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Une balade, un apprentissage



Portgentil

J’appréciai les passages ininterrompus de ces jeunes gens, dans ce quartier évidemment populaire de l’île, dans lequel bus paisiblement ma petite mousse. Jour de congé, j’en profitai comme le ferait n'importe quel travailleur. La qualité de vie était ici relativement bonne. Quand je m’efforçai d’oublier l’existence des Everglades, je réalisai ma chance de pouvoir vivre en ces lieux. Alors oui, je passai un agréable moment, seul, au milieu de toute cette activité, à picoler et reluquer les jolies filles. Certes cliché comme scène, mais pas désagréable pour autant.  

Le travail au chantier me permettait de conserver une certaine forme physique. Traverser l’immense chantier naval en courant, plusieurs fois par jour, en transportant diverses choses, renforçait mon corps sans le vouloir. L’oisiveté eut raison de ma personne, alors cette reprise en main ne pouvait que me faire le plus grand bien. Mon esprit aussi était en perpétuelle activité, toujours en quête d’apprentissage. En plus de mes progrès dans le domaine de la charpenterie, je bricolais de plus en plus après le travail, chez moi, avec beaucoup de passion. Finalement, l’ingénierie et la charpenterie étaient assez liées entre elles.  

Mais une drôle de sensation me donnait régulièrement la boule au ventre. Il me manquait quelque chose. Pendant un long moment, j’ignorai totalement ce dont il pût s’agir, puis je reconnus avec difficulté que Rik, surtout nos aventures, me manquaient terriblement. Mon corps criait notre départ. Il était encore un peu tôt pour cela, sachant pertinemment que je partirai un jour ou l’autre. Des projets financiers m’attendaient encore ici. Quand ceux-là seront réglés, je plierai bagages pour m’envoler vers d’autres aventures. Mes compétences seront utiles partout où j’irai.  

Après ce bref brainstorming, je laissai quelques pièces à côté de mon verre vide, puis je filai sans réelle destination. Je pris une rue, et une autre, marchant sans me soucier de l’endroit où je me retrouverai. Je quittai la rapidement la “civilisation”, plutôt la bourgeoisie, pour me retrouver aux abords de la capitale, dans un coin un peu plus sauvage, plus champêtre. J’eus la malchance de croiser des clebs peu amicaux sur mon chemin, battus à coups de canne pour avoir la paix. Globalement, je trouvai cet instant plus appréciable que le précédent, plongé dans un décor bien plus calme et odorant. Pourtant, j’adorais boire des mousses au soleil. Mais ce n’était pas comparable aux odeurs qui se dégageaient des fermes et des plaines fleuries.  

Alors que j’approchai d’une maison, un chien sortit encore une fois du jardin, courant rapidement à ma rencontre. Armant mon bras, mon empathie ne me signala cette fois-ci aucun danger, seulement de l’amusement et la joie de rencontrer une nouvelle personne. Je m’agenouillai pour le réceptionner dans la course et le câliner pendant quelques instants. Quelques léchouilles sur la tronche et j’avais eu ma dose pour la journée. En suivant, un homme à la jambe de bois, vêtu comme un moine, apparut en portant son fourreau – avec une lame dedans – sur son épaule. Contrairement au chien, ce dernier semblait de suite moins accueillant.  

- T’es qui toi, demanda-t-il sèchement. Tire-toi de là avant qu’il ne t’arrive des bricoles, gamin.  

Une dernière caresse au chien, un regard en direction de mon interlocuteur avant de reprendre le chemin menant à la capitale. Il était déjà tard et je n’avais pas l’intention de perdre mon temps avec ce vieil homme mal luné. Il n’allait certainement pas gâcher ma journée. Pis franchement, je n’étais pas le genre à me mettre dans des noises pareilles. Mais étrangement, pour une raison que j’ignorais encore, je sus pertinemment que j’y retournerai le lendemain. Quelque chose chez cet homme m’attira.  Rien de physique, non.  

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Le lendemain, après une journée de labeur au chantier, j’eus cette puissante envie de m’aérer l’esprit. Remonter cette côte et savourer les courants d’air qui venaient affronter la roche. La marche à pied sur du plat, ça allait. Se prendre du dénivelé l’était moins. Mais le résultat en valait la peine. La vue était époustouflante. Voir la mer déchainée se fracasser contre les parois rocheuses était un spectacle apaisant. Les mouettes, au-dessus ma tête, luttaient contre les caprices du vent. Et moi, j’étais confortablement installé sur un petit rocher, à la fois pensif et admiratif de ce beau spectacle. Je pouvais probablement rester des heures face à merveilleux panorama tant il m’apaisait et me permettait de me remettre les idées en place.

Mais l’appel d’un chien attira mon attention.

Je me levai pour me rendre vers les aboiements. Je savais parfaitement d’où ils venaient et qui était ce chien. Me trouvant à une dizaine de mètres du jardin de la maison, la seule du coin, toujours sur le sentier côtier, le chien continua ses aboiements et courut pour me sauter dessus. Ferme sur mes appuis, je le réceptionnai avec joie. Eärendil me gueulera certainement dessus en sentant l’odeur de chien sur mes vêtements. Cela n’avait que peu d’importance. « Doucement, mon vieux. Doucement. », dis-je en lui caressant la nuque alors qu’il me léchait le visage. Quelle horreur. Mais je ne pouvais gâcher le plaisir d’un être si heureux.

La porte de la maison s’ouvrit violemment. Je fis mine de ne pas m’en apercevoir. Mes sens éveillés, j’entendis sa jambe de bois frapper le sol, sa marche à moitié titubante. Je ressentis sa rage qui n’en était pas une. Cet homme était incontestablement aigri, mais certainement pas un mauvais type. Mon empathie n’était pas encore parfait, je percevais encore difficilement les émotions. « Qu’est-ce tu fous encore ici, gamin ? J’n’ai pas été clair hier ? Je n’ai pas besoin d’avoir le directeur du chantier naval chez moi ! Encore moins un larbin de Kiyori ! »

Ouf. Le type avait beau vivre en-dehors de la civilisation, il n’en restait pas moins informé des actualités. Concernant l’impératrice, j’avais su le justifier en mentionnant la protection de Bliss d’une éventuelle attaque de Kiyori en cas de refus. Le roi m’en avait remercié, mais tout le monde ne partageait pas son avis. Puis il savait qui j’étais. Malheureusement pour lui, je m’étais aussi renseigné avant de venir. Je me relevai calmement pour ne pas effrayer. Pour ne pas l’inquiéter, je n’arborai aucune méchanceté envers son maître. Celui-ci se trouvait d’ailleurs bien embêté en voyant que son animal de compagnie m’appréciait.  

« En protégeant Bliss de l’impératrice, en acceptant d’aider Kiyori, je suis théoriquement un larbin de Bliss, gros malin. », fis-je en lui tirant la langue. « Ensuite, Monsieur Nilvil, je sais également qui vous êtes. Se faire amputer, c’est chiant, j’imagine. Mais je n’y suis pour rien. Mieux, je suis en mesure de proposer un prototype bien meilleur que cette jambe de bois. »

Le vieil homme regarda sa jambe de bois qui semblait lui faire affreusement mal. Ces douleurs provoquaient probablement ses nombreuses colères. Pour le coup, je comprenais parfaitement.

« Il me faudra prendre vos mensurations. Avant ça, je tenais à mettre au clair une certaine chose : ce chantier côtier, quasiment pas emprunté, n’est pas votre propriété. Si d’avenir, j’ai envie de m’y promener, de chier ou pisser dessus, vous n’avez aucun droit de m’y interdire. Vous n’êtes même plus dans les forces de l’ordre et ne pouvez donc plus me verbaliser. »

Ludberg dégaina sa lame et bondit sur moi. Je fus assez étonné par sa vitesse. Sa retraite ne l’avait pas ramollie. Sa jambe de bois non plus. J’eus à peine le temps de sortir la lame de ma canne et parer son attaque. « Pas souvent qu’on voit les gens d’ton espèce se balader avec une arme.
- Mon espèce ?
- Les riches. Les gens du dessus qui ne regardent pas en-dessus.
- Vous êtes pourtant celui qui vit au-dessus de Portgentil, non ? »

Cette réponse agaça l’épéiste.

« Qu’est-ce que tu me veux ? Un type comme toi ne vient jamais sans raison.
- Hm. C’est probablement vrai. Que dirais-tu de m’enseigner la voie du sabre ? Là, je tiens miraculeusement, mais je sens que tu peux à tout moment me renverser et que tu ne le fais pas parce que tu es un chic type. »

Les bras du vieux se gonflèrent à vu d’œil et, l’instant suivant, j’étais repoussé sur quelques mètres, les pieds décollés du sol. Je contrôlais mon atterrissage à l’aide de mes ventilo-dials. Cela confirmait sa supériorité. Il n’a jamais eu l’intention de me tuer sans quoi je le serai vraiment.

« Rendez-vous demain à la même heure. », dit-il en retournant chez lui.
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Comme convenu, je me pointai à l’heure habituelle en-face de la maison du vieil homme. Le chien aboya en me voyant arriver, signalant ma présence à son maître. J’épargnais la description du paysage qui était toujours aussi magnifique. Là, on entrait enfin dans le vif sujet. Monsieur Nilvil sortit de sa modeste demeure, toujours avec ce regard enragé, puis me fit signe de m’approcher. Il m’observa de la tête au pied et me demanda de retirer mon manteau. Il m’observa une seconde fois. Cette fois-ci avec du dégoût. Je compris rapidement la raison de ce dégoût quand je repensais à la taille de son biceps. Je ne pouvais pas le blâmer pour cela.

« J’accepte ta proposition. Je te forme et tu me changes cette merde qui me sert de jambe. »

J’acquiesçai. Il me faisait tellement de peine que j’avais de toute manière prévu de lui faire cette prothèse.

« Avant de commencer, j’aimerais que tu me dises pourquoi tu souhaites suive cette formation. T’as pas vraiment le profil pour ce genre de choses. »

Il n’avait pas vraiment tort.

« En fait, je n’ai pas toujours eu les moyens de me payer presque tout ce que je désirs. J’ai vécu comme autochtone dans une forêt de South Blue. Sans le sous, naturellement, mais je me trouvais riche d’une certaine manière. Il y a peu, j’étais encore athlétique, du fait de me déplacer dans les bois, d’arbre en arbre, ou simplement en courant. Le travail chantier semblait suffire, mais à en voir votre regard, je suis encore loin du compte. Avec du recul, de nombreuses machines nous aident au chantier, sans compter les gros bras qui portent certaines choses pour moi… »

Je m’égarai mais le vieil homme ne disait rien. Surprenant.

« J’aimerais me lancer dans la voie du sabre, sans pour autant être le meilleur épéiste de tous les temps, pour la simple et bonne raison que je ne me sépare jamais de canne. On me laisse entrer partout avec. C’est discret et presque indétectable. Mes fonctions m’obligent parfois à côtoyer des personnes assez redoutables qui abusent de leur force. A l’avenir, j’aimerais simplement pour leur dire « non » et physiquement le justifier, si vous voyez ce que je veux dire. En l’état, je ne fais même pas le poids face à un vieil retraité avec une jambe en moins. »

Ludberg me dit signe de le suivre vers l’arrière de sa maison.

« Comme tu l’as si bien dit, je suis un vieil homme retraité avec une jambe en moins. Le terrain dont j’ai hérité est trop grand. Il doit y avoir deux hectares. Tu as une semaine pour me rendre le tout nickel. Exceptés les pommiers et cerisaies, tout doit être rasé.
- Inutile de vous demander si vous avez une machine à tondre, hein ?
- Inutile, en effet. Bien longtemps que je l’aurais fait sinon. Idem pour les rochers, je pourrais tous te les exploser d’un seul coup, mais ça me fait un mal de chien de me baisser pour ramasser les gravats.
- Des rochers, hein… »
Il n’y avait que ça. Il repartit à l’intérieur de sa maison sans dire un mot. Le compte à rebours était lancé.

***

La nuit était tombée depuis quelques temps. Nilvil me demanda de rentrer. Il avait besoin de silence pour dormir et pas d’un allumé qui hurlait sans arrêt en frapper bêtement la roche.

« Je n’y arriverai pas, monsieur Nilvil. Cela me semble inhumain de trancher la roche avec une simple lame.
- Mouahahahaha. C’est sûr que tu n’y arriveras jamais comme ça, gamin. T’as perdu une soirée à ne rien faire.
- Tes paroles sont toujours d’un grand soutien moral, vieil homme.
- Demain, quand tu reviendras, pense à t’unir avec ta lame. Elles ont toute une âme. Synchronise-toi avec elle. Ressens-la. Régule ta respiration avec la sienne. Visualise la cassure de la roche, le point faible de celui-ci. Ne frappe pas bêtement. Chaque bateau à une fragilité dans sa structure, c’est le même principe pour un rocher. Sauf que tu dois aussi y mettre une certaine force, dans un certain axe et avec une certaine union avec ton arme. Allez, file. Je t’ai assez vu.
- Bonne nuit, Monsieur Nilvil. »

Je partis sans rien dire d’autre. J’étais obnubilé par ses paroles. Je réfléchissais à leur sens. A tel point que je ne remarquai pas quand j’étais arrivé chez moi. Ce fut la voix peu agréable d’Eärendil qui me réveilla.

« Que diable as-tu fait pour rentrer si tard ?
- Je m’entrainais.
- Hein ? C’est pour ça que tu es sale et dégoulinant de sueurs. Regarde-toi. Tu tiens à peine sur tes jambes tremblantes, tes bras ne supportent même plus le poids de ta canne. Heureusement que tu as un cerveau, Alma Ora, parce que tu es sacrément faible. », conclut-elle en retournant chez nous.

Les femmes étaient des créatures cruelles. Mais elle avait entièrement raison. Je devais me perfectionner. M’endurcir. Mon corps souffrait déjà de cette demi-journée à frapper comme un demeuré sur de la roche. Demain sera un autre jour.
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La semaine a été difficile. Entre le boulot au chantier, la conception de la prothèse pour le vioc’ et le travail de son jardin, j’étais complètement lessivé. En plus de mes tâches administratives, je m’étais forcé à me bouger davantage au chantier, à ne pas user des machines et à n’utiliser que la force de mon corps. Conclusion : j’ai des douleurs au dos et des courbatures comme je n’en avais jamais ressenti. Ça avait au moins le mérite de m’indiquer des groupes musculaires que je ne connaissais pas. Bref, inutile de me plaindre, le vioc’ ne voudrait même pas savoir. Son jardin est « nickel » comme il me l’a demandé. L’herbe tondu, les rochers explosés et le moindre petit cailloux restant ramassé. Il n’y avait plus qu’un beau gazon et quelques arbres. En prenant du recul sur le travail accompli, je ressentais de la satisfaction. C’était beau et monsieur Nilvil allait pouvoir en profiter.

« Beau travail, fiston. », fit-il sincèrement heureux du résultat. Cette réaction me confirmait que sa jambe lui faisait affreusement souffrir, à tel point qu’il ne pouvait plus gérer son jardin. Pourtant, j’en étais sûr, ce vieil homme était encore en forme.

« L’herbe est parfaitement tondu. D’un bout à l’autre de votre jardin, pas une seule brindille est plus grande que l’autre, monsieur Nilvil. » dis-je en lui montrant la précision de mon travail.

« Je reconnais bien le directeur du chantier naval. Je vois que tu as écouté mes conseils pour trancher la roche, mais tu l’as aussi utilisé pour balancer des lames d’air. D’ailleurs, tu m’as écorché quelques arbres, gamin…
- Pardonne-moi, vieil homme. Je tenterai de rafistoler le tout.
- On ne parle pas d’un navire ! Entretien cet arbre avec amour et il se soignera lui-même. Maintenant, en garde, gamin ! Tu sais peut-être trancher à peu près tout ce qui t’entoure, mais tu n’sais pas toujours pas te servir d’une épée ! »

Moi qui pensais souffler, le voilà qui s’élançait sur moi. Sur une seule jambe, il parvenait à couvrir la distance qui nous séparait et à me faire reculer. Je parais ses coups avec beaucoup de peine. En fait, il disait vrai quand il mentionnait ma mauvaise utilisation de ma lame. C’était brouillon. Mes mouvements étaient trop crispés, pas assez souples, pas assez précis. Quand je voulus envoyer une lame d’air pour respirer, il la trancha simplement en deux et m’envoya son pied de bois dans le bide. J’eus mal. Mais pas autant que je m’y attendais.

Mais pour résumé cette soirée, je me suis fait latter la gueule.

***

Deux mois passèrent. Monsieur Nilvil se déplaçait normalement à présent. L’opération s’était bien déroulée. Sa rééducation se poursuivait, mais il était devenu un adversaire bien plus embêtant maintenant qu’il avait deux pieds à terre. Les douleurs avaient disparu. On aurait dit un jeune homme. Le mois dernier, je commençais à le dominer, pile au moment où ma prothèse fut achevée et validée par les chirurgiens. C’était toujours un vieux shnock, mais au moins, il ne souffrait plus. Malheureusement pour lui, j’apprenais vite. Beaucoup trop vite. J’étais passé de la proie au chasseur. Cela m’a pris deux longs mois. Uniquement grâce à l’amélioration de mes capacités physiques. Chez moi, en plus des entraînements avec Ludberg, je m’étais installé une salle entièrement dédiée à l’entraînement musculaire et au maniement du sabre. Etonnamment, Eärendil fut des plus heureuses. Il ne fallait pas oublier qu’elle était une redoutable combattante.

J’appris également à utiliser mes ventilo-dials au cours de mes combats, ce qui me conférait un certain avantage. Alors que le vieux me repoussa, comme lors de notre première rencontre, je chargeai mes patins et me propulsai vers lui pour une contre-attaque en vitesse. Il para mon attaque mais il était maintenant acculé. Je repris appuis au sol. Lame contre lame, tête contre tête, mes bras se gonflèrent et je l’envoyai valser quelques mètres plus loin. Nous nous élançâmes l’un vers l’autre. Nos lames s’entrechoquèrent et de rapides enchaînements de coups filèrent à tout va. Un véritable combat d’épéistes. Profitant de l’épuisement de mon adversaire, j’abaissai son arme le bas, pivotai sur moi-même pour finir le mouvement avec mon épée au niveau de son cou.

« Je suis battu. Je n’ai plus rien à t’enseigner, gamin. Si tu souhaites progresser, il te faudra rencontrer les meilleurs épéistes de ce monde. Et continuer de développer ton physique. Tiens, retire-moi tes vêtements.
- Heu ? Je ne nous croyais pas si intimes.
- La ferme, abruti ! Dépêche-toi ! »

Je m’exécutai. Je retirai ma chemise blanche, tachée de terre et de transpiration. Il y a deux mois, je flottai dedans. A présent, elle me collait bien à la peau. Le constat était identique pour mon pantalon. Loin d’être un bodybuilder, j’avais des muscles fonctionnels et explosifs. Le vieil homme m’observa une dernière fois, comme il l’avait deux mois auparavant, cette fois-ci sans cette expression de dégoût. Au contraire, aujourd’hui, il afficha un large sourire, fier d’avoir pu tailler un diamant brut. « Pouahahaha ! Bien bossé, gamin ! Va falloir être costaud pour t’atteindre maintenant. T’es athlétique, tu manies correctement la lame et tu as quelques technologies intéressantes. Vole par tes propres ailes, maintenant !
- On peut trinquer avant ? J’ai ramené une bouteille.
- Saleté ! Tu savais dès le début que tu me vaincrais aujourd’hui ?
- Évidemment. C’était écrit. »

En réalité, cela faisait bien un mois que je ramenais une bouteille, dans l’espoir de voir ce jour arriver. Tous deux satisfaits, nous trinquâmes à cette nouvelle vie. En plus de nouvelles compétences, j’avais amélioré la vie d’un homme et m’en étais fait un véritable ami.
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