[Quète] Grain de Sable dans la machine

Une petite bise soufflait ce soir là dans les rues presque désertes de cette petite ville de Banaro. Voilà plusieurs jours que ce navire de la marine, qui soyons honnête était en bien mauvais état, avait accosté en urgence. Quelques soldats s’étaient déployés sur les quais aux alentours pour veiller à ce que personne ne s’en approche. D’autres s’étaient rendus en ville, certains pour ravitailler, d’autres pour noyer ce qui ressemblait beaucoup à du désespoir dans la boisson. Ce sont ces derniers qui nous intéresseront aujourd’hui, car non loin, faisant profil bas depuis quelques temps en attendant l’arrivée du reste de l’équipage, les Intrépides Libres se questionnaient sur les raisons de cet accostage d’urgence.


On se calme, il est peut être préférable de continuer à faire profil bas.

Je suis du même avis que notre ami aux branchies…

Allé les gars ! Me dites pas que ne mourrez pas d’envie d’savoir ce qui leur est arrivé ?!


Le loup solitaire avait jeté l’ancre dans une petite crique à l’abris des regards indiscrets. Quelques hommes avaient étés envoyés en ville pour le ravitaillement, mais au delà de ça, personne n’avait quitté le navire depuis des jours et l’impatience commençait à se voir peu à peu. Azerios, perdu dans ses pensées, était accoudé au bastingage et se contentait de contempler le large. Que diable pouvait bien transporter ce bâtiment des forces de l’ordre en perdition… Le crépuscule pointant le bout de son nez, il serait peut être grand temps d’aller nourrir la curiosité de chacun et de glaner des infos sur ce fameux croiseur de la Marine.


On fait quoi Aze ?

J’avoue que ca m’intrigue. Je vais aller faire un tour en ville, qui me suis ?

Je le sens pas franchement…

Je passe aussi, m’est d’avis qu’on devrait continuer à la jouer discret...

Rabat-joie tssss besoin d’me dégourdir les jambes ! Je viens.

Je viens aussi.


Le charpentier se tourna pour découvrir Valnor, leur jeune recrue de Boréa vraisemblablement décidée à mettre pieds à terre, l’occasion rêvée pour voir de quoi il était capable si la situation venait à dégénérer. Le charpentier hocha la tête en signe d’approbation et après un instant à attendre que d’autres intéressés éventuels se manifestent, il se mit en route, suivi de près par ses deux acolytes. Avant de quitter le navire, tous trois passèrent devant Émilia, qui était assise à contempler le large au loin. Mais cette dernière ne semblant pas motivée par cette petite virée nocturne, le trio se mit définitivement en route vers la ville, bien décidé à en apprendre plus sur cette mystérieuse escale.

C’est à la nuit tombée que le trio des Intrépides Libres se faufila dans les rues en direction de la taverne, seul endroit qui semblait animé aux alentours. C’était un bâtiment qui ne payait pas de mine de prime abord mais qui proposait quantité de prestations, jeux de cartes, billards, entre autres choses. Encapuchonnés, ils franchirent les portes pour se retrouver dans une salle grouillante de vie.

Facile de passer inaperçu dans un tel brouhaha, rapidement le rookie de South Blue proposa à ses acolytes de se séparer afin d’améliorer l’efficacité de la pêche aux infos et de se retrouver dans une bonne demie heure. Il était bien déterminé à en apprendre davantage sur la cargaison de la Marine et à s’en emparer si tant est qu’elle ait de la valeur. Rapidement il se fondit dans la masse et après un instant à scruter la pièce, repéra les quelques soldats présents, avant de s’en approcher. Tendant l’oreille, il demanda au tavernier de lui servir une pinte de sa meilleure bière.


Soldat 1 : … Tu sais que ça craint Morley…

Soldat 2 : Dis pas d’connerie, je suis certain que la commandante sait c’qu’elle fait.

Soldat 1 : C’est vraiment pas l’impression qu’elle donne, on a perdu tellement de gars…

Soldat 3 : Y’a pas à chier, on aurait dû attendre les renforts c’est tout, à mon avis elle va se manger un blâme.

Soldat 1 : Si on s’en sort ! Le blâme c’est le cadet d’ses soucis… J’suis certain qu’ils sont encore sur nos traces, ils ne tarderont pas à arriver sur Banaro…

Soldat 2 : Les gars stop. J’ai entendu que des mecs des forces spéciales arrivaient en renfort. Ça va le faire…


Gorgée après gorgée, la pinte se vidait et les bribes d’informations fusaient. Ils étaient donc traqués, mais par qui et surtout pourquoi ? Généralement c’est plutôt la Marine qui traque la vermine et non l’inverse, intéressant… Azerios commanda une seconde pinte, toujours l’oreille tendue, difficile de se concentrer avec un tel bordel. Les soldats changèrent alors de discussion, abordant des sujets sans réel intérêt pendant un temps. Mais l’un d’entre eux semblait comme en état de choc, revenant sans cesse sur des éléments qui s’étaient produits pendant cette supposée chasse.


Soldat 1 : Je ne comprends pas pourquoi ils s’acharnent… C’était censé être qu’une banale affaire de saisie d’armes de contrebande…

Soldat 3 : Vous pensez qu’ils ont un rapport avec ces nouveaux rookies de Frost ?

Soldat 1 : Ne parle pas d’un empereur comme ça à la légère Morley !

Soldat 2 : Bande de lavettes… C’est qu’une saisie d’arme qui a mal tourné.

Soldat 3 : Ah ouais ? Et leur jolly Roger c’était quoi ?

Soldat 1 : J’le savais… Bordel…

Soldat 2 : Ça ne veut rien dire. Peut être des fanatiques du Fléau. De ce que j’ai entendu, la cargaison venait du Crypto Syndicat, donc rien à voir.


Frost hein ? Mauvaise nouvelle, le rookie avait un arrière goût amer de la mission que les Intrépides Libres avait mené au nom d’un des quatre empereurs des mers sur Orange et s’était juré, suite à la "victoire" de justesse, qu’il ne se mêlerait plus de ce genre d’affaire avant longtemps. Qu’est ce qu’un Yonkō avait à voir avec un simple croiseur, ça n’avait aucun sens. Si la cargaison d’arme appartenait au Crypto Syndicat alors ça n’avait à priori aucun rapport avec lui. De plus, depuis leur arrivée sur Grand Line, Azerios avait pu interroger Émilia sur cette organisation et elle n’était clairement pas affiliée à un Empereur.

Sans doute ces types avaient ils participé au mauvais coup de filet, une vente d’arme qui aurait potentiellement mit en relation un syndicat du crime et des hommes d’un empereur, pas le genre de business que le premier venu peut fouler aux pieds sans encombre. Mais si les gars du Fléau chassaient avec autant de détermination alors la cargaison devait valoir le coup.

Sa seconde pinte terminée, le jeune homme aperçu Kutcham qui lui fit signe de le rejoindre dehors, ce qu’il finit par faire. Le trio se retrouva à l’extérieur, Valnor n’avait pas obtenu d’informations pertinente, mais le Mink par contre avait surpris une conversation entre deux dockers, le croiseur semblait avoir lourdement été attaqué, d’après eux c’était comme si d’immenses bêtes sauvages avaient tenté de rompre la coque, un miracle que les soldats n’aient pas péri par le fond.


J’ai entendu de soldats discuter. Apparemment ils auraient interrompu une vente d’armes et les acheteurs ou vendeurs ne semblent pas disposés à lâcher l’affaire.

Tout ça pour des caisses de fusils ? Non, ça doit être du bon matos…

Leur commandant semble avoir été dépassé par l’ampleur du truc… Donc ouais sûrement du gros calibre.

Faut qu’on grimpe à bord ! Je veux savoir ce que c’est !

Et comment qu’on va grimper à bord ! Mais je prends Valnor, toi Kut’ tu nous couvriras, sans vouloir te vexer un Mink ça ne passe pas vraiment inaperçu.

Et nous, comment va-t-on passer inaperçu ?

Je crois que la réponse vient de nous tomber toute cuite.


Le jeune homme hocha la tête en direction de la taverne, les trois soldats venaient de la quitter sûrement pour regagner le croiseur. Voilà que leur ticket d’entrée se présentait sur un plateau.

— — —

Le croiseur était effectivement bien endommagé, sa coque était griffée à deux nombreux endroits, comme si "quelque chose" avait tenté de l’attraper. Aux abords du bâtiment quatre soldats étaient stationnés, premier barrage et première difficulté. Ils approchèrent en silence et l’un des soldats les interpella de sa voix grave.


Soldat de garde : Magnez-vous ! La commandante a dit "Personne dehors la nuit".


Casquette enfoncée sur la tête le duo de pirate déguisé ne se fit pas prier, l’uniforme n’étant pas tout à fait à leur taille, ne pas s’être fait repérer relevait presque du miracle. Azerios et Valnor arrivèrent sur le pont du navire, la lueur des lanternes laissait paraître quelques silhouettes d’hommes certains assis, d’autres accoudés au bastingage, rincés, blessés, ces gars la semblaient clairement en avoir bavé.


*Hé ben… Une belle bande de loques… Bordel mais qu’est ce qu’ils ont tous…*


Le rookie de South Blue avait fait ses classes sur ce type de navire, il y avait même officié en tant que charpentier, ce qui leur donnait un avantage certain. Doté d’une excellente mémoire visuelle, il les mènerait à travers le bâtiment en évitant soigneusement le plus de soldats possible. Ils se mirent alors en quête de découvrir ce que ces marines avaient bien pu confisquer et ce qui de fait, leur avait valu cette ou ces attaques impitoyable(s).

Ils réussirent sans trop de difficulté à se faufiler au niveau du pont inférieur, la fatigue et le moral au plus bas des soldats occupants ce bâtiment leur permettait d’ailleurs de se mouvoir sans grande difficulté, personne ne faisait attention à eux. Personne ne semblait d’ailleurs faire attention à quoique ce soit sur ce rafiot. Au terme d’une petite marche rapide qui ne dura que quelques minutes, le duo de pirates arriva devant ce qui, d’après le charpentier, devait être la pièce des scellés. Un soldat, fusil en main, gardait l’entrée. Il avait lui aussi l’air exténué et releva à peine la tête à l’arrivée des deux hommes.


Qui va la ?

C’est le commandant qui nous envoie vous relever.

Ça fait… Ça fait déjà cinq heures ? … Ou est Jackson ?

C’est exact déjà cinq heures… Jackson est parti dormir. Va te reposer aussi, tu l’as mérité.

Mais…

Ça va aller… Dors un peu, je sens que demain va être une sacrée journée.

O-ouais… Ça pour sur…


L’homme ne se faisant pas prier, passa entre les deux pirates pour s’éloigner dans l’étroit couloir mais se figea soudain sans rien dire, tournant le dos à sa "relève". Étaient ils compromis ? Allait il donner l’alerte et les mettre dans une situation embarrassante ? Il tourna alors doucement la tête vers Valnor et après l’avoir dévisagé, son expression changea. Ses yeux alors précédemment plissés s’ouvrirent et il porta sa main à la ceinture pour attraper son sabre. Le tatoué réagit alors rapidement, lui collant une mandale et attrapant à son tour le sabre accroché à sa ceinture. Mais Azerios intervint à temps, frappant le soldat au thorax pour lui couper le souffle avant de l’assommer et de laisser son corps inerte au sol. Pas question d’éveiller les soupçons, pas question de transformer cette petite infiltration en boucherie. Valnor poussa un léger soupire mais finit par se faire une raison. Il resta alors à l’extérieur, afin de faire le guet pendant que son complice entra dans la pièce en trainant le corps inanimé du garde dans le but de le planquer.

C’était une pièce spacieuse, remplie de caisses de bois de différentes tailles. Sans doute la fameuse saisie d’arme, mais ce n’est pas le détail qui retint le plus son attention. En effet au fond de la pièce, solidement attaché se trouvait un homme.C’était un homme jeune d’aspect, un cyborg pour être plus précis, blessé, les yeux bandés et un épais cordage le tenait fixement au mât. Il resta silencieux, et haussant les épaules, le jeune rookie entreprit alors de chercher quelque chose susceptible d’avoir de la valeur. Caisses après caisses, il découvrit toutes sortes d’armes de contrebande. Il y en avait pour tous les goûts, canon lourds, grenades, pistolets, fusils… Cet arsenal aurait pu renforcer l’équipage du Loup Solitaire, mais malheureusement un problème de logistique allait se poser, ils ne sortiraient certainement pas du navire avec des caisses d’arme sur le dos. L’idée de prendre d’assaut le croiseur lui traversa alors l’esprit, les soldats semblaient à bout alors que ses hommes, eux étaient en pleine forme. Une voix l’interpella alors soudain.


Qui va là… Qu’est ce que tu cherches…


Le prisonnier avait remarqué que quelque chose clochait dans la pièce. Le charpentier s’était contenter d’entrer afin de fouiller les différentes caisses, de plus il ne s’était pas annoncé. Il se tourna alors vers lui, même si logiquement l’ennemi de son ennemi peut potentiellement être son ami, il n’avait pas de bon pressentiment concernant cet homme. Malgré tout la curiosité l’emporta. Pourquoi s’acharner à traquer un petit croiseur avec tant de hargne, peut être savait il quelque chose à ce propos, Azerios prit alors la décision de lever le linge qui occultait sa vue.


Je ne fais que passer.

Votre commandant… Elle ne sait pas dans quoi elle s’est fourrée.

Et dans quoi s’est elle fourrée ?

Hmm… Dans quelque chose de gros. De beaucoup trop gros pour un simple sous fifre de la Marine.

Le Crypto Syndicat ?

Le prisonnier resta de marbre, Valnor entra alors dans la pièce.

Alors ça donne quoi… C’est qui lui ? Ce sont les armes ?

Tout est là. Pas mal de gros calibres, de munitions et autre. Mais je doute que l’on puisse se donner tant de mal "juste" pour ça…

Attendez… Mais vous êtes qui putain…

Je te l’ai dit, on est juste de passage.

Doit y avoir autre chose ici. Ce type ?

Je ne pense pas… Et si tu nous éclairais un peu ?

Mais j’ai que dalle à vous dire moi. Je ne suis que le coursier, les gars et moi on livre la marchandise et on récupère le cash c’est tout. Bordel vous êtes qui…

Quel rapport avec un Yonkō ?

J’en sais foutrement rien. C’est l’acheteur, il clame haut et fort qu’il est rookie de Frost. Nous tant qu’ils paient rubis sur l’ongle, ils peuvent bien être ce qu’ils veulent hein.

Et je suppose qu’il ne s’agit pas seulement de fusils et de grenades…


L’homme resta muet, probablement que cette vente d’arme cachait autre chose. Quelque chose de plus gros, que la Marine elle même ignorait, sans doute ce commandant était il arrivé au mauvais endroit au mauvais moment. Les choses devenaient d’autant plus intéressantes.


Aze… Ça risque de se gâter sous peu… Quelqu’un va finir par s’apercevoir de l’absence de garde… Qui laisserait un prisonnier sans surveillance…

Ouais je sais… Écoute l’ami, on va pas tourner autour du pot. Tu parles et on te laisse filer. Qu’en dis tu ?

Ces types sont des cinglés. Si je parle je suis mort.

Et si tu ne parles pas on te laisse là et tu finiras à moisir dans une prison de la Marine. Autant tenter ta chance non ?

Tsss… Les armes n’étaient qu’un bonus. La marchandise était en réalité plus… Exotique.

Et où se trouve cette marchandise…  Exotique ?

Dans certaines caisses de munitions. Je crois qu’il y avait cinq spécimens, dans le chaos on a réussit à en planquer trois que l’acheteur a dû récupérer à l’heure qu’il est. Ce qui veut dire qu’il en reste deux ici dans cette pièce…

Et qu’est ce que c’est au juste ?

Je parle de fruits démoniaques… n’avez-vous jamais entendu parler de ces fruits qui en échange d’incroyables pouvoirs vous maudissent ?


Des fruits du démon ? Azerios en avait déjà entendu parler à plusieurs reprises par le passé. L’idée de se procurer l’un de ces fruits lui avait traversé l’esprit à de nombreuses reprises mais il n’avait jamais eu l’occasion. Et outre le fait que ces derniers soient extrêmement difficile à trouver ou extrêmement coûteux, la contrepartie était assez radicale. En croquant dans l’un de ces fruits, jamais plus il ne pourrait nager, ce qui peut paraître réellement ironique pour un pirate. Saisit par l’excitation et malgré le regard désapprobateur de Valnor, le jeune homme s’approcha du prisonnier, dégaina sa lame pliante et s’affaira à couper ses liens.


Et ces fruits… Quels seraient leurs effets ?

Je n’en sais rien, comme je l’ai dit je ne suis qu’un coursier… J’ai juste pu les apercevoir.

Tu ne penses quand même pas…

Indique moi la où les caisses concernées et vite.


L’homme resta hésitant pendant quelques secondes, et sans doute poussé par son instinct de survie se mit à déambuler dans la pièce des scellés entre les différentes caisses d’armes à la recherche du précieux butin. Après quelques instants d'une fouille silencieuse, le jeune cyborg finit par s’arrêter devant une longue caisse de bois numérotée B42-04. Après un bref regard en direction du rookie, il tapota cette dernier avec son doigt. Azerios utilisa alors sa lame pour faire levier et ouvrir ladite caisse, afin d’en découvrir le contenu. La boîte était remplie d’une multitude de petites boîtes métalliques, pleines de munitions. Aux premiers abords il n’y avait rien d’intéressant, mais après avoir sorti plusieurs petites boites, ils découvrirent un petit coffret de bois. L’excitation monta alors d’un cran, le jeune homme allait potentiellement mettre la main sur un véritable trésor. A cet instant, le fait que les sois-disants hommes du Fléau soient à la recherche de ce fruit l’importait peu.


En voilà un… Le coffre est solidement verrouillé, c’est mon boss qui avait la clé, mais ces abrutis de la Marine l’ont tout bonnement fait sauter dans leur assaut…

On réglera cette question plus tard. Tu semblais dire qu’il devrait y en avoir un second ?

Vous êtes sûrs de ce que vous faites ? Je veux dire… L’acheteur vous traquera, lui qui se faisait une joie de pouvoir ramener ça à son maître…

Encore faudrait il qu’il nous attrape… Ou même qu’il sache… Alors ?! L’autre fruit, où est-il ?


Le jeune pirate se surprenait lui même à s’impatienter pour trouver le second fruit. Sa curiosité attisait sa convoitise, s’emparer d’un fruit du démon semblait déjà inespéré, mais alors en dégoter deux… C’était le genre d’aubaine qui ne se représenterait probablement pas. Le cyborg toujours hésitant se remit à chercher, scrutant les caisses de munitions lorsqu’un bruit sourd raisonna plus loin dans le navire. Le bruit venait de l’autre côté de la cloison et s’approchait peu à peu de la porte. C’était un bruit de pas, quelqu’un était en train de se diriger vers eux.

Ils se figèrent tous trois, sabre en main droite, Azerios confia le petit coffret à Valnor et se précipita en silence aux abords de la porte tandis que ses compères se cachèrent parmi les caisses.
La poignée tourna, la porte s’ouvrît et un soldat entra dans la pièce, fixant le mât (ou aurait dû se trouver leur prisonnier ligoté) l’air béa. Maudits soient ils de ne pas avoir verrouillé la porte derrière eux. Sans lui laisser le temps de comprendre et d’éventuellement alerter tout le navire, le rookie de South Blue se plaça rapidement dans son dos, passa son bras autour du coup afin de l’étouffer. Le soldat se débâtit des toutes ses forces et parvint même à mettre un coup de tête dans la mâchoire de son assaillant, mais ses forces finassèrent par faiblir. Il le relâcha des lorsqu’il eut perdu connaissance, d’autres finiraient sans doute par arriver, le temps leur était donc désormais compté.


Faut se tirer d’ici…

Ouais… Je suis plutôt d’accord. Toi tu viens avec nous.


Le rookie jeta un regard à l’amas de caisse et eut un instant d’hésitation avant de tourner les talons en jurant. Tant pis pour le second fruit. Le trio sortit de la pièce en silence, prenant le soin de refermer la porte de la salle des scellés, puis s’engagea dans le long couloir qui menait au pont. Une fois arrivés en bas de l’escalier en colimaçon qui menait au pont, ils furent interrompus par des bruits de pas, plusieurs personnes étaient en train de descendre d’un pas rapide. Il était désormais impossible de passer par là. Ils rebroussèrent alors chemin pour éviter de tomber nez à nez avec d’autres soldats, acculés ils n’eurent d’autre choix que de se diriger vers l’escalier menant plus bas au pont d’artillerie, le charpentier savait d’expérience que c’était leur seule chance. Il mena ses deux acolytes de fortune à travers un long couloir qui déboucha sur un cul de sac. Impossible, il était pourtant sur de lui et pensait connaître ce modèle de croiseur comme sa poche. Mais de toute évidence il y avait eu quelques changement depuis l’époque où il était dans la Marine.

Pas le temps d’hésiter, ils firent marche arrière et finirent par arriver au pont d’artillerie. Il faisait sombre et plusieurs marins étaient présents dormants dans de petits hamacs tendus ici et là. Le trio rentra et traversa silencieusement le pont au milieu des ronflements sonores, mais la porte de l’autre côté qui pourrait les mener à l’extérieur était verrouillée. Les hommes de ce bâtiment ne tarderaient pas à remarquer l’absence de leur prisonnier il fallait faire au plus vite. Cherchant des yeux un échappatoire, la seule solution tomba alors sous le sens : la fuite à la nage. Les écoutilles semblaient suffisamment larges pour qu’ils puissent se hisser au travers pour quitter l’intérieur du vaisseau.


Va falloir qu’on s’extirpe par là.

Sérieux…


Valnor s’approcha alors de l’une des écoutilles et l’ouvrît délicatement, provoquant tout de même un léger grincement. Les hommes étaient cependant bien trop profondément assoupis pour l’entendre. Il sortit le premier, c’est lui qui portait le butin après tout. Rapidement le tatoué se dégagea de l’écoutille, se rattrapa au cordage avant de descendre pour disparaître dans les profondeurs de la baie. Azerios hocha la tête en direction du prisonnier pour lui dire de passer mais ce dernier refusa et lui retourna la politesse. Sans doute n’avait il pas confiance, mais peu importe, il n’y avait plus aucune seconde à perdre, il se hissa alors hors du navire à son tour et descendit doucement le long du cordage. Il avait presque atteint la surface de l’eau lorsqu’il se figea soudain, une cloche tinta plus haut.

Surpris par le son de cette cloche, le rookie releva brusquement la tête en direction de l’écoutille. Le cyborg, manifestement apeuré, regrettant sans doute d’avoir laissé passer sa chance de passer en deuxième, essayait de sortir coûte que coûte via l’ouverture. Des voix hurlèrent alors derrière lui, sûrement les marins qui dormaient précédent au niveau du pont d’artillerie. Les paroles étaient à peine perceptibles, mais le sens de ces différents cris était évident, ils le sommaient de s’arrêter. Que faire ? Il leur avait donné les indications demandées, le laisser tomber ici et maintenant serait manquer à sa parole et Azerios le savait. Il saisit alors fermement le cordage et tenta de remonter, peut être pouvait il encore l’aider.

Le cyborg tenta dans un ultime sursaut de s’extirper du navire mais quelques tirs fusèrent. Des balles le transpercèrent de toutes parts, lui ôtant en un instant sa dernier étincelle de vie. Le charpentier vit alors une lueur de désespoir dans son regard avant de le voir s’écrouler dans l’ouverture de l’écoutille et tomber à l’eau plus bas. Malgré tout il fallait l’avouer, la situation était arrangeante, aucun témoin ne pourrait dire à qui que ce soit que les Intrépides Libres venaient de mettre la main sur un tel trésor. Tant pis pour l’hypothétique second fruit, poussé par son instinct de survie, il ne demanda pas son reste et continua de descendre afin de pouvoir s’enfoncer dans l’obscurité, le plus silencieusement possible. Mais un tir atteint alors le cordage, jetant un regard plus haut, le jeune homme aperçu alors des soldats manifestement décidés à l’abattre lui aussi. Une salve de tir fusa, l’une des balles l’atteint à l’épaule ce qui provoqua une douleur vive et le força à lâcher prise. Il tomba à l’eau quelques mètres plus bas et entreprit de se positionner sous la coque du navire pour passer par l’autre côté. A bout de souffle il passa de tribord à bâbord dans un ultime effort avant de retrouver la surface. Par chance la nuit était couverte ce soir là et il put nager tant bien que mal de manière invisible jusqu’à la terre ferme.



Après quelques minutes de nage, le rookie avait regagné la plage un peu plus loin, et sans trace de Valnor ou de Kutcham, s’était résolu à regagner le Loup Solitaire. Sans doute ces derniers étaient ils retournés au navire, après tout c’était la consigne donnée si jamais la Marine venait à les repérer.

Après une marche rapide mais prudente, il arriva au navire et découvrit à bord, avec soulagement, que ses deux hommes étaient sains et saufs. Tout le monde s’était rassemblé dans la salle commune, autour de la table. Sur cette table était posé un petit coffre, ouvert, que le jeune homme reconnu tout de suite, Valnor avait donc réussit à ouvrir le coffret. En effet, il remarqua alors, posé sur la table juste à côté un petit fruit à l’aspect atypique. Un fruit arrondit jaune pâle, aux motifs étranges, sa tige ressemblait à un tout petit palmier. C’était bien la première fois qu’il voyait un fruit aussi étonnant et à en juger l’attention toute particulière que chacun semblait lui porter, il n’était pas seul dans ce cas.


Alors c’est ça un fruit du démon…

L’autre gars ?

Laissé sur place.

Je vois… La question maintenant c’est qu’est ce qu’on en fait ?

« On » ? Je pense que c’est à Aze que reviens la décision.

Oh ? Pourtant il l’a dit lui même, ce n’est pas le capitaine.

Reyshu s’approcha de la table, en regardant le Mink d’un air suspicieux.

Je te trouve un peu tendu Rey’… Je dis juste que c’est lui qui l’a trouvé. C’est pourtant la règle à bord.

Je ne suis pas tendu je dis juste que Valnor aussi était là lorsqu’ils l’ont trouvé. Et c’est lui qui a crocheté, en quoi serait il moins légitime ?

Oh ? Et tu lui tiendrais tête, si là tout de suite il décidait de croquer dedans ?

Et si c’était le cas Kut’ ? Tu ferais quoi ?

Vous auriez tort d’aller plus loin…[/b]


Une inexplicable tension s’était installée autour du devenir de ce merveilleux trésor. Reyshu semblait prêt à en découdre, Kutcham avait posé sa main sur le manche de l’une de ses lames. Valnor avait alors posé sa main sur sa masse d’arme, et en réponse Djaymily avait empoignée sa carabine. Il fallait intervenir et calmer le jeu avant que les choses ne tournent mal inutilement, le rookie frappa alors du poing sur la table.


Vous déconnez ou quoi les gars ? On se calme et tout de suite.

Tsss je suis tout à fait calme.

C’est pas l’impression donnée Rey’…

On se détend. Sans Aze ce fruit n’aurait jamais atterrit ici, c’est à lui qu’il revient de décider.


Le tatoué attrapa alors le fruit, le fixa quelques secondes avec une lueur d’avidité dans le regard puis le tendit a Azerios. Regardant une à une toutes les personnes présentes autour de la table, le rookie finit par saisir le fruit. Il souhaitait qu’à bord le principe d’égalité soit respecté aussi avant de faire quoique ce soit, il proposa un vote à main levée.

Il demanda d’abord qui serait favorable à ce qu’ils vendent ce butin, seul Reyshu leva la main. Lorsqu’il demande qui serait favorable à ce qu’il mange le fruit, Djaymily et Kutcham levèrent la main sans réfléchir. Valnor hésita un instant, jeta un regard à Reyshu avant de lever la main à son tour. Poussant un profond soupir, l’homme poisson finit par lever la main.

Imaginez un seul instant le fric qu’on aurait pu en tirer…

On l’amassera autrement ce fric, pas d’inquiétude Rey’.

T’es sûr de vouloir faire ça Aze ?

Non. Mais que gagne-t-on à ne prendre aucun risque ?

Probablement rien. Allé fais pas durer le suspens, mords dedans !


Sous le regard curieux de ses compagnons, le rookie porta alors le fruit à sa bouche. Plus question de faire machine arrière, des l’instant où il aurait mordu dedans, jamais plus il ne pourrait nager. Le risque en valait il la chandelle ? Et si il obtenait des pouvoirs ridicules voire inutiles ? Un stress intense se fit ressentir, hésitant jusqu’au bout il garda les yeux rivés sur l’objet de toutes ces convoitises. Et tandis qu’il ouvrir la bouche pour mordre le fruit à pleines dent, ses hommes restèrent silencieux, le dévisageant comme si ils s’apprêtaient à ce que leur meneur explose soudain.

Une texture particulière dans la bouche, comme si il venait de mordre dans un tas de farine. Un goût vraiment âpre, aucune saveur fruitée, il eu même du mal à déglutir. Il ne s’attendait pas ce que ce soit un succulent mais fut tout de même déçu. C’était bien la première fois qu’il mangeait quelque chose d’aussi curieux. Presque instantanément, une sensation étrange parcouru son corps, semblable à un intense frisson.
Puis plus rien.
Le néant.


Alors ? Comment tu te sens ?

C’est… C’est vraiment degeulasse. À part ça je ne sais pas trop quoi vous dire…

Hum c’est plutôt décevant, vraiment, ahah…


Avait il acquis une faculté particulière ? Comment le vérifier ? Et surtout comment savoir de quelle genre de capacité il pouvait bien s’agir ? Il ne se sentait pas différent et un millier de questions trottaient dans la tête du pirate. Une façon de savoir si il s’agissait bien d’un fruit du démon serait de sauter à la mer et de voir la réaction de son corps. Mais il n’en ferait rien, pas ce soir, il avait eu sa dose de baignade pour aujourd’hui. Si ce fruit lui avait réellement octroyé un pouvoir alors il ne tarderait probablement pas à le découvrir. En tous cas on pourra dire que cette histoire aura mît un grain de sable dans la machine bien huilée que fût jusqu’à présent l’équipage des Intrépides Libres, c’était bien la première tension depuis leur départ d’Hinu Town. Même si il n’estimait pas être capitaine de quoique ce soit et même si une certaine égalité régnait à bord, il faudrait certainement garder un œil sur Reyshu et Valnor. Une attitude aussi belliqueuse, si récurrente, pourrait potentiellement mener à une mutinerie.





Le lendemain ils apprirent que des pirates avaient prit d’assaut le croiseur de la marine, forçant ce dernier à reprendre sa course folle pour leur échapper. Levé aux aurores, le rookie reparti dans sa routine quotidienne, s’entraînant avec ses hommes. Sa blessure à l’épaule avait été soignée mais lui faisait toujours un mal de chien. Quant aux dommages que son corps avait subit sur Boréa, ils avaient presque entièrement cicatrisées. Le charpentier n’avait qu’une hâte, que le reste de l’équipage débarque et que tous ensemble ils puissent enfin se lancer dans la découverte de Grand Line et de ses nombreuses îles. Il repensa brièvement au fruit du démon, mais toujours aucune trace d’un quelconque pouvoir.