Comme un goût de Liberté
Feat : ✘ Healscare Nesingwary
Comme un goût de liberté, c'était la sensation que je ressentais. J'avais passé les treize dernières années à bosser pour le gang, me donnant l'impression d'être enfermé dans cette organisation, plus que jamais depuis la mort de mon mentor. Mais, à présent, j'étais libre de devenir ou de faire tout ce que je voulais. Enfin, pour le moment j'étais toujours dans cette grotte dans laquelle je me trouvais à mon réveil, après que mon navire ait été réduit à l'état de brindilles sous le feu d'une volée de canons. Tout mon corps était endolorit, mais il m'en fallait plus pour m'arrêter. Ainsi, non sans peine, je me mis à chercher une sortie, apercevant finalement une lumière au loin. Je dus escalader tant bien que mal jusqu'à la lumière, me tirant quelques cris étouffés de douleur.
Enfin, j'étais à l'air libre, observant les alentours de ce qui semblait être une épaisse forêt tropicale. Les rayons du soleil passaient avec peine entre les branchages, étalant des tapis de lumière çà et là. Les nombreux buissons denses aux alentours m'empêchaient de voir à plus de quelques mètres devant moi. Et, peu après que j'eus commencé à marcher, des grognements de plus en plus proches se firent entendre. D'abord à droite, puis à gauche, on aurait dit le grognement d'un chat mais probablement en plus gros. J'étais pas dans la meilleure forme pour affronter de grosses bêtes sauvages, surtout quand je ne savais pas ce que j'affrontais avec précision. Décidément, entre ça et la chaleur humide omniprésente, j'étais pas tombé sur la plus accueillante île de South Blue.
"C'est mort les gros chats, je compte pas finir en pâtée aujourd'hui." dis-je en haussant la voix comme pour m'adresser directement aux félins non identifiés.
Les grognements me répondirent en chœur, comme pour souligner leur intention de faire de moi leur casse-dalle. Sans demander mon reste je m’élançais entre les arbres de la mangrove, j’entendais les grognements derrière moi. Étrangement, ils ne se rapprochaient pas et gardaient leurs distances tandis que je continuais de filer. Ils attendaient probablement que je m’épuise avant de fondre sur moi toutes griffes dehors, et ce n’était pas une mauvaise stratégie puisque je commençais déjà à m’essouffler. Les minutes passaient et la sueur commençait à couler abondamment, sans m’en rendre compte j’avais commencé à ralentir et les fauves derrière moi s’étaient rapprochés, se rendant probablement compte que le moment était venu d’en finir. Puis, alors que je traversais un énième buisson, je me retrouvais face à une bande de gros porcs, et encore gros serait un euphémisme. Aussitôt que j’apparus dans leur vision, les phacochères aussi grands que des poneys se mirent à charger dans ma direction. Je me retrouvais dans une situation vraiment désespérée, ou bien était-ce l’opportunité idéale de me débarrasser de mes poursuivants.
« Viens par ici mon gros cochon ! » m’écriais-je à l’attention du premier phacochère qui s’en venait.
La bête, furieuse, s’ébroua dans sa course comme pour m’intimer le respect, comme quoi même les animaux ont leur petite susceptibilité. Cependant, ce n’était pas une tentative de suicide par animaux féroces interposés que j’entendais accomplir, j’avais un plan. M’élançant en puisant dans mes dernières forces, je bondissais au moment du supposé choc avec le phacochère, sautant assez haut pour placer mes mains sur sa tête comme si je jouais au saute-mouton. Je ramenais mes pieds pour les poser sur l’arrière train de l’animal, profitant de sa taille comme marche-pied pour pouvoir atteindre une branche assez haute. Je m’agrippais à cette dernière avant de grimper à califourchon dessus, trop haut pour les gros cochons qui se retrouvaient à présent face aux deux félins. Les porcidés étaient plus nombreux, et les deux fauves détalèrent sans engager le combat, aussitôt poursuivis par les gros cochons qui écrasaient tout sur leur passage. Mon plan avait été un succès, je profitais de ce moment d’accalmie pour reprendre mon souffle.
Je pus enfin descendre de mon perchoir, reprenant ma marche dans l’inconnue. J'avais défais mon sweat-shirt noir pour le nouer autour de ma taille afin de lutter contre la chaleur, dévoilant mon torse nu recouvert de fines cicatrices éparses ainsi que le tatouage recouvrant mon dos. J'avais également placé la visière de ma casquette vers l'arrière car elle avait tendance à obstruer ma vision périphérique, et je préférais ne plus me faire surprendre par la faune locale. Pendant plusieurs heures, je dus contourner un grand marécage où d’énormes moustiques rôdaient en essaim compact et probablement meurtrier. De plus, de grosses créatures écailleuses remontaient parfois à la surface avant de disparaître à nouveau sous l’eau recouverte de verdure. Je me retrouvais à nouveau dans une jungle praticable à pieds, mais toujours pas de signe d’une quelconque civilisation. Je commençais à m’irriter tout seul, j’avais rêvé d’aventures palpitantes et pour l’instant, mis à part des rencontres avec des animaux féroces, rien ne correspondait à la description d’aventure.
« RAAAAAH ! J’en ai marre de cette jungle ! » m’écriais-je à pleins poumons en direction du toit végétal. « Y a personne d’intelligent ici ou quoi ? J’ai pas le temps d’apprendre le langage des porcs ! » finis-je par dire, commençant à envisager des scénarios de plus en plus farfelus pour parer à la solitude.
Soudain, comme en réponse à mon cri, les buissons à quelques mètres de moi se mirent à frémir. Je plissais mes yeux écarlates pour tenter d'y voir mieux dans cette semi-obscurité. Pas de grognements cette fois mais, dans le doute, je me mis en garde. J’en avais marre de devoir fuir et, si un nouveau prédateur pointait le bout de sa trogne, j’allais lui mettre une bonne grosse patate pour le calmer.
Fiche par Ethylen sur Libre Graph'
Dernière édition par Ren W. Aoncan le Mar 22 Fév 2022, 16:18, édité 1 fois