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Wrath's Genesis

La tempête Attila. Le météorologue à la chevelure blonde et à l'esprit singulier, s'agitait, s'activait, faisant danser son bâton magique pour plonger le ciel de Luvneelpraad dans le plus gros merdier climatique que ses habitants n'avaient jamais connu. Perché sur les toits, progressant à ma suite tout en exécutant son espèce de danse, qui m'inspire plus le rituel d'une foutue invocation, Korrigan entre dans la danse. Et s'il le fait si bien que je suis obligé de lui aboyer d'arrêter, je dois avouer que ce petit effet de style est à mon goût. Parce que c'est exactement ce que je veux, déchaîner la colère des dieux sur cette ville, ce manoir, ce gros lard.
Les nuages sombres recouvrent la voûte céleste, comme une armée divine prête à se déverser sur le monde des mortels. Y'en a qui doivent être en train de se chier dessus, mes avis. La pluie se déverse, crescendo. De petites gouttes qui vous tombent sur le coin de la fiole par intermittence, elle devient averse en un rien de temps. Et je peste, parce que je vais finir trempé jusqu'à l'os, finalement. Mais je serai pas le seul emmerdé par ce temps, temps qui ne fera qu'empirer. D'ici peu, les dieux feront entendre leurs voix et l'orange rugira, la foudre éclatera. C'est pas seulement ce vieil enfoiré de Peeter qui va te tomber sur le lard, Bambana, c'est une putain d'apocalypse.

De la joyeuse bande de salopards que j'ai recrutés pour l'occasion, seuls quelques-uns suivent mes pas, en ce moment même, s'enfoncent dans les ruelles, aux aguets, prêts à se jeter sur le premier chapeau de tonton flingueur qui se pointe. Juste derrière moi, je peux sentir l'aura guerrière, meurtrière, violente, de Kaen. Elle s'évapore continuellement de sa peau comme l'effluve qui ressort d'une tasse de café, naturellement. Le savoir avec moi me rassure, compense le fait que Matthias et les autres soient ailleurs, suivant d'autres instructions.
— En voilà trois. La voix grave du surnommé Fraktur et son accent haché me sortent de ma réflexion, sa silhouette me devançant de quelques foulée, il fonce sur le trio de mafieux surveillant l'angle. Avant qu'ils le voient venir, il a déjà balancé un poignard dans le frontal du pauvre gars qui zieutait dans notre direction. Les deux autres ont tout juste le temps de remarquer leur pote mort, au sol, que le sauvage est déjà sur eux, fracassant la mâchoire du premier et envoyant valser d'un puissant coup de semelle au thorax, le dernier. Kaen achève le plus proche, honorant son surnom. Korrigan scelle le sort du troisième, qui se relevait péniblement, le souffle court.

Premier sang versé de la journée, des litres vont bientôt suivre. Je reprends la tête du convoi et prends à droite, direction le manoir Bambana. Quand la foudre frappe, on l'aperçoit au loin, se dresser face à nous comme une forteresse infranchissable. C'est seulement une impression, cette fois est la bonne et Le Padre n'a plus aucun endroit où filer. Il va tout miser ici tout comme je vais tout donner aujourd'hui. Un sale enfoiré verra pas le prochain jour, reste à savoir lequel ce sera.
Sans même m'en rendre compte, je presse le pas. La colère est un feu qui alimente mes muscles, mes membres, impose son rythme et me pousse à l'erreur. Focalisé sur ma haine, j'en oublie la prudence et la merde me tombe directement dessus. Deux enfoirés de tontons flingueurs, fumant leurs clopes à l'abri de la flotte, sous la devanture d'un petit restaurant fermé. Je les remarque une fraction de seconde avant qu'ils m'aperçoivent et c'est à qui dégainera le plus vite.
Flingues en mains, j'arrose sans réfléchir. Quatre bastos grondent et fusent au travers du rideau de pluie.
La première arrache un morceau de peau de la mâchoire du troufion le plus à droite, la seconde troue l'épaule du même zigue. La suivante vient siffler à l'oreille de son collègue mafieux et la dernière vient se loger dans son torse. Ils s'écroulent l'un à la suite de l'autre, gémissant, agonisant.

— Bah super la discrétion, tss ! Si l'idée c'est de rameuter le Padre, tu t'en sors comme un chef, Dicross ! Goro peut râler, j'en ai rien à carrer. Il est agacé, grogne et fait savoir que ma méthode lui plaît pas, mais je m'en tamponne. Il a les foies, a les guiboles qui claquent à l'idée qu'on soit repérés si tôt. Je lui en veux pas, Bambana est pas le premier péquenaud venu, on parle d'une des plus importantes familles mafieuses des blues.
Sans s'arrêter d'avancer, on passe à hauteur des deux types encore en vie mais hors course. Mes bras se lèvent machinalement dans mon élan et deux autres balles fusent, touchent cette fois des points vitaux. Ils vivront pas quelques minutes de plus. Aucun d'entre eux qui croisera ma route survivra. Et Goro surenchère, marmonnant dans sa barbe bien fournie, les sourcils si froncés qu'ils se rejoignent presque.
Un brin bourru, vieillissant, une cinquantaine d'années, Goro est un de ces mercenaires qui roule sa bosse dans le milieu depuis si longtemps qu'on est obligé de le respecter. Assumer un poste pareil durant une trentaine d'années, ça le forge, le respect. Seulement plus les années passent et moins ses réflexes sont bons et sa témérité en prend un coup chaque fois qu'une bougie se rajoute sur le gâteau. En temps normal, Goro aurait pas accepté ce contrat, pas si proche de rempiler. Seulement lui aussi, comme beaucoup d'autres sur Manshon, a la rage contre Antoni Caesar. Alors quand je suis venu le trouver en lui apportant une opportunité de lui faire la peau, il a pas pu refuser.

— Je suppose que maintenant, on est bien cramés ! Je garde le silence, continue de progresser. Kaen laisse échapper un sourire amusé, lui non plus ne craint pas d'être vu, lui aussi trépigne à l'idée de tous les fracasser.
Des voix commencent à s'élever autour de nous, les coups de feu ont résonné loin et attirés les curieux, mais surtout les criminels chargés du comité d'accueil. On court encore quelques minutes, se sentant entourés, l'étau se resserre lentement.
— Ils sont là ! Flinguez-moi ces fils de chiens !Que ça braille subitement, une dizaine de types en costards, chapeaux sombres sur les cheveux observant dans la direction que pointe le doigt rattaché au corps qui appartient à cette voix. — Tu fais chier, Dicross ! Le vieux mercenaire crache la fin de son cigare et fait basculer le gros fusil à triple canon qui pend dans son dos. Il arrête sa progression et assure son équilibre, lorgnant les cibles des dizaines de mètres plus loin.
Kaen pousse un grognement sauvage, bestial. Il exulte, continue de gueuler comme un animal, un guerrier avant une grande bataille, grimaces en appuis. — RAMENEZ-VOUS BANDE DE FIOTTES ! Je dois avouer que même moi, quand il beugle, ça me motive, accroît un peu plus encore le brasier de violence qui consume mon âme.

Je stoppe toute progression à mon tour, les doigts qui démangent d'appuyer sur la gâchette et de rafaler dans le tas.

Derrière-moi, Korrigan fait virevolter son bâton de magicien entre les doigts de sa main, affiche sourire malicieux.
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Les uns et les autres savaient ce qu'ils avaient à faire. Korrigan trouvait les ordres d'une simplicité enfantine le concernant. Tout ce qu'il avait à faire, c'était suivre et protéger le Discross de ses ennemis. L'emmener jusqu'à bambana. Et regarder depuis son coin la chute de l'homme responsable de son sort d'esclave. Après avoir été un paysan, trimé des jours entiers pour avoir le fruit de la sueur de son front, après avoir subit l'échec et l'exil à Weatheria, il avait fallut qu'il tombât bien bas. Mais c'était pour mieux se relever, non ? Il ne pouvait pas aller plus au fond du trou que d'avoir finit esclave pour un mafioso endimanché, non ? Ces questions dans la tête, il avançait l'air aussi fermé et songeur que Peeter, semblant porter un poids sur ses épaules en constance.

Le "magicien" de la troupe, celui qu'on appelait plus par le doux nom de Koko, descendit du toit ou il était perché depuis le début de la tempête au moment ou l'on commençait à voir des hommes en armes vouloir stopper leur avancé. Peeter les connaissant de vue, cela facilitait l'opération. Après, vu le déluge qui semblait prêt à craquer sur Luvneel ce jour là, il fallait être inconscient, ou rudement occupé dans la vie, pour se trouver sous les gouttelettes de pluies et les éclairs déchaînés par le jeune paysan de l'archipel aux éveillés, le maître météorologue charlatan qui ne savait même plus s'il appartenait à une faction, à un pays ou une île en particulier, tant il avait voyagé, bourlingué, traverser de territoires.

Il verrait plus tard toute ces questions d'appartenance, ou de nationalité, tout ce qu'il savait pour le moment c'était qu'il ne s'était jamais autant senti chez lui que sur Weatheria. La petite ile céleste, était un de ses endroits qui avaient sa préférence. Parce qu'il y faisait bon vivre, ou peut être parce qu'il y'avait laissé des petits bouts de lui même, des souvenirs. La nostalgie n'ayant pas sa place dans notre histoire actuelle, il secoua la tête de droit à gauche, reprenant là ou la colère l'avait laissé.

Il semblait évident qu'ils ne feraient pas de quartiers, et qu'avant tout, ils devaient détruire ce que devenait l'organisation de Bambana, une catin décrépis sens valeur, usant de tout les aspects illégaux du monde, sans contrainte ni honneur. Korrigan voulait tout passé par le feu, il exigeait que tous de sa liste mentale, y passent comme Bambana. Des hommes ignobles et sans cœurs, qui n'avaient que de la vilénie et du venin à la bouche, des êtres sombres et violents, malfaisants.

Koko ne faisait pas sa de gaieté de cœur, mais s'il fallait en passer par là pour que personne ne revive le même calvaire que lui. Il attrapa une graine dans son grand sac, et la planta dans le sol. Une plante sembla s'en prendre à lui. Il n'en était rien. Elle l'entoura comme une exosquelette protecteur, une sorte de bouclier qui, lorsqu'il fut mouillé par les premières gouttes de pluie, se couvrait d'épines meurtrières. Il sortit son bâton magique et  ajusta la température autours de lui, un mirage flou le remplaça, tandis que trois répliques de lui même se ruèrent à l'assaut des ruelles, et qu'une nuée de balle ne terminèrent leur courses dans les murs, annonçant clairement la couleur : Ils étaient maintenant repérés et attendus.

- Je passe devant, et tente de t'ouvrir une brèche, fit le jeune magicien, toujours flouté comme si on l'avait censuré, ce qui, dans le déluge ambiant, semblait passer pour de l'invisibilité. Un simple tour de passe passe, aurait répondu le jeune homme à longue chevelure blondine.
    — Je passe devant et tente de t'ouvrir une brèche. Un simple hochement de tête en réponse, je reste focalisé sur ce qui de trouve devant moi, les hommes de Bambana. Des hommes qui doivent mourir, cette seule pensée me martèle le crâne et m'empêche de réfléchir correctement. Je n'ai plus envie de cogiter, de toute façon, je veux seulement faire couler le sang.
    Korrigan a sorti un nouveau tour de sous le chapeau et son corps se retrouve protégé par une espèce d'armure plante parsemée d'épines. Kaen a sorti sa machette et sa hache de combat, il les frappe l'une contre l'autre dans un rythme de tambour de guerre qui a pour effet de nous galvaniser davantage encore. Il a même réussi à faire taire Goro, qui commence à enrager aussi, à trépigner d'impatience. Flingues rechargés, je les lève à hauteur d'épaule pour les délester de deux bastos.

    Elles fusent à grande vitesse et forcent la dizaine de gangsters à se scinder en deux. Korrigan s'élance aussitôt après, suivi par Kaen qui se charge de l'autre flanc. Les réactions sont immédiates et les mitraillettes crachent leurs rafales. Il pleut autant de plombs que de pluie, maintenant.
    Je suis allé me foutre à couvert, un oeil sur le magicien blanc qui se démène pour se rapprocher au mieux. Je suis pas radin en balles et j'hésite pas à cracher la mort dès que je peux, mais la distance et les couverts de chacun rendent pas l'exercice facile. Et ça m'agace, de pas avancer, de pas les flinguer. Pistolets vides, je me planque pour recharger. Sous le long manteau, des ceintures de cuir qui se chevauchent, toutes garnis d'étuis dans lequel j'ai stocké des balles histoire de ne pas en manquer.

    Tout juste le temps de remettre les munitions qu'une déflagration se fait entendre, suivi d'une seconde. Ce diable de Korrigan est parvenu à ses fins. Je l'entends qui me braille d'en profiter et m'en faut pas plus pour foncer droit devant, les doigts chargés de presser les détentes qui s'en donnent à cœur joie.
    Et c'est vite devenu le bordel en face, entre March qui les harcèle d'un côté, Kaen qui en a profité pour venir les titiller de plus près de son côté et moi qui déboule en trombe, pleine face, tirant dans le tas. Quand j'arrive au contact du premier gars, quatre des siens sont déjà tombés. C'est pas pour autant qu'il a perdu sa combativité, au contraire.
    Il tente de me réceptionner avec un coup de crosse, auquel je réplique d'un coup de mon flingue et les deux armes se neutralisent. Le choc me fait lâcher le pistolet mais c'est pas plus mal, je peux aussitôt lui abattre mon poing sur la tronche. Mon panard lui fauche les jambes et le colle de force au sol. Avant qu'il de relève je suis déjà dessus, à le rouer de coups jusqu'à ce que sa tête soit un mélange de chair écrasée et de sang. Quand je me relève, haletant, le reste de la saloperie gît à terre.

    — On continue. A peine le temps de terminer ma phrase qu'une succession de déflagrations secouent le ciel. J'en ai pas parlé aux autres, mais je sais exactement de quoi il s'agit. Mathias a finalement dû retrouver Wayne, les tonneaux de poudres ont sautés, ça devrait attirer du monde là-bas. J'espère. Je veux vite atteindre Bambana pour lui faire la peau.
    La course reprend, je me casse pas la tête pour atteindre mon objectif. Je l'ai en ligne de mire et je vais tout droit, dévie de ma trajectoire uniquement quand ça s'impose. — Nouvelle patrouille, Peeta'. Sur la gauche, qui partaient en direction de la fumée. Eux aussi nous ont repérés. — Ils sont pour moi, les jeunes ! Le vieux mercenaire nous dépasse, avance encore de plusieurs mètres avant de pointer son fusil triple canons sur l'ennemi. Un tir, trois bastos explosives qui volent et balaient les mafieux à l'impact. Corps démembrés, corps brûlés, corps inanimés. — Y'en a ras le cigare d'être pris pour des pigeons de tir.  Il a la tête des mauvais jours, le Goro.

    Quand je vous dis que Kaen a le don pour accroître l'agressivité des gens. Ce mec pourrait rendre violent le prix mes burnes de la paix. Alors c'est pas vraiment son nom, au prix, mais je l'ai plus en tête, son nom.
    On progresse, pas assez vite à mon goût, mais on progresse. Machine bien huilée pour des types pas forcément habitués à bosser ensemble, mise à part Kaen et moi. Machine qui va tomber sur un nouvel os, surtout. Un os sur lequel se faire les dents risque d'être plus chiant que jusqu'à présent.

    Un putain de barrage à la con. Ils ont fermé la rue, des croix de bois renforcées par des plaques d'acier, coiffées de barbelés, des murets de pierres et de sacs de sable, un véritable blocus. C'était à prévoir que Wayne pourrait pas contenir toute l'armada de tontons flingueurs du Padre, faut pas oublier que Luvneel, c'est chez lui. — Tseuh ! Ces merdeux pensaient qu'on allait venir avec des chariots ou quoi ? C'est sans doute l'idée, oui. Mais aussi, ça nous ralentit. Parce que passer en force droit devant va être plus suicidaire qu'autre chose, vu la pelletée de trouducs qui se planquent derrière le barrage.

    À peine ils nous ont apperçu, qu'ils ont ouvert le feu.
    — Le vieux, fait sauter ce merdier !
    — Et comment, petit merdeux ?! Si je fous un poil de moustache dehors, ma peau deviendra du gruyère ! Je suis pas venu ici pour caner comme un amateur !
    — Oooh, je crois que eux aussi ils ont apporté leurs jouets.

    Planqué à l'angle d'un mur d'une baraque, je me risque à jeter un œil dehors pour voir de quoi parle Korrigan. Deux saloperies posent un genou au sol, un bazooka sur l'épaule, les mains qui tiennent le bordel. — Nom de dieu ! Planquez-vous bordel de couilles ! Ils ajustent l'espace de quelques secondes et tirent. Les engins de morts vomissent chacun un boulet de canon qui fondent à grande vitesse sur nos poires. Mieux planqués que des rats-taupes, les tirs explosent les façades des maisons, projetant débris, poussière, fumée et flammes dans toutes les directions.
    Crachant mes poumons par salve de violents toussotements, je désigne à Kaen de la tête, la porte d'un bâtiment à plusieurs étages, probablement des logements. Il comprend immédiatement et part se fracasser contre la porte, se jetant dessus comme un taureau sur sa cible. — Foutredieu ! Aussi barjot les uns que les autres ! La brèche est créée.  — À l'intérieur !

    Sauf que nous, forcément, on est attendu.

    C'est tout juste si le dernier a le temps de se jeter dans le trou que les boulets viennent balayer l'encadrement et sa façade, démolissant l'entrée, d'épais blocs de pierres venant condamner le passage.

    C'est pas par là qu'on ressortira, clairement.


    Spoiler:


    Dernière édition par Peeter G. Dicross le Ven 1 Juil 2022 - 12:35, édité 1 fois
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    Magnifiée, son envie d'en découdre se fit violence pour ne pas déborder. Lui qui semblait si lunatique, indifférent, presque incolore dans un paysage dichotomique, fort en contraste et en testostérone commença a s'échauffer. Des frissons. Il ressentit physiquement sa rage. Pulsion dans le poignet, et sourire malicieux sur le visage, son chapeau vissé sur sa tête ne s'envole pas aux premières touffes de terres soulevée par l'explosion que provoque ses citrouilles-nitro. La première explosion se confond avec un bruit d'éclair détonnant à quelques mètres de la scène de guerre. qui se déroulait dans les rues trempées de Luvneelgrad. Korrigan se planqua derrière une rangée de tonneau devant un bar fermé en hâte par son propriétaire/ Les balles pleuvèrent autours de lui, mais de toute manière aucune balles classiques ne semblaient assez efficace pour transpercer l'épaisse armure de bois, plus légère que sa cousine en acier, mais pour le moins efficace. Ricochant contre le bois humide et quasi vivant qui l'entourait, la belle rata son objectif et se perdit dans la nature.

    Déjà presque absent du paysage, les civils et habitants de l'île se cachèrent plus profond dans leur clapier, certains sortirent de chez eux pour aller dans le couloir, presque blasé de la violence qui touchait leur petite ville. Avec un mafieux aux dents longues comme Bambana dans les parages, quoi de moins étonnant ?

    Korrigan fit pousser quelques citrouilles supplémentaire,; et lança sa cargaison à tout va, avant de courir dans la même direction que Peeter. Comme une ombre, toujours les nerfs à vif d'en découdre avec le premier mafieux venu. Le sang coulant dans ses veines était brulant, presque comme en fusion, sa vue se brouillait par moment, tandis que les couloirs menant au sésame de nos deux compères et leur équipe, furent assaillies par des balles perdues, et d'autre.

    Les mafieux agissaient en défendeurs, mais le coup de Trafalgar directement frappé à la porte du manoir finit de réveiller l'hydre. Des ombres passent sur les toits, tandis qu'une cloche sonne au loin, celle de l'église peut-être, Korrigan n'en sait rien. Il se retourne pour voir s'il manquait quelqu'un, il était le dernier à entrer normalement. Dans les rues, le vide se fait tandis que la tempête provoqué par le maître météo ne gonfle comme un poisson globe, se montrant plus impressionnant que jamais au moment de passer au dessus des têtes des habitants, la pluie s'abattant presque à l'horizontale. Le vent s'engouffra dans le bâtiment qu'ils occupaient par les toits et les moindres interstices possible, soulevant tout ce qui n'était pas bien accroché. Et le chapeau de Korrigan qui n'avait toujours pas bougé.

    Il va pleuvoir autant de crachin que de balles; aujourd'hui.... Se dit le jeune magicien en voyant les trognes résolus et fermés de ses camarades de jeu. Peeter ouvrit la marche en s'enfonçant dans le bâtiment éventré jouxtant celui du manoir de Bambana. Ils filèrent come le vent dans la direction qui semblait être la bonne, tandis qu'au dessus de Luvneelgrad, les nuages noirs s'amoncelaient et dégorgeait de l'eau, et des éclairs qui menaçaient tout le monde.

    - Je crois que ma brèche, ils l'ont colmatés maintenant ... Fit le jeune homme en haussant les épaules, se portant à la hauteur de Peeter. Mais j'ai d'autre tours dans mon sac.. cria-t-il presque pour se faire entendre entre les éclairs, les éclats de boulet, et les balles qui continuaient de pleuvoir sur le bâtiment qu'ils occupaient. Ressortant par la porte arrière, Korrigan ouvrit la marche, sous une pluie battante. Attrapant un germe dans son sac, il le posa dans la terre, et la plante qui commença à pousser n'avait pas finis de grandir. Plus la pluie la gorgeait d'eau, plus la plante prenait de l'ampleur.

    S'accrochant à  une feuille de la plante ligneuse, Korrigan proposa à Peeter une sorte d'attaque aérienne du Manoir, avec cette graine particulière qui ne s'arrêterait de pousser qu'une fois totalement gorgée d'eau.
      Courir droit devant et s’encastrer dans les cloisons des appartements pour les traverser, c’est la vie que Kaen a décidé de mener. Le type est littéralement en train de nous dégager un passage au travers des murs, plutôt que de s’emmerder à emprunter les différents couloirs. C’est tout droit, c’est sans danger, enfin pour nous en tout cas. – Mais bon dieu Dicross, à quoi il est nourri ce garçon ? C’est un bulldozer d’os et de chair ! Si je savais à quoi tourne le sauvage, je prendrais la même chose pour tracer tout droit jusqu’aux miches grassouillettes de Bambana. Le fait est que je me contente de le suivre, quelques mètres derrière en m’assurant qu’il tombe pas sur un os.
      On en vient à débouler à l’air libre, d’un énième trou que Kaen a ouvert tête et avant-bras en avant. C’est allé plutôt vite au final, ça lui a coûté trois fois rien en plus, juste une légère commotion cérébrale j’imagine. Il secoue la tête comme un clebs qui vire la flotte de ses poils après un tour dans l’eau. Nos regards se croisent brièvement, Korrigan et le vioque nous rejoignent aussitôt. – Et maintenant ?

      – On contourne. Le manoir de Bambana est pas loin, mais on y arrivera pas tous. Goro, j’ai besoin que tu restes ici et les occupe. Ça fait chier, mais c’est leur but. Nous diviser, faire en sorte qu’on y arrive pas tous, ou personne, idéalement. Et Goro est le plus apte à mener une guerre de bastos à aussi longue distance. – T’inquiètes pas Dicross, je leur troue le fiaque avec mes canons et je reviens illico vous trouver pour régler le compte de Bambana ! C’est un bon Goro, je le savais.
      Mes flingues sont rechargés, on y retourne. D’un hochement de tête que je lui rends, le vieux charge son fusil et déboule dans rue qui donne sur le barrage, des dizaines de mètres plus loin. Il braille un truc qu’on entend mal et l’instant d’après, c’est un tonnerre de balles et un vacarme assourdissant de détonations de tous calibres.

      Je me suis pas cassé la tête à me demander pourquoi ils ont installé un barrage là-bas, pourquoi là-bas et pas ailleurs, pourquoi ils se sont contentés de cette rue. D’accord, c’est la voie la plus rapide et donc forcément qu’un chien enragé va l’emprunter pour atteindre au plus vite sa cible. Mais je pense que si j’y avais un peu plus réfléchis, que si la haine m’aveuglait un peu moins et mon impatience me poussait pas autant les miches, j’aurais pu renifler la merde arriver.
      Quand je parle de merde, je parle de celle sur laquelle on vient de tomber, une dizaine de minutes après. C’est là que j’ai tiqué. C’est là que j’ai repensé au blocus. C’est là que je me suis trouvé con, que j’ai craché par terre et insulté tous les morts du Padre. Putain d’enfoiré de merde. Il a anticipé, il a prévu le coup. Que j’allais pas m’emmerder à forcer le barrage, que j’allais pas perdre mon temps, que j’allais contourner.

      C’est pourquoi il a demandé à ce type de nous attendre pas loin.
      – Peeter.
      Putain pas lui.

      Wrath's Genesis  Piit

      – Marc.
      Marc O’landers, un de ces types qui se complaisent dans la violence, le crime et le fric. Un de ces types qui feraient tout tant que tu allonges les billets. Pas de conscience, pas d’empathie, juste des muscles, de la cruauté et une prédisposition à tuer sans broncher. Tout ce que je peux détester, tout ce que j’ai tenté pendant des années d’éviter de devenir.
      – Finalement le bon toutou a décidé de mordre la main de son maître hein ? Tu me déçois enculé, t’es en train de foutre en l’air ma vie là. Sale putain d’égoiste.
      – T’en fais pas pour la suite, si t’es ici c’est que t’es déjà condamné sombre merde.
      Il rigole, termine sa clope et la jette par terre, sans même l’éteindre.

      – Je me suis toujours posé la question Peeter, si on devait se foutre sur la tronche un jour, qui crèverait ?
      – Parce que t’es assez con pour croire que t’as une chance ?
      En vrai, j’ai toujours voulu éviter de me retrouver face à lui. Ce type, c’est comme un gros tigre. Brutal, fort, endurant, mortel. – T’en imposes pas mal chez les tontons flingueurs, c’est vrai. T’as même réussi à buter Anatoli et ça c’est sacrément fort, j’avoue ! Mais je suis pas aussi fragile. Je grimace, la colère déforme mes traits, bordel.
      Il me fait perdre mon temps.
      Ça me gonfle. – Je vais te briser. Range mes flingues, réajuste le masque souillé de sang sur ma fiole et vais pour m’avancer vers O’landers.

      Le bras de Kaen me bloque, ses yeux sont braqués sur le tigre face à nous. – Perds pas ton temps avec lui. Il est à moi. Avancez.
      Fraktur… un vrai frère. L’un des seuls avec qui j’ai pu nouer une amitié et une confiance aveugle depuis que j’ai rejoint cette famille maudite. Sans lui, sans eux, longtemps que mon corps serait au fond d’un canal crasseux et pollué de Manshon. – Je t’interdis de crever. D’un signe de tête, j’ordonne à Korrigan de suivre et on se casse. Marc ne fait rien pour nous retenir, il ne peut pas, Kaen lui est déjà rentré dans le lard, déterminé à en découdre. Ils s’échangent des énormes patates pendant qu’on s’éloigne, manoir de Caesar en ligne de mire.

      Plus que quelques mètres bordel.
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      Le manoir.
      Dans mon bide, le brasier implose. Une véritable déflagration qui ébranle tout l’intérieur à la simple vue du dernier bastion de Bambana. Y’a plus rien où se planquer, y’a plus le temps non plus. Il a tout misé ici pour me tenir tête, pour tenir mes crocs à l’abri de ses grosses miches.
      Il est pas dans l’équipe gagnante. A la masse, il s’imaginait sans doute pas que je puisse réunir de gros moyens pour lui faire la peau.
      Sa plus grosse erreur a été de me laisser en vie, y’a huit ans de ça.
      Non, sa plus grosse erreur a été de tuer Talia. Il a précipité mes plans, a précipité mon passage à l’acte. Maintenant, plus rien me retient de le fumer. Pas même l’énorme dispositif autour de sa baraque hors de prix.

      – On attend quoi, Peeter ? Korrigan m’arrache de mes pensées, vrai que ça fait un moment qu’on poireaute à l’abri des regards. Jusqu’ici, on a foncé droit devant en se détournant de l’objectif uniquement en cas de gros pépin, alors pourquoi attendre comme des glands et ne pas y aller comme des bourrins ? L’armée. De sales années passées là-bas, j’y ai retenu des trucs utiles. Comme les stratégies militaires. Encercler mon ennemi, lui couper la retraite et instaurer un mouvement de panique dans les rangs, le succès est presque entièrement garanti. Et pour ça, rien de mieux que…
      – L’embrasement. Parce que toute ma vie a tourné, tourne et tournera autour des flammes, le Padre ne fera pas exception à la règle. Le feu, c’est ma signature, ma marque de fabrique, ma dernière sortie sur North Blue doit se finir de la même manière que j’ai si souvent opéré, en cramant les rats jusqu’à la moelle. – Ils devraient plus tarder, maintenant. S’ils sont pas tombés sur une couille en chemin, du moins. Vingt minutes à observer droit devant, à réfréner mes pulsions pour ne pas y aller solo, c’est long.

      C’est presque si je perds patience.
      Presque si je suis pas à deux doigts de me déchaîner et foutre en l’air mon propre plan. Plan élaboré depuis plusieurs jours, longuement étudié.
      Presque.
      Au moment où ça me démange le plus, une bonne dizaine de bouteilles, liquide inflammable dans le ventre et tissu enflammé au bec, s’envolent et vont s’écraser de part et d'autre de la pelouse du manoir. Elles alertent les tontons flingueurs, qui hurlent et braquent les canons dans des directions approximatives.
      Le jour se lève, mais il n’éclaire pas encore suffisamment pour leur offrir une vue claire de ce qui se passe. De longues secondes s’écoulent, avant qu’une seconde salve tombe. La première a déjà commencé à foutre le feu au jardin, la seconde aggrave les circonstances et certaines menacent même les mafiosos.

      Mouvement de panique chez les gardes, exactement ce dont j’avais besoin.
      Panique qui atteint son paroxysme quand une bouteille enflammée vient frapper l’un des mafieux, qui s’embrase aussitôt et se transforme en bonhomme de feu. Il hurle, se débat, gesticule, hurle, souffre, hurle, s’agite, va même jusqu’à implorer ses potes de l’aider, cherchant leur contact. Les lignes se brisent définitivement et les balles fusent sur les lapins en déroute. – L’embrasement, je suppose ?
      Tout pile, l’ami. C’est le dernier groupe que j’ai monté qui en est à l’origine. Alonzo, mon vieil ami, est la tête de ces quelques gonzes qui avaient un objectif bien clair depuis le débarquement. Contourner tous les problèmes, ne pas être repéré, y aller en douce, prendre le temps, prendre une plombe s’il le faut, mais atteindre le manoir. Une fois sur place, foutre le feu à la pelouse, les flammes encercleront le manoir et piègeront tous ceux à l’intérieur. Et pour les plus courageux qui tenteront leur chance à travers le brasier, ils seront là pour les cueillir.

      Avec ça, je suis assuré de ne pas subir le même coup de pute que sur Manshon. Boule de Billard n’a plus aucune solution de repli, je viens de lui cramer la dernière.
      Maintenant, je peux tout exploser.
      – Petite question. Comment on passe, nous, du coup ?
      – Mah. Très simple. Suis-moi.
      Et esquive les balles, accessoirement. Parce que ça part dans tous les sens entre Alonzo et ses gars et les tontons flingueurs qui tentent de défendre l’endroit.

      Je déboule à toute berzingue sur le premier type à chapeau que je vois, dans son angle mort, de toute façon il est trop occupé à gérer la merde qui gicle dans tous les sens. Lui fait voler son flingue, l'attrape par le col et le gras de la peau et le décolle du sol, chargeant droit devant avec mon nouveau bouclier humain. Il me colle un coup de carafe dans le naseau, c’est légitime. C’est pas pour autant que je m’arrête, malgré un renouvellement de sa part. Il a le temps de m’en foutre un troisième avant de piger ce que je lui réserve. Il sent la chaleur des flammes lui lécher le dos avant d’y être entraîné le premier, me servant de seconde peau pour préserver la mienne, qui aurait moyennement apprécié un contact direct avec du feu.

      Le mur de flammes est franchi. Les fringues commencent à prendre feu, je me sépare immédiatement dea veste et du gilet. Sous mon masque, je que à grosses gouttes, la température a pris une foutue pente ascendante l'espace d'un instant. Korrigan me rejoint, enveloppé d’une espèce d’armure plantureuse étrange, sourire aux lèvres. Il a vraiment des dons de sorcellerie ce type. – On trace aux portes.
      Trois types font barrage devant, trois guignols qui manquent pas de faire prendre l’air aux balles présentes dans leurs armes dès qu’ils nous voient. Une haie de bambous nous protège. Encore merci Korrigan. Je riposte, les balles pleuvent, touchent un gars qui s’effondre, les deux autres baissent les têtes.
      Plus que quelques mètres de course. – Korrigan, ta citrouille qui explose. Il a pas le temps de m’avertir du danger que ça représente pour moi que j’ai pris de la vitesse, vide mes flingues et force les deux gusses à rester planqués. La citrouille fuse, me dépasse dans un sifflement et heurte la porte verrouillée et blindée trois secondes avant que je m’élance. Le retour de souffle de l’explosion m’engloutit, me brûle, je trace au travers pour finir mon saut contre ce qu’il reste de la porte, poing chargé vers l’arrière.

      Une patate de forain, comme on dit. Une bonne grosse tatane dans la porte branlante, le poing serré, enragé. Ma force fait valdinguer ce qui restait de résistance, et je déboule en trombe dans le hall, à moitié cramé. Plusieurs roulés boulés au sol avant de me fracasser contre une autre porte gardant dans l’anonymat une pièce dans laquelle je disparais aussi vite que je suis apparu.
       

      Résumé : J'ai bien évidemment l'autorisation de Korrigan pour utiliser son perso en tant que PNJ pour le bien de la quête.

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      Dernière édition par Peeter G. Dicross le Lun 25 Juil 2022 - 5:51, édité 1 fois
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      Tousser, parce que ma dernière cabriole m’a pas fait que du bien. Entre la fumée, la déflagration et l’entrée fracassante, mon corps a besoin d’expulser ce qu’il considère être nocif pour lui. Je tousse, virant les débris de trucs dont j’ai pas l’identification, la pièce est faiblement éclairée par le trou nouvellement formé, ce qui me permet pas de savoir exactement ce que c’est. Y’a du bois, du verre et de la ferraille. Du bruit quand je vire le tout de ma carcasse et que je me relève, pour sortir par l’encadrement créé.

      Chemise blanche noircie, trace de sang sur les bras, de brûlures un peu partout et entaille au front. Toujours cette même rage au ventre qui m’aveugle, m’alimente, me pousse à me relever.

      Dans le hall, c’est un véritable bordel. Les tontons flingueurs ont cherché à m’approcher, mais Korrigan s’est dressé en barrière inébranlable, une fois de plus ce type me sauve les miches. Ça en devient gênant, limite. Les balles se heurtent aux créations farfelues du bonhomme tout de blanc vêtu, qui a l’air de s’en amuser. Tantôt météorologiste, tantôt magicien, tantôt protecteur, ce type est comme une bénédiction tombée du ciel pile au bon moment.
      Je rentre dans le tas comme un lion enragé, avale la distance qui me sépare des tireurs pour rendre les armes à feu inutiles. Quand tu commences à taper au corps à corps, difficile de ferrailler dans le tas et prendre le risque de trouer tes propres potes. Et ça tape fort sur les boîtes crâniennes, les mâchoires serrées et les poings fermés, les phalanges heurtent les os et la chair, brisent les premiers et attendri la seconde.

      Y’a trois étages dans cette putain de baraque, Bambana y a foutu son bureau au dernier. Va falloir se les taper les uns après les autres afin de pouvoir accéder au troisième. L’escalier est juste devant nous, une série de larges marches qui se coupent en deux pour prendre chacun une trajectoire différente, opposée, mais qui mènent toutes les deux au second étage. Pas d’élaboration de plan dans l’action, juste mon poing qui fracasse un nez, repousse son proprio’ loin de moi et mes guibolles qui s’activent en direction de la cage d’escaliers.
      Le chemin est rapidement barré par d’autres troufions, tous désireux de me casser les genoux et me livrer à leur boss.
      En témoigne la masse qui cherche à me réceptionner alors que je déboule à grandes enjambées. C’est le foutoir. Je colle un pain, en esquive deux, ramasse une patate, prend un coup d’épaule qui me fait reculer. On cherche à me balayer, je réponds d’un coup de carafe dans la dentition.

      Je me fais avoiner, riposte, en couche deux. Coup de latte dans les côtes, coup de genou dans le menton, y’en a pour tout le monde. Ils ont le nombre, mais loin d’avoir la force. Plus de patates, toujours plus de patates. L’impression que ça veut pas en finir.
      Et que ça commence doucement à me casser les burnes, au final. Un crochet du gauche qui claque la mâchoire me rappelle à l’ordre. Si j’ai le temps de râler, alors j’ai le temps de taper. Le coupable se voit mis à terre par une frappe simultanée des paumes de la main qui vont lui claquer les tympans, avant que mon genou lui anéantisse les noix et mon poing le termine. Y’a un taré de voltigeur qui me saute dessus, son genou me tape l’arrière du crâne, il se réceptionne du cabriole avant de revenir à la charge.
      Ma semelle dans le bide le plie en deux, coupe son élan et ses espoirs, je lui claque la tronche au sol de mes deux mains jointes cognant sur le haut de sa cafetière.

      – Foutez le camp putain. Craquage. Y’en a trop autour de moi et ils me bloquent l’accès aux marches. Solution simple et efficace, l’électricité se forme d’abord entre mes doigts avant de s’étendre à tout mon corps. Le temps qu’ils chargent vers moi, je relâche le tout et une déflagration d’arcs électriques est propulsée tout autour de moi, frappant aléatoirement tout ce qui traîne dans le rayon d’action. Suffisant pour calmer tout le monde. Les corps s’effondrent, électrocutés, mais toujours en vie. Une chance pour eux en soit.

      La voie dégagée, je siffle Korrigan pour qu’il se ramène et entame la montée des marches, jusqu’à atteindre le second étage.


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      Le premier étage. Encore deux qui me séparent de Bambana et c'est limite si je passerai pas à travers les plafonds pour y filer directement. J'ai perdu Korrigan dans la processus, qu'il a son propre objectif à accomplir qu'il m'a dit, qu'on se retrouverait plus tard.
      Dans ce long couloir, mais pas mal étroit, j'y suis à mon avantage. Ils peuvent pas débouler en masse et chercher à m'encercler, y'a tout juste la place pour tenir trois gars les uns contre les autres dans la largeur. Ils peuvent aussi oublier les armes à feu, je suis sur eux avant qu'ils ouvrent le feu. Et une fois au contact, c'est même plus la peine d'y penser.
      Passage en force, je tape dans le tas et endure les éventuelles ripostes. J'entends les os qui cèdent sous mes coups, aperçoit le sang qui gicle à l'impact, voit les corps tomber les uns après les autres.

      La rage au ventre et la haine comme moteur. Les patates que je ramasse ne me font pas dévier de ma trajectoire, à un moment une lame de couteau entaille mon bras, une autre plus tard taillade mon bide à l'horizontale. Pas assez profond pour m'arrêter, la douleur passe en arrière plan. Je n'y pense même pas, je veux juste avancer et les fracasser.
      J'ai atteint la fin du couloir en un rien de temps, quelques minutes à peine. Je sais pas. Je sais que j'en ai aligné plein, que beaucoup se sont couchés de force. Ils sont pas de taille. Le seul qui pouvait m'inquiéter chez Bambana, je l'ai tué. Tué et brûlé son cadavre.

      C'est comme un clébard enragé que je débarque au second étage, envoyant valser deux tontons flingueurs qui faisaient remparts sur les dernières marches.
      Je remarque immédiatement que le comité d'accueil a changé. Le Padre a beau avoir une grosse organisation, son effectif est pas illimité et il a beaucoup misé sur un arrêt en plein Luvneelroom. Il m'attendait pas si fort et si bien entouré, le soutien de la Marine est probablement ce qui m'a permis d'arriver jusqu'ici aussi facilement. Ça et les quelques coups de putes que j'ai distribué à droite et à gauche.
      Moins de monde ici, mais plus costauds. Je capte direct. Je crache un coup, reprenant un peu ma respiration, avant d'activer ma faculté spéciale foudroyante.
      Une invitation pour les deux premiers à charger, semblerait. Celui de droite prend plus de vitesse et je le réceptionne d'un coup de coude circulaire qui le frappe à la mâchoire. Je relâche une décharge électrique à l'impact et il est propulsé sur le côté, passant au travers de la cloison.

      Le second me plaque en pleine course, j'ai les panards qui décollent du sol puis toute ma carcasse sèchement rabattue au sol. Une série de coups s'enchaîne, contre lesquels je me défends en y opposant mes bras, avant de libérer une nouvelle décharge électrique pour repousser ce connard. Pendant qu'il gesticule au sol, grillé, je lui écrase la fiole de ma godasse et l'envoi dormir.
      Un autre me tombe aussitôt dessus, plus vif et virevoltant. Il arrête pas de sautiller, de faire des mouvements de corps, des feintes, des changements de direction. Il me casse vite la tête. Je tente un crochet, il esquive et me colle un coup. Nouvelle tentative, même résultat. Je grogne, grimace, perd patience.
      J'avale la distance nous séparant et tente de lui choper un bras pour le ramener à moi. Il bloque, pas sous la garde et frappe dans les côtes avant de remonter en uppercut.
      Putain de chiasse.
      Tu veux gesticuler ? Je le laisse faire son numéro et frappe au même moment que lui, nos phalanges se percutent, mais les miennes relâchent de la foudre qui cloue sur place ce petit enfoiré. J'enchaîne d'un coup de poing dans le bide et lui éclate le nez d'un coup de genou.

      J'enchaîne aussitôt avec le suivant et comprends pourquoi il voulait pas se mêler du combat. Il est si maouss qu'il prend toute la largeur et la hauteur du couloir. – APPROCHE, DICROSS ! Je le reconnais celui-là, un des fidèles de la sécurité du manoir. Déjà croisé une ou deux fois lorsque je passais par ici pour voir Boule de Billard. Ça va me prendre une plombe de le coucher à mains nues lui. Et j'ai pas tout ce temps devant moi.
      Il se tape les pecs de ses énormes mains, comme pour se chauffer un peu plus. Je vire d'un revers de manche le sang qui coule de ma bouche. Lui claque un regard noir auquel il répond d'un gros rire gras. Je m'élance vers lui et tente une glissade pour passer sous ses jambes et tracer ma route. Il est gros, mais vif l'enculé. Il me chope par le col de la chemise, me soulève, me colle un énorme coup de boule et me balance de là où je viens. Son rire résonne dans tout l'étage.
      Me relève après quelques dizaines de secondes passées sur les genoux, à attendre que l'image se stabilise et points lumineux foutent le camp de mon champ de vision.

      Il rigole encore. Ducon à ta place je rigolerai pas, t'es une cible facile avec tes dimensions de dinosaures. Mais ça, il le remarquera que trop tard, quand au-dessus de ma dextre va apparaître une grosse boule électrique. Pas assez grosse pour manquer d’espace, mais suffisamment pour lui éclater la tronche. Parce que ce truc va le toucher et le percuter de plein fouet, c’est évident. Lui tient à peine dans le couloir, on sait tous les deux qu’il aura pas le temps de se retourner et de fuir.
      C’est pour ça qu’il se met en position défensive, grimaçant.
      Tu souris moins enculé hein.
      Il le sait, ça va faire mal. Alors quand je lui balance la boule avec rien de plus que de la haine masquée par mon masque, il consolide ses appuis et encaisse. L’orbe grésille et vient frapper le colosse qui ramasse instantanément la déflagration électrique. Son effort pour tenir debout est notable, mais à la fin, quand le calme revient, il finit par s’écrouler face contre terre.
      Je lui passe sur le corps sans plus de considération.


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      La fin du couloir n’est plus très loin. Ne reste plus qu’un trio qui se dresse au pied de l’escalier conduisant au troisième étage. Je les vois ces enfoirés, dos appuyés contre les murs. Y’a une batte dans une pogne, un poignard dans une autre et ce qui ressemble à deux piques à broche version mini dans les mains du dernier.
      Pas de quoi me démonter, j’ai connu pire comme dirait l’autre énervé de Schichibukai. Alors j’y vais le pas déterminé, jusqu’à arriver à porter de frappe du premier et lui décocher une bonne droite dans la dentition. Ça lance le ton, le type qui tenait ses piques à broches recule de plusieurs pas, titube, son pote à la batte le ratrappe dans ses bras avant qu’il tombe. Ce qui me laisse en un contre un avec l’amoureux de la lame. Il agite l’acier proche de mon museau à plusieurs reprises, j’esquive, et c’est au moment où je pense pouvoir lui claquer la mâchoire qu’il trouve la faille et glisse la pointe de couteau contre mes côtes. Et cette sensation du froid qui s’engouffre dans la chair et traverse les os, je la connais, mais cette fois, elle déclenche plus encore de rage que d’ordinaire.
      Parce que j’en ai plein les miches de me faire saigner, retarder. Je veux Bambana, pas me casser la tête avec les clampins. Alors avant qu’il retire son couteau de mon flanc, je lui empoigne le poignet et lui ramène sa trombine vers mon front, pour mieux lui éclater la tronche d’un bon coup de carafe. L’os de son nez se casse et le sang gicle, son corps part vers l’arrière, mais je le retiens. Mieux, je le ramène une seconde fois vers moi pour lui remettre la même.
      Puis une troisième fois.
      Et une quatrième.
      Et même une cinquième, avant que les deux zigues rappliquent.

      Je le relâche et il s’effondre comme un pantin désarticulé, l’autre à la batte me force à reculer pour esquiver le coup, son camarade enchaîne dans une offensive sournoise qui déchire le tissu déjà bien amoché de ma chemise.
      Le moment de sortir le marteau, le même qui a mis en pièce le crâne de Chestair, y’a quelque temps de ça. Il me sert à parer les sais de l’autre salopard, de le dégager d’un coup de panard avant de me prendre un coup de batte plein bide. Il m’en remet un second pleine boite, me fait tituber, et alors qu’il cherche à m’éteindre, je lui balance la tête de marteau dans les burnes. Arrêt net, mes appuis sont pas stables, mais les siens s’effondrent. Le voilà à genoux, mains sur les roustons, à pleurer sa douleur et prier pour que le paquet soit encore intact.

      Pas le temps de me remettre que je sens deux piques en acier s’enfoncer dans mon dos, au niveau de mes épaules. La douleur me fait hurler, me fait vriller et je me jette d’instinct sur l’enfoiré à qui appartiennent ces piques. Les doigts dans les yeux, je les enfonce dans leurs orbites et encastre cet enfoiré dans le mur. La suite c’est juste un déchaînement de violence, je frappe jusqu’à m’en faire saigner les mains. Je tape jusqu’à ce que la boîte crânienne cède, jusqu’à ce que sa tête s’ouvre comme une pastèque qui implose.
      Quand j’en ai fini de lui, je le laisse s’effondrer et me tourne immédiatement vers l’escalier qui monte à l’étage supérieur.

      Haletant, le souffle saccadé, la chemise blanche souillée de sang et noircie par les flammes, transpirant, le regard fou, différentes entailles et blessures visibles sur toute la carcasse, me voilà qui déboule au troisième étage.
      A cet instant, c’est ma haine et ma soif de vengeance qui font avancer les jambes, activent les muscles et font tourner la cervelle. Je veux tuer Bambana et je m’arrêterai pas avant d’y arriver.
      Bambana, sale mange merde, bouge pas ton gros derche de ton fauteuil, j’arrive le trouer de plombs.

      Troisième et dernier étage. L’ambiance y est complètement différente. Y’a absolument personne dans le couloir, lui-même plongé dans le noir. Presque entièrement. Au bout du bout, un lustre qui éclaire une silhouette. Un type. Un seul. Entièrement de blanc vêtu, comme Korrigan. Mais rien à voir avec le sorcier, celui-là a de larges épaules et des bras puissants, développés. En m'apercevant, il se fait craquer les phalanges, comme soulagé que je sois enfin là.
      Celui-là, il me dit rien. Mais celui-là, s’il est ici en dernier rempart, c’est que Bambana l’estime suffisamment solide pour me tenir tête. Derrière-lui, la porte du bureau du Padre. Et c’est l’unique chose que je vois, le seul but à atteindre. Et c’est à grande enjambées que j’y vais, piquant une grosse accélération avant de bondir les deux pieds joints à la tronche de l’enfoiré qui monte la garde.

      – BAAAAAAAAAAAAAAAMBAAAAAAAAAAAAAAAAANAAAAAAAAAAAAAAAAAA !
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      Deux corps qui déboulent comme des boulets de canon dans la pièce du chef de la famille mafieuse de Luvneel. Si Antoni Caesar Bambana attendait nerveusement l’arrivée du chien fou qu’était Peeter, lorsque la porte de son bureau vola en éclats, défoncée par le corps de son garde du corps, suivi par un Peeter dans tous ses états, il ne pu s’empêcher de sursauter. De longues heures qu’il se terrait ici, ultime bastion le protégeant de la colère vengeresse de ce gros taré de Dicross, autrefois son élément le plus redoutable sur le terrain.
      Depuis que l’ancien Marine avait essayé de le tuer sur Manshon, nombreuses furent les fois où il eut l’occasion de se maudire d’avoir donné l’ordre d’exécuter cette goumiche de laquelle Dicross était éperdument tombé amoureux. Si le résultat attendu avait bien été provoqué, les conséquences qui en découlaient depuis, jamais il ne s’était imaginé un tel foutoir. Si on lui avait dit que ce salopard de Peeter retournerait toutes les villes de North pour lui faire la peau et venger la mort de cette Talia,, il aurait réfléchi à une autre punition à lui infliger. A cause de cette erreur,  il se retrouvait aujourd’hui à espérer qu’un mercenaire acheté il y a quelques jours, soit assez coriace pour empêcher l’ancien Capo le plus redoutable de sa famille, de lui faire la peau.

      L’espoir était mince, si maigre que l’issue de la situation avait été en quelque sorte acceptée, depuis qu’on l’avait alerté sur le fait que le Dicross était parvenu à entrer dans la demeure. Ils étaient tous condamnés désormais, son sort viendrait également, à la toute fin, en dernier. Comme le dessert d’un somptueux dîner dans un restaurant de luxe, pour clôturer ce long chapitre. Le Padre gardait ce goût amer en bouche, sa fin précipitée par cet homme à qui il avait essayé de donner une leçon, ce Capo qui lui avait été fidèle par la contrainte depuis tant d’années, ce n’était pas la fin qu’il s’était imaginé. Il ne pouvait même pas hurler à l’injustice, les motivations de Peeter étaient compréhensibles. Il ne pouvait pas s’indigner de sa trahison, il comprenait.
      Mais il n’acceptait pas. Voilà pourquoi il avait rassemblé ses hommes sur Luvneelroom et qu’il s’y était établi depuis sa fuite de Manshon. Pour survivre, pour que la famille ne tombe pas. Car il le savait très bien, une fois sa mort sonnée, les Bambana seraient retirés de la liste des Sept Grandes Familles criminelles de North Blue. Lui tombé, les chiens rôdant dans l’ombre sortiront et montrant les crocs, se disputeront pour les restes.

      Maudit soit Peeter G. Dicross.
      Le chauve emmitouflé dans son costume hors de prix pesta, avant de jeter son verre à moitié vide dans les flammes de la cheminée.
      Dans son dos, l’ancien mafioso à la casquette bombée forçait le passage, utilisant le corps du mercenaire Hisagi Yajuu pour entrer. Celui que l’on surnommait le Tigre Noir, de par sa force et sa férocité, alla s’écraser dos le premier contre le bureau du Parrain du Crime organisée.
      De quoi confirmer à Antoni que plus rien ne pouvait le protéger des mains de ce fou furieux de Dicross. Pour autant, acceptant son sort, il ne paniqua pas. Il soupira,  se dirigeant vers une commode de laquelle il retira sa précieuse boîte contenant les meilleurs cigares du monde. Des dizaines d’années et des centaines de millions pour la remplir.
      Derrière-lui, le Tigre Noir se relevait et crachant au sol, se jetait sur Dicross.


      Hisagi "Burakkutaigā" Yajuu - 2222 dorikis.

      Boîte en main, il fit un détour par le mini-bar, s’emparant d’une bouteille vieille d’une trentaine d’années, avant de retourner à son bureau et de s’y installer, défaitiste, résigné. Ce fléau humain n’allait pas tarder à lui arracher le cœur, autant se faire un dernier plaisir avant que cela n’arrive.
      Il déboucha la bouteille et en déversa dans un verre en cristal.
      Dicross vola à travers la pièce, bien aidé par un Hisagi hors de lui. Pauvre garçon, un jeune dans la vingtaine sûr de sa force, habitué à tuer et corriger n’importe qui sans accroche, se heurter et se faire malmener par un démon enragé comme Dicross avait de quoi piétiner l’égo.  Le sursaut d'orgueil du Yajuu lui offrait un répit de quelques secondes, le temps que le monstre récupère, se relève et termine le boulot.

      En ce sens, son plan avait fonctionné, son bourreau ne devait pas arriver jusqu’ici indemne. Il avait demandé qu’on lui arrache la tête, qu’on le troue de balles, qu’on lui plante un couteau dans le cœur et à en juger les multiples blessures sanguinolentes qu’il arborait, ses hommes avaient essayé. Il y avait pourtant des bêtes possédant a peau trop dure pour le commun des mortels, contre lesquelles on ne peut rien de plus que d’espérer un miracle.

      Alors il espère, Antoni Caesar Bambana.
      Il espère que sur un malentendu, le Tigre Noir l’emporte sur le Chien Fou.
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      La tête de con qui me fait face, je la connais pas. Il a le corps recouvert de symboles en tout genre, tellement qu’on dirait qu’un texte entier a été écrit sur sa peau, comme un foutu ponéglyphe. Tignasse charbon, tête de gamin à peine en âge de picoler, solide physiquement. Dans ses yeux, le même regard que le mien à une époque. Celui d’un tueur. Le petit sait comment ôter une vie, j’en doute pas. Sauf que c’est pas la bonne personne que Bambana est allé chercher, c’est pas le bon gars à payer pour s’assurer de rester en vie. Le minot sait comment enlever une vie, mais a bien aucun putain d’idée de comment en sauver une.
      Pas de bol, j’ai pas l’intention de crever moi, mais bien de fumer le Padre. Alors je vais juste taper si fort sur la tronche du jeune pour me débarrasser de lui et enfin, pouvoir m’occuper du gros. En parlant de ce fumier, je le vois qui pose son énorme derche sur le fauteuil, à une dizaine de mètres de moi. Le simple fait de croiser son regard me fait vriller, alimente le brasier de ma haine qui brûle pourtant d’un feu si intense qu’on pourrait croire qu’il est au maximum. Mais le Padre connaît l’ingrédient magique pour le pousser à son paroxysme.

      J’en tremble. Mon corps a déjà poussé loin dans ses capacités, le cerveau s’est mis en veille depuis longtemps. C’est de l’automatique, action et réaction, un seul sentier sur lequel foncer. Mon corps en a bavé, en bave, mais ne me trahira pas. Il va tenir jusqu’à ce que les deux criminels dans cette pièce crèvent.
      Et ça commence par le brun.
      Un petit gars qui a enfilé une paire de gants en acier, le genre d’équipement pour la castagne qui faisait fureur y’a quelques années en arrière. Maintenant c’est un peu dépassé. Pour lui faire mal avec une patate, pas besoin de rajouter une couche de métal.
      Un instant, ça se toise. On s’est déjà échangé quelques mandales, mais c’était trois fois rien. Maintenant, ça va taper pour tuer. Le premier coup qu’on se donne en témoigne, c’est brutal et puissant, mes phalanges heurtent les jointures de son gant et je le sens surpris que je me fracasse pas la pogne dessus. Encore un qui s’imagine intouchable parce qu’il a passé sa carrière à molester des clampins. Le crochet du gauche qui touche à la mâchoire est là pour lui remettre une partie des idées en place, qu’il oublie pas qui je suis, moi.

      J’enchaîne d’un coup de genou qu’il bloque, tente de le balayer, il se décale en arrière et immédiatement repart vers l’avant, bonne droite chargée qu’il libère comme un coup de canon. Elle fait mouche pleine face, aplatie ma fiole et me propulse en arrière. Comme il voit que je tombe pas, il accélère et me décoche un coup de latte circulaire qui claque en pleine tête et me fait valdinguer contre une commode. Elle cède, implose, me laisse seul au milieu de débris de bois vernis.
      Frénétiquement, mes yeux passent de Bambana à son employé, puis de ce dernier au premier. Je suis en transe. Je veux les tuer plus que jamais. D’un bon je suis de nouveau sur Yajuu, lui colle une patate qui libère un choc électrique à l’impact. Il bloque, mais se ramasse la châtaigne et sa défense part en vrille. L’effet de surprise et la paralysie temporaire m'ouvrent une ouverture royale.

      Je vais lui en mettre plein la tronche. Une déferlante de tatanes, littéralement. Des dizaines de coups de poings, tous relâchant de l’électricité en touchant au but, qui martèlent le Tigre Noir. Soixante-quatre coups de pure rage, c’est de l’acharnement oui, mais c’est pensé pour détruire l’organisme, surtout. Les bras ballants et le regard vide, il s’écroule sur le dos. Qu’il tienne encore debout après ça m’aurait étonné, encore plus que les soupçons qui planent sur les cyclistes qui gravissent montagnes après montagnes durant les compétitions, sans même avoir la raie qui sue.  
      C’est déjà terminé. Tant mieux, je vais pouvoir dégommer le boulard de Boule de Billard. Je lui claque un sourire carnassier, c’est l’heure.

      Ou pas. Un dernier coup de pute du karma a aidé Hisagi à trouver la force de se relever et de me décocher une droite fulgurante, qui m’éjecte à l’autre bout de la pièce.
      Putain non, pas deux fois.
      Sacré impact, du sang coule du coin de mon front et de mon cuir chevelu, brouille un peu mon champ de vision. Je me relève aussitôt, fou, cherchant le Padre du regard pour m’assurer qu’il ne s’est pas encore fait la malle. Mais non, rien. Il a pas bougé, vient de finir son verre et poursuit son cigare. Il a déjà compris que dehors, c’est aussi la mort qui l’attend.
      L’autre enfoiré est au bout de sa vie, mais force est de constater que mon assaut précédent l’a pas eu. Putain de chieur à la con. L’autre fois c’était Sciavonnache, maintenant lui. Foutez-moi juste la paix bordel et crevez vite.
      Celui-là, me foutre la paix il ne veut pas. Déjà revenu à la charge, je retourne sa prise contre lui et le coince contre le mur où on s’échange les coups.

      Une droite pour lui, son front pour moi.
      Mon genou dans ses burnes, son coude dans mes dents.
      Sa main cherche ma gorge et ses doigts se resserrent dessus. Petit bâtard, tu veux jouer à ça ?
      Ma dextre le chope à la gorge aussi et le duel d’étranglement s’installe. Dans mon état actuel, nos forces sont quasiment équivalentes, sauf que moi je peux lui électrocuter la gueule en même temps. Main chargée en électricité, je l’étrangle et s'électrocute en même temps. Ce qui va rapidement lui saper toute énergie et ses doigts finissent par se détendre, sa main se retire de ma gorge. Cette fois, je vais pas me rater. Je continue de serrer même après que sa conscience se soit barrée dans l’autre monde, je serre jusqu’à avoir un poids mort entre les doigts, ne plus sentir de résistance, aucune. Je serre jusqu’à en avoir les doigts qui blanchissent sous l’effort.

      Et je le relâche brusquement, corps plein d’énergie devenu pantin désarticulé en quelques dizaines de secondes. Cette fois cet enfoiré est bel et bien mort.
      Du mal à reprendre mon souffle, à bouger mon corps, mais je vais pas m’arrêter là. Demi-tour, revenir au bureau et me planter devant l’homme que je rêve d’abattre depuis des années.

      – Bambana. D’une poche aménagée à l’intérieur de la chemise, je sors une balle. Une balle que je scrute un instant, observant le nom qui est gravé dessus, que j’ai gravé dessus. Cette balle est sale, du sang séché de plusieurs semaines déjà. Ce sang, il appartient à la personne dont le nom est gravé dessus. Ce nom, c’est celui que cette balle a tué sous mes yeux. – Talia…
      Je suis allé moi-même trifouiller dans sa cervelle pour y déloger la balle. J’ai pas pris la peine de la nettoyer, que cette saloperie de raclure de merde puisse observer ce que c’est de plus près. Je la pose sur le bureau, sous son nez, l’invite silencieusement à la prendre. Il y met son temps, je ressens pas particulièrement de peur de sa part, mais mon petit numéro l’intrigue. – Dicross, tu sais qu’une fois que tu m’auras tué, toutes les familles mafieuses de North te traqueront jusqu’à avoir ta peau. Le silence. Sa tentative de me faire peur ne marchera pas. – Qu’ils viennent. Ils finiront tous comme toi. Il esquisse un sourire. Très bref, parce que je reprends la balle.

      De l’intérieur du pantalon, je sors un flingue gardé expressément pour ce moment. Celui que Chestair, le meurtrier de Talia, a utilisé pour la tuer. J’y passe dans la balle dans la chambre, effectue le mouvement de charge et braque cette saloperie face à moi. – Tu n’auras même pas le temps de profiter de ta vengeance, que les Tempiesta te tomberont dessus et t’enverrons me rejoindre. Car contrairement à ta femme, Dicross, tu iras en enfer tout comme moi.
      – Rien à carrer de savoir où est ma place une fois mort, ce sera quand même une délivrance. Et la tienne libérera Talia.
      – Tu es si pathétique… je regrette que ma fin vienne des mains d’un déchet totalement paumé dans ton genre…
      – T’iras pas seul, je t’enverrai rapidement ta femme et ton gosse.
      Là, il tique, panique et son visage se décompose. Et oui petit enculé, tu pensais quand même pas que ça suffirait de mettre ta famille à l’abri ? Où qu’ils soient, je compte bien les retrouver et leur faire sauter la tête. Et tu sais que j’en suis capable, c’est pas la première fois que je tuerai un gosse ou une femme. Il voit rouge, gesticule et amorce de se lever de son fauteuil. Ce fils de chien me prenait vraiment pour un con.

      Je le force à se rasseoir d’une bastos dans le front.
      Une bastos nommée Talia.


      Le silence.
      Le vide.
      La fin.



      Putain…

      Putain…

      Putain. C’est fait Talia, c’est fait putain. Regarde-le se vider de son sang.
      Talia.


      Spoiler:
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