Acte 2 - scène 1:
Le calme est retombé. Sur une mélodie d'eau bouillante, les protagonistes se regardent les uns après les autres ne sachant que faire, tandis que notre héros se questionne sur la situation, les lapins laissent le vent passer entre leurs deux oreilles.
William : pour lui-même - Cette rage soudaine a calmé leur ardeur, quel sentiment étrange, quelle matrice nouvelle émane de mon âme et de mes mots ?
Je ressens encore l'ivresse d'un pouvoir sur ces sots.
Des milliers de vagues parcourent mon corps, glissent de mon esprit, suintent de mes pores.
Cette sensation nouvelle est immense.
Empli mon être d'une vibration intense.
Une nouvelle puissance, un fameux coup du sort.
Il me faut l'avouer, je ne sais ce qu'il se passe. Est-ce le fruit de mes entraînements pour maîtriser le poing ivre ? Un heureux hasard ou l'expression d'une destinée ?
Je me dois d'espérer rentrer.
Je me dois de gérer mes affaires.
Je ne puis rester dans cet endroit reclus,
Éloigné du monde, sur ce rocher perdu,
Il me faut reprendre la mer. Partir.
J'ai encore tant de choses à faire et à construire, retourner sur Alba, discuter avec les gérants du Cuisino, agrandir la Shishokolatrie.
Agrandir... La... Chocolaterie...
Une idée me vient,
Serai-il possible que ces lapins ?
Peut-être bien.
Essayer n'a jamais été interdit.
Dans ce cas, c'est parti.
Acte 2 - scène 2:
Les lapins ont accepté William et l'ont conduit à leur leader, leur prophète, leur chaman et leur chef. Dans une sorte de cabane de brics et de brocs, tout le monde est réuni. D'un côté, William est assis par terre tandis que de l'autre côté d'une pierre faisant office de table, un lapin orné de plumes, d'un monocle et d'un chapeau petit de forme le regarde les bras croisés.
Une soupe claire avec des grains de cailloux est disposée devant nous dans laquelle flotte quelques mouches
- Bawa !
- Bonjour, Ô grand chef.dis-je levant les yeux au ciel.
- Muh... Baxaxawa ?!
- Je souhaite rejoindre l'île de la nourriture. Sans votre aide, je ne pourrais y arriver. J'ai besoin de bras forts, de manger...
- Bosdana nanaba.
- Je vous pris de m'aider.
- Bosdana nanata.
- Un échange ? Je me frotte le menton en regardant autour de moi.
- Bakana ?
-...
- Awaxaxab ?! Je claque des doigts de surprise et de joie.
- La chocolaterie !
- Bosdanatawa ?
- Je suis directeur d'une chocolaterie sur Shishoku. Si vous travaillez pour moi, vous aurez le droit à tout le chocolat que vous voulez !
- Muh...
- Il n'y a rien ici. Tout est mort. Vous voulez vraiment rester ici ? IMAGINEZ... Touuut le chocolat... Tentative de corruption simple.
- DOQWABAAAAA !
- Parfait ! Je tends la main pour sceller notre accord. Il l'accepte et me montre la soupe.
- Habwa !
- Habwa ?
- Habwa !
- Bon... Comme un pansement... Aller, d'un coup sec... Bordel ça grouille... Sourire forcé... -Oh putain c'est dégueulasse.
Acte 2 - scène 3:
Sur l'îlot désolé, William a pris les choses en main. Seul face à cette armée d'oreilles blanches, il tente d'imposer sa loi et trouver un moyen de partir.
- Pas comme ça !
-Bwa ?
- On met la corde comme ça !
- Bafapala !
- Je répète une dernière fois. On récupère toutes les planches, les plaques et autres objets de votre "village". On les lie ensemble en... faisant... des noeuds de huit. On passe la corde dans le trou, on double et on serre. Simple comme bonjour...
Non ! STOP ! HEY TOI LÀ !
- Bwo ?
- Non, lui !
- Bwoa ?
- Oui toi. Qu'est-ce que j'ai dit ? On mange pas le radeau !
- Bañańa !
- Non ! Pense chocolat !
- Bokolaaaa
- Oui, bokola. Pense bokola !
- BOKOLAAAAAAA
- BOKOLAAAAAAAAAAA
- SILENCE ! Je me pince la base du nez et souffle. - Bordel, ça va être long. Un jeune lapin vient me tirer sur la chemise.
- Bokola ?
- Oui, tu auras tout le bokola que tu veux quand on sera sur Shishoku... Aller. Au travail...
Noooon. Bon. Je répète UNE DERNIÈRE fois...
Acte 2 - scène 4:
Les radeaux, au nombre d'un et demi, sont enfin finis. Le premier accueillera les lapins tandis que le second sera pour William. Le temps n'est cependant pas au rendez-vous. La population Glougloutonne et leur "sauveur" attendent donc face à la mer, sous la pluie.
Ils attendent le lendemain, dans le froid, une soupe tiède dans les mains dans laquelle les gouttes viennent diluer un goût déjà fade. Sans être vu, William a enlevé les quelques insectes mis à l'intérieur. Une fois pas deux le mal de ventre et l'envie de gerber.
Les lapins, quant à eux, sont pleins d'énergies et ne parlent entre eux que de leur futur voyage.
William est anxieux, il sait que le plus dur reste à venir. Le voyage n'est pas sans risques et après, les faire arriver à la chocolaterie sans encombres ne sera pas une partie de plaisir. Les digressions et autres événements aléatoires seront légions. Qu'un lapin s'écarte du chemin entraînant dans sa lubie les autres tel un cheptel de moutons est fort possible.
Le rôle de chien de garde, de berger, ne sied pas bien à notre marchand qui s'endort finalement la boule au ventre, se demandant s'il s'agit d'une bonne idée.
Acte 2 - scène 5:
-Tare Navu !
- Terre en vu ?! Terre-en-vu !!
William sautille sur place manquant de tomber à l'eau. Tous les lapins accélèrent leur vitesse de rame. Les louches, les passoires et autres objets inadaptés qui ont vu leur utilisation première détournée boivent la tasse à un rythme effréné chaotique.
Au loin, le sable.
Derrière le sable, un port.
Derrière le port, une ville.
Derrière la ville, le début des emmerdes.