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Ruelles et nuages.

Le Sultanat de Pétales n’avait, en général, pas une réputation superbe dans les bas fonds d’East Blue. Un Sultan déifié, une famille royale assassinée par les dirigeants actuels, une industrialisation extrême… Sans compter que là où les paysans avaient pu cultiver des fleurs à leurs comptes, ils devaient tous travailler pour trois grandes familles. Néanmoins, tout n’était pas à jeter. C’était, après tout, une des îles produisant les meilleurs parfums et produits cosmétiques des sept mers, rien de moins. Au diable le malheur des uns quand les produits rendaient heureux tant d’individus! Et quand on s’était rendu à l'évidence qu’on allait vivre une vie de crime jusqu’à atteindre son objectif, c’était un endroit extrêmement intéressant où démarrer ses soi-disants méfaits.


Le navire voyageur s’approchait doucement du port du Vizirat d’Essence, sous un ciel obscurci par des nuages de multiples couleurs, majoritairement laid de par la combinaison des multiples gaz relâchés par les producteurs et leurs usines. Malheureusement pour ceux observant l’horizon des bâtiments de métal et des cheminées industrielles, il n’y avait pas que le ciel qui était pollué ; les eaux étaient de multiples couleurs, des huiles s’empilant et flottant sur sa surface, donnant une allure particulière et attaquant les visiteurs de multiples odeurs qui, seuls auraient pu être agréables, mais dans leur amalgame n’était qu’un assaut sur les narines, les effluves allant même jusqu'à faire tousser les pauvres passagers.


Les quais de bois, probablement la seule partie de la ville utilisant ce matériel si peu industriel, se rapprochaient doucement, le navire ralentissant jusqu’à arriver à un arrêt complet avec le dépôt de l’ancre dans les fonds houleux. L’embarcation déversa alors sa vingtaine de passagers et ses marins exténués du voyage sur les docks, chacun partant dans une direction différente. Les habitués allaient directement rejoindre leurs établissements préférés, tandis que les touristes, non familiarisés avec la cité ultra-industrialisée, avançaient doucement, regardant tout autour avec un regard abasourdi. Après tout, peu de gens avaient le privilège de venir d’une île hautement développée technologiquement.


Rachel Marco faisait partie de ces touristes à la bouche bée.


Le rose de son visage et de ses vêtements créait un contraste étrange avec les multiples couleurs métalliques envahissantes de la cité industrielle. Certes, le maquillage était extrêmement populaire sur le visage des demoiselles, mais les vêtements de la majorité étaient assez sobres, beaucoup d’ouvriers préférant certainement ne pas porter de vêtement qui se saliraient au contact des multiples nuages de gaz flottant dans l’air. Rachel n’avait pas eu le mémo, apparement, se déplaçant gracieusement une fois sa surprise passé, slalomant entre les passants fréquentant le deuxième port le plus important du sultanat. Après tout, iel savait ce qui était désiré dans cet antre de machine et d’engrenages ; les meilleurs produits cosmétiques d’East Blue.


Dites ce que vous voulez sur Marco, mais iel adorait tout ce qui se rapprochait de près ou de loin aux cosmétiques féminins, lui permettant de se rapprocher sans cesse de son image intérieure, de véritable star des sept mers, du souverain avec l’apparence la plus fabuleuse de Grand Line. Quel meilleur endroit, donc, pour commencer ce voyage initiatique que la cité tant réputée pour faire briller les demoiselles et les okamas? Seulement, la Beauté Astérienne n’avait pas prévu qu’un endroit créant tant de beauté et de grâce serait si… laid. Une surprise qui ne dura que très peu de temps, puisqu’iel était déjà en marche vers la première boutique qui avait une apparence correcte en vue. Après tout, il n’était pas question de s’aventurer dans les ruelles où n’importe quel brigand pourrait lui asséner un coup derrière la nuque et profiter de ses luxueux vêtements!


Mais un coup d'œil dans une des ruelles attira son attention. Passant à côté, Rachel put apercevoir d’impressionnantes silhouettes armurées, de véritables épines jaillissantes du métal les protégeant comme la plus laide des roses. Quatre silhouettes, pour être tout à fait exact. Curieux de leur identité, l’Okama fit de courts pas de danse jusqu’au bâtiment dans lequel les véritables chevaliers s’étaient engouffrés, s’étant résolu à briser sa prudence pour satisfaire sa curiosité passionnelle. Iel devait, après tout, voir ces figures de plus proches. Ça la fascinait au plus haut point. Et donc, Marco ouvrit la porte, révélant l’intérieur d’une boutique bien moins digne de la présence d’un danseur aussi célébré à Port-aux-Rois.
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“Dame Valérie a besoin de ses parfums, goinfre! Tu le sais très bien, alors crache!”


“Mais… Si je continue à vous donner autant de marchandise, je devrais fermer ma boutique! Je suis déjà pas populaire, s'il-vous-plaît, montrez de la pitié!”


“Silence bougre! Sois-déjà satisfait que les Gardes des Ronces te protègent des Nostalgiques! Ils polluent les bassins de parfums! Sans nous tu ne ferais aucun profit! Camarades, saisissez-v… Hein?”


“Je tiens a dire, je suis sous votre charme, Sir. A priori, vos armures sont d’une laideur incommensurable mais, après une meilleure observation je me rends compte du degré de détail possible avec toutes ces épines! Wow est ma seule réaction. Me présenteriez-vous à votre manufacturier? J’adorerais me faire poser quelques piques par-ci par-la.”


La scène en soi si classique de rackettage de l’autorité face aux pauvres commerçants loin de la lumière des projecteurs fut interrompu abruptement, Rachel ignorant l'entièreté de la conversation pour concentrer toute son attention sur les armures des quatres Gardes qui, malgré leurs casque, étaient clairement bouche bée face à l'énergumène sorti de nul part qui les scrutaient de beaucoup trop près, frôlant sans cesse les épines caractéristiques de leurs habits. Aucune, par-contre, ne semblait blesser la douce peau du touriste étrange. Deux d’entre eux positionnèrent leurs mains sur les armes à leurs ceintures, tandis que le capitaine du groupe se contenta de pousser l’Okama quand celui-ci s’approcha.


“Ouf! Doucement, cher monsieur. Votre flirt est un peu trop violent pour ma frêle personne!”


“Dégage, touriste. T’interromps une mission officielle de la Garde.”


L’erreur qui avait été faite par le Garde des Ronces était simple et bénigne pour beaucoup. Après tout, peu de gens fréquentant une île autoritaire avait une arrogance et un sens de supériorité si haut. Mais la Beauté Astérienne arrivait, a quelques escales près, directement de Port-aux-Rois, où l’excentrique danseur avait été populaire dans les tavernes, auberges et ruelles. Personne ne l’avait poussé depuis des mois, pour la simple et bonne raison qu’iel avait percé la peau de plusieurs avec ses talons aiguilles en réponse au dernier signe de violence envers sa personne. Iel était pour devenir souverain d’Astérion. Sa tolérance envers toute violence faite à sa prochainement noble personne était… insupportable.



Rachel se dirigea doucement, sautillant presque vers la porte et, le moment avant de sortir, bondit, plantant solidement ses talons aiguilles acérés dans le mur et, s’en servant de support, se projeta vers le capitaine l’ayant poussé, pirouettant dans les airs pour que ses talons soient les premiers à frapper le nouvellement déclaré adversaire. Utilisant son agilité de danseur et la grâce d’un artiste Okama, iel esquiva de peu les épines, envoyant simplement le capitaine au sol, le choc l’ayant fait perdre son équilibre. Immédiatement, bien entendu, les trois autres gardes dégainèrent leurs armes. Tel était les conséquences d’une vie passionnelle, des conflits si facilement esquivés. Le petit sourire charmeur s’élargit pour devenir plus intimidant alors que Marco s'élançait vers le garde le plus proche.


Un coup de lame qui aurait pu mettre fin à la carrière toute neuve de l’Okama fut esquivé de justesse par un habile pas de danse, positionnant l’Astérien sur le flanc droit de son adversaire. Un œil sur le capitaine tentant de se relever sous le poids de son armure, l’autre sur ses trois ennemis debout. La situation n’était pas superbe. Iel était en infériorité numérique, contre des hommes armés et armurés suffisamment pour pouvoir faire la guerre. Rachel devait se limiter à être agile et à profiter des moindres opportunités pour frapper entre les plaques des armures. Plus facile a dire qu’a faire, pour un rookie des sept mers.


Une esquive, une autre, les chevaliers des Pétales utilisaient leurs nombres de façon avantageuse pour mettre le dangereux danseur dans un coin et pouvoir le mettre hors d’état de nuire rapidement. Iel en avait pleinement conscience, ça ne devait pas arriver, ou ça serait un incroyable pétrin. Marco attendait néanmoins son heure. L’opportunité parfaite pour exploiter le poids et le nombre contre ses adversaires. Une respiration calme mais démontrant de plus en plus le poids du combat, les pieds et les bras qui n’arrêtaient pas de bouger, cherchant la moindre façon d’esquiver.


Et une opportunité arriva, telle une faveur de la déesse des Okamas.


La Beauté Astérienne plongea au sol entre les jambes d’un des gardes ayant fait un mouvement trop vaste, se retournant et envoyant son talon se planter entre les plaques du ventre et des jambes, perçant la chair sous sa dangereuse chausses, faisant tomber l’homme en armure au sol. Serrant les dents, Rachel remarqua que sa petite stratégie lui avait coûté quelques gouttes de sang, une des épées l’ayant coupé dans le dos pendant sa plongée. Rien de bien profond, mais suffisamment pour l’irriter. Mais iel n’avait pas le temps de se lamenter sur son sort. D’un bond, le danseur se remit sur pied et esquiva de justesse le capitaine, qui avait rejoint ses deux camarades debout pour continuer l’assaut sur l’Okama. La situation était désespérée, rien n’allait face à ces adversaires.


Iel devait dépasser ses limites. Plus de précision. Plus de vitesse. La contre-attaque parfaite. La gorge.


Un coup le toucha, lui faisant une entaille dans la joue droite, puis une sur le bras gauche. Ses esquives étaient moins efficaces tout d’un coup. Rachel calculait, analysait, pour trouver le moment parfait, le mouvement qui lui donnerait sa contre-attaque salvatrice. Accumulant coupures et bleus, le danseur attendait son heure, telle une proie donnant le tout pour le tout pour sauver sa pauvre chair face au loup. Un véritable coup de fouet, rien de puissant, parti du sol et alla se loger dans la gorge d’un des gardes. Un moment de surprise, une autre opportunité. Un autre fouet perçant quitte le sol, achève un des chevaliers racketteur. Le seul face à la Beauté Astérienne était le capitaine, qui était clairement plus fort que ses sous-fifres… mais seul, il ne faisait pas le poids face l’Okama. Iel avait gagné. Son analyse avait porté ses fruits, malgré la demi-douzaine de blessures couvrant son magnifique corps.


Un coup à la gorge, et ce fut fini. Le danseur acheva le premier homme tombé au sol avant de siffloter, quittant la boutique, se tenant les blessures les plus terribles. Le propriétaire de la choppe ne comprenait pas du tout ce qui venait de se passer, tournant la tête d’un bord et de l’autre, tentant de raisonner l’apparence d’un étranger qui venait de tuer avec des talons aiguilles quatre Gardes des Ronces. Le touriste l’avait-iel fait dans un acte de bénévolence? Une volonté de faire passer un message?


Non. Du pur orgueil. C’était comme ça que les péripéties de Rachel Marco avaient commencé sur Le Sultanat des Pétales.
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