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Heavy metal

Le soleil diminuait a l'horizon. L'endroit ne payait pas de mine, il était donc parfait. J'avais encore en tête les chiffres des premiers retours sur la boutique de tailleurs de pierre : rien de faramineux ou de conséquent pour un premier mois mais tout de même suffisant pour valider le projet. Il ne me restait plus qu'à m'étendre sur d'autres îles pour façonner mon réseau...

J'avais en tête Arcadia depuis le début mais devais aussi faire face à de nouveaux inconvénients dans le coin et pas des moindres : j'étais connue, j'avais même fait fleurir une agence de la CIA. Cette fois-ci, j'opérais en sous-marin, passant par des intermédiaires, des hommes de paille jusque dans le transport de ma fortune. Soixante millions, c'était ce qui était prévu pour retaper le hangar et en faire une fonderie pour un petit bout de femme prometteuse. Beck Ermann, un contact trouvé par Angelica : elle avait fait le tour des entreprises de métallurgie et son regard s'était arrêté sur la forgeronne. Un peu de dialogue l'avait convaincue de me rencontrer ; l'argent viendrait plus tard, par un autre moyen. Mais je tenais évidemment à ce que ma gérante rencontre son véritable employeur avant qu'elle ait à faire à mon épouvantail, un certain Gus Fring, quelque chose comme ça. Il "travaillait" avant cela pour les Nobles et m'était reconnaissant de l'avoir libéré, comme tant d'autres, de sa condition d'esclave.

Deux chaises attendaient nos derrières professionnels au milieu de la vaste pièce désaffectée ; Karen et Angel montaient la garde aux deux sorties. Pas un seul chat ne pourrait capter notre discussion et c'était pourtant là que tout débuterait plusieurs semaines plus tard, lorsque je ne serais même plus sur l'île.

Je faisais les cent pas quand mon interlocutrice passa le sas sous la vigilance de ma seconde et s'avança dans ma direction. Elle avait cette silhouette mal dégrossie d'une ouvrière et pourtant son physique était loin d'être ingrat, bien au contraire. Sa petite frimousse fermée et ses sourcils froncés, comme elle me jaugeait avant de s'asseoir, lui donnaient un air sérieux proche de l'enfantin.

« - Alors c'est vous la fameuse sauveuse d'Arcadia.

- Dur de dire ce que j'ai sauvé aujourd'hui.

- Vous m'avez sauvée moi. »

Ah bien, la conversation commençait en grandes pompes. Beck ne se refusait pas un petit sourire gêné tandis que je restais impassible aux flagorneries. Ou à la séduction. Nous étions vraiment dans ce cas de figure ?

« - Angelica m'a dit que vous maniez le marteau comme personne. Mais j'ai besoin d'une meneuse d'hommes pour faire tourner la boutique. On parle d'une production quotidienne de métal. Les acheteurs ne sont pas un problème, on en trouve aisément.

- Vous pouvez compter sur moi. »

Le sourire charmeur s'était évanoui, on parlait affaires. Je raffermis ma position sur mon siège. Il était temps d'évoquer les chiffres, car j'avais des objectifs précis et ma connaissance du marché me permettait de savoir ce que l'on pouvait espérer en rendement pour la somme que je comptais investir.

Maintenant il fallait nous mettre d'accord.


Dernière édition par Eleanor Bonny le Mar 27 Juil 2021 - 13:27, édité 1 fois
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Une heure s'était écoulée, nos langues s'étaient déliées suffisamment pour évoquer la plupart des points sinon plus. Cette fois-ci j'étais certaine de la métallurgiste me faisait du pied ; je n'étais pas intéressée mais si cela pouvait servir les affaires et m'assurer sa loyauté alors pourquoi pas. Nous avions fini par quitter le hangar pour faire face à la ville baignant dans le crépuscule. Ses gratte-ciels découpaient l'horizon au cutter. Les chantiers allaient bon train dans les quartiers pour rénover la capitale et en faire un haut lieu du gouvernement mondial dans le nouveau monde, comme prévu. Avoir un contact sur place était définitivement une bonne chose.

« - Les travaux peuvent commencer la semaine prochaine. Je vous laisse agencer les installations selon vos soins.

- Reviendrez-vous constater les résultats de nos efforts ? »

Évidemment, la bougresse espérait se faire mousser. Peut-être pas la meilleure fondeuse de l'île mais certainement la plus ambitieuse : elle voulait briller et recevoir mes faveurs.

« - Sûrement mais pas avant quelques mois. Cela vous laissera le temps de chercher à m'impressionner, » glissai-je dans un clin d’œil.

Un charme métallique mais un charme certain ; la piraterie n'empêchait pas la popularité, négative certes, mais popularité quand même. J'étais une figure illustre pour celle qui devait avoir souffert suffisamment de la tyrannie des Bourgeois et des pirates.

Nous échangeâmes trois mots avant de nous laisser ; je revenais vers le hangar pour trouver mes partenaires et deviser avec elles de la situation. Nous avions encore des choses à faire sur l'île...


Dernière édition par Eleanor Bonny le Mar 27 Juil 2021 - 13:30, édité 1 fois
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Un mois plus tard...

Fring m'avait envoyé une lettre le premier ; elle faisait un compte-rendu exhaustif de la situation et évoquait les points positifs et les quelques accrocs qui auraient naturellement pu mettre un terme à notre petite entreprise s'il n'avait pas oeuvré pour berner les autorités. C'était officiel désormais : sa fortune avait financé la boutique, il devenait le premier intermédiaire avec lequel marchander, une parfaite petite vitrine.

À sa lettre était jointe une autre, rédigée en pattes de mouches. Visiblement Beck avait tenu à me faire son propre rapport, étalage de la production et des premiers contrats. La gérante entendait aussi ne pas céder face à de potentiels jeux de pouvoirs comme on pouvait en trouver dans toutes les hautes strates des entreprises. Gus n'était qu'un intermédiaire, elle s'en était assurée personnellement.

Évidemment à la fin du courrier elle avait manifesté son enthousiasme à vouloir me revoir au milieu de son usine flambant neuve et incroyablement active. Je devinais aussi un sous-texte omniprésent dans sa lettre qui déclencha chez moi une crise de rire. Décidément, elle n'avait peur de rien.

Angel était d'ailleurs venue s'enquérir de mon hystérie. Je ne pus que lui répondre en lui tendant la lettre :

« - C'est la première fois que l'on me compare à... Bon sang... Une paire de tenaille, Angel. Des tenailles froides come la nuit pouvant à tout moment pénétrer dans son fourneau pour en récupérer le fruit rougeoyant... »

Je m'écroulais alors sur le pont, hilare, incapable de reprendre mon souffle. Et tout de même habitée par cette image incongrue que Beck avait voulu m'envoyer.
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