Son corps propulsé trébuche douloureusement sur le rebord du meuble avant que le mur marque d'une sourde percussion l'arrêt de son dos nu. Elle a mal, mais reste accrochée d'un bras à la nuque de son agresseur. De geste hâtifs, elles expulse les quelques objets de décoration qui lui piquent l'arrière des cuisses et se cramponne à lui. Il aura beau tourner, la balloter, la cogner à tous les murs de son antre, elle le tuera.
Ses longues jambes fines se déploient autour du corps du soldat. Des articulations nettes brisent les membres pour les laisser crocheter le dos de celui qui la malmène. Ses talons froids et pointus portent de rapides coups à ses reins, comme un juste retour des choses. La fine chair hyaline du pied quitte le cuir déjà sombre du colosse sur d'épaisses masques cramoisies. Bien vite, les hématomes se résorbent pour rendre au marbre brun son ton naturel. Elle étire un sourire de satisfaction et arrache la tête plantée dans son cou pour fixer l'être qui l'assaille. Toujours ce même visage fêlé, concentré, attelé à écouter ses sens que son esprit est ailleurs. Probablement dans le sien, à lire ses désirs. Le plus pressant consiste à viser ses lèvres, entre deux tressautements, pour y fixer les siennes et tenter, une fois encore, de le forcer à se retirer. Que l'air lui manque et qu'il faillisse, juste une fois. Elle n'aurait guère besoin davantage pour rompre l'argile. Mais l'amant ne suffoque pas. Son nez expulse des bourrasques d'air brûlant qu'elle savoure comme des caresses contre sa joue, de plus en plus froides à mesure qu'elle fondent sur sa gorge, jusqu'à ce que l'air ambiant s'en repaisse. Et puisqu'elle est emprisonnée de son corps et lui du sien, elle renouvelle les baisers, tous voraces, hermétiques et en demande de lui. A ce jeu, il répond avec le même entrain et l'arrache à l'immobilier pour qu'elle ne se rattache qu'à lui.
Dans sa prise, elle parcourt ses épaules et son dos. Un instant, elle bascule en arrière sans redouter de choir et fixe le plafond de sa suite royale, où la mort et la monstruosité se déclinent en revêtement opaque qu'un oeil humain ne peut qu'apercevoir. Une armée de petits yeux luisants la surveillent sans la juger. Elle sourit, le regard un peu perdu entre ce qu'elle observe et ce que son corps ressent. Il fait si chaud, dans cette pièce bleue. Les courants d'air de la longiligne lucarne ne suffisent plus à empêcher sa peau de perler. D'un geste vif, agacé, elle plante ses ongles pointus dans le dos de l'étranger.
Où qu'ils se baladent, les doigts acérés de la tueuse ne trouvent que des poches carminées. Impénétrables, quoiqu'elle tente. Il la sent balader ses extrémités lestes comme deux moitiés d'arachnides cherchant l'endroit où enfoncer ses crochets, puis libérer son venin. C'est pourquoi la peau du chien fantôme se fait dalmatienne et force chaque patte à enfiler ses chaussons pour ne rien rayer tant qu'elle circulera sur sa terre. Sa main à lui quitte l'assise qu'il offre au corps noué d'ossature pour ensevelir son son tronc, des racines où leur base cohabite en symbiose à l'un de ses fruits qu'il empoigne. Son écorce de soie a peau être trempée, elle demeure une des matières les plus agréables qu'il lui ait été donné l'occasion de toucher. Comme sa sève contraint à la soif et à l'oubli des autres breuvages. Avec regret, il délaisse la rondeur de cette pelure souple pour gravir un peu plus d'elle et changer sa paume en deux branches qui lui sertissent la glotte. Sa chaleur ouvre ses pores comme un soleil d'été. Son mouvement la courbe comme le voudrait le vend flattant les roseaux. Elle ploie avec lui jusqu'à la surface de leurs premières ondulations et tous deux se regardent, décidés à imposer leur nature à l'autre.
Le commodore lui serre le cou sans qu'elle puisse protéger son corps des agressions matérielles. Il pourrait la briser. Elle pourrait l'en empêcher. A la place, elle le défie de ne pas aller plus loin et plus vite où une autre lutte se livre, et où c'est lui qu'elle tenaille. Sans relâcher son emprise, il la heurte. Le sang qu'il ne verse pas dans cette lutte lui ruisselle, en rai de carnation diaphane, entre lès mèches de cheveux, pour descendre par maladresse autour de ses temps ou jusqu'au bout de son nez. Elle écrase la rosée qu'elle provoque de ses courants et chante en ces lieux où aucun oiseau ne s'est jamais posé. La musique est faible, aiguë et irrégulière, mais se nourrit de ses propres notes dans un crescendo inharmonieux dont, pourtant, tous les deux se délectent. Le son appelle et cadence. Pour une fois, il suit les ordres de la Reine Arachné et accorde ses percussions aux cris des vents. Les corps joignent leurs partitions à la composition générale. C'est par les anches que la mélodie commune trouvera son battement final.
Ensuite, le silence. L'un et l'autre sont exténués, mais taisent leur respiration pour ne pas perturber les échos qui vivent encore, autour d'eux. Gharr la parcourt doucement, comme pour la ramener doucement au monde des vivants où personne ne veut agripper personne pour l'emporter avec lui. Arachné lève une main aux doigts toujours glacés pour lui caresser la barbe et le repousser un peu de l'autre. Une douleur brève la fait grimacer, puis sourire de satisfaction. L'envie de se reposer gagne tous les instincts meurtriers. Elle se retourne, rampe sans lourdeur jusqu'à la table de chevet et, distraitement, signe l'accord de l'émissaire du Gouvernement Mondial. Son stylo reposé, c'est son tour. Elle se couvre une cuisse de draps et laisse ses traits disparaître dans l'ombre de son épaule.
Hadoc rejoint le même bord de table et vérifie la signature. La mission est accomplie. Le choix de s'en aller ou rester lui est offert. Songeur, il observe la peau de cristal colorée du même bleu marine que le dehors. Qu'il soit victime ou non de ses parfums, aucun doute ne l'assaille plus au moment de contourner le lit pour s'y installer à son tour. Le corps d'Arachné a beau ne pas lui plaire, il le contemple avec un certain trouble esthétique. Comme une forme de laideur tant maîtrisée qu'elle en devient attirante. Surtout, il aime sa peau et sait que, quoiqu'il arrive, c'est la dernière fois qu'il peut en profiter. En quelques caresses le long de ses rares rondeurs, elle se retourne sans ouvrir les yeux, se blottit contre lui et l'enlace quelques secondes avant de plonger dans une profonde veille.
Ses longues jambes fines se déploient autour du corps du soldat. Des articulations nettes brisent les membres pour les laisser crocheter le dos de celui qui la malmène. Ses talons froids et pointus portent de rapides coups à ses reins, comme un juste retour des choses. La fine chair hyaline du pied quitte le cuir déjà sombre du colosse sur d'épaisses masques cramoisies. Bien vite, les hématomes se résorbent pour rendre au marbre brun son ton naturel. Elle étire un sourire de satisfaction et arrache la tête plantée dans son cou pour fixer l'être qui l'assaille. Toujours ce même visage fêlé, concentré, attelé à écouter ses sens que son esprit est ailleurs. Probablement dans le sien, à lire ses désirs. Le plus pressant consiste à viser ses lèvres, entre deux tressautements, pour y fixer les siennes et tenter, une fois encore, de le forcer à se retirer. Que l'air lui manque et qu'il faillisse, juste une fois. Elle n'aurait guère besoin davantage pour rompre l'argile. Mais l'amant ne suffoque pas. Son nez expulse des bourrasques d'air brûlant qu'elle savoure comme des caresses contre sa joue, de plus en plus froides à mesure qu'elle fondent sur sa gorge, jusqu'à ce que l'air ambiant s'en repaisse. Et puisqu'elle est emprisonnée de son corps et lui du sien, elle renouvelle les baisers, tous voraces, hermétiques et en demande de lui. A ce jeu, il répond avec le même entrain et l'arrache à l'immobilier pour qu'elle ne se rattache qu'à lui.
Dans sa prise, elle parcourt ses épaules et son dos. Un instant, elle bascule en arrière sans redouter de choir et fixe le plafond de sa suite royale, où la mort et la monstruosité se déclinent en revêtement opaque qu'un oeil humain ne peut qu'apercevoir. Une armée de petits yeux luisants la surveillent sans la juger. Elle sourit, le regard un peu perdu entre ce qu'elle observe et ce que son corps ressent. Il fait si chaud, dans cette pièce bleue. Les courants d'air de la longiligne lucarne ne suffisent plus à empêcher sa peau de perler. D'un geste vif, agacé, elle plante ses ongles pointus dans le dos de l'étranger.
Où qu'ils se baladent, les doigts acérés de la tueuse ne trouvent que des poches carminées. Impénétrables, quoiqu'elle tente. Il la sent balader ses extrémités lestes comme deux moitiés d'arachnides cherchant l'endroit où enfoncer ses crochets, puis libérer son venin. C'est pourquoi la peau du chien fantôme se fait dalmatienne et force chaque patte à enfiler ses chaussons pour ne rien rayer tant qu'elle circulera sur sa terre. Sa main à lui quitte l'assise qu'il offre au corps noué d'ossature pour ensevelir son son tronc, des racines où leur base cohabite en symbiose à l'un de ses fruits qu'il empoigne. Son écorce de soie a peau être trempée, elle demeure une des matières les plus agréables qu'il lui ait été donné l'occasion de toucher. Comme sa sève contraint à la soif et à l'oubli des autres breuvages. Avec regret, il délaisse la rondeur de cette pelure souple pour gravir un peu plus d'elle et changer sa paume en deux branches qui lui sertissent la glotte. Sa chaleur ouvre ses pores comme un soleil d'été. Son mouvement la courbe comme le voudrait le vend flattant les roseaux. Elle ploie avec lui jusqu'à la surface de leurs premières ondulations et tous deux se regardent, décidés à imposer leur nature à l'autre.
Le commodore lui serre le cou sans qu'elle puisse protéger son corps des agressions matérielles. Il pourrait la briser. Elle pourrait l'en empêcher. A la place, elle le défie de ne pas aller plus loin et plus vite où une autre lutte se livre, et où c'est lui qu'elle tenaille. Sans relâcher son emprise, il la heurte. Le sang qu'il ne verse pas dans cette lutte lui ruisselle, en rai de carnation diaphane, entre lès mèches de cheveux, pour descendre par maladresse autour de ses temps ou jusqu'au bout de son nez. Elle écrase la rosée qu'elle provoque de ses courants et chante en ces lieux où aucun oiseau ne s'est jamais posé. La musique est faible, aiguë et irrégulière, mais se nourrit de ses propres notes dans un crescendo inharmonieux dont, pourtant, tous les deux se délectent. Le son appelle et cadence. Pour une fois, il suit les ordres de la Reine Arachné et accorde ses percussions aux cris des vents. Les corps joignent leurs partitions à la composition générale. C'est par les anches que la mélodie commune trouvera son battement final.
Ensuite, le silence. L'un et l'autre sont exténués, mais taisent leur respiration pour ne pas perturber les échos qui vivent encore, autour d'eux. Gharr la parcourt doucement, comme pour la ramener doucement au monde des vivants où personne ne veut agripper personne pour l'emporter avec lui. Arachné lève une main aux doigts toujours glacés pour lui caresser la barbe et le repousser un peu de l'autre. Une douleur brève la fait grimacer, puis sourire de satisfaction. L'envie de se reposer gagne tous les instincts meurtriers. Elle se retourne, rampe sans lourdeur jusqu'à la table de chevet et, distraitement, signe l'accord de l'émissaire du Gouvernement Mondial. Son stylo reposé, c'est son tour. Elle se couvre une cuisse de draps et laisse ses traits disparaître dans l'ombre de son épaule.
Hadoc rejoint le même bord de table et vérifie la signature. La mission est accomplie. Le choix de s'en aller ou rester lui est offert. Songeur, il observe la peau de cristal colorée du même bleu marine que le dehors. Qu'il soit victime ou non de ses parfums, aucun doute ne l'assaille plus au moment de contourner le lit pour s'y installer à son tour. Le corps d'Arachné a beau ne pas lui plaire, il le contemple avec un certain trouble esthétique. Comme une forme de laideur tant maîtrisée qu'elle en devient attirante. Surtout, il aime sa peau et sait que, quoiqu'il arrive, c'est la dernière fois qu'il peut en profiter. En quelques caresses le long de ses rares rondeurs, elle se retourne sans ouvrir les yeux, se blottit contre lui et l'enlace quelques secondes avant de plonger dans une profonde veille.