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Les 7 étapes du Karaté [Solo]

Luvneelroom, mais quel charmant endroit! Présenté comme un havre de paix libre de toute discrimination, Mallory n’eut pas besoins de se creuser les méninges bien longtemps pour choisir l’endroit où elle allait séjourner. C’était rafraichissant pour une jeune femme du port des Jumeaux de remettre les pieds sur une ville portuaire, l’animation de la foule, les touristes, les dockers et pêcheurs, il n’y a pas à dire elle se sent presque à la maison! Et puis c’est original cette idée de ne pas concentrer tous les bâtiments de la ville sur des pilotis en bois. Pour Mallory, cette excursion à Luvneel lui permettrait de se détendre les guiboles, de pioncer un peu, de se la couler douce quoi! Et puis bon, après quelque temps passé au frais elle méritait un peu de calme! Voilà!

Bon, il est vrai que sans le sou on ne peut profiter pleinement des distractions que la ville a à offrir mais il faut faire avec ce que l’on a. Mallory passa donc le plus clair de son temps à flemmarder sur les quais, ses vêtements en lambeaux, cicatrices suffirent pour attiser la générosité des citoyens et voyageurs qui sentirent le besoin de lui donner quelques berry. L’orgueil de Mallory pris un coup, confondue pour une vulgaire clocharde, mais en même temps, on ne peut se payer de quoi manger avec de l’amour-propre. Elle amassa très rapidement une coquette somme, un véritable pactole pour le requin! Avec tout cet argent Mallory pourrait sans doute s’acheter… Alors avec la valeur actuelle du Berry, sans oublier l’inflation, on multiplie par trois et on soustrait douze… Elle pourrait s’acheter 3 brioches! Et il lui resterait encore une quinzaine de berry! La chance!

C’était une bonne nouvelle, le cœur léger elle se dirigea vers la boutique la plus proche, dans une ville touristique comme Luvneelroom les échoppes prêtes à vendre tout et n’importe quoi à des passant peu regardant du prix il y en a à tous les coins de rue! Humant le doux parfum du port, ah, ce doux air marin finement mêlé au fumet du poisson en décomposition… Le requin était nostalgique! Après avoir trouver de quoi se sustenter, ayant sous-estimer le manque de scrupule des commerçants elle dut se tourner vers une miche de pain rassis, mais a très bon prix! Va falloir mâcher, mais heureusement son patrimoine génétique lui ont fournis les outils nécessaires pour la tâche! Alors elle se promène sur le port, regardant les vagues se briser contre se dernier, les plus violente lui éclaboussant les pieds alors qu’elle concasse un morceau de pain entre ces dents, c’était une belle journée! Et oh! Voilà que le soleil finit sa ronde, barbouillant le ciel de jolies couleurs, qu’est-ce que c’est beau!


Elle se rendit à l’extrémité du ponton le plus proche, les planches grincent sous son point, les quelques pêcheurs obstinés baissent les yeux et s’écartent de son chemin. Essayant en vain de redonner une texture à peu près normale à son repas déshydraté, elle s’assoit, osant tremper ses pieds dans les eaux du ports, fascinée par les teintes des nuages. Elle se sentait bien, elle se paya même le luxe de dégainer son joli petit peigne porte bonheur, de défaire les nœuds de sa chevelure en chantonnant doucement.
Emporter par l’ivresse de ce moment enchanteur que n’importe qui d’autre d’un peu plus fortuné aurait trouvé au mieux banal, Mallory se risqua à ne serait-ce pensé que sa chance avait peut-être tourner. Voyant l’occasion de rendre la femme-poisson malheureuse, le destin montra le bout de son nez. Travailler sur les ports ce n’est pas de tout repos, il faut se réveiller aux petites heures du matin et travaillé jusqu’à l’épuisement. Lorsqu’arrive le crépuscule les muscles ne peuvent tenir la cadence, les jambes tremblent… Et puis les erreurs se font de plus en plus nombreuses. Pour continuer à faire tourner les rouages de la ville il y a constamment un flot de marchandise qui quitte et qui rentre sur les ports.


Prenons l’exemple de ce charmant navire qui vient de s’amarrer derrière Mallory, sa calle pleine a craqué de barils de produit en tout genre, le contenu de ses barils n’est pas important, mais il faut noter qu’ils semblent incroyablement lourd. Une fois le bateau solidement attacher, l’équipage place une rampe afin de facilement décharger leur cargaison. Les premiers récipients roulent le long du port à la suite dans une ligne bien ordonnée… Un matelot surévalue la force qui lui reste après le voyage, le baril lui glisse entre les mains, il s’écrase contre la rampe, la planche fléchie mais ne rompt pas, le baril bondit, roule, prend de la vitesse et rebondit sur le pont. Le marin ne peut lâcher un avertissement que le lourd cylindre continue sa course, alerté par le bruit Mallory se retourne juste à temps pour recevoir la barrique en plein visage, heurtant la femme poisson avec suffisamment de force pour l’entrainer dans sa trajectoire. L’équipage, trop préoccupé à repêcher leur marchandise perdue firent semblant de rien, ce disant qu’il en faudrait beaucoup plus pour se débarrasser d’une femme de son gabarit, et qu’ils feraient mieux de s’éclipser avant qu’elle ne refasse surface.

Mallory ne remonta pas à la surface immédiatement, désorientés par une douleur aigüe au visage et à la poitrine, elle était encore consciente mais il lui faudrait un moment pour se remettre. Elle remarqua que l’eau était teintée de rouge, son pif recevant la majorité de l’impact, et une ou bien deux de ses dents flottaient un peu plus loin. Le nombre exact était difficile à déterminé, elle ignorait si sa vision c’était dédoubler suivant la collision.

Son nez était possiblement cassé et l’état de ses côtes était à vérifier, mais elle nageait encore, un petit effort, on suit la lumière et on sort de l’eau, c’est partis! Elle suivit son plan à la perfection… Mais réussit tout de même à être surprise par le résultat! Elle s’extirpât de l’eau, vérifiant avec sa langue les nouvelles cavités dans son sourire. Mais elle n’atterrit pas sur les quais, elle ignorait comment, courant sous-marin ou simple manque d’orientation causé par une légère commotion, mais elle avait accompli l’exploit de trouver l’entrée d’une caverne. Elle n’ose pas y mettre le pied, déjà ce n’est jamais une bonne idée d’explorer des sous-terrain/marins en pleine nuit, et un léger balayage visuel permis de confirmer que cette grotte était habitée. Ça ne saute pas exactement aux yeux, les stalactites dégoulinants et bigorneaux solidement fixés aux murs n’aident pas, mais en même temps il y a des torches fraichement allumées aux extrémités gauche et droite, source lumineuse qui attira Mallory dans ce bourbier. Au milieu de la pièce il y a un tapis de de bambou tissé et les murs était recouvert de… C’est quoi ces trucs? Des esquisses toutes droits sortis d’un manuel d’initiations aux arts martiaux? Dessinées par quelqu’un qui ne sait visiblement pas dessiner? Il y a même des numéros pour facilement remettre les croquis en ordre.

Mallory est confuse, elle n’a aucune idée qui pourrait vivre dans un endroit pareil et n’a pas du tout envie de le décou-

Une puissance mains écailleuse appuis lourdement sur son épaule, le pauvre cœur du requin décide de prendre une pause pour un bref moment, elle regarde nerveusement au-dessus de son épaule, un homme requin colossal se tient derrière elle, suffisamment rare pour le souligner, le colosse la dépasse aisément. C’était un véritable monstre, une armoire à glace, un géant bleu aux muscles saillants et au short rouge, seul vêtement du mastodonte si on oublie les bandes de tissus attachées à ses mains et pieds. Le requin marteau était stoïque, Mallory elle aussi restait immobile craignant que tout mouvement de fuite ne lui coûte un bras. Due à la physionomie particulière de son visage Mallory était dans l’impossibilité de regarder le requin marteau dans les yeux. Il ressert son étreinte sur l’épaule de la poissarde, ses larmes coulent sur ses joues et se mêlent au ruissèlement cramoisis qui coule de ses narines, son heure est venue…

« Hahaha! Enfin! Après toute ses années j’ai enfin une élève! Bienvenue à toi chétive jeune fille! »


Mallory était tout de même surpris que ce bestiau sût parler, il tire la femme-poisson de l’eau comme une vulgaire poupée de chiffon, fait quelque pas, le temps que son explosion verbale finisse de rebondir sur les parois de la caverne, la pose juste en avant du tapis dressé et prend sa place sur le dernier. À peine positionné qu’il mit en exécution plusieurs mouvement maintes fois retranscrits sur les murs, prenant bien évidement la peine de faire la pose entre chacun, mettant en valeur son corps d’athlète. Le femme-poisson était perplexe et ne comprenait absolument rien.

Après cette petite performance le titan bomba le torse, croisa les bras et souriant à pleine dent gueula à son auditoire d’une seule personne, située à quelques mètres à peine :

« Maintenant, est tu prête à repousser les limites de ton corps et de ton âme? À briser chaque os de ton corps pour en construire un meilleur? À enfin avoir la force de te battre pour ce que tu crois juste? Et d’avoir la force pour te battre tout court… Parce que c’est grave cool? Es-tu prête à faire du… »


Petite pause dramatique le temps de pavaner un peu…

« KARATÉ! »


Chapitre 1, Le choc


« QUOOOOOOOOOOOI?! »
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Chapitre 2, (Ah bien oui le choc c’est une étape rapide quand même) Le déni


Le requin marteau ne flanche pas, il reste droit et fier et continue de bomber le torse et de fléchir ses muscles, Mallory ignorait l’existence de plusieurs d’entre eux. Mais la femme-poisson n’avait aucun intérêt de s’entrainer avec cet huluberlu dans une caverne miteuse. Le colosse en short était certes imposant, sans doute capable de briser les cervicales de la femme-poisson comme une vulgaire brindille, et un peu dérangé, mais… Non il n’y a pas de mais, Mallory s’est foutu dans de beaux draps. Cependant, l’homme requin semblait persuadé que l’apparition spontanée de la jeune femme avait un quelconque lien avec une envie de pratiquer le karaté, si elle est capable de lui en dissuader elle pourrait peut-être s’éclipser avec toutes ses dents.

« E-excusez monsieur, »


« Tu peux m’appeler Ed! » Le requin marteau sourit, avec des étoiles pleins les yeux il se saisit le menton, « Mais je suppose que maintenant que j’ai une élève tu peux m’appeler maitre… »


« … Alors… Ed, je crois qu’il y a erreur sur la personne…  Pour dire simplement, moi le karaté des hommes-poissons… » Elle s’arrêta un moment pour analyser la situation, si elle pouvait éviter de blesser émotionnellement une brute de ce gabarit ça serait pour le mieux. « … ça ne m’intéresse pas tant que ça… Sans vouloir vous offenser! » Pour la première fois depuis le début de cet échange, Ed semblait perplexe, les deux globes oculaires affixés aux deux extrémités de sa tête étaient vitreux, confus, pareil si Mallory avait dit une absurdité qui outrepassait le domaine de la logique. « … Bah… Tu es une homme-poisson? »


« Une femme oui mais- »


« Et ça s’appelle le karaté des hommes poissons, non? »


« Oui mais- »


« Bah… C’est fait pour toi alors! »


C’était d’une logique tellement simpliste et ridicule que Mallory ne réussit pas à trouver de failles dans cet argument, elle bégaie quand même un semblant de réplique histoire que le la cervelle du requin marteau, possiblement atrophiée par des années d’isolement dans une caverne, réussit à remplir les blancs d’elle-même. En voyant Ed s’assoir en tailleur en continuant de se polir le menton elle se doutait bien que son nouveau « maitre » avait bien d’autres tours tout aussi débiles dans sa besace.

« Le monde est souvent plus simple qu’il n’y parait, Machine… Regarde, si par exemple quelqu’un se fait appeler Barbe Noire, c’est qu’il a une barbe noire, pas besoins de se casser la tête! C’est pareil pour le karaté des hommes poissons! »

Mouais, Mallory n’était pas entièrement convaincu par cet argument mais il fallait se mettre à l’évidence qu’Ed n’allait pas lâcher le morceau aussi facilement.

« O-ouah! Alors là vous m’avez convaincue dit-donc! Je m’en vais de ce pas m’inscrire à un court pour débutant au dojo le plus près et je vous reviens dès que je suis à vôtre niveau! Allez à plus tard! »


Avant qu’elle ne puisse s’éclipser en douce et continuer à se reposer peinarde sur le bord de l’eau, la montagne de muscle se décale subitement devant elle, son ombre projetée par les torches englobe la pauvre poissarde, tremblant comme une feuille devant le géant.

« Ne t’inquiète pas, ça fait plus de 10 ans que j’attends ce moment; d’enseigner toutes mes connaissances à quelque chose d’autre que de la caillasse! Ton pathétique niveau à l’art martial et ta stature cadavérique (Mallory fait plus de deux mètres et ne pourrait généralement n’être qualifiée de maigre que par des aveugles mais passons) ne sont pas des obstacles que vont m’empêcher d’atteindre mon but! »


  Le feu de la volonté brûle dans les yeux du requin marteau, il rive ses mains solidement sur les épaules comparativement chétives de Mallory qui craint de se faire consumer par la détermination de cet ermite aux bords de la folie. L’entrainement commence d’un coup, Mallory violemment poussée au sol, face contre terre, le souffle coupé. Avant même qu’elle remplit ses poumons d’une bonne bouffée d’air humide et renfermer le colosse lui écrase son pied fermement sur le dos.

« Alors premier exercice! 10 pompes, question de chauffer tes bras et commencer ton entrainement en beauté! »


Mallory resta aplati au sol un moment, mais voyant que son tortionnaire n’avait pas l’intention de bouger elle se décida d’obéir à sa demande avant qu’une profonde empreinte de pied ne soit à jamais pressée entre ses omoplates.

C’était plus éprouvant que Mallory ne pouvait l’imaginer! En plus du poids additionnel, le sol de la caverne était moite et glissant, les bras tremblotant sous l’effort ne pouvaient garantir une adhérence suffisante pour empêcher Mallory de s’encastrer la figure contre le sol rocailleux à mainte reprise, répétitions que Ed pris bien évidemment bien soins de ne pas compter bien évidemment!
Il ne fallut pas moins que 24 pompes avant que le requin marteau soit satisfait et libère Mallory. Le visage pourpre, détrempée de sueur, les poumons en feu la pauvre malchanceuse n’avait plus les forces pour se lever de terre…

« Bien joué! Maintenant on peut passer aux choses sérieuses! »
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Chapitre 3, la colère (Ça va barder les mecs)


« Allez du nerf! Hop hop! » Mallory marine toujours dans une flaque de sueur. Elle n’avait pas signé pour se faire maltraitée dans les règles de l’art! Hors d’elle, le requin se remet lentement et péniblement sur ses pattes et faire face pour une fois dans ça vie aux dangers qui se présente dans sa vie! Une fois debout elle bombe le torse et se hisse sur la pointe des pieds pour se donner du courage. Ah il est grand quand même le gaillard… Mallory sentait au fond elle que son courage était sur le point de se dégonfler et s’écraser mollement au sol avant qu’elle ne puisse dire le fond de ses pensées, mais il faut bien qu’elle réussisse à forcer l’idée dans la cabosse bien solide et épaisse d’Ed. Elle qui ne vit que pour les grasses matinées et se reposer peinarde sur le bord de l’eau n’avait pas du tout, mais alors là du tout, l’envi de passer ses journées loin du soleil à se buter corps et âmes pour apprendre un art martial dont elle n’a absolument rien à secouer.

On prend une bonne respiration et on vide son sac, et on se prépare mentalement à une réplique dévastatrice sur le plan physique ou mentale.

« A-alors non! Voilà j’ai fait vos pompes maintenant vous me laisser tranquille! Moi je n’en ai rien à faire de votre karaté! Alors je suis désolé que vous vous sentez seule dans votre caverne mais moi je me tire! E-et puis zut à la fin! »


Emportée par les émotions, sa gorge se sert d’un coup, cette façade de colère s’écrase rapidement pour dévoilée la gamine terrifiée qu’elle a toujours été, les larmes coulant à grosse goûtes sur ses joues. Le colosse, toujours impassible semblait prendre bien son temps pour analyser les propos de sa supposée disciple. Et puis tout d’un coup il hoche la tête, et applaudit lentement, un sourire satisfait, mais beaucoup trop aiguisé pour être rassurant, se dessine sur son visage.

« Voilà c’est de ça que je parle! Je savais que tu avais du potentiel, machine! Toi tu comprends que le karaté c’est plus que l’art de casser des bouches, qu’une maitrise parfaite d’une discipline et d’une volonté en béton! Bah! Les intellos ils comprennent que le karaté ça ne se passe dans la tête. Le karaté ça se passe… »


Il se tape solennellement la poitrine, il pose une main sur son cœur.

« Dans les tripes. »

Malgré tout ses efforts Mallory ne saisit pas un mot de ce que venait de raconter Ed, si ce n’est qu’il n’y connait absolument rien en anatomie, les propos du requin marteau assourdis par ses membres criants de douleur.



« Comme je peux voir que tu es déjà prête à en découdre on va se taper dessus. »

Ça en revanche Mallory l’avait bien compris. Ed en voyant les yeux écarquillés de son élève, eut le bon réflexe d’expliquer davantage le prochain exercice.



« Tu me frappes de toute tes forces et je te dis ce qu’il faut améliorer. C’est en apprenant de ses conneries qu’on devient moins con. -Moi, maintenant. »

C’est tout? Alors, Mallory n’avait jamais frappé quelqu’un, du moins volontairement, c’était nouveau pour elle. Pendant ce temps Ed restait immobile, droit comme un roc, dernière muraille séparant Mallory de l’ouverture de la caverne et d’une journée à bronzer sur la plage. Le requin bien malchanceux serre les dents, et sent la colère monter en elle, transposant toute sa frustration d’une vie ou chaque faux pas est prétexte au destin à s’acharner sur elle. Son sang bouille et revigore ses membres endoloris, elle ne sentait pas ses ongles s’enfoncer dans ses paumes. Les yeux d’Ed voyaient les muscles de Mallory se tendre, lever ses bras et, dans un dernier cri viscéral bondit sur le requin en short. Son poing percutant Ed en plein bide…

Un cri de surprise et de douleur rebondit contre les parois de la caverne, un hurlement qui empêchera certainement quelques enfants de Luvneel de dormir paisiblement cette nuit. Les larmes coulent sur les joues de Mallory, elle qui n’avait jamais frapper quelqu’un de son plein gré… Venait de se briser le poignet.

Ed, n’ayant pas bougé d’un poil à la suite de ce coup de poing dévastateur, quant à lui avait repositionner sa grande main écailleuse sur son menton. « Ah bien c’est pas mal! Haha! Ça fait longtemps qu’on ne m’a pas frappé tient! »

Satisfait il fait craquer ses jointures avant de se dégourdir les épaules et de courir mollement sur place. « En revanche, pour la technique on repassera, alors prend des notes je te montre ça en vitesse! »

Mallory leva les yeux par réflexe, au travers de ses larmes elle ne réussit qu’à voir un flou bleuté se diriger à grande vitesse sur son visage! L’information n’atteint même pas son centre moteur que les jointures du requin marteau s’écrasent lourdement contre son pif, c’était instantané! D’un point de vue extérieur c’était magnifique, un geste franc et précis dans les règles de l’art, aucun mouvement n’était inutile, le transfert de poids irréprochable, plus de 200 kilos de requin en pleine poire! Notre bien amicale Mallory ne l’entendit pas de cette oreille, propulsée contre le mur pierre, une couche de granite s’émiettant sous l’impact en tomba au sol ensevelir la femme-poisson aplatit au sol. Tout autour d’elle tournait, son nez lui faisait tellement mal qu’elle ne pouvait en deviner les limites elle se doutait bien que ça allait enfler sévèrement en plus…

« Premier conseil, sait toujours où frapper ton adversaire! Les requins c’est facile, tu tapes sur le nez, il y a plein de truc et des machin electro-jsaispuquoi, alors un bon coup sur le museau ça suffit pour les calmer! C’est à cause de c’est machin qu’un amour de requin s’appelle un coup de foudre. »

Ed fit la pause le temps que le public rit un coup, mais ce dernier n’était pas des plus réceptif en ce moment.

« Sinon, les yeux, la gorge, le foie ce sont des valeurs sûres! Il y a aussi les burnes mais ça les puristes ils vont te dire que « ahlala frapper en dessous de la ceinture c’est pas éthique! Et puis c’est lâche! Et que franchement Ed tu nous fais honte tu viens de mettre fin à la lignée de ce pauvre gars! » Pfff, non mais, frapper dans les noix c’est de la stratégie d’abord… J’en étais où moi… Ah ouais, t’as du potentiel mais ton entrainement ne fait que commencer! Bon, allez, je te laisse 2 minutes de repos et après tu me fais 10 fois le tour de l’île à la nage! »


La colère de Mallory a été soufflée par le coup du requin marteau, étendue au sol elle sentait déjà la déprime s’installer bien confortablement. Elle lève le regard, partiellement obstrué par du gravats, et vu Ed sourire et lui décocher un « thumb’s up » d’encouragement, sa gorge se serra, elle allait chialer pour de vrai si ça continue…
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Chapitre 4, la dépression

Les deux minutes de grâce disparaissaient déjà au loin. Edbert, de son infini bonté laissa Mallory reposer sous ce monticule de pierre pour 30 secondes de plus avant de l’agripper par le col et de la jeter comme une vulgaire chaussette en dehors de sa caverne. Paralysée par la douleur la petite géante fut projetée comme une vulgaire poupée de chiffon, s’écrasant contre la surface de l’eau. Elle resta immobile un moment flottant mollement à la surface avant de finalement couler sous les flots. L’eau lui faisait le plus grand bien, étouffait la douleur de ses membres à l’agonie et la fit presque oublier son nez enflé et la douleur qu’il déchargeait dans tout son être.

Elle pataugea indolemment un moment, réalisant que rien ne l’obligeait à obéir à ce requin marteau et pensait déjà frétillante jusqu’à la plage la plus proche pour profiter d’un peu de soleil! Un sourire commençait à peine à regagner ses lèvres boursoufflées qu’elle voyait au loin que ses rêves de lézarder sur la plage et d’oublier cette petite histoire peuvent bien attendre! Il y a tout là-bas un petit point bleu qui porte un short rouge qui s’approchait à grande vitesse. Par simple instinct elle oublia ses muscles meurtris et s’envola comme une fusée. En vu de son poignet contusionné elle ne pouvait pas non plus nager aussi fluidement qu’à son habitude. Battant des jambes et en secouant des bras comme une démente créant une nage hybride entre le crawl et la brasse, c’est-à-dire qu’elle brasse beaucoup plus d’eau que nécessaire. Edbert lui nageait gracieusement à la surface, son aileron fendait l’eau et traçais une trajectoire directe vers la pauvre Mallory. On pouvait suivre la course poursuite depuis l’extérieur de l’eau, le prédateur surentrainé fonçant à vive allure sur le bouillonnement alarmé de sa futur prise qui tentait tant bien que de mal de lui échapper.

Mallory n’avait jamais nagé aussi vite de toute sa vie, ni des précédentes d’ailleurs si cela s’applique. Il n’y a pas de peurs plus viscérales que celle d’être poursuivis par une créature située quelques étages plus hauts dans la chaine alimentaire. Ed qui voyant que sa disciple semblait éprouver des difficultés c’était pointé pour voir si tout allait bien était content de voir que son aura de leader à elle seule avait réussit à redonner à Mallory le poil de bête. Il n’était pas peu fier! Il allait continuer à la pourchasser un peu, la motiver à se pousser à fond! Mallory était sur le bord de l’évanouissement et son cœur battait la chamade et si elle n’était pas entièrement submergée dans l’eau marine elle marinerait dans a sueur. La course se continua, les deux requins se faufilant entre les supports bien solides des quais, éclaboussant et effrayants quelques passants bien curieux.

En regardant derrière elle pour savoir si elle avait semé son poursuivant Mallory entre en collision avec l’un des piliers. L’impact en plus d’avoir manqué de déboiter l’épaule de la femme à secouer le port suffisamment pour projeter un piéton à la mer. Mais ça, les deux requins nageaient assez vite pour ne pas avoir à s’en faire. Leur course se prolongea encore un moment, Ed arrivait sans trop grande difficulté à dirigé Mallory tout simplement en changeant son angle d’approche. Lessivé, la poiscaille se laissa guider jusqu’au dojo à semi-inondé du requin marteau ou elle s’échoua contre le sol rocailleux, ses poumons enflammés par l’effort, la douleur et ses crocs serrés étaient le dernier barrage qui tenait encore debout et empêchant ses larmes de couler.

Ed le voyait bien ça, il connaissait cette souffrance, un regard vers la Mallory, un sentiment d’empathie l’atteint en plus cœur, il voyait le visage de la jeune femme se déformer sous la frustration et se reconnaissait en cette petite chose chétive chialant à même le sol. Ah oui, la déprime de ne pas progresser assez vite sans doute! C’est évident! Sans perdre une seconde il martèle le mur de sa propre caverne avec des coup de poings et pieds palmés, le parais de la caverne vibre sous l’effort et d’autres cailloux viennent s’écraser sur la tête de Mallory pour sa peine. Le requin marteau, bien triste de voir ses gribouillis anéantis sous le choc de ses coups se soulageait en retirant du mur un cube de rob informe de la paroi, laissant une trainé de poussière grisâtre derrière elle. La meilleure façon de vaincre un bon coup de déprime c’est avec un effort physique constant!

« Allez lève-toi maintenant! Il faut prendre le roi des mers par les cornes, moustaches ou antennes! Tu ne vas quand même pas aller chialer dans les jupes de ta mère? »


« M-mais… c-c’est ce que- ce que j’essaye de faire! » sanglota Mallory, ses paroles saccader par les reniflements agaçants.

« Et tu veux allez pleurer chez elle comme une gamine ou comme UNE FEMME! Allez 20 squats maintenant! » Sans efforts il relève Mallory et lui pose l’énorme brique en plein sur le dos. Les jambes de la chialeuse courbent sous le poids, son visage s’empourprent en une fraction de seconde, des veines font leurs apparitions et pulsent au rythme du cœur de la géante dentée... Elle tremble de tout son être et même l’adrénaline ne suffit plus pour étouffer les cris d’agonie de son corps. Elle serre tellement fort les dents qu’elles sont sur le point de rompre. Elle ne sent plus ses larmes s’écouler le long de son visage. Haletante elle regarde le requin marteau avec une expression de détresse, mais Ed ne broncha pas.

« La douleur c’est dans ta tête, et puis rien de mieux qu’un peu de sport pour chasser les idées noires! »

Avec cette mentalité, Mallory voyait bien qu’il n’y avait plus aucune échappatoire, ça y est, elle allait passer le restant de ses jours dans cette caverne moisie à s’entrainer jusqu’à-ce-que Ed soit satisfait, ou, soyons réaliste, que Mallory ne cède sous l’effort. N’ayant rien de mieux à faire, et craignant la colère de l’homme-requin, elle obéit en ronchonnant sur sa triste existence, la terrible douleur qui traversait son être après chaque répétition avait au moins pour effet d’étouffer cette tristesse, si ce n’est que pour un fragile moment.

Ed souriait fièrement, il avait réussi à faire comprendre la joie du karaté à quelqu’un, c’est tout ce dont il avait toujours rêvé! Il se sentis pousser des ailes et puis, trouvant qu’il a été un peu dur avec Mallory décida d’alléger l’atmosphère avec une petite blague des familles! On lui avait toujours dit que l’humour c’était cool pour l’enseignement!

« Hey, tu sais comment on appel ça un rat avec une queue coupée? »

La respiration sifflante de Mallory fut la seule réponse qu’il reçut.

« Un rat-courcis! hahaHAHA! »

Cette blague était tellement lourde que Mallory en perdit pied, s’effondre au sol, suivie par l’écrasant bloc de granit. Ce dernier s’écroule contre le requin pleurnicheur. Son corps vu que c’était une bonne occasion pour prendre une pause bien méritée et Mallory tomba dans les pommes encore une fois ensevelie sous un bon tas de pierre fraichement cassée. Ed déterra Mallory et l’étendis sur son tapis de méditation, banda son poignet qui avait quasiment doublé de volume entre temps et la laissa récupérer pour la nuit… Mais pas avant de retirer un autre poids du mur de la grotte, celui-ci encore plus gros que le dernier! Mallory n’avait pas fini d’en baver.
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Chapitre 5, La résignation


Toujours dans les vapes, Mallory rêvassait, elle se retrouvait dans son concon familial bien douillet, pas de requin-marteau en vu et encore moins d’art martiaux. Elle vivait sa vie de damnée de l’univers en toute quiétude sans se soucier des limites de son pauvre corps de mortelle. Sa mère se tenait devant elle, sa simple présence était un baume sur ses ecchymoses. Elle tenait dans ses mains un bol de nourriture que Mallory ne pouvait reconnaitre dans son songe, une cuillère remplie de l’épaisse purée tendue vers la grande gueule de la petite géante. « Allez, ma chérie on ouvre grand! » bizarre de sa maman de la nourrir comme un bébé, mais bon c’était un rêve, donc pourquoi pas! Elle acquiesce et se laisse nourrir… Hm… Elle ne reconnaissait pas cette recette, sans doute sa mère avait telle expérimenter un minimum… Et puis soudain elle se réveilla, la douce illusion de sa mère s’effaçant subitement pour dévoiler celui d’Edbert, lui forçant une bonne cuillerée de bouillis inconnue en pleine bouche. Elle bondit de surprise et inspira un grand coup, pour crier sans doute. Fort heureusement pour les tympans de Ed, ce bond lui fit lâcher l’ustensile que Mallory avala d’un coup.

La cuillère logée dans sa trachée il fallut un bon moment de Mallory qui s’étouffe en poussant des râles de macchabés avant que Ed ne se décide à lui libérer les voies respiratoires d’une grande claque sur le dos. Le bout de métal courbe tinte contre le sol et il faut un moment avant que Mallory ne reprenne son souffle. « Ah c’est bien tu es réveillée et tu as mangé! » dit le requin marteau en jetant d’un revers le bol et son mystérieux contenu, disparaissant au loin. Peu importe ce que c’était Mallory se souvient encore que ce fût gluant, ça goûtait un peu le poisson et un peu iodé… Et elle allait avoir la chance de l’analyser davantage. À peine réveillée qu’Edbert encourage Mallory à s’entrainer. Certes, ses muscles étaient enflammés et n’eurent aucunement le temps de récupérer depuis le massacre de la veille. Et voilà que Mallory se retrouve encore à effectuer des exercices poussant son corps déjà à bouts à toujours surpasser ses limites, résignée à cette vie pathétique, noyant sa peine sous l’effort et la sueur. Edbert s’assurant que même les muscles les plus insignifiants soient exploités à leur plein potentiel, aux petites heures du matin la poisseuse retrouvait son corps endolori à des endroits dont elle ignorait l’existence, et là Ed débarquait avec un bloc de pierre plus gros que la veille.

Et puisque Edbert continue d’encourager Mallory avec des blagues les plus moisies les unes que les autres, Mallory continue de s’échapper les cubes de roc en pleine poire, alors Ed tapait contre les murs de sa grotte pour en extraire un nouveau et continuer l’entrainement. Chaque excavation augmentait la superficie de son domaine et bientôt les murs étaient perforés de toute part rappelant un bout de fromage. Les schémas explicatifs du requin en short sont désormais morcelés dans un entassement de gravier balayé à la mer. Le temps devint rapidement flou, alors que cette routine s’installe. Mallory ne remarqua même pas que sa force se découplait de jours en jours, s’entrainant jusqu’à l’évanouissement ou que l’acide lactique la force à s’arrêter. Le corps de Mallory était tellement habitué à un effort constant qu'elle se réveillait en sursaut en pleine nuit et s'entrainait par réflexe avant de réaliser, souvent à la moitié de sa routine et de repartir se coucher si le boucant n'a pas réveillé le requin marteau et parallèlement devancer sa scéance de torture.

Et puis un jour, peut-être après trois nuits ou encore quelques lunes, s’ajoute à ce train-train des démonstrations de mouvements basique du karaté, à savoir des séquences ou Mallory se fait tabasser en musique, jusqu’à-ce qu’elle réussisse à reproduire le geste. Avec sa chance, et l’intransigeance du requin-marteau, il fallait parfois répéter le même mouvement encore et encore, sans que Mallory ne glisse, qu’elle trébuche, ou, à essayer de bien faire, devient trop rigide pour satisfaire les exigences du professeur aux muscles saillants. Enfin bon, après des heures et des heures à se pratiquer, se mangeant une mandale de temps à autres quand Edbert sent le besoin de faire une démonstration en situation de combat, elle finit bien par maitriser quelques trucs, savoir esquiver et frapper fort avec une si belle technique que la chance n’a plus rien à voir avec tout ça.

Edbert lui enseigna même la technique interdite, celle qui peut clore à peu près tous les combats en un seul coup : Le pied des 1000 noisettes. C’est pareil au poing des 1000 tuiles, mais on remplace la force brute par un manque complet de principe et d’honneur, c’est tellement efficace que même le requin-marteau dit qu’elle ferait mieux de trouver quelqu’un d’autre si elle souhaite pratiquer cette technique en situation d’affrontement.

Mallory passait donc ses journées à s’entrainer, quelques fois par semaine Edbert l’autorisait à quitter la grotte afin d’attraper quelques poissons à mains nu, sous sa supervision constante qui motivait Mallory à ne pas prendre la clé des champs à la première occasion. Sa nage n’était pas plus gracieuse, le fretin lui passait entre les doigts et les prises plus conséquentes semblaient se volatiliser dès qu’elle entrait dans l’eau. Les pêcheurs en surfaces abandonnaient leur activité durant les périodes de pêche habituelles du requin. Tout ce qu’elle ramenait à Ed était éviscéré avant d’être pilonné sous un barrage de coups du géant à shorts rouges, frappant si vite et si fort qu’après quelques minutes non seulement le poisson était réduit à une pâte visqueuse au goût si caractéristique, mais l’acharnement suffisait aussi à faire cuire la viande. Ça ne rendait pas le tout meilleur, la texture et les saveurs sont à peine descriptibles mais quand on a que ça à se mettre sous la dent on arrête de chouiner et on se pince le nez.

Mallory l’ignorait encore, mais son calvaire arrivait à sa fin. Sa vie allait bientôt replonger dans la poisse habituelle, mais cet enfer en particulier allait se terminer! Il faut laisser la chance à d’autres chaos insensés de venir pourrir son existence, car celui-ci avait déjà dépassé sa durée de séjour depuis des mois. Et puis, quand Ed appela Mallory pour une séance de combat simulé, la femme-requin, toujours si peu investie dans son entrainement, remarqua quand même un changement s’opérer dans la caboche en T d’Edbert. « Machine… Ton entrainement arrive à ta fin, il y a de quoi être fière! Je me rappelle encore la larve amollie qui s’est présentée devant moi cette première journée… » Le mot « présentée » ne figurerait pas dans une attestation objective des évènements, mais soit. « Il ne reste qu’une dernière et ultime épreuve avant que le monde soit prêt à admirer ta puissance! » Edbert en profite pour reprendre la pose, montrer ses musculeux muscles dans tous les angles possibles et imaginables avant de se positionner solidement au sol et de monter sa garde. Ses yeux pétillent d’excitation et ses muscles tressaillent, parés pour ce dernier affrontement! « Montre moi ce que tu sais faire! »


Mallory, était bouche-bée, elle allait enfin pouvoir se tirer de ce trou? Elle n’en croyait à peine ses oreilles! Tout n’était pas encore gagné, Ed était toujours aussi imposant, et si les matchs précédents apprirent un truc à Mallory, c’est que le colosse bien huilé n’était pas du genre à retenir ses coups! Ça n’allait pas être de tout repos… Resserrant les bandages enroulés autour de son poignet qui avait guéris depuis longtemps, elle se mis en position, tête cadrée entre ses bras, une garde bien solide pour ne pas se retrouver au sol en un question de secondes.

« D-dès que vous êtes prêt… » Elle savait distribuer des coups et comment éviter de trop en recevoir, était-elle prêtre à ce combat? Non, mais elle ne le sera jamais et elle le savait bien! Alors autant en finir maintenant!
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Chapitre 6 : Acceptation

Edbert ne fait pas dans la demi-mesure, le combat venait à peine de débuter qu’il décoche un coup que Mallory esquive de justesse, baissant les bras pour l’aider pour son équilibre et ne pas se vautre maladroitement au sol pour faire changement. Elle entend le coup lui siffler près de l’oreille. Avant que Mallory n’ait le temps de le calculer, Edbert lui flanque un solide crochet qui secoue violement les idées de la poisseuse. Elle titube sur le côté, et décide finalement qu’il vaudrait mieux remonter sa garde. Le requin marteau continue de bien rigoler, les coups continuent de fuser autour de la tête de la femme poisson, la grande bleue essayant au mieux de ses capacités à ne pas se retrouver leurs trajectoires. Mallory est obligé de reculer si elle ne veut pas se retrouver devoir encaisser plus de jointures de requin-marteau en plein visage que la dose quotidienne recommandée. Son front est détrempé, une caverne ce n’est pas pratique pour un combat de la sorte, et elle allait bientôt le découvrir!

Son retrait stratégique, ou lâche selon les définitions, est coupé court par l’existence des murs de ladite caverne.

« A-ah! Attendez ce n’est pas du j- AH! »

Edbert ne l’entendait pas de cette oreille et continue son assaut, ses poings déferlent contre les murs de roc, la secousse qui en résulte fait trembler le sol sous les pieds de Mallory qui continue tant bien que mal de ne pas se retrouver encastrée dans l’une des cavités cubiques qui criblent la paroi de la grotte.

« Pas de justice dans un combat! seulement du karaté! Ka-POW! »

Les tremblements causèrent cependant la chute prématurée de caillasse qui, car on ne peut changer une formule gagnante, ne tombent seulement que sur la tête de la géante dentée. Elle n’allait pas remportée sa liberté en se laissant se faire tabasser tout simplement! Sa mâchoire se contracte nerveusement, elle ne sent pas ses ongles s’enfoncer dans la peau durcie par l’effort de ses paumes. Peu importe l’affrontement, Mallory savait qu’elle était en minorité numérique. Quand l’univers est toujours sur ton dos…

Edbert félicite les esquives de son élève avec un grand coup de pied circulaire. Voyant le risque de perdre quelques dents arrivées très rapidement, Mallory tente de se pencher sous le pied palmé du requin marteau. Elle réussit à l’éviter in extremis, à trébucher dans la précipitation et se projeter à plat ventre. La poiscaille préférant ne pas se retrouver au sol et de possiblement mettre fin à cet ultime test, etente de se rattraper à un truc et se remettre sur pied! Elle a bien réussi à saisir quelque chose, mais le point d’appuis en question n’était pas assez solide pour arrêter, ni ralentir en fait, la misérable culbute de Mallory. Ventre contre terre, la femme requin réalise qu’Edbert est inhabituellement silencieux. Elle lève les yeux du sol et aperçoit les chevilles de son « maitre », son short rouge si singulier entouré autours d’elles. Le malaise s’installe, notre poisseuse sent ses joues commencer à chauffer dans l’embarras.

« P-pardon! »

Mallory se relève d’un coup. Ne voyant pas que le requin en caleçon s’était penché pour regarder ses pieds. En se relevant, la tête de la malchanceuse percute le menton. Surpris par ce coup de boule inopiné, le musculeux entraineur chancelle et s’emmêlent les pieds dans son froc et de tomber lourdement sur le sol. Entre lui et Mallory, difficile de savoir qui était le plus surpris par ce revirement de situation. Après avoir remonter son pantalon, Edbert réembarque sur ses pattes. Son énorme sourire de cauchemar pélagique plus proéminant que jamais!

« Voilà! Là on discute! C’est ÇA le karaté! Prendre son adversaire par surprise! L’honneur c’est bien, mais jeter son ennemi au sol sans vergogne? C’est mieux! »

De grand maitres du karaté des hommes poissons tournoient dans leurs tombes à la simple énonciation de ces paroles.

« Allez, on continue! »

« Ah… Ce n’est pas terminé? D’ac- CORGH! »

Le combat reprend avec une magnifique entrée de la part d’Edbert qui est solidement rentré dans le lard de Mallory. L’affrontement était plus égal, si on peut dire, mais au combien peu gracieux. Mallory ne peut faire un mouvement sans vaciller, ou risquer de se jeter au tapis de son propre chef. Cela avait au moins le mérite de rendre ses gestes beaucoup plus difficiles à lire pour le requin, Mallory elle-même ne savait pas ce qu’elle faisait. Ces attaques partageaient cette même chance, impossible à prédire puisque la grande femme-poisson ratait inévitablement sa cible et finissait quand même par heurter son adversaire par accident. Sa malchance se transmettant bientôt à Edbert, et le prestigieux affrontement supposément à la gloire du karaté se métamorphose petit à petit en un défilé de technique maladroites, plus proche du combat d’ivrognes. Le requin marteau tente d’asséner un autre coup à Mallory mais glisse une énième fois sur la pierre mouillée, ses deux pieds terre et Mallory voit une opportunité! Elle écarte les jambes pour éviter de tituber, allant même jusqu’à serrer ses doigts de pied contre le sol rocheux, ne laissant plus aucune part à la chance. Elle arche son corp et décharge d’un coup, sa paume heurte solidement le visage d’Edbert avant qu’il ne retombe au sol. Mallory regardait le colosse allongé pendant un moment, un sentiment de fierté enflait depuis son torse. Ignorant complètement qu’elle s’était coupé la main sur l’une des dents d’Edbert, mais la douleur la rattrapera assez vite!

Edbert n’était aucunement sonné, mais il était quand même content d’avoir au moins ressentis ce coup, il pouvait laisser son élève savourer sa victoire encore un petit moment! Il se relève et applaudit, il en avait la larme à l’œil! Enfin! Il avait partagé le plaisir du karaté avec quelqu’un! S’isoler dans cette caverne pour méditer et perfectionner son art jusqu’aux portes de la folie a finalement porté ses fruits!

« HAHAHA! C’était pas sorcier hein ?! » Il partage sa fierté à grand coup de tapes sympathique sur l’épaule de Mallory, qui risquait de se déboiter s’il continuait de la sorte. « Tu es maintenant prête à voir le monde! Et rien ne pourra t’en empêcher… À ce sujet, tu sais ce que dis un géant quand il rentre dans une taverne? »

Ah mince, et Mallory qui pensait qu’elle allait pouvoir s’en tirer sans entendre l’une de ses blagues! Elle soupire et pose une main sur son front, se préparant déjà au pire.

« Non… Quoi? »

« Alors là aucune idée, ça doit faire 10 ans que je suis dans ce trou. »

« Euh… Haha? »

Voyant qu’un dangereux malais commençais à s’installer Mallory tapotant timidement le requin marteau… C’était comme taper une statue de marbre c’est fou….

« … Et bien ce fut un bon, euh… un moment… donc moi je vais y aller… »

Avant qu’elle ne puisse profiter de sa liberté cependant, qu’Edbert enlace la femme requin amicalement et de la shampouiner avec force.

« Je savais que tu l’avais en toi! Bon… J’avoue que je croyais que tu allais abandonnée après toutes les fois où t’as chialée, mais tu as tenu le bon bout! Félicitation quand même, hein! »

Mallory est perplexe, abandonner? Après tout ce qu’il lui a fait Mallory était libre de partir de son plein gré?

« Attendez… Vous voulez dire que je pouvais partir? »

Edbert, cligne des yeux, c’est à son tour de ne pas comprendre.

« Bah… Ouais… »

« Et… Et tout ce que vous m’avez dit lorsque l’on s’est rencontré pour la première fois ?! »

« Ah ça… La première pratique est obligatoire. Il faut essayer pour savoir si on aime le karaté ou pas! »

Riant à l’éclat il se met de plus belles à refaire ses mouvements, rendus que plus stylés par le bruitage fait maison de Ed à coup de « Paf » et de « Kapow ». La femme requin, désemparée, laisse le requin-marteau derrière et ose enfin quitter la grotte, elle était libre, c’était ça l’important. Le soleil, s’accordant avant son humeur perçait les nuages, il devait pleuvoir il n’y a pas si longtemps… Elle se hisse jusqu’à un petit boisé pas trop loin de là question de pouvoir se reposer en paix. L’herbe est mouillée et douce sous la plante de ses pieds, elle offre un sympathique changement de la roche dure est glissante. La rosée luit sous les rayons du soleil. Elle respire un bon coup, l’air frais et non acras lui fait un bien fou. Son regard se pose soudain sur une flaque d’eau… Il lui prit un moment pour reconnaitre la créature au regard hagard qui la dévisageait.

Son propre reflet avait changé depuis son entrainement, n’y croyant pas encore elle se met à se pincer le visage, regarde ses bras. Elle qui rêvait d’être une douce et belle femme de la cour, c’était fichu. Elle trouvait que son cou rappelait maintenant celui d’un bœuf, ses bras feraient perdre de la couleur à de solides bûcherons, des épaules larges et solides, bien peu adaptées pour les robes de conte de fées. Elle leva son chandail, réalise qu’il empeste la transpiration, mais à ce stade, se disait-t-elle, les prétendants allaient fuir avant même d’avoir vent de l’odeur. Au revoir ses rêves de tailles de guêpes, la voila désormais avec une tablette de chocolat pour ses efforts. Elle voulait pleurer, elle entreprit de se tirer les cheveux à cause du stress mais se ressaisit à la dernière seconde, sa tignasse était bien le seul élément que Mallory avait de la princesse qu’elle rêvait d’être… Elle se recroqueville sur elle-même, ignore la terre encore humide qui tâche sa peau et ses vêtements de misère. Le tonnerre éclate au loin, et avant que Mallory ne puisse se noyer dans son chagrin, le destin décida d’essayer de la noyer directement. Au moins ce petit déluge avait pour effet d’emporter ses larmes. L’éclair qui s’abattit sur elle juste après, quant à lui, ne servait à rien et était purement gratuit.

Chapitre 7 : Reconstruction

Je suis bien désolé de vous l’apprendre, mais il faudra beaucoup, mais beaucoup de temps avant que la poisseuse ne puisse se remettre de sa nouvelle condition.

Fin

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