Le cap des jumeaux, ville marchande, ville des échanges libres et des placements bien engagés. Une ville qui aurait eu tout pour me plaire. Au final, il n'en est rien. Les rues sont sales, les commerces cons comme leurs pieds, les touristes pingres et l'ambiance délétère : ville de merde.
Je traine les pieds. Ruminant les nombreux refus de projets et d'accords commerciaux. Voilà une semaine, trois jours, six heures et -je regarde ma montre - trente sept minutes que je me démène sans résultat probant ni même encourageant.
Le moral miné, je ne vois plus que le mauvais côté des choses qui m'entourent. Loin de ma ville natale, loin de Kate, loin de tout, je commence à douter de mes ambitions, de mes attentes et de mes chances de réussite. Les gens disent que c'est le travail acharné qui paye, que les échecs forgent le caractère et sont des leçons importantes à ne pas gâcher...
Aujourd'hui, je n'ai pas envie d'y croire. J'ai envie que ça soit facile. Que les offres coulent et découlent logiquement de mes propositions, de me rencontres et contrats. J'ai envie de signer des papiers, faire des astérisques en bas de page et serrer des pognes, sourire aux lèvres, tandis qu'on réfléchi déjà comment faire évoluer les évènements dans notre sens.
Aujourd'hui, il n'en sera rien et demain aussi. Revenu à l'auberge miteuse dans laquelle je réside, une petite valise dans la main et une sacoche en bandoulière, je rends les clefs au concierge graisseux et rude. Pas envie de répondre à ses questions, je réponds par haussements d'épaules avant de lui tourner le dos et quitter son établissement poussiéreux.
Dehors, grand soleil, pas l'ombre d'un nuage à l'horizon ciselé par les maisons et les mâts des navires dans le port. Direction la Transiléenne, encore, afin de continuer mon parcours sur la route de tous les périls. Ma destination ? - Je jette un coup d'oeil au laisser-passer qui se trouve dans ma poche - Kikai No Shima. Ville riche avec de nombreuses attractions et autres attrapes touristes, je devrais bien réussir à vendre du poisson dans un, ou plusieurs, de leurs restaurants.
J'avance doucement, le regard fixe, perdu dans mes pensées. Je me remémore les différents refus, leurs causes et excuses afin d'en tirer profit. Afin de ne pas répété les mêmes erreurs, si cela est possible. J'avance, obnubilé par mon départ de cette perte de temps. J'avance, sans me rendre compte qu'on me suit de loin.
Posté Lun 06 Sep 2021, 17:32 par William White
Une ruelle peu fréquentée. Un chat, plein soleil, allongé. A travers une vitre sans teint, Le reflet des deux crétins.
Mon œil est attiré par un couteau dans leur main. Rapide prise de décision, J'accélère le pas, sans hésitation. La peur n'y est pour rien.
Mémoire des leçons de Judas, Rappel des entraînements d'Azerios, Confiants, ils emboîtent et entrent dans mes choix. Ils ne le savent pas mais viennent de se heurter à un os.
Une ruelle ombragée à l'odeur de pisse, L'arrière de boutiques remplie de cartons Un cul de sac propice, Ricanement des deux cons.
Je lâche mon sac et leur fait face. Aucune classe. Des yeux rouges, imbibés, et les doigts tremblants. Des junkies dont les doses et l'argent se fait manquant.
Les résonner ? Je n'en ai pas l'humeur. Me défouler ? J'en ai bien peur. Silence pesant Sourires narguant.
Mon premier s'approche, Mon tee-shirt, la lame effiloche. Il titube, ma senestre en uppercut, Coup de genou dans les bijoux : J'avoue... Technique pute.
Mon second hésite, bafouille. Venger son pote ? Tentative inutile. Autant que l'autre, il dérouille. Crochet du droit suivi d'une feinte gracile.
Toux roques, renvois biliaires, Les deux clampins font volte face. Tant bien que mal, ils tracent Tandis que j'ai un sourire solaire.
Mon troisième rigole au fond de la ruelle. Surpris, je sursaute et me retourne défensif. Invisible, un vieillard apparaît et renifle, Ses haillons couvrants un corps frêle.
Mon tout semble se jouer de moi, Comme le destin aime se moquer des héros. Les plans ficelés par l'illusion du choix, Finissent souvent à volo.
Posté Dim 12 Sep 2021, 10:33 par William White
Le vieillard s'approche chevrotant, autant dans sa démarche que dans ses mots. Il titube, recule pour mieux avancer, à moins que ce soit l'inverse ou le contraire de l'inverse de la réalité. Ses mouvements, à la fois saccadés et liquoreux, me donnent la nausée. Une envie de gerber me prends le bas du ventre. Elle remonte mon estomac, tourne sur elle même, s'amplifie et se dédouble. Les jambes ramollies, senteurs de flasques, inconsistantes, je suis obligé de poser une main sur le mur adjacent. Choc violent, les briques m'irritent la paume. Ma sacoche tombe au sol. Ses paroles, paroles, paroles, ainsi que son odeur, se rapprochent. Touchent mes narines et en remuent mon esprit. J'inspire et expire la bouche grande ouverte. Tentative veine pour ne pas respirer ses effluves et éviter l'inévitable. L'oeil trouble, mes abdos se contractent, un jet odorant, aqueux, jaillit de mon corps. J'expire par hoquet roques. Le vieillard, juste à côté, se penche, ramasse mon sac. Petits rires. Fouille à l'intérieur. En extirpe mon laisser-passer offert part la Transiléenne pour dédommagements.
- Tu as-hic, tu as encore beaucoup à apprendre. Je-hic, je garde ça.
L'esprit vaporeux. L'estomac à l'envers. Impossible de répondre.
- Bon voyage-hic.
Posté Lun 13 Sep 2021, 12:20 par William White
Et je cours, Je me raccroche à mes cris, Dessaoule de ce clodo fortuit. Et j'esquive, Les passants qui m'entourent.
Ça fait longtemps qu'il est parti Maintenant. Je repense à ce qu'il m'a pris, En rageant. Si j'avais su ce matin Qu'il serait là, sali, caché, derrière un banc Par l'ombre d'un sort Que j'ai subi en plein flanc En un instant.
Il a, il l'a Une technique de pas Qui m'a touchée au foie Et qui m'a mis, dans un drôle d'état.
Je vous parle d'un accident Il y a peu de temps Que je ne veux pas admettre Mon égo à c'moment-là À pris un sacré cas Que je ne peux me permettre. Et si le vieux qui est parti Aussi vite que je le vis Ne payait pas de mine C’est après que j'ai su Que je voulais sa frime Pour ne plus être à nu.
Salade de nantis, jolie, jolie, jolie Je te pousse à la mer, je te pousse de colère. Salade de nantis, jolie, jolie, jolie Ce voyage sera bien le mien Peut importe le prix.
Il m'a dit... Il m'a dit d'attendre le voyage d'la prochaine Hermine. Le contrôleur, sûr de lui, avait l'air unanime. J'ai attrapé son col et j'ai crié tant que j'ai pu J'ai secoué, secoué, il n'est pas resté obtus. - Aïe aïe aïe
Deux étrangers Début d'Grand Line, en un instant Deux individus Deux inconnus, se fixant Une destinée, accidentelle Pour un trajet en Transiléenne