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Beauté Éternelle

Troisième plat de friture englouti, le festival de saveur est désormais terminé et me voilà rassasié. Sans mauvais jeu de mot, faut dire qu'ils savent y faire avec la poiscaille ici. Six jours que Yuzu et moi squattons cette petite auberge miteuse, si on est là, c'est à propos d'une sombre histoire de tueur en série. Un notable de l'île a fait appel au Baroque Works et c'est "La Légende" en personne qui nous a proposé le boulot. Inutile de dire qu'un travail confié personnellement par Charlie Cook, ça ne se refuse pas. Le type derrière ce contrat, qu'on a rencontré en arrivant, se prénomme Pavel et pour lui c'est une affaire personnelle. En effet sa jeune fille figure malheureusement parmi les victimes de celui qu'on surnomme dans le coin "Le Taxidermiste". Pourquoi ce surnom me demanderez vous ? Hé bien tout simplement parce que ses victimes ont toutes été retrouvées embaumées et dans un état irréprochable. Il nous a également précisé que les cinq victimes étaient de jeunes femmes, âgées tout au plus de la vingtaine. Yuzu fait que me dire que ça fait froid dans le dos, moi ce que j'en pense, c'est que ce brave Pavel propose une coquette somme pour la capture de ce tordu, et je me ferai un véritable plaisir à mettre fin à ses agissements.

Bien entendu, nos premiers soupçons se sont aussitôt portés sur la morgue locale et son petit personnel, des gens charmants au demeurant. Je les ai longuement interrogés et Yuzu les a filé durant les deux derniers jours, mais ça n'a rien donné. Sans doute ne regardons-nous pas au bon endroit. La seule chose qu'on a pu tirer de ces braves gens, et tous s'accordaient à le dire, c'est que celui qui à fait ça à ces pauvres gamines est un pro. Un vrai travail d'orfèvre qu'ils disaient. Autre chose qui m'interpelle un peu, c'est que le tueur a prit soin de maquiller et d'habiller ses victimes de façon très coquette... Ça aussi Yuzu dit que c'est glauque. Donc mise à part la triangulation approximative de son rayon d'action, le choix du ciblage de ses victimes et son sens du détail exacerbé, on a rien. Que dalle. Ce qui avouons-le, n'est pas hyper encourageant.

Nous revoilà donc devant ce délicieux plat de friture, ou plutôt ce qu'il en reste. J'ai entendu parler de ce type, le barman du seul débit de boisson du coin, un jeune homme à la chevelure verte, plutôt simple à repérer. Pourquoi ce type m'intéresse-t-il ? D'après les locaux, il sait tout, il a des yeux et des oreilles partout. Et dans ce genre d'affaire, copiner avec un gars dans ce genre, c'est commencer la partie avec un avantage certain.


- "Je me demandais si tu n'allais pas en commander un quatrième..." me dit alors Yuzu avec un sourire amusé.

- "Oh ce serait de la gourmandise ça. T'es sûre que t'as pas faim ?"

- "Humpf.. Je dirais que t'as bien mangé pour nous deux. On s'met en route ?"


Yuzu, véritable touche de douceur sur cette fresque chaotique qu'est ma vie. Sans elle mon boulot serait bien triste, je dois l'admettre. Repas terminé et réglé, nous voilà tous deux à l’extérieur de l'auberge, le soleil est déjà aux abonnés absent et l'obscurité commence à envahir les ruelles de ce petit bourg. Vêtus de grands manteaux aux teintes sombres, surmontés de chapeaux en roseau, nous nous mêlons à la populace, à la multitude de marchands et voyageurs qui fourmillent encore dans la rue. Notre objectif, ce petit bar ou on peut trouver le dénommé Gunar et la ville n'étant pas bien grande, nous arrivons bien vite à destination.

Un petit bâtiment, qui extérieurement ne paie pas de mine. L'intérieur en revanche est bien plus chaleureux que je ne le pensais. Yuzu est restée en retrait, elle souhaite observer les allées et venues. Moi par contre, je ne me fais pas prier, j'entre, me faufile jusqu'au bar et commande un verre. Je vous assure que c'est pour passer inaperçu... La salle est plus spacieuse qu'il n'y parait, l'endroit est bondé de monde, ça danse, ça ricane, c'est plein de vie. Dans un coin au fond de la pièce un petit groupe de musique joue d'un air que j'ai déjà pu entendre il y a quelques temps de ça sur un navire marchand originaire d'Hinu Town. Sans doute un groupe itinérant. Le décor est planté et il ne me faudra que quelques minutes et deux-trois gorgées de ce whisky de qualité avant d’apercevoir notre cible qui revient vers le bar. Le type à la chevelure verte reprend son travail, je le vois nettoyer quelques verres, donner des ordres au reste du personnel, pas de doute, ici c'est bien lui le patron. Nos regards se croisent, il poursuit son nettoyage. Deux gorgées de plus, je balaye la pièce du regard, impossible de savoir avoir exactitude combien de personnes entrent et sortent de ce petit bar.


- "Un autre, étranger ?" me lance alors une voix derrière moi. Je fais volte-face et me retrouve nez à nez avec le type à la chevelure verdâtre.

- "Avec plaisir, merci..."


Cul sec, je pose mon verre sur le comptoir et mon interlocuteur y verse le précieux breuvage. Hochement de tête pour le remercier, je prends alors deux autres gorgées. Ce n'est pas le même whisky, là on est sur une toute autre qualité. En bouche, c'est la fête, c'est fin, une tourbe discrète, quelques notes d'agrume et un arrière goût vanillé. J'ai rarement bu un aussi bon whisky... Mais on est pas la uniquement pour picoler. Je pose mon verre à moitié plein (ou à moitié vide c'est vous qui voyez) sur le comptoir et à ma grande surprise c'est lui qui poursuit.


- "Parait que vous me cherchez ? J'ai cru comprendre que vous étiez descendus à l'auberge des Tanneurs il y a quelques jours ? Je dis vous par rapport à la charmante jeune fille qui était tantôt avec vous. J'ai une question, que fait un chasseur de prime dans un petit bar tranquille de Poiscaille ? me dit il alors d'un ton calme tout en essuyant une choppe qu'il vient de nettoyer.


Sans doute sa manière à lui de souligner avec une insistance certaine, qu'ici c'est lui le boss. A vrai dire, ça ne me pose aucun problème, c'est même tout l'inverse, il vient de me prouver que ce qu'on dit de lui est vrai. Que sa réputation n'est pas usurpée. Je souris alors, amusé par la situation, amusé par ce petit jeu de "qui sait quoi" qui vient de se mettre en place malgré moi, et tout en le toisant, je termine mon second verre aussi sec avant de le reposer délicatement sur le comptoir.


- "On m'avait dit que vous étiez le genre de type bien renseigné. Je.. Nous sommes ici pour affaire. Et j'ai le sentiment que vous pourriez nous aider.

- "Ah vraiment ? Et en quoi pourrais-je bien aider deux étrangers de votre acabit ? Mmmh ? ... J'imagine que ce type, le .. Taxidermiste ? N'est pas étranger à votre présence sur cette île ? J'ai bon ? ajoute-t-il sans même m'accorder un regard, se contentant de remettre les choppes propres sur l'étagère qui surplombe le comptoir.

- "Dans le mille. On m'a dit que vous aviez des yeux et des oreilles partout, je suis venu vérifier si vous étiez à la hauteur de votre réputation.


Le type se fige, tourne la tête lentement vers moi, et son air jusqu'alors impassible laisse place à un très léger sourire. Touché. On dirait bien que j'ai touché la corde sensible. Cet homme est surement extrêmement fier de sa position, sans doute extrêmement fier d'être celui que l'on vient consulter lorsque l'on espère obtenir des lumières sur un associé peu scrupuleux ou encore une épouse infidèle. Le voilà qui pose carrément un second verre à côté du mien avant de les remplir tous deux du même whisky succulent auquel j'ai eu droit juste avant. Une seconde d’hésitation plus tard, je prends mon verre, bois une gorgée, mes papilles s'affolent de nouveau pendant que le type m'imite. Je m’aperçois alors que les présentations ne sont pas faites, et de toute évidence, le même constat vient de traverser l'esprit de mon nouveau compagnon de beuverie.


- "Je suis Gunar, et ce bar m'appartient. Et vous êtes ..?" me dit il calmement en me regardant droit dans les yeux.

- "Appelez-moi Wes. Et si nous discutions de l'affaire qui m'amène ?"

- "Je vous en prie Wes, j'ai l'intuition que certaines questions vous brûlent les lèvres. Allons-y sans détour." ajoute-t-il avec un léger sourire.


Rarement vu un mec avec autant d'assurance, j'ignore s'il sait réellement quelque chose au sujet de ce tueur en série, mais il est actuellement ma meilleure chance d'obtenir des infos dans cette sombre affaire. J'oublie un instant Yuzu, pour m'adonner à une conversation qui promet d'être enrichissante ne serait-ce que pour comprendre un tant soit peu ce qui se passe dans ce petit bourg de pécheurs, d'ordinaire sans histoire.
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Une conversation enrichissante. Bien entendu je ne sais toujours rien de nouveau à propos du "Taxidermiste", mais Gunar m'a apprit bien des choses sur Poiscaille, son peuple et sa culture. Comment ça "on s'en fout" ?! Bien sur qu'in ne m'a pas parlé que de Poiscaille... Bref. Proche de minuit, me voila en route vers l'auberge, avec un léger tournis. Faut dire que ce whisky était sacrément bon et que mon nouvel ami a eu la main lourde. Là dehors, aucune trace de Yuzu, ça ne lui ressemble pas, habituellement elle me suit comme mon ombre. Sans doute est elle déjà couchée à cette heure. Je parcours les rues désertes, contemplant les étoiles d'un ciel ma fois bien dégagé, profitant du calme ambiant. Je passe par cette jolie petite place tout aussi déserte que le reste, éclairée par la pleine lune, animée par le seul bruit de l'eau qui s'écoule dans la fontaine. Si la fatigue n'était pas en train de me gagner, je me serais bien assit sur l'un de ces bancs pour profiter de cet instant plein de quiétude.

L'auberge des Tanneurs, enfin. Je vais pouvoir affaler ma carcasse sur cet affreux matelas bien trop dur. Arrivé dans notre piaule, toujours aucune trace de Yuzu. La belle s'est peut être octroyé une petite ronde nocturne. Peu m'importe, j'ai les paupières lourdes, à peine le temps de me dessaper, de me glisser sous les draps gelés, que me voilà déjà en route pour retrouver Morphée.

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Un rayon de soleil m'éblouit, c'est le brouhaha extérieur qui m'a sorti de mes songes. Neuf heures, j'émerge doucement, petite gueule de bois, mais rien de bien méchant, si Yuzu était là elle se serait sans doute foutu de ma gueule, mais force est de constater que la petite à découché. Brin de toilette, me revoilà en scelle pour une nouvelle journée d'investigation, je descends voir le tenancier, lui demande si il a vu mon acolyte, ce dernier me répond que non, elle n'est semble-t-il pas rentrée. Ça ne lui ressemble vraiment pas, surtout sans rien dire comme ça, sans laisser de mot à mon attention. Bref, je sors de l'auberge, m'étire un bon coup en profitant du soleil brulant, et je remarque bien vite que des gens se précipitent en direction du "centre ville" si je puis dire. Alors je suis le mouvement, marche d'un pas lent en direction de la petite placette que j'ai emprunté la veille au soir avant de remarquer un attroupement. Bloquant l'accès à la place, quelques soldats de la marine, qui ont d'ailleurs prit le soin de quadriller la zone avec des rubans. Curiosité malsaine oblige, je me fraye un chemin dans la foule pour jeter un œil. Mon sang se glace, mon cœur se contracte... Sur l'un des bancs, une jeune femme, chevelure ébène, vêtue d'un kimono rouge, les yeux dans le vide, comme figée dans le temps. L'espace d'un instant, il m'avait semblé voir Yuzu, mais ce n'est heureusement pas elle... Aucun doute, notre tueur à encore frappé.


- "Veuillez circuler ! Il n'y a rien à voir ici ! Allé allé !" s'écrit l'un des soldats afin de disperser la foule.

Manifestement, c'est lui qui dirige ici, puisqu'une fois ces mots prononcés, les autres soldats se mettent alors a disperser la foule. Je décide de tenter ma chance en approchant du type.

- "Encore une victime du "Taxidermiste" hein ?"

- "J'ai dit circulez. Ceci est une scène de crime, je vous serez gré de quitter la place monsieur."


Pas très sympa, remarque il prend son rôle et sa mission à cœur, ce que je peux comprendre. Impossible d'approcher le cadavre, je tourne donc les talons, histoire de ne pas me faire coffrer pour outrage à agent. Encore une jeune femme, la vingtaine, vraisemblablement embaumée. Je suis passé par cette place hier soir, il était minuit passé et elle n'était pas là... Comme à chaque fois, la victime à été découverte au petit matin par un passant. Gunar m'a également expliqué hier que chaque victime avait été découverte dans un jardin publique, ou sur une place. Comme si le tueur allait jusqu’à créer une mise en scène pour mettre en valeur son œuvre.

Je pourrais retenter une ou plusieurs patrouilles de nuit, mais comment savoir quand est-ce que le "Taxidermiste" compte frapper de nouveau ? Et surtout comment savoir ou ce dernier va t il frapper... Je ne peux clairement pas être partout et avec aussi peu d'indices me voilà aussi avancé qu'à mon arrivée. Je décide donc de retourner voir Gunar, peut être aura-t-il des informations sur la victime, ou quelconque moyen de la lier aux autres. Et justement, je retrouve mon camarade aux cheveux verts assit sur un rocking-chair devant son bar, à fumer sa pipe. Ce dernier me fait un signe amical, mais je vois bien qu'il a la mine maussade.


- "Salut l'ami. Pas trop mal à la caboche ? J'ai su que notre tueur a encore frappé cette nuit hein..." dit il en expirant une fumée claire.

- "Ouais, j'ai vu le corps il y a quelques minutes... Encore une pauvre gamine."

- "La petite Rina Steiner. J'étais à l'école avec sa grande sœur, je la connaissais... Sale temps pour Poiscaille vraiment..." poursuit Gunar en créant des cercles de fumée.

- "La marine était déjà sur le coups, si seulement j'avais possibilité d'examiner le corps..."

- "T'es légiste en plus d'être chasseur de prime ? Le corps sera surement à la morgue pour l’autopsie. Je suis sur qu'il y a moyen que t'y jettes un œil." termine Gunar en se levant soudain.


Il passe devant moi et me fait signe, je lui emboite donc le pas. Rapidement, je comprends qu'il me mène à la morgue, sans doute a-t-il moyen de me faire entrer. Devant la morgue, deux soldats gardent l'entrée, deux connaissances de Gunar. Il leur explique que je traque actuellement le tueur et leur demande s'il est possible de me laisser passer, mais malheureusement, les deux types sont formels, ils ont reçu l'ordre de ne laisser entrer personne. Déçu, je tourne donc les talons accompagné de mon acolyte aux cheveux verts et nous nous éloignons dans la rue. Rapidement, on emprunte un, puis deux, puis trois croisements et nous voilà au bout de quelques minutes derrière la morgue. Une petite entrée de service pourrait me permettre de m'introduire dans le bâtiment et d'examiner le corps avant qu'il ne soit incinéré comme les précédents. Sans surprise la porte est verrouillée, Gunar toque alors directement à la porte et après un bref instant de silence suspect, j'entends une clé tourner dans la serrure et l'épaisse porte métallique s'ouvre enfin. Une jeune femme se tient dans l'encadrement, je la reconnais aussitôt, une certaine Marysa, que j'ai déjà interrogé quelques jours auparavant. Elle fait partie du personnel de la morgue et à en juger par sa réaction elle connait Gunar.


- "Coucou Mary'... Je me demandais si par hasard, mon ami ici présent pouvait entrer jeter un œil... Juste deux secondes." s'empressa de dire Gunar.

- "Gunar ? Mais qu'est ce que tu fiches ici ? La porte d'entrée est sous bonne garde, si on te prend en train de fouiner..." répond alors la jeune Marysa légèrement paniquée.

- "Ecoutez Marysa, je ne cherche pas les problèmes... Je souhaite simplement que tout ceci cesse. Je vous assure que je serai discret. S'il vous plait...


La jeune femme hésite, me regarde, puis regarde Gunar. Ce dernier hoche la tête et l'employée de la morgue finit par acquiescer, s'écartant pour me laisser passer. Je marque un temps d'arrêt, me retourne un bref instant pour remercier Gunar pour son aide et m'engouffre dans la morgue par la porte de service. J'entends Marysa refermer à clé derrière nous, mon camarade aux cheveux verts est étrangement serviable, mais jusqu’à quel point se sent il concerné par cette affaire, ça je l'ignore. Je décide donc, en chuchotant d'interroger la jeune femme, qui m'apprend alors que la grande sœur de la dernière victime, Sona Steiner était l'amour de jeunesse du barman. Les choses deviennent alors tout de suite plus censées. Me voilà dans la salle des autopsies, sur la table d'opération, le corps inanimé de la jeune Rina Steiner, toujours vêtu du kimono rougeoyant. Marysa me dit que j'ai cinq minutes devant moi avant que son supérieur ne revienne afin que débute l'autopsie, puis elle sort de la pièce.

Les yeux perçants de la victime semblent me regarder, je n'avais jamais rien vu de tel auparavant, elle est réellement figée, comme s'il ne s'agissait que d'une vulgaire escargophoto. Un fort parfum fleurit émane de cette dernière, sans doute son kimono. Après un rapide examen, je ne vois aucune trace de lutte sur son corps, elle est tout à fait intacte. Je remarque par contre une petite piqure au niveau de sa nuque, sans doute le tueur attrape-t-il ses victimes par surprise. Ce corps ne m'apprend rien de plus et j'entends soudain des bruits de pas dans le couloir au loin. Ne prenant pas le risque d'être découvert, je m'empresse alors d'ouvrir l'un des tiroirs dans lesquels sont stockés les cadavres, je m'y engouffre et referme soigneusement la porte derrière moi pour éviter le moindre bruit. Un instant plus tard, j'entends plusieurs personnes entrer dans la pièce, je reconnais la voix de la petite Marysa, qui discute avec deux hommes. L'un d'eux est Garreth Nutch, son supérieur, un homme charmant, passionné d'équitation, je le reconnais à son accent singulier. L'autre homme par contre, c'est un mystère, je l'entends parler d'un ton plus autoritaire mais je ne reconnais pas la voix. Après une discussion sans grand intérêt, l'inconnu prend congés, suivi par Garreth qui demande a Marysa de préparer le corps pour l'autopsie. J'en profite pour me hisser hors du tiroir, la jeune femme manque de faire une attaque en me voyant sortir. Elle me mène discrètement jusqu'à la porte de service, qu'elle ouvre précipitamment avant de me jeter dehors.


- "Je pense qu'il faut que je vous dise quelque chose... Mais pas ici. Rejoignez-moi chez Gunar ce soir aux alentours de huit heures..." me dit elle, l'air grave avant de refermer la porte à clé.


Tout ceci sent la terrible révélation, peut être que la jeune Marysa nous a caché quelque chose jusqu'ici, mais qu'en fin de compte, la voilà submergé par la culpabilité ? Je décide de retourner à l'auberge, voir si Yuzu m'y attend, mais à ma grande surprise elle n'est toujours pas rentrée. Je commence sérieusement à m'inquiéter, j'attends patiemment jusqu'au crépuscule, prends le soin d'attacher mes deux sabres au niveau de la taille et prends la route du bar pour cet entrevue, qui je l'espère, me permettra de toucher au but.
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Arrivé au bar de Gunnar, je m’assoit à une petite table et commande une pinte de la bière locale. Deux pintes plus tard, toujours pas de trace de la jeune thanatopractrice, et pourtant, voilà vingt minutes que les délais est passé. Je décide d’aller tailler un brin de causette au maître des lieux. La petite Marysa finit par arriver et s’installe à une table dans le fond de la pièce, elle me fait signe, je la rejoins donc. La petite arbore un air soucieux et jette des coups d’œil discrets en direction de la porte du bar.


- "Je suis navrée pour le retard… J’ai été retenue au travail…" me murmure-t-elle.

- "Ce n’est rien Marysa. Vous aviez quelque chose à me dire ?"

- "Je.. Oui, c’est à propos des victimes…" poursuit elle avec hésitation.


Peut être qu’on tient enfin une piste, peut être que la petite sait quelque chose. Et si tel est bien le cas, la culpabilité a l’air de sacrement la ronger. Un léger silence s’installe, je sens qu’elle n’est pas à l’aise, elle continue à regarder quelques fois en direction de l’entrée. Peut être redoute t elle l’arrivée de quelqu’un, peut être se sent elle menacée.


- "Quelque chose ne va pas ?"

- "Ça va.. Ce que je m’apprête à vous montrer.. Ça concerne cette histoire de tueur. Il y a quelque chose que vous devez absolument voir.. Je ne peux pas en parler ici, j’ai peur d’avoir été suivie." me dit elle.


Je comprends qu’elle ne veut pas en dire plus, elle se lève et je la suis. Nous voilà à l’extérieur à la nuit tombée, en route vers une piste potentiellement prometteuse. Nous empruntons la petite placette où la dernière victime fut découverte avant de descendre en direction des docks. Je sens que Marysa est nerveuse, peut être se sent elle en danger pour ce qu’elle pourrait me dire, ou même me montrer. Je suis déterminé à faire la lumière sur cette histoire et à la protéger si le tueur ou un éventuel complice venait à la menacer. Nous arrivons devant un vieil entrepôt, manifestement abandonné, la grande porte rouillée est fermée par un épais cadenas. Elle m’explique alors que quelque chose cloche avec cet endroit qu’elle soupçonne lié aux meurtres. Je lui dit alors de ne pas bouger d’ici, de rester sur ses gardes pendant que je vais jeter un œil et de crier si jamais il lui arrive quoique ce soit. Je contourne alors rapidement le bâtiment à la recherche d’un point d’entrée.

Cette histoire me plait de moins en moins, et quelque part, j’ai le sentiment que cette fois-ci on tient quelque chose. Je repère fenêtre brisée un peu plus haut sur le côté du bâtiment, me hisse jusqu’à elle pour pénétrer à l’intérieur. Me voici sur une passerelle en hauteur que je parcours afin de descendre vers les niveaux inférieurs. Il me faut une immense concentration afin d’éviter tout grincement sur mon passage et je finis par atteindre une échelle menant au rez-de-chaussée. Rien à signaler ici, grâce à la lumière fournie par la lune j’arrive à entrevoir le contenu du bâtiment. D’épaisses caisses de bois poussiéreuses, des établis rouillés, sans doute une vieille manufacture désaffectée. Dans le fond de la pièce je remarque alors une porte et une faible lueur qui passe au dessous de cette dernière. Je décide d’aller jeter un œil, prêt à dégainer mes lames si le contenu de cette pièce ne me plaît pas.

La porte n’est pas verrouillée, je m’empresse de donc de l’ouvrir. Surprise macabre, je me trouve dans une pièce qui ressemble à s’y méprendre à une salle d’opération. Plusieurs tables métalliques, des ustensiles, des bocaux, un bureau avec des notes. Mon cœur fait un tour, quand j’aperçois au fond de la pièce deux jeunes femmes assises par terre, dénudées, bâillonnées, ligotées et inconscientes, si la première m’est totalement inconnue, je ne connais que trop bien la seconde, vu qu’il s’agit de Yuzu. Léger instant d’inattention suite à cette découverte, quelqu’un frappe soudainement dans ma nuque, je sens comme une piqure très vive et instantanément mes membres commencent à s’engourdir. J’ai le temps de me retourner pendant que je m’écroule, ptit de paralysie, je découvreur avec stupeur Garreth Nutch, seringue à la main et derrière lui, Marysa, mine horrifiée.
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Rapidement, je sens tous mes membre s’engourdir, se figer, cet enfoiré de Garreth m’a bien eu. Sans doute vient il de me droguer, je me retrouve au sol, à genoux devant ce monstre, immobile, totalement à sa merci. Un mélange d’émotion m’envahît, mélange d’une surprise certaine quand je me rends compte que c’est lui le coupable et que Marysa l’a potentiellement aidé, surprise qui est bien vite remplacée par une profonde haine lorsque je songe à ce qu’ils comptaient faire à Yuzu, mais surtout qu’ils se font foutu de moi depuis le début.


- "Il a fallut que vous veniez fourrer votre nez partout hein ?" dit Garreth d’un ton froid.

- "Je.. Je suis vraiment.. Désolée…." sanglota alors Marysa.

- "Je vous remercie Marysa. Veuillez nous laisser à présent. intima Garreth à sa collaboratrice.


La jeune femme s’empressa d’en quitter la pièce, toujours bouleversée. Était elle complice malgré elle ? Y tirait elle quelconque avantage ? Ce n’était pas mon soucis premier, ce tordu de Garreth referma la porte derrière lui. Il s’avança en direction du petit bureau et examina des documents posés dessus me laissant là, par terre, figé. Et c’est à cet instant que j’eu droit à la tirade du machiavélique tueur en série.


- "Je ne laisserai personne entraver mon art. Non ça non. Toutes ces années à préparer le terrain… Non non non…" marmonna t il dans sa barbe.

- "Putain.. de.. tordu.."


Sans doute ne s’attendait il pas à ce que je sois encore conscient, il sursauta et se tourna brusquement vers moi. Fronçant les sourcils, je le vit prendre une autre seringue sur son bureau et s’approcher doucement de moi. Difficile de bouger, aucune idée de ce que ce type m’a injecté mais c’est plutôt efficace.


- "Pour.. quoi… Ces pauvres filles n’ont.."

- "La beauté est éphémère. C’est un fait. Concernant ces filles, je leur rend le plus bel hommage qui soit. Je leur offre le plus merveilleux cadeau ! Je les sublime ! Voyez-vous, je leur octroie une beauté éternelle. Bon, il est vrai qu’en parallèle, j’en profite pour vendre certains organes à de riches acquéreurs sur les Blues… Mais ce n’est qu’accessoire. Enfin… De toutes les façons, vous représentez une menace et puis… Pas de temps à perdre." ajouta Garreth, avec un certain brin de fierté dans sa voix.


Il approche, avec sa seringue, n’est qu’à quelques mètres. Si il me remet une dose, c’est sur que j’vais rester sur le carreau cette fois-ci. Et l’autre gamine au fond de la salle ? Va t elle finit embaumée comme les autres ? Ses organisés vendus à je ne sais quelle pègre des blues ? Et Yuzu ? Va t elle subir le même sort ? Non. Je ne le permettrai pas. Ce tordu m’a sous estimé, il aurait peut être dû mieux doser la première piquouze. Au risque de me tuer, mais au moins ça lui aurait sans doute éviter le revirement de situation. Ce revirement de situation.

La seringue descends vers moi et je ne lui laisse pas le temps de m’atteindre. D’un geste vif je dégaine mes deux sabres et je tranche le bras de Garreth d’un coup sec. Ce dernier en tombe de surprise, littéralement sur le cul et me regarde, paniqué, pendant que je me relève tant bien que mal, encore engourdi par la drogue. Il en faut plus que ça pour me clouer au sol.


- "Mais.. Non.. Comment.. Comment peux tu encore bouger.. ?!" hurla Garreth en se tenant ce qu’il lui reste de bras.

- "Généralement, j’encaisse plutôt.. bien. Un trafic.. d’organes hein ? .. Intéressant.."


Je me sens mal, je me sens faible, mon souffle est coupé. Nul doute que je vais dormir comme un bébé une fois cette mission terminée. « Le Taxidermiste » est là, juste devant moi, neutralisé. Une partie de moi me hurle d’en finir et de lui trancher la tête, pulsion meurtrière guidé par la colère encore bien présente. Mais à quoi bon ? Je fais quelques pas en direction de Yuzu, inquiet, afin de vérifier si elle est toujours en vie. Elle respire, son cœur bat, lentement. Sans doute est elle droguée, au moins elle est sauf. L’autre jeune femme est dans le même état. Pendant que je vérifiais, Garreth a réussit à se relever, il se tient désormais de bout, s’appuyant sur l’une de ses tables d’opération improvisées. Je saisi les deux sabres, prêt à le tailler en pièce s’il fait mine de quoique ce soit.


- "C’est.. Terminé Garreth.. Tu vas te vider.. de ton sang… Rends-toi.. Je te livrerai.. je suis sûr que la Marine.. sera ravie d’entendre.. cette histoire de trafic d’organes.."

- "Impossible. Si je parles, ils me tueront !" répondit il, perdant pour la première fois son calme olympien.

- "Et si tu.. tentes quoique ce soit.. C’est moi qui te tuerai.. et crois moi.. j’hésiterai pas une..  seule seconde, à envoyer une saloperie de ton espèce.. tout droit en enfer.."


Garreth eut un instant de doute, il finit par reposer le bistouri sur la table d’opération. Mais contre toute attente, il repoussa de son bras encore présent ladite table, qui roula jusqu’à moi. Le temps que je me dégage, voilà qu’il renverse l’espère d’étagère pleine de bocaux, tous se brisent sur le sol. Saisissant la petite lampe à huile qui se trouve sur son bureau et la jette par terre en hurlant. Le produit visqueux répandu au sol, visiblement fortement inflammable prend immédiatement feu, tout comme le corps du « Taxidermiste », qui se met à hurler de douleur. Plus de temps à perdre, l’entrepôt va sûrement partir en fumée, je rengaine mes lames et tente de réveiller Yuzu. Sans succès, elle est dans les vapes et l’autre aussi. Je les prends alors en poids, une sur chacune de mes épaules et me presse en dehors de la pièce. Malheureusement les flammes ont commencé à grignoter la structure composée de bois et de ferrailles rouillées et très vite les flammes sont partout. Impossible de remonter et de sortir par l’étage, je me retrouve face à l’épaisse porte fermée par un cadenas à l’extérieur. Je tente en vain de l’enfoncer mais sans succès, à croire que la chaîne et le verrou tiennent le coup.

L’endroit devient irrespirable, tout autour de nous commence à prendre feu, la situation ne se présent pas bien et je suis encore beaucoup trop engourdi pour défoncer ces foutues portes. Je sens mes paupières s’alourdir peu à peu, ma vue se troubler, mon souffle se couper davantage, périr d'une manière aussi minable, vraiment quelle tuile…
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Lorsque je me réveille, aucune trace d'incendie, aucune fumée étouffante, juste une lumière radieuse. J'aurais pu me dire "Wes t'es au paradis" si cette odeur de poisson frais n'était pas aussitôt venu me chatouiller le nez. Dur dur de me lever, je me sens encore tout engourdi, rapide coup d'oeil à la pièce dans laquelle je me trouve, on dirait une sorte d'infirmerie improvisée. Un peu plus loin, j’aperçois la jeune fille que j'ai tenté de secourir, également alitée en train de roupiller, et à quelques mètres, Yuzu. Elle me sourit et s'approche doucement de moi, en boitillant, sans doute elle aussi est elle toujours sous l'effet de la drogue du "Taxidermiste".


- "T'as une sale gueule."

- "Je suis content.. de voir que tu t'en es tiré moi aussi..."


Elle ricane, me sers fort la main et me raconte ce qui s'est passé la concernant. Elle effectuait une ronde nocturne quand elle à surpris une conversation entre Marysa et Garreth. Au vu du ton employé par le bonhomme, quelque chose de louche était en train de se passer entre les deux thanatopracteurs. Elle a donc décidé de suivre Garreth en toute discrétion jusqu’à cet entrepôt abandonné, s'est introduite à l'intérieur et à rapidement découvert le "labo secret" du bonhomme. Mais avant même de pouvoir quitter les lieux pour venir me trouver, elle s'est retrouvée prise au piège et ne se souvient de rien d'autre. Une chance que ma curiosité m'ait conduit dans ce traquenard, sans quoi je l'aurais très certainement retrouvée figée comme toutes les autres... Elle me sourit et me laisse après m'avoir dit que quelqu'un d'autre voulait me voir. Quelques instants après qu'elle ait quitté la pièce, la porte s'ouvre de nouveau et je découvre mon mes visiteurs suivants. Gunnar entre en compagnie de Marysa, si le jeune homme arbore une mine radieuse, la jeune femme, elle, semble toujours désolé et n'ose même pas me regarder.


- "On a bien cru que t'allais jamais te réveiller. Ça fait trois jours que tu pionce... Tiens, pour quand tu seras parfaitement remit." me dit il en sortant de son manteau une petite bouteille de whisky qu'il me tend avec un clin d’œil.

- "Merci Gunnar... Que s'est il passé ?"

- "Marysa est venue me trouver, toute affolée et m'a tout raconté... Faut pas lui en vouloir, Garreth c'était un mauvais type... Enfin qui aurait pu s'en douter hein..."

- "Je suis vraiment désolé... Je n'arriverai jamais a me pardonner... J'avais tellement peur de finir comme elles..." dit alors Marysa, alors que des larmes commençaient à perler.


Difficile de se fier aux apparences, si cette affaire m'aura bien rappelé une chose, c'est qu'on ne connait jamais vraiment les gens. Est-ce que Marysa était bel et bien complice malgré elle, ou est ce qu'elle faisait parti intégrante de la combine ? Je ne le saurai jamais. J'ai rempli ma part du marché, "Le Taxidermiste" ne fera plus de mal à personne. Je remercie Gunnar, sans qui je serais surement mort asphyxié ou carbonisé, puis tente de me relever. C'est Marysa qui m'aide à me mettre debout, je me méfie, mais je la sens tout de même sincère, je décide donc de faire comme si de rien n'était. Peut être que sa culpabilité finira par s’atténuer un jour.


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Le jour du grand départ est enfin arrivé. Voilà quelques jours que je me repose, et que j’engloutis spécialité de la mer sur spécialité de la mer au grand dam de Yuzu qui continue de m'observer avec ce mélange de fascination et de désespoir. Elle est tout de même rassurée de voir, que je semble parfaitement remit de nos mésaventures. Récompense récupérée chez un Pavel soulagé d'en avoir terminé avec cette affaire de meurtre en série, on fait nos adieux aux locaux qui nous ont si chaleureusement accueillis et on finit par embarquer sur un petit navire marchand, j'ai négocié avec le capitaine afin qu'il nous dépose. Peut être que ce ne sera qu'un au revoir après tout, nul ne sait ce que l'avenir nous réserve. Et c'est ainsi que nos aventures sur la charmante île de Poiscaille s'achèvent, je regarde ce petit bout de terre disparaitre à l'horizon, et je me dis que cette histoire de trafic n'est cependant pas terminée. J'ai la vague intuition que j'en entendrai parler de nouveau un jour ou l'autre.

Après quelques heures de navigation, un type vient me voir et me tend un escargophone. Au bout du fil, je reconnais le type : Charlie Cook. Il me félicite chaleureusement d'avoir stoppé "Le Taxidermiste" avant de balayer cette histoire et de passer à la suite. Me voilà convié au quartier général du Baroque Works, rien que ça, pour une intégration en bonne et due forme. L'occasion pour moi de revoir Cook après de nombreuses années et je m'en réjouis d'avance. Communication terminée, me voici regonflé à bloc, entrer au service de cette organisation est la toute première étape à cocher. Avoir accès à un tel réseau d'information va pouvoir me permettre d'enfin en savoir plus sur l'assassin envoyé à la poursuite de mon père, et peut être de retrouver sa trace. Je suis donc désormais officiellement lancé dans cette chasse et je mettrai tout en œuvre pour la mener à son terme.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t23751-fiche-technique-de-wes
  • https://www.onepiece-requiem.net/t23717-on-part-en-chasse