Reiju Nior [100%]

Les apparences sont trompeuses, Reiju en est la preuve vivante.
Aux premiers abords, vous avez face à vous une femme au regard sévère, colérique, qui paraît renfermée sur elle-même et haineuse. Irritée contre le monde, contre ces gens, contre tout. Le crâne rasé de près, seuls quelques centimètres de pousse, les sourcils fins souvent enfoncés vers l’intérieur du front, ses fines lèvres fermées, cousues par une expression du visage exprimant colère et ressentiment.
Elle porte en elle un lourd fardeau, et semble ne pas savoir comment l’exprimer autrement, le gérer. On aurait alors tendance à ne pas vouloir l’approcher, se méfier, et pourtant.

Simplement une question de confiance, en réalité. En compagnie de personnes sur qui elle peut compter, des compagnons de voyage, des proches, elle est tout autre. Bienveillante, le masque s’effondre et sa bonne humeur prend le pas. Elle affiche même un fin sourire, tout de même atténué par moment par des pensées moins joyeuses. Il n’empêche que son apparence physique, loin des standards féminins, la font aisément sortir du lot.
Elle revêt une tenue de combat propre à sa ville natale, au royaume au sein duquel elle est née. Dans une teinte obsidienne, moulante et pourvues de plaques de protection, placées à des endroits stratégiques pour protéger sa chair sans entraver ses mouvements. Épaules, avant-bras, hanches et tibias, les plaques permettent de stopper une lame ou une balle.

Une paire de gants noirs et rouges habillent ses mains, les doigts sont laissés à l’air libre afin d’avoir une meilleure accroche des armes utilisées, de garantir de meilleures prises. A ses hanches, rangés au chaud dans leurs holsters, les deux revolvers, pouvant tirer une dizaine de balles avant recharge. Dans le creux de son dos, logé à l’horizontale, une dague rangée dans son étui. Sa lame est faite d’obsidienne, elle appartenait à son père et on raconte qu’elle est capable d’absorber la lumière. Une paire de bottes, semblables à des rangers, chausse ses pieds, toujours un plus pour écraser la face de ses adversaires.
Aussi, des tuyaux reliés à un petit dispositif sont visibles sur la tenue de combat, probablement pour une utilisation particulière dont seule Reiju en connaît le secret.

Petite, ne dépassant pas le mètre soixante-cinq, sa musculature sèche et son entraînement régulier lui offrent une agilité et une vivacité au combat sur lesquelles elle base son style de combat. Elle virevolte autour de son adversaire, l’assaille de coups dans une chorégraphie de coups portés avec style, mais surtout précision et vitesse. Endurante, elle cogne moins fort, mais ses frappes visent les points vitaux ou quelconque point faible décelé.
Sa taille, bien inférieure aux géants de ce monde et autres humains relativement grands, ne sont pas un frein à son assurance et à l’attitude adoptée en société. Démarche assurée, elle s’exprime avec confiance et sans se soucier du rang social. Tous sur la même marche, la politesse dans ses propos ne varie pas d’une personne à une autre. Tout comme la riposte fusera si vous vous risquez à l’emmerder.

Fort appétit et belle descente de rhum, elle apprécie les banquets et tout l’atmosphère qui s’en dégage.

Partager un moment entre amis, autour d’un bon repas et de boisson, chants et musique réchauffant l’ambiance et se mêlant aux discussions et aux rires. Voilà bien un des aspects qui séduit le plus Reiju dans la vie de pirate, un des arguments ayant pesé pour la faire s’embarquer dans une vie de hors la loi. Souvent considérés comme terreurs des mers, les forbans ne sont à ses yeux pas tous les mêmes. Il en va de même pour tous les corps de métiers, les personnalités diverses ne peuvent pas être rangées dans une seule et même catégorie en fonction de la voie choisie.

Violeur, tueur sanguinaire, bandits cruels, aucun de ces trois adjectifs ne conviennent à la jeune femme, qui se répugne à ôter la vie ou faire du mal à autrui à un tel degré. Encore moins lorsqu’il s’agit d’innocents. Cela dit, elle ne sera jamais la dernière à distribuer un bon coup de latte à l’arrière du crâne d’un sale type s’imaginant tout permis. Un pirate ne doit pas forcément être un vulgaire sauvage s’adonnant aux pires bassesses. C’est d’ailleurs un sujet qui lui tient à cœur, puisque un élément similaire dans sa vie passée l’a propulsé sur cette voie de pirate.

Son père, un ancien Roi d’un territoire aujourd’hui tombé entre les mains d’une autre faction. Tyrannique et sans pitié, complètement aveuglé par sa haine et motivé par des ambitions dégoûtantes, il a longtemps régné sur son royaume et eu tout le loisir d’accomplir des hauts faits aussi répugnants qu’ils sont questionnables sur le plan moral. Reiju s’est juré de faire oublier des mémoires l'existence même de son paternel, en acquérant une gloire plus grande que la sienne et surtout une réputation complètement différente, afin que le nom de son père soit définitivement remplacé par le sien et que les mémoires en gardent un souvenir agréable.

Elle veut également accumuler les richesses afin de créer le plus grand dispensaire que ce monde ait connu, recueillant des quatre coins des terres et des mers les pauvres gens n’ayant pas les moyens de s’offrir des soins convenables. Un lieu de refuge pour les malheureux victimes de la tyrannie des grands de ce monde, fuyant leurs terres natales à la recherche d’un endroit de paix et de sérénité. Un lieu tourné sur l’entraide et la paix, et non la haine et la guerre comme elle a longtemps connu.
Elle ne reconnaît évidemment pas l’autorité du Gouvernement Mondial, qu’elle juge arbitraire et sous la coupe des Dragons Célestes, une caste qui ferait bien d’être abolie selon elle.

Profondément bienveillante envers les gens et d’un naturel protecteur, elle n'hésite pas à tendre la main et venir en aide aux gens dans le besoin. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle s’est tournée vers la médecine, du temps ou elle était encore princesse. Pour réparer les corps meurtris par les soldats de son père et réchauffer les pauvres âmes. Elle ne fait pas de différence dans les soins prodigués, un marine mérite autant d’être soigné qu’un civil. Incapable de laisser mourir quique ce soit sous ses yeux, même la pire des raclures, aux portes de la mort, aura le droit aux premiers secours afin de stabiliser son état.

Torturée psychologiquement par le traumatisme d’un père ayant causé tant de tort et répandu la tristesse chez les gens, elle est habitée par une sorte de mission sacrée afin de restaurer la mémoire de sa famille. Habite en elle une colère et une haine qu’elle ne veut pas laisser sortir, exprimée seulement au combat, pour galvaniser ses coups et solidifier sa motivation de vaincre.
Enfin, ayant longtemps vécu sur son île natale, elle veut tout connaître de ce monde et cherche à atteindre les îles les plus éloignées, inexplorées ou trop hostiles pour qu’on ait osé y mettre les pieds. Elle veut satisfaire sa curiosité, découvrir les techniques médicinales du monde entier, de tous ses peuples, afin d’être en mesure de soigner n’importe laquelle des maladies, de guérir tous les maux, de ne jamais voir quelqu’un mourir sous ses yeux.

Quelque part sur Grand Line, sur une vaste île dénommée Maadu Skryptu, quatre royaumes tentaient tant bien que mal de coexister. Des luttes remontant à des dizaines d’années en arrière animaient les relations entre ces quatre grandes puissances.
Chacun des Rois à la tête de ces puissances ne voyant que par son propre intérêt personnel, difficile d’établir une paix durable, là où confiance sonnait comme hypocrisie et sérénité présageait de longues heures d’élaboration d’un plan de guerre pour mieux pulvériser son voisin.

Le Feu, l’Eau, la Terre et le Vent. Quatre nations gouvernées par quatre vieilles et rancunières familles, absolument pas disposées à enterrer la hache de guerre. Elles préfèreraient l’enfoncer dans le crâne du seigneur adverse.
La famille Salamander, à la tête du royaume du Feu.
La famille Akuaerupto, à la tête du royaume de l’Eau.
La famille Torteraforma, à la tête du royaume de la Terre.
La famille Squaillelenteur, à la tête du royaume du Vent.

Naturellement, il existait des rivalités plus violentes encore entre deux nations que l'inimitié installée depuis toujours entre les quatre. Aussi, le clan Salamander et le clan Squaillelenteur se vouaient une haine sans commune mesure, la moindre rencontre entre deux représentants se terminait inévitablement en bain de sang.
Inlassablement, ils n’avaient de cesse de se provoquer, de se menacer via diverses déclarations de guerre et envoie fréquent de messagers, le moindre écart de l’autre suffisant à enflammer l’esprit combatif de l’autre.
Sous le règne du précédent Roi du royaume du Feu, de nombreuses batailles inutiles furent tout de même évitées. Tout se passait plutôt en secret, des affrontements en nombre réduits, à l’abri des regards indiscrets, en dehors des zones civiles et innocentes. Malheureusement, tout cela changea quand le Roi fut emporté par la maladie et que son fils lui succéda.

Rei Salamander était un homme haineux, pourri jusqu’à la moelle et totalement perdu dans un plan de vengeance contre le monde qu’il avait nourri tout au long de son enfance. A peine fut-il installé sur le trône qu’il changea drastiquement le mode opératoire et déclara une guerre ouverte à tous les royaumes. Mobilisation générale, il rassembla les troupes pour marcher sur les terres du royaume du Vent, parce qu’ils ne méritaient pas de respirer le même air que lui.
Il nourrissait une haine profonde envers le Roi dirigeant les Squaillelenteur, Leodagagnan, se proclamant depuis toujours comme étant Roi d’un royaume indépendant et libre. A la tête d’une armée féroce et infatigable, ils condamnaient sans relâche les agissements du royaume du Feu et plus particulièrement, du roi Rei, auparavant Prince et Général des Armées du royaume du Feu.

Depuis toujours Rei s’était juré qu’il anéantirait le Roi Leodagagnan et son escouade spéciale, la Quazétim, composée des plus fidèles fils du Vent. Tous frères et sœurs, unis contre le mal et ayant juré allégeance au Roi Léodagagnan. Ensemble, ils étaient invincibles, increvables, déterminés à repousser les forces du mal. Mais le Roi Rei avait une arme gardée secrète depuis son acquisition. En pactisant avec le diable, il fut en mesure d’acquérir le pouvoir de dicter l’histoire, ou plutôt, de la réécrire, l’espace de quelques secondes. Le Roi Rei avait mangé le fruit du Sukuriputo Sukuriputo no mi.
Ainsi, cette puissance entre les mains et accompagné de ses loyaux commandants, il lança la traque à la Quazétim. Ils parvinrent à éliminer Caito et Zuruz, l’un après l’autre, en leur tendant chacun une embuscade lorsqu’ils se retrouvèrent seuls. La nouvelle parvint aux oreilles du reste de l’escouade et de leur Roi, qui, accablés par le chagrin, prirent la nuit pour pleurer leurs morts. Une cérémonie fut mise en place, et une promesse jetée au feu brûlant les corps des défunts, placés sur des embarcations de bois qui dériveraient sur les flots jusqu’à ce que le brasier les consume.

Reiju  Nior, fille unique du Seigneur du Feu, alors en pleine adolescence, devait assister à ce spectacle désolant qu’était la folie de son paternel. Il avait décrété qu’elle apprendrait au cœur même des combats, il l’avait alors intégré à sa garde personnelle et lui avait attribué un mentor pour parfaire son instruction tout au long de sa campagne vendetta. Elle qui se prédestinait naturellement vers les arts de la médecine, se voyait contrainte de devenir une guerrière.
Elle passa sept années de sa vie de jeune fille loin de son château, sur les terres de Maadu Skryptu, à traquer des gens qu’elle ne connaissait même pas, qui ne lui avaient jamais causé de tort personnellement. Elle voyait son père perdre la tête, sombrer dans une folie démoniaque et surtout, assistait aux massacres perpétrés sur leur chemin. Des villages entiers réduits en poussière sur un accès de rage, femmes et enfants tués, hommes massacrés.

Anéantie et forcée de prendre part à ces horreurs, elle se mit à faire la même chose qu’elle détestait au plus haut point chez son géniteur, elle développa de la haine. Envers cet homme qui ne semblait plus être son père, mais l’incarnation du mal. Si bien qu’au moment le plus opportun, lorsque finalement la Quazétim et le Roi Rei et ses commandants se confrontaient pour la dernière fois de l’histoire, elle retourna sa dague contre son paternel et lui enfonça dans le cœur.
Dévastée par le chagrin, mais soulagée d’en avoir fini avec cet enfer qu’il lui faisait vivre, elle s’effondra à terre, en larmes, tétanisée par son geste, pendant que la Quazétim en terminait avec les commandants du Roi. Ils furent tous éliminés, en découla l’annexion du Royaume du Feu par les troupes du Vent, et l’exil de la famille Salamander. Reiju, ne pouvant affronter le regard de sa mère en face, prit la fuite de son côté et embarqua sur le premier navire marchand sur lequel elle tomba.

Elle navigua ainsi durant des semaines,qui devinrent des mois, qui se changèrent en années…