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[Mission] Bioshock Minus Infinite

Les yeux vissés vers l’extérieur à travers le hublot de la salle principale, Helena mâchait violemment son chewing-gum au tabac. C’était une façon fort peu agréable (et surtout qui donnait une haleine de cheval!) d’avoir sa dose de nicotine, mais il n’y avait pas 36 solutions dans un sous-marin. Quoique à y réfléchir, c’était peut-être plus le fait d’être à des centaines de mètres sous la surface dans une obscurité totale qui la stressait, même si le noir de nuit balayé par de puissantes lampes révélant de temps à autres un poisson extrêmement moche n’aidait pas… La tension était telle qu’elle ne remarquait même pas les deux matelots derrière elle très occupés à rédiger un rapport technique très détaillé sur son cul et ses seins, c’est dire. C’était à n’y rien comprendre. Même pas une semaine après être revenue à Boréa pour retrouver son train-train habituel de pelletage de neige et salage des rues, De Ruyter s’était fait à nouveau réquisitionner. En temps normal, elle aurait pesté à l’idée de devoir encore aller se trimbaler à l’autre bout du globe comme bouche-trou et protesté à coups de congés en retard, mais un coup d’œil à l’ordre de mission et ses réticences s’étaient évaporées.

Primo, il n’était pas question de rester sur les Blues, mais de mettre le cap vers Clock Work Island, une île de Grand Line autrefois perchée dans le ciel sur un simple pilier et désormais engloutie. Secundo, la mission se ferait intégralement en sous-marin vu la présence de beaucoup de révolutionnaires dans le coin, une discrétion totale serait de mise, incluant pas de retour à la surface pour la pause café. Tertio, l’ordre était venu de haut. D'un contre-amiral haut. C’était le point le plus incroyable pour Helena : soit ses exploits sur les convois de prisonniers et sa futile mais héroïque résistance à Orange étaient remontés jusqu’à l’état-major, soit… Non, en fait, il n’y avait pas d’explication alternative. Les gradés aussi haut placés, ça se fout que vous soyez digne d’une couverture de Playboat ou que vous ressembliez à une pizza jetée contre le mur, seul le résultat compte. L’idée d’être dans le collimateur des grands patrons alors qu’elle n’avait aucun grade et une médaille toute bête à son nom lui flanquait des sueurs froides.

Voulant se changer les idées, Helena tira l’ordre de mission de sa poche arrière afin de le relire. Sous la houlette du contre-amiral Levi, le sous-marin et son équipage devaient approcher la « banlieue » de la ville engloutie pour localiser et trouver un Pacifista diplomate qui s’y était dissimulé suivant une bataille épique entre Marins et pirates. Il n’était pas expliqué pourquoi exactement, mais le rapport insistait bien sur plusieurs points importants : ne pas se faire repérer vu que la cité sous les flots était désormais aux mains de la Révolution, ramener le cyborg en un seul morceau et surtout trouver un moyen de le faire monter à bord, ces tas de boulons nageant comme un fer a repasser et n’étant pas très fans de l’eau… Ça allait être un sacré tour de force pour ramener ce truc à bord.

Un son de cloche rompit le silence ambiant. En même temps, les lampes éclairant l’extérieur s’éteignirent et peu à peu, l’équipage arrivait dans la salle. De ce qu’entendait Helena, on approchait de la cité sous les flots, donc plus de lumière. Le contre-amiral allait visiblement bientôt venir en personne donner ses directives sur l’opération. Helena espérait de tout cœur qu’elle ne serait pas dans l’équipe « sortez du sous-marin et aller chercher le Pacifista », même si les chances qu’on l’aie fait sortir de son île à neige pour juste faire office de figurante étaient entre nulles et nulles...

Et les matheux espéraient être affectés à la même tâche que De Ruyter pour compléter leur mémoire sur la physique de son physique.
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On l’avait séparé de ses deux camarades, Jakku Kattar et Yamamoto. Pour le premier, sachant qu’ils ne se connaissaient que depuis peu, il n’était pas réellement impacté. Mais le second, son camarade de toujours, le manque se faisait ressentir. C’était le prix à payer pour sa guérilla en solitaire sur le territoire de l’impératrice Kiyori Tashahari. L’Amirale en chef, Kenora, ne l’avait pas épargné en lui assignant cette mission pour le moins insignifiante. Mais finalement pas tant que cela. En lisant les différents rapports et ordres de mission, confortablement installé dans la cabine de son sous-marin, Ethan constata que le pacifista recherché détenait des informations cruciales.

Il s’agissait d’un negociata ayant de près ou de loin participé à un affrontement entre la marine et des pirates. Pour éviter d’être détruit ou enlevé pour ses informations, ce dernier décida de se noyer au fond de l’océan. Fidèle créature, pensa le contre-amiral. Une montre émet un signal qui permettait à l’escadre Levi de le localiser. A priori, la mission n’avait rien de compliqué, l’engin s’est planqué au sec et les attendait patiemment. Ethan réfléchit et ne comprit pas les raisons de sa présence, même pour une punition. Sa force aurait été bien plus utile ailleurs. À moins que cette créature robotique possédait des informations capitales...

À bord de son submersible se trouvaient le commodore Mattlefield et quelques soldats sélectionnés à la volée. Parmi eux, Ethan ne put s’empêcher sur l’un d’entre eux, une femme, équipée de deux grosses bouées. Décontenancé, il se détourna de cette dernière et retrouva rapidement son sérieux. Autour d’eux, visibles à travers les hublots, d’autres sous-marins progressaient autour. Celui-ci était donc le sous-marin-mère. Il se demanda réellement ce que faisait cette bonne femme, car elle était la seule qu’il n’avait jamais vu dans cette pièce. Une nouvelle recrue ? Non. Il se souvenait de la tête de chacun de ses soldats. Bref.

- Bon, pour faire simple, on récupère le negociata et on remonte à la surface. Normalement, nous n’aurons même pas besoin de nous mouiller. Les bras des submersibles seront suffisants pour récupérer le tas de ferraille.

Tout le monde acquiesça, rassuré de ne pas devoir enfiler les combinaisons de plongé. Ethan aperçut Daniel relativement proche de la damoiselle, discutant discrètement, tout le long de la transmission des consignes. Loin d’être de ceux qui réprimandaient les bavards, surtout le commodore, toujours au fait et irréprochable. Mais curieux, le contre-amiral s’approcha de ces derniers, alors que les soldats se décalèrent pour le laisser passer. Il ignora complètement son ami et toisa la jeune du regard. Il était à peine plus grand qu’elle mais il ‘en avait l’habitude maintenant.

- Qui est cette femme, Daniel ? Je connais chacun des marins constituant mon escadre, même tes propres soldats ainsi que ceux de Mozart. Pourtant, je suis à peu près certain de n’avoir jamais rencontré cette femme.

Perplexe, le commodore se gratta la tête.

- Hum... Ce n’est pas tout à fait vrai, Ethan. On l’a déjà croisé à bord d’un navire, sauf que tu étais bien trop occupé à combattre un... poulet.

Les soldats derrière le contre-amiral pouffèrent de rire. Il y avait de quoi, songea Levi sans prendre la peine de se retourner. Daniel lui expliqua ensuite les raisons de la présence de cette femme, dénommée Helena De Ruyter, matelot deuxième classe, à bord de l’engin. Une histoire de stage d’observation, apparemment. Selon Ethan, ils avaient peut-être un peu sympathisé, elle devait être dans les parages, et c’était l’occasion de se revoir. Elle fit bonne impression au contre-amiral qui la sentait solide. Pas le genre à se laisser démonter et certainement bien plus compétente que ne laissait penser son grade. Mais étrange scénario, un imprévu, un couac, vint perturber cet agréable moment de rencontre.

- Contre-amiral, dit le conducteur à l’aide d’un micro à l’intérieur de sa cabine, retransmis par des enceintes placées dans la pièce. Vous m’avez demandé de suivre le signal, jusqu’ici immobile comme vous me l’avez dit...

- Mais ? reprit Levi en saisissant l’escargophone.

- Mais... Le voilà en mouvement. Il se déplace à peu près à la même vitesse que nous. Il est tout proche de nous.

Il resta un moment immobile et silencieux, songeur. Puis le pilote reprit la parole.

- Le radar affiche quatre objets non-identifiés qui avancent dans la même direction que notre cible.

Ethan frappa du poing du contre le mur en pesta quelques injures.

- Ces connards se font la malle ! Appelez Mozart ! Que voit-il à la surface ?

Resté sur le Leviathan, le cyborg Mozart était chargé de signaler l’arrivée d’un quelconque danger.

- Rien à signaler. Seulement un navire marchand, à quelques miles, qui n’a pas bougé depuis notre arrivée.

L’officier retrouva son calme et son détachement habituels.

- Ordonnez à Mozart d’approcher doucement de ce navire, de l’identifier, de s’assurer qu’il s’agisse bien de marchands et non de pirates. S’il le moindre doute subsiste, qu’il effectue une perquisition. Qu’il se prépare éventuellement à une attaque. Transmettez également ceci : cinq submersibles à la poursuite de nos cibles. Les restants, nous remonterons légèrement vers la surface en direction du navire ciblé par le Leviathan.

L'instant suivant, tout l’équipage se mit en action, de manière coordonnée, les manœuvres déjà visibles. Hors de question pour Ethan d'échouer ici. Cela dépassait l'ensemble des personnes présentes, mais des enjeux promotionnels seront certainement jugés à l'issue de cette aventure.

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Le contre-amiral Levi était… Différent de ce qu’Helena imaginait. Dans le lointain passé de la Marine, il était presque impensable d’atteindre un rang quelconque a moins d’être taillé comme ce qui passait pour une armoire normande pour les armoires normandes, mais lui… Il fallait avouer que c’était une bonne nouvelle pour Helena, cela dit; à lui seul, il prouvait que les personnes qui ont besoin d’un tabouret pour qu’on les voie sur les photos officielles avaient leur place dans l’état major. Plutôt avare de mots, le contre-amiral se contenta d’indiquer que le submersible utiliserait ses bras mécaniques pour récupérer le negociata et repartir avant d’échanger quelques mots avec son second…

Et c’est là que les choses partirent en cacahuète. Quelques mots du conducteur plus tard et Levi martelait du poing la coque du sous-marin avant de reprendre son calme, donnant ses ordres. Quelqu’un avait pris la Marine de vitesse et fuyait en sous-marin en embarquant le negociata avec eux, et il était temps de lancer la poursuite. En un claquement de doigts, tout le personnel était à son poste, y compris Helena; les sous-marins, malgré leur technologie avancée, avaient besoin que tout le monde ou presque fasse marcher la machinerie. Quelques enjambées plus tard et De Ruyter était dans la salle des machines, aidant à faire tourner des valves et pousser des leviers sous la direction du machiniste local; pourquoi faire, aucune idée, mais visiblement il fallait que ça soit fait pour aller plus vite et remonter un peu ! Un autre hublot dans ladite salle des machines révélait que la discrétion n’étant plus de mise, le sous-marin de la Marine avait rallumé ses éclairages afin de pouvoir discerner ses cibles; impossible de les voir directement depuis leur position, cela dit.

Du moins, c’est ce qu’Helena croyait. Levant les yeux vers le hublot entre deux tours de valve, elle put voir, même dans l’obscurité à peine percée par les lampes, la forme bien particulière d’une autre sous-marin sembler faire demi-tour et remonter plus vite qu’eux au loin. Ils laissaient déjà tomber?



- Pourquoi s’éloignent-ils? Est-ce que nos renforts les ont fait paniquer?
- Non, Mam’zelle, c’est un piège. Ils remontent pour être plus près de la surface afin d’y arriver les premiers et pouvoir nous aborder ou nous tirer dessus quand on y arrivera. Ceux-là, ce sont des appâts et des escorteurs.
- ...Donc celui qui transporte le negociata doit continuer sa route en espérant que ses escorteurs nous couleront, ou au moins nous ralentiront jusqu’à ce que nous perdions sa trace.
- Y a de fortes chances!
- Et… Comment allons-nous les attaquer ou nous défendre?
- Y a pas de solution miracle; c’est le premier qui réussit à faire un trou dans l’autre ou à ouvrir son écoutille qui gagne. A propos, y a des chances que les habitués de la surface comme vous, ça soit vous en première ligne pour aller tenter un abordage.
- Ah... Un conseil à me donner à ce sujet ?
- Si on vous dit qu'ils plongent, lâchez tout ! Mourir noyé parce qu'on s'est coincé dans l'écoutille, c'est une mort pas enviable !



Le combat entre sous-marins n’était donc pas si différent du combat en surface, quand on y réfléchissait. Exception faite de la troisième dimension à prendre en compte. Et du fait que se prendre une voie d’eau était fatal à presque tous les coups. Et que se tirer dessus sous l’eau était plus difficile. Et les équipages très réduits...

Le combat entre sous-marins était donc très différent du combat en surface, quand on y réfléchissait.
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- Le navire est cerné par les nôtres, annonça Daniel de vive voix.

- Le submersible que nous suivons change de direction ! Hurla le pilote.

- Faut alerte. Tout est en règle chez les commerçants. Ils ne font qu’une brève escale ici.

Ethan s’installa sur son fauteuil et réfléchit. Les pirates avaient sûrement utilisé le navire pour attirer l’attention de leurs poursuivants. Ce qui fonctionna évidemment. Pas de quoi s’alarmer pour autant.

- Contre-amiral ! D'autres submersibles sont apparus. Ceux partis à la poursuite de notre cible sont attaqués, informa l’adjoint du capitaine de bord.

Il ne tapa pas du poing ce coup-ci, le sous-marin aurait dû encaisser de lourds dégâts. Il se contenta d’un regard noir qui traversa l’ensemble de son auditoire. Celui dirigé vers le commodore, impassible, reprit d’une voix étonnamment calme.

- Daniel, ordonne à Mozart de nous suivre à la trace. Que toute l’escadre le suive. Capitaine, vous continuez de suivre le negociata en prenant soin de contourner la bataille qui se déroule devant nous. À l’évidence, un gros poisson nous attend quelque part à la surface, pas un simple pirate de pacotille voulant s’enrichir. Ici, on a quelqu’un qui s’intéresse aux informations liées au gouvernement et qui a les moyens de les obtenir.

En effet, rares étaient les équipages équipés de sous-marins. Un empereur ? Qui d’autre ? On n’aurait pas pu renvoyer le contre-amiral dans ces conditions, alors qu'il venait de se faire réprimander pour son attaque sur Tetsu Island. Non. Quelque chose clochait dans cette affaire.

- Et pourquoi l’unité sous-marine n’a-t-elle donc pas été affectée à cette mission ?! Fait chier.

- Pour la raison que tu as évoqué plus tôt, reprit le commodore. La bataille se déroulera à la surface. Ces attaques ne sont que diversions pour nous ralentir le plus possible.

Le commodore s’approcha de la cabine du capitaine et inspecta le tableau de bord.

- Dites-moi si je me trompe, capitaine, mais l’ennemi se retire, n’est-ce pas ?

- T-tout à fait, commodore !

Daniel se retourna vers son ami. Ethan s’accouda à son fauteuil et adopta un geste nonchalant de la main.

- Un essaim de nuisibles. Ils vont régulièrement nous attaquer dans le seul but de nous ralentir. Ainsi, ils n’entament pas réellement le combat et s’en sortent indemnes, notre temps de réaction étant trop long. Ordonnez aux submersibles de traquer tous les ennemis. Deux pour un ennemi. Qu'ils ne s’occupent plus du negociata, on s’en charge. Poursuivez, capitaine, en prenant toujours soin d’éviter les tirs perdus.

Il se retourna ensuite vers l’amie du commodore.

- Que pensez-vous de la situation, matelot de seconde classe, Helena De Ruyter ?



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Les instructions et les indications pleuvaient dans le sous-marin. Les officiers continuaient à donner leurs directives et l’équipage s’exécutait, mais tout le monde devait penser la même chose : qui, parmi les pirates, avait les infos et les moyens de dépêcher tout un groupe de sous-marins afin d’aller chasser un Negociata porté disparu dans une bataille? Il y avait sans doute des fuites quelque part… Si ce n’était pas un Empereur qui était derrière tout ça, l’alternative était les révolutionnaires; guère plus rassurant. Helena continuait à triturer ses valves et boutons tandis qu’à l’extérieur, ça bougeait de folie. Le contre-amiral Levi, se retenant de remettre une taloche au sous-marin et ainsi causer un teamkill accidentel qui serait bien dur à expliquer, donnait ses directives calmement. Seul le sous-marin leader allait continuer la poursuite, le reste allait se mettre sur la tronche avec les sous-marins leurres.

Toute l’agitation stoppa net quand, sans prévenir, Levi demanda son avis à Helena comme si de rien n’était. Un contre-amiral qui demande son opinion à un simple planton alors qu’il doit avoir des bus entiers de conseillers, analystes et autres titres ronflants payés pour ne rien faire d’autre excepté lui donner leur avis? C’était pas le moment de dire une connerie.



- J’en pense que la situation est extrêmement étrange, amiral. Pour avoir autant de moyens à leur disposition, savoir exactement où chercher notre cible et réussir à nous induire en erreur, nos ennemis sont extrêmement bien organisés. La seule explication plausible à mes yeux est qu’ils ont eu des informations en interne de la part de la Marine…


Finissant sa phrase, quelque chose « cliqua » dans la tête de De Ruyter. Quelque chose de bien plus grave.


- ...Ou ils étaient déjà présents dans les environs en grand nombre!


Ce serait bien le diable si une flotte de sous-marins révolutionnaires s’était trouvée par pur hasard aux alentours de la bataille qui avait poussé le negociata à aller se cacher sous les flots et avait calmement passé la zone au peigne fin à la recherche de quoi que ce soit d’important!

Mais Marie-Joie avait beau déployer toute la propagande possible pour faire passer les révolutionnaires pour une poignée de gugusses chétifs, mal équipés et pas organisés qui violaient les maisons, brûlaient le bétail et volaient les innocents aux yeux du commun des mortels, la réalité était tout autre. C’était un secret de Polichinelle que Clock Work Island était aux mains des opposants du Gouvernement Mondial; que la révolution ait pu prendre de vitesse la Marine, informée ou non de la présence du negociata, ne semblait plus si déconnant. Mais vite, quelque chose tira Helena de sa rêverie.



- Amiral, notre cible descend en piqué! Ils vont atteindre le fond dans quelques minutes!
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L’instinct et la curiosité de l’officier le menèrent à une analyse plutôt intéressante du jeune matelot. On reconnaissait aisément ceux qui resteraient simples matelots toute leur carrière et ceux qui pourront prétendre à des gardes supérieurs. Inutile de préciser dans quelle catégorie se trouvait l’amie du commodore Mattlefied. La tête entièrement posée sur le creux de sa main, elle-même soutenue par le coude confortablement installé sur l’accoudoir du fauteuil, Levi fixa la jeune femme sans rien dire. Ce n’était ni ses obus, ni sa beauté, ni son charme maternel qui l’attira. Il s’agissait d’autre chose mais il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.

Évidemment, sa réflexion trottait déjà dans la tête d’Ethan. Ils avaient trouvé le negociata avant eux et semblaient connaître les lieux comme leur poche. Dans les environs, il le savait, se trouvait une base révolutionnaire. Enfin, du moins, il supposait son existence de part une activité inhabituelle dans les environs. Les conclusions trop hâtives devaient être balayées. Certes, les informations détenues par l’engin représentaient une mine d’or pour l’ennemi du gouvernement, mais ils n’étaient pas présents lors de la bataille qui se déroula en ces lieux. Cependant, les pirates s’y trouvaient et ils avaient survécu en nombre.  

- Ce que vous insinuez est intéressant, madame. Néanmoins, si des révolutionnaires, basés sur place, avaient aperçu le negociata en question, ne pensez-vous pas qu’ils s’en seraient emparés bien avant notre retour ? Ils n’ont aucun intérêt à attendre si longtemps. Dès le départ des troupes, le champ était complètement libre. À mon avis...  

Le capitaine de bord coupa court aux pensées de l’Amiral en signalant la brusque trajectoire descendante de la proie. D’un geste du doigt, en gardant sa position initiale, il ordonna au pilote de poursuivre la chasse. Sceptique, le capitaine accepta. Ethan comprenait évidemment les risques. On ne jouait pas avec la pression exercée par les fonds marins. Descendre trop rapidement comportait des risques. Mais cette règle, jusqu’à preuve du contraire, était aussi valable pour les fuyards. Alors, au risque de blesser ou tuer ses propres hommes, Levi décida de jouer à celui qui en avait les plus grosses.  

- Manœuvre de Vasalva pour tout le monde, ordonna le contre-amiral. Si vous n’êtes pas certain des procédés, dirigez-vous vers le commodore qui réalisera le geste avec vous.  

Ils avaient tous suivis une formation en express avant leur départ. Daniel lança un regard en direction de son ami. Pas nécessairement soucieux, mais pas non plus rassuré par la situation. Il y avait de quoi. Le pilote annonçait régulièrement les profondeurs atteintes et la pression exercée à chaque pallier. La sensation n’était pas très agréable. Certains matelots peinèrent déjà. L'officier de l’amirauté resta pour l’heure impassible, mais il leva légèrement sa tête au fil des mètres descendus. Pour un homme tel que lui aussi, la pression exerça sur lui quelque chose d’assez dérangeant.  

- Tst. Alors quoi ? Ils ne sont pas humains ? Ils doivent aussi ressentir ce poids qui s’écrasent sur eux, non ?

- D’autant plus que les submersibles subissent également une forte pression. Il y a chaque année de nombreux morts chez l’unité sous-marine. Certains dépassent les limites de la mécanique et ne remontent jamais à la surface. Évitons cette bêtise.  

L'équipage n’étant pas expert, beaucoup ne survivraient pas en descendant à cette vitesse, jusqu’à la limite possible du sous-marin. Ethan changea alors son ordre.  

- Capitaine, cessez la descente. Je vous demande seulement de rester dans l’axe du submersible ennemi. S'ils remontent, nous serons au-dessus. Et il remontera. Éteignez les lumières, d'autres arrivent au-dessus de nous, je le sens.  

Des sous-marins ennemis approchèrent. Où se trouvaient donc les alliés ? Visiblement derrière, en poursuite. Le plan avait fonctionné. L'ennemi diminué se dirigeait vers son vaisseau-mère pour le protéger. L'ordre de ce dernier fut sûrement de les anéantir, eux-mêmes identifiés comme vaisseau-mère. Cependant, le soutien était en retard et, en l’état actuel des choses, Ethan ne voyait pas vraiment comment ils pourraient s’en sortir. Il jaugea la puissance de frappe, toisa du regard chacun des membres de l’équipage.  

- Matelot Ruyter, dit l’Amiral. Vous étiez présente lors du malheureux convoi sur les blues ? Si oui, je vous demande de vous équiper d’une tenue adéquate pour une sortie en mer. Je vous accompagnerai. En temps normal, j’aurais demandé à Daniel de vous y accompagner, mais force est de constater que ma puissance sera indispensable et j’ai besoin d’un haut-gradé pour assurer les diverses communications à bord.

Levi se leva brusquement en tapant sur les accoudoirs.  

- Allons-y, matelot. Vous allez assister à l’aperçu de ce qui vous attend, dans les hautes sphères de la marine, de l’élite ou de la régulière, dans les mois à venir.  

Cela ne faisait aucun doute pour le haut-gradé, cette bonne femme ne resterait pas matelot bien longtemps.
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Ethan dévia la remarque d’Helena avant la plongée; visiblement, il pensait à autre chose quand à la raison sur pourquoi ces voleurs de negociata étaient dans le coin; on ne saurait pas pourquoi pour le moment, le sous-marin ennemi ayant décidé de jouer les gros bras et de plonger plus profond. Pas découragé pour deux sous, le contre-amiral releva le défi de grosses quéquettes. Alors que tous les marins priaient silencieusement que le mec qui avait soudé et riveté toutes les plaques de la coque ne soie pas un glandeur professionnel, la chasse continuait. Après quelques réflexions, Levi décida que la course-poursuite avait assez duré et qu’il était temps d’arrêter cette course-poursuite sub-aquatique et d’aller, tel des gendarmes des abysses, aller toquer au carreau de ces fuyards pour leur coller une amende métaphorique, paiement en gueules cassés uniquement. Et il lui fallait quelqu’un avec lui histoire de servir d’ouvre-boîtes. Qui pourrait bien remplir ce rôle qui nécessitait des compétences au-delà du commun de mortels et que seuls une poignée d’indivi-non je déconne c’est Helena.


- Je n’avais pas vraiment prévu de devoir faire une sortie en mer à une telle profondeur, mais comme vous dites, amiral, je suppose que c’est le quotidien de la Marine de haut niveau.


Quelques minutes plus tard, l’équipage s’affairait autour du commando d’abordage à deux clampins, les équipant de lourdes combinaisons de caoutchouc renforcé de plaques de cuivre. On remit à Helena un fusil à harpons, lui expliquant qu’à cette profondeur, juste marcher était déjà difficile, alors nager jusqu’au sous-marin ennemi serait impossible et utiliser des armes encore plus; pour remédier à cela, les intellos de MégaVéga avaient mis au point des harpons magnétisés. Il « suffirait » de toucher le bâtiment ennemi avec l’un d’eux et un solide câble relierait les scaphandriers à leur cible. La suite : atteindre le sous-marin ennemi, trouver un moyen de le faire remonter à la surface, revenir à bord du leur et aller récupérer le negociata. Trop facile, quoi. Le casque vissé sur le crâne, Helena crut suffoquer avant de réaliser qu’on respirait en fait plutôt bien dans ces machins; le fait qu’il aie un trou en haut et que les deux marins qui la reluquaient plus tôt étaient en train de s’activer comme des furieux à pomper de l’air, avec des flexibles débouchant dans un sas; de vrais cordons ombilicaux, avec toutes les conséquences qui vont avec s’ils étaient coupés.

La première porte du sas fermée derrière De Ruyer et Levi et les flexibles à air branchés à leurs armures anti-pression +3, une lumière rouge emplit le sas, suivie d’eau glacée malgré les protections… Le sas complètement rempli, l’écoutille s’ouvrit, laissant place à un vide infini, noir comme de l’encre. Seules les lumières des divers sous-marins perçaient cette obscurité, tel un son et lumière sans son. Réalisant à quel point la pression rendait en effet les mouvements difficiles, Helena rassembla ses forces et, pointant son arme vers le sous-marin ennemi, tira. Quelques secondes plus tard, le câble se raidit, indiquant que le harpon avait touché sa cible.

Temps d’aller découvrir qui était si intéressé par le negociata.
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On ne se jetait pas à l’eau ainsi. De nombreux protocoles étaient nécessaires, surtout à cette profondeur. Mais une fois dans les abysses, les deux soldats furent livrés à eux-mêmes. Sans être un homme-poisson, Levi était un habitué de cet exercice, entraîné dès le plus jaune à s’adapter dans les milieux les plus hostiles. On ne lui avait pas donné la possibilité d’avoir des amis ou de jouer à des jeux d’enfant, d’avoir une adolescence heureuse, mais la survie était presque un jeu d’enfant pour lui. À ses côtés, il le sentit grâce à son mantra, le matelot prenait sur lui pour ne rien laisser transparaître de son mal-être.

- Il ne me restera plus que l’espace à explorer, murmura le contre-amiral sous son scaphandre. Il me reste néanmoins une épreuve à surmonter en ces eaux profondes.

Il serra le manche de son meitou. Au même instant, le matelot Ruyter visa un submersible avec son harpon et tira. Elle ne le vit peut-être pas, mais son tir frappa dans le mile, éclata le hublot central avant de s’encastrer à l’intérieur. Le câble se raidit et la tracta aussitôt. Ethan saisit l’occasion d’économiser ses forces en s’accrochant fermement à la cheville de la demoiselle, maintenant tracté à son tour. Ils fusèrent tous les deux vers ce sous-marin désormais rempli d’eau. Ethan ne dit rien pour ne pas perturber la jeune femme, mais son initiative fut rapide et efficace. Un matelot n’aurait pu faire une telle chose.

À leur droite, un submersible prit l’initiative de les attaquer sur l’un des flancs, alors qu’ils continuaient d’être tractés. Choix judicieux. Malheureusement pour eux, Ethan n’était paralysé dans l’eau. Namida en main, son meitou, il lâcha sa prise sur Ruyter pour adopter une posture de samouraï, une main tenant le fourreau, l’autre la manche de l’arme. Sauf qu’il ne ressemblait pas à un samouraï et qu’il n’avait pas de fourreau. Bref. Il dégaina - ou comme s’il dégaina - sa lame à une incroyable vitesse malgré la pression environnante, envoyant une puissante lame d’air qui explosa l’engin mécanique. En deux coups de geppou, il rattrapa la cheville de sa nouvelle camarade.

- Je pense qu’ils ont compris que nous n’étions pas à prendre à la légère. Restons vigilant, matelot.



***



- Commodore ! Notre cible remonte vers nous !

Daniel arqua un sourcil en observant le tableau de bord.

- Déjà ? À quoi bon toute cette mascarade ?

Un autre point, plus gros que les autres, accompagna le point désignant leur cible.

- Une entité bien plus grosse la suit, commodore ! Que faisons-nous ?

Le commodore vira au rouge.

- Quelle question ! On remonte. Ces connards sont allés réveiller un monstre marin. Prévenez Levi et Ruyter.

- Nous les récupérerons au passage ?

Daniel s’esclaffa.

- Certainement pas. Notre objectif est de récupérer le negociata. Les pertes font parties du job. Mais je vous déconseillerai tout de même de considérer le contre-amiral et sa matelote comme morts.

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L’idée de devoir aller chasser un sous-marin en scaphandre aux côtés d’un contre-amiral, le tout dans les abysses, était il y a encore peu de temps inconcevable pour Helena. Au mieux, elle aurait pensé en entendant ça que c’était une farce ou qu’on avait remplacé son tabac par des herbes chelou pas forcément très légales dans certaines parties du monde… Mais non, on en était là. Comme l’avait dit Ethan, c’était les conneries quotidiennes que devaient gérer les gradés et les soldats de l’élite; d’un coté, c’était quand même bien craignos. Mais de l’autre, c’était pas donné d’être Helena; l’école, le tabac, les vêtements sur mesure, les 6 heures par mois chez le coiffeur, etc., ça avait un coût. Entre aller à la chasse au sous-marin et devoir se couper les cheveux pour économiser sur le shampooing, le choix était vite fait. Le harpon ayant touché au but, De Ruyter et Levi commencèrent leur traversée des abysses. La pression de l’eau rendait tout mouvement excepté tirer sur la corde quasi-impossible; heureusement, il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire en ce moment. Centimètre par centimètre, le duo approchait leur cible… Mais un sous-marin ennemi, voyant la scène, décida d’intercepter les trublions; un obstacle qui préoccupa le duo dix secondes, onze à tout péter, le contre-amiral en faisant vite de la tôle froissée.


- S’ils sont tous comme ça a l’état-major, je ne veux pas imaginer ce qu’ils affrontent chaque jour pour que la piraterie ne soit plus de l’histoire ancienne...


Ça mettait effectivement en perspective à quel point les Supernovas et les Empereurs étaient des gros morceaux. Alors qu’Helena continuait à tirer le duo vers le submersible ennemi, ce dernier se mit à se cabrer et a recommencer à fuir; heureusement que le câble et le harpon étaient solides, car nos héros furent « simplement » tirés derrière lui, volant tel la queue de renard sur une antenne de voiture tunée. La raison de ce démarrage en trombe apparut bien vite : un monstre marin. Évidemment. Même sans voir quoi que ce soit avec l’obscurité ambiante, peu de choses pouvaient pousser un sous-marin à détaler aussi sec et a créer des vagues sous-marines secouant le duo, qui était passé de « queue de renard » à « mouche au bout d’une ligne ». Fort heureusement, le moyen de communiquer entre les scaphandres excepté la gestuelle ne fonctionnait pas pour l'un des plongeurs, sinon Ethan aurait dû se racheter des tympans; les évènements avaient pris une tournure un peu trop intense pour Helena, dont le dialogue se limitait à « AAAAAAAAAAAAAH » et autres variations alors que le monstre, toujours pas vraiment visible, poursuivait cet appât qui pendouillait derrière le sous-marin. Continuant à tirer la corde à une vitesse qu’elle ne pensait pas possible, De Ruyter finit par atteindre le submersible… Juste au moment où le monstre passa a l’attaque.

Seule une gueule pleine de bien trop de dents effilées comme des rapières fut visible un bref instant, mais une gueule assez large pour avaler une petite maison; trop pressé d’avaler son apéritif terrestre, la créature heurta bouche grande-ouverte le submersible ennemi, le faisant tournoyer. Cramponnant Levi par le poignet en plus de sa cheville, Helena sentir la corde glisser entre ses doigts; si elle la lâchait complètement ou n’avait pas d’autre prise, c’en était fini d’elle et du contre-amiral. Attrapant désespérément la première aspérité qui se présentait, les gueulements de panique de De Ruyter stoppèrent net quand, malgré son scaphandre, elle reconnut la forme impossible à confondre d’une poignée d’écoutille. Le sous-marin ennemi avait aussi un sas pour laisser sortir des plongeurs! Faisant signe à Levi de se cramponner à ce qu’il pouvait à deux mains, Helena tourna frénétiquement la poignée alors que de furieux courants sous-marins se faisaient sentir : le monstre revenait pour un deuxième round. La porte du sas ouverte, nos héros se jetèrent dedans et refermèrent ladite porte derrière eux. Une demi-seconde plus tard, un second coup fit à nouveau osciller le submersible, mais cette fois, il y avait une protection en acier entre lui et son casse-dalle. Sauvés pour le moment...

Quelques minutes plus tard, le calme était revenu. Le monstre s’était soit découragé, soit attendait une opportunité. Dans la pénombre du sas que seule une lumière d’urgence d’un rouge blafard éclairait, Helena trouva le levier de vidange et l’actionna. Le sas, peu à peu, se vidait; la suite du scénario se passerait au sec. Mais qu’est-ce qui pouvait bien les attendre dans ce vaisseau ennemi?
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L’empathie du contre-amiral lui permettait certaines choses, notamment de ressentir les émotions de ceux qui l’entouraient. Ruyter était clairement en panique. Et il y avait de quoi. Elle, qui n’avait jusqu’ici rien connu de particulier, se trouvait à la merci d’un monstre-marin à l’entrée des abysses. Son instinct de survie, ou peut-être bien sa bonne étoile, lui permirent de trouver l'issue de secours des deux marines. Ils entrèrent tous deux sans se poser la moindre question. Entre ça et finir à l’intérieur d’un monstre-marin, le choix fut vite fait.

À l’intérieur, Ethan sentit la présence d’ennemis aux intentions macabres, prêts à leur tirer dessus dès l’ouverture du sas. Rien d’étonnant. L'ouverture de l’écoutille a certainement été signalée, les caméras leur offrait une vue de leurs tronches - dissimulées par leur équipement sous-marin – en grand écran, alors vraiment rien de surprenant. Le contre-amiral rengaina sa lame et se tourna vers sa coéquipière. À travers la buée, celle-ci put apprécier son regard rempli de d’assurance et de détermination. La communication étant difficile, il réalisa des signes standards appris dans toutes les écoles de la marine :

“Pas de quartier.”

L’officier recouvrit son corps du fluide combattif, prit une posture féline, comme pour démarrer la poursuite de sa proie. En réalité, il s’agissait davantage de la balle d’un fusil. Il démarra à une vitesse anormalement excessive dans un périmètre aussi restreint. Usant à la fois du geppou et soru, une détonation retentit. À un peu moins d’un instant plus tard, la porte qui séparait il y a peu les pirates des marins, vola en éclat emportant une palanquée d’entre eux dans la foulée. Premier réflexe de l’ennemi, regarder attentivement la porte emporter leurs camarades, le tout impulsé par un homme en combinaison sous-marine. Erreur préjudiciable quand on savait qu’encore à l’intérieur, oubliée de tous, se terrait encore le matelot Ruyter.

Cette dernière, désireuse de retrouver la surface dans les plus brefs délais, se déchaina comme un véritable démon. Ça, un matelot ? La marine détenait dans ses rangs des hommes et des femmes extrêmement talentueux. Heureusement pour la société, ces jeunes ont choisi de leurs intérêts et pas celui des criminels. La situation aurait certainement été différente pour le monde. Ethan se releva et prit le temps d’observer cette épéiste au style bien agressif, mais aussi très scolaire. Ses mouvements étaient très académiques, tels qu’ils lui ont été enseignés à l’école, pour se défendre contre ces minables. Avec le temps, elle apprendra à personnaliser son style, pensa le contre-amiral.

De son côté, Levi se débarrassa aisément des nuisibles autour de lui. Sa montre bipait à tout va, signalant la présence imminente du negociata à bord de ce submersible. Avant de s’en occuper, la priorité était au nettoyage de ce compartiment. Hors de question d’être dérangés par des minables pour la suite de cette visite des lieux. L'essentiel des pirates se trouvait ici. En d’autres termes, en éliminant tous ceux présents ici, les deux marines seraient tranquilles pour la suite. Un véritable massacre s’en suivit. Une boucherie. Le tandem fut extrêmement meurtrier.

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Si la fermeture de l’écoutille avait rassuré Helena, qui se sentait bien mieux en sachant qu’il y avait une bonne épaisseur de bois, de cuivre et d’acier entre elle et la gueule du monstre marin, le fait que dans la précipitation, le câble reliant nos héros à leur sous-marin ainsi que leur flexible à air avaient été coupés par l’écoutille se fermant était fort problématique. Impossible de repartir en arrière désormais… Le sas s’était vidé et, désormais débarrassés de leurs scaphandres, Levi et De Ruyter pouvaient se battre sans être handicapés par leur matériel de plongée; une excellente chose, car désormais, leur seul moyen pour eux de rentrer chez eux sans se faire transformer en pancakes était de repartir avec le sous-marin révolutionnaire. En tout cas, Levi semblait décidé à ne pas repartir sans avoir passé un bon coup de serpillière en acier trempé, vu les signes qu’il faisait.

Sitôt la porte défoncée par le contre-amiral, un déluge de cris et de coups les accueillit. Tout l’équipage ou presque les attendait! Mais s’attendaient-ils à un tel accueil? Pas sûr du tout. Utilisant ce que sa subordonnée reconnut comme étant du rokushiki, Levi traversa la mêlée sans aucun souci, attirant l’attention sur lui. Très vite, toute la clique révolutionnaire se retrouva sandwichée entre deux moulinettes humaines. Bien sûr, Ethan menait largement au score, tuant trois personnes avec autant de difficulté que pour se gratter le cul là ou Helena en tuait un avec un peu d’effort, mais le résultat était là; le calme revenu, les deux toutous du Gouvernement Mondial avaient tout tué sur leur passage. Le temps qu’Helena vérifie si l’hémoglobine qui tachait son uniforme venait d’elle (ce n’était pas le cas) et la porte suivante vola au loin, débouchant sur la cabine de pilotage,

Seuls trois individus, tenant avec l’air peu rassuré des sabres qui quittèrent leurs mains aussitôt les Marines entrés, se trouvaient dans la cabine de pilotage.



- On se rend.
- ...C’est tout?
- Bah… Si vous êtes les deux scaphandriers qu’on a vu, vous avez bien tué 95% de l’équipage entre le sas de plongée et ici. On est juste des pilotes, on a autant de chances qu’un moucheron face à un mammouth contre vous.



Helena jeta un regard de coté vers Levi. C’était à lui de décider qui vivait et qui mourrait, mais entre-temps, les questions continuaient.


- Où est le Négociata?
- Dans la cale. Il s’était enfermé dans un baril en acier pour pas prendre l’eau. Les autres venaient à peine de l’ouvrir quand le monstre marin qui vous suivait est apparu.
- Je vais aller vérifier cela, si vous le permettez, contre-amiral.



Descendant dans la cale, Helena eut la surprise de constater qu’en effet, le submersible était vide. Et, trônant au milieu de la cale, le negociata se tenait droit comme un I dans son baril, ouvert à la scie à métaux.


- Bonjour, forme de vie organique. Malgré votre uniforme très en-deça des standards de propreté de la Marine, je détermine la probabilité que vous soyez venue me sauver à 96,59%.
- C’est bien cela.
- Je dois vous avertir cependant qu’un agent ennemi se trouve dans cette pièce et s’est caché en vous entendant arriver.
- Un agent ennemi? Quel agent ennemi?
- Celui derrière vous.



BONG.

La forme impossible à confondre avec une autre d’une énorme clé plate épousait la forme du crâne de De Ruyter. Derrière elle, la respiration saccadée du révolutionnaire ayant abattu l’outil sur sa tête de toutes ses forces brisait le silence de la cale. Hélas, il en fallait désormais bien plus que ça pour mettre hors d’état de nuire la Marine. Sans dire un mot , Helena fit un 180 degrés et dévisagea son agresseur avec des yeux aussi froids que Boréa en hiver. La clé chuta au sol dans un tintement métallique.



- Donnez-moi une raison de ne pas me venger.
- J’ai de l’aspirine si vous voulez?
- Mauvaise réponse.



BONG (2).

Entretemps, dans la cabine de pilotage.



- Euh… M’sieur l’amiral colonel ou je sais pas quoi… Je sais que moi et mes copains on est pas trop en position de force pour négocier, mais c’est possible éventuellement de glisser un mot en notre faveur si on vous fait remonter à la surface ? Les autres révolutionnaires vont pas trop apprécier qu’on se soit rendus, et on sait piloter cet engin. On demande pas une remise de peine, mais si possible nous mettre dans une prison où on risque pas de se faire suicider à coups de surin, ça serait sympa.
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C’était donc tout ? Ethan resta songeur un instant, laissant la matelote récupérer le negociata elle-même. Quelques bruits fracassants, mais Ruyter semblait toujours debout. Elle revint dans la salle de contrôle avec le negocia que l’officier salua. Les deux pilotes souhaitèrent négocier leur emprisonnement afin de ne pas risquer de représailles. Le Contre-Amiral vit ici l’occasion d’obtenir plus amples informations. Même pour le plus lâche, se rendre aussi docilement semblait bien trop facile. « Si vous me disiez plutôt ce qui nous attend à la surface, messieurs, dit le Contre-Amiral en arborant un large sourire assassin. »

Les visages jusqu’ici sereins des deux hommes se décomposèrent. Les communications avec le submersible étaient mortes. Impossible de communiquer ni avec le commodore Mattlefield ni avec Mozart en charge de la flotte à la surface. Les révolutionnaires avaient donc décidé de ne pas les laisser s’échapper, quitte à les affronter pour annihiler la flotte. La situation était donc extrêmement tendue si un guet-apens les attendait. Ethan observa le radar. Leur submersible remontait à la surface, mais il se trouvait encore derrière eux. « Nous allons utiliser les feux arrière pour envoyer un message en morse à nos camarades, reprit l’officier de la régulière. » L’un des pilotes explosa de rire. Levi l’éjecta de son siège et prit sa place. Il commença : “NAVIRE NEUTRALISE. SUIVEZ-NOUS.”

« Si j’en crois vos radars, ma flotte se trouve ici et la vôtre arrive juste en-face ? » Silence radio. « Ne jouez pas aux cons avec moi ou c’est direction Impel Down. Ou l’exécution.

- Vous n’avez pas le droit !

- Avez-vous oublié la loi martiale ? J’ai le droit à ce que je veux contre des partisans de la Révolution. » L’homme ne pipa mot et baissa docilement la tête. « Nous allons tenter de les prendre en tenaille.

- Mais vous n’êtes que quelques petits sous-marins.

- Ce ne sont pas les plus rigolos qui se trouvent dans ces sous-marins. »

Ethan se retourna vers Ruyter et le negociata en leur tapotant l’épaule. « Ce sera un véritable bain de sang là-haut, fit-il en soupirant. Mais il en va de notre survie et de la réussite de notre mission. » Après cela, il ordonna aux pilotes de mettre les pleins gaz jusqu’à leur destination. Assez vite, ils arrivèrent sous leurs cibles et, de leur position, la meilleure chose à faire était certainement de créer des brèches au niveau des coques des navires. Il ordonna les tirs. Rapidement, les autres submersibles l’imitèrent. C'était comme tirer à bout portant sur de grosses cibles immobiles. Écoper l’eau, réparer les brèches, en plus d’attaquer une flotte de la marine lourdement armée, cela devenait extrêmement délicat pour ces révolutionnaires qui ont eu les yeux plus gros que le ventre.

« Remontez immédiatement à la surface, dos à eux, avant qu’ils ne dirigent leurs canons vers nous ou que d’autres sous-marins ne soient envoyés. » L’escadron de la mort remonta à la surface, enfermant ainsi les chances les possibilités. Enfin, en temps normal, des submersibles n’y seraient pas parvenus, mais avec le Contre-Amiral et ses acolytes d’exceptions, plus rien n’était impossible. Mais ça, c’était dans le meilleur des mondes. Les sous-marins de la marine prenaient le temps de remonter, mais les pilotes révolutionnaires remontèrent rapidement à la surface, volontairement, dans l’espoir que les deux marins à leur bord soient immobilisés à cause de la différence trop violente de pression.

Le negociata se présenta face à Ethan : « Manœuvre de Valsalva.

- La ferme, abruti. Occupe-toi plutôt de la matelote. Je ne sais pas où elle en est dans sa formation.

- Bien reçu, Contre-Amiral.

- Et nous ? demanda l’un des pilotes.

- Je vous suggère de mourir maintenant, car ce qui vous attendra sera bien pire que des nausées et des migraines. »

Les deux marins réalisèrent cette technique d’équilibrage qui permettait d’équilibrer la pression entre l’oreille interne et l’oreille moyenne. Cela ne ferait certes que diminuer les effets secondaires, mais c’était toujours mieux que rien. Lorsque le submersible sortit enfin, des tirs leur parvenaient déjà. Des maux de tête frappèrent les deux soldats de la marine. « Ruyter… Va falloir se faire violence et se battre avec la rage au ventre. Pour une fois, je suggère que nous agissions comme des têtes brûlées et foncions têtes baissées vers l’ennemi. » Ethan brisa le sas et s’envola à toute vitesse vers le pont principal du navire. La forte luminosité ajoutée à la remontée trop rapide lui provoqua des douleurs insupportables.

Néanmoins, au premier tir entendu, ses sens le poussèrent à esquiver d’une roulade sur le côté. Il se réceptionna sur un tonneau qu’il éclata avec sa chute. Il se tint la tête mais comprit rapidement qu’il ne pourrait pas tenir ainsi. Des mains commencèrent à le saisir par les épaules, il s’en détacha grâce à des coups de pied hasardeux. L'utilisation du mantra accentuait ses douleurs. Il courait le temps de s’habituer à la luminosité.

Il devait tenir jusqu’à l’arrivée des renforts.



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C'était une véritable guerre qui se déroulait là. Le Negociata, convoité de tous pour les informations qu'il détenait, était lui aussi dans le collimateur de son patron. Son nouveau patron, parce qu'avant ça, Etna Pandora n'avait aucun chef d'aucune sorte. Malheureusement pour les autres forces en présence, quand son chef  voulait quelque chose, il l'obtenait. Et n'étant pas homme à tolérer les échecs, Pandora savait qu'elle n'avait pas trop le choix, la réussite n'était pas une option, et elle allait donner le maximum pour accomplir sa tâche.

Récupérer un robot, dans ce carnage de feu, de sang et d'acier, n'allait pas être chose aisée, aussi décida-t-elle simplement de mettre fin aux combats. Son navire, équipé d'un système de roues très récent et particulièrement efficace, voguait et traçait sur les mers, à la manière d'un oiseau dans le ciel. Sans rencontrer le moindre obstacle, il ricocha sur les flots et rebondissait sur les vagues, conduit par un navigateur chevronné. Il se porta au niveau des navires de la révolution, un système écholocalisation prouvait son efficacité en traquant la cible sous marine, et Etna suivait sa cible du regard, ordonnant aux machinistes d'accélérer.

Le navire coupa la bataille qui faisait rage entre les navires, et l'aura d'Etna sembla presque palpable à bord de la petite embarcation, qui devait compter qu'une vingtaine d'âme à son bord. Tous des pirates de la flotte du patron, et des bons. Triés sur le volet par l'horrible crâne d’oeuf, lui même. Etna, s'avança sur le pont. Pour que tout cela cesse, et qu'elle ait une chance, ne lui restait qu'une option. Elle souffla en regardant sa manucure.

Une vague puissante de Haki Royal s'échappa alors d'elle, parcourut la distance jusqu'aux navires des  deux bords, et un silence de mort se fit au milieu de la bataille. Sur le ponts, les hommes évanouis, gisait à leur poste de combat comme si un gourdin invisible avait frappé leur nuques, ou qu'un sommeil irrépressible les avait touché de sa grâce. Etna, satisfaite d'elle même, retourna à son poste d'observation, tandis que son navire filait à toute vitesse direction le sous marin de tête. Celui ou, elle le savait de bons informateurs, se trouvait son objectif.

Quand elle fut à distance, elle ordonna qu'on utilise les canons à traction. Un habile système permettant de remorquer les navires sur des kilomètres, utilisant des cordes en fibre de bois d'adam, et le meilleur métal qu'il soit. Elle fit tirer les artilleurs, et ils visèrent juste. Le sous marins qui venait de remonter n'avait aucune chance d'esquiver ça. L'harpon éperonna l'engin à moitié immergé, et de l'eau commença à s'engouffrer dans l'habitacle.

Glissant le long de la corde, Etna se déplaça jusqu'au sous marins, comme un chat de gouttière sur un toit. Elle pénétra l'engin tandis que venait à sa rencontre une femme habillée en soldate qui voulut lui ordonner d'arrêter, une vague de Haki Royal la mit au tapis, groggy et tremblante, et Etna continua sa route jusqu'au cockpit.

Pendant ce temps là, le navire continua de tracter les occupants et leur curieux moyens de locomotion, se déplaçant à un vitesse considérable compte tenu du poids dudit engin. Elle ouvrit la porte du poste de commandement, alerte mais confiante en sa réussite. Elle ne pouvait tout simplement pas échouer. C'était interdit.

- Bonjour, monsieur le marine. Je suis désolé de vous annoncer que je réquisitionne ce sous marin et tout ce qui se trouve à son bord. Veuillez regagner un de vos navires et quitter les lieues, si vous ne le faites pas, je serais obligé d'utiliser la force, ce que vous regretterez, vous comme moi. Et une vague de haki frappa durement le marine, lui fit ployer genoux à terre. Elle força encore un peu, et il lâcha l'arme qu'il tenait jusque lors.

- Analyse de la situation... priorité à la sauvegarde de vie humaine alliée. Madame, veuillez cessez, je vais vous suivre. Fit le robot, appliquant le protocole inscrit dans son code source.  

Ils quittèrent la pièce et se rendirent sur le navire, tandis que le Haki Royal d'Etna, toujours concentré sur Ethan, continuait de l'écraser de sa force.