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Un Marché Douteux



Un Marché Douteux


Présent
✘ Quête Solo – Partie 1




Le soleil était au beau fixe, trônant fièrement dans le ciel du Royaume de Bliss, traversé par des oiseaux chantants et des nuages desquels je m’amusais à imaginer des formes. J’étais allongé sur le dos, les mains derrière la tête en profitant de la chaleur. De loin, on aurait dit que j’étais allongé dans l’herbe sur une petite colline, mais de près on se rendait compte que l’herbe sous moi était d’un vert différent, trop clair pour être naturel. En réalité, ce n’était pas de l’herbe, mais le dos de Borat qui s’était enfouit sous terre. La démonstration m’avait tout d’abord surpris, comme ce cochon géant l’avait déjà fait en nageant malgré son immensité. Naviguer sur son dos était un réel plaisir, bien que la navigation n’était pas toujours évidente, Borat n’en faisait parfois qu’à sa tête. Cependant, je m’étais rendus compte qu’en lui chantant une petite chanson l’animal se calmait, et c’est ainsi que nous avions vogué ensemble jusqu’à Bliss.

Cela faisait à présent quelques semaines que nous étions là, à camper à quelques distances de Portgentil, Borat étant trop timide pour tant s’approcher d’une ville. C’était probablement la raison pour laquelle il s’était ainsi enfouit sous terre en creusant le sol de ses petites pattes. Et moi, ne souhaitant pas le laisser seul, j’avais décidé de camper à la belle étoile. Depuis que j’avais rencontré le pachyderme gigantesque, je le considérais comme un véritable ami, bien que la conversation était souvent limitée. Nous avions vogué sur les mers ensemble, ris et fuis des situations périlleuses. Nous avions même croisés des Rois des Mers, et Borat s’était carapaté en se servant de ses grandes oreilles comme rames, accélérant comme un fou sous l’effet de la peur.

« Eh Borat, tu m’entends là-dessous ? » demandais-je à mon matelas vert.

« Gruiik gruik ! » répondit-il, ses grognements légèrement étouffés par la terre qui lui recouvrait la tête, le son se réverbérant à travers le trou de son évent qui, lui, était à l’air libre.

« Va falloir qu’on bouge mon pote, désolé d'interrompre ta sieste. » continuais-je alors, l’heure du départ étant arrivée.

J’avais décidé de quitter les Blues pour me diriger vers Grand Line. J’avais entendus des histoires sur cette mer depuis que j’étais petit, de pirates, de richesses et de nombreuses îles qui regorgent de secrets. J’avais envie de voir le monde, changer d’air et devenir riche. Et, j’avais envie que des légendes soient écrites sur moi, la légende de Mazino. Et pour toutes ces choses, tout ces buts, je devais rejoindre la Route de tout les périls. Cependant, atteindre Grand Line était plus facile à dire qu’à faire, surtout lorsque l’on a un cochon géant. J’avais prospecté dans le Royaume de Bliss pour trouver un moyen de transport capable de nous accueillir tout les deux et j’avais entendus parler de la Translinéenne. J’en avais déjà entendus parler par le passé, mais j’ignorais qu’un de leurs ports se trouvait à Bliss.

Sous mon dos, le dos de Borat se mit à bouger, me soulevant petit à petit tandis que la terre autour de nous tremblait puis s’ouvrait sur la tête et l’arrière-train du cochon vert géant. Je fus soulevé de plus en plus haut jusqu’à ce que Borat soit complètement sortit du sol, finissant comme toujours en s’ébrouant. Sauf que, d’habitude, je suis rarement sur son dos. Je dus m’agripper fermement à pleines poignées dans ses grands poils verts pour ne pas être renversé et chuter. Mon corps fut secoué de droite à gauche jusqu’à ce que me jambes se retrouvent à la verticale comme si je faisais un poirier. Lorsqu’il s’arrêta de se secouer pour se débarrasser de la terre qui lui recouvrait le poil, je m’écrasa le visage enfoui dans sa fourrure.

« T’aurais pus prévenir Borat ! » m’exclamais-je, ma voix légèrement étouffée par les poils du porcin qui me chatouillaient la bouche.

« Gruuiiiiiiiik » répondit-il d’un grognement rieur.

« T’as raison, c’était une bonne vanne ! » riais-je alors que je me relevais en tailleur, lâchant les touffes de poils verts.

« Gruik Gruik ! » fit-il fièrement en se mettant en marche.

Borat se dirigeait en direction de Portgentil, un peu plus rassuré à présent qu’on avait un peu exploré les lieux pendant les dernières semaines. Cependant, je savais pertinemment qu’il ne rentrerait pas dans la ville avec moi et qu’il se cacherait à nouveau sous terre pour éviter les ennuis. Quelque part, ça m’arrangeait car sa taille rendait la discrétion compliquée. D’un autre côté, c’était mon ami et j’aurais aimé qu’il vainque sa timidité et puisse vivre toutes mes aventures avec moi.

Ainsi, nous fîmes les quelques kilomètres qui nous séparaient de la ville portuaire, mon compagnon cochon s’arrêtant au bas d’une colline derrière laquelle se trouvait la ville. A nouveau, il se mit à gratter frénétiquement le sol en se servant de ses petites pattes, comparées à sa taille. Je descendis alors petit à petit, m’agrippant à nouveau tandis que j’étais secoué dans tout les sens. C’était toujours un peu violent comme atterrissage, mais j’adorais me balader sur le dos de Borat.

« Allez mon pote, attends-moi ici je vais nous trouver un gros bateau pour accueillir ton royal fessier dans le confort pour notre traversée vers notre destin ! »
m’exclamais en lui grattouillant le dos.

J’atteignis finalement la hauteur du sol et descendis de la surface rebondie de plusieurs mètres carrés qu’était le dos du cochon. Je me mis à monter la colline en empruntant un petit chemin de terre jusqu’à en atteindre le sommet. Là, le paysage était magnifique, un point de vue imprenable sur toute la ville, le port où le soleil se reflétait, les citoyens qui se baladaient dans les rues.




En suivant le chemin, je descendis jusqu’à la ville, la terre battue remplacée petit à petit par des pavés. J’arpentais ainsi l’axe principal de la ville où tout le monde semblait content en cette belle journée, ou c’était moi qui était de trop bonne humeur pour remarquer les visages tristes. J'avais hâte de me lancer dans l'aventure sur Grand Line, de rencontrer des gens puissants et les combattre pour prouver ma valeur et ma force. Il y avait tant de choses à voir dans ce monde, et tant de richesses à subtiliser. Avec mon ami pachyderme, j'avais un moyen de transport qui en jetait grave et des plus originals.

Je dus demander ma route à des passants pour la trouver, mais je finis par arriver à la boutique de la Translinéenne sur le port. Un petit magasin plutôt cossu dénotant de la richesse de la compagnie maritime de transport. Il y avait pas mal de passage et plusieurs personnes se tenaient devant, dont un homme un peu louche en costume trois pièces qui fumait une cigarette en observant les allers et venues des clients. Je n’avais pas beaucoup d’argent, et il faudrait probablement que je négocie avec eux. J’espérais seulement qu’ils auraient un navire assez grand pour transporter Borat.





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✘ Quête Solo – Partie 1




Je poussais les portes de l’établissement, une boutique plus spacieuse qu’elle ne semblait l’être de l’extérieur, à l’allure assez sobre sans ostentation de richesses. De nombreuses personnes se trouvaient là, des marins pour la plupart qui se préparaient à partir en mer ou des clients qui attendaient le départ de leur transport. Je me dirigea alors vers le comptoir où il y avait une petite ligne composée de plusieurs clients attendant leur tour. Je pris place parmi eux, faisant appel à ma patience pour ne pas pousser tout le monde et m’imposer comme le client suivant. Mais, parfois, il est bon de faire preuve de bienséance pour éviter les ennuis ou pour ne pas se faire recaler. Pour le coup, j’avais besoin de cette compagnie pour me mener sur Grand Line aux côtés de Borat.

« Client suivant ! » fit la jeune femme au comptoir sans lever les yeux du document qu’elle remplissait d’une main experte.  

Mon tour vint enfin, j’avais dus attendre de longues minutes, m’occupant à imaginer les aventures qui m’attendaient sur ces mers inconnues. Affichant mon sourire le plus jovial, je m’approchais alors du comptoir pour faire face à l’employée de la Translinéenne.

« Bonjour, monsieur, que puis-je pour vous cher client ? » m’accueillit-elle avec un grand sourire commercial.

« Bonjour. » répondis-je en anticipant sa prochaine réaction quand je lui parlerai des détails de ce que je recherchais. « Je cherche un transport pour le Cap des Jumeaux, au plus tôt de préférence. »

« Bien sûr, ici à la compagnie maritime de la Translinéenne nous assurons un transport rapide et de qualité pour Grand Line. » me répondit-elle en récitant ce petit discours qu’elle avait dû apprendre par cœur, ou au moins répéter un peu trop souvent. « Vous serez le seul à embarquer, monsieur ? »

Voilà, le moment où son sourire allait se transformer en une autre expression. Je me grattais l’arrière de la tête, un peu gêné.

« Eh bien, il se trouve que j’ai une monture plutôt...hm...imposante je dirais. » commençais-je, de plus en plus sceptique à mesure que je parlais. « Et j’aimerais m’assurer qu’il ait un boxe ou un endroit tranquille pendant la traversée, suffisamment spacieux. »

« Bien entendu cher client, nous avons des boxes prévus à cet effet dans les cales de nos navires de transport, ne vous en faites pas. » me dit-elle alors calmement en remplissant un formulaire sans même le regarder, ses yeux toujours braqués sur moi. « Donc, une personne et une monture, vers le Cap des Jumeaux, au plus tôt...pour la date nous avons des navires qui partent demain matin, cela vous conviendrait-il ? » demanda-t-elle, les bruits de son stylo sur le formulaire se faisant plus insistants, elle continua sans me laisser le temps de répondre. « Pour les boxes, nous en avons entre dix et vingt mètres carrés, cela devrait convenir à votre monture pour qu’elle ait suffisamment d’espace, n’est-ce pas ? »

Mon regard devint fuyant, me grattant toujours l’arrière de la tête tandis que ma bouche faisait la moue.

« Hm j’ai bien peur que ce ne soit pas suffisant, vous voyez ma monture est un peu spéciale... » commençais-je, un peu gêné et ne souhaitant pas en dire trop sur Borat de peur que la femme ne me croit pas. « Vous n’auriez pas des navires destinés au transport de bétail ou d’animaux imposants par hasard ? »

La jeune femme me regarda un instant en clignant des yeux, elle devait probablement tenter de viner ce à quoi ressemblait ma fameuse monture. Mais elle était certainement bien loin de la réalité. J’avais remarqué un homme encapuchonné plus loin accoudé au comptoir, il semblait lire des prospectus mais, dès que je m’étais mis à parler d’une monture imposante, j’avais remarqué son regard qui me jetait quelques coups d’œil intéressé.

« Euh...de quel genre d’animal parlons-nous exactement ? » demanda-t-elle alors, son sourire remplacé par un visage curieux, un de ses sourcils légèrement arqué.

Je m’approchais d’elle au-dessus du comptoir, plaçant une main sur le côté de ma bouche tandis que je chuchotais.

« On parle d’un cochon géant de vingt-cinq mètres de haut. » dis-je alors d’une traite, ne rajoutant pas la couleur de l’animal pour ne pas choquer encore plus mon interlocutrice.

« Un...un quoi ? » fit-elle du tac au tac, esquissant un mouvement de recul avant de s’arrêter en se tapotant le bord des lèvres. « Oui, je vois... »

Elle marqua une longue pause avant de lever un doigt devant elle pour m’intimer de patienter. Elle se baissa sous le comptoir pour en ressortir un gros registre relié de cuir qu’elle ouvrit entre nous. Son expression d’incrédulité avait quitté son visage, soit elle ne me croyait pas et me pensait fou, soit elle avait déjà vu des marchandises tout aussi exotiques. Après tout, la Translinéenne était un grand réseau de transport, il n’était pas surprenant qu’ils aient déjà transportés des animaux étranges.

« Bien, ce n’est pas commun comme requête, mais je crois que nous avons ce qu’il vous faut. » fit-elle, concentrée dans sa lecture du registre. « Ce n’est généralement pas destiné à transporter des gens, mais je ne pense pas que votre présence sera dérangeante, cela demandera seulement un petit supplément. »

Elle sortit une nouvelle feuille pour y écrire des chiffres, calculant les frais. Je regardais furtivement, remarquant qu’il y avait beaucoup de zéros sur le prix final.

« Euh, on parle de quel prix au juste ? » dis-je, hésitant car très limité quant à mes finances.

« Avec le transport de Bliss au Cap des Jumeaux, la location du boxe pour les plus grands animaux, votre passage et les frais usuels liés à la traversée...en prenant en compte les taxes d'importation d'animaux d'une mer à une autre...ah voilà, ça vous reviendra à deux millions de Berrys. » finit-elle, traçant une ligne sous le chiffre final sur son papier lorsqu’elle eût terminée son calcul.

J’eus l’impression que ma mâchoire allait rencontrer le sol tant j’étais bouche-bée. Je m’étais attendus à un prix élevé, mais pas à ce point là. Quand j’y réfléchissais, je me demandais si j’avais déjà eus deux millions de Berrys entre les mains. L’homme à la capuche au comptoir se déplaça alors, partant en direction de la sortie et quittant l’établissement sans un mot.

« Et...le prix est-il négociable ? » commençais-je, de plus en plus hésitant. « Je peux travailler pour payer une partie, je suis un bon combattant je pourrais protéger le navire en cas d’attaque ou... »

« Je crains fort que nous n’ayons pas besoin de protection supplémentaire. » répondit-elle en me coupant la parole. « De même pour les hommes d’équipage, nous avons déjà tout le personnel nécessaire, je m’en vois navrée. » finit-elle, un petit sourire gêné sur le visage, elle me fit bien comprendre que la négociation n'était pas dans leurs habitudes.

« Bien...je vais prendre le temps de réflechir dans ce cas. » dis-je en tapotant le comptoir du bout du doigt alors que je tentais de trouver un plan pour prendre ce navire. « Quand est-ce que la navire lève l’ancre ? »

« Demain après-midi monsieur, mais les réservations se terminent dès ce soir. »

Cela ne me laissait que quelques heures pour trouver l’argent, ce n’était pas impossible mais fortement compromis. Moi qui étais si excité à l’idée de rejoindre Grand Line, la désillusion faisait mal. Je quittais l’établissement l’air penaud, traînant des pieds. Alors que je levais les yeux en atteignant l’extérieur, j’aperçus quatre hommes à quelques mètres de l’entrée, en pleine conversation jusqu’à ce que je fasse mon apparition. L’homme qui semblait être leur chef, richement vêtu d’un costard cravate recouvert d’un lourd manteau de fourrure qui devait lui tenir plus chaud que nécessaire au vu du temps qu’il faisait dans le coin, s’avança vers moi. Il tira une longue bouffée sur son cigare avant de relâcher un long nuage de fumée épaisse.




« Eh toi ! » m’interpella-t-il. « Je pense qu’on peut faire affaire, l’ami. »



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✘ Quête Solo – Partie 1




« Vous êtes qui vous ? » demandais-je alors sèchement à l’inconnu aux airs de mafieux.

« Qui je suis ? On m’appelle Grégor Athelbaf, et j’aime me considérer comme un businessman. » répondit-il en affichant un grand sourire, ses dents immaculées tenant son gros cigare fumant.

« Et, qu’est-ce que j’en ai à foutre ? » continuais-je sur le même ton, ma façon de parler était drastiquement opposée à mes manières face à la femme du comptoir de la Translinéenne, j’avais tendance à m’adapter à mes interlocuteurs et à la première impression qu’ils me renvoyaient.

« Voyez-vous, nous avons entendus dire que vous souhaitiez vous rendre au Cap des Jumeaux par la Translinéenne, mais que vous aviez besoin d’un transport particulier afin de transporter votre monture. » commença-t-il, affichant toujours son sourire sans être le moins du monde décontenancé par mon ton froid et sec. « Je pense que nous pouvons nous entraider. »

Je remarquais alors l’homme encapuchonné que j’avais croisé, se tenant en retrait derrière les gardes du corps du mafieux face à moi. L'allure de Grégor, ses airs et son ton mielleux puaient le coup fourré à plein nez, mais je n’avais plus beaucoup d’options si je comptais prendre le navire qui partait le lendemain.

« Hm, je vois. » fis-je en observant l’homme au capuchon. « Vous m’avez espionné. » continuais-je, pensif. « Et qu’est-ce que vous me proposez au juste ? »

Son sourire s’élargit, resserrant ses dents sur son cigare d’un air carnassier. Une lueur de contentement sembla passer dans son regard, de celui qui vient de ferrer un gros poisson.

« Aaaaah, voilà le genre de question que j’aime entendre ! » s’exclama-t-il, joyeux. « Ce que je vous propose, c’est de vous payer votre trajet dans son intégralité, tout les frais. Et, en échange, une fois au Cap des Jumeaux, vous me rendrez un petit service. Un bon marché, n’est-ce pas ? »

« Un peu trop beau pour être honnête. » répondis-je aussitôt, de plus en plus sceptique.

« Voyons, mon ami. » fit-il d’un ton amical. « Il n’y a pas que de méchants bougres en ce monde. Je suis un amoureux des bêtes voyez-vous, et je vous avoue être curieux quant à l’animal dont vous avez faits la description plus tôt. Une majestueuse créature qui mérite, j’en suis sûr, d’être traitée avec le respect et la délicatesse qui lui est due. »

Il parlait bien, avec une intonation de voix qui avait dû en convaincre plus d’un par le passé. Son apparence dénotait fortement avec ses manières, bien que je discernais quelques tics comme de brefs sourires ou cette lueur dans ses yeux, plus vif lorsqu’il parlait de Borat. En tant qu’ancien truand, je savais reconnaître ce genre de gars, des arnaqueurs en puissance qui jouaient de leur argent et de leur influence pour voler les voyageurs de leurs biens les plus chers. Et ce gars en face de moi était un sacré spécimen de ce genre, il semblait rôdé à l’exercice de la conversation, rompu à convaincre les gens pour mieux les poignarder dans le dos plus tard. Enfin, je pouvais peut-être me tromper, et sa proposition était plutôt alléchante et m’arrangeait au vu de la situation.

« On parle de quel genre de service ? » demandais-je alors, jouant le jeu en rompant mon air sceptique pour apparaître curieux et intéressé. « Deux millions de Berrys n’est pas une petite somme après tout. »

« Hahaha ne vous en faites pas, je suis sûr que vous serez à la hauteur, et ce genre de prix n'est rien pour moi. Vous m’avez l’air fort et de savoir vous battre, vous serez parfait pour cette tâche, mais je ne peux hélas pas vous en parler pour le moment. » m’expliqua-t-il en me complimentant pour me convaincre plus facilement.

« Bien...c’est vrai que votre proposition m’intéresse. » commençais-je en me grattant le menton pour le faire mariner un peu, alors que ma décision était déjà prise. « Je marche. »

« Hahaha c’est parfait mon ami, c’est parfait ! » s’exclama-t-il de son air carnassier, on aurait dit un requin qui rigole. « Dans ce cas, retrouvons-nous au bout du port demain en début d’après-midi pour le chargement. Nous allons faire du bon boulot ensemble ! »

« Je n’en doute pas. » répondis-je simplement, les saluant avant de reprendre ma marche de retour jusqu’à l’endroit où Borat s’était caché.

Au vu du caractère du cochon géant, la prochaine épreuve serait de le faire entrer dans la ville pour rejoindre le port. Les rues étaient suffisamment grandes pour laisser passer son royal postérieur, mais sa timidité ne rendrait pas la tâche facile, j’en étais certain. Enfin, à l'apparence du gars avec qui je venais de traiter, je devrais rester sur mes gardes pendant cette traversée. Je ne savais pas encore quel coup fourré il me préparait, mais j'étais certain que ses intentions n'étaient ni nobles, ni honnêtes.  



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✘ Quête Solo – Partie 1




La journée s’annonçait radieuse, pour ce qui était de la météo en tout cas. Après avoir repris nos distances avec la ville portuaire la veille, nous avions campé non loin de la mer. J’y avais réfléchis et je m’étais dis que passer par la mer pour rejoindre le port sur le dos de mon porc serait une meilleure idée que de lui faire traverser les rues de Portgentil. C’est ainsi proche de la côte que nous avions passés la nuit, moi serré contre le gros corps vert et chaud du pachyderme qui me servait à la fois de matelas et de couette à la nuit tombée.

« Allez mon bon roi cochon ! » m’exclamais-je à l’attention de Borat qui refusait de bouger.

J’étais derrière lui, le poussant de toutes mes forces au niveau d’une de ses pattes arrières. A ses grognements, j’avais compris qu’il était trop fatigué pour bouger, baillant si fort qu’il avala un oiseau lorsqu’il referma son énorme bouche.

« Allez ! Il n’y a que quelques centaines de mètres et après tu pourra te reposer pendant plusieurs jours d’ici à ce qu’on arrive au Cap des Jumeaux. » continuais-je en poussant mon compagnon cochon. « T’aura des pommes ! »

A ces mots, les oreilles du cochon géant se dressèrent sur sa tête et ses pattes se mirent en marche en direction de la mer. Dû à sa soudaine avancée sans me prévenir, j’avais perdus l’équilibre et je m’étais étalé de tout mon long, face la première au sol. Je me relevais en levant un poing menaçant au-dessus de ma tête, avançant à mon tour à sa suite. Borat qui avait commencé à s’immerger faisait de petits grognements saccadés comme s’il riait de ma déconvenue.

« C’est ça, moques-toi, pour la peine t’aura pas de pommes ! » lui dis-je en le pointant du doigt et en arborant un grand sourire méchant.

« Gruuuuiiiiiiiiiik ! » s’exclama Borat par un long grognement plaintif.

Je pris mon élan pour bondir au-dessus de l’eau tandis que le cochon vert géant s’immergeait totalement, mis à part une large zone de son dos qui dépassait. J’atterris dans la zone et aussitôt, Borat se mit en route, la tête sortant légèrement de l’eau jusqu’à ses yeux tandis que je lui indiquais le chemin. Le kilomètre qui nous séparait du port fut rapidement parcouru par le cochon amphibie. Je m’étais assis en tailleur sur son dos, voyant les navires et les maisons du port apparaître les uns après les autres. Dans le coin droit du port, se dévoilant peu à peu à mesure que l’on avançait, un énorme navire trônait fièrement au bout d’un large ponton. Celui-ci donnait sur une énorme porte abaissée au sol, formant une plateforme reliant le ponton à l’intérieur du navire. De nombreuses personnes s’affairaient à transporter marchandises et animaux dans l’immense bâtiment. Plus on s’en approchait et plus son ombre nous recouvrait. Même Borat faisait pâle figure à côté en terme de taille, nul doute qu’il tiendrait sans trop de problèmes dans un tel navire.

« Prêt pour l’aventure, mon pote ? » demandais-je à mon compagnon de voyage qui sortit à nouveau le groin de l’eau.

« Gruuuuiiiiik gruik Gruik ! » s’exclama-t-il, attirant l’attention des personnes les plus proches sur le ponton.

Les murmures se soulevèrent et une foule se pressa dans notre direction tandis que mon immense monture sortait de l’eau pour grimper sur le large édifice de bois. Le ponton grinça au moment où le porcin prit appui dessus, mais finalement la structure tint le coup. Sur notre passage, les gens restaient bouche-bée, pointant l’animal du doigt ou murmurant entre eux. Le rouge se mit à monter aux joues du cochon, celui-ci souhaitant probablement se barrer le plus vite possible d’une telle foule. Un peu plus loin, à l’entrée du navire, se trouvait Grégor qui m’attendait les bras croisés entouré par cinq de ses hommes. Je descendis alors de Borat en m’accrochant aux sangles qui l’entouraient, glissant le long de son flanc jusque sous son ventre où je lâchais la sangle pour tomber de trois mètres de haut, me réceptionnant accroupi. Je me relevais, ressortant de dessous le cochon, pour me diriger vers Grégor à une vingtaine de mètres. Sur mon chemin, je remarquais une cagette remplie de fruits qui me firent sourire.

« Tiens Borat. » lui dis-je en lui lançant quelques pommes par dessus mon épaule, l’animal attrapant chacun d’entre elles sans en manquer une. « Tu l’as bien mérité, t’en fais pas tu sera plus tranquille dans le navire. »

« Gruik ! »

Mes pas m’amenèrent alors jusqu’au mafieux, toujours un cigare en bouche et un grand sourire béa sur le visage. Mon cochon géant semblait le fasciner, on aurait dit un enfant qui vient de trouver un nouveau jouet.

« Il est de toute beauté. » souffla-t-il, admiratif, des étoiles dans les yeux qui, de là où je me trouvais, avaient une drôle de ressemblance avec le symbole du berry. « Une merveille parmi les merveilles. »

« Et j’espère qu’il sera traité comme un roi. » lui répondis-je en tapotant la patte du concerné.

« Il en va de soi, évidemment. » fit-il alors en se frottant les mains en affichant ce sourire commercial dans lequel il semblait être expert. « Suivez-moi, je vais vous montrer la suite royale de notre ami porcin. »

Sur ces mots, il fit signe à ses hommes et s’avança sur le pont formé par l’immense porte qui menait droit dans les cales du bâtiment. L’intérieur était immense, prévu pour le transport de grandes marchandises et de bétail ou animaux imposants. Des éléphants étaient dans un boxe et des girafes pas très loin. D’un autre côté, des grognements félins se firent entendre au passage de Borat, celui-ci se faisant tout petit, selon lui, en se mettant sur la pointe de ses pattes. L’espèce de grand couloir bordé de boxes plus ou moins grands était éclairé par de grosses lampes à huile tout les dix mètres, les ombres se faisant parfois dansante sous l’humeur de la flamme.

« Et voici votre loge ! » s’exclama Grégor, faisant ouvrir une porte de trente mètres de haut par des membres d’équipage sur un boxe qui aurait été assez spacieux pour y construire un commerce plus que respectable. « C’est le plus spacieux du navire, ici votre ami sera à l’aise et ne sera pas dérangé. »

« Alors, Borat, ça te convient ? » demandais-je à mon ami en me tournant vers son énorme groin.

« Gruik ! » répondit-il enthousiaste, me faisant quelques signes de tête.

« Ça a l’air de lui convenir. » dis-je alors en me tournant vers Grégor qui affichait un sourire entendu en hochant la tête.

J’étais rassuré de savoir que Borat serait à son aise pendant la traversée, à l’abri dans le boxe. Et j’avais hâte d’atteindre l’autre côté de Red Line, entrer dans la cour des grands et faire connaître mon nom, quel que soit mon camp. J’avais bien des objectifs, qui peut-être un jour se réaliseraient, mais en attendant je comptais bien profiter de la vie dans la richesse et le bonheur.




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