La petite colonie de vacances


Le voyage fut long, beaucoup trop long à mon goût. L'idée d'une simple voile faite de vêtements transpercés les uns les autres ma sauvé la vieblblbl.

Cette mer, -et quelle mer ! une vrai merde-, d'huile a bien failli me faire mourir d'ennui sinon de faim. Rien, pas un mouvement, pas une onde, sur cette flaque oléagineuse. Une chance que le vent fût de notre côté. Je dis notre car oui, je ne suis pas seul. Cela aurait certainement été préférablblblbl.

Abandonné par mon maître alcoolique sur un récif dît abandonné, redondance, j'ai eu la chance de les rencontrer. Eux. Les Glougloutons. Petite bande de lapins concrètement crétins avec pour seule ambition de manger. Moi dans un premier temps, le reste du monde, dans un second. Et, je peux les comprendre. À part des insectes, tiges dures et détritus, il n'ont rien de comestiblblblblbl.

Grâce à une nouvelle force interne, dûe à mon entrainement du poing ivre, une conviction interne, je ne sais pas, j'ai pû leur parler... Enfin, imposer la volonté. A force de temps et de soucis, j'ai réussi à comprendre leur language. Nous avons construit un navire de fortune et bonheur la chance nous sommes lblblbl.

Atterrissage forcé sur mon radeau, non pas de la méduse, mais de lapins, je me retrouve accroché par une corde de brics et de brocs. Les pieds au sec et la tête dans le sable, le va et vient des vagues rythme ma respiration.
Ma première pensée : "bordel, pas encore".
La seconde : "suis-je à marée basse ?"
Les lapins, quant à eux, sautent de joie et de liesse. Je le vois d'ici et le ressens, ils vont se barrer. Très vite et très loin si je ne leur repblblblbl.

Pouah ! Cette eau est beaucoup trop sucrée ! En effet, d'huile nous sommes passés à sucre. En un instant court mais qui a changé drastiquement les courants. D'un coup d'un seul, le rafiot s'est mis bille en tête d'atteindre le rivage sans amerissage... atterrissage... sans douceur quoi.
Pris au piège de la malchance, j'intime aux crétins un ordre engorgé de ne pas bouger.
Peu de résultats quand tout à coup une silouhblbbl.


- Globlgloglbll !! Eleagloblblsorsmoiglblgdela !!


Dernière édition par William White le Jeu 25 Aoû 2022 - 11:06, édité 1 fois
  • https://www.onepiece-requiem.net/t22787-william-white#243307
  • https://www.onepiece-requiem.net/t22783-william-white
Eleanor me détache. Ni une ni deux, je remonte sur mes pieds et dégage, de larges mouvements de bras, le sable sur mes habits en lambeaux.
- Putain! Merci bien. J'ai cru que j'allais crever : "Mort noyé par de l'eau sucré"... Ridicule... HEY ! BOUGEZ PAS !

Les lapins se stoppent. Tout feu tout flamme, ils prenaient déjà la poudre d'escampette. L'envie de becter, l'envie de vivre pleinement et remplir le gouffre qui leur sert de ventre. Je les comprends et en même temps je n'ai pas leur ...
- HEY ! STOP ! ON BOUFFE PAS LE RADEAU !

Mon attention, reportée sur la pirate de renom, je souris pleinement tel un idiot retrouvant le bonheur.

- Ça fait du bien d'être rentré ! En tout cas je ramène de la main d'oeuvre pour la chocolaterie. Faut pas qu'ils entendent le mot c.h.o.c.o.l.a.t sinon ils deviennent fous et c'est la merde pour les ramener à l'ordre...
Je parle je parle et toi alors ?


La reine rascasse me parle de ses plans, de la princesse, de l'embargo et touti cuánto le tiempo que j'écoute à volo. La politique n'est pas mon dada et j'ai juste envie d'un bain bien chaud et de faire dodo. Cela dit, j'hoche la tête de temps en temps, fait mine de saisir les tenants et aboutissants par de petits onomatopés bien placés et autres subterfuges de vendeur ambulant. Tout ça en gardant un oeil sur mes brebis lapines (elles restent calmes pour l'instant). À la fin du monologue, elle me demande de la rejoindre, qu'elle a besoin d'une personne digne de confiance pour l'aider dans les affaires commerciales et les alliances. Je plisse les yeux, réfléchi quelques secondes, hésite une phrase mal venue, me tord les lèvres avant de répondre :

- Je ne doute pas de tes motivations quant à Choco Island et j'ai toujours préféré me tenir loin des jeux politiques. Je ne suis pas dupe quant à mon rôle de gestionnaire de la chocolaterie. Un simple homme de paille pour détourner l'attention. Nous nous sommes mis d'accord sur ce point. Ce que tu me proposes là est tout autre. Monter sous les projecteurs ? Très peu pour moi. Prendre part à des mouvements et motivations d'un peuple vis-à-vis de leur gouvernement ? J'ai déjà donné. Me faire tabasser à reprises, être pris pour cible, non merci.
Alors, avec tout mon respect, je vais refuser la proposition et me tenir à ce que je fais de mieux : investir plus pour gagner plus.


Le regard d'Eleanor se noirci et me pique l'âme. Ses doigts, contractés autour de ses paumes, son dos tendus... Je sens qu'elle n'apprécie pas ma demande, qu'elle n'a pas l'habitude qu'on lui réponde par la négation (pas part un petit clampin comme moi en tout cas). Je garde un sourire niais sur le visage pour montrer que je ne suis pas contre elle, juste que je n'en ai pas envie. Elle profère quelques insultes au vent et me tourne le dos avant de s'éloigner.
Une bonne chose de régl...
- Chiasse blanche !

Elle vient de prononcer tout haut le mot interdit ! Et me voilà à courir et crier derrières les dizaines et dizaines de paires d'oreilles blanches, elles même criant dans tous les sens, les bras dansant d'excitation au-dessus de leur tête.
- Putain ! Ça va pas être du gâteau de vous ramener à la Shichocolaterie...
- BOKOLAAAAAAAA
- Quel con...
  • https://www.onepiece-requiem.net/t22787-william-white#243307
  • https://www.onepiece-requiem.net/t22783-william-white
- Trois kilomètres à pieds ! Ça use ça use ! Trois kilomètres à pieds ! Ça use les souliers !
- TRrOAaAAA KokOMa ! ÇaAZE ÇAazE ! TrOAAaAA KoKOmA! ÇAaZE SouliDAAA !
- Quatre kilomètres à pieds ! Ça use ...

Le rythme est faux, mal tenu et criard de mauvais goût. Néanmoins, ça me permet de canaliser leur énergie dévorante. En fin de file, je surveille tout le petit monde qui trotinne devant moi en direction de la fameuse chocolaterie.
- Dix kilomètres à pieds !...

Tout sourire, je continue ma route en pensant à la rentabilité qu'ils apporteront à l'entreprise.
Tout sourire, je trouve l'accord passé plus qu'honorable et me trouve même un peu charitable. Oui, oui, charitable. J'ai pris sur moi, dépensé une énergie folle et combattu un véritable florilège de mal de crâne, pour sortir ces êtres de leur caillou maudit.
- Vingt kilomètres...

Le seul point que je n'imaginais pas et même que j'ignorais... La réaction des indigènes de l'île... D'ailleurs, en voilà qui pointe le bout de son nez.

- Les Glouglou... Les glou... Les Glouglou... LES GLOUGLOUTOONS !

Tous les petits êtres se retournent vers moi. Silence. J'hausse les épaules :
- Bah... Quel diable le pique ?
  • https://www.onepiece-requiem.net/t22787-william-white#243307
  • https://www.onepiece-requiem.net/t22783-william-white
La personne, précédemment bras tendu, yeux écarquillés et jambes tremblantes, a disparue de notre champ de vision aussi vite qu'elle n'était apparue. Tout le petit groupe s'est arrêté quelques instants, moi me demandant le pourquoi du comment, les autres regardant le ciel et le paysage en poussant des grands "Oooh" ou "Aaaah" et même des "Wooaah" conjoints. L'un d'eux, plus jeune que la moyenne, me tire sur le pantalon et me présente, de son autre main, un galet bien rond dans un grand sourire laissant apparaître ses dents carrés à position aléatoire. Je le prends, tapotte son crâne en le remerciant avant de le fourrer dans ma poche. J'sais pas ce que j'vais en foutre mais, pour l'instant, mon objectif est de les amener à bon port sans crise ou problème. Alors je joue le jeu, quitte à me remplir les poches de galets nuls.

La smala avance bon train. Le paysage noir 78% laisse place au paysage blanc. Au loin, un train au lait laisse échapper de sa cheminée un nuage de cacao en poudre. Cette île m'étonnera toujours. Il fait beau, le soleil brille haut et pourtant rien ne pars à volo. Les arbres, la route et autres objets ne fondent pas tandis que je transpire à marcher depuis plus d'une demi-journée... Au loin, la nouvelle ville transperce l'horizon :
- ENFIN !... On est bientôt arrivé !
- YAAAAAA
- Pas de bêtises les amis ! Sinon, pas de chocolat !
- OOOooh...
- Bataya Na bokola ??
- Exact. Aller, on y va ! ...
Trente-deux éléphants qui se balançaient sur une toiletoiletoile toile-euh d'araignée et qui trouvaient ce jeu tell-ment amusant que bientôt vînt un trente-troisième éléphANT !...


Plus on se rapproche de la ville, plus les découpes des murs et des maisons se font nettes. Les infrastructures prennent du volume et de l'espace ainsi qu'une masse noueuse qui s'approche de notre direction. N'en prenant pas compte aux premiers abords, trop absorbé par les éléphants entêtant avec lesquels j'aimerai bien me balancer parce que ça doit être vraiment amusant, je suis rapidement rappelé sur île.
En face de nous, plus d'une vingtaine d'hommes et de femmes, armes de fortune à la main, nous font front de leurs regards inquisiteurs. Au centre de leur ligne de défense, je redécouvre le fuyard cette fois-ci muni d'un mousquet. Maladroit, sa voix fébrile nous intime l'ordre de ne plus avancer.

- Comment ça stop ?... Il a bien dit stop, non ?
- Kezaka !

On raccourci encore un peu la distance.
"- HEY ! Heuuu... J'Ai dit stop."
- Ah! Bah j'avais bien compris en fait.
-Dacoda bokolaaaa ! tapade data !
-TAPADE DATAAAAA !
- Hey oh, on S'CALME !

Aux cris des petits monstres, le pataud nous met en joue de son arme sorti du tiroir de grand-papa. Tremblant, je sens la situation glisser entre mes doigts. Il faut agir. Effet cocasse, je sens d'ailleurs une partie de la solution entre ces dernières. Je retire mes mains des poches et m'avance à travers la file des petits monstres pour le placer en tête de cortège.
- Je m'appelle William White, directeur de la Shichocolaterie, qu'on m'explique le problème !
"- Vous êtes avec les Glougloutons !" cri une personne que je ne vois pas.
- Les Glouglouquoi ?
"- GLOUGLOUTONS !" crient ils en cœur.
- Eux ?... Et alors ?
"- Ils vont tout dévorer !"
- Tout dévor... Bon ! Mettez un leader au moins ! Je sais pas qui parle et c'est pas urbain.

Ils se regardent, perdu, personne n'agit durant quelques secondes puis, un homme, la quarantaine, une balafre sur un œil, s'avance en jouant des épaules.

"- Ce sont des engeances du mal, les Glougloutons, ils dévorent nos villes et nos campagnes, rasent tout sur leur passage, ils viennent jusque dans nos bras manger nos meubles et nos canap' !... William ! Tu vois cette cicatrice sur mon oeil ?! C'est eux qui me l'ont faîtes ! Tu m'entends ?! Il faut les détruire, les tuer, les EX.TER.MI.NER !!!"
"- OUAAAAIS ! EXTERMINONS LES GLOUGLOUTONS !
- À MORT ! A MORT ! A MORT !...
"

Le jeune pataud, l'arme à la main, nous met en joue dû au regain de couille donné par la foule en délire. Derrière moi, les lapins s'impatientent. Je les entends parler du chocolat et un autre énervement monte.
- Regardez par vous même ! Rien n'a été dévoré jusqu'ici ! Et vos maisons sont maintenant en pierres, briques et autres, mais plus en chocolat donc...
- BOKOLAAAA !

Je vois le possesseur du fusil stresser, j'ai déjà connu ça sur Poiscaille, deux groupes se faisant face, attendant la bataille. Comme dirait Peet' : "faut frapper le premier."
Le galet entre les doigts, je tords ces derniers et impulse en élan dans l'objet. Il part, à toute vitesse, frappe le fusil du gamin (qui doit avoir mon âge d'ailleurs).
Une détonation...
Un tir...
Vers le ciel.

- C'EST PAS BIENTÔT FINI LES CONNERIES ! DÉJÀ QUE JE DOIS FAIRE GAFFE À EUX POUR PAS QU'ILS BOUFFENT VOTRE PUTAIN D'ÎLE DE MERDE- que j'apprécie grandement en réalité- VOUS ALLEZ PAS COMMENCER À FOUTRE LA MERDE !... MERDE !

Silence dans l'assemblée, d'un côté comme de l'autre. Je reprends.
- Je viens de passer plus d'un mois, bloqué avec les Gloutons...
"-Nous on les appelle les Glougloutons..."
-... Plus d'un mois avec " "les Glouglouton" "à bouffer des cailloux et des insectes. J'ai traité avec eux pour qu'ils viennent travailler à la Shichocolaterie...
- BOKOLA..
- Taisez VOUS !... Pour qu'ils viennent travailler chez moi... Alors.
ALORS AU LIEU DE ME FAIRE CHIER !
LAISSEZ MOI RÉSOUDRE VOTRE CONFLIT ET GAGNER DE LA THUNE ! MERDEUH !

...
"- Ils doivent payer pour mon oeil et pour tout ce qu'ils ont fait !"
- Écoute moi bien Johnny...
Soit tu acceptes d'en finir avec cette histoire et vous faites circuler l'information que WILLIAM WHITE VOUS A DÉBARRASSÉ DES GLOUGLOUTONS !
Soit je viens moi-même t'exploser les dents sur le trottoir à grand coups de pointure 42 fillette. Maintenant que c'est du béton, on verra bien si tu dégustes aussi bien la nouvelle...

"- Tu pourras pas te débarrasser de nous tous..."
- Tu veux prendre les paris Johnny-boy ?!"

Je le fixe droit dans les yeux, un sourire mi-narquois, mi-mauvais, mi-content (?) sur le visage. Un petit coup de pression à la Judas et Azérios. Comme quoi, avoir partagé quelques histoires avec des tableaux primés ça peut aider.
Silence radio. Ils se regardent tous les uns les autres.
- Parfait !... Les amis ! En avant !
- Avada !

On traverse le groupe d'accueil sans qu'aucun accroc ne surviennent. Je remercie d'un hochement de tête les uns et les autres avec un sourire sincère avant de reprendre en coeur avec les petits monstres :
- Trente-trois éléphants qui se balançaient...
  • https://www.onepiece-requiem.net/t22787-william-white#243307
  • https://www.onepiece-requiem.net/t22783-william-white
Deux semaines plus tard :

-... Mesdames... Messieurs.... Merci de vous être tous réunis aujourd'hui pour ce jour exceptionnel. À mes côtés, je ne vous les présente plus, M.Kidner, chef chocolatier, et M.Scully, chef de la sécurité.
Bref.
Je sais que depuis l'arrivée de nos nouveaux... collaborateurs, il y a eu quelques, quelques débordements. Fort heureusement pour tout le monde, tout est revenu plus ou moins à la normale.
J'ai reçu de nombreuses plaintes, réclamations et questions suite aux nombreux mouvements de zones, changements de plannings ainsi qu'aux relocalisations de postes. Je comprends vos inquiétudes et suis ici pour mettre un terme à tous vos doutes.
Comme vous les savez, les Glougloutons ne sont pas les êtres vivants des plus vifs d'esprit. Cependant, leur motivation et leur acharnement au travail fait d'eux des collaborateurs d'exceptions. Grâce à eux, vous avez gagné des temps de repos supplémentaires, de nombreuses tâches ingrates leur ont été attribuées et le système des trois-huit a été supprimé pour vous permettre d'avoir un rythme de travail et de sommeil agréable.
...
Malgré tout, comme je l'ai déjà dit, la direction a continué à recevoir des doléances et même, parfois, à être insultés. La raison principale ? Un manque d'adaptation et de remerciements de vôtre part.
J'en ai donc conclu que toutes les avancées dans le domaine du bien-être au travail ne suffiraient pas à vous convaincre.
C'est pourquoi, j'ai pris aujourd'hui une lourde décision :
Vous êtes virés !
dis-je avec mon éternel sourire sur un visage sans once de méchanceté.

Tohu-bohu dans le grand hall d'entrée. Des cris, des "enculés", "salauds de direction" et autres mots d'oiseaux pas très très corrects. Tout le personnel commence à s'agiter, monter en pression, la tension dans la salle grandit tandis que je regarde Scully et lui fait un signe de tête. Au signal, il s'avance d'un pas froid et décidé vers la foule qui comprend les nouveaux enjeux intra-personnels de la boîte. Le calme reprend ses droits petits à petits.

- Mesdames, Messieurs... Comme je vous l'ai dit, j'ai essayé de mettre en place un roulement de travail plus qu'avantageux pour vous. Malheureusement, par la faute de quelques uns d'entre vous, souhaitant toujours plus que l'entreprise puisse donner, par refus de collaborer avec les Glougloutons ou autre tour de force d'un égo mal placé, j'ai dû trouver une solution nette et précise.
Pour ceux s'étant accoutumés de la situation. J'en suis, croyez-moi, pleinement désolé. Je ne peux, cependant, faire du cas part cas...
Vous avez une heure pour récupérer vos affaires personnelles et laisser vos badges dans vos casiers. Tout réfractaire se verra attribuer une visite de courtoisie par notre chef de la sécurité .
Je vous souhaite donc bonne continuation.
Merci de votre collaboration.
Au revoir.


Une heure plus tard, le portail de la Shishocolaterie se referma derrière une foule perdue.
Aujourd'hui, plus personne ne sait ce qu'il s'y passe, plus personne ne peut y pénétrer.
Et pourtant... Pourtant l'usine continue de tourner à plein régime.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t22787-william-white#243307
  • https://www.onepiece-requiem.net/t22783-william-white