Akemi Kurokawa [Fini !]

Chapitre I

Car tout commence par une naissance

C'était durant une journée calme sur une petite île d'East Blue, le soleil était déjà haut dans le ciel où aucun nuage n’entachait son azur. Un village calme, formé de petites maisons en bois peintes en blanc, devant chacune un porche donnant sur une rue centrale. Quelques personnes déambule dans la chaleur de ce début d'après-midi, quelques bruits de pas sur les planchers, des grincements de bois et le bruit du vent. Tout à coup, un cri déchire le silence ambiant, un homme sort en trombe d'une des maisonnettes dans un nuage de fumé il court jusqu'à une autre demeure surmontée d'une pancarte: "Médecin".

_Docteur ! Venez vite, ma femme accouche !!!

Il n'était pas entré qu'il ressortait tout aussi rapidement suivi d'un homme âgé peinant à le suivre, ils s'engouffrent alors dans la maison d'où venait le premier homme, montant les escaliers deux par deux pour aller plus vite il ouvre une porte et arrive dans la chambre d'où provenaient les cris. Le médecin s'avança alors du lit dans lequel était couchée une femme en train d'accoucher, il souleva les draps afin d'observer la progression de ce dur effort. Le mari, quand à lui, se mis à droite de son épouse pour lui prendre la main et la regarder avec un grand sourire, lui murmurant des paroles d'encouragement. On pouvait alors distinguer les traits de ces deux personnes, l'homme nommé Ken avait des cheveux courts et rouge avec un léger bouc, ses yeux étaient particuliers, rouge comme la lave avec une pupille fine. La femme, quand à elle, s'appelait Hana, son visage déformé par la douleur de l'accouchement on pouvait quand même voir ses yeux bleus et sa chevelure blonde collée par la sueur sur ses joues. Ken, prenant une serviette essuya le front de son aimée, puis la reposa, il accorda alors toute son attention au médecin qui était en train d'aider sa femme dans ce dur moment.

Au bout de longs moment de souffrance, un cri aigu couvrit celui d'Hana qui s’estompa, le bébé venait de sortir, ses yeux clos, le docteur coupa le cordon avec une paire de ciseaux prévus à cet effet, puis enveloppa le nouveau né dans un drap pour le déposer sur sa mère. Ayant fait cela et voyant que l'enfant n'avait besoin d'aucuns soins particuliers, il se retira afin de laisser de l'intimité aux nouveaux parents, c'était leur premier enfant. Ken s'approcha alors de sa femme pour l'embrasser en souriant, observant son fils qu'elle tenant dans les bras, portant sur lui un regard attendri. La jeune femme leva alors sa tête vers son mari, puis reporta son attention sur le bébé qui gazouillé sur elle, le père passa alors sa main dans les cheveux de sa compagne.

_Il s’appellera Akemi, comme ton père...

Chapitre II

Après la naissance, l'enfance

Voilà plus de six ans qu'Akemi est né, la vie est paisible sur cette petite île sans histoire, pas de pirate sanguinaire dont lui parlait son père dans les histoire qu'il lui racontait pour s'endormir. Quel jour important que le premier jour d'école, le village possédait une grande classe avec tous les élèves et une seule professeure qui adaptait son enseignement selon l'âge, formant des petits groupes par année. Le soleil était à peine levé qu'Akemi sautait déjà de son lit directement droit dans ses bottes, déjà tout habillé de la veille, il s'était dit que cela serait plus rapide. Il alla sur la pointe des pieds voir si ses parents étaient réveillés, quelques grincements de plancher accompagnant sa marche digne d'une marionnette dirigée par des fils, il n'eut pas le temps d'abaisser la poignet qu'il entendit une voix grave derrière lui.

_Ne réveilles pas ta mère, elle dort encore.

D'un bond, le jeune garçon se retourna, il n'avait nul besoin d'être effrayé, il se détendit en voyant le sourire de son père, fière de son effet de surprise. Il était assis à table sur laquelle était déposé tout ce dont il fallait pour faire un copieux premier repas de la journée: des tasses, des tartines, de la confiture, du beurre et encore beaucoup d'autres choses. Du café et du lait étaient en train de chauffer et embaumaient la pièce d'une odeur chaude. Akemi s'avança alors sans bruit jusqu'à son père, entrant dans la lumière de la cuisine, il ressemblait beaucoup à son père, ayant hérité de ses yeux et de ses cheveux, mais son sourire était celui de sa mère, joyeux et enfantin. L'enfant vint alors s'assoir sur une chaise, non sans peine du fait de sa petite taille, quand il fut installé, Ken sourit et ébouriffa ses cheveux, puis se leva chercher le lait qui devait être chaud, il en servit une grande tasse à Akemi qui engloutissait déjà des tartines.

Ce fut pendant le petit déjeuné qu'Hana sortit de la chambre, portant une chemise de nuit blanche, elle s'avança jusqu'au jeune garçon et embrassa son front puis salua son mari qui lui rendit son sourire et ses mots d'affection. Ce repas fut rapide pour elle, car l'heure d'amener Akemi à l'école était presque là, elle partit donc rapidement se changer, une tartine dans la bouche. Elle ressortit quelques minutes plus tard, avec une jolie robe bleu claire, elle enfila une paire de chaussure et attrapa la main de son fils, Ken fit de même de l'autre coté et ils partirent ainsi tous les trois. Le temps était assez régulier par ici et le ciel bleu s'était imposé depuis plusieurs semaines, ce jour-ci ne dérogeait pas, quelques petits nuages par-ci par-là, mais rien de très inquiétant. La petite famille traversa la ville sous les bonjours des habitants déjà levés, on voyait d'autres petits groupes comme le leur commençant à sortir des maisonnettes. Il était l'heure et toutes les familles ayant un ou plusieurs enfants à l'école étaient présentes, ils attendaient tous devant le bâtiment qui était l'un des plus grands du village.

La professeure sortit enfin, c'était une dame d'environ une trentaine d'année, les cheveux noirs et le regard doux, elle offrit un grand sourire comme accueil, puis invita les parents à laisser entrer leurs enfant dans la classe et qu'ils pourraient venir les rechercher en fin de matinée. Il y eut des pleurs et des cris de protestations, il est difficile pour des enfants de laisser leurs parents, c'était la première fois pour un certain nombre mais même ceux qui n'étaient pas à leur première rentrée essuyaient une petite larme. Akemi tenta de retenir les siennes, du moins jusqu'à ce que ses parents ne puissent pas les voir. Sa mère le serra contre elle, lui lui déposa un baiser sur la joue, son père le porta et l’étreignit puis le reposa et le poussa en direction de la porte, lui faisant tous deux un signe de la main et un sourire fier. Il entra dans la grande salle, il y avait beaucoup de bruit, les pleurs s'étaient tus et avaient fait place aux discutions, quand la maîtresse le demanda, tous les élèves s'assirent à un bureau. Le jeune Akemi, ne connaissant réellement aucun des élèves présents, à part certains qu'il avait vu s'amuser dans les rues mais sans leurs parler, s'assit à une des places du fond.

La professeure se présenta, elle se nommait Madame Yuki. Le premier "cour" débuta alors, ce n'était pas une leçon proprement dite, seulement une sorte de jeu afin de se connaitre mieux, la maîtresse devait faire l'appel et quand l'élève entendait son nom, il devait se lever, répéter son nom puis donner son age et son nombre d'année à l'école. Elle commença par ordre alphabétique comme pour toutes appel, les noms défilaient et à chacun d'entre eux une petite fille ou un petit garçon se levait pour se présentait comme l'avait demandé Madame Yuki. Il devait avoir environ une trentaine d'enfants dans cette salle de classe unique, on pouvait bien distinguer les différents ages de ces élèves, certains en dernière année avaient une petite douzaine d'années tendit que d'autres qui venaient pour la première fois avaient à peine six ans. Akemi se sentait de plus en plus stressé à mesure que l'appel avançait et s'approchait de son nom de famille, il n'avait pas l'habitude de parler face à autant d'enfants, de nature plutôt timide, il avait passé la plus grande partie de sa vie avec ses parents ou seul. Le moment fatidique arriva alors, entendant son nom résonner dans la classe l'enfant aux yeux rougeoyants se leva brusquement, sachant qu'il ne pourrait pas le faire doucement tellement il était tendu, sa chaise grinça sur le parquet tirant des grimaces à certains de ses camarades. Tous les yeux se braquèrent sur lui.

_Ak... Akemi Kurokawa, six ans, c'est ma première année.

Des murmures se levèrent dans la salle, tous les élèves le fixaient, certain incrédules, d'autre comme effrayé, ne sachant pourquoi cela se passait, il s'assit à nouveau sur sa chaise comme si de rien n'était. Quand l'appel fut achevée, la maîtresse demanda aux élèves de se mettre par année, afin qu'ils se retrouvent avec des gens de leur age qui suivront les mêmes cours. L'endroit qui était réservé aux première année était situé dans la cours, sous un grand arbre, ils se placèrent alors en cercle, assis dans le sable, Akemi était parmi eux, cible de tous les regards, il n'était pas très à l'aise. Un moment de répit fut alors annoncé: La récréation. Les élèves encore dans le bâtiment sortirent, des cris et des rires commençaient à fuser de-ci de-là, la poussière soulevée par les jeux et les courses. Le petit Kurokawa, quand à lui, était resté sous l'arbre, s'étant tout de même levé pour épousseter son pantalon, puis il s'était adossé au tronc regardant ses camarades, il vit alors un petit groupe d'enfants qui était de sa génération, ils paraissaient jouer à lancer des pierres contre quelque chose qu'il n'arrivait pas à distinguer. Timidement, il s'avança jusqu'à eux, entrant dans le petit groupe afin que tous ses membres puissent le voir, il leur sourit.

_Bonjour ! Je peux jouer avec vous ?

_Non, t'es bizarre, t'as des yeux qui font peur.

_Mais non ! Je suis normal, comme vous...

_On t'a dit non ! Va-t-en "Le bizarre".

Akemi les regarda, incrédule, c'était la première qu'on lui disait qu'il était différent, tous les enfants reprirent ce mot en cœur, sentant fuser des moqueries puis ces mots blessants firent place à des cailloux qu'ils tenaient dans leurs mains. Les enfants sont parfois cruels avec ce qu'ils ne connaissent pas, l'enfant aux yeux rougeoyants passa son bras par dessus sa tête afin de se protéger le visage, il ferma les yeux, attendant que cela passe, se disant bien qu'ils se laceraient bien à un moment. Ce moment arriva plus tôt qu'il ne l'avait prévu, Akemi, ne sentant plus les pierres qui le heurtaient ré-ouvrit les yeux et abaissa son bras dressé comme un bouclier. Entre lui et le petit groupe de bourreaux, une fille qui devait être du même age que lui, les deux bras écartés comme pour le protéger, les autres enfant avaient cessé de lancer leurs cailloux mais ne souhaitaient pas en rester là.

_Pousses toi, Suki ! Laisses nous lui donner une leçon à ce bizarre.

_Non, arrêtez, il ne vous à rien fait !! Sinon, je vais chercher la Madame Yuki...

Comme une menace ultime, cette dernière phrase dissuada le petit groupe qui lâchèrent leurs pierre et partirent jouer plus loin comme si de rien n'était. Suki s'avança alors vers Akemi et le regarda, fixant ses yeux plus que particuliers, puis elle lui sourit. Akemi lui rendit son sourire, le visage un peu sali et écorché par les pierres, elle lui prit la main et lui demanda de la suivre, elle l'amena jusqu'à la fontaine pour qu'il se nettoie le visage ce qu'il fit avec application. Il put alors la regarder plus précisément, elle était un peu plus petite que lui, les cheveux courts qui tombaient presque sur ses épaules, une petite couette sur le coté droit, deux grands yeux marrons. La cloche retentit à nouveau, il fallait regagner leur classe, ils rentrèrent tous dans la classe et Suki vint s'assoir juste à coté d'Akemi, c'était sa première amie.

Chapitre III

Quand la colère s'en mêle

Le jeune Akemi a douze ans à présent, après l'incident du premier jour d'école Ken avait insisté pour lui enseigner le combat à mains nues et au sabre afin que cela ne se reproduise plus. On pourrait penser que cela ne servait à rien, concrètement, car il n'avait plus été victime de ce genre d'agression depuis. Il s'était fait quelques d'amis et beaucoup d'ennemis aussi, ce qui était sur c'est qu'il ne laissait personne indifférent, la plupart n'osant pas l'approcher par crainte. Cela peinait fortement le jeune garçon, mais au moins il savait que ces amis en étaient des vrais, surtout Suki qui était devenue comme sa sœur, ils étaient toujours ensemble. Akemi portait les cheveux un peu plus long à présent, ayant toujours son regard de flamme, il était de taille moyenne pour un enfant de son age commençant à se muscler un peu au cour de ses entrainements. Suki quand à elle avait des cheveux qui arrivaient au milieu de son dos, gardant tout de même sa couette sur le coté de la tête. Durant toute son enfance, Ken racontait des histoires à Akemi pour qu'il s'endorme, mêlant histoires inventées et histoires vraies, des pirates et des trésors, des marins et des chasseurs de primes, des combats et des histoires d'amour. Tout ceci donnait envie au jeune garçon de devenir un glorieux pirate, capitaine d'un grand galion, avoir de dangereuses aventures, se moquant de la marine qui le poursuivait, voilà ce qui animait ses rêves.

C'était la fin de sa dernière année à l'école, Madame Yuki disait qu'il était bon élève et qu'il pourrait avoir un bon travail, mais elle ne se doutait pas de son dessin de partir quand son age lui le permettra. La seule personne au courant de ce qu'Akemi voulait faire, même ses parents ne le savaient pas, il n'aimait pas vraiment leur cacher cela mais il savait que cela ne leur plairait pas il préféra donc le garder pour lui pour le moment. La journée était ensoleiller, pour ne pas changer, rare étaient les tempêtes sur leur île, la classe était fini les deux inséparables allaient marcher sur la plage comme à leur habitude. Il aimait ses moments d'intimités avec elle, ils pouvaient parler sans qu'on le dévisage, ils se baignaient par moment pour se rafraichir dans la chaleur sèche du milieu d'après-midi. Depuis quelques jours, Suki était étrange, comme préoccupée, elle avait dit à Akemi qu'elle lui expliquerait et ce moment était venu, ils s'assirent face à l'océan qui remuait projetant des embruns sur leurs visages par moment.

_Akemi... Dans quelques jours on aura terminé notre école et... mes parents on décidait qu'il était temps que nous partions vivre ailleurs... Je ne voulais pas, mais je n'ai pas mon mot à dire... Je partirais le lendemain de la fin des classes.

Akemi n'arriva à articuler aucun mot, il regardait Suki, son regard devenant flou, brouillé par les larmes qui coulaient sur ses joues, il se sentait comme trahi alors qu'elle n'y était pour rien, démuni face au fait accompli il était impuissant. Ne sachant pas comment réagir, il se leva vivement courant le long de la plage, puis il emprunta le chemin qui menait au village, Suki essayant tant bien que mal de le suivre. Il pleurait à grosses goutes quand il entra enfin dans la petite ville, passant devant l'épicerie puis le magasin des pécheurs, le bar et les autres bâtiment formant l'allée. Il était perdu, comment allait-il faire sans elle ? Elle était la seule qui le connaissait réellement. Son esprit partait dans tous les sens, en sachant que penser, passant de la colère à la peine, à l'espoir, à la rancune. Elle n'y était pour rien après tout, elle devait faire ce que ses parents lui disait, c'était le devoir d'un enfant. Tout à coup, le bruit d'une masse tombant dans la terre de l'allée centrale suivit d'une plainte, il reconnu immédiatement la voix de cette dernière, c'était Suki qui venait de tomber. Il se retourna alors brusquement, sa vue toujours brouiller il pouvait quand même distinguer son amie au sol et à coté d'elle Akase, le garçon qui avait commencé à lui lancer des pierres son premier jour d'école il y a six ans de cela et derrière lui trois autres garçons qui étaient aussi présent à ce fameux moment. Sur son visage, un sourire narquois presque sadique, il la regardait de haut.

_Oups... Je se suis maladroit !

Akase avait pris un ton de mauvais acteur, comme pour bien montrer qu'il avait fait exprès de faucher la jambe de la jeune fille afin qu'elle tombe sèchement sur le sol. Le sang d'Akemi ne fit qu'un tour, ses yeux écarquillés comme devenus inhumain les larmes cessèrent de couler subitement, il n'était qu'à quelques mètres de son amie au sol et de son agresseur. Dans un déplacement fantomatique il avança jusqu'à Akase, les bras du jeune garçon aux yeux flamboyants étaient crispé et ses poings serrés, il asséna un violent coup au visage avec sa main droite. Les amis de l'agresseur voulant lui porter secours avancèrent jusqu'à Akemi qui asséna un coup de pied au premier qui tomba à terre, le deuxième eut le droit à coup de poing dans le ventre se qui le fit glisser jusqu'au sol dans une plainte sourde et enfin le troisième préféra s'enfuir en courant. Akase qui avait été sauné quelques secondes fonça sur le son assaillant, tentant de lui donner un coup de poing au visage, Akemi se décala pour esquiver son attaque puis attrapant son poignet il le déséquilibra et faucha ses jambes pour le faire chuter violemment. Il se mit alors sur lui, un rictus effrayant sur son visage et le roua de coups jusqu'à ce que Suki qui s'était relevée l'arrête, le jeune garçon sembla sortir de sa transe et regarda la jeune fille incrédule. Elle lui attrapa alors la main et l'entraina en courant pour se cacher, il savait que les autres n'en parleraient pas, ils n'allaient pas avouer qu'ils s'étaient fait battre tous les quatre par une seule personne.

Ils coururent tous les deux pendant une dizaine de minutes, afin d'être trop loin pour être soupçonné, Akemi courait comme un zombi, une coquille vide. Il ne savait pas ce qui lui avait pris, il venait de rouer de coups un enfant de son age, cela n'était pas le plus important, le plus grave pour lui était le plaisir qu'il y avait pris. Comme si quelque chose s'était emparé de son esprit et qu'il ne pouvait se retenir, il se demandait ce qu'il était pour faire preuve d'autant de violence. Quand ils furent assez loin, ils arrêtèrent leur course, ils étaient dans un champ, quelques arbres clairsemés, ils s'assirent, Suki se pencha sur Akemi pour le regarder, il ne réagissait pas, elle le prit alors dans ses bras pour le réconforter et le remercier en même temps. Il l'avait défendu face à Akase, même s'il avait été étrange durant cet instant, elle n'avait pas vu son regard et son sourire quand il frappait, il valait peut être mieux, au moins elle partirait avec une bonne image de lui. Ils restèrent ainsi jusqu'à ce que la lumière baisse et qu'ils doivent rentrer chez eux respectivement. Après ce jour, ils n'en parlèrent plus pendant les quelques jours qui leur restaient à vivre ensemble. Quand le moment fut venu, les adieux furent larmes et cris, se jurant l'un l'autre de se revoir quand ils seraient assez grand, il allait falloir qu'Akemi vive sa vie et finisse de grandir sans elle, mais il ne l’oublierait jamais.

Chapitre IV

Le premier Rhum

Cela fait trois ans que Suki est partie, Akemi a eu un certain temps pour s'adapter, le départ de sa meilleure amie, son arrêt de l'école, il a dû commencer à travailler dans un magasin du village pour gagner un peu d'argent. Il était chargé de mettre en rayons les produits dans l'épicerie, il était payé quelques Berrys par jours ou directement en articles, car c'était le seul magasin du village quasiment et surtout le mieux approvisionné. Chaque matins il devait se lever à six heure et demi afin de prendre son service à sept heure, une heure avant l'ouverture de l'épicerie, parfois il était aussi chargé de faire des livraisons, ce n'était pas dérangeant du fait qu'il n'avait jamais à aller très loin.

Depuis quelques jours des rumeurs circulaient dans tout le village, un bateau avait appareillé et devait refaire son stock de vivres, un bateau Pirate. Akemi était très excitait, mais il essayait de le cacher, n'ayant pas encore parlé à ses parents de son envie de devenir un hors la loi, il se demandait bien à quoi ils pouvaient bien ressembler, peut être étaient-ils comme lui racontait son père, avec des cicatrices sur le visage, des jambes de bois, des borgnes et des perroquets. Mais, pour le moment, il ne les avait pas encore aperçus. La journée était presque finie et Akemi languissait de rentrer chez lui pour se reposer, il n'appréciait pas vraiment son travail mais c'était tout ce qu'il pouvait faire sur sa petite île. Il allait partir, quand l'épicier l'interpela.

_Hep ! Ake' tu peux passer à la taverne avant de rentrer, il y a là-bas un client nommé Bersdon, tu pourrais lui dire que ce qu'il m'a demandé est prêt.

Akemi acquiesça sans demander plus d'information, la taverne était sur son chemin, il en profiterait pour prendre un rafraichissement avec sa paye de la journée. Il prit sa veste et sortit, le soleil n'était toujours pas couché mais le ciel rougissait légèrement prenant une teinte étrange de rosé pal, il marcha d'un pas déterminé jusqu'à l'échoppe où il devait délivrer son message, il passa la double porte toujours ouvert dans la journée puis s'immobilisa. Il regarda à droite, puis à gauche, et décida enfin de se diriger vers le comptoir quand il y fut il se tourna vers la salle qui s'était tue étrangement.

_J'ai un message pour Monsieur Berdson...

_C'est Capitaine Berdson, pour toi petit...

_Et bien le "Capitaine Berdson" a sa commande prête à l'épicerie.

Sans le faire exprès, Akemi avait pris un ton condescendant, c'était venu tout seul, tous les yeux des clients de la taverne se tournèrent vers lui, puis il regarda dans la direction de la personne à qui il venait de parler. L'homme se leva, il était de haute taille portant un manteau rouge muni d'épaulettes à franges dorées, il avait un pantalon noir et de grosses bottes en cuire noir. Il portait un chapeau tricorne, qui associé à sa barbe donnait une impression étrange car on ne voyait presque que ses yeux noirs qui le fixait intensivement, le jeune garçon avala sa salive, soutenant témérairement le regard du pirate. Le Capitaine s'avança alors vers lui, d'un pas lourd et bruillant, quand il fut face à Akemi, le jeune garçon lui arrivait à peine sous les pectoraux. Il resta ainsi à le fixé de haut, durant quelques instant et nul n'osait briser ce silence, même le Tavernier ne bougeait pas, puis le grand homme au manteau rouge éclata d'un rire tonitruant qui fut suivit par tous.

_Il me plait bien ce petit ! Il a du cran !! Allez, viens t'assoir et boire avec moi !

De par l'odeur, Akemi déduisit que le capitaine était déjà bien alcoolisé et qu'il serait très mauvais pour sa survie de refuser son invitation, alors sans dire un mot il le suivit jusqu'à sa table puis s'assit sur le tabouret que lui tendit le pirate. Il attrapa la bouteille sur laquelle il était inscrit "Rhum" et en servit un plein verre qu'il posa face au jeune garçon lui disant de boire cela, "cul sec" avait-il précisé. Il connaissait le rhum, bien-sur, mais n'en avait jamais bu, quoi de plus normal à quinze ans ? Il attrapa alors le verre de sa petite main adolescente et le porta à ses lèvres, puis s'arrêta, sous le regard insistant de Bredson il en vida le contenu dans sa bouche et l'avala d'une traite. Le liquide brula sa gorge et le fit tousser, ce qui entraina le rire de tous les pirates présents à ce moment. Il n'eut pas le temps de reposer son récipient qu'il fut à nouveau rempli du breuvage alcoolisé et qu'ils étaient tous autour de lui pour l’incité à le boire encore, il n'eut d'autre choix que de le faire, une nouvelle fois, il ressentit une brulure mais moindre que la première. Il ne se sentait pas très bien, sa tête lui faisait mal et tout tourné autour de lui, ce fut le troisième verre qui l'acheva, il n'eut pas le temps de l'avaler qu'il vomit le tout par terre.

_Voilà qui est bien, petit... Tu viens de d'venir un vrai homme, t'as pris ta première bitture !!

Le capitaine frappa dans le dos d'Akemi qui vomit de plus bel, il n'allait pas aller bien le lendemain et il allait surement se faire remonter les bretelles en bon et due forme par son père. Mais bon, c'était le premier pas vers son objectif arpès tout, il venait de rencontrer des Pirates pour la première fois et il avait bu avec eux, cela ne faisait que le motiver encore plus. Il deviendrait un Pirate lui aussi, il sera connu dans toutes les mers et il sera craint.

Chapitre V

Un retour, un départ, une promesse

Akemi était âgé de dix-huit ans quand Suki était revenue, elle avait fait des études et était devenue professeure, elle venait remplacer alors l'ancienne maîtresse qui était partie il y avait peu. Depuis l'histoire du rhum et des pirates, Akemi avait eu une certaine réputation de "mauvais garçon" qui lui avait donné une certaine notoriété au prêt des jeunes filles du village, il en jouait bien, malgré les remontrance de sa meilleure amie. Le jeune homme avait une vingtaine d'année à présent, il était devenu très bon au combat à mains nues et encore meilleur dans le maniement du sabre, il avait fait quelques expériences avec les demoiselles des alentours, il continuait son travail dans l'épicerie qu'il supportait de moins en moins. Il se sentait comme prisonnier, enfermé, il sentait que cette île n'avait plus rien à lui apporter, mais il se refusait de la quitter maintenant que Suki était revenue "pour lui".

La journée était nuageuse, étrange, il avait beaucoup plus ces derniers jours, le temps était à la tempête, son travail enfin achevé, il sortit de l'épicerie, sa veste sur le dos pour se protéger des rafales de vent. Sa meilleure amie l'attendait comme elle le faisait tous les jours depuis son retour, elle lui offrit un grand sourire qu'il lui rendit avec plaisir, ils décidèrent alors d'aller boire un thé chez Suki afin de se réchauffer. Elle était devenue une belle jeune femme, étrange qu'elle n'ait pas encore trouvé un mari... Il se demandait par moment si elle ne l'attendait pas lui, mais il savait que ce n'était pas possible, il ne devait pas la priver d'un mari car il ne saurait jamais là. Ils marchèrent rapidement, cote à cote, la tête rentrée dans les épaules pour se protéger du froid qui mordait, ils furent soulagés quand ils arrivèrent dans la maisonnette blanche qu'habitait la jeune fille.

Il s'assirent à table, le thé était déjà prêt, Suki l'avait surement mis sur le feu avant de partir, elle en servit deux tasses qui fumèrent dès qu'elle commença à faire couler le liquide chaud. Elle reposa la théière et commencèrent à siroter leur tasse avec prudence pour ne pas se bruler, Akemi était heureux d'avoir retrouvé son amie d'enfance et il semblait que ce soit réciproque, néanmoins il sentait une légère réticence chez sa camarade mais n'arrivait pas à savoir de quoi cela venait précisément. Le silence devenait pesant, aucun des deux ne disait mot, c'était assez étrange, ils avaient plutôt l'habitude de parler beaucoup et de rire jusqu'à l'épuisement, mais pas aujourd'hui. Comme si le temps influençait sur leur humeur, le temps ou quelque chose d'autre... Ce fut elle qui brisa ce silence pesant, comme si elle ne pouvait plus le supporter.

_Alors... Quand comptes-tu partir ?

Akemi fut tellement pris à dépourvu qu'il avala une gorgée de travers, ce qui provoqua une grosse quinte de tous, puis il la regarda avec surprise. Il se rappelait lui en avoir parlé, mais il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui en parle comme ça, surement avait-elle remarqué son comportement étrange depuis quelques jours... Il s'éclaircit la voix, ne sachant pas vraiment comment lui dire.

_Je ne sais pas... Je me sentirais coupable de partir maintenant que tu es revenue pour moi...

_Ne t'en fais pas, en revenant ici je savais que tu n'y resterais pas longtemps et je te comprend un peu, moi je suis partie mais toi tu n'as jamais quitté notre île, tu dois partir vivre ton rêve, tu reviendras surement...

_Je reviendrais... Je te le promets ! Je me sens mieux à présent... Je vais pouvoir partir en paix.

Il lui sourit et caressa sa joue quand il lui dit cela, elle s'y blottit puis lui rendit son sourire comme enfin apaisée, même si elle savait qu'il allait partir sous peu. Ils restèrent ainsi un petit moment, puis Akemi se leva, comme ayant une nouvelle énergie, il venait de finir son thé, il posa la tasse et marcha jusqu'à la porte dans un bruit de tissus frottants et de bottes frappantes sur le parquet. Suki se leva alors pour se jeter dans ses bras, le jeune homme l'y accueillit avec plaisir, embrassant son front, des larmes coulaient sur les joues de la demoiselle.

_Reviens moi entier...

_Ne t'en fais pas, tu entendras parler de moi et quand j'en aurais assez, je reviendrais... Je te le promets !