(Cons)piracy.
Je sors de chez moi. Le rendez-vous est prévu dans une heure, mais je tiens à être en avance. Je ne me suis pas particulièrement apprêté pour l'occasion. En fait, c'est même le contraire. Je parais négligé. Mais ça me va bien, enfin, je pense. Mon mètre quatre vingt fend les ruelles mal famées de la Zone. Mais ici, personne n'ose s'en prendre à moi. Après tout, je suis connu comme le mac Intosh. J'avais un commerce prospère jusqu'à ce qu'elle arrive. Cette fichue pirate! Jeska qu'elle s'appelle! Au départ elle servait de porte flingues à des collègues. Mais cette trainée à vite fait de leur planter un couteau dans le dos. Et, forte de ses amitiés avec des gens puissants, elle a racheté le fond de commerce et exigé de nous une sorte de taxe! Juste pour nous laisser continuer nos activités! Satanée aveugle qui agit comme si elle possédait l'endroit! Je… on va lui montrer de quel bois on se chauffe!
C'est d'ailleurs le but de la réunion de ce soir. Un rendez-vous secret avec quelques personnes qui n'ont pas cette supernova dans leur cœur. Quoique les précautions ne sont pas nécessaires. Jeska ne se préoccupe pas de nous. Mais plus de son bordel et des affaires qu'elle a avec Red. Je suis à la bourre, les discussions ont déjà bien commencé. Le son aigu d'une petite vieille dame tirée à quatre épingles, la mac Umba, résonne.
"Le souci c'est son fruit du démon!"
"Oui, ça rend l'empoisonnement impossible." répond la voix traînante du mac Abre.
"On doit donc l'affronter directement." annonce-je posément.
"Tu es en retard, comme d'habitude!" houspille le mac Aron, le plus jeune de la bande, mais je ne relève pas. Il y a une cinquième personne dans la pièce. Mes compagnons voient mon interrogation.
"J'suis Sergio l'enclume Gonzales, j'ai une prime de 195 millions sur la tête." Dit l'armoire à glace. "J'ai eu affaire à c'te garce!" Il agite une main gantée. "Et j'veux qu'elle crève!"
"Nous aussi! Mais elle a des appuis puissants! Et un fruit du démon à ne pas négliger non plus!" pondère la vielle rombière.
"Ouais... mais il ne fonctionne que par contact." rectifie le pirate.
"Il nous faut donc des protections. Des cirés, des bottes, des gants…" énumère-je.
"Ne pas oublier des lunettes et des masques à gaz." ajoute le jeunot.
"C'est bien beau, l'équipement, mais on va être combien?" demande la doyenne.
Chacun fait alors l'inventaire de ses forces vives. Et à nous cinq on réunit une force de frappe d'environ 500 personnes.
"On aura jamais assez de tenues pour tous!" constate Abre.
"On protège ceux qui f'ront l'plus d'mal."
"Et pour les autres? Ca ne sert à rien de les faire combattre s'ils se font balayer au premier jet de poison de Jeska." fis-je remarquer.
"L'eau ç'marche bien." rétorque l'enclume.
"Il faudrait donc qu'il pleuve?" dit Aron.
"Je connais quelques météorologues qui pourraient nous arranger ça." annonce Umba.
"Et pour la Part des anges? On fait quoi?" demande une voix lente.
"Je pense que c'est mieux de la laisser tel quel, pour le moment. Après tout, récupérer son fonds de commerce, c'est tout bénef' pour nous." la remarque est accueillie favorablement par mes collègues. "Malgré tout, il faudra quand même attaquer l'endroit afin d'empêcher que les vigiles et Vendémiaire viennent l'aider plus tard."
"Et pour Red? S'il intervient, nos carottes son cuites." questionne le plus jeune d'entre nous.
"Oh, pour ça, c'est un homme comme les autres. Deux escortes devraient le tenir occupé le temps de régler cette affaire." propose-je.
"Même sans renforts, ça sera loin d'être facile." conclut la vieille.
Et pourtant, on a un deal.
The vilest of them all
There will be blood.
Cette fois on y est. Enfin, après des semaines de préparation, notre "invitée" est enfin là. Elle prend le chemin habituel pour aller à la Part des Anges. Juste avant d'arriver à son tripot, il y a une petit place, c'est là qu'on tend l'embuscade. Elle ne fait même pas mine d'être surprise cette garce! Elle balance directement un gros nuage bleu. Merde, ils font quoi les faiseurs de pluie?
Les faiseurs de pluie, comme leur nom l'indique, sont des météorologues spécialisés dans la chute de précipitations. Et j'attends qu'ils se mettent au boulot, car ici, tout le monde n'a pas de protections contre les poisons de cette bonne femme! Moi, je me nomme Octave Luyens, je suis le second de l'équipage des Scélérats. Mon capitaine, c'est Sergio "l'Enclume" Gonzales. J'ai ma petite notoriété dans le milieu avec une prime à 85 millions. Voilà le nuage lacrymogène, bon sang! Même avec des lunettes on y voit rien dans cette purée de pois! Puis soudain… voilà la pluie. Et presque immédiatement, le nuage disparaît! Victoire! Elle ne va plus pouvoir se cacher dans la fumée! Elle va devoir nous affronter "à la loyale". D'un geste de main, j'ordonne à quelques uns de mes gars de faire feu avant qu'elle ne soit trop près.
Sérieux? c'est quoi ces put$$$s de réflexes? Elle évite toutes les balles qui lui sont destinées! Mes gars rechargent, mais je le retient de faire feu à nouveau. En cas d'esquive on risque d'allumer les collègues d'en face. Soudain, elle disparaît! On infâme gargouillis se fait entendre un peu plus loin. Merde! Elle a eu un des météorologues! Bon, il faut avouer que malheureusement, ils sont très exposés car pour pratiquer leur art, ils ont besoin d'être en hauteur et à l'air libre. Bref ils font des cibles faciles… heureusement qu'il nous en reste deux autres! Mais ce qui est bien avec les cibles faciles c'est qu'on sait que l'adversaire va les attaquer. On peut donc lui tendre des pièges.
L'explosion de plusieurs barils de poudre fait voler en éclats le perchoir du faiseur de pluie et aussi l'empoisonneuse. Elle décrit une belle parabole avant de s'éclater au sol. Hé ben non! Juste avant elle nous fait une gracieuse pirouette et retombe sur ses jambes. Elle a quelques brûlures, mais elle semble encore en état de ce battre. Normal pour une pirate à plus de 200 millions! Seulement, on ne compte pas la laisser respirer! Juste après sa réception, trois grenades assourdissantes détonnent à ses pieds. Du fait de sa cécité, on se doute bien qu'elle se repère grâce à ses autres sens. Ainsi, on l'ampute d'un autre de ses avantages! Je me précipite alors sur elle, armé de mon fidèle marteau de charpentier géant. Elle est sonnée, j'ai l'avantage!
Et pourtant elle me bloque! Ave ses deux bras en croisés. Rhaaaa! J'y étais presque! En plus elle n'a rien! Je me doute qu'elle a utilisé son haki de l'armement, sinon, mon coup lui aurait brisé les deux bras. Oh, mince, c'est moi qui suis vulnérable maintenant! J'anticipe la douleur mais je suis sauvé in-extremis par mon capitaine qui vient de lui claquer une droite magistrale, la faisant s'étaler au sol. Je crois même entendre une dent rouler! Ha! Ca c'est mon capitaine! Il porte bien le surnom d'enclume! Elle a du le sentir passer celui-là! Elle sent le danger et s'éloigne de nous en vitesse. Pour mieux se mettre à portée de nos fusiliers.
Un geste de la main et un feu croisé plus tard, je suis certain qu'à l'a touché au moins une fois. Je vois au sol une petite trainée rouge sombre qui témoigne de sa blessure. Mais elle a disparu à nouveau la bougresse. Elle doit se planquer dans les rues transversales afin de ne pas nous affronter dans un espace ouvert. Elle compte sans doute nous y attirer pour réduire notre avantage numérique. Là encore les Macs se doutaient que ce cas de figure se présenterait.
"Allez, Jeska! Sors d'ta cachette! Sinon, on attaque ton rade!" tonne mon chef.
Quelques instant plus tard, voilà que cette peste sort de sa planque. Et s'entoure d'une put$$$ d'armure géante de poison. Un truc de quatre/cinq mètres facile! Et le pire, c'est que l'eau ruisselle dessus! Le haki de l'armement sans aucun doute! C'est mauvais! La panique s'empare d'une partie de nos gars qui tirent sans qu'on leur en ai donné l'ordre. Puis, c'est la bérézina. Elle charge nos lignes. Et fait un massacre. Ceux qui n'ont pas de combinaison agonisent dans d'atroces souffrances. Mais pas à cause de poison, c'est juste la force brute de cette "chose"... Je les entends hurler et chialer. Put$$$! Comment on va se débarrasser de ça! Elle pulvérise un autre perchoir d'un faiseur de pluie! C'était pas prévu! Si on la laisse agir ainsi, on ne va pas s'en sortir! Je n'ai pas le choix. Il y a encore des explosifs dans les décombres puisqu'on avait piégé les positions des trois météorologues. Si les balles ne lui font rien, un gros boum devrait faire l'affaire! Je récupère un baril et je me prépare à allumer la mèche quand je réalise qu'il pleut… mon super plan tombe à l'eau et c'est peu de le dire! Je n'ai même pas le temps de réaliser qu'un tentacule me frappe au ventre et me projette plusieurs dizaines de mètres plus loin.
J'émerge difficilement, je ne suis pas mort. Juste très très mal en point. Je peux encore aider! J'essaie de me relever, mais je n'y arrive pas. La plupart de mes os sont en miettes et je tousse du sang. Oh merde! Je dois avoir un poumon perforé. Ou pire, je dois avoir les organes explosés. Je comprends finalement que je suis fichu. Mon agonie est lente, et horriblement douloureuse. J'espère cependant que mon chef va gagner, que je ne sois pas mort pour rien. Ca y est. J'ai froid… je m'engourdis. La douleur s'estompe, enfin…
Let there be carnage.
Dès les premiers coups de feu, j'ai compris que ça sentait mauvais. Et c'est seulement quand j'ai mis le nez dehors que j'ai réalisé à quel point la situation était désastreuse. Je vois la boss au milieu de ces types. Il pleut. Et ça pétarade, ça explose et ça cogne dur. Jeska prend cher. Mais elle est encore debout. Elle utilise un énorme golem de poison pour frapper un grand coup. Je connais cette technique. La patronne m'en a déjà parlé. Je sais très bien quel en est le prix à payer. Si dans cinq minutes elle n'a pas nettoyé la place, elle ne pourra se servir de son poison pendant les cinq minutes suivantes. Alors j'anticipe.
"Allez me chercher tous les vigiles!"
Très vite les gars arrivent, on n'a plus beaucoup de temps. Je ne me perds pas en détails.
"On va bientôt faire une sortie!"
Le gars ne sont que des employés, mais ils savent pertinemment que si la Part des Anges change de propriétaire ils ne seront pas aussi bien lotis. Il y a même quelques clients qui se joignent à nous. En gros on est une cinquantaine. Et quand l'Avatar of Woe de Jeska perd de sa substance, on charge hors du bordel à la rencontre de l'ennemi.
On a avec nous un certain effet de surprise. Ils devaient penser que personne ne viendrait aider la supernova. De ce fait notre charge creuse un sillon sanglant dans les lignes adverses déjà bien éclaircies par la transformation de Jeska. De mon coté, je me précipite vers ma patronne pour la mettre à l'abris le temps qu'elle reprenne des forces. Laissant aux spécialistes se soin de se battre. Alors que mes yeux se posent sur elle, je suis alarmé par son état. Brulures, coupures, ecchymoses, plaies par balle… le tableau est loin d'être joli. En plus elle est livide et montre des signes d'exhaustion. Pourtant, elle essaie de me dire quelque chose.
"La pluie… n'est pas naturelle… sur les toits… faiseurs de pluie… attention, piège…" me me soupire-t-elle à bout de souffle.
Je lui dis de se reposer le temps qu'il faut, que les gardes et quelques clients ont pris le relais. Elle esquisse timidement un sourire. Je ne peux la laisser là, elle est encore trop faible. Je la prend sous le bras, surpris qu'elle soit si légère. Et je pars en quête du météorologue responsable de cette ondée. Les abats d'eau qui tombent sur le champ de bataille ne m'aident pas à trouver ma cible, mais ils ont l'avantage de nous cacher des yeux ennemis. Cependant, très vite je vois une silhouette se détacher d'une toiture à quelques dizaines de mètres. Je me précipite sur place avant de réaliser que Jeska m'a parlé de piège. Alors sur mon approche se fait prudente sur les derniers mètres. Et plutôt que de passer par les toits, je décide de rentrer à l'intérieur.
Il n'y a pas de gardes, mais de nombreux barils de poudre. Pas le temps de finasser, je vois qu'ils ont une sorte de dispositif de commande à distance qu'ils n'ont pas enclenché. Sans doute car ils s'attendent à ce que Jeska attaque directement le faiseur de pluie. Immédiatement, je trouve de quoi faire et allumer une mèche courte et je file, Jeska sous le bras, sans demander mon reste. C'est alors que je m'inquiète de la santé de ma patronne. Elle n'a rien dit depuis tout à l'heure. Je ne l'ai même pas senti bouger! Serait-elle…? Non, je n'ose y penser.
Et puis je n'ai pas le temps de tergiverser! Il faut que je m'éloigne! Que je nous éloigne!
L'explosion me souffle comme une feuille et me lâcher mon colis. J'ai les oreilles qui sifflent et j'ai du mal à me remettre d'aplomb. Ma vue est brouillée, et j'ai un goût de fer dans la bouche. Soudain on me saisit par le bras. Je n'ai pas le temps de comprendre ce qu'il m'arrive que je sens qu'on me traîne. Vers… la Part des Anges?
"On se replie, Vendémiaire, sinon, on va tous se faire massacrer."
Il s'agit de Tooms. Un habitué. Je regarde vite fait autour de moi. La plupart des vigiles y sont restés. Et seulement quelques bon clients n'en sont pas revenus. Seulement, parmi les survivants, je suis le seul indemne. Sans doute car je ne me suis pas battu.
"Désolé, mais on ne va pas rester là. Tu devrais aussi penser à évacuer le personnel, mec."
"Pour aller où?" lance-je, désespéré.
"Va voir Red, c'est un bon copain de Jeska, il pourra sans doute vous aider!"
Je laisse ces pirates fuir, moi, je refuse encore d'évacuer les filles ou de mettre le fils de la boss à l'abri. Je crois en sa victoire. Après tout, elle a déjà balayé une centaine de gars et nous aussi. Il ne reste plus que la moitié des forces ennemies. La victoire est encore possible. D'autant plus qu'il ne pleut plus. J'aperçois Jeska, au centre de la place. Elle se tient droite face à l'adversité. Elle me paraît si petite, si fragile, si… insignifiante. Je ne vois pas comment elle peut encore gagner à une contre trois cent. Puis soudain, je ne vois plus rien. Tout est pris dans une étrange fumée rose bonbon. Immédiatement, je sens le danger. Je file chercher Sakazuki et je dis au personnel de fuir en direction de la fortune carrée.
Et alors que je tourne le dos aux combats, j'entends des hurlements et des détonations.
Le carnage commence.
Ain't no grave (that can hold my body down).
Bordel de merde! Elle a eu quelques renforts! Heureusement, on s'est vite regroupés. Et on a repoussés ses emmerdeurs! Ils ont vite fait de fuir, ces lâches! Je suis dégouté qu'on en ai pas zigouillé plus! Rhah! Moi, c'est Sergio Gonzales, dit "l'Enclume". Jeska, cette sal$$e, vient de nous envoyer un poison rose. Je sais qu'y a un truc qui cloche. Malgré sa couleur, les poisons de cette pét$$$e ne sont pas connus pour être gentils. En plus la brume est à couper au couteau. On n'y voit rien! Impossible de savoir ou cette catin se trouve! Et pendant que je la cherche du regard, j'entends les gars hurler.
"Des monstres, aaaaaaargh!"
Et ça se met à tirer! Mais sur quoi? Bordel! Les hommes sans combinaison tirent sur tout le monde sans distinctions! Bande d'abrutis! Non! Ils sont sous l'effet d'un poison! Maintenant qu'il ne peut plus, elle se fait plaisir, la sal$$e! Je n'ai pas le choix, j'hurle un ordre simple!
"Les gars, butez moi tous ceux qui hallucinent!"
C'est cruel, mais j'ai pas le temps de finasser!! C'est eux, ou nous! Et je préfère que ce soit eux! D'ailleurs, je n'entends personne protester, c'est bien. Ces gars ont compris qui était le boss. Quelle plaie, se retrouver obliger de tuer nos propres hommes! Merde! Cette con$$$e est vraiment un poison! En plus elle profite du couvert de la brume pour frapper! J'ai alors une idée.
"Allez, on utilise tous nos grenades incapacitantes en même temps!"
L'explosion est terriblement bruyante et nous étourdit nous aussi. Mais toutes ces explosions combinées crée un souffle qui dégagent le nuage de poison. j'y vois clair, enfin! Il ne reste qu'une quinzaine d'hommes debout. Tous les autres sont K.O à cause des détonations. Et je finis par la voir, titubante. Sans crier gare, je lui tombe dessus. Mon poing droit couvert de haki de l'armement s'écrase sur son visage et la fait reculer de trois pas. Son nez est cassé et saigne abondamment. Grâce aux grenades, j'ai neutralisé son ouïe, et avec un pif dans cet état elle ne pourra plus compter sur son odorat.
Elle semble encore essayer de résister. Elle me balance des jets de poison pour m'empêcher d'avancer, malheureusement pour elle, ma combinaison me protège. Je percute aussi qu'elle manque souvent sa cible. Elle a sans doute un autre moyen de percevoir son environnement qui doit être brouillé. Certainement parce qu'elle est sonnée. Hé hé hé. Alors je n'ai qu'une chose à faire. La frapper à la tête! La cogner dur, la cogner fort, la cogner beaucoup! Quelle ne s'en remettre jamais, cette poufi***e! Je m'approche et je fais pleuvoir les coups. Elle est douée, mais dans son état, ça ne suffit pas. Je fais mouche régulièrement, et même si elle utilise son haki et qu'elle arrive à rendre ses muscles dur comme de l'acier, ce n'est pas assez pour absorber la puissance de mes coups.
Après tout, on ne me surnomme pas "l'Enclume" pour rien. Alors je la martèle avec mes poings. Elle tente bien quelques contres, elle tente bien de s'enfuir. Mais le peu d'hommes qui me reste lui coupe systématiquement toute possibilité de retraite. Je n'ai aucune pitié. Je m'acharne sur elle. Je veux la crever! Et je veux qu'elle souffre! Pourtant, elle ne crie pas. Alors que je la cogne comme un sourd. Alors que je sens la force de son haki diminuer à chaque coup. Alors que je entends ses os craquer sous mes phalanges. Rien, pas un son, et elle reste debout. Elle me provoque ou quoi? Ma dernière droite lui déloge trois dents, et elle s'effondre enfin. Elle a un genou à terre et n'arrive plus à se relever? J'ai gagné! Ouais, mais je ne compte pas m'arrêter là. Je l'attrape par les cheveux de la main gauche et je lui envoie trois puissants crochets du droit dans l'estomac. Elle crache du sang. C'est alors que je réalise qu'elle a atteint sa limite. Elle n'essaie même plus de tenir debout. En fait, là, elle a la consistance d'une serviette trempée.
Je la jette au loin comme un déchet. Et j'ai l'immense satisfaction de la voir s'étaler comme une merde. Je l'entends peiner à reprendre son souffle. Lentement, je m'approche d'elle. Je savoure ma victoire. D'un grand coup de latte dans les côtes, je la retourne sur le dos et je me penche sur son cas.
Droite!
Gauche!
Je lui pilonne la tronche jusqu'à ce qu'un craquement sourd m'indique que sa mâchoire vient de lâcher!
"Mwahahahahahaha! V'là c'qu'on gagne à s'en prendre à moi! Bien fait pour ta gueule!"
Je me relève et je profite de sa position pour lui écraser mon talon sur le ventre. Elle se contracte sous l'effet de la douleur et émet une sorte de gargouillis dégueulasse.
"J'vais t'crever, sal$$e! Et t'sais quoi? J'n'vais pas m'arrêter là! J'vais trouver tous ces cons qui t'ont aidé, et je vais les crever aussi! Et ton fils aussi! Mais avant, je vais lui arracher les ailes! Comme ça on pourra dire telle mère tel fils, mwahahahaha... hein?"
Je percute , trop tard qu'elle s'est redressée. Pas totalement. Elle a encore un genou à terre, mais elle pose sa main sur le bas de mon ventre. Elle implore ma pitié? Je ne comprend pas ce qu'elle raconte, mais l'idée me plait assez! C'est alors que me balance un bon jet de poison. Quelle idiote! Elle ne peut pas m'atteindre avec ça, tout ce qu'elle peut espérer c'est me faire reculer! Et c'est ce que je fais. Quelques pas en arrière et je sens dans mon dos une substance étrange et visqueuse. Du poison? Mais il sort d'où? Il s'agit d'une technique que je ne connaissais pas encore, le Nepharious Requiem. Grâce à ça, cette trainée peut reprendre le contrôle d'un poison liquide qu'elle a déjà utilisé. Et le pire! Elle combine ça avec un Poison Maiden! Me voilà donc, avec le reste de mes hommes, enfermé dans une énorme sphère de poison renforcée au fluide!
Elle m'a bien eu! Elle a du volontairement diminuer la force de son haki de l'armement pour me faire croire qu'elle s'épuisait. Et, en même temps qu'elle encaissait mes coups, elle reprenait le contrôle de ses toxines pour nous faire ce coup de p$$e! Merde! Je ne peux pas échouer, pas si près du but! Put$$n! Elle est plus morte que vive! J'use du peu de haki qui me reste mais ce n'est pas assez pour briser la technique de cette satanée bonne femme. J'ai perdu. Lentement, le poison dissout la cartouche de mon masque à gaz et je vais vous épargner les détails de mon agonie, je crois que vous avez vu assez de violence.
Et c'est ainsi que moi, Sergio Gonzales, passa de vie à trépas.
Here comes a new challenger!
"Capot!"
"Qui a vérifié qu'il n'avait pas de fioles de chance?"
"On l'a fouillé, il est clean."
"Alors je te suis."
"Pareil! Montre tes cartes qu'on voit de combien grimpe ta dette!"
La partie bat son plein dans la grand Hall de la Fortune Carré. Depuis que le patron est revenu d'entre les morts on a pu revenir prendre nos aises chez les usuriers, et putain ça fait plaisir de voir ces charognards trembler à nouveau et jouer les serviles pendant qu'on s'installe dans leurs meubles. Dommage que le capitaine n'ai pas validé le surnom que je proposais, Red le deux fois mort ça sonnait pourtant bien, presque autant que mon Baker Une fois, et puis ça faisait raccord. Enfin, c'est pas très grave, on en a chié un an mais cette fois c'est reparti pour de bon, Red is not dead, on remonte une équipe, on se fume Teach, et on est enfin les rois du monde…
Et en attendant, on continue à jouer des berrys qu'on a pas.
"Baker! On a un souci!"
Terry, un des gars de garde, rentre dans le hall en soutenant un type qui sort visiblement d'une sacré séance de baston, odeur de sang, de poudre, et d'un produit qui pique salement les yeux, vêtements qui fument et blessures diverses un peu partout. Bordel, on peut pas être un peu tranquille ici?
"C'est quoi le bail put$$n?"
Réflexe de survie oblige, la table est déjà vidé de ses cartes et de ses gains, et on bascule le touriste dessus pour voir.
"Je suis…. Je suis…"
"En train de crever alors patiente!"
"Il dit qu'il bosse pour Jeska, dans le rade la…"
"La Part des Anges."
"Apparemment ça part en coui$$e la bas, une bande de type a décidé de la fumer, ça pète de partout et ça sent le poison dans tout le cadran!"
"Bordel. Occupez vous de lui je vais chercher le chef! Terry! Sonne l'alarme, connaissant le patron il va pas du tout aimer qu'on s'en prenne à la demoiselle, alors autant bouger tout le monde."
"C'est parti!"
Comme prévu, le patron prend très mal qu'on s'en prenne à sa nouvelle copine, il le prend même personnellement, je le vois à son regard et au rictus qui se dessine sous sa barbe. Autour de nous les usuriers s'interrogent du regard en transpirant très fort, espérant tous qu'aucun d'eux n'est responsable de ça, tout en remerciant le ciel de leur offrir une diversion à l'engueulade du moment. Qu'ils crèvent!
"Je veux du monde la bas, mais pas tous. Cernez le cadran, et faites sortir les navires. Il va falloir faire un exemple pour rappeler que le patron est revenu, et il hors de question qu'un fouteur de merde s'échappe d'Armada."
"J'ai déjà sonné le branle bas patron. On vous rejoint dare dare!"
Parce que je le connais le capitaine, son regard est déjà fixé sur la zone la bas d'où jaillissent de grandes flammes aux couleurs suspectes et d’où nous parviennent faiblement cris et bruits de tir. Il va pas pouvoir s’empêcher d'y aller tout seul, et on aura plus qu'a lui courir après.
"Parfait. Vous autres, continuez à faire vos comptes et que tout soit net quand je reviens…"
Regard noir aux usuriers qui se font dessus de trouille, et hop, le Red n'est déjà plus la, disparu et surement déjà à mi chemin de la baston pour créer une super surprise aux types qui se frittent la bas. Et comme d'habitude, c'est à moi de jouer la logistique de soutien. Et attrapant mon den den, je me lance dans l'organisation du grand déploiement de la soirée…
La bas les flammes s'éteignent comme une bougie d'anniversaire qu'on aurait soufflé. Le fruit des Ténèbres est déjà à l’œuvre, il va falloir se bouger si on veut faire autre chose que ramasser des cadavres.
Sakazuki Kamahlsson.
Il y a du bruit dehors. Toutes les dames qui travaillent pour ma maman sont réunies et tremblent. Pourquoi? Je ne sais pas trop. Il y a des gens qui nous attaquent, il paraît. Moi, je ne sens pas de danger. Après tout, maman est là, tout va bien. Il y a juste beaucoup de bruit. Alors, je joue avec les autres enfants. Et je m’amuse bien. Puis soudain, les gardes et des clients sortent. Pour aider ma maman, évidemment! Je suis un peu embêté. Normalement ma maman est super forte. Elle n’a pas besoin qu’on l’aide. Il y a beaucoup plus de bruit. Puis, tout d’un coup, ceux qui sont sortis reviennent à la maison. Je suis très inquiet.
Où est ma maman?
Je vois tonton Vendémiaire regarder par une fenêtre. Je tire une chaise pour pouvoir y voir moi aussi. Mais ce coquin il me laisser par regarder! C’est pas juste! Je veux voir maman se battre! Puis tout d’un coup, il n’y a plus de bruit. Le grand monsieur regarde tout en m’empêchant d’y voir! Grrrrr! Et puis soudain, il s’écrie.
"On a gagné! Jeska a gagné!"
Je suis content. Maman ne pouvait pas perdre de toutes façons. C’est la plus forte du monde! Je cours pour aller dehors. Pour lui faire un gros câlin. Ca lui fera plaisir! Et c’est là que je les vois. Les vilains. Ils entourent ma maman. Et ils sont… un… deux… trois… six… huit… neuf… quatre… beaucoup! Il sont nombreux! Puis ils la tapent! Hé mais…
"Laissez ma maman tranquille, bande de brutes!"
Les vilains se tournent alors vers moi. J’ai peur. Pour moi. Mais au moins il ne font plus mal à ma maman. Ils s’approchent. Ce sont des grands! Des adultes! Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire? J’ai juste le temps de voir un manteau rouge devant moi que tout devient noir. Quand j’y vois clair à nouveau. Il est là, Red. Il a prendu maman dans ses bras comme une princesse des livres.
"Maman!"
Je fais de mon mieux pour ne pas pleurer. Mais j’ai très peur pour ma maman. Elle ne va pas bien du tout! Elle est blessée de partout. Je ne veux pas que ma maman meure! Il faut qu’il fasse quelque chose, pour maman! Il me fait peur aussi, ce monsieur. J’avance vers lui malgré tout. J’ai plus peur de perdre maman que de lui.
"Sauve ma maman!"
J’entends un grognement timide qui vient de ma maman. Je sais ce que ça veut dire. Même dans son état, elle ne veut pas que j’oublie.
"Sauve ma maman, s’il te plaît."
I can see clearly now.
Il est tard quand j'entends une petite armée arriver. Immédiatement, je sonne le branle-bas de combat. Après tout, entre crapules, on a vite fait de passer de vie à trépas par manque de vigilance. En plus mieux vaut crever l'arme à la main qu'égorgé dans son sommeil. On frappe à la porte, les coups sont puissants et rapides, signe d'un certain empressement. Je vais ouvrir, en me demandant quelle menace je vais laisser rentrer. Sainte Mère de Dieu! Il s'agit de Red! Vu le colis qu'il tient dans ses bras, je comprends qu'il soit pressé. Et quand je vois l'expression de son visage, je n'attends même pas qu'il me le demande, je file aussi vite que je peux.
"Je vais vous chercher l'Abbé."
Au pas de course, je traverse l'hôtel particulier qui nous sert de quartier général sur le Fortune Carrée. Très vite, j'arrive devant les appartements du Saint Père. Je frappe à la porte, attendant une réponse.
"Qui ose me déranger à cette heure?"
"Ce n'est que moi, Nathaniael, votre Excellence. Red est là, et il a une urgence."
"Quel membre a-t-il perdu cette fois?"
"Ce n'est pas pour lui, mais pour une fille."
"J'arrive."
Il n'est pas dans les habitude de l'Abbé d'accourir ainsi quand on l'appelle. Cependant, sur Armada, il vaut mieux avoir les bonnes grâces de Red que l'inverse. Donc quand le maître des lieux vient en personne demander un service, on ne fait pas d'histoires. Après tout, il vaut mieux être à droite du Diable que sur son chemin. Aussi vite que faire se peut, mon chef sort de ses appartements. Il rajuste sa mitre et m'emboite le pas direction le hall.
Les fidèles ont bien bossé et on aménagé une salle adjacente où Red à pu poser la demoiselle. Il ne faut pas être médecin pour voir que son état est critique. La pâleur presque translucide de sa peau, les multiples blessures qui lui déchirent le corps et le sang qui s'échappe d'où il peut… tout ça m'indique qu'elle n'en a plus pour longtemps.
"Tu peux faire quelque chose?" Demande Red.
"Oui." Répond l'homme de Dieu.
Sans se faire prier d'avantage, l'Abbé pose ses mains sur la malheureuse. Un "pouf!" plus tard, voilà la demoiselle encoquillée.
"Vu son état, elle devrait pas en sortir avant demain matin."
"Je reste là."
Je vois à la tête de mon chef que ça ne l'enchante guère, mais il n'est pas en position de dire non. D'autant plus que ce n'était pas une demande de la part de Red. C'est alors que je remarque un petit garçon aux cotés du grand manitou.
"Hé, bonhomme, tu ne devrais pas être chez toi?"
"C'est ma maman…" me dit timidement le petit bout d'homme.
"Il reste aussi."
Je suis l'Abbé alors qu'il quitte la pièce, laissant nos "invités" profiter de notre hospitalité pour la nuit.
"On n'a pas parlé du prix avec Red." Fais-je remarquer.
"Pas besoin, c'est la fille qui paiera."
"Elle a de quoi payer?"
"J'en sais rien, mais elle me doit la vie à présent…"
Je vais donc me coucher et le lendemain, je retourne auprès de nos "invités". L'œuf est toujours là, au milieu de la pièce. Le garçon s'est endormi sur les genoux de Red qui le couve du regard. Arf! J'ai amené du café et des viennoiseries, mais le petit préfèrera sans doute un chocolat chaud. Red me lance un regard noir qui veut clairement dire que si je réveille le gamin, j'y passe. Délicatement, je pose le petit déjeuner en plateau dans un coin et je me casse en catimini quand soudain.
Crac.
La coquille se craquelle et très vite, elle se fend en deux dans le sens de la hauteur. Et il en sort… cette femme, mais est-ce vraiment la même personne qu'on nous a amené hier soir? Elle a une paire d'ailes noires! Et pas de petites ailes blanches comme les anges des îles célestes. Non. De grandes ailes de jais. Je ne comprend pas. Elle ne les avait pas avant, ce qui veut dire qu'elles ont été régénérées par le pouvoir de l'Abbé? C'est qui cette nana? Elle ne ressemble à rien de connu. Elle sort de l'œuf, s'étire comme après une bonne nuit de sommeil. Puis je vois comme une gène sur son visage. Elle enlève son masque qui lui couvre les yeux et…
"Sacré nom de Dieu!" s'exclame-t-elle.
Je suis outré par le blasphème, mais je décide de ne relever. Quant à Jeska elle semble abasourdie.
"C'est quoi ces images? Je suis morte? Mince! J'aurai adoré dire à Red que..."
"Tu veux me dire quoi, Jes'?" lance Red à brûle pourpoint.
La dame sursaute comme un ado qu'on aurait surpris avec un livre coquin. Elle rosit légèrement. Mais reprend vite son aplomb.
"Je me demande ce qu'il se passe. C'est tout. Hier soir, j'était à deux doigts d'y passer. Et ce matin, je me réveille je-ne-sais-où, j'ai de nouveau mes ailes, plus une cicatrice, et le truc le plus dingue de tous, j'y vois!"
"Oui, vous avez eu le privilège de bénéficier des bons soins de l'Abbé du conseil des Neuf." Dis-je fièrement.
"Merci." Répond-t-elle d'un air distrait, en regardant ses doigts comme si c'était la première fois qu'elle les voyait.
Puis soudain, son visage semble s'illuminer. Elle s'approche du garçonnet et lui caresse tendrement les cheveux. Dépose un tendre baiser sur la joue de Red et se retourne vers moi.
"J'aimerais beaucoup remercier mon bienfaiteur." Me dit-elle simplement.
"Je vais le chercher de suite."
Je reviens une demi-heure plus tard, accompagné de l'Abbé. On a le droit à de chaleureux remerciements de la part de l'ange aux ailes noires. Elle nous propose même de nous dédommager avec une coquette somme de berrys, mais Monseigneur a sans doute d'autres idées sur la question et refuse poliment un paiement en espèces. Nos "invités" ne s'éternisent pas. Heureusement. Car tout le monde ici est un peu tendu quand Red est dans les parages. Un fois le trio parti, je demande à mon Excellence.
"Alors, vous comptez lui demander quoi comme paiement de sa dette?"
"On verra, Nathaniael. On verra…"
Tabula rasa.
C'est un matin comme les autres dans la Zone. L'endroit est moche, et mal famé, mais, c'est chez nous. Et grâce à la bienveillance de Macs, on survit ici. Alors quand hier soir ces derniers, aidés d'un supernova, ont tendu une embuscade à l'encontre de Jeska Kamahlsson, la nouvelle venue, personne n'a aidé la patronne de la Part des Anges. Ce serait même le contraire. On a aidé du mieux qu'on pouvait certains intoxiqués. Beaucoup on fini par caner. Mais on a quand même a en sauver quelques-uns. Et, après la bataille, de nombreux habitants, dont moi, sommes sortis constater les dégâts.
Et le bilan est lourd, de nombreuses maisons ont été détruites, et un encore plus de familles souffrent des effets des poisons de la pirate. Pour elle, on ne sera sans doute que des dommages collatéraux, mais pour la plupart des zonards (les habitants de la Zone), leur vie est en ruines. J'ai entendu dire qu'après les combats de cette nuit, cette trainée était dans un état critique et que Red en personne l'avait emmené d'urgence chez un médecin. Ah… si elle pouvait crever! Les Macs reprendraient l'endroit en main et tout irait pour le mieux!
Malheureusement, au petit matin, la mauvaise nouvelle arrive. Jeska a survécu. Merde! Il paraît même qu'elle est sur le trajet du retour. Spontanément, la populace se prépare à l'accueillir comme il se doit. Manque de bol, elle est avec Red, alors on se ravise, pas de huées et de jets de fruits ou de légumes pourris. On a trop peur du boss. C'est donc dans un silence de mort qu'elle traverse la zone jusqu'à son rade. C'est alors que j'entends un type à coté de moi.
"Ha, la voilà, la bougresse! Ca rapporte d'être le tapin privé du cap'taine Red, hein?" me dit-il en me faisant un clin d'œil qui se veut complice.
C'est vrai qu'elle est bien fichue cette donzelle. Et je crois que l'homme à coté de moi à bien résumé la pensée de l'ensemble de la population de la Zone. On en est tous persuadés, Jeska n'est pas un si gros morceau que ça. Elle ne doit sa position qu'à la puissance du capitaine Red qui lui sauve son joli petit cul à chaque fois. Elle a beau peser vingt millions de plus que Sergio Gonzales, on est certain que sans l'appui du boss, sa prime ne serait pas si élevée. Cette femme est une farce, on se retournera contre elle dès que l'occasion se présentera et on rendra ce Cadran aux Macs, leur propriétaire légitime.
On la suit tous jusqu'à la Part des Anges, où toute son équipe l'attend, essayant de cacher avec peine les tags qu'on a fait cette nuit. Il y a pas mal d'insultes, et quelques jolis graffitis où on l'a représentée en train de se faire pendre et autres aimabilités. On sait qu'elle est aveugle, et qu'elle s'en fiche, mais nous, ça nous fait du bien. Seulement, il y a un hic. Elle ne semble pas ravie du tout. Après quelques discussions, Red, son gamin et les employés filent dans club. Elle se tourne alors vers nous.
"Moi qui pensais qu'on pouvait tous vivre ensemble. Je me rends compte que je me suis trompée."
Un immense bronca accueille ses dires.
"Taisez vous, cloportes!" hurle-t-elle.
On est tous tellement surpris qu'on se tait, on se regarde tous les uns les autres, penauds. Puis soudain, un homme s'avance vers elle.
"Quoi, tu vas nous demander de partir?"
"Je suis ici chez moi, et quand mon domicile est infestée de vermine, on ne leur demande pas de quitter les lieux…"
"Tu nous traites de cloportes et maintenant tu nous traites de ver…" s'emporte le type qui est sorti du lot.
Il n'a pas le temps de finir sa phrase que sa tête s'est décollée du reste de son corps.
"Vous allez m'aider à faire passer un message et je n'ai aucun besoin que vous soyez en vie pour ça. Et en plus, je fais d'une pierre deux coups en me débarrassant de la vermine qui infeste ce cadran."
Je n'en crois pas mes oreilles, elle compte vraiment tuer tout le monde? C'est une malade! Immédiatement, je mets le plus de distance entre elle et moi. Tous ici connaissent les capacités de son fruit du démon. On sait bien qu'il ne faut pas l'approcher. Un mouvement de panique ne tarde pas à se créer quand on déplore les première victimes. J'en entends certains qui ne comptent pas se laisser faire. Les fous! Il ne la retardent même pas! Moi, je me précipite vers la maison, j'y arrive juste avant qu'un nuage ne m'engloutisse.
"Chérie prend les enfants et… non… on ne peut plus fuir, maintenant." crie-je avec la force du désespoir. "Vite, il faut tout calfeutrer et espérer qu'elle ne nous trouve pas!"
On fait du mieux qu'on peut, et on se retrouve ma compagne, nos trois enfants et moi roulés en boule dans un placard, transis de peur. On entend les hurlements des hommes, des femmes et même des enfants… à ce rythme, cette tarée va vraiment tuer tout le monde! Très vite, on perd toute notion du temps. Les cris se font plus rares. Et, finalement, en début d'après-midi, un silence de mort tombe sur la Zone. Ma famille est en larmes, et moi, je me sens terriblement impuissant. Et pourtant je suis persuadé d'avoir fait le "bon" choix. Maintenant que le massacre est terminé, on peut sortir de notre planque et…
Elle est là. Je n'ai même pas d'armes. Rien pour ne serait-ce qu'opposer une résistance symbolique. Alors je tente le tout pour le tout, je m'aplatis sur le sol et j'implore sa clémence. Je n'ose relever mon visage vers elle, mais elle ne dit rien. Allez, t'as un fils toi aussi, tu ne tueras jamais mes enfants. Oui, dans le fond, t'es une gentille, Jeska. Tu fais tout ça pour nous faire bien peur mais tu n'as tué personne, hein? J'ai compris la leçon, on peut arrêter de jouer maintenant, hein? Quatre bruits sourds me ramènent brutalement à la réalité. Ma femme et mes enfants sont morts! J'en chiale de chagrin et d'impuissance mêlés. Je me relève et c'est étrange. La pièce bascule sur la droite.
Et ma tête tombe à coté de mon corps inerte.
Fifty shades of red.
Je l'ai fait, mon bain de sang. J'ai méthodiquement éradiqué toute trace de vie du cadran. Ca m'a pris deux jours, mais j'en suis certaine à présent, j'ai purgé l'endroit de la vermine qui y grouillait. Et qui m'était hostile aussi. La nouvelle du génocide s'est rependue comme une trainée de poudre dans Armada. De ce fait, les rumeurs à mon propos passèrent de "Jeska c'est le tapin privé du capitaine Red, sans lui, elle ne vaut pas un clou" à "Jeska mérite sa prime et sa réputation, on va éviter de la contrarier". Je m'étais donc acheté tranquillité et statut avec le sang des malheureux ex-habitants de la Zone qui nourrissent les poissons à l'heure qu'il est. D'ailleurs de nouveaux habitants remplissent déjà les baraques vides. Quant à moi, je profite de l'opportunité pour raser les demeures jouxtant la Part des Anges et utilise l'espace ainsi crée pour agrandir ma maison close.
Et le plus génial dans tout ça? Je peur voix mon projet prendre forme, avec mes propres yeux! Et bien que les travaux s'étalent sur un mois, je ne m'en lasse pas! Tant est si bien qu'une fois l'agrandissement terminé, j'invite Red, ses hommes, les ouvriers du bâtiment ainsi que les habitués qui m'ont aidé lors de la bataille à une grande soirée privée. Evidemment, tout est à volonté et c'est moi qui régale. C'est la meilleure façon que mes filles et moi ayons trouvé pour remercier ceux qui nous ont sauvé. Et c'est là que mon capitaine annonce à tous qu'il a décidé de faire de moi la boss de la Zone! Mais ce n'est pas tout! je suis catapultée seconde de son équipage! Et la fête qui devait être en l'honneur de nos bienfaiteurs change de ton. Maintenant, c'est moi qui suis sous le feu des projecteurs! On danse, on boit, on joue, on … profite des plaisirs que la vie a à nous offrir. Peut être même un peu trop. Je n'avais pas prévu de me retrouver au centre de l'attention, alors, aussi discrètement que faire se peut, je m'éclipse.
Je suis à présent sur le toit de la part des anges, la soirée est presque terminée à l’intérieur. Je me suis enroulée dans un plaid d’un gris-vert assez hideux, mais rudement confortable. J’ai amené avec moi une fiole de rhum vieux dont j’ôte le bouchon d’un petit "pop" guilleret. La nuit est fraîche et le ciel dégagé. Le temps idéal pour m’adonner à ma nouvelle grande passion : l’observation des étoiles. La voûte céleste est mouchetée de ces petits point brillants. Je me réchauffe un peu les entrailles avec une gorgée d’alcool. Quand soudain j’entends les tuiles crisser. Immédiatement, je ferme les yeux pour ne me focaliser que sur mon odorat. Mon nez d’ancienne aveugle ne me trompe pas, il s’agit de Red. Je rejette ma tête en arrière pour contempler le nouvel arrivant en contre-plongée. Il a une bouteille accrochée à la main droite et un sourire aux lèvres. Je tapote les tuiles à ma droite, invitation à s’asseoir à mes côtés.
"Red, quelle bonne surprise ! Viens t’asseoir, les étoiles sont magnifiques ce soir!"
"D'aussi loin que je me souvienne j'ai toujours préféré regarder la mer... Mais je n'arrive pas à imaginer ce que c'est de voir les étoiles pour la première fois."
"C’est magnifique. Et sans toi, j’aurais pu vivre une vie entière sans savoir que je passais à côté de tant de belles choses!"
"Je ne crois pas y être pour grand chose. En tout cas ce n’est pas moi qui vais en payer le prix. Mais j’aurais du avoir cette idée bien plus tôt…"
"Quelqu’en soit le prix que m’en demandera l’Abbé, ça vaut le coup. Je peux voir mon fils grandir. Et pas que! Imagine tout ce que je n’ai pas encore vu! Les paysages sublimes que j’ai à découvrir! Les feux d’artifice aussi! Et toi…" Je continue pour ne pas me trahir. "Et toi, je vais pouvoir te voir mettre la raclée de sa vie à Teach! Ha ha"
"Tu aurais peut être gagné à n’avoir que le son… mais c’est vrai qu’il y a des choses à voir sur la route."
"Et c’est rudement plus agréable de voir ça avec quelqu’un qu’on aime!" Je me rends compte de ce que j’ai dit un peu tard, alors je me reprends avant de virer cramoisi. "Avec mon capitaine adoré! Évidemment!" J’essaie de changer de sujet, maintenant. "Merci pour la promotion! Ça m’a fait chaud au cœur, une telle marque de confiance. Publique en plus! Je suis honorée! Tu vas voir, je vais bien m’occuper de toi!" Je réalise que mes propose sont équivoques. Il faut vraiment que je fasse attention à ce que je dis! Surtout quand j’ai bu! Alors je rectifie. "M’occuper de toi comme une seconde s’occupe de son capitaine, ça va de soi!" Je bois une gorgée de rhum, histoire d’occuper cette bouche qui n’arrête pas de dire n’importe quoi.***
"Cela va de soi."
Dire qu'il y a peu, sur Winter, je lui disais qu'on ne se débarrassait pas comme ça des vieilles cicatrices. Quelle blague. Jeska a fait sa mue, et, si elle n'a rien perdu de sa langue un peut trop rapide, l'ange qu'elle est devenue est tout simplement magnifique...
"Je suis content que tu ais choisi de rester..."***
Je prends une profonde inspiration. "Je suis ravie de rester aussi. Tu sais, cet endroit est mon premier véritable chez moi. Avant, je n'étais que de passage dans les lieux dans lesquels je vivais. Que ce soit à l'orphelinat, ou dans les bâtiments de la Marine, même avec Shoma... je ne me sentais pas à ma place. J'avais l'impression d'être locataire de ma propre vie. Et j'ai réellement cru que j'allais mourir dans les geôles du Malvoulant avant même d'avoir vraiment su ce que c'était de vivre. Et pour ça je te suis reconnaissante à un point, tu n'imagines même pas. Alors quand j'ai réalisé que la population de la Zone pourrait menacer le bonheur que je me construis, je crois que j'ai un peu pété un câble et je suis devenue la pire d'entre toutes."
"Je crois qu'il te reste encore de la marge de progression de ce coté la. L'avantage d'un type comme le Malvoulant je présume. Tu as fait ce qu'il fallait pour conserver ce que tu as gagné et ça devrait faire réfléchir les prochains qui voudront te le prendre. Et puis on est des pirates. Si ces types voulaient mourir vieux et dans leur lit, ils n'avaient qu'a pas prendre la mer..."
"En effet. Et le pire c'est que je n'ai pas l'ombre d'un remords. Tu sais, je me suis toujours demandé si j'étais une bonne personne avec quelques mauvais penchants, ou une mauvaise personne qui se cache derrière un masque de gentillesse. J'ai enfin ma réponse. Je ne suis pas une personne recommandable selon les critères qu'on m'a inculqués. Et je pensais que ça me minerais plus que ça, mais en vrai, je n'en ai rien à fou... à faire." Je soupire. "Je parle beaucoup avec toi, tu sais? D'habitude, je suis assez taiseuse comme fille. Mais toi, tu es spécial, si tu vois ce que je veux dire..."***
"Selon les critères qu'on m'a inculqué je devrai être en train de biner des navets en Amerzone... Je peux pas dire que je regrette d'avoir pris la mer."
Même si quand je reviens il me suffit de montrer l'or qui me coule des poches pour devenir l'amerzonien le plus apprécié du patelin. Je me demande d'ou vient Jeska avant son étonnant parcours. Une ile céleste avec un bureau de recrutement de la marine ?
"Je préfère vivant à spécial. Avec notre choix de vie ça veut dire la même chose."***
Ah… les choix de vie. J’ai fait le mien. Mais, je crois que Red ne saisit pas ce que je veux dire par spécial. Et si cette aventure m’a bien appris quelque chose, c’est qu’on peut vite tout perdre. Or, je n’ai pas envie d’avoir de regrets. Cependant, déclarer ce genre de sentiments, c’est comme se mettre nue devant lui. Bon, ce ne serait pas la première fois, mais… si jamais il me rejette? Bah… j’ai survécu à pire et ce sera tant pis pour lui. Y’a d’autres poissons dans l’océan!
[color:4258=#darkorchid]"Red, par spécial, j’entends l’homme que j’ai choisi d’aimer… "
"Je suis le premier que tu vois non?"
"Aussi, mais j’avais choisi de t’aimer bien avant de te voir. Mais, comme tu es joli garçon, c’est encore mieux!"***Je vais lui dire que c’est une mauvaise idée, que je suis trop vieux, trop blasé, trop seul, trop attaché aux souvenirs d’une autre à jamais inaccessible et que je vais continuer a chérir comme un vieux bonze. Ouais. Ce sera mieux pour tout le monde. Mieux…
Et puis je ne dis rien.
Mon bras se tend pour se poser sur l’épaule de l’ange et l’attirer contre moi.***
Plus de mots. A ce stade, ils ne servent plus à rien. Je franchis les deux pas qui me séparent de Red. A cette distance je suis obligée de légèrement lever la tête pour voir ses yeux. Son regard est comme un puits sans fonds qui aspire mon âme dans un vortex de mélancolie. Pourquoi? Je l’ignore. Mais je ne me démonte pas. J’incline ma tête subtilement sur la droite et je lui souris. Sans qu’on s’en rende compte on a chacun nos mains sur les hanches de l’autre et … la suite appartient à la nuit.