Posté Dim 4 Sep 2011 - 23:48 par Rafaelo
[hrp : je prends la place de Saru =)]
Ce qu’il y avait de bien avec les missions d’assassinat c’était qu’entre deux d’entre elles, la vie était belle. Généralement, il valait mieux profiter de ces brefs instants de répit pour se la couler douce et profiter du paysage car on ne savait jamais où on pouvait tomber. Bien entendu, la traque ne s’arrêtait jamais, pas pour lui. Mais les bras d’une femme ou le fond d’une chope pouvait arrêter un instant le bras inéluctable de sa vengeance, sa seule raison de vivre. Il s’était donc retrouvé en ces lieux par la force des choses, non pas par une quelconque hasard, mais par quelque chose de bien supérieur qui semblait inéluctablement régir sa vie. Comme si quelqu’un s’hasardait à écrire par avance chacune de ses actions, gravées dans des lettres de sang sur la chair tuméfiée des Marines, car il ne fallait pas l’oublier, ils étaient les méchants, dans cette histoire du moins. Kage Berg n’avait rien de plaisant aux yeux d’un embourgeoisé comme Rafaelo. Elle était sale, agricole. On n’en retirait que l’odeur du purin et Prosper ne sentait pas meilleur. Mais cette timide bourgade avait au moins le charme de dépayser, et offrait la possibilité de se trimballer sans une cohue de femmes laissées pour compte d’admiratrices dans quantité de ports des blues. N’allez pas croire que Rafaelo nourrissait un désir concret de se lancer dans l’élevage bovin, loin de vous cette idée. Non, simplement un désir de se mettre au vert, de profiter de la douce herbe robuste des prairies infinies de cet endroit, souffler un instant. Assassin était une profession libérale, ne l’oublions pas. Ceci expliquait donc le pourquoi du comment, et étrangement ne faisait pas avancer le schmilblick. Ainsi, mieux valait se contenter du minimum …
Affalé dans un lit de plume, l’assassin tenta de s’extraire une première fois de cet amas de draps enchevêtrés et repoussa sans vergogne la charmante tête blonde qui reposait sur son torse. Celle-ci ne broncha qu’à peine et s’enfonça dans les couvertures pour ne plus en sortir. Rafaelo lâcha un soupir mêlant dépit et satisfaction, il n’avait pas beaucoup dormi mais se réveillait toujours à l’aurore. Au moins, cela lui laisserait le temps de se livrer à ses exercices matinaux et de s’adonner à d’autres activités quotidiennes avant que les hostilités ne commencent. Ou, ne recommencent. À vrai dire, il ne tenait pas très bien ses comptes à ce sujet. Cette pensée lui tira un léger sourire alors qu’il enfilait ses bas et revêtait une simple chemise de lin noire. Aujourd’hui, il était le noble pirate Ivélias Naïlo, du moins encore une fois. S’il continuait ainsi, cet homme aurait la réputation d’avoir engrossé au moins une femme à chaque port, enfin en exagérant largement … il n’était pas aussi fertile que ça, non ? Il se passa un léger coup d’eau sur le visage et s’essuya avec une serviette usée de la veille avant d’enfiler son pantalon de cuir tout aussi noir. Il passa sa ceinture fétiche à la taille et masqua le symbole Auditore par une grande écharpe en tissu rouge à laquelle il pendit sa rapière. Il attrapa sa valise, du moins son sac en toile de jute à double fond, et en tira ses deux bracelets qu’il fixa à ses poignets, serrant les lanières avec minutie. Un dernier coup d’œil à la donzelle, qui dormait du sommeil du juste … et de l’épuisée. Il négligea son armure et se faufila par la fenêtre afin de gagner la rue lorsque, soudain, le bâtiment s’ébranla. Une violente secousse, puis deux. L’assassin fut projeté à l’intérieur de la pièce et atterrit douloureusement vers le dos, tandis que la pièce commençait à s’incurver dangereusement. Rafaelo roula sur le ventre et attrapa son sac avant que la chambranle ne s’effondre totalement. Les poutres cédèrent en un instant, et le lit commença à glisser dangereusement. Il fut un instant inquiet pour la donzelle, mais à ce stade il ne pouvait qu’espérer que les couvertures atténuent le choc. Il saisit un guéridon mais celui-ci s’enfonçait déjà dans le trou béant qui se dessinait sous les pieds de l’assassin. Celui-ci eut alors le réflexe de tirer une de ses dagues, de sa main encore libre et il s’accrocha au sol qui s’affaissait. Il se remonta à la force du bras et réussit à poser ses pieds contre le bois pour reprendre de l’élan. Il se projeta ainsi par la fenêtre et se retrouva en plein vol entre deux rues. Il changea son centre de gravité en plein saut et rééquilibra sa chute afin de se rattraper contre la bâtisse la plus proche. Il y planta à nouveau sa dague et s’en servit comme prise afin de l’escalader d’une seule main, bien qu’il ne restât que deux mètres. Il roula ainsi, sur le toit, et se rattrapa en posant ses deux pieds contre ce qui servait apparemment de gouttière. D’ici personne ne pouvait le voir, mais foutredieu, son cœur battait la chamade. Que s’était-il donc passé ? Un beuglement assourdit soudain ses oreilles.
Rafaelo ne chercha pas à comprendre. Il tira son armure de son sac et l’enfila en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Il serra les bandes à la va-vite, chaque seconde était comptée, puis enfila finalement sa capuche et sa demi-cape. Il omit les fourrures, pas le temps pour les décorations, et laissa son sac là. Il se redressa alors de toute sa taille, un pied sur le parapet et observa le champ de bataille, car c’en était un, d’un rapide coup d’œil. Gros bourrin sortant de taverne. Type bizarre attaque à l’épée, tiens, étrangement familier cet gars. Puis un autre arrive avec un molosse à trois têtes et tire une tronche d’enterrement en écarquillant les au-delà du possible. Ce fut là qu’il réalisa. Le gros bourrin là, son nom …. Ajna Mahaga. Un corsaire, une des cibles futures de l’assassin, lorsqu’il serait capable de se frotter à pareil poisson ! Anciennement primé à 150,000,000 c’était bien ça ? Putain, mais que foutait-il ici ? Ce gars était connu pour sa force monumentale, sa propension à tout détruire à des lieues à la ronde, mais pourquoi diable avait-il quitté Grand Line, pourquoi se trimballer sur les blues ? Le sang de l’assassin ne fit qu’un tour. Satoshi Noriyaki, il le connaissait lui aussi ! Primé à 36,000,000 ! Mais merde, que faisaient ces branques ici bas ? Les blues étaient en paix sans eux, ils ne devraient pas être ici. Et à côté de lui, ce chien … cette créature. Oui, il la connaissait, pour l’avoir déjà vue … aux côtés de l’homme masqué. Qu’est ce qu’un haut dignitaire de l’Union venait faire ici ? Peu importait ce qu’il se passait en ce moment, il avait là un allié en train de se confronter à un poisson étonnamment gros ! Il ne pouvait triompher seul, non. On ne pouvait triompher seul de tels monstres, sinon Reyes serait déjà devenu maître de l’Union. De plus, un peu d’aide ne pouvait se refuser. Il espérait seulement qu’il s’agisse bien de Damien, mais il le voyait ainsi masqué et ne chercherait pas à trahir son masque, il avait lui-même connaissance du sien, c’était là le lien qui les unissait. Qu’importe le gloire, seule la victoire comptait. L’assassin dégaina deux lames de sa ceinture et les fit tourner dans ses mains avant de croiser les bras. Que la Révolution vive !
Il sauta dans les airs, s’envolant à bien cinq mètres au dessus du plancher des vaches, et lança ses lames en direction de sa cible. Il tourna ensuite sur lui-même et expédia avec une précision mortelle deux nouvelles dagues, suivies de deux autres. Il atterrit lourdement, posant une main à terre puis se releva avec une grâce inégalée. Il prit son élan et s’élança contre un pan de mur, courant à même la charpente et sauta du haut de celle-ci, dégainant dans le même instant ses deux lames secrètes. Il trancha le symbole d’une croix dans les airs, cherchant à atteindre durement son adversaire, même s’il se doutait que son cuir était plus qu’épais ! Il remarqua soudain un gigantesque jet de flammes dans sa direction et roula tant bien que mal pour éviter la chose. Il était arrivé sur Anja avec une vitesse fulgurante et n’avait pas même pris la peine de se rendre compte de tout ce qu’il pouvait se passer autour de lui. Il ressenti alors une forte chaleur au niveau de ses bras et remarqua que ses lames luisaient d’une étrange substance qui avait pris feu. Il secoua les poignets, chassant les flammes et perçut l’odeur acre de l’alcool. Son regard se porta alors sur l’étrange personnage qui avait attaqué le Corsaire, tandis qu’il se reculait d’une dizaine de mètres. Il ne connaissait ce type ni d’Eve, ni d’Adam, mais il lui prêtait main forte. Un allié de plus, ce n’était pas de trop en de telles circonstances. Il jeta un rapide coup d’œil dans la direction de Reyes, se mit en garde, apparemment mains nues. Peu avaient du voir ses lames, et l’étrange pyromane avait certainement vu quelqu’un passer devant lui à toute vitesse. Mais ce que l’assassin redoutait le plus restait la colère d’Anja. Qu’allait-il advenir, à présent ?