Sunny

Sun est un adolescent qui n'est pas exceptionnellement élancé pour son âge, plutôt dans la moyenne, il mesure environ un mètre soixante-quinze. D'une certaine manière, on peut dire que tout est proportionné chez ce futur rat des mers. Si l'on s'attarde sur son gabarit, on peut déceler quelques muscles mais ces derniers se sont travaillés naturellement au fil des années et ne sont en rien, le fruit d'un entraînement sportif. Malgré sa condition de chat de gouttière et sans parler de la tenue vestimentaire, on pourrait se tromper en observant notre jeune héro ; en effet, il se maintient toujours droit et s'efforce d'être le plus présentable possible. Son visage fin et juvénile trompe fréquemment ses interlocuteurs qui l'imaginent souvent, bien plus jeune.

Les pupilles du jeune homme sont parées d'un turquoise à la hauteur des plus belles mers du monde, il n'est pas impossible que ses yeux changent de teinte selon la météo. Pour accompagner ce coloris agréable à observer, Sun dispose d'une peau d'albâtre. Couronnant le tout et suite à un événement passé, son visage éclairé est la plupart du temps accompagné d'un sourire honnête et éclatant.

Pour finaliser la description de son visage, on peut aborder la chevelure de Sun. Bien qu'il met du cœur à l'ouvrage à soigner son allure, il y a peu encore, il n'arrivait pas à dompter ses cheveux. C'est une des raisons pour lesquelles l'adolescent a décidé de les laisser vivre en paix et donc de se développer. Cela dit, même si un temps ses cheveux raides lui avaient causé de nombreux soucis existentiels, maintenant ils lui conviennent parfaitement. D'un brun clair pouvant être assimilé à du châtain, sa chevelure presque abondante se maintient à l'aide d'une petite ficelle rouge.

Si l'on souhaite évoquer le reste de son corps, nous pouvons débuter par la description de son dos. En principe si ce n'est un tatouage ou la musculature bien tracée, on ne peut rien trouver d'intéressant à dire sur cette partie. Sun ne déroge pas à la règle si l'on considère inintéressant la grande cicatrice qui recouvre son dos, cette dernière est en diagonale et est une marque de son passé tumultueux. Plus bas, nous pouvons retrouver les mains de notre jeune héro, ces dernières sont marquées par de nombreuses erreurs lors de son apprentissage en cuisine. Le futur pirate au cheveu châtain, a appris en autodidacte et a donc fait quelques erreurs de parcours. De temps en temps, il lui arrive encore de se rater lors de sa pratique et dans ce cas, des pansements de fortunes ou cataplasmes sont appliqués. Si l'on remonte un peu et on analyse les phalanges, nous pouvons aussi voir une marque similaire à celle du bronzage, sur chacun des doigts de la main gauche ; ces traces ne sont rien d'autre que la preuve de l'existence d'un poing américain -souvent utilisé-, un des objets fétiches de notre futur pirate.

Concernant la tenue vestimentaire de Sun, il a souvent fait avec les moyens du bord même si dans l'idée, il déteste ne pas être présentable. Un assemblage de tissu a souvent été son apparat quotidien pendant de nombreuses années. Après avoir gagné quelques berries, il avait ensuite pu s'acheter un ensemble noir et sobre. Rien d'exceptionnel à décrire concernant son haut ou son bas, néanmoins au niveau de sa taille se trouve une ceinture à laquelle est accrochée deux éléments importants : le poing américain évoqué précédemment, mais aussi son couteau fétiche qui est un cadeau d'une de ses sœurs nommées Reed. Au-delà du sentimental, il aime l'avoir à portée de main pour réaliser ses recettes et en cas d'ultime recours, l'utiliser pour se défendre.

Débutons par quelque chose qui lui a procuré le plus de plaisir en préambule de sa vie : la cuisine. Cette pratique qu'il considère et affirme ouvertement être un art, a été moteur pour lui. Comme tout artiste Sun a cette volonté de se dépasser et de créer des mets inédits avec des aliments incongrus ou non. N'ayant pas souvent les moyens de nourrir la fratrie dont il faisait partie, il a réussi à mettre à profit son esprit créatif afin de trouver des goûts similaires à ce qu'on pouvait attendre d'un bon plat. Les plats préférés de Sun sont les ceux qui réchauffent, autant le cœur que le corps. Après une cuillère, s'il arrive à avoir ne serait-ce que l'esquisse d'un sourire sur un de ses goûteurs, il est pleinement satisfait. Les compliments ne l'intéressent pas, il ne fait pas ça pour la gloire, mais bien pour partager.

Comme l'on peut le déduire, Sun est un jeune homme assez porté sur les sentiments. Son prénom lui vient de son visage qui était considéré par son grand-frère comme étincelant et aussi éclairé qu'un soleil. Depuis tout petit, le jeune artiste a la plupart du temps arboré un sourire comme pour rassurer sa fratrie et lui-même. Bien que sa joie de vie était entachée par les galères incessantes liées à ses conditions, il restait souriant et tentait de transmettre cette positivité latente à ses camarades. Notre ancien commis aura tendance à chercher du positif dans les plus périlleuses ou tristes des situations, tant que cela ne touche pas à sa famille.

La famille est quelque chose de très important pour lui. Il n'est aucunement lié génétiquement à sa fratrie et pourtant, il n'en voit pas la différence. Si l'on peut dire que la cuisine est le moteur de sa vie, alors la famille est peut-être l'essence nécessaire à son bon fonctionnement. C'est bien la seule chose en ce monde qui peut le détourner ses objectifs et le faire changer du tout au tout. Son sourire chaleureux, que l'on considère infini, peut s'éteindre à tout moment pour laisser place à une violence inouïe, si un seul de ses proches est menacé. La violence ne caractérise pas Sun, il l'utilise lorsque nécessaire et son train de vie l'a souvent amené à en user, malgré lui.

La rue n'a pas toujours été un lieu propice à son développement et c'est pour cette raison, que Sun a toujours gardé près de lui son couteau et son poing américain. Ces objets composent son équipement fétiche et il ne s'en sépare que très rarement. Au-delà de la praticité du couteau au vu de sa passion, il n'hésitera pas à l'utiliser si nécessaire. Les marques du poing américain au niveau de sa main gauche témoignent du nombre de fois qu'il a dû le porter.

Bien que la violence était son quotidien, il n'en a pas pour autant détesté la vie. Sun voit cette existence comme un cadeau que certains n'ont pas eu. Le temps qu'il lui reste même si indéterminé, est quelque chose de très précieux à ses yeux. Suite à un événement traumatique au sein de sa fratrie, cette valeur inestimable qu'était la vie avait été renforcée. Pour l'apprécier, il compte bien parcourir le monde aux côtés du reste de sa famille, visiter les îles constellant ce monde afin d'en apprendre plus sur ce dernier. L'histoire, la possibilité de découvrir de nouvelles saveurs, de nouveaux amis et trésors, tout ça l'intéresse grandement.

Pour accomplir ses rêves et surtout procurer un confort aux siens, il est évident que les Berries représenteront son salut. Sun est conscient que l'argent est quelque chose qui permet de rester en vie, bien plus que les autres. Comme un enfant qui a toujours manqué de quelque chose, avoir goûté une fois à ce plaisir lui a provoqué une soif sans fin. Bien que ça soit bateau pour un pirate que de vouloir devenir riche, c'est pour lui quelque chose de primaire. Néanmoins, il ne comptait pas assouvir cette avarice en créant bien plus de malheurs qu'il y en a déjà en ce monde. Son peu de vécu sur cette terre lui avait servi de leçon.

D'après les légendes antiques, je naquis sur Whiskey Peak ou plus communément appelé l'île des cactus. Il n'était pas nécessaire d'avoir la plus grande éducation pour comprendre pourquoi cette appellation ! Mes dix sept premières années, je les avais passé sur cette île et au bout du compte, c'était déjà bien trop.

Pour parler de ma naissance, j'étais apparemment issu d'une famille très pauvre. Quelques piliers des bars malfamés du coin me disaient toujours que ma maternelle faisait don de son corps, en échange de quelques pièces. Enfin, euh...ça c'était avant de me lâcher dans la rue à un âge où il était tout simplement difficile de survivre seul. J'avais essayé de retrouver mes géniteurs par la suite mais en me basant toujours sur les mêmes sources, ils s'étaient soi-disant tout deux volatilisés. Mais honnêtement, bien que ça pouvait paraître un peu spécial voir tristounet dit comme ça, c'était sûrement la meilleure chose qui aurait pu m'arriver. Sans ça, je n'aurais jamais pu rencontrer ceux que je considérais comme ma vraie famille.

J'avais intégré cette famille peu après que mes parents avaient décidé de me laisser dans le coin d'une ruelle, celle du genre qu'on ne peut traverser sans se boucher le nez. Et dans ma malchance, une personne m'avait trouvé. D'après ses dires, je n'étais pas très habillé et mon état reflétait certainement l'investissement de mes géniteurs mais malgré tout, je souriais. Ce sourire là -et toujours d'après ses dires hein- l'avait fait fondre, c'était donc pour ça qu'il avait décidé de me nommer Sun. Ce prénom n'était pas celui qu'on m'avait donné à l'origine -en fait je ne savais pas si on m'en avait donné un- mais franchement, il me tenait beaucoup à cœur. Je l'arborais, je l'arbore et je l'arborerai avec fierté.

Noam, ouep c'était ça le nom de mon grand-frère, celui qui m'avait retrouvé dans cette ruelle malodorante. Il faisait lui aussi parti de l'équipe des mal-aimés et ne voulant pas que ça devienne un frein à sa vie, il en avait fait une force. Son histoire n'était pas très claire, il n'en avait lâché que quelques bribes voulant plutôt se focaliser sur l'avenir. C'était aussi en ça que je l'admirais, il était toujours tourné vers le futur et nous parlait de son rêve ultime qu'était de prendre la mer. Son côté altruiste mixé à sa grande compassion l'avait tout d'abord poussé à créer une véritable fratrie. C'était grâce à lui que j'avais rejoint la bande de chenapans suivante :


Au final nous n'étions pas beaucoup mais c'était déjà bien suffisant pour une famille et mine de rien, ça faisait quelques bouches à nourrir. De plus, les années suivantes Noam avait receuilli d'autres enfants égarées, de quoi renforcer notre famille et sauver des vies !

En parlant de bouches à nourrir, il fallait comprendre qu'à l'époque c'était bien compliqué pour nous de trouver quelque chose à nous mettre sous la dent. Du coup nous étions obligés de nous démener et lorsque nécessaire, avoir recours au vol. Honnêtement on ne le faisait pas pour le plaisir mais bien pour survivre. On faisait attention à ne pas voler les gens plus ou moins dans la même situation que nous, puisque nous connaissions la misère alors on ne voulait pas l'infliger d'autant plus à nos semblables. Pendant les premières années, jusqu'à environs cinq six ans, j'étais toujours collé à Noam ou Reed en quête de survie. Souvent dans leurs pattes, j'étais plus souvent un obstacle qu'un avantage pour eux mais c'était ça comme ça, nous étions une famille.

C'était dans cette optique que Noam m'avait poussé à trouver ma voie. J'avais déjà une appétence concernant tout ce qui entoure la bouffe alors naturellement j'avais choisi d'emprunter cette route infinie qu'était celle de la cuisine. Encouragé par ma fratrie, nous avions réuni quelques trucs en fer, des contenants et de quoi se faire un feu -sans tout brûler- et rapidement, nous étions parvenus à construire un semblant de cuisine. Cette cuisine se fondait bien dans la masse désœuvrée qu'était notre repère, un coin agréable, qu'on chérissait, mais avec du recul... c'était pas vraiment le luxe ! M'enfin, pour moi ce n'était pas dérangeant tant que je pouvais être aux côtés des miens.


Comme tout débutant bah je débutais et malgré mon envie, il arrivait que mes plats soient immangeables. Le plus marrant dans l'histoire c'était que malgré tout, la fratrie mangeait sans rechigner. Je voyais à leurs têtes qu'ils n'appréciaient pas toujours mes essais et pourtant ils avaient continué à m'encourager. La cuisine pour moi était vraiment un art à part, c'était devenu comme une raison de vivre. J'adorais faire les préparations, mixer des aromates, des saveurs, en voir le résultat mais ce que je préférai encore plus, c'était de créer de l'émotion. Quoi de plus cool que de voir des gens qu'on apprécie se régaler en dégustant nos plats ? J'assimilais ça à des victoires, ça me faisait oublier la misère dans laquelle nous étions. Ah et euh... d'ailleurs, on avait beau avoir un tas de cactus à disposition que de temps en temps, pour combler le frigo, j'avais dû utiliser des morceaux de rats et autres animaux un peu déroutant.. fin, ça c'était mon secret !

Malgré les galères, je souriais toujours et c'était quelque chose qui me caractérisait pas mal. Mais sourire ne résolvait pas tout nos soucis, nous étions des enfants de la rue et de ce fait, étions confrontés à la violence. Bien assez tôt, j'avais dû apprendre à me battre et à l'aide de mes poings j'avais repoussé de nombreuses fois les attaques des gamins des environs. Avec le temps j'avais même fabriqué un espèce de poing en fer se superposant à mes doigts qu'on avait nommé « Un poing Cactusien », vous avez la référence. Après une baston parmi tant d'autres, je me souviens que nous nous étions tous assis au bord d'une digue. Face à nous se trouvait l'océan, qui comme à son habitude était à perte de vue. Je me souviendrai toujours de ce moment passé avec Noam, Reed et Aya.


Noam s'était fendu la poire comme s'il voulait gentiment rire de mon optimisme latent.


Ce souvenir était gravé en moi et de temps en temps, il m'arrivait encore de me le remémorer, j'avais l'impression de revivre ces émotions et ressentir la brise qui nous avait caressé le temps de cet échange fraternel.


Ce souvenir, il me ramenait aussi encore à notre vie et notre manque de moyen. Pour accomplir nos rêves, il fallait de l'argent et en obtenir n'était pas chose aisée pour nous. On galérait vraiment à cette époque là.

C'était aussi pour cette raison que vers l'âge de mes douze ans, j'avais décidé de prendre un petit emploi de commis dans un restaurant assez miteux ! Enfin non, c'était pas si dégueu que ça. De l'extérieur ça ne payait pas de mine mais franchement le chef faisait de son mieux pour faire tourner la boutique. Les plats étaient bons marchés mais toujours fait avec attention. J'avais beaucoup appris à ses côtés. Le nom de l'établissement c'était « Ô Vieux Cactus » et le chef qui le menait se nommait « Sûtcac ». Les premiers mois avaient été plutôt compliqués, c'était un apprentissage à la dure et je prenais des coups de balai à chaque échec, ça m'avait très très vite incité à toujours faire de mon mieux.

Des mois plus tard et comme une première consécration liée à ma passion, on m'offrit pour premier couteau. Et franchement ce couteau là, ce n'était pas de la camelote. La personne qui me l'avait offert c'était non pas mon vieux chef trop radin mais ma grande-sœur, Reed. C'était pour me montrer qu'elle me soutenait dans mes projets, ça m'avait vraiment fait chaud au cœur. En échange je lui avais promis de lui expliquer un peu comment utiliser mon fameux « Poing Cactusien », le genre de truc capable de casser des bouches ni une ni deux.

Les années passèrent et alors qu'on croyait pouvoir se sortir de la galère, Naom contracta une maladie. Le nom m'était inconnu mais les docteurs étaient formels concernant son état, il ne pouvait être sauvé. Cette nouvelle avait été un choc pour nous tous, il était notre leader, notre grand-frère, notre exemple. C'était bien la première fois depuis des années que mon expression si joyeuse avait laissé place à la tristesse. J'avais perçu ce mauvais rêve comme une fin, j'avais l'impression que le monde autour de nous s'écroulait. Les docs' avaient parlé d'un cas sans espoirs et ils avaient raison, tous mes espoirs s'étaient envolés. J'avais eu l'habitude de subir dans cette vie mais cette fois-ci, ça avait été bien trop à encaisser pour moi.

Les semaines suivantes avaient été tout autant difficiles, Noam essayait comme à son habitude de maintenir le moral du groupe mais cette fin inéluctable nous avait bien trop fait de mal... Alors qu'on pensait ne plus avoir d'objectif ni de but, une idée naquit au sein de la fratrie. Reed avait proposé de faire honneur à nos grand-frère à tous en accomplissant son rêve. Cette proposition nous avait ramené à notre discussion au bord de la digue, Noam voulait prendre le large et ce rêve, on s'était mis en tête de le réaliser avant qu'il ne nous quitte. C'était une course contre la montre et en ce sens, je faisais des heures pas possible au restaurant tandis que Reed se démenait elle aussi de son côté.

Suivre les règles n'était pas de mise, de mon côté je considérais déjà piquer dans la caisse du patron comme un affront à mon apprentissage et à sa personne, mais ceci n'était rien en comparaison de Reed. Ma grande sœur bien plus lucide que moi avait eu recours à des moyens extrêmes, pour récolter le plus d'argent possible. Elle était revenue plus d'une fois blessée de ses journées mais... elle revenait toujours. Elle était là, au chevet de Noam comme nous tous le soir pour lui tenir compagnie. Enfin c'était ce que je croyais jusqu'à qu'elle ne revint plus. Je m'étais beaucoup inquiété à son sujet, j'avais tapé à toutes les portes possibles avant d'apprendre qu'elle avait été balancé en cellule. Autant dire que nous n'avions pas besoin de  ça et que je voulais pas imaginer ce qu'elle pouvait ressentir, enfermée et dans l'incapacité de nous aider.


Les jours passèrent et l'état de Noam empira grièvement. Nous savions que c'était couru d'avance. C'était pour cette raison que je m'étais mis en tête de l'amener voir la mer, avant qu'il ferme les yeux. Mais encore une fois, ce fût une désillusion totale. Une soirée, alors que ma petite sœur et moi-même veillions sur lui, sa respiration semblait bien plus difficile qu'à son habitude. Nous étions tout bonnement impuissant.


Dans sa maladie, Noam n'avait pas remarqué l'absence de Reed et c'était tant mieux, il valait mieux omettre cette partie.


De par sa maladie, ses yeux étaient couvert d'un voile mais pour Aya et moi même, c'était dû aux larmes qu'on ne pouvait contrôler. Les semaines passées n'avaient en rien atténuée notre détresse. Ses mains contre les nôtres, il avait repris.


C'était à ce moment là qu'il avait quitté notre monde, le peu de respiration qui lui restait n'était plus et ses mains avaient glissé des nôtres.


Mes deux mains sur ses épaules, j'avais tenté de le ramener à nous en le secouant, il devait voir la mer une dernière fois.


Aya était comme résignée, elle qui avait hérité de la sagesse de notre grand-frère, m'incitait à lâcher prise et à le laisser partir.


Dans un déni le plus total, je l'avais mis dans mes bras en ayant la ferme attention qu'il quitte ce monde en ayant vu une dernière fois l'horizon. Son poids n'était rien en comparaison de la tristesse qui pesait sur notre famille. Toute la route, j'avais pleuré en le suppliant de tenir le coup jusqu'à notre destination et c'était quelques minutes plus tard que finalement, nous avions rejoint le port. Et comme autrefois, je l'avais posé proche de la digue, entre mes jambes pour le maintenir face à son rêve.


D'après ma petite sœur, j'avais continué des heures durant, je l'avais supplié pendant quelque chose qui lui avait semblé une éternité. Mes souvenirs étaient encore flous, je ne savais même pas comment notre frère s'était retrouvé quelques jours plus tard au crématorium. Les jours suivant son décès j'avais erré, jusqu'à ce moment fatidique où une partie de notre famille allait devenir poussière.

Toujours dans l'incompréhension la plus totale, Reed nous avait rejoint pour lui dire aurevoir une dernière fois. Elle était à nos côtés et nous étions plus soudés que jamais. C'était à elle que nous avions confié la responsabilité de disperser les cendres dans l'océan, pour qu'il puisse dans la mort, accomplir son rêve.

Alors que cet événement dramatique s'était achevé, une idée avait germée en nous. Sans même nous concerter, Reed et moi avions eu la même pensée.

Et si on prenait la mer, pour accomplir son rêve, mais aussi les nôtres ?