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Black Hole Son

C'est assez étrange, mais y voir n'a pas simplifié ma vie autant que je l'espérais. Déjà Red, mon fils et mes employés ont trouvé ça très drôle de me donner de mauvais noms pour les couleurs. J'ai donc passé une semaine entière à croire que le bleu était le rouge, que le vert c'était le violet et j'en passe et des meilleures. Nom d'une biscotte, j'ai du passer pour une de ces nouilles! Franchement, je vous jure! Y'en a pas un pour rattraper l'autre! Enfin, ils se sont bien marrés, mais je ne me ferais plus avoir!

De plus il ne m'a pas fallu longtemps avant de réaliser la masse de travail qui m'attend pour avoir des yeux utiles. En effet, on croit que c'est inné parce qu'on l'apprend au fur et à mesure de sa croissance, mais la coordination entre mon corps et mes yeux à nécessité beaucoup de travail. Une semaine pour être en mesure de jouer à la balle avec mon fils. Un mois pour challenger Red. Il y a aussi mon cerveau qui doit apprendre à gérer un afflux supplémentaire d'informations. Au début, je pouvais garder les yeux ouverts quelques heures avant de souffrir d'atroces céphalées. Maintenant, je peux presque tenir une journée sans migraines! Sauf si je lis.

Car oui, j'ai aussi appris à lire! Et à écrire! Je n'en suis pas peu fière d'ailleurs! Bon, mon écriture est assez brouillonne, mais je m'améliore chaque jour. Et surtout, j'ai enfin accès à un peu plus de contenu que le catalogue des éditions en braille (qui sont horriblement cher, en plus). Il n'est donc pas rare de me voir plongée dans un bon bouquin, en profitant d'un bon verre de vin. Ou un alcool brun, à l'occasion.

Et c'est un roman entre les mains que commence cette histoire. L'après-midi touche à sa fin et bien que le soleil ne soit pas encore couché, la fraîcheur de la nuit me file la chair de poule. Je me décide donc à rentrer profiter de la chaleur de la Part des Anges. Il est encore tôt. Hormis quelques habitués, le gros de ma clientèle n'est pas encore là. Tant mieux, je vais pouvoir jouir d'un peu de calme et finir mon chapitre. Je ne le remarque pas de suite, pourtant, sa tenue est voyante. Il est tout de rouge vêtu et a des cheveux blonds dorés. On dirait un mini Red. C'est mignon tout plein! Il a même le visage couvert de duvet pour faire comme le vrai!

Je ne percute sa présence uniquement lorsqu'il se plante à ma table et me balance sans préambule.

"C'est toi qui te tapes mon père?"

Que… quoi? Mais je ne sais même pas qui c'est! C'est quoi cette accusation? Et puis, je n'ai pas trompé Red avec le paternel de ce mioche, moi!


Dernière édition par Jeska Kamahlsson le Ven 4 Fév 2022 - 14:59, édité 1 fois
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Bon, j'ai en face de moi, un jeune homme qui s'habille comme Red et qui prétend que je me suis … enfin que j'ai …, bref, vous voyez ce que je veux dire! Pour quelles raisons je n'ai pas fait le lien plus tôt? Sans doute parce que je ne suis pas aussi maline que je pense l'être. Ou peut-être que je n'envisage pas une seconde que mon capitaine ait pu me cacher l'existence d'un fils. Après tout, je n'ai pas hésité à lui révéler tous mes secrets, moi! Le minot voit bien ma mine interloquée. Alors il précise.

"Mon père c'est Red, catin!"

Normalement, j'aurais giflé le malotru, mais je suis tellement stupéfaite par la révélation que j'en reste sans voix. Je pourrais lui demander une preuve de ce qu'il avance. Après tout, n'importe quel mioche peut prétendre être le fils de Red. Et je ne peux ignorer que mon amant aime la galante compagnie. En plus, avec son âge, je suis certaine qu'il doit avoir son lot d'illégitimes qui traient par delà les sept mers. Bref, c'est pas la révélation que me sidère, c'est le fait qu'il soit au courant! Et lui de poursuivre.

"Je sais ce que les trainées comme toi veulent de lui! Alors tiens, voilà de l'argent et ne l'approche plus!

Cette fois, la gifle est partie. Et c'est au rejeton de Red de ne pas comprendre ce qu'il lui arrive. Il recule, la main gauche sur sa joue endolorie. Il n'a pas vraiment eu mal, mais je vois bien qu'il a la larme à l'œil. Fierté blessée, sans doute.

"Pour qui te me prends! Sérieusement! Tu crois que je suis avec Red pour son argent? Je l'aime figue-toi!" explose-je.

"Ah ouais? Et toi, tu crois qu'il t'aime en retour? S'il t'aimait, il t'aurait parlé de moi!"

Il marque un point. Après tout, en me déclarant à Red, je l'ai peut être un peu forcé à accepter mon amour. Il se peut qu'il ait accepté parce qu'il a eu pitié de moi. Cependant, mes doutes sont vites chassés quand je vois un petit sourire mauvais au coin des lèvres du gamin. Il est ravie d'avoir semé le doute dans mon esprit. Alors moi aussi, je me fais mauvaise.

"Et tu ne t'es jamais dit que s'il ne te mentionne pas auprès de ses conquêtes, c'est qu'il a honte de toi?"


Le jeune homme vire cramoisi en moins de temps qu'il ne faut pour dire Alabasta. J'ai touché une corde sensible, je le sais. Je ne suis pas aussi mesquine d'habitude, mais l'insolence de ce garnement m'a poussé à bout. Lui, ivre de rage sort son calibre avec l'envie assumée de me mettre une cartouche. Hum… mauvaise formulation…remplaçons ça par : il sort son arme, une lueur de meurtre dans les yeux, voulez-vous? Seulement, il n'a pas le temps de faire feu. Je l'ai déjà neutralisé d'un puissant coup dans l'estomac. Il s'effondre au sol, inconscient.

"Vendémiaire, vous voulez bien monter ce jeune homme dans ma suite, nous avons à discuter."
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Mon grand gaillard de gérant de boutique à transporté le gamin dans mes appartements. Il le pose aussi délicatement que faire se peut sur une chaise. Profitant qu'il soit encore inconscient, Vendémiaire en profite pour fouiller le jeune homme. Pas d'autres armes, apparemment. J'apprécie le zèle de mon homme de main.

"Merci, vous pouvez nous laisser à présent."

"Tu es certaine que ça va aller?"

"Ne vous inquiétez pas. Tout ira bien. Je ne pense pas qu'il puisse me faire grand mal… "

"Ce n'est pas pour vous que je me faisais du souci..."

"Oh? Je serais gentille, promis!" dis-je en souriant. "Dites, vous voulez bien nous apporter du thé? Et deux tasses? Ce serait charmant! Merci."

Mon collaborateur ferme la porte et nous laisse seuls. Je tire une chaise et je la positionne de telle façon à pourvoir appuyer mes bras sur le dossier une fois assise. Je laisse le minot récupérer et je l'observe. Il a la même tête que Red quand il dort. C'est marrant. A moins que ce soit moi qui cherche (et trouve) des ressemblances maintenant que je connais leur lien de parenté. Lasse, je laisse mon regard explorer la pièce. C'est ma chambre, je la connais, mais j'en profite pour vous faire une visite guidée. L'endroit n'est pas décoré car je suis plus préoccupée par l'utile que le beau. Hormis quelques photos de proches qui prennent la poussière sur une commode, c'est spartiate. Un petit bureau avec ma vieille machine à écrire dessus, un lit double, un placard et un miroir. Il y a bien deux chaises aussi, mais elles sont occupées pour le moment.

Vendémiaire revient, il frappe avant d'entrer, et pose un petit plateau d'argent sur le bureau. Une théière fumante, deux tasses en porcelaine et quelques biscuits. C'est parfait! Je remercie mon complice et je me décide à réveiller mon "invité". Deux claques suffisent à le faire émerger. Non sans quelques vives protestations.

"Arrête de me frapper, mégère!"

Une troisième gifle lui impose un certain silence.

"Surveille ton langage!"

"Tu n'es pas ma mère, tu n'as rien à me dire!"

"Tu as raison, je ne suis pas ta mère. Je suis la femme qui aime ton père. Je n'ai donc aucune obligation de t'apprécier ou de céder à tes caprices. Ma bienveillance se limite au fait de te garder en vie le temps que je mette les choses au clair avec ton paternel. C'est tout. En attendant, on peut discuter d'adulte à adulte si tu le souhaite.

Il hoche la tête en signe d'approbation.

"Je me sers du thé, tu en veux une tasse? Sinon, je peux commander ce que tu veux."

"Du thé, ce sera bien. Merci."

On a chacun une tasse à la main, mais pour le moment, on se regarde un peu en chien de faïence. Discuter, c'est bien, mais quoi se dire? Je ne sais pas trop. Et lui aussi, apparemment. alors je réalise qu'on ne s'est pas encore présenté l'un à l'autre.

"Je m'appelle Jeska Kamahlsson, enchantée."

"Moi c'est Damien D. Dalton."

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La conversation se poursuit. Pas de la façon la plus détendue du monde. Il faut dire que, lui comme moi, on a compris l'importance de l'autre dans la vie de Red. Et ce n'est pas tant la peur d'être indiscret que celle de trop en dire qui rend la situation un brin gênante. On souhaite tous les deux se montrer sous notre meilleur jour afin de convaincre celui d'en face qu'on est "digne" de la place qu'on souhaite occuper dans le cœur l'être qu'on aime. Alors ça fait un peu formel, comme un entretien d'embauche. J'aurais préféré quelque chose de plus spontané, mais je saurais me satisfaire de ce que Dalton me laisse comme informations. Après tout, il est bien comme son père, le petit. Pas très expansif dès qu'il s'agit de sentiments. Ou alors c'est un truc de mec. Une sorte d'obligation de se montrer solide et fort en toutes circonstances. L'expression de leur pudeur. Encore un concept qui me passe mille lieues au dessus de la tête. Même maintenant que j'ai enfin la capacité de voir, je ne comprends définitivement pas cette pudibonderie. Ce que je suis, ce que je ressens, je ne vois pas l'intérêt de le cacher. Et encore moins à ceux auxquels je tiens. Après Jack sans Honneur, pourquoi pas Jeska sans Pudeur? Mmmh, non, ça fait trop racoleur.

Et finalement, je finis par aborder le sujet.

"Au fond, tu aimes ton père."

"Tu dis n'importe quoi."

"Vraiment?" répond-je amusée. "Alors pourquoi essaie-tu de le protéger de filles comme moi?"

...

"Je pars donc du principe qu'on l'aime tous les deux." Je poursuis. "Ca ne nous oblige pas à nous apprécier. Mais, on peut au moins essayer d'avoir des rapports courtois."

Toujours pas de réponse. Je met du temps à comprendre ce dont il s'agit. Il ne cherche pas à protéger Red. Il veut son attention. Et si Dalton a cherché à m'éloigner de son père, c'est uniquement car il espère d'une façon où d'une autre, que ce dernier le remarque. Qu'il reconnaisse sa valeur. Je réalise maintenant que pour ce gamin, vivre dans l'ombre de son paternel a dû être sacrément pensant. Moi, j'ai choisi d'y être, je savais à quoi m'attendre. Mais cet enfant n'a pas eu d'autres alternatives. Sauf qu'il ne comprend pas que, quoi qu'il fasse, il restera toujours le fils de son père. Et que s'il veut éviter la comparaison, il a tout à gagner à ne pas suivre son exemple. Mais quand je vois sa tenue, je me dis que c'est plutôt mal barré.

Puis soudain, ça pleure dans la chambre d'à coté. Poliment, je m'excuse et je file voir mon petit Sakazuki. Il s'est cogné en jouant. Il n'a rien, mais il a eu peur. Le petit bout d'ange a besoin d'être consolé, alors je le prend avec moi. A aucun moment, je ne pense à la réaction que pourrait avoir Red junior.

"Tu... tu as un enfant?" s'exclame-t-il.

"Oui, j'ai eu une vie avant de rencontrer ton père."

"Et son père à lui?"

"Une erreur de jeunesse."

Je me demande si, à l'instar de son géniteur, le petit ne serait pas plus intéressé par mes failles que par ce que je daigne lui montrer.

"Une parmi tant d'autres." Ajoute-je d'un air faussement las.

Je vois alors que j'ai toute l'attention du minot. Je pense que je dois être la première femme qui n'essaie ni de le charmer, ni de le cajoler. Et je sens que, malgré ce que laisse transpirer son attitude, il souhaite être autre chose que juste le fils de Red. Et paradoxalement, c'est en faisant ça qu'il lui ressemble le plus. Mais ça, je me garderais bien de le lui dire.

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Mon petit garçon est retourné dans sa chambre et moi, j'ai fait le premier pas. Je n'en avais pas envie, mais je l'ai quand même fait. Et grand bien m'en a pris! Car une fois que j'ai laissé tomber l'armure, Dalton aussi a baissé sa garde, et on a pu avoir une discussion plus détendue. On a même eu quelques éclats de rire. Je ne dis pas qu'on est devenus amis, ces choses là prennent du temps, mais au moins on se respecte assez pour ne pas se chercher des crosses.

Et finalement, l'heure du thé laisse place à celle de la bière. On quitte donc mes appartements pour aller au rez-de-chaussée savourer une mousse bien fraîche et la charmante compagnie de mes hôtesses.

"C'est un bel endroit." me dit-il sans préambules.

"Oh, tu sais… on ne vient rarement ici pour la déco..."

Je vois la gène dans son regard. Je m'en amuse un peu.

"Tu ne devrais pas détourner le regard, les belles choses sont faites pour être regardées."

Il se ragaillardit et profite de la première revue du cabaret en sirotant nerveusement sa bière. Quant à moi, je me dis que recouvrer la vue m'a rendue un peu philosophe, mais pas encore assez pour être pénible. Et heureusement l'alcool me rend joyeuse, ou insouciante. Peut-être même inconsciente, qui sait? Enfin, on garde la table jusqu'à la seconde revue, et on finit par aller dîner plus au calme, avec Sakazuki, dans ma chambre.

Red arrive un peu avant le fromage. Je vois qu'il hésite à rentrer. Pas de bol pour mon capitaine! Je me suis déjà levée et je l'ai pris par la main. S'il pensait esquiver le repas, c'est loupé! Maintenant qu'on est ensemble, on ne peut plus faire famille à part! Ou alors on fait aussi lit à part! L'ambiance se refroidit un peu, et je n'en suis pas surprise. Il faudra bien plus que quelques échanges pour recoller les morceaux entre ces deux-là.

Finalement, je mets Sakazuki au lit. Dalton quant à lui, a filé se rincer l'œil au cabaret. Je n'ai pas grand chose à dire, après tout, il est grand, et je ne suis pas sa mère. Tiens d'ailleurs, en parlant, de ses parents, j'ai le père sous la main qui me regarde d'un drôle d'air.

"Il s'est pointé ici et a exigé des explications?" me justifie-je."Que voulais-tu que je fasse?"

Red s'assoit sur le lit, le regard las. Je sais que quand il vient ici, ce n'est généralement pas pour parler. Ou pas de ces choses là. Je soupire. Heureusement que je l'aime, cet imbécile! Alors j'essaie de faire preuve de douceur. Je le prends dans mes bras et je lui murmure.

"Si c'est trop douloureux pour toi d'en parler, je ne veux pas te forcer. J'attendrais. Mais, à un moment ou à un autre, Red, il faudra qu'on en discute. Je mérite au moins ça."

Délicatement, il incline son visage vers le mien et m'embrasse. Ha, le vil coquin, s'il croit s'en tirer à si bon compte! Il se met le doigt dans l'œil, jusqu'au coude! Noyer le poisson avec des câlins! Je ne me ferais pas avoir par une ruse aussi grossière! Ce n'est que partie remise!

Mais après, là, j'ai à faire!

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