Le boulonné se réveilla tard dans l'après-midi, comateux et vaseux comme après une sieste trop longue qui n'avait pas fait honneur à son office revigorante. Le médecin avait en effet passé quinze heures au bloc. Sans repos, sans repas et sans autre pose d'agrément nécessaire à la vidange humaine. Mais qu'étaient quinze heures d'une vie face au succès d'une opération qui avait été condamnée à l'échec par les pontes de la profession ? Qu'étaient quinze heures d'une vie face à l'annonce heureuse d'une âme sauvée ? Pour lui, comme pour beaucoup de ses pairs. Rien. Rien, mais il était quand même crevé et il aurait bien dormi quelques heures de plus, lorsqu'il entendit la voix sûre du Docteur Amsterdam. Le N°10 du toubib 20 avait été un véritable soutien au binoclard depuis son arrivée au CHU de Drum. Il l'avait soutenu dans son installation et avait mis en œuvre tout ce qui était en son pouvoir pour permettre à ce dernier de retrouver la mémoire. En effet, c'est dans un sale état que le boulonné fut accueilli en ce saint temple d'Ascelpios, et si son corps avait été soigné, sa mémoire, elle, ne l'avait pas été.
“Mochi ?” appela le sage satisfait en loquetant la porte de la petite chambre de fortune.
Le nom résonna comme un choc dans le souvenir du jeune médecin, qui, se levant ouvrit la porte, se mit à seriner à l’infini le nom révélé. En un petit pas, il se rassit mécaniquement sur le lit et le paterne toubib entra en secouant un avis de recherche qu’il tenait entre ses doigts.
“J’ai retrouvé ton identité. J’y travaille depuis des mois et figure-toi que c’est un étudiant qui dans une taverne, a trouvé cette vieille affiche toute poussiéreuse.” déclara t-il sans émettre la moindre jugement que ce fût à l’égard du picoleur ou du criminel.
Mochi prit l’affiche et observa silencieusement son portrait. Dix millions de berries, “Mort ou vif”. Voilà donc son passé, il était une petite frappe, de quoi foutre un coup à sa prestigieuse position de médecin du CHU de Drum. Position renforcée par la proposition qui lui avait été faite de devenir membre du toubib 20 -La place de numéro 12 étant vacante-. Avec l’annonce nouvelle de ce passé de brigandage, il y avait à croire que l’offre ne tiendrait plus. Mais Mochi qui n’était pas de ces âmes bourgeoises et préoccupés par les vaines mondanités, ne se souciait pas le moins du monde des affres de sa position sociale. La seule chose qu’il voulait, c’était recouvrer la mémoire.
“Est-ce que tu as plus d’informations ?” questionna le criminel.
Le mystérieux N°10 sortit alors une nouvelle affiche qu’il tendit à Mochi, lequel l’attrapa aussi machinalement que la première. Celle-ci mettait à l’honneur, un rouquin dont la tête valait la belle somme de soixante dix millions. Le visage lui était familier. Presque réconfortant. Comme si au plus incertain moment de l’existence, il retrouvait un ami, une vieille connaissance à la rassurante présence. Presque instantanément lui vînt une odeur, salée, iodée. Puis des sons, une voix. Plusieurs mêmes. Vint ensuite le clapotis des vagues qui venait tapoter la coque d’un navire en une mélopée reconnue. Bientôt la petite chambre se mit à dodeliner au gré de ces remous nostalgiques.
“Ça te parle ?” demanda l’autre, curieux, ramenant Mochi à la réalité de l’obscure et froide chambre.
“Alors comme ça je suis un pirate ?” reprit-il comme à lui-même en hochant de la tête.
“Sache que tu es en sécurité ici. Tu peux rester. J’ai parlé au Docteur Avicenne et ça ne change rien quant à … ” commença le médecin qui se voulait rassurant.
“Et ce … Roy D. Aston ? Où est-il” demanda Mochi en lui coupant la parole.
“Porté disparu.”
Il n’en saurait pas plus. Aucune information ne circulait. Voilà une bonne année qu’il était à Drum. Son avis de recherche était encore alourdi par quelques poussières. Qu’un brigand de seconde zone comme lui tombe dans l’oubli n’était pas franchement surprenant. Mais qu’un bonhomme dont la tête pesait aussi lourd que ce Roy dissimulait peut-être mystère plus lourd.
Pour l’heure cependant, il ne s’en soucia guère. Il remercia son informateur et le pria de le laisser dormir. Il était encore épuisé par l’opération qu’il avait réalisé la veille.
“Mochi ?” appela le sage satisfait en loquetant la porte de la petite chambre de fortune.
Le nom résonna comme un choc dans le souvenir du jeune médecin, qui, se levant ouvrit la porte, se mit à seriner à l’infini le nom révélé. En un petit pas, il se rassit mécaniquement sur le lit et le paterne toubib entra en secouant un avis de recherche qu’il tenait entre ses doigts.
“J’ai retrouvé ton identité. J’y travaille depuis des mois et figure-toi que c’est un étudiant qui dans une taverne, a trouvé cette vieille affiche toute poussiéreuse.” déclara t-il sans émettre la moindre jugement que ce fût à l’égard du picoleur ou du criminel.
Mochi prit l’affiche et observa silencieusement son portrait. Dix millions de berries, “Mort ou vif”. Voilà donc son passé, il était une petite frappe, de quoi foutre un coup à sa prestigieuse position de médecin du CHU de Drum. Position renforcée par la proposition qui lui avait été faite de devenir membre du toubib 20 -La place de numéro 12 étant vacante-. Avec l’annonce nouvelle de ce passé de brigandage, il y avait à croire que l’offre ne tiendrait plus. Mais Mochi qui n’était pas de ces âmes bourgeoises et préoccupés par les vaines mondanités, ne se souciait pas le moins du monde des affres de sa position sociale. La seule chose qu’il voulait, c’était recouvrer la mémoire.
“Est-ce que tu as plus d’informations ?” questionna le criminel.
Le mystérieux N°10 sortit alors une nouvelle affiche qu’il tendit à Mochi, lequel l’attrapa aussi machinalement que la première. Celle-ci mettait à l’honneur, un rouquin dont la tête valait la belle somme de soixante dix millions. Le visage lui était familier. Presque réconfortant. Comme si au plus incertain moment de l’existence, il retrouvait un ami, une vieille connaissance à la rassurante présence. Presque instantanément lui vînt une odeur, salée, iodée. Puis des sons, une voix. Plusieurs mêmes. Vint ensuite le clapotis des vagues qui venait tapoter la coque d’un navire en une mélopée reconnue. Bientôt la petite chambre se mit à dodeliner au gré de ces remous nostalgiques.
“Ça te parle ?” demanda l’autre, curieux, ramenant Mochi à la réalité de l’obscure et froide chambre.
“Alors comme ça je suis un pirate ?” reprit-il comme à lui-même en hochant de la tête.
“Sache que tu es en sécurité ici. Tu peux rester. J’ai parlé au Docteur Avicenne et ça ne change rien quant à … ” commença le médecin qui se voulait rassurant.
“Et ce … Roy D. Aston ? Où est-il” demanda Mochi en lui coupant la parole.
“Porté disparu.”
Il n’en saurait pas plus. Aucune information ne circulait. Voilà une bonne année qu’il était à Drum. Son avis de recherche était encore alourdi par quelques poussières. Qu’un brigand de seconde zone comme lui tombe dans l’oubli n’était pas franchement surprenant. Mais qu’un bonhomme dont la tête pesait aussi lourd que ce Roy dissimulait peut-être mystère plus lourd.
Pour l’heure cependant, il ne s’en soucia guère. Il remercia son informateur et le pria de le laisser dormir. Il était encore épuisé par l’opération qu’il avait réalisé la veille.