La capitaine de l’Iceberg regardait l’archipel autour d’elle, l’île la plus grande s’était découverte à elle pendant ces quelques jours où elle était restée pour souffler de ses nombreux voyages, elle était heureuse et triste en même temps de la quitter. Heureuse, car elle et son équipage seraient plus sereins en quittant cette lumière insupportable, mais triste, car c’était la première qu’elle découvrait sur la route de tous les périls, de nombreuses étaient à venir, mais c’était la première, quelque chose de spécial en soi.
Elle avait goûté des luminous, des sortes de poires de l’île, qui émettait une faible lueur, on pouvait s’en servir comme veilleuse, pour ceux qui avaient peur du noir, ou bien les utiliser pour faire des tartes éblouissantes, non seulement parce qu’elles étaient délicieuses, mais aussi parce que la chair de ce fruit émettait une lumière. Elle en avait fait plusieurs avec Ema, sa seconde, une petite qui avait de l’avenir dans le domaine de la cuisine, l’équipage s’était régalé, elle aurait bien voulu en avoir souvent, cependant revenir sur l’Archipel aux Éveillés pour faire le plein de luminous à chaque fois qu’ils en manquaient, n’était pas vraiment une priorité.
Cependant, une idée se faisait peu à peu sa place dans son esprit, au début ça n’avait été qu’une envie, une lubie, qui avait germé lentement dans son esprit, après tout, pourquoi pas ? Puis elle avait réfléchi longuement pendant son aventure pour trouver le fruit des ombres, qui ne s’était toujours pas manifesté. La lumière alentour faisait que les ombres étaient trop nombreuses, elle ne maîtrisait rien et se retrouvait comme entourer de mille choses qu’elle pouvait maîtriser sans le pouvoir, inexpérimentée dans son utilisation.
Elle avait quelques centaines de mètres à faire à pied pour se retrouver au village de l’archipel, elle n’avait cependant encore jamais demandé quel était son nom, après tout, pas par ignorance voulu, mais plutôt parce qu’elle n’avait jamais eu le temps de s’en occuper. Entre le convoi et l’affaire du fruit du démon, ainsi que ses idées de matières premières fraiches, grâce à des employés qui lui enverraient par goélo-poste, elle n’avait pas eu un instant pour elle. Maintenant, qu’elle avait un instant, elle pouvait enfin souffler, pas de bikinis aujourd’hui, mais une robe légère avec des sandales et un chapeau de paille à large bord.
Elle s’était légèrement acclimatée à la chaleur et l’humidité de l’île, elle ne portait plus que des choses légères et loin du corps, pour ne pas se retrouver poisseuse au bout de dix minutes. Le sable était chaud, le soleil à son zénith, elle aurait dû rester à l’ombre, dans son nouvel élément, pourtant, elle s’aventurait sous les vagues d’humidités et de chaleurs pour sa nouvelle lubie, elle se tourna à droite et à gauche, les habitants faisaient la sieste pour la plupart, il ne faisait pas forcément bon de sortir à ce moment-là de la journée.
Elle rentra dans la première auberge qui passait, un arbre creusé, la devanture avait été créée avec des poutres et des planches de bois traitée, restant lumineuse malgré le fait qu’il soit mort depuis longtemps. La carte était sommaire, mais elle prit un jus de luminou pendant que ses voisins se faisaient plaisir avec une bière bien fraîche. Elle aurait bien suivi leur exemple, mais l’alcool desséchait plus qu’hydratait et elle n’était pas là pour mourir de soif, mais pour ne plus l’avoir.
Satané vie de merde. Si j’avais su, j’aurais fait des chaises en bois, comme mon père me l’avait dit.
T’es toujours en train de te plaindre Alan. Ça va passer ne t'inquiètes pas, tu vas bien pouvoir retourner en forêt un jour.
Ouais, espérons-le, pour l’instant ce n’est pas la joie.
Ce dernier finit sa phrase en avalant la fin de sa bière et en faisant signe au barman de le resservir. L’homme derrière le bar était fin, de fines moustaches, il finissait de presser les luminous pour servir son jus à la jeune femme qu’il posa sur le comptoir avant de se tourner vers sa tireuse pour servir le client qui se plaignait. Il revint vers la chasseuse de primes alors qu’il venait de donner sa commande à l’habitué.
Je peux faire quelque chose d’autre pour vous mademoiselle ?
Réfléchissant à son offre, elle se demanda si l’homme n’avait pas d’informations sur des hommes ou femmes de l’archipel qui voudrait bien travailler pour elle et se lança, elle n’avait rien à perdre après tout.
Oui, vous connaissez des gens qui connaîtraient la forêt ? Je voudrais montrer une petite entreprise, et comme je suis étrangère, je ne connais personne ici.
Ah ! Vous faites partie de l’équipage qui est arrivé il y a plusieurs jours, c’est ça ?
Exact ! Robina Erwolf, capitaine de l’Iceberg.
Capitaine ? C’est vous qui avez créé tout le remue-ménage avec les marines à votre arrivée ? Il parait que vous avez arrêté des pirates plutôt costauds d’après la rumeur.
À ces mots, la Sanderrienne eut un sourire mi-figue mi-raisin et but une gorgée de son jus glacé.
Plutôt costaud est un doux euphémisme, je pense que j’ai failli mourir au moins trois ou quatre fois quand je l’ai rencontré.
Vous devez être plus forte encore que ceux que vous avez arrêtés alors, parce que les stopper ce n’est pas n’importe quoi.
Possible…
De nouveau, elle porta le verre à ses lèvres et prit une gorgée avant que son voisin, qui avait commandé une nouvelle pinte, ne se tourne vers elle.
Alors comme ça, vous voulez monter une petite entreprise ? Et vous avez besoin de quelqu’un qui connaît la forêt ? C’est pour quoi faire ?
Surprise par l’homme qu’elle ne connaissait pas qui se mêlait de la conversation, elle se tourna vers le barman qui lui fit un geste de la tête.
Lui, c’est Alan, un peu brute, mais pas méchant, et c’était un bon forestier avant son accident.
Votre accident ?
Oui, je voulais être guide forestier, je connaissais presque tout l’archipel par cœur, mais je me suis pris une flèche dans le genou. Une erreur d’un chasseur qui tentait d’avoir un sanglier qui passait dans le coin, depuis j’ai oublié mes rêves de devoir un aventurier.
Et pourquoi vous ne retentez pas de vous lancer ?
Une partie de la tête métallique est restée à l’intérieur, je ne peux pas courir, alors si je tombe sur une saloperie sauvage un peu trop méchante, je vais canner, donc je reste à la ville. J’aurais dû faire comme mon père et fabriquer des chaises en bois.
Et si vous supervisiez les hommes qui travaillerait ?
Superviser ?
Oui, vous donneriez les ordres, vous feriez le tri dans ce que les hommes rapporteraient des récoltes et vous pourriez aussi le faire vous-même quand la zone sera plus civilisée.
Comment ça ?
Je compte ouvrir un verger, pour avoir des luminous dans mon navire à tout instant, ainsi que d’autres fruits de l’île, sauf que l’archipel est recouvert d’une jungle dense. Il me faut donc des hommes pour défricher, récolter les fruits, les vendre et faire les comptes.
Et je serais celui qui serait tout en haut du bordel ?
Si vous savez faire votre travail.
Ah ça, pour savoir faire mon boulot, je sais le faire, ne vous inquiétez pas pour ça ! Je vais vous le prouvez tout de suite !
Laissant son alcool sur le comptoir en bois, il se leva d’un pas ferme, il boitait légèrement, pourtant, il ne s’arrêta pas malgré la douleur qui se diffusa dans tout son corps alors qu’il en avait trop fait pour impressionner la jeune femme face à lui.
Par ici !
Rentrant dans un des plus gros bâtiments des alentours, elle se retrouva dans une pièce fraîche, un escalier sur la droite, une femme dans la quarantaine se tenait derrière un bureau en bois sculpté et elle regarda les deux personnes s’approcher.
Que puis-je faire pour toi et ton amie Alan ?
Je voudrais voir le conseil.
Et pourquoi donc ? Tu sais bien qu’ils sont occupés. Et puis les étrangers ne sont pas les bienvenus.
Laissez-moi au moins les voir moi ! J’ai quelque chose à leur proposer.
Elle mordilla légèrement son crayon avant de faire un mouvement de tête vers les escaliers.
Vas-y, ils doivent être en train de fumer pour ne pas changer.
Tu es un ange Fabienne ! Merci, je te revaudrais ça !
Ouais, ouais… Invite-moi au restaurant la prochaine fois.
Qu’est-ce que tu as dit ?
Moi ? Non rien, je te souhaite bon courage.
Je peux aller avec lui alors ?
Ah non ! Vous vous restez là, sinon je vais passer un sale quart d’heure. Mais vous pouvez vous installer ici en attendant. Cependant, pas de bruit, j’ai du travail moi madame. Plutôt que d’allumer les hommes des autres.
Pardon ?
Non rien, allez vous asseoir et pas de bruits.
Le silence n’était interrompu que par le bruit de la plume sur le papier alors que la secrétaire du conseil des anciens travaillait, la jeune femme tenta bien d’engager la conversation, mais rien n’y fit, la femme se faisait austère pour elle ne savait quelle raison. Elle était sur le point de s’endormir sur la chaise en osier quand une porte dans les étages supérieurs s’ouvrit en claquant, elle entendit une course dans les escaliers alors qu’elle relevait la tête.
Mademoiselle Erwolf ! Mademoiselle Erwolf ! Le conseil a accepté ! Le conseil a accepté ! Vous êtes propriétaires d’une partie de la forêt.
C’est vrai ?
Oui, on va pouvoir commencer les travaux dès votre feu vert.
Eh bien, alors c’est parti.
Elle était excitée comme une puce, ça n’était pas la première fois qu’elle ouvrait une entreprise pour avoir des matières premières fraiches sur l’Iceberg, cependant, elle était toujours contente d’en ouvrir une nouvelle. Après être sortis, il se dirigea à l’extérieur de la ville, faisant attention à ne pas perdre Robina du regard.
Nous y voilà !
Où ça ? C’est quoi ?
C’est votre verger. Bon, c’est vrai, ça n’y ressemble pas beaucoup, mais si vous êtes prête à payer trente-six millions de berries, le conseil vous vend dix hectares de jungles, vous permettant d’en faire ce que vous voulez, et en l’état, un verger.
C’est vrai ? Et combien vous avez dit exactement ?
Trente-six millions, c’est vrai, c’est cher, mais…
Vendu, je vais chercher la somme sur mon navire, je vous retrouverais d’ici trente minutes devant la porte du conseil.
Elle récupéra la somme voulue dans la cale, et revient sur ses pas, retrouvant Alan devant la porte.
Venez, cette fois, vous allez rencontrer le conseil.
Elle rentra dans la pièce fraîche et passa devant la secrétaire qui la foudroya du regard avant qu’elle ne rentre dans la salle où se trouvaient plusieurs personnes autour d’une table.
Alan m’a dit que vous acceptiez de vendre une partie de la jungle pour trente-six millions, voilà la somme convenue.
Elle ouvrit la valise et la déposa sur la table, la tournant vers la foule qui lui faisait face. Des regards s’échangèrent, des poignées de mains, quelques murmures puis on remit un papier attestant de la propriété de Robina sur le lopin de terre. Il n’y eut pas de réelle conversation entre la femme et le conseil, pourtant elle avait maintenant son verger.
On va se mettre au boulot, mes amis et moi dès que la chaleur redescendra un peu patronne !
Vous avez déjà recruté ?
Bien sûr ! Pas de temps à perdre, il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Ce sont des bons gars, qui connaissent bien la forêt, ça va être difficile au début, ce n’est pas un vrai verger, mais ça va aller de mieux en mieux, on va en faire quelque chose de super, vous allez voir.
Je vous fais confiance alors, je ne peux pas rester très longtemps.
Je comprends, de nouvelles aventures vous attendent. Vous pouvez nous faire confiance, on vous enverra vos gains ainsi que des fruits du verger régulièrement.
Elle partit, non pas la conscience tranquille, mais se demandant si elle allait devoir faire demi-tour pour récupérer ses gains dans quelques semaines parce qu’elle venait de se faire truander. Mais cela, seul l’avenir lui dirait.
Elle avait goûté des luminous, des sortes de poires de l’île, qui émettait une faible lueur, on pouvait s’en servir comme veilleuse, pour ceux qui avaient peur du noir, ou bien les utiliser pour faire des tartes éblouissantes, non seulement parce qu’elles étaient délicieuses, mais aussi parce que la chair de ce fruit émettait une lumière. Elle en avait fait plusieurs avec Ema, sa seconde, une petite qui avait de l’avenir dans le domaine de la cuisine, l’équipage s’était régalé, elle aurait bien voulu en avoir souvent, cependant revenir sur l’Archipel aux Éveillés pour faire le plein de luminous à chaque fois qu’ils en manquaient, n’était pas vraiment une priorité.
Cependant, une idée se faisait peu à peu sa place dans son esprit, au début ça n’avait été qu’une envie, une lubie, qui avait germé lentement dans son esprit, après tout, pourquoi pas ? Puis elle avait réfléchi longuement pendant son aventure pour trouver le fruit des ombres, qui ne s’était toujours pas manifesté. La lumière alentour faisait que les ombres étaient trop nombreuses, elle ne maîtrisait rien et se retrouvait comme entourer de mille choses qu’elle pouvait maîtriser sans le pouvoir, inexpérimentée dans son utilisation.
Elle avait quelques centaines de mètres à faire à pied pour se retrouver au village de l’archipel, elle n’avait cependant encore jamais demandé quel était son nom, après tout, pas par ignorance voulu, mais plutôt parce qu’elle n’avait jamais eu le temps de s’en occuper. Entre le convoi et l’affaire du fruit du démon, ainsi que ses idées de matières premières fraiches, grâce à des employés qui lui enverraient par goélo-poste, elle n’avait pas eu un instant pour elle. Maintenant, qu’elle avait un instant, elle pouvait enfin souffler, pas de bikinis aujourd’hui, mais une robe légère avec des sandales et un chapeau de paille à large bord.
Elle s’était légèrement acclimatée à la chaleur et l’humidité de l’île, elle ne portait plus que des choses légères et loin du corps, pour ne pas se retrouver poisseuse au bout de dix minutes. Le sable était chaud, le soleil à son zénith, elle aurait dû rester à l’ombre, dans son nouvel élément, pourtant, elle s’aventurait sous les vagues d’humidités et de chaleurs pour sa nouvelle lubie, elle se tourna à droite et à gauche, les habitants faisaient la sieste pour la plupart, il ne faisait pas forcément bon de sortir à ce moment-là de la journée.
Elle rentra dans la première auberge qui passait, un arbre creusé, la devanture avait été créée avec des poutres et des planches de bois traitée, restant lumineuse malgré le fait qu’il soit mort depuis longtemps. La carte était sommaire, mais elle prit un jus de luminou pendant que ses voisins se faisaient plaisir avec une bière bien fraîche. Elle aurait bien suivi leur exemple, mais l’alcool desséchait plus qu’hydratait et elle n’était pas là pour mourir de soif, mais pour ne plus l’avoir.
Satané vie de merde. Si j’avais su, j’aurais fait des chaises en bois, comme mon père me l’avait dit.
T’es toujours en train de te plaindre Alan. Ça va passer ne t'inquiètes pas, tu vas bien pouvoir retourner en forêt un jour.
Ouais, espérons-le, pour l’instant ce n’est pas la joie.
Ce dernier finit sa phrase en avalant la fin de sa bière et en faisant signe au barman de le resservir. L’homme derrière le bar était fin, de fines moustaches, il finissait de presser les luminous pour servir son jus à la jeune femme qu’il posa sur le comptoir avant de se tourner vers sa tireuse pour servir le client qui se plaignait. Il revint vers la chasseuse de primes alors qu’il venait de donner sa commande à l’habitué.
Je peux faire quelque chose d’autre pour vous mademoiselle ?
Réfléchissant à son offre, elle se demanda si l’homme n’avait pas d’informations sur des hommes ou femmes de l’archipel qui voudrait bien travailler pour elle et se lança, elle n’avait rien à perdre après tout.
Oui, vous connaissez des gens qui connaîtraient la forêt ? Je voudrais montrer une petite entreprise, et comme je suis étrangère, je ne connais personne ici.
Ah ! Vous faites partie de l’équipage qui est arrivé il y a plusieurs jours, c’est ça ?
Exact ! Robina Erwolf, capitaine de l’Iceberg.
Capitaine ? C’est vous qui avez créé tout le remue-ménage avec les marines à votre arrivée ? Il parait que vous avez arrêté des pirates plutôt costauds d’après la rumeur.
À ces mots, la Sanderrienne eut un sourire mi-figue mi-raisin et but une gorgée de son jus glacé.
Plutôt costaud est un doux euphémisme, je pense que j’ai failli mourir au moins trois ou quatre fois quand je l’ai rencontré.
Vous devez être plus forte encore que ceux que vous avez arrêtés alors, parce que les stopper ce n’est pas n’importe quoi.
Possible…
De nouveau, elle porta le verre à ses lèvres et prit une gorgée avant que son voisin, qui avait commandé une nouvelle pinte, ne se tourne vers elle.
Alors comme ça, vous voulez monter une petite entreprise ? Et vous avez besoin de quelqu’un qui connaît la forêt ? C’est pour quoi faire ?
Surprise par l’homme qu’elle ne connaissait pas qui se mêlait de la conversation, elle se tourna vers le barman qui lui fit un geste de la tête.
Lui, c’est Alan, un peu brute, mais pas méchant, et c’était un bon forestier avant son accident.
Votre accident ?
Oui, je voulais être guide forestier, je connaissais presque tout l’archipel par cœur, mais je me suis pris une flèche dans le genou. Une erreur d’un chasseur qui tentait d’avoir un sanglier qui passait dans le coin, depuis j’ai oublié mes rêves de devoir un aventurier.
Et pourquoi vous ne retentez pas de vous lancer ?
Une partie de la tête métallique est restée à l’intérieur, je ne peux pas courir, alors si je tombe sur une saloperie sauvage un peu trop méchante, je vais canner, donc je reste à la ville. J’aurais dû faire comme mon père et fabriquer des chaises en bois.
Et si vous supervisiez les hommes qui travaillerait ?
Superviser ?
Oui, vous donneriez les ordres, vous feriez le tri dans ce que les hommes rapporteraient des récoltes et vous pourriez aussi le faire vous-même quand la zone sera plus civilisée.
Comment ça ?
Je compte ouvrir un verger, pour avoir des luminous dans mon navire à tout instant, ainsi que d’autres fruits de l’île, sauf que l’archipel est recouvert d’une jungle dense. Il me faut donc des hommes pour défricher, récolter les fruits, les vendre et faire les comptes.
Et je serais celui qui serait tout en haut du bordel ?
Si vous savez faire votre travail.
Ah ça, pour savoir faire mon boulot, je sais le faire, ne vous inquiétez pas pour ça ! Je vais vous le prouvez tout de suite !
Laissant son alcool sur le comptoir en bois, il se leva d’un pas ferme, il boitait légèrement, pourtant, il ne s’arrêta pas malgré la douleur qui se diffusa dans tout son corps alors qu’il en avait trop fait pour impressionner la jeune femme face à lui.
Par ici !
Rentrant dans un des plus gros bâtiments des alentours, elle se retrouva dans une pièce fraîche, un escalier sur la droite, une femme dans la quarantaine se tenait derrière un bureau en bois sculpté et elle regarda les deux personnes s’approcher.
Que puis-je faire pour toi et ton amie Alan ?
Je voudrais voir le conseil.
Et pourquoi donc ? Tu sais bien qu’ils sont occupés. Et puis les étrangers ne sont pas les bienvenus.
Laissez-moi au moins les voir moi ! J’ai quelque chose à leur proposer.
Elle mordilla légèrement son crayon avant de faire un mouvement de tête vers les escaliers.
Vas-y, ils doivent être en train de fumer pour ne pas changer.
Tu es un ange Fabienne ! Merci, je te revaudrais ça !
Ouais, ouais… Invite-moi au restaurant la prochaine fois.
Qu’est-ce que tu as dit ?
Moi ? Non rien, je te souhaite bon courage.
Je peux aller avec lui alors ?
Ah non ! Vous vous restez là, sinon je vais passer un sale quart d’heure. Mais vous pouvez vous installer ici en attendant. Cependant, pas de bruit, j’ai du travail moi madame. Plutôt que d’allumer les hommes des autres.
Pardon ?
Non rien, allez vous asseoir et pas de bruits.
Le silence n’était interrompu que par le bruit de la plume sur le papier alors que la secrétaire du conseil des anciens travaillait, la jeune femme tenta bien d’engager la conversation, mais rien n’y fit, la femme se faisait austère pour elle ne savait quelle raison. Elle était sur le point de s’endormir sur la chaise en osier quand une porte dans les étages supérieurs s’ouvrit en claquant, elle entendit une course dans les escaliers alors qu’elle relevait la tête.
Mademoiselle Erwolf ! Mademoiselle Erwolf ! Le conseil a accepté ! Le conseil a accepté ! Vous êtes propriétaires d’une partie de la forêt.
C’est vrai ?
Oui, on va pouvoir commencer les travaux dès votre feu vert.
Eh bien, alors c’est parti.
Elle était excitée comme une puce, ça n’était pas la première fois qu’elle ouvrait une entreprise pour avoir des matières premières fraiches sur l’Iceberg, cependant, elle était toujours contente d’en ouvrir une nouvelle. Après être sortis, il se dirigea à l’extérieur de la ville, faisant attention à ne pas perdre Robina du regard.
Nous y voilà !
Où ça ? C’est quoi ?
C’est votre verger. Bon, c’est vrai, ça n’y ressemble pas beaucoup, mais si vous êtes prête à payer trente-six millions de berries, le conseil vous vend dix hectares de jungles, vous permettant d’en faire ce que vous voulez, et en l’état, un verger.
C’est vrai ? Et combien vous avez dit exactement ?
Trente-six millions, c’est vrai, c’est cher, mais…
Vendu, je vais chercher la somme sur mon navire, je vous retrouverais d’ici trente minutes devant la porte du conseil.
Elle récupéra la somme voulue dans la cale, et revient sur ses pas, retrouvant Alan devant la porte.
Venez, cette fois, vous allez rencontrer le conseil.
Elle rentra dans la pièce fraîche et passa devant la secrétaire qui la foudroya du regard avant qu’elle ne rentre dans la salle où se trouvaient plusieurs personnes autour d’une table.
Alan m’a dit que vous acceptiez de vendre une partie de la jungle pour trente-six millions, voilà la somme convenue.
Elle ouvrit la valise et la déposa sur la table, la tournant vers la foule qui lui faisait face. Des regards s’échangèrent, des poignées de mains, quelques murmures puis on remit un papier attestant de la propriété de Robina sur le lopin de terre. Il n’y eut pas de réelle conversation entre la femme et le conseil, pourtant elle avait maintenant son verger.
On va se mettre au boulot, mes amis et moi dès que la chaleur redescendra un peu patronne !
Vous avez déjà recruté ?
Bien sûr ! Pas de temps à perdre, il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Ce sont des bons gars, qui connaissent bien la forêt, ça va être difficile au début, ce n’est pas un vrai verger, mais ça va aller de mieux en mieux, on va en faire quelque chose de super, vous allez voir.
Je vous fais confiance alors, je ne peux pas rester très longtemps.
Je comprends, de nouvelles aventures vous attendent. Vous pouvez nous faire confiance, on vous enverra vos gains ainsi que des fruits du verger régulièrement.
Elle partit, non pas la conscience tranquille, mais se demandant si elle allait devoir faire demi-tour pour récupérer ses gains dans quelques semaines parce qu’elle venait de se faire truander. Mais cela, seul l’avenir lui dirait.