Luvneel… J’y suis enfin, putain.
J’en rêve depuis des semaines, depuis que j’ai raté de faire sauter le caisson de Bambana. Luvneel, cette foutue île de merde qui lui sert de planque, de quartier général à lui et toute sa foutue famille de merde. Ils pèsent lourd ici, les Bambana. Ils ont pris une sérieuse option sur le crime organisé depuis qu’ils ont avalé le Syndicat du Crime et je vois pas qui pourrait encore leur tenir tête dans le milieu. C’est pas pour rien qu’on dit qu’ils ont une force de frappe supérieure à n’importe laquelle autre famille membre des Sept. Il faut être sacrément con pour s’en prendre directement à eux, sur leur territoire.
Con, ou sacrément enragé.
Je suis aussi con que je suis énervé. Mon cœur saigne depuis la perte de Talia et mon âme hurle à la vengeance, mon cerveau voit trouble et ne pense qu’à une chose, tuer le Padre. Je suis le candidat idéal pour mener à bien cette mission merdique, je suis le type parfait pour faire tomber ce sale enfoiré. Je vais sans doute crever dans le processus, mais j’en ai juste rien à carrer.
Je suis pas venu seul. Je suis pas seul sur ce rafiot qui vient d’arrimer au port de Luvneelroom. Jamais trop foutu les panards là-bas, ‘faut dire que j’étais pas sur place quand c’est parti en couilles sur Luvneelgraad et que Bambana a pris la décision d’évacuer avant de se faire raser aussi. Ce type est une sale raclure qui renifle les emmerdes à des kilomètres, il sait comment préserver son business et ses intérêts. C’est pour ça que je compte pas sur l’effet de surprise pour le fumer, enfin pas complètement.
Ça aura été long de monter sur pieds une équipe assez solide pour s’attaquer à Boule de Billard, mais j’ai réussi. J’ai été obligé de passer quelques accords que j’aurais préféré éviter de mener en temps normal, d’enrôler des types que je méprise pour faire le sale boulot et de la mettre à l’envers à des types que je méprise pas, mais que j’avais pas le choix. Je veux pas me louper cette fois, j’aurais pas d’autre occasion.
On débarque à trois navires, il faut au moins cela pour réussir ce qui sera sans doute le plus gros coup porté aux Sept. Sur place, je sais que Wayne m’attend et qu’il fera sa part du job, comme convenu avec l’accord qu’on a passé. Il va nous offrir un chemin tout tracé pour filer à travers la province et directement venir taper à la porte du Padre. Enfin, dans ce que je lui ai fait part du plan, c’est ce qui est prévu. Bambana me laissera jamais approcher aussi facilement, soutien de la Marine ou pas.
Clope au bec, je me retourne vers les types dans mon dos alors que l’équipage s’affole pour assurer le débarquement. Y’en a trois qui se démarquent clairement du lot à mes yeux, sur lesquels je compte plus que la masse de péquenots attardés que j’ai enrôlé à coups de berrys. Korrigan, dont le style vestimentaire a connu un sacré changement, qui est pas pour me déplaire. J’ai toujours aimé me fringuer avec classe, même quand je dois me salir les mains et j’aime plus encore quand mes gars en font autant. Ce gars, alors qu’il ne me connaissait pas, m’a sauvé la vie. Quelque part, il a mon respect et ma confiance, même si je l’accorde jamais complètement.Le second, c’est ce type louche sur lequel j’accorde encore moins de confiance que le dernier à ses côtés. L’Agent du Cipher Pol, Thomas Lewis. Je m’attendais pas à me coller un agent du gouvernement dans les pattes, mais les choses sont ce qu’elles sont, à trop remuer la merde on attire des requins qui veulent en profiter. Il est pas là pour moi, mais une affaire interne dont je me fous totalement. C’est juste que je veux pas qu’il en profite pour m’entuber, des fois qu’il jouerait double jeu ou je sais pas trop quoi. J’ai déjà demandé à Mathias de garder un œil sur lui, au moindre soupçon il a autorisation de lui coller du plomb dans la cervelle.
Quant au dernier, je pensais pas vraiment le revoir dans ces circonstances, mais j’ai bien fait d’avoir gardé sa carte sous le coude. Benny, un chasseur de primes. On a déjà bossé ensemble sur une affaire et j’avoue qu’il se démerde pas mal, puis c’est pas le seul de sa faction que j’ai fait venir. Ce genre d’opération c’est une aubaine pour eux, ils auront qu’à se pencher pour ramasser des primes. Bambana a toujours eu le don pour s’entourer de salopards, plutôt certain qu’il y aura de belles sommes à plusieurs chiffres dans le lot. Comme déjà annoncé, l’argent des primes ou même le pognon de Bambana, ça m’intéresse pas. Pas plus que de reprendre son territoire ou ses affaires, je veux seulement rayer ce nom de la mémoire collective.
J’expire une bouffé d’opium, pose un regard inanimé sur le trio.
— Tout le monde sait ce qu’il doit faire. C’est l’heure de faire payer cette pourriture.
Je jette la fin de ma clope à la baille et saute depuis le bastingage sur la pierre en contrebas. Pirates, mafieux, criminels, mercenaires, marines, agents du gouvernement, y’a de tout pour composer la soixantaine de types déterminés à renverser la famille Bambana. Aux premières lueurs de l’aube, à la fraîche, quand les esprits sont encore endormis, que la ville commence à peine à se réveiller. En espérant que la milice locale aussi.
Je file immédiatement me planquer dans un coin sombre, après avoir agité la main pour rameuter mon équipe. Ceux qui doivent me suivre se connaissent, les autres prendront une autre direction. Pour l’occasion, j’ai enfilé une fois de plus le masque et changé de costume. Pour les besoins du plan, pour m’assurer que personne viendra se mettre en travers de ma route.
- Spoiler:
- Apparence actuelle de Peeter.
A quelques rues d’ici, Wayne doit attendre mon arrivée. Il y trouvera qu’une doublure de ma personne, j’espère que la mauvaise surprise va pas lui faire changer d’avis.
Bambana, sale fils de chien, je suis en chemin.
Dernière édition par Peeter G. Dicross le Mer 9 Fév 2022 - 11:08, édité 6 fois