devoir, cette mission me pèse. Et je ne serai pas mécontent de la finir plus vite que prévu. Tout ce qu'il nous faut, c'est une certitude que la fausse-monnaie n'est pas loin. Et je sens que c'est le cas.

                        Gharr et moi prenons donc la suite du Gambler. Tout le monde se tait, alors que nous sortons du « club ». Achilia a eu chaud aux fesses. Nous aussi, même s'il ne sait pas à quel point. Au fur et à mesure que nous nous éloignions, j'échange des regards collègues avec Gharston. Achilia est devant nous, il avance... tranquillement. Et autours de nous, plus un regard. Nous sortons des quartiers dangereux pour passer dans ceux qui ne sont que pauvres. Nous approchons de notre planque: un hôtel miteux mais vide. Réservé tout entier par les soins du Capitaine, aux frais de la marine. Son souci du détail...

                        Achilia lui évolue toujours silencieusement. Mais en son défaut de criminel, le lourd calme a du lui mettre la puce à l'oreille. Mais il est coincé. Nous d'un coté, 'Eb de l'autre. Le choix est vite fait. C'est Hadoc qui brise le silence, hélant Achilia:

                        On va prendre à droite ici.

                        Personne ne dit rien et on tourne. Une centaine de mètres encore, et nous voilà devant la porte de notre planque. J'accélère et double l'infâme joueur, pour ouvrir la porte de bois devant lui.

                        Après toi...

                        Une semaine... Nous avons une semaine...