Dans la cour des grands
Un Marché Douteux – Partie 1
Un petit poisson dans une grosse flaque – Partie 2
Présent
✘ Quête Solo – Partie 3
Un petit poisson dans une grosse flaque – Partie 2
Présent
✘ Quête Solo – Partie 3
Mes yeux s’ouvrirent enfin dans la pénombre pourvue par l’oreille de Borat. J’ignorais combien de temps avait passé depuis que je m’étais endormis suite à mon combat contre Grégor. La grosse oreille verte me recouvrait intégralement et, heureusement d’ailleurs, car j’entendais des voix toutes proches.
« Quel massacre...c’est affreux. » commença une voix grave d’homme, apparemment dégoûté par le spectacle qui s’offrait à lui. « Combien y a-t-il de victimes au total ? »
Curieux de voir ce qu’il se passait, je soulevais un bord de l’oreille du pachyderme toujours ronflant, juste assez pour observer la scène tout en restant dans l’ombre du cochon géant.
« Dur à dire précisément Monsieur, il semble y avoir eut plusieurs affrontements, sur le pont arrière, ainsi qu’à chaque étage du navire. » lui répondit un homme assez jeune qui faisait face à un grand type assez âgé à la carrure importante et à la barbe bien fournie. « Plusieurs personnes sont mortes, principalement ici et à l’étage du dessus, un homme serait également passé par-dessus bord selon un homme grièvement blessé. »
« Hm, il y a donc des témoins, vous ont-ils fournis des informations sur le ou les coupables ? » demanda-t-il à son soldat en se grattant sa grosse barbe.
Il était vêtu d’un long manteau qui devait signifier un rang important dans l’équipage de ce bâtiment. Son homme face à lui gribouillait sur un calepin, notant chaque mot de son chef et chaque information dont ils disposaient.
« Selon la seule victime qui s’est réveillée jusque là, il s’agirait d’un homme seul, dans la vingtaine avec des cheveux blancs et des yeux rouges. » fit alors l’homme aux airs de secrétaire, rechaussant ses lunettes rectangulaires à mesure qu’il lisait ses notes.
« Et vous ne l’avez pas retrouvé ? Aucune trace nulle part ? » interrogea le supérieur en fronçant les sourcils, renfrogné.
« Il y a bien cette flaque de sang sous le cochon, mais nous ne sommes pas capables de le soulever pour vérifier, peut-être est-ce le corps du tueur qui se serait fait écraser en voulant s’accaparer le pachyderme géant. » théorisa l’homme de main à son chef.
« Hm, théorie intéressante Conor, et vous dites que cet animal immense et vert est un cochon ? » dit alors le chef, peut-être même le capitaine de ce navire. « De toute façon, des hommes de la Guilde des Jumeaux sont en route pour inspecter la scène de crime et capturer le coupable. Mais toute cette affaire est vraisemblablement liée à cet animal exotique. » finit-il par dire, pensif.
Les deux hommes se trouvaient à l’entrée du boxe, plusieurs autres s’affairaient autour de la scène de crime derrière eux où gisaient plusieurs corps inertes, les blessés ayant été transportés autre part. Il fallait que je me sorte de là et, à ce qu’ils semblaient dire et à la sensation d’immobilité du navire sous mon corps, nous étions déjà arrivés à bon port : le Port des Jumeaux. Ainsi, une occasion s’offrait à moi de m’échapper de ce navire et de prendre la poudre d’escampette. Le problème résidait dans la façon de contourner tout ces hommes et femmes de la Translinéenne, un bon nombre d’entre eux étant équipés de sabres, fusils ou revolvers. Sous l’oreille géante qui me recouvrait, je me mis à gratter la tête de Borat afin de le réveiller discrètement. Contre moi, l’immense corps bougea, manquant de justesse de m’écraser tandis qu’il grognait en se réveillant.
« On dirait qu’il se réveille. » fit l’officier supérieur de la Translinéenne. « On va enfin pouvoir voir d’où provient cette mare de sang. »
Je n’avais pas de temps à perdre et, une idée déjà en tête, je plongeais ma main sous la manche de mon sweat-shirt qui maintenait ma plaie fermée, tâchant mes doigts de sang coagulé encore légèrement liquide. J’étalais alors la matière visqueuse sur mes cheveux blancs qui dépassaient de sous ma casquette. J’avais confiance dans mon jeu d’acteur et, bien que je ne pouvais pas changer la couleur de mes yeux, je pouvais au moins faire cela pour ne pas correspondre à la description qu’ils avaient de moi. Je pouvais toujours essayer en tout cas.
« Gruik Gruiiiik » fit Borat en s’ébrouant légèrement, se relevant sur le ventre tandis qu’il ouvrait ses petits yeux noirs.
Son basculement me découvrit de son oreille, je m’étais allongé juste avant en fermant les yeux afin de jouer la comédie et passer pour une victime des combats.
« Eh ! Y a un autre corps ici et, un autre plus...oh putain ! » fit le secrétaire en vomissant subitement sur le sol, non loin de moi.
Il avait réagit ainsi en voyant le corps, ou plutôt les restes, de Grégor. En effet, écrasé par Borat lors de notre affrontement, le poids du pachyderme avait complètement broyé son corps, certaines parties avaient même éclatées sous la pression. Reconnaître le mafieux était alors impossible, à moins qu’un amateur de puzzle s’essaye à le recomposer. Des pas s’approchèrent de moi qui, paupières mi-closes, faisait semblant d’être inconscient. Je sentis deux doigts se poser sur mon cou pour mesurer mon pouls.
« Il est en vie ! » fit la voix grave du supérieur. « Eh ! Monsieur, vous m’entendez ? » me secoua-t-il légèrement avant de voir ma blessure au ventre. « Il a l’air blessé lui aussi, il s’est probablement traîné jusqu’ici pour échapper au tueur. »
Faiblement, je fis semblant de me réveiller, mes yeux peinant à s’ouvrir en gémissant. J’ouvris finalement les yeux, clignant à plusieurs reprises comme si ma vue avait du mal à s’adapter à la lumière.
« Je...où suis-je ? » soufflais-je faiblement à l’homme de la Translinéenne.
« Ne vous inquiétez pas monsieur, tout va bien à présent. » me répondit-il sur un ton calme, m’aidant à me relever en position assise en mettant une main dans mon dos. « Vous souvenez-vous de quoi que ce soit ? »
« Je...je ne sais plus. » commençais-je en regardant dans le vide, puis je m’agitais soudainement en mimant un regard paniqué, regardant à droite et à gauche. « Mon..mon cochon ! » m’exclamais-je, grimaçant sous la douleur qui, elle, était réelle mais ajoutait au jeu d’acteur spectaculaire que je leur offrais. « Il...il voulait voler mon cochon ! » continuais-je paniqué avant que mon regard ne tombe sur Borat qui se relevait.
Un sourire illumina mon visage, tendant les bras vers le pachyderme qui approcha lentement sa truffe jusqu’à ce qu’elle touche mes doigts. Sa grosse langue rappeuse sortit alors pour me lécher moi et le chef de la sécurité, ou quelle que soit son poste, des pieds à la tête. Nous nous retrouvions trempés des pieds à la tête. Cependant, Borat qui n’avait pas été mit au secret de mon petit plan habile pour nous échapper avait fait une terrible erreur. En effet, le sang qui couvrait mes cheveux, ainsi trempé de salive, se mit à goutter le long de mes cheveux, effaçant la teinte pourpre pour ne laisser que du rose en quelques parties et le blanc originel. L’officier qui avait la tête tournée suite à la léchouille géante retourna son visage vers moi en faisant un mouvement de recul face à ma réelle apparence.
« Eh mais vous êtes... » commença-t-il en me pointant du doigt, accusateur.
Grognant sous l’effort, je me relevais en poussant sur mes mains posées au sol, puis je poussais l’homme de côté avant qu’il ne réagisse pour finalement m’élancer vers les pattes de Borat. A deux mètres de hauteur pendait un bout de la sangle qui entourait son corps, je dus néanmoins sauter pour l’attraper du bout des doigts, grognant à nouveau. L’élan me balança au bout de la sangle à la manière d’une liane, je tendis la main et frappa d’une claque les fesses de Borat lorsque je fus à cette hauteur.
« Allez Borat, en avant, roi des cochons ! » m’exclamais-je avant de tousser dans mon poing.
« Gruiiiiik ! » me répondit mon pote pachyderme, enthousiaste.
Il se mit alors en branle, s’élançant hors du boxe en une foulée. Il se réceptionna dans le couloir en glissant de côté en dérapage sous les regards ahuris des travailleurs et gardes de la Translinéenne, ainsi que les passagers présents dans la cale. Au bout du couloir, l’immense porte était ouverte sur l’extérieur, donnant sûrement sur le Port des Jumeaux. Je grimpais alors le long de la sangle tandis que Borat s’élançait dans le couloir à toutes pattes en poussant des grognements, content de pouvoir à nouveau gambader librement. J’atteignis le dos de l’animal alors que quelques tireurs nous braquaient avant de tirer, j’évitais les quelques projectiles, levant un poing triomphant alors que nous atteignions la sortie.
« Yiiiiiiiiiiiiiha ! » m’exclamais-je, riant à gorge déployée sous les regards médusés des témoins.
Je me retournais alors sur le dos du cochon, laissant le tatouage dans mon dos à la vue de tous et mon surnom « Mazino » écrit en majuscules.
Fiche par Ethylen sur Libre Graph'
Dernière édition par Ren Aoncan le Lun 28 Mar 2022, 18:42, édité 1 fois