1,2,3 c'est le Roi qui boit ♪
4,5,6 son petit Pastis ♪
7,8,9 jaune comme un œuf ♪
Sympa ce petit air. Sympa l'ambiance dans le coin. Une fête de village on dirait, ou peu s'en faut. J'suis en congé pour le moment moi. La semaine dernière, le ratissage en règles de mecs trop riches, trop orgueilleux et trop pressés de me refiler le contenu de leur bourse à été prolifique. Alors maintenant j'en profite. Je vadrouille d'un bled à l'autre sans me prendre la tête, à dilapider en clopes, alcool et parfois agréable compagnie tout mon solde.
L'escale du jour se fait dans une charmante bourgade où les festivités battent leur plein. Les artistes, saltimbanques et autres magiciens s'y côtoient pour le plus grand plaisir du public. Et pour le mien. L'effervescence présente ici me rappelle cet épisode de ma vie où moi aussi je faisais vibrer les foules dans la troupe du vieux Palon. Alors, esprit guilleret et mine joviale, j'arpente les stands. Ici, un numéro d'équilibriste, là, un tour de passe-passe. Je volette d'une attraction à l'autre, à la recherche de celle qui m'incitera à me poser.
Approchez Mesdames Messieurs ! Approchez ! Venez assister au ...
...ouais, ouais, du vu et revu tout ça.
... le plus grand lanceur de couteaux du continent qui ...
AAAAH Ma maaain !!
Ha ben, maintenant tu sais pourquoi t'en as deux.
... la maîtresse incontestée des cartes, elle manie ce talon de 54 cartes comme personne avant elle !
Ah ? Allons voir.
Curiosité et égo titillés par l'annonce, je m'incruste parmi les badauds. Un trentenaire bourru maugrée que je l'ai bousculé. Une gamine ne peut retenir un cri strident quand je marche sur son pied. De sobres excuses plus tard, j'arrive enfin au premier rang. Le vieux borgne qui braille comme un cochon qu'on égorge nous présente sa fille, Läetitia, fraîche et jolie fleur, talentueuse avec cela. Sa mère est décédée quand elle n'était qu'une petite fille et la pauvre a du apprendre à gagner sa croûte pour elle mais aussi son pauvre père infirme et presque aveugle...
Bah, voyons. J'sais pas si ça marche avec le commun des mortels, mais ce genre de procédé ne suffit pas à flouer un pur produit du jargon comme je suis. Mais soit, jouons le jeu.
L'affaire est fort simple. Les quatre As sont disposés sur une petite table. On les retourne face cachée, les mains expertes de la miss brouillent le tout, et il s'agit de retrouver l'As de cœur. Un coup gratuit pour observer, les autres payants, 50 Berrys la manche. Du grand classique. Je laisse quelques volontaires courir à leur perte face à la jeune artiste qui n'a aucun mal à bluffer les six paires d'yeux rivées plus sur le contenu de sa robe que sur les cartes. Elle ne triche pas, semble t-il. Tout à son honneur même si ça met du beurre dans les épinards la magouille, côté finances. Enfin quand c'est bien exécuté. Comprendre quand on ne se fait pas pincer. Mais ici, l'ambiance est détendue, le climat trop léger ne se prête pas à ce genre de procédés. Et pourtant.
Elle a triché, j'vous dis ! J'en suis certain.
John, arrête tes conneries. Viens, on dégage.
J'partirai pas sans mon fric !
Johnny est pas content. À force de lorgner la poitrine généreuse de la miss, il a enfilé les échecs comme des perles. En une minute à partir en quitte ou double, il a claqué 2 000 Berrys. Madame John va tirer la gueule quand il va rentrer sans le repas du soir et la bourse soulagée. Alors Johnny rale avant pour rattraper l'affaire. Mais ce qui doit arriver dans ce genre de situations arrive.
Vous savez, au départ, ça commence gentiment, à coup de :
Hey, dégage laisse jouer les autres !
...ou encore...
Ouais, bouge de là, looser !
Et là, l'intéressé réplique toujours un truc du genre...
Qui est le fils de putois qui a dit ça ?
De quoi ? Répète un peu si t'es un homme !
[...]
Et puis, quand on zappe les politesses de coutume pour en venir au plus croustillant, la fin du débat, ça donne dans du encore plus constructif et philosophique. Quelque chose comme ...
Grr !
Grr !!!
Bastooon !!!
L'effet boule de neige aidant, ce qui part pour n'être qu'une petite explication bon enfant se propage à la foule entière. Les haltérophiles du club voisin entrent dans le bal, les magiciens et leur poudre explosive à paillette ne sont pas en reste, pas plus que les dresseurs de fauves qui relâchent leurs bêtes pour faire place nette. Rapidement, l'esplanade est nettoyée de la plupart des gens sans histoire pas assez ivre ou assez con pour vouloir tenter l'aventure. Ne reste plus alors que les vrais; ceux qui cherchent les coups, ceux qui veulent faucher la caisse, et ceux qui prennent le forfait double. Tous motivés pour une empoignade mémorable partie d'on ne sait trop où et qui ne finira pas tant qu'il y aura un homme encore assez motivé pour se battre avec vous.
Moi dans tout ça ? J'vous ai dis, je suis en congé. Et j'ai rien contre un petit décrassage. Alors, au moment où se dessine un semblant de temps mort que l'on pourrait qualifier de calme avant la tempête, j'empoigne la première bouteille qui me passe sous la main – bouteille vide je vous rassure – et la fracasse avec énergie et bonne humeur sur mon voisin de droite.
Boom.
WAAAH !!
Yeah, z'avez tout compris, c'est parti pour la générale les enfants !!
4,5,6 son petit Pastis ♪
7,8,9 jaune comme un œuf ♪
Sympa ce petit air. Sympa l'ambiance dans le coin. Une fête de village on dirait, ou peu s'en faut. J'suis en congé pour le moment moi. La semaine dernière, le ratissage en règles de mecs trop riches, trop orgueilleux et trop pressés de me refiler le contenu de leur bourse à été prolifique. Alors maintenant j'en profite. Je vadrouille d'un bled à l'autre sans me prendre la tête, à dilapider en clopes, alcool et parfois agréable compagnie tout mon solde.
L'escale du jour se fait dans une charmante bourgade où les festivités battent leur plein. Les artistes, saltimbanques et autres magiciens s'y côtoient pour le plus grand plaisir du public. Et pour le mien. L'effervescence présente ici me rappelle cet épisode de ma vie où moi aussi je faisais vibrer les foules dans la troupe du vieux Palon. Alors, esprit guilleret et mine joviale, j'arpente les stands. Ici, un numéro d'équilibriste, là, un tour de passe-passe. Je volette d'une attraction à l'autre, à la recherche de celle qui m'incitera à me poser.
Approchez Mesdames Messieurs ! Approchez ! Venez assister au ...
...ouais, ouais, du vu et revu tout ça.
... le plus grand lanceur de couteaux du continent qui ...
AAAAH Ma maaain !!
Ha ben, maintenant tu sais pourquoi t'en as deux.
... la maîtresse incontestée des cartes, elle manie ce talon de 54 cartes comme personne avant elle !
Ah ? Allons voir.
Curiosité et égo titillés par l'annonce, je m'incruste parmi les badauds. Un trentenaire bourru maugrée que je l'ai bousculé. Une gamine ne peut retenir un cri strident quand je marche sur son pied. De sobres excuses plus tard, j'arrive enfin au premier rang. Le vieux borgne qui braille comme un cochon qu'on égorge nous présente sa fille, Läetitia, fraîche et jolie fleur, talentueuse avec cela. Sa mère est décédée quand elle n'était qu'une petite fille et la pauvre a du apprendre à gagner sa croûte pour elle mais aussi son pauvre père infirme et presque aveugle...
Bah, voyons. J'sais pas si ça marche avec le commun des mortels, mais ce genre de procédé ne suffit pas à flouer un pur produit du jargon comme je suis. Mais soit, jouons le jeu.
L'affaire est fort simple. Les quatre As sont disposés sur une petite table. On les retourne face cachée, les mains expertes de la miss brouillent le tout, et il s'agit de retrouver l'As de cœur. Un coup gratuit pour observer, les autres payants, 50 Berrys la manche. Du grand classique. Je laisse quelques volontaires courir à leur perte face à la jeune artiste qui n'a aucun mal à bluffer les six paires d'yeux rivées plus sur le contenu de sa robe que sur les cartes. Elle ne triche pas, semble t-il. Tout à son honneur même si ça met du beurre dans les épinards la magouille, côté finances. Enfin quand c'est bien exécuté. Comprendre quand on ne se fait pas pincer. Mais ici, l'ambiance est détendue, le climat trop léger ne se prête pas à ce genre de procédés. Et pourtant.
Elle a triché, j'vous dis ! J'en suis certain.
John, arrête tes conneries. Viens, on dégage.
J'partirai pas sans mon fric !
Johnny est pas content. À force de lorgner la poitrine généreuse de la miss, il a enfilé les échecs comme des perles. En une minute à partir en quitte ou double, il a claqué 2 000 Berrys. Madame John va tirer la gueule quand il va rentrer sans le repas du soir et la bourse soulagée. Alors Johnny rale avant pour rattraper l'affaire. Mais ce qui doit arriver dans ce genre de situations arrive.
Vous savez, au départ, ça commence gentiment, à coup de :
Hey, dégage laisse jouer les autres !
...ou encore...
Ouais, bouge de là, looser !
Et là, l'intéressé réplique toujours un truc du genre...
Qui est le fils de putois qui a dit ça ?
De quoi ? Répète un peu si t'es un homme !
[...]
Et puis, quand on zappe les politesses de coutume pour en venir au plus croustillant, la fin du débat, ça donne dans du encore plus constructif et philosophique. Quelque chose comme ...
Grr !
Grr !!!
Bastooon !!!
L'effet boule de neige aidant, ce qui part pour n'être qu'une petite explication bon enfant se propage à la foule entière. Les haltérophiles du club voisin entrent dans le bal, les magiciens et leur poudre explosive à paillette ne sont pas en reste, pas plus que les dresseurs de fauves qui relâchent leurs bêtes pour faire place nette. Rapidement, l'esplanade est nettoyée de la plupart des gens sans histoire pas assez ivre ou assez con pour vouloir tenter l'aventure. Ne reste plus alors que les vrais; ceux qui cherchent les coups, ceux qui veulent faucher la caisse, et ceux qui prennent le forfait double. Tous motivés pour une empoignade mémorable partie d'on ne sait trop où et qui ne finira pas tant qu'il y aura un homme encore assez motivé pour se battre avec vous.
Moi dans tout ça ? J'vous ai dis, je suis en congé. Et j'ai rien contre un petit décrassage. Alors, au moment où se dessine un semblant de temps mort que l'on pourrait qualifier de calme avant la tempête, j'empoigne la première bouteille qui me passe sous la main – bouteille vide je vous rassure – et la fracasse avec énergie et bonne humeur sur mon voisin de droite.
Boom.
WAAAH !!
Yeah, z'avez tout compris, c'est parti pour la générale les enfants !!