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Enfermer la Faim

Max "La Menace" Diabolosse a particulièrement peu collaboré lors de son arrestation ; il s'est violemment débattu pire qu'un diable jusqu'à s'évanouir, provoquant ses propres blessures et celles de ceux qui procédèrent à son arrestation. En conséquence, le "blondinet" comme se plait à l'appeller l'un des gardes se retrouve en cage, que ça lui plaise ou non. Bien forcé de rester debout en pouvant à peine plier la jambe sans que son genou ne cogne la ferraille salé par l'air marin où concourent algues et crustacés façon à l'impitoyable rouille. Et les mariages de tout ceci, parfois particulièrement heureux, font des cages que l'usure consolide en lieu et place de les fragiliser. Max avait essayé.
Bien sûr, non mais attendez... bien sûr qu'il avait essayé. Un jour, sur un coup de chance, quelqu'un oubliera de fermer à clef et on pourra juste se barrer ! 

Faut tenter mais ici, ça n'a pas marché... après quelques minutes à tester la cage à son réveil, de mauvaise humeur vous vous en doutez, il a décidé de laisser tomber. Du moins pour l'instant. On lui donnait de l'eau et à manger malgré tout, pas grand-chose mais c'est encore ça. De là où il est, à se gelé ses morts dans sa cage, le pirate a l'air concentré et "faussement" haineux. 
Il a un peu la rage, et un peu plus à chaque fois que le vent salé fouette ses plaies, de ne pas être réellement sûr de sortir d'ici.

Il a froid surtout. Il est trempé. Il se met à pleuvoir, c'est génial... quelque part, ça l'est. Pour se donner un peu de force, Max affiche un air... calme, non... d'une agressivité contenu. Contenu comme un chien fou qu'on retient de mordre à deux bras ! Ca sera son entrainement ninja-des-montagnes à lui... sauf qu'on est pas assis en lotus sous la cascade. On est bras croisés adossés à une cage où on peut à peine plier les jambes. Une cage envahies de rouilles, d'algues et de crustacés sous une tempête à se dire que des dieux en personne sont venus pleurer sur nos misérables existences.  
C'est surtout que Max, en plus d'avoir froid.... il avait très froid, oui. Très faim aussi et ça c'est plus grave ; il bave littéralement à l'idée qu'un garde glisse sa main dans sa cage.

Et... lui-même pourrait espérer y glisser des bras au-dehors. Les gardes le savent et exigent des mains "en évidence" mais... connard, évidement que c'est mes mains, t'es idiot ou quoi ? Bref, Max ne préfère pas les prendre pour des imbéciles, ça serait mal placé venant d'un idiot en cage. 

Son ventre grouille, hurle comme rugit un fauve sauvage et ajoute le grondement du tonnerre à la pluie apocalyptique... son organisme a l'habitude de fonctionner avec beaucoup plus que ça ! En comparaison, on l'affame ! Et lui-même refuse de s'en plaindre mais malgré tout, son estomac s'en fait assourdissant. 
Par contre, il a pas soif du tout avec toute cette flotte qui lui tombe dessus en permanence... ah ça pour être propre, il est très propre...

Mais son ventre hurle tellement que ça empêche les cages à plusieurs mètres de dormir depuis deux nuits et ils hurlent en retour ! Incapable de trouver un réel sommeil tellement il a faim, Max comate dans sa cage en se forçant un garder l'oeil ouvert. Bien que ça le peine un peu, il n'a pas l'énèrgie de répondre aux autres animaux encagés qui l'insultent. 
A eux tous, ils arrivent à faire un sacré raffut et probablement que les gardes ne vont plus attendre très longtemps avant de venir les faire taire.
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"Bon les zigotos, on va faire l'appel, OK ?"
"Ta gueule, le primate ! Tu me donnes pas d'ordres."
"Ah ça, moi aussi j'ai hâte. Allez. Olivier !"
"Continue à te foutre de moi, dés que je sors je t'arrache les jambes, singe de merde !"

Sont particulièrement agités aujourd'hui, ces abrutis. Pas que le centre de Las Camp soit réputé pour garantir un calme plat plus de dix minutes de suite, mais là je sens qu'on est sur une occasion spéciale. Je dis ça parce que ça fait déjà trois tatanes que je mets à des détenus aujourd'hui, mais ils veulent pas redescendre d'un Décibel,. Comme si quelque chose les avait contaminé d'un virus appelé, euh, être agressif. J'ai jamais été bon en impro, mais tout ça pour dire que là j'ai l'impression d'être un voisin casse-couilles qui vient frapper à la porte des musiciens pour leur dire de frotter moins fort les cordes du machin. Mais là c'est différent, parce que si y en a un qui fait vibrer les cordes, bah tous les autres le suivent façon effet domino.
L'ai toujours dit, mon métier c'est ni plus ni moins que de m'occuper de gosses. Et le pire c'est que comme un cave, je reviens tous les jours. Mais comme je parlais de cordes, c'est de leurs cordes vocales qu'ils jouent, et ce serait pas mal qu'ils la bouclent. Ne serait-ce que pour la pérennité de mon job. Alors je me dis qu'il y en a forcément un qui a joué du violon en premier et qui les a tous conduits à m'organiser un concert de chambre privé. J'aurais bien aimé être prévenu, j'aurais pris mes bouchons d'oreille. J'aime pas les petits instruments toute façon, c'est trop aigu. Et faut que je retrouve celui qui les a agités, histoire de comprendre un peu ce qu'il a pu leur dire. Normalement on leur avait déjà annoncé qu'il y aurait pas de frites ce midi, alors je sèche.

Avant tout ça, tonton maton doit juste continuer ce qu'il a entrepris. Alors comme l'autre en face s'est trompé, je passe mon échasse droite à travers deux barreaux et je lui écrase mon talon sur le pif. Quatres tatanes, bon sang, c'est qu'ils me font sortir de mes gonds. Je reste un pédagogue malgré tout, alors je lui rappelle comment ça marche.


"Mauvaise réponse, faut dire 'présent'."

Le taulard se couvre le visage des deux mains, visiblement étonné dans le mauvais sens du terme. Je sais pas où il a vu qu'on pouvait parler à un gardien comme à son pote et garder un blair intact.

"Es... pèce de..."
"Laisse tomber, c'est trop long. Bon, Olivier et sa grande gueule, présents."

L'autre geôlier qui m'accompagne m'invite à être moins gentil avec eux et à leur foutre la misère pour qu'on se tire plus vite. Je l'invite à aller se faire foutre si mes méthodes lui conviennent pas. Je crois que le message est clair, parce que je vois qu'il a lui aussi l'envie de me faire la peau. Sauf qu'il osera pas. Pour ça qu'il est à l'extérieur et pas avec les autres, d'ailleurs.

"Ensuite, ah c'est un nouveau ça. Samuel L. Klaxonne, je prononce bien ? Samuel L. Klaxonne ? Il est où Sami ?"

J'ai jamais vu la tête de Samuel, encore. Ça se trouve c'est un gentil gars. C'est un prénom de gentil, Samuel. Mais avant de pouvoir trouver le type potentiellement gentil que j'appelle depuis cinq broquilles, un cri effarant retentit de dehors. Mais même pas un cri d'humain, un bruit assourdissant qui provient de quelqu'un mais qui de toute évidence est pas sorti par la bouche. Si y en a encore un qui a fait la grosse commission dans sa cage, il va m'entendre, lui aussi.
Parlant d'entendre encore une fois, c'est que le bruit incessant des giboulées qui ont décidé de s'abattre sur la cour déjà pas jouasse du centre a même pas réussi à couvrir cette abomination sonore. Je file la plaquette en bois à l'autre connard sans même lui adresser un regard, et je lui propose de reprendre l'appel, comme ça il pourra aller au rythme qu'il veut et pas me faire suer. Je prends ma bonne grosse doudoune à capuche qui est installée sur le porte-manteau à côté de la porte, et je l'enfile sur mes épaules, couvrant ma crinière violacée dans le même mouvement.

J'ouvre et je fonce dehors à la recherche de l'étronneur à qui je vais passer un savon, cette fois. Littéralement un savon d'ailleurs, parce que ça va être à moi de nettoyer sa putain de cage en plus. Quel chieur. Ah bah ouais, du coup.
J'avais oublié qu'il faisait nuit tellement c'est le bazar, ce soir. À travers ma vision nyctalope - et en même temps mes esgourdes m'ont aidé - je distingue vite fait que le vacarme qui m'a questionné a réveillé tous les détenus de l'extérieur d'un coup. Chouette. La cour est en proie au tumulte le plus magnifique de l'histoire de cet endroit depuis que j'y bosse. Depuis son ouverture, en fait. J'avoue, j'exagère, mais je reviens de vacances et si l'odeur je peux faire avec, le tapage m'avait clairement pas manqué. C'est lorsque le cri intestinal retentit une seconde fois que j'arrive de suite à localiser son emplacement.

Je comprends rien, du coup. Le type qui en est à l'origine a une cage toute propre. Me dites pas qu'il a...
Non, même vous vous voulez pas savoir. Mais au-delà de tout ça, le gars a une apparence singulière, même en bicolore. Je vois en bicolore la nuit, me demandez pas pourquoi, c'est un longue histoire. C'est faux, c'est juste que je sais même pas. Bicolore ou pas, ce mec a l'air de s'être auto-mutilé à plusieurs endroits pour ressembler à un animal, ou quelque chose. Vu que les barreaux qui l'entourent sont faits du même Granit marin que mon bon gantelet désamorceur de dangers publics, ça peut pas être un fruit. Dire que certains naissent avec des guibolles de deux mètres et qu'il en reste encore qui ont ces chicots parce qu'ils l'ont choisi.
Je me penche doucement vers Dentier-de-Piranha, et je prends des nouvelles. J'exagère pas si je dis qu'il a carrément l'air mort.


"Eh blondinet, pas la peine d'en faire des caisses hein. On avait dit pas de frites demain, ça va. Vous mangerez de la purée comme tout le monde. Alors je sais pas comment tu fais pour imiter une diarrhée avec tes bruits de tripes, mais faut laissez les autres prisonniers dormir, maintenant."

Alors que je m'apprête à lui expliquer que les autres auront pas de frites non plus de toute manière, le bougre me ressort le son une troisième fois. J'avais pas saisi jusqu'ici, mais il a juste super faim, en fait. Du coup on peut pas faire grand chose. Parce moi-même j'ai une de ces dalles, et ce fumier de dirlo a toujours refusé de me dire où trouver de la bouffe dans cette prison,. En dehors des repas aux heures traditionnelles, ça va de soi. Ah ça, pour gérer avec compétence son trou, c'est un manche, mais quand il s'agit de s'empiffrer sur le dos de ses employés, y a beaucoup plus de monde.
Donc, bah, va falloir le laisser tranquille, j'imagine. Tant pis pour vous mes petits bonhommes, vous dormirez la nuit suivante. Je me prépare à ranger la clé que j'avais sortie au cas où je doive procéder à un lavage imminent de son nouveau un mètre carré, mais mon collègue sort du bâtiment pour revenir me les briser. Apparemment il a fini l'appel, et je dois revenir vérifier un truc parce qu'il en manque un. Je me retourne et je lui dis de pas m'embêter, mais il insiste, dit qu'il y a quelque chose de pas normal et qu'il y a un gros (C) entre parenthèses marqué en rouge à côté de son nom. Quel attardé, sans déconner. Je lui réponds que c'est normal qu'il soit pas dans la cellule, parce que (C), ça veut dire qu'il est en cage. Comme l'affamé que je suis supposé laisser tranquille, d'ailleurs. Je me concentre de nouveau sur ce qu'il y a en face de moi, même s'il est temps de partir. Pourquoi y a plus de boucan ?

Saperlipopute. J'ai vraiment enfoncé ma clef dans la serrure et ouvert la cage pendant que je parlais à l'autre con. C'était un réflexe. Et celui qui faisait le macchabée jusqu'ici s'est déjà volatilisé.
Le barouf reprend de plus belle, pire que jamais. Ils ont tous l'air concentrés sur la scène qui vient de se passer sous leurs yeux. Bon bah moi qui voulais savoir qui excitait les internes à ce point, et lui qui voulait savoir pourquoi il manquait un mec dans la cellule, je crois qu'on a tous les deux notre réponse.

...

Je dois trouver ce gars avant d'avoir des pépins. Dans ma course, je prends l'autre maton de la main droite et je le porte comme une valise. Peux pas risquer qu'il aille tout cafter à monsieur Je-me-régale-probablement-avec-les-frites-que-vous-aurez-pas.
Je suis trop jeune pour me faire virer.
    Féroce et véloce, Max prend brusquement vie au son du cliquetis ! Agressif jusque dans sa fuite, il file pourtant sans chercher l'affrontement dans un premier temps. Royal à ignorer le plus petit des geôliers, et bestial à le bousculer en passant, Max ne veut nulle querelle jusqu'ici ! Pas dans l'immédiat en tout cas, car il a immédiatement faim ! Son corps aurait tout aussi bien pu être celui d'un mort affamé dans cette foutue cage... on ne parle ni d'égo ni de furie ici. On parle d'avoir faim au point de s'en sentir partir ! Faim à en mourir ! Et j'exagère peut-être un peu ? Pas tellement. Max "La Menace" Diabolosse sait et doit manger en quantité astronomique, notamment de la viande de n'importe quel animal même un peu daté mort ou vivant tant que c'est un minimum consistant. Pas qu'il n'aime pas la bonne bouffe mais... on fait sur le tas, ne vient-il pas de sortir d'une cage après tout ?! D'ailleurs, il est où ? A vive allure frénétique ! Voilà qui décrit l'homme rendu fou par l'impérieuse torture de la faim ! Pour lui, un repas luxueux c'est déjà à peine l'entrée et là, il est à la ration minimum pour des types lambdas avec des organismes de faibles ?! Bref, on parle de survie avant tout et de bouffer encore avant ça. Max est donc sur ses quatres pattes et ce, avec une agilité insoupçonnée bien qu'il soit visiblement en train de se contorsionner les membres. Il a ainsi l'air d'un vieux chat au dos rond et levé à qui on ne la fait pas, qui a encore des restes... 
    ...ses yeux aux iris noirs aiguisés et sa gueule ouverte béante sont braqués sur les deux gardes à sa traque. 

    D'un coup d'œil, il voit des jambes qui n'en finissent pas et si proches du sol qu'est le forban ? Le lynx fou se croit face à une girafe sous stéroïde... mais jusqu'ici, l'autre ne lui inspire rien et ne reste qu'au coin de son œil, au cas où. La créature est toujours sur ses quatres membres étalés au possible au sol, étonnement habile pour un affamé et surtout assez expérimenté pour savoir que les bestioles en uniformes n'existent jamais très loin du reste de leur meute. Ou horde, selon les circonstances. C'est très rare d'en attraper une poignée véritablement isolée... des renforts, des soutiens, un colonel surpuissant sorti de nulle part... la bestiole en uniforme, c'est dangereux quoi qu'on en dise. D'ordinaire, Max danse avec le danger tel Chad le Conquistador mais ici, il a trop faim pour jouer. 

    L'ambiance met Max en transe... l'orage gronde sous des vents violents et la pluie est fraîche à vous en lacérer la peau ; les autres prisonniers hurlent aux cliquetis assourdissants de leurs cages secoués. 


    Celui-ci s'élance de ses quatre membres frénétiques, sans plus y réfléchir que ça, fait d'abords surtout du sur-place tant il s'excite ! Et frénétique à défaut d'être réellement en forme, Max finit par réellement avancer, forcé bipède par son propre élan. C'est un géant ? Centré sur le danger, le forban ne cherche même pas trop à savoir qu'est-ce qu'il y a par-dessus cette paire de pattes empruntée à une girafe sous stéroïde. Elles sont le danger présent dans son champ de vision immédiat, à la même hauteur, un garde de taille ordinaire ne lui inspire rien.
    Sinon qu'il a faim et c'est vers lui que Max charge, crocs en avant exposé, pour se nourrir cru d'un geôlier.   


    Juste un croc et on se casse ! Juste après, on recommencera jusqu'à... ne plus avoir faim... et les tripes grondent sans discontinuer.
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